♆❝ Little Insanity — AMOS. Sam 24 Aoû 2019 - 22:56
little insanity
“ I was never really insane except on occasions where my heart was touched. — Edgar Allan Poe
Enfermée dans l'ombre de son propre esprit, Hanae était assise, à même le sol, dans un recoin de son appartement. Genoux contre buste, mains crispées, l'une sur l'autre et le menton posé sur les genoux. Les cheveux négligemment relâchés dérivaient sur sa peau nue jusqu’à échouer misérablement sur le sol, alors que son regard noir restait accroché sur le vide. Il n'y avait plus rien, autour d'elle, depuis un moment déjà, hormis cette petite voix qui tournait au creux de sa psyché, lui rappelant le manque, l'envie venimeuse qui courait dans ses veines.
Des sachets vides et des pochettes dévastées l'entouraient alors qu'elle reniflait bruyamment en décrochant son regard chaotique du rien pour le poser sur le vide incarné. Elle n'avait plus rien à se mettre sous la langue, à avaler, ou à s'injecter. C'était la mort.
Brisant son immobilisme, elle se retrouvait à avancer dans son appartement habité par une pénombre morbide, les genoux glissaient sur le parquet jusqu'à ce qu’elle se décide à se relever en titubant. Une main passant dans sa longue tignasse lisse alors qu'elle oubliait déjà l'addiction pour le plan qui viendrait à combler son vide intérieur. L'heure était avisée d’une œillade critique, depuis une pendule murale et déjà, elle s'activait avec nonchalance, le regard s'étirant sur la vue inexistante que lui offrait sa baie vitrée recouverte de lourds rideaux bruns. Il faisait encore jours, parce que le soleil ne s'était pas encore couché. La pendule ne pouvait mentir contrairement à ses sens trompeurs.
Le pas las menait la Nippone jusqu'à sa salle de bain, elle se délassait du reste de ses vêtements et entrait dans la douche, pour quelques minutes. Ces quelques minutes, elle lui sauvait la vie, une fois de plus alors que l'esprit glissait, chavirait doucement mais surement sur les rivages divins. Elle se laissait bercé par des promesses inaudibles, inconnues et pourtant existantes. Il ne la laisserait pas sombrer, une fois de plus, elle ne le méritait pas, et lui non-plus.
(..)
Un soleil descendant s'abattait sur la ville, alors que les mains plus affirmées d'Hanae dégageait les rideaux de sa baie vitrée. Une profonde inspiration était prise, accueillant un air inhospitalier. Mais cela lui importait peu alors que la Divine part du duo attrapait une chemise à carreaux bleus, abandonnée sur le dossier du canapé vieillissant. Elle était enfilée par-dessus un débardeur blanc et un short en jeans. Des baskets accrochées aux pieds, le nécessaire dans les poches et un sac dans la main droite, la silhouette féminine filait avec vigueur vers un extérieur plus salvateur.
Enfin, il le pensait, à sa manière. Tant est si bien, qu'il se mettait à marcher encore et encore, vagabondant, dans les baskets de sa Fleur Bénie. Hotei se plaisait à apprécier ces visages qu'il croisait, affichant un sourire amical sur les traits délicats de la jeune femme. La grâce au dehors contrastait avec le bienfaiteur niché au dedans.. C'était une évidence acquise depuis quelques décennies déjà, mais cela ne semblait avoir grande importance tandis qu'il entrait au cœur même de la misère, celle du ghetto de Philadelphie. Les richesses de ce monde n'était rien pour Hotei en comparaison de la richesse humaine. Bien souvent, si ce n'est trop souvent, il se perdait dans la veine tentative de trouver la perle rare, parmi la pauvre crasse, qui illuminerait sa journée ; Parce qu'il était un éternel optimiste, opportuniste de la chance cosmique. Il était le Buddha Rieur.
Infiltré au cœur même du Ghetto, il croisait ces types aux regards lubriques qui observaient la chair innocente qu'il arborait et cela ne semblait guère l'atteindre, tant son objectif lui semblait clair. Parmi les avortons de la pauvreté et les homoncules d'erreurs passées, il avait trouvé un jeune homme. Marqué par la cruauté humaine, qui n'était pas sans lui rappeler Hanae. Si l'une s'était brisée sur les rivages d'un rêve destructeur, l'autre semblait tenir bon dans les intempéries de la vie. Et à lui, il voulait lui tendre la main, comme il l'avait fait avec elle.
Ainsi, il trouvait ce recoin qui était celui d'Amos. S'il l'avait déjà rencontré par deux fois jusqu'à là, il espérait que la troisième serait aussi prolifique pour lui cette fois-ci qu'à la genèse de leurs échanges. L’œil curieux, avec cet air débraillé et le sac vide trainant dans la main droite féminine, il s'arrêtait finalement en apercevant le jeune homme. Un sourire plein de contentement se fichait sur la bouche légèrement rougit alors qu'il s'approchait d'un pas certain.
« Bah alors ? On traine encore sa carcasse, Amos ? » Cette manière de parler, décidemment. Hotei s'était juré de la soigner, de métamorphoser ses inclinaisons verbales afin de se montrer plus crédible dans la peau d'Hanae. Peut-être y pensa-t-il tendit qu'il se ravisait après un raclement de gorge succinct. « .. Enfin, je voulais dire, bonjour ! Tu vas bien ? » Ça sonnait bizarre, dans sa bouche. Enfin, dans sa bouche, à elle. Mais ça ressemblait bien plus à la japonaise. « Je me demandais ce que tu devenais, alors, je suis venue faire un tour par là. » Le cœur sur la main, les pieds dans la misère, il soigne le mal de l'une par le bien de l'autre. Il n'y peut rien, c'est assurément dans sa divine nature.
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♆Re: ❝ Little Insanity — AMOS. Mar 27 Aoû 2019 - 7:15
« Little Insanity »
Hanae & Amos
Le plus dur, c'était pas de dormir dehors, ou dans les pires endroits de la ville. C'était pas de devoir se battre régulièrement pour garder le peu de merdes qu'il trimballait avec lui. C'était pas non plus de pas savoir où il allait, de ce qu'il ferait le lendemain, ou même s'il serait encore en vie dans une semaine. Ce n'était pas non plus cette dépression qui pointait le bout de son nez de temps à autres, lui rappelant sauvagement à quel point c'était un déchet de la société, à quel point sa mère serait triste et déçue en voyant ce qu'il était devenu, ou encore qu'il ne ferait rien de constructif de sa vie. La solitude, aurait aussi pu être un bon point mais, de longues années de prison avaient fini par le faire passer au-delà de tout ça. Non, le pire c'était la fin. Cette fin qui le prenait matin, midi et soir, cette faim qui semblait ne jamais vouloir disparaître tant trouver un petit … Quoi que ce soit à se mettre sous la dent. La chose pouvait rendre grognon et même violent, tant celle-ci pouvait être virulente et terrible. Certes, l'on disait qu'il était possible de survivre des jours, des semaines même sans manger mais, on vous disait rarement ce qu'on devenait à force. La prison … C'était pas un endroit agréable, cela avait un côté terrifiant et, quelque chose semblait aspirer votre âme, chaque jour un peu plus, mais au moins, là-bas, il avait un lit, tous les jours, tout comme il avait de quoi manger. Certes, la nourriture était affreuse et, sur cela, il l'avait mérité mais … Mais au moins, il avait à manger, tous les jours.
Depuis sa sortie, il était arrivé plus d'une fois à Amos de ne pas pouvoir manger durant un ou deux jours, parfois plus. Ne le laissant que limité, plus hargneux, mais sans la moindre once d'énergie, cherchant désespérément dans les poubelles un bout de quelque chose à manger. Nombreux étaient ceux à jeter de la junk food à peine entamé mais, l'écrasante majorité de ceux dans sa situation connaissaient cette combine et, malheureusement, il était de plus en plus rare de trouver quoi que ce soit. Dans ces jours-là, notre ami passait une bonne partie de son temps à somnoler dans un coin, afin de ne pas gaspiller ses forces. Après tout, il était rare pour Amos de dormir dans des endroits sûrs, passant le plus grand nombre de ses nuits dans des squats peu recommandables où traînaient tout un tas de gars prêt à tout pour deux ou trois dollars, ou encore prêt à vous planter, certain que vous aviez une dose sur vous. Certes, l'endroit était dangereux. Certes, l'endroit puait la pisse, le vomi et même la mort. Certes, c'était bruyant et il ne fallait dormir que sur une oreille mais, au moins il avait un toit sur la tête et, mine de rien, un plancher cabossé et miteux, c'était bien plus confortable que le bitume, alors, pouvait-il vraiment se plaindre ?
Malgré cette détresse quotidienne, il arrivait au jeune homme de vivre, ce qu'il qualifiait sans la moindre hésitation, des miracles, ni plus, ni moins. De bonnes rencontre, merveilleuses, des gens qui, contre toute attente ne lui voulaient que du bien. Meera en faisait parti. Une indienne, particulièrement charmante et douce, mère de famille célibataire au grand cœur, qui lui avait offert de passer quand il le souhaitait pour profiter de son canapé, alors même qu'elle ne le connaissait pas vraiment. Gêné par tout ça, l'ex-taulard lui avait même parlé de son séjour en prison, ainsi que ce qui l'y avait mené, espérant quelque part que la chose la fasse changer d'avis. La révélation ne fit pas changer d'avis la belle. Alors même qu'elle avait une gamine, elle faisait confiance à ce presque inconnu pour dormir sous son toit, alors même qu'il avait évoqué toute cette violence. Pourquoi ? Pourquoi être si gentille et attentionnée avec lui ? Il n'en savait rien et ne comprendrait certainement jamais cette part de lumière incroyable qui pouvait sommeiller dans le cœur humain. Et puis, il y avait cette Hanae, une japonaise toute aussi charmante mais qui … Qui était tombé dans l'abus de stupéfiants et qui l'avait rendue … Étrange. Cette rencontre lui avait fait réfléchir à bien des choses, surtout à toutes les merdes qu'il avait vendu avant de finir en prison. La jeune fille semblait si douce, fragile et innocente, la voir ainsi était douloureux. Le pire était cette … Amos n'aurait su dire réellement ce qu'il en était mais, la nipponne semblait avoir une espèce de dédoublement de personnalité. D'un côté, la dépressive, de l'autre, la joyeuse, souriante et avenante, où son accent refaisait surface. Peut-être était-ce un … Comment ils disaient dans les films déjà ? Un mécanisme de défense. Une autre personnalité pour lui permettre d'avancer, de ne plus vivre constamment dans la douleur. Ou quelque chose dans ces eaux-là.
Dans tous les cas, cette jeune femme semblait s'être pris d'affection pour Amos, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi et, avait déjà partagé sa nourriture par deux fois avec lui, où ils avaient échangés un peu. Et puis, il y eut une troisième. C'était une journée de merde, comme d'autres avant et, d’innombrables qui devraient arriver. L'orphelin avait arpenté la ville en quête de quelque chose à se mettre sous la dent, en vain. Finissant par accepter son destin, il avait fini par retourner dans ce squat à toxico où il avait pris l'habitude de se rendre ces derniers jours, s'étant même aménagé un petit coin à lui avec quelques bouts de cartons propres et sec trouvés çà-et-là. C'était pas le grand luxe, mais c'était le début de quelque chose. Contre toute attente, d'ailleurs, personne ne les lui avait piqués, ni même ces livres massacrés qui lui servaient tant d'occupation que d'oreiller. Un confort précaire mais qui, ma foi, était mieux que de dormir dehors. Cette soirée-là, l'ex-taulard somnolait dans son coin, tandis que son ventre grondait férocement contre son hôte, réclamant du carburant pour avancer. Incapable de dormir, réellement, l'homme se contentait de tapoter son estomac qui ne cessait de grogner, en allant même jusqu'à lui promettre de le remplir bientôt. Et puis, une petite voix, douce et reconnaissable de part son accent, se fit entendre, l'appelant par son nom avant d'user d'une expression plus que désuète, chose qui lui tira un petit sourire en coin.
Se relevant presque difficilement en se tenant le ventre, la journée entière de notre ami fut illuminée par ce sourire radieux. Oh, c'était une jolie petite, la Hanae. Sans le moindre doute. Très jolie même. Elle ne possédait pas le même genre de beauté que Sierra, farouche, femme fatale et sensuelle. Non, elle, était plutôt dans le côté mignon, charmant et adorable, qui faisait sourire bêtement et réchauffait le cœur. La japonaise expliqua être passée pour prendre des nouvelles, ce qui le fit sourire de plus belle, malgré cette interrogation qui ne le quittait pas. Pourquoi ? Pourquoi s'inquiétait-elle pour lui ? Qu'avait-il pu faire pour mériter pareille attention ? Un petit soupir plus loin, notre ami se laissa aller à une réponse, mêlant vérité et flatterie. « C'était pas la joie mais, depuis que t'es là, ça va beaucoup mieux, ça me fait plaisir de te voir. » Ses mots se ponctuèrent d'un petit rire léger, très vite suivi d'une main venant gratter sa mâchoire, accompagnée d'une moue gênée. « Mais … Tu devrais pas venir par ici, vraiment, ça craint comme coin. T'es toute jolie et … En affichant tes jolies gambettes, y'a moyen de faire tourner des têtes. Vraiment, c'est dangereux, je veux pas qu'il t'arrive quelque chose, surtout par ma faute. » Un nouveau soupir, avant que la joie de ses retrouvailles ne refirent surface, oubliant presque son ventre qui ne cessait de grogner. « Enfin, maintenant que t'es là, de toute façon hein … Et toi, comment tu vas ? T'as l'air en forme dis-donc. Comment se sont passés les derniers jours de ton côté ? »
♆Re: ❝ Little Insanity — AMOS. Jeu 29 Aoû 2019 - 3:42
little insanity
“ I was never really insane except on occasions where my heart was touched. — Edgar Allan Poe
Pour chaque bonne action, il existait son mouvement contraire, Hotei l'avait rapidement compris et pourtant, cela ne l'avait pas empêché de s'accomplir dans le contentement et le sourire d'autrui. Si la majorité des êtres humains tenaient le compte de leurs actes altruistes, les justifiant par l'adage " un prêté pour un rendu ", le Dieu Japonais s'était toujours refusé à ce genre de trafic. Parce que s'il avait voulu être une divinité commerçante, il aurait surement pris la place d'un de ses frères. Certes, sa vie était ponctuée d'ingratitudes matérielles, mais cela ne suffisait pas à bafouer son éternel optimisme. Le simple sourire d'un être humain lui suffisait à avancer, parce qu'il comprenait alors que la lumière de l'humanité résidait dans l'acte de donner et de recevoir. C'était cette philosophie désuète pour une grande partie de la populace qui justifiait, d'une certaine manière, cette main tendue d'Hotei à Amos. Pas de charité, pas de pitié, juste l'envie d'aider.
Et parce qu'on ne disait jamais deux sans trois, il se retrouvait à nouveau sur le chemin du jeune humain. Trompeur sous les traits d'Hanae, il laissait la confusion opérer pour le bien de l'un comme de l'autre, parce qu'il n'était pas vraiment question de le vénérer. Après tout, dans son Japon natal, ses représentations ne se comptaient plus et les prières qui lui étaient adressées ne cessaient de le renforcer. Mais pas assez pour s'échapper de la carcasse fragile de sa Fleur Meurtrie.
Déjà d'un geste de la main, Hotei faisait signe à Amos de rester assis alors qu'il s'avançait pour s’installer en tailleur en face de lui. Le sac était gardé en main, sur ses genoux alors qu'il gardait ses prunelles chaotiques rivées sur les traits de l'humain, un sourire rayonnant s'affichait sur sa bouche rougit, suivant le court d'un amusement qui filait dans un rire léger. « Petit malin, ta flatterie ne prend pas avec moi, mais moi aussi, ça me fait plaisir de te voir. » L'accent aux inclinaisons nippone trahissait le Dieu Shintô, et pourtant, il ne pouvait réellement s'en empêcher. Il tentait parfois de se reprendre, mais dès lors il se hasardait à se sentir à l'aise - c'est-à-dire quatre-vingt pourcent du temps - l'accent ressortait, comme par magie.
L'expression d'Amos interrompait le rire du Dieu, tandis que ses traits délicats imprimaient une incompréhension temporaire. Il réfléchissait, elle se tendait par crainte. La mémoire musculaire le prenait de court, il soupirait, loin d'être naïf. Après tout, sa gentillesse ne justifiait aucune stupidité. « Eh bien écoute, tu n'auras qu'a veiller sur moi en repartant. Ou alors mieux, tu me raccompagnes. Avec toi, je ne craindrais rien, non ? » Requête innocente qui résolvait tout problème, Hotei la formulait avec une simplicité désarmante. A nouveau bien heureux, il affichait ce sourire spontané sur ses traits, son regard suivant la même mouvance, retranscrivant la fraiche impulsion de la divinité.
Lui, il n'avait jamais vraiment compris cet attrait maladif des corps. Il n'avait jamais compris que l'on puisse désirer violemment une silhouette fugace. Pour le Buddha Rieur, ce n'était pas cela la beauté, au contraire, il aurait même pu parler de laideur.. Pire, de laideur humaine. Après tout, il aurait été malhonnête de sa part de nier la face ombrageuse du peuple qu'il aimait tant. C'était un peu comme pour la chance. Tout n'était qu'une question d'équilibre cosmique : la lumière devait accueillir sa part d'ombre, tout comme la chance devait cohabiter avec sa malchance. Tout n'était qu'une question d'antagonisme.
« .. Il va falloir que tu fasses avec. » Qu'il riait de son rire à Elle, laissant de côté tout questionnement profond quant à la nature de l'être humain. Il savait qu'Amos n'appartenait pas à l'ombre, mais à la lumière, il en était persuadé. « Ça va, je me suis dit que tu avais peut-être une petite faim. J'ai quelques petites choses par là.. » Alors qu'il joignait le geste à la parole, Hotei plongeait une main hasardeuse dans son sac à malice, son sac à fortune. La première chose qu'il en sortait était un sandwich. Il le humait un moment. « Du jambon, du beurre. C'est français ce truc, non ? » Le pain était tendu à Amos pour qu'il s'en saisisse avant que le Dieu ne se remette à farfouiller dans l'objet. « Une pomme ? » Oui, c'était une pomme qu'il sortait du sac, bien rouge alors qu'il lui lançait. « Tu sais, la drogue, c'est une saloperie qui .. Me collera à la peau un moment encore. » Il avait eu mal, du mal à ne pas déraper. Parce que ce n'était pas de lui dont il parlait, mais d'elle. Evidemment, ça lui faisait soucis, mais.. Avant tout.. « AH ! Le voilà le gâteau ! » Il sortait une part de tarte emballée. Non, ce n'était pas un gâteau mais une apple pie. Il la déposait et attrapait finalement une bouteille quelconque de boisson qu'il laissait finalement à côté avant de déposer son sac vide sur ses genoux. « Pourquoi est-ce que les gens aiment tant se droguer, à ton avis ? »
Cette question existentielle n'avait jamais trouvé de véritable réponse dans l'esprit d'Hotei. Ce besoin d'échapper à une réalité trop dure, il l'avait envisagé pendant un temps, mais l'addiction d'Hanae avait toujours compliqué la situation, d'une manière ou d'une autre. Parfois, il se demandait s'il avait bien fait de la sauver.. Simplement parce qu'elle n'avait jamais quitté son tourbillon de malheur personnel. Malgré tout cela, il décroisait les jambes, repliait les genoux afin d'y poser sa joue et de regarder Amos manger. De le voir aussi simplement œuvrer lui soutirait un sourire satisfait. Parce qu'au moins, il avait réussi à faire le bonheur de quelqu'un.
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♆Re: ❝ Little Insanity — AMOS. Dim 1 Sep 2019 - 19:47
« Little Insanity »
Hanae & Amos
Sans doutes ne comprendrait-il jamais. Très certainement même. Pourquoi cette jeune femme se donnait tant de peine pour aller le voir ? D'autant plus que, son état à elle pouvait être bien plus préoccupant que le sien. Certes, il ne mangeait pas tous les jours, voire même pendant plusieurs jours, certes il n'avait pas sa propre habitation, certes il dormait par terre mais, dans l'ensemble, il n'avait pas à se plaindre. Il y avait des gens dans des situations bien pires. Amos était en bonne santé et, même s'il lui arrivait de dormir de temps à autres à la rue, il était bien dans ce squat. Il avait un toit sur la tête et, le peu de choses qu'il avait entreposé dans son coin, jamais personne n'avait essayé de le lui piquer. Certes, plusieurs fois, notre ami retrouva le tout sans dessus-dessous, mais il était à parier qu'on avait fouillé dans l'espoir de trouver quelques billets ou doses, chose qu'il n'avait pas. Elle, par contre, entre ce qu'elle prenait et son dédoublement de personnalité, c'était bien plus préoccupant. Pourtant, elle était-là, semblant préoccupée de son sort à lui, inquiète, douce et chaleureuse. Pourquoi ? Pourquoi lui ? Lui faisait-il tant pitié que cela ? Bien sûr, notre ami était heureux de voir cet intérêt mais, quelque part, tout cela le gênait.
Après avoir fait un geste à son nouvel ami de rester assis, la belle s'installa face à lui, en tailleur, pour, bien vite sourire aux mots de son interlocuteur, qu'elle accusa de flatterie. Ce doux sourire fut aussi accompagné d'une réciprocité des mots de l'humain, elle aussi semblait heureuse de le revoir, ce qui lui tira un petit sourire en coin. « C'est pas que de la flatterie, voyons. Jusqu'ici ma journée n'était pas particulièrement intéressante, alors forcément, ça change tout. » Qu'il ponctua avec un petit rire amusé. Heureux d'avoir enfin un peu de compagnie. Après tout, entre ne rien faire et discuter, le choix était étrangement vite fait. Malgré tout, le fait qu'elle soit venue le dérangeait sur un autre point : sa sécurité, surtout avec ce genre de short qui, potentiellement pouvait rendre fou les gens, encore plus dans ce genre d'endroits. Pour avoir vécu un long moment avec des personnes dans ce genre, Amos semblait bien placé pour deviner le genre de réactions que cela pouvait provoquer, mais pire encore, les gestes qui pouvaient suivre. Sans nul doutes que, pour avoir une si forte dépendance, la jeune femme avait eu une vie des moins enviables, il était hors de question de lui en rajouter encore. Tout naturellement, le sans-abris lui expliqua son point de vue et, même si Hanae sembla d'abord surprise, elle finit par lui proposer, tout simplement de la raccompagner jusqu'à chez elle, ainsi, elle ne risquerait rien, n'est-ce pas ? Le tout, de la manière la plus simple et innocente qui soit, ce qui ne put que tirer un sourire attendri à Amos. « Ma foi, oui. Pour te dire la vérité j'avais pensé à la même chose mais, proposer de raccompagner quelqu'un chez elle ça a toujours une connotation ... » Une petite grimace, suivie d'un long soupir et d'un sourire idiot. « Enfin, tu vois. Mais ouais, si ça peut éviter tout problème sur la route, ce sera avec plaisir. J'espère juste que … » Fronçant nerveusement du nez, le jeune homme finit par baisser honteusement le regard avant de continuer. « J'espère juste qu'on fera pas de mauvaises rencontres. Je … Il y a des aspects de … Moi, que je préférerai ne pas te montrer. » Ponctuant ses mots avec un sourire maladroit en coin, le jeune homme releva la tête pour la regarder, gêné. Toute cette violence, cette colère et cette rage, s'il venait à s'enflammer et à se battre, sans nul doutes que la japonaise finirait par avoir une bien piètre opinion de lui. Pire encore, elle pourrait en avoir peur.
Bientôt, la demoiselle avoua avoir pensé à lui et lui avait apporté de la nourriture, pensant qu'il pouvait avoir un petit creux. Ses yeux à lui se firent grand, emplis de surprise, d’intérêt et d'envie. Son ventre se joignit à la fête pour gargouiller chaleureusement. Amos n'aimait pas l'idée de faire pitié, ni même l'idée de devoir se contenter de la charité d'autrui mais … Il avait cette impression qu'elle, le faisait sans arrière-pensée de ce genre, simplement par bonté et, par envie d'aider. De l'aider lui. Et puis, en toute honnêteté, le Niños avait tellement faim que, cette fierté mal placée passa au second plan, suffisamment pour le laisser là, béat, bavant même sur toutes ces bonnes choses que sa nouvelle amie sortait de son sac. Un jambon beurre, une pomme, une part de gâteau et même une bouteille de soda. Cependant, pendant la distribution des plus beaux des cadeaux, Hanae sembla déraper comme si … Comme si son autre personnalité avait refait surface, le temps d'un instant, évoquant son problème lié à la drogue qui continuerait sans doutes à la détruire pendant un moment. Ses sourcils à lui se froncèrent violemment à ses mots, tentant tant bien que mal de comprendre ce qu'il se passait mais, la jeune femme continua sur sa lancée et ses cadeaux, comme si rien ne s'était passé.
Ne sachant trop quoi dire, Amos se contenta de récupérer toute cette bouffe avec admiration et grande joie. « Merci, vraiment, t'es un ange. Ça faisait un moment que j'avais pas mangé à vrai dire, tu me sauves la vie. » Un petit rire plus loin. « Mais, je saurais pas comment te remercier de tout ça c'est … Ouais, t'es un petit ange, y'a rien d'autre à dire. » Après un petit sourire tout heureux, le trentenaire entama son sandwiche tout en se laissant aller à un long soupir d'extase, heureux tant de se nourrir que du goût. Oh que ça faisait du bien. Alors que tout se passait bien, Hanae finit par poser une question qui surprit, sincèrement, son interlocuteur. Pourquoi les gens semblaient tant aimer se droguer ? Arrêtant net de manger, il la regarda avec des grands yeux ronds. Était-ce une vraie question ? N'était-elle pas … Sensée être au courant de la réponse ? Son corps n'était-il pas justement habitué à toutes ces choses là ? « Je ... » Fronçant les sourcils, semblant en pleine réflexion, l'homme l'observa se mettre dans une position qu'il qualifia de mélancolique, les genoux repliés sur elle-même, avant qu'elle ne pose sa joue dessus. « Je ... » Que dire ? Comment le formuler ? Il ne savait pas vraiment. Une chose était sûre cependant, il ne fallait pas évoquer son cas à elle, même indirectement. Alors, plutôt que de réfléchir, il finit par faire ce qu'il savait de mieux : y aller à l'instinct. « C'est … Une manière de fuir la vérité, ou le monde réel. Beaucoup de gens sont juste … Complètement bousillé, par la vie en elle-même, le travail, les gens ou je sais pas trop quoi. Ça … Donne cette impression de pouvoir avancer et d'affronter tout ça. C'est pas forcément la meilleure solution mais, ça correspond à des gens. J'veux dire, tout le monde a un exutoire, d'une certaine façon. Certains c'est le sport, le cinéma, les jeux videos, ou d'argent, ou encore le chocolat. Moi c'est ... » Levant les yeux en l'air, comme pour réfléchir, l'idée de parler de cette rage qui le dévorait de l'intérieur lui sembla très vite être plus que mauvaise. Tout comme celle d'évoquer cette nécessité, quelques années plus tôt de devoir cogner pour évacuer tout ça. « C'est pas bien glorieux mais, l'alcool m'a toujours fait du bien. Tu vois c'est … Percevoir la vie différemment, se sentir heureux et joyeux, ne plus penser à toutes les merdes qui sont là, en permanence. C'est momentané mais … Ça aide à pas se foutre en l'air. C'est un peu pareil pour ces gars qui viennent se piquer ici, juste des pauvres gens qui ont été brisés par quelque chose. Enfin, quelque chose comme ça, je suppose. » La chose lui semblait relativement bien annoncée, il espérait avoir aidé cette … Autre-Hanae et, comme pour passer à autre chose, Amos tapa une nouvelle fois dans son sandwiche « Oh que c'est bon, ça fait tellement d'années que j'ai pas aussi bien mangé, merci, vraiment. T'en veux pas un bout dis ? »
♆Re: ❝ Little Insanity — AMOS. Mar 3 Sep 2019 - 17:29
little insanity
“ I was never really insane except on occasions where my heart was touched. — Edgar Allan Poe
La misère n'était qu'une question de point de vue, de perception, selon Hotei. Ce fardeau, il ne le refusait pas, l'acceptait comme gage du poids qu'il représentait dans la balance de son univers. Encore et toujours philosophique, ses jolis mots avaient finalement été confrontés aux maux de sa dernière incarnation. La brutalité humaine avait presque mené le Dieu à des extrêmes dont il ne se serait pas cru capable. De colère, de rancœur, de dépit, coincé au creux de l'esprit d'Hanae, il avait ruminé pendant des décennies cette vie peu enviable qu'il s'était retrouvé à endosser par choix. Un choix maladroit.
Aujourd'hui, l'axe de ses réflexions s'était recentré sur ce qu'il savait le mieux faire ; Parce qu'apporter aux autres, lui suffisait, lui laissait entrevoir la plus-value d'un monde qu'il arpentait depuis longtemps déjà. Des corps, il en avait habité. Des esprits, il en avait découvert. Mais celui d'Hanae s'était avéré labyrinthique et énigmatique. Près de cinquante ans après son incarnation, le Dieu était incapable de déchiffrer totalement les volontés de la Nipponne. Trop brisée pour survivre, trop battante pour mourir, elle s'était animée d’une rage de vaincre dans les moments les plus charnières. Illogique, peut-être désaxée, Hanae avait déstabilisé le Bouddha Rieur, a tel point qu'il en était venu à s'attacher à cette chair, plus qu'à n'importe laquelle.
Et fort était de constater que ce corps frêle avait le don de susciter ce même émoi chez beaucoup de personnes. Que ce soit chez ses frères et sœurs, ou dans l'entourage de la Fleur Fragile. Amos était d'ailleurs un exemple parfait, parce qu'Il le voyait, dans son sourire, là, posé sur ses lèvres, qu'il était touché par la fragilité bancale de cette âme dysfonctionnelle. Un sourire énigmatique flottait sur les lèvres charnues de la japonaise alors qu'Il glissait une main dans ses cheveux, d’un geste mécanique, presque habituel qui ne lui appartenait pas. Parce que parfois, c'était ainsi, les mémoires se mêlaient, les manies s'enlaçaient pour donner l'illusion d'une unité parfaite.
Mais ça ne durait jamais. Car Hotei avait cet accent trompeur, cette nature qui faisait de lui l'innocent parfait.. Qui faisait passer Hanae pour la Naïve par excellence. C'était cette idée, qui naviguait dans l'esprit du Dieu qui dévisageait, interloqué, le jeune humain. Si hésitant, si empêtré dans des conceptions qu'Hotei n'avait même pas effleuré, Amos semblait soudain bien maladroit. Mais cela s’ajoutait à son côté attachant, peut-être même lumineux qu'il était le seul à percevoir. Alors, il balayait l'air d'une main avec un léger rire, comme pour dissiper le doute et surtout envoyer valser le malaise de son vis-à-vis. « M'enfin, nous sommes un peu au-dessus de ça. Je te fais confiance, je sais que tu me guideras avec bienveillance. » Cette bienveillance qu'Il percevait cherchait à balayer de manière évidente l'obscure fatalité qui pesait sur les épaules du jeune homme. Un sourire naturellement miséricordieux glissait de ses lèvres jusqu'à contaminer son regard alors qu'il se penchait légèrement vers Amos pour le regarder fixement. « Nous avons tous nos parts d'ombre. Et après tout, si elles n'étaient pas là, serions-nous véritablement " Nous " ? Tu sais, j'aime à croire que nous sommes maitres de ce que nous sommes. Qu'il nous appartient de laisser ou non l'ombre nous définir. » Les prunelles sans fond d'Hanae scrutaient pendant de longues secondes les traits d'Amos, alors qu'Hotei reprenait. « Lorsque je t'observe, je ne vois pas une ombre, mais une lumière étouffée. Tu ne demandes qu'à être libéré, et je peux t'y aider. J'ai envie de te voir briller. » Elle reculait à sa place, retrouvait son axe d'assise en mimant l'amplitude de sa lumière, à lui, de ses bras ouverts.
Les mains retombaient finalement, et cette fleur qui s'était presque ouverte sur l'aveu d'une conception idéale d'un monde, d'une personne, se refermait presque par sa posture. Pourtant, la détente demeurait sur les traits d'Hanae tandis qu'il observait au travers de ses yeux, à elle, ce repas qu'il avait offert. Heureux de son geste, il y trouvait sa nourriture spirituelle toute personnelle. Le visage se redressait sensiblement aux paroles bénit d'Amos alors qu'un léger rire lui échappait en guise de préambule à sa réponse. « Mais non, je ne suis pas un ange. Je peux te le jurer ! » Oh oui, il pouvait le juger sur.. Tout ce qu'il possédait ou ne possédait pas. « Tu n'as pas à me remercier, je suis simplement heureux de pouvoir partager un peu de nourriture. » Toujours cette simplicité, sans arrière-pensée, ni même pitié. Son geste n'avait de valeur que s'il apportait un bienfait.
Malgré toute cette simplicité et ce bonheur partagé, il y a une ombre au tableau, une incompréhension qu'il ne parvenait pas à effacer. La drogue, le poison d'un monde qui s'infiltrait dans les veines d'un corps qu'il habitait. Les explications d'Amos à ce sujet étaient écoutées avec beaucoup d'attention, le regard se faisant pensif au fur et à mesure du raisonnement du jeune homme. Un soupir se nouait dans la gorge d'Hanae, le dilemme d'Hotei demeurait présent, à jamais ancré dans la chair de la fleur. L'essence divine portée hors de toute culpabilité, ne pouvait que se distancier face à cette addiction. Et c'était surement bien étrange pour Amos de La voir réagir ainsi, alors qu'au final, c'était un Lui qui l'habitait.
« Et si.. On t'offrait un moyen d'être heureux et joyeux, aujourd'hui, malgré ton passé, ton fardeau. Est-ce que tu accepterais ? Parviendrais-tu à l'être ? A oublier ? » Cette question brisait son propre silence, arrachait Hotei à son mutisme momentané alors qu'il restait encore un moment pensif, ne pouvant se résoudre à effacer la présence de la jeune fleur au profit d'un bienêtre égoïste. Les lèvres pincées, il se heurtait à ses propres réflexions, bien plus complexes qu'un simple sourire partagé. Pourtant, Amos le sortait de là, l'arrachait à la mélancolie des secondes et déjà, il redressait son regard sur la silhouette masculine et ce sandwich qu'il voulait partager. « Oh non, manges, profites. Je ne peux pas en manger. » Oups ? Même pas. « J'irais taper sur les nerfs de mon frère pour qu'il me préparer une assiette, lorsque j'aurai faim. Il me grondera surement, mais dans le fond, je sais qu'il a bon cœur. » Evidemment, Hotei pensait à Daikokuten, ce frère riche, à l'opposé de lui, cuisinier dans l'âme et râleur dès qu'il pointait le bout de son nez. Hotei était presque jaloux de l'affection qu'il portait à Hanae plutôt qu'à lui, mais ça, c'était une autre histoire.
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♆Re: ❝ Little Insanity — AMOS. Lun 21 Oct 2019 - 23:28
« Little Insanity »
Hanae & Amos
Il y avait quelque chose d'étrange, avec cette … Autre Hanae. Malgré ses questions étranges, ou sa façon d'être qu'Amos jugeait presque désinvolte, il se dégageait de cette personnalité un calme et une sérénité exceptionnelle. Comme si, parler avec elle suffisait à apaiser les tempêtes de tout être. En fin de comptes, tout deux … Ou trois, ne se connaissaient pas plus que ça et, pourtant la belle semblait apprécier tout particulièrement cette âme perdue qu'il était. Pourquoi ? Comment ? Il n'en avait pas la moindre idée. Comment une personne comme elle pouvait s'intéresser à lui ? Elle qui ne semblait être fait que de douceur, comment pouvait-elle porter ne serait-ce qu'un regard sur un énergumène tel que lui ? Lui qui n'était fait que de rage et de violence. Lui qui avait au fond de lui cette bête sombre, haineuse, qui ne demandait qu'à sortir, quitte à lui faire perdre le contrôle. Lui qui avait raté sa vie, à bien des égards, lui qui n'était qu'un déchet de la société. Que pouvait bien voir Hanae au fond de cet être ? Que pouvait-elle imaginer voir ? Car oui, il n'y avait rien à y voir, si ce n'était le néant et la désolation. Et pourtant, elle était là, sans crainte, sans doutes, toute souriante devant cet homme qui avait tant fait de mal autour de lui. Cet homme qui avait si souvent martelé la chair et les os d'autrui. Pire encore, contre toute attente, la jeune femme lui avoua, sans sourciller, sans la moindre honte, avoir confiance en lui, chose qui le mit presque mal à l'aise. Un petit sourire nerveux avant de baisser honteusement le regard vers le plancher, pour finalement. « Tu sais … Je suis pas sûr que ce soit une bonne chose d'accorder si facilement ta confiance à … Des gars comme moi je ... » Reniflant férocement en relevant doucement le visage, Amos repris. « Un jour, ça va t'attirer des problèmes. Il y aura toujours des enfoirés pour profiter de ta bonté. » Sa main vint gratter nerveusement sa nuque avant de rire doucement. « Et ce jour-là, j'espère être là pour … M'en occuper. » Qu'on se le dise, l'ex-taulard n'était pas doué pour grand chose. À vrai dire, à part se servir de ses poings, il ne savait quasiment rien faire. Il avait conscience, sincèrement, que ce n'était pas une bonne chose mais, parfois, la violence était nécessaire. Peu importe ce que les gens pouvaient en dire, il y avait des situations, ou des gens, qui ne se réglaient que grâce à ça. Peut-être que, le jour où cela arrivera la japonaise prendrait peur en voyant ce dont il est capable mais, s'il peut lui rendre la pareille, ne serait-ce qu'une fois, pour toute la gentillesse dont elle a fait preuve à son égard, il n'hésitera pas.
Bien vite, comme si cela semblait une évidence pour elle et, comme pour appuyer ses propos précédent, la demoiselle parla de cette part de lumière et d'ombre, que chacun étaient supposés disposer en soit. Il était question d'acceptation de soi dans son entièreté, mais aussi que se laisser aller à l'ombre ou à la lumière ne dépendait que de la volonté de chacun. Son regard profond se posa lourdement sur le visage de son interlocuteur ce qui le fit doucement rougir, attendant patiemment la suite qui ne tarda pas à arriver.Selon elle, Amos avait une belle part de lumière, cachée au fond de lui, camouflée timidement par l'ombre et, elle ne souhaitait qu'une chose : l'aidait à la libérer, mimant d'une étrange et mignonne façon, 'étendue de cette prétendue lumière, chose qui l'amusa beaucoup. « Je … Je crois bien que tu es la seule personne, à quelque chose près, à voir ce genre de choses en moi. C'est … Gentil. Mais tu sais, j'ai … Cette … Cette ... » Grognant presque en serrant le poing, avant de venir taper son buste, le sans-domicile releva doucement le visage, presque honteux. « Cette rage au fond de moi, cette haine contre tout. Je me souviens d'une citation de … Je ne sais plus qui, qui parlait d'une bête sombre tapie au fond d'un personnage c'est … Exactement ça. Je m'emporte, facilement et je ne contrôle plus rien. J'ai fait beaucoup de mal tu sais ? Je me suis battu un nombre incalculable de fois et j'ai envoyé … Je ne sais pas combien de gens aux urgences. Je ne sais pas ce que tu vois au fond de moi mais … Mais ce n'est pas de la lumière. » Comment pouvait-ce en être après tout ? Si elle voulait de la lumière, c'était Meera qu'il fallait aller voir, pas lui. Cette femme état l'incarnation de la patience, de la douceur et de la bonté, lui, n'était qu'une brute. Une simple brute, ni plus, ni moins.
Des mots furent échangés au sujet de l'immense bonté, presque divine de son interlocutrice qui, innocemment, jura de ne pas être un ange, ce qui tira un petit sourire à Amos. Et, comme si elle n'abandonnait pas l'idée qu'elle avait en tête, la japonaise revint à la charge, évoquer une fois de plus son fardeau qu'il semblait porter. Cette fameuse part d'ombre, en évoquant un marché juteux, bien qu'impossible, pour le rendre joyeux. Cela lui tira un nouveau sourire. Cette jeune femme était décidément trop adorable et bienveillante pour ce monde. « Je ne pense pas mériter ce genre de choses. Ce n'est pas à moi qu'il faut proposer ce genre de choses, mais plutôt à ceux qui n'ont pas eu de chance. » La chose lui brûla la langue, manquant de proposer son interlocutrice comme exemple mais … Était-ce la bonne personne ? Ou plutôt la bonne personnalité ? Avaient-elles conscience l'une de l'autre ? Et à quel point ? « Tu l'as dit, tout à l'heure, on est ce qu'on est. Toute cette … Toute cette merde que j'ai fait, que j'ai vu et que j'ai vécu c'est … Ça craint hein ? Mais ça fait partie de moi, c'est … C'est moi, maintenant. Je ne suis pas fait pour une vie simple et heureuse, je ne suis pas fait pour l'avoir comme ça et .. Je ne le mérite pas. Il faut que je fasse pénitence ou ... » La chose le fit rire, sans gêne. « Ça fait très biblique dit comme ça. Tu vas peut-être me prendre pour un idiot mais … Je pense qu'il y a quelque chose ... » Lâchant quelques instants son sandwich pour lever ses mains vers le plafond. « … Au dessus de nous. Je sais pas quoi, ni qui et encore moins qui a raison … C'est … J'trouve que c'est le bordel les religions mais … Ouais, y'a forcément quelque chose qui chapeaute le tout. Tant que j'aurais pas vraiment changé, tant que j'aurais pas racheté mes fautes, je mérite pas tout ça. » Un soupir avant de retourner amoureusement sur son sandwiche pour le dévorer comme jamais, incertain de quand pourrait arriver le prochain. Et puis, une déclaration de la belle attira son attention en lui faisant arquer un sourcil, à tel point que sa dégustation cessa. « Oh ? Je savais pas que t'avais de la famille ici. De … Ce que j'ai compris t'es née au Japon mais … Je pensais que t'étais seule ici. Ça doit être super de vivre pas loin d'un frère ou d'une sœur et … C'est un cuisinier ton frère ? Il fait des spécialités japonaises ? Ah ! Je crois bien que je n'ai jamais goûté ce genre de choses ça doit être ... » Les yeux vers le plafond, rêveur, la bouche grande ouverte tandis que son ventre gargouillait, Amos resta ainsi quelques instants avant de revenir à la réalité et se rabattre vers les généreux dons de son interlocutrice qui étaient merveilleusement délicieux. « Et pourquoi est-ce qu'il te gronderait ton frère ? »
♆Re: ❝ Little Insanity — AMOS. Sam 9 Nov 2019 - 23:47
little insanity
“ I was never really insane except on occasions where my heart was touched. — Edgar Allan Poe || @Amos Holden
La fragilité apparente qu'offrait Hanae ne pouvait que contraster avec ce caractère sûr et bienveillant du Dieu. Lui, il croyait en tout, en l'humain, en ce monde pourtant bien souvent désenchanté, alors qu'Elle, elle doutait de tout et de tout le monde. Alors que l'un prônait la confiance, l'autre se noyait dans la peur. Ils étaient le noir et le blanc, le ying et le yang formant un tout parfaitement hétérogène et instable. Et alors qu'Hotei tendait à prendre le dessus sur son incarnation, il n'était pas rare qu'Hanae connaisse un sursaut lié à son instinct de survie. Son besoin d'exister contrastait avec ses habitudes dangereuses. Elle se mettait en danger, bousillait sa santé pour oublier mais refusait de renoncer, de baisser les bras. C'était en cela qu'elle était si attachante pour le Dieu.. Parfois même attachiante.
Alors qu'Hotei aurait pu lutter férocement pour se débarrasser de l'âme brisée de son incarnation, il n'arrivait pas à s'y résoudre, parce qu'il l'avait choisi avec l'idée folle de l'aider, de lui tendre la main. Un peu comme il le faisait avec Amos. Parce que pour l'un comme pour l'autre, il avait perçu cette lumière si caractéristique, si humaine, si intangible. Pour l'ancien taulard, c'était cette bonne volonté brute qui avait amené le Buddha à se pencher sur son cas. Parce qu'il avait vu au delà de sa violence extériorisée, au delà des préjugés, de ce qu'il voulait bien montrer. Il aimait à croire que sa main tendue serait une rédemption pour lui. Alors, lorsqu'il doutait de cette confiance accordée, Hotei ne pouvait qu'esquisser un sourire bienveillant. Le genre de sourire qui donnait à Hanae cette expression lumineuse et indétrônablement assurée. Le visage dodelinait lentement alors que son sourire cryptique s'accompagnait de quelques mots bien à lui. « Eh bien, nous voilà d'accord ! A partir d'aujourd'hui, laisse moi avoir confiance en toi, et toi, tu n'auras qu'à veiller sur moi. Assure-toi que nul être mal intentionné ne vienne à me nuire. Quand bien même je me retrouve incertaine, pleine de doute. »
Cette distance face à sa propre attitude pouvait prêter à confusion pour quiconque faisait face à Hanae. C'était à croire qu'elle avait conscience de la présence de sa double personnalité, et dans le fond, c'était totalement cela. Hotei assurait les arrières de son incarnation, parce qu'il savait que sa vie était difficile. Parfois cruelle. Si simplement cruelle, à cause de son addiction, à cause de ses traumatismes. Alors même que la conversation prenait un tournant presque intimiste, Hotei refermait ses mains autour des genoux d'Hanae, observant de ses prunelles obsidiennes l'attitude d'Amos. Il l'observait, le jaugeait presque, mais toujours avec cette distance bienveillante et bienheureuse. Lorsque la honte s'imposait tel un fardeau lamentable, Hotei se mouvait à nouveau, défaisant ses mains afin de redresser le buste, déplier les genoux et les poser au sol. Penché, il attrapait ce poing rageur pour le prendre dans ses doigts fins. Un léger sourire s’esquissait sur ses lèvres naturellement teintées d’un rouge passé. « Et alors Amos ? Ton passé t’appartient, il est ton fardeau.. Ton monstre intérieur. Mais il ne te définit pas entièrement. Ce que je vois personnellement, c’est cette volonté de se racheter, d’avancer et de se dépasser. Et c’est bien là le principal. Non ? »
Hotei finissait par relâcher les mains d’Amos et venait s’installer à nouveau, à même le sol, jambes repliées en tailleur et regard inquisiteur. La douceur apparente dissimulait pour la première fois une profondeur d’âme que le Dieu se plaisait souvent à dissimuler. Après tout, il était souvent considéré comme une divinité aux plaisirs inconsidérés et à l’attitude volubile. Pourtant, en cet instant et pendant quelques secondes, peut-être un peu plus, il se montrait autre, dévoilait une autre facette de sa déification.. Révélait presque sa nature dissonante dans le corps désenchanté de son incarnation. « Il y a certaines choses, en ce monde, qui ne relèvent pas simplement du mérite, mais de la volonté et de la bienveillance d’instance supérieure qui nous dépasse. Sommes-nous vraiment en mesure de les refuser alors qu’elles représentent notre seule chance de rédemption ? » Encore une fois, les choses étaient dites, mais à demi-mot. Hotei n’était pas un Dieu à se trahir facilement, pas sans observer, comprendre et saisir l’essence de ceux qui l’entouraient.
Pensif, le Buddha s’égarait dans ses réflexions lorsqu’Amos partageait les siennes. Presque pour lui même, il verbalisait ses pensées du bout des lèvres. « Tu penses donc ne pas le mériter, mais tu te trompes. » C’était à croire qu’il ne s’adressait pas à son vis-à-vis mais à lui-même, et même pire.. A cet autre personnalité qui l’habitait. Et diable que c’était le cas. Car, il se prenait à songer à Hanae, à cette damnation séculaire qu’elle portait sur ses frêles épaules. Elle ne le méritait pas. Pas selon lui.
Cependant, Hotei s’arrachait soudainement à ses pensées pour redresser son regard sur Amos alors qu’il se lançait innocemment sur le sacro-saint sujet divin. Un sourire fleurissait à nouveau sur les lèvres de la Nippone alors qu’il se prenait à acquiescer d’un signe de la tête. C’était presque trop animé, trop assuré d’un coup. « Oh mais non, je ne te prends pas pour un fou. Mais crois-moi, une seule instance divine ne suffit pas à gérer ce tout. Chacun ses attributions. Et dans certain cas, nous n’avons pas besoin de regarder bien loin pour réaliser que l’aide divine dont nous avons besoin n’est pas bien loin.. Que l’on pense le mériter ou non. » Et ce sourire malicieux qui accompagnait ses paroles ne trompaient pas. Il donnait presque cette impression trop prenante qu’Hanae dissimulait un secret unique, quasi-divin.
Oh s’il savait.. S’il savait. Elle se relevait finalement tranquillement, attrapant son sac aussi vide qu’à son arrivée pour le loger sur son épaule alors qu’elle venait tendre une main à Amos sereinement. Pourquoi cette précipitation ? Pourquoi pas ? Non, en vérité, Hotei sentait le poids d’une Hanae peser sur son essence. Elle demandait à revenir aux commandes et il refusait de la laisser livrée à elle-même, pas ici. « Acceptes cette main tendue, peut-être fait-elle partie de ta rédemption, finalement. »
La demande était ainsi formulée, ouvrant une nouvelle perspective à l’ex-taulard. Une perspective qui n’allait pas manquer de le surprendre. « .. Et puis, j’aimerai bien que tu me raccompagne chez moi. Tu as promis de veiller sur moi alors.. En route, mauvaise troupe ! » Le ton, plus léger était de retour, alors qu’il tapait du pied contre le sol, pour ponctuer ses paroles. Amos n’avait pas le droit de refuser, vu ce sourire qu’il lui offrait.
Concernant son frère, Hotei se faisait pensif alors que de toute manière, sa réponse était toute trouvée, quasi-irréfléchie, paradoxalement. « Nous sommes sept frères et sœurs, mais, il y en a certains que je n’ai pas vu depuis des siècles. J’ignore où il se trouve. Mais lui.. Oui, il travaille dans un grand restaurant de luxe. Tu sais.. Dans ce casino là. Tout brille beaucoup trop là bas. » Ça le faisait presque rire, rien que de s’imaginer au milieu de ce luxe apparent qui contrastait avec sa modestie naturelle. « Mon frère et moi sommes très différents. Il n’aime pas ma manière de fonctionner, mais ce n’est pas bien grave. Il râle fort mais finit toujours par me donner de quoi manger. En plus, ce n’est pas mauvais ! » Forcément, puisqu’il s’agissait d’un cuisinier hors pair, dans un restaurant de luxe. « Tu veux goûter de la nourriture japonaise ? Ça viendra, je te ferai goûter. On verra ça pour ton prochain repas ! » Petit chanceux, Amos avait trouvé un garde manger sur pattes.
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♆Re: ❝ Little Insanity — AMOS. Dim 1 Déc 2019 - 15:51
« Little Insanity »
Hanae & Amos
Ces quelques personnes qui, comme Hanae, étaient entrées dans sa vie depuis quelques mois n'étaient rien d'autre qu'une énigme. Pourquoi ? Comment ? Qu'avait-il de si particulier pour attirer ces gens formidable autour de lui. Lui qui ne méritait ni joie, ni amour, ni attention. Lui qui n'était qu'une boule de colère et de haine, tournée contre de nombreuses choses. Lui qui avait les mains déjà si sale et l'esprit si torturé. Lui qui avait passé des années derrière les barreaux, ne s'en cachant même pas. La honte, était présente, certes. Mais le jeune homme préférait se montrer franc à ce sujet. Que se passerait-il si, ces personnes-là apprenaient, au bout d'un moment, ce passage de sa vie ? Sans aucun doutes qu'elles fuiraient. Qu'elles le renieraient ou, pire, se sentiraient trahies. Malgré tout, ces gens-là restaient. Pire encore, il y avait de ces rencontres qui tenaient à l'aider. Ce n'était pas par pitié ou pour le principe de faire une bonne action, non, c'était bien plus étrange ue cela. Il n'y avait dans leur regard qu'une grande bonté et, une certaine forme d'affection à son égard. Pourquoi ? Comment ? Amos avait beau y réfléchir de toutes les manières possibles et inimaginables aucune solution, aucune réponse ne trouvait grâce à ses yeux. La chose était tout bonnement impossible. Comment quelque chose de bien pouvait lui arriver ? Sincèrement, j'entends. Où était le piège ? Quand s'arrêterait le rêve et où commencerait le cauchemar ? De nouvelles questions sans réponse. Hanae, bien entendu, faisait parti de ces questionnements. Elle était rentrée dans sa vie, par le plus grand des hasards et s'était étonnamment pris d'affection pour lui, sans aucune raison. Elle venait le voir de temps en temps, lui offrant des mots réconfortants et même de la nourriture. Choses dont il avait le plus besoin. Un véritable petit ange, sans la moindre hésitation. Mais, lui ne comprenait pas. Lui ne méritait pas. Ce manque de confiance en lui et en son avenir, fut perçu, sans le moindre mal par la japonaise, qui, de sourire en sourire, tous plus chaleureux les uns que les autres, trouvait les mots pour le réconforter et le faire se sentir un peu plus vivant et même … Un peu plus humain parfois. Comme s'il avait réellement sa place dans ce monde qu'il ne comprenait pas. En effet, en un instant, la belle lui offrit un rôle, un but, le plus simplement du monde. Chose qui attisa un joli sourire sur son visage. « Tu sais … Empêcher les gens de nuire c'est … C'est à peu près la seule chose que je sais faire de mes mains alors … Oui, c'est un rôle qui semble me convenir. Tu m'as tellement donné que … Oui, si je peux le faire, ça sera sans hésiter. »
Cette conviction était profonde. Le fait de n'être capable que de violence, de faire jaillir le sang et de brise les os … Amos était certain de n'être fait que pour ça, de ne pas avoir le moindre autre talent pour quoi que ce soit d'autres. Malgré tout, cette bête sombre qui sommeillait au fond de lui avait finit par le travailler, par l’apeurer même. Un jour, celle-ci prendra le contrôle, définitivement et finira par franchir un seuil qu'il n'avait jamais dépasser. Tabasser, frapper plus que de raison ou briser des os qui ne le méritait pas forcément, ça, c'était acceptable pour lui. Sa nature n'était faite que de violence, tout comme son existence. Mais ôter une vie, ça, le jeune homme s'y refusait. Non, tuer était un acte abominable. Il avait beau être un criminel, potentiellement dangereux. Il avait beau avoir fait tout un tas de conneries mais ça, devenir un meurtrier, ça, il ne le voulait pas. Peu importait la raison, s'en était trop, beaucoup trop. Lui-même ne survivrait probablement pas à un tel acte. Ainsi, sans la moindre hésitation, le sans-domicile exposa cette nature profonde à son interlocutrice qui, une fois de plus, se dévoila n'être qu'un avatar de bonté et de bienveillance. Sans la moindre peur ni crainte, la belle s'approcha de lui pour enfermer son poing, d'une infinie douceur, pour enfin essayer de le rassurer. Selon elle, le passé était le passé et que, ce qu'elle voyait elle, c'était cette envie de changer, d'évoluer et d'avancer dans le droit chemin, ce qui devait être l'essentiel. Une petite moue gênée passa sur le visage de notre ami. Ce n'était pas le contact doux et chaleureux qui le dérangeait, mais bien les mots de la demoiselle. « Je … Ne sais pas. Je ne pense pas que juste essayer soit la bonne chose. Je pense pas non plus que l'important c'est de participer, tu vois ? Faut … Faut que j'avance, peu importe la manière. Je veux … Je veux pas retomber dans ma vie précédente. C'est bête à dire mais ... » Un petit sourire en coin, suivit d'un léger rire nerveux et honteux, en baissant les yeux vers le sol. « Mais je veux que ma mère puisse être fière de moi. Toute ma vie j'ai fait des conneries et … Et je sais bien qu'elle est déçue. C'est … Malheureusement la dernière chose qu'elle a du penser. J'étais même pas là quand elle … Elle ... » Son nez le démangea et, pour camoufler cette tristesse naissante, le Niños continua de regarder le sol en soupirant. « Alors, il faut que je continue à avancer. Être le genre de fils qu'elle aurait parlé avec fierté, tu vois ? Alors que … Au final, je ne suis que le genre de personne qui l'aurait effrayé. » Le voir perdre le contrôle et frapper comme un sourd sur un adversaire au sol et déjà vaincu lui aurait fait perdre l'esprit et sans doutes une partie de son amour pour lui. Bien entendu, une personne aussi douce qu'Hanae ressentirait la même chose mais ça, il préféra le garder pour lui-même.
Bien vite, la conversation tourna autour des notions de destins, et de divinité en tout genre. Peu importait la religion, il y avait forcément quelque chose qui chapeautait le tout, au-dessus de l'humanité. Peu importe qui il, ou elle, était, son regard sur Amos ne pouvait qu'être accusateur et vindicatif. Contre toute attente, la belle ne le prit pas pour un fou, loin de là. Elle alla même dans sa direction, évoquant ses croyances, qui, elles, parlaient plutôt d'une divinité pour chaