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 Traité sur l'art de fermer sa gueule (Némésis & Éris)

Anonymous
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 Traité sur l'art de fermer sa gueule (Némésis & Éris)  Lun 29 Juil 2019 - 4:11
Traité sur l'art de fermer sa gueule

Jusqu'à présent, Éris était certaine qu'il n'existait rien de plus chiant qu'un mêle-tout qui se permet de venir fouiner dans ses affaires en posant trop de questions sur les Niños de la noche. À présent, elle sait qu'il y a pire : quand ce mêle-tout s'avère être votre demi-sœur, et que cette connasse ne sait visiblement pas fermer sa gueule, au point de s'être sentie obligée de brailler le nom de votre enveloppe à travers tout le ghetto en demandant « auriez-vous vu la cheffe des Niños ? ». Quelques heures de plus, et elle se serait retrouvée avec la moitié de ses cafards sur le dos, qui d'ailleurs auraient sûrement clamsé en deux-deux face à Madame Vengeance. Que des choses agaçantes, dénuées de tout amusement, et surtout un très bon moyen de perdre au moins deux ans de boulot.

Sanctum.
Connasse de demi-sœur. Elle aurait pu ne pas remettre les pieds ici avant un siècle ou deux, si cette bouffonne s'était mêlée de ses fesses. Sanctum et ses belles rues. Sanctum et sa ribambelle de faux-culs. Elle grogne, elle peste, Éris, du coin de l’œil elle jauge et elle maudit tous ces hypocrites qu'elle croise. En retour, elle sent leur méfiance et leur mépris, à moins que ce ne soit juste un miroir de ce qu'elle-même projette avec tant de hargne.

Ici, discorde voudrait se déchaîner comme nulle part ailleurs et le ferait s'il n'y avait tous ces interdits, et ces puissances qui veillent consciencieusement à les faire appliquer. Alors Éris enfonce ses mains loin dans les poches de sa veste miteuse et enfonce la tête dans les épaules comme pour y disparaître. Puis elle crache par terre à tous les coins de rue jusqu'à atteindre les quartiers privés. Y a sa vieille baraque quelque part là dedans, elle est même plus sûre du chemin tellement ça fait longtemps qu'elle y a pas mis les pieds. Mais c'est pas sa destination. Le domaine de sa demi-sœur, elle sait exactement où il est. Elle en traverse les charmants jardins avec un reniflement dégoûté. La porte d'entrée s'ouvre dans un délicieux fracas au contact de son pied. À peine elle aperçoit Némésis que discorde se fige, juste un instant avant d'éclater.

« Va falloir que je t'apprenne deux trois trucs, sœurette... » Elle s'approche pour la choper par le col. Les gens comprennent forcément mieux quand on leur explique à deux centimètres du visage, surtout avec une haleine de whisky. « Déjà, pour commencer, je suis pas ton putain de clébard ! Si tu me cherches, c'est pas la peine de m'appeler comme si j'allais rappliquer pour te renifler le cul. Capisce ? » Ok, Éris attend pas vraiment confirmation avant d'enchaîner. « Ensuite, à quel moment tu t'es dit, tiens j'vais juste balancer son identité à tous les cons qui traînent par ici ? Si tu cherchais un moyen de me mettre en pétard, c'est réussi. » Elle la pousse sans douceur, un grognement irrité lui échappant. Mais elle est pas comme Arès, elle sait pas rester longtemps en colère pour des broutilles alors ça retombe comme un soufflé. Reste juste de l'agacement et une vague impression de pisser dans un violon. « Evidemment, la Balance en a rien à foutre que mes affaires restent discrètes, qu'elle crache en s'allumant la 52ème clope de la journée, toute aussi inutile que le fut la 51ème. »



Dernière édition par Leandra Villaverde le Lun 29 Juil 2019 - 23:49, édité 4 fois
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Anonymous
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 Re: Traité sur l'art de fermer sa gueule (Némésis & Éris)  Lun 29 Juil 2019 - 21:56
Traité sur l'art de tuer un cafard

Derrière un bureau en chêne massif, Némésis étudie des éléments de dossiers éparpillés sur le bois. Des photos de cadavres à en sentir le sang couler. Sordide. Une famille entière massacrée. La sœur du père déclarée coupable. Pas de motif, mais la police l'a retrouvée sur les lieux, badigeonnée de sang, confuse, avec le couteau entre les mains. Coralee Dunhill a été appelée en tant qu'avocate commise d'office. Et elle se doute. Quelque chose cloche. Les preuves ne s'alignent pas. Elle pourrait presque en mettre sa main au feu : ce n'est pas la meurtrière. Pire, elle sent qui l'est. C'est comme une intuition, une convergence de détails qui pointent vers la coupable, la vraie... Ce sale cafard.

Peut-être qu'elle se trompe.
Il n'y a qu'à demander. Ce n'est pas le genre à nier : elle préfère généralement flatter son petit égo de moins que rien et jubiler sur le bordel éphémère. Faudrait-il encore la débusquer. L'énerver ? Allons l'énerver.

Une traînée de rumeurs grossières
Plus tard

« J'ai failli attendre. Déclare-t-elle alors qu'on vient de défoncer sa porte d'entrée. »

Éris, toujours aussi subtile. Et toujours aussi polie. Une perle. La voila d'ailleurs qui l'attrape par le col. Les oiseaux croassent du haut des poutres. Sale gosse. Elle mériterait un aller-simple pour le Tartare, à éponger la crasse de la lie de l'Humanité. D'autant que la violence, à Némésis, ne lui fait ni chaud ni froid. Pauvre, pauvre petite Éris, enfant toujours en colère, toujours à brasser de l'air. Ses yeux glacés ne manquent pas de lui rappeler qu'elle s'en cogne ; elle recule toutefois d'un pas ou deux lorsque la pression se relâche autour de son cou. Un doigt levé et le chahut provoqué par les volatiles retombe.

« Tes affaires menacent l’Équilibre. Alba Cifuentes. Par ta faute, sa Balance est perturbée. »

La voix dégouline d'un tranchant désagréable, de cette note condescendante qu'un parent utilise pour réprimander un enfant. Une chose est sûre : elle n'a pas fait venir sa sœur pour prendre le thé avec. D'habitude, leur existence parallèle lui convient d'ailleurs très bien, si tant est que la tangente d’Éris ne vienne pas rentrer en collision avec la sienne.

« Sept morts. Une femme, un homme, et cinq enfants. Une innocente derrière les barreaux, aussi. Tu ne peux pas t'en empêcher... C'est pathologique. Et problématique. »

Après ce qu'elle vient de vivre, Alba Cifuentes ne mérite pas de finir derrière les barreaux. Lee la fera disculper.
Elle s'approche de l'impudente et attrape le tube de nicotine pour le broyer dans son poing. La légère brûlure fait à peine mal. Ses doigts se crispent, sa mâchoire aussi. On sent bien qu'elle retient les enfers de déferler sur sa très chère sœur. Au fond de sa gorge, les mots pointent comme des couteaux.

« Dis-moi, Éris. Je suis curieuse. Est-ce que tu t'acharnes à rompre le bonheur d'autrui parce que tu n'y as pas droit, ou parce que tu ne l'as jamais connu ? »

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 Re: Traité sur l'art de fermer sa gueule (Némésis & Éris)  Mar 30 Juil 2019 - 0:24
Traité sur l'art de fermer sa gueule

Qu'ils croassent donc, les piafs. Le bruit l'amuse, ce vacarme absurde qui donne le ton à leurs frasques, et elle plie même les lèvres de contrariété quand le calme revient sur ordre de la Grande Némésis. Sale chieuse rabat-joie. Pourtant, elles s'étaient bien éclatées pendant les émeutes raciales du siècle dernier. Mais ça prendra plus d'un moment de complicité pour enlever le balais coincé entre ses fesses une bonne fois pour toute.

En entendant le nom d'Alba Cifuentes, aussitôt discorde s'éveille, ses yeux s'allumant d'une lueur carnassière. Sourire coupable, moue coupable. Elle dodeline doucement de la tête, c'est presque si elle ronronnerait, comme pour dire : j'suis fière et tu pourras rien y faire, vieille pingre.

D'un autre coté, ça veut surtout dire que Némésis l'a fait venir pour cette raison. C'est pas une réunion de famille, c'est même pas pour prendre des nouvelles. À quoi tu t'attendais, couillone ? Elle grogne, repousse ces pensées pas aussi agréables que de revoir la tête d'Alba quand elle a planté la toute dernière graine de discorde dans son coeur déjà bien pourri.

Une femme, des enfants, une innocente accusée, blablabla. Discorde, t'es une maladie, qu'elle dit. Un problème, une mauvaise herbe, un truc à arracher ou à brûler aux racines. Elle est tellement dans le faux que ça fait pitié.

Vague grognement quand on lui écrabouille la 52ème clope. Pas grave, la 53ème vient la remplacer aussi vite. Peut-être que celle-ci, sa chère soeur viendra l'écraser sur sa joue. Ce serait douloureux. Absurde. Amusant...

Discorde, t'es malheureuse, personne ne t'aime. Elle devrait avoir mal, sûrement, sentir les couteaux s'enfoncer dans sa peau. Mais son sourire s'élargit. Quelle idée, d'attaquer la discorde de front ; à la surface, elle est toute de lave faite, pas une seule craquelure pour laisser passer les armes.

« C'est là que tu te trompes, ma douce. J'suis heureuse. C'est mon rôle, tu sais, et personne pourrait le faire mieux qu'moi. »

Discorde éclate de rire et ça sonne délicieusement fou et faux.

« Tu t'es jamais demandée si ta chère Balance n'avait pas tord, parfois ? T'en as pas marre de croire qu'y a qu'une seule vérité, la tienne ? »

Elle se laisse tomber dans un fauteuil, cale ses pieds sur la table basse et commence à allumer sa clope. Tiens, est-ce qu'il y aurait moyen de foutre le feu à cette belle baraque par accident ? Dans une dispute, ça peut arriver, ce serait pas sa faute.

« Ouvres les yeux, Némésis. À ton avis, pourquoi j'suis encore là ? Grâce à eux. J'suis pire que du chiendent, j'te l'ai déjà dit mais t'as pas l'air de percuter. Alba, elle le voulait. Elle l'a fait parce qu'elle en avait envie. Tout c'que j'ai fait, c'est lui montrer. C'était dans son ventre, dans ses tripes, elle les détestait déjà, elle détestait sa vie d'merde et elle les jalousait. Des fois, ils résistent. Mais pas Alba. »

Éris hausse les épaules. C'est juste une humaine, qu'est-ce que ça peut foutre ? Pourquoi elle en fait tout un plat ? Elle a jamais trop compris ces histoires d'Équilibre. Ou peut-être qu'elle a jamais voulu comprendre.

« D'façon, elle avait qu'à payer sa dette, cette conne. Si tu veux te défoncer la gueule à l'opium, faut assumer jusqu'au bout. »

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 Re: Traité sur l'art de fermer sa gueule (Némésis & Éris)  Mar 30 Juil 2019 - 23:19
Traité sur l'art de tuer un cafard

Aussi heureuse qu'un rocher dans un cimetière, oui. Le subterfuge ne prend pas. Némésis a la pique sur le bout de la langue, mais aucun mot ne quitte sa trachée. Au lieu de quoi, elle fait deux pas vers la Discorde vautrée pour lui arracher sa nouvelle cigarette, et vient la lui écraser contre le blouson. Son regard foudroie chaque centimètre du visage. Pas qu'elle escompte lui faire peur, mais pour qu’Éris sente bien qu'il vaudrait mieux ne pas jouer avec ses nerfs.

« Ce n'est pas ma vérité, c'est celle de la Justice. D'ailleurs, la Justice t'informe que la prochaine que tu allumeras finira dans ton œil. Menace-t-elle en glissant le mégot dans la poche du cuir souillé. »

Némésis se redresse. La fulmination n'a pas quitté les traits, s'y est même mieux incrustée. Malgré les années, malgré les ères et les enveloppes, Éris n'a pas changé d'un iota. Il semble aussi que la patience de la Vengeance se soit érodée face aux frasques de sa terrible petite sœur qui, il est vrai, subsiste tel un cafard. Increvable jusqu'au bout. Merci à ces imbéciles de mortels, qui ont un penchant absurde pour le chaos et le conflit.

« Ce n'est pas Alba, le problème, Éris ! Le ton déchire quelques décibels supplémentaires. C'est ce que tu provoques autour d'Alba ! »

Ce sont les morts, ce sont les personnes laissées derrière, c'est la vieille dame du cinquième à qui elle ne peut plus amener ses médicaments, c'est le concierge qu'elle aidait le vendredi, sa nièce qui avait besoin d'elle pour ses devoirs, son autre frère malade de qui elle prenait soin, les clébards en refuge à qui elle donnait le tiers de son salaire... C'est la Balance d'un trop grand nombre de vies qui penche mal et répercute une chaîne de conséquences malencontreuses. C'est la Justice mal faite qui se vengera sur quelqu'un d'autre. Ce sont les dominos qui tombent, l'effet papillon, la loi de Murphy...

« Tu sais à quoi elle servait, ta merde, au moins ? A aider son frère à supporter le putain de cancer ! Phase terminale. Il va mourir, et grâce à toi, sûrement plus douloureusement et plus vite que prévu ! »

Avec un peu de chance, Némésis sortira Alba de là rapidement. Assez rapidement pour enterrer son frère. Mais la justice humaine est terriblement lente à l'oeuvre, sans compter qu'elle est étriquée et estropiée par une administration conçue la plus lourde possible, pour écraser les petits et élever les déjà grands, pour dissuader les innocents et retarder l'échéance des enflures.

« A quoi je m'attendais, en te faisant venir, de toute façon ? Tu ne comprends pas, et tu ne veux pas comprendre ! Tu vas laisser cette pauvre femme caner avec un couteau entre les deux yeux. C'est ce qui arrive aux tueurs d'enfants, en prison. Ils canent. Et tu sais pourquoi ? Parce que que personne n'aime les tueurs d'enfants. Parce que même les criminels ont des enfants ! »

Éris n'a pas pensé à la suite, n'a pas pensé à l'avant non plus. Éris ne pense pas, et Éris, de surcroît, s'en fout. Elle a tué la propre femme de sa sœur, alors celle d'un autre... La colère gangrène la figure, comme les souvenirs reviennent à ça. Tout revient toujours à ça, quand la Vengeance et la Discorde se retrouvent dans une même pièce.  
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 Re: Traité sur l'art de fermer sa gueule (Némésis & Éris)  Sam 3 Aoû 2019 - 0:51
Traité sur l'art de fermer sa gueule

Oh, la Vengeance fulmine. Numéro 53 rejoint sa prédécesseur après un formidable étalage de sentiments aigres et colériques. À peine finit-elle sa course dans la poche de sa veste que numéro 54 est placée entre ses lèvres. Elle ne l'allume pas cependant, pas encore du moins. Ses yeux rieurs jaugent sa demi-sœur alors qu'elle tente de savoir si elle lui écraserait vraiment la clope sur le visage.

Le ton monte et Éris soupire. Elle a l'impression d'être à nouveau une gosse, une déesse à peine née, qu'on fustigeait déjà d'accumuler les pires travers. Pieds croisés sur la table, elle ferme les yeux, rejette le menton en arrière et s'affale davantage dans ce canapé indéniablement confortable. Au moins un bon point pour Némésis.

Ce discours, elle l'a déjà tant entendu : à toutes les sauces, dans tous les contextes, pour toutes sortes de conneries. On cherche toujours des putain d'excuses aux humains. « Il n'avait pas le choix. » « C'est sa souffrance qui l'a menée à commettre l'irréparable. » « Dans le fond, c'était un homme bien. » « Elle a déraillé. On fait tous des erreurs. » La discorde a le mérite de ne pas tourner autour du pot ni chercher des justifications à toutes les crasses qu'elle distribue. Elle rouvre les yeux tout en les faisant rouler d'agacement.

« Écoutes. Le monde est une cour de récréation pleine de gamins pas fichus d'admettre leurs conneries. Ils passent leurs temps à faire des erreurs, à se casser la gueule puis à pleurer que c'est la faute de leur petit camarade, mais surtout, surtout, pas la leur. Toi, t'es la prof qui essaie de récompenser les gosses qui font le moins de merde et de punir les autres. Moi ? J'suis juste la tarée qu'on a lâché là par erreur. C'est tout. Y a pas de belle morale à la fin de l'histoire, y a même pas de fin d'ailleurs, à part peut-être quand j'vais caner une fois de trop. Et encore, c'est pas parce que j'disparaîtrai que la discorde aussi. »

Elle s'est jamais trop posée la question, mais d'autres partagent le flambeau avec elle et s'assureraient sûrement que la danse continue. Puis surtout, tant qu'il y aura des humains, elle ne se fait pas trop de souci. Ils peuvent presque faire son boulot à sa place ; la discorde n'a qu'à souffler doucement sur les flammes pour qu'ils s'y jettent sans une seconde d'hésitation.

« Alors ça sert à rien de me servir tes explications larmoyantes. Comme tu dis, je comprend pas, on parle pas la même langue. Puis franchement, tu croyais quoi ? Que je savais pas déjà tout ça ? Que j'lui aurais laissé une chance de survivre ? Ouais, personne n'aime les tueurs d'enfants. Ce sont des monstres. Un sourire torve fleurit sur ses lèvres alors que du bout des doigts, elle mime des larmes coulant sur ses joues. Pauvre Alba... »

Elle s'arrête en voyant la hargne qui semble déformer les traits de sa sœur. Est-elle sur le point de sortir à nouveau le coup de la Balance ? Discorde se crispe légèrement sur le canapé, tête qui rentre dans les épaules. Pour autant, elle n'arrive pas à retenir les mots qui dévalent ses lèvres comme autant d'étincelles.

« Bordel, tu commences à ressembler à papa quand il peut pas tirer son coup. Sourcil se hausse quand elle se rend compte de l'ironie et elle peine à retenir un sourire goguenard. Hmm, peut-être ma faute, ça... »

Tardivement, Éris se dit qu'elle est en train de monter son propre échafaud. Le sourire s'étiole légèrement, se transforme en une moue hésitante. Oups ? Non, les remords, c'est pas vraiment son domaine... Et la spécialiste n'est plus vraiment là pour lui en inculquer.


Dernière édition par Leandra Villaverde le Jeu 8 Aoû 2019 - 3:26, édité 1 fois
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 Re: Traité sur l'art de fermer sa gueule (Némésis & Éris)  Mar 6 Aoû 2019 - 17:41
Traité sur l'art de tuer un cafard

Qu’Éris joue les gamines irresponsables, c'est une chose. Qu'elle l'attaque sur un front plus personnel, s'en est une autre. La sale bête sait faire mouche et ne rechigne pas à la provocation. Némésis s'empêche de mordre l'appât. Fort. A en arracher la peau jusqu'à l'os. Dans cette configuration, la simple comparaison avec Zeus aurait suffit, mais c'est encore pire quand on implique Aidos. La mort tragique d'Aidos. Les traits se glacent à nouveau. De cette colère polaire et singulière qu'on ne lui connaît que lorsqu'elle est vraiment, vraiment fâchée. Le calme. Le calme est souvent bien plus angoissant que la tempête. Car on ne sait jamais où et quand elle surgira. Les oiseaux sentent les humeurs et se remettent à croasser avec menace.

« Je ne le dirai qu'une fois... »

Ses pupilles prennent des reflets dorés. Oh, Éris sait pertinemment ce que ça veut dire. Il vaut définitivement mieux ne pas la faire répéter. Quitte à baisser les armes pour mieux revenir se battre un autre jour. Comme sortie du Tartare, la terrible Balance commence à se matérialiser derrière elle.  

« Ne t'avise plus de parler d'elle. »

Dans un mauvais film d'horreur, un éclair aurait pourfendu le ciel. Ici, les oiseaux se contentent de retourner dans un silence pesant. Il y a une tension très palpable, il suffirait d'y trébucher, de se baisser pour l'embraser pour que tout prenne feu. Némésis n'est d'habitude pas spécialement rancunière : une punition tombe en conséquence avec le crime, et la page est bonne à être tournée. Mais Éris... Éris a accumulé tant d'impairs qu'elle n'a plus aucune patience à lui consacrer. Encore qu'elle aurait pu tout lui pardonner. Absolument tout. Sauf ça.

« Tu sais quoi ? Je vais m'assurer qu'Alba sorte... Et tu vas m'aider. Tu vas trouver un pigeon. Un de tes gars, le pire d'entre eux. Tu vas trouver de quoi le faire accuser à la place d'Alba. Et je ferai valoir ces preuves au tribunal. »

Il n'y a pas de sinon. Il n'y en a pas besoin. La voix ne transige pas. C'était sans doute le plan depuis le début. Némésis ne pensait pas qu'il s'articulerait de cette façon. Mais c'est aussi bien : dans cette position, Éris n'est pas en droit de négocier. Et si elle tente n'est-ce qu'une ristourne, la Discorde ferait bien d'avoir un plan de secours, une échappatoire pour regagner Philadelphie en urgence, pour ne plus jamais, jamais n'est-ce que montrer sa sale gueule au Portail.

Car personne ne lui échappe.
Personne.
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 Re: Traité sur l'art de fermer sa gueule (Némésis & Éris)  Lun 12 Aoû 2019 - 0:39
Traité sur l'art de fermer sa gueule

Elle a le battant qui s'emballe, Éris, à entendre ces oiseaux de malheur remettre le couvert. Sourire nerveux plaqué sur le visage, elle ne sait pas trop si c'est de l'excitation ou de la trouille qui lui secoue les entrailles. La clope calée entre ses lèvres finit écrasée entre ses dents avant qu'elle ne la crache plus loin. Bordel, ça va barder.

Quand le bleu tourne à l'or, la Discorde se redresse. Ses pieds tombent de la table et elle enfonce les ongles dans le canapé. C'est la merde et elle peut toujours pas s'empêcher de sourire, cette conne. Ça faisait un bail qu'elle s'était pas autant foutue dans les emmerdes - et qu'est-ce que ça fait du bien de sentir l'adrénaline lui parcourir les veines. Les drames des humains, c'est hilarant mais les disputes divines, ça a quand même un peu plus de piment. Tant que ça tourne pas trop au vinaigre pour elle.

Ce qui semble être foutrement fichu. Dans un mauvais film d'horreur, elle aurait peut-être tenté des excuses maladroites, clamé qu'elle n'avait causé la mort d'Aidos que par jalousie ; Némésis serait sûrement encline à la croire, après ses sous-entendus sur son état émotionnel.

Au lieu de quoi, ses yeux s'écarquillent à la vision de cette foutue Balance. Elle bondit littéralement en dehors du fauteuil puis s'éloigne à reculons, mettant une distance de sécurité entre elle et cet engin infernal. Le cœur de son enveloppe s'agite follement dans sa cage thoracique, tandis qu'elle prend conscience du danger. Si la Balance la juge à nouveau, elle ne pourrait pas se débrouiller pour changer d'enveloppe aussi facilement que la dernière fois. Elle devrait décider entre supporter plusieurs siècles de poisse et prendre le risque de ne pas avoir le contrôle de sa nouvelle enveloppe. Ou bien... L'option plus définitive l'effleure une énième fois, mais elle est ramenée au présent par sa demi-sœur en train d'énoncer une liste longue comme le bras d'exigences saugrenues.

« Quoi ? lâche-t-elle, abasourdie. »

C'est même pas un problème, qu'un de ses gars aille en taule, elle en a rien à foutre. Mais aller réparer ses conneries de la sorte, ce serait... contre-nature. Éris grimace rien que d'y penser. Elle, faire justice ? Et puis quoi encore ?

« Putain mais t'as rêv- ... »

Elle s'arrête net quand ses yeux retombent sur la Balance. Ouais, c'est peut-être pas si simple, de juste dire merde.

L'envoyer chier, c'est sûrement signer son arrêt de mort, d'une façon ou d'une autre. Jamais elle pourrait supporter plusieurs siècles d'une vie encore plus merdique que l'actuelle ; elle choisirait forcément une des deux autres options. Peut-être même que c'est l'occasion dont elle avait besoin, l'excuse qu'il lui fallait pas.

C'est drôle de voir le sourire de la discorde disparaître, parce que ça n'arrive pas tous les jours. Elle a l'air bizarrement sérieuse quand elle hausse les épaules, enfonçant les mains dans les poches de sa veste miteuse.

« Vas-y, fais le, Némésis. J'en ai rien à foutre. »

Derrière ses manières bravaches, Éris n'en mène pas large. Ce qu'il lui reste d'instinct de survie lui gueule de se barrer de là, de la baratiner, n'importe quoi : tout sauf accepter la punition divine.

Menton droit, elle la défie du regard. Au fond de ses poches, ses doigts tremblotent comme ceux d'une gosse terrifiée.

Te débines pas, putain. Te débines pas. T'auras l'air d'une conne.

Et une fois morte, de quoi elle aura l'air ?

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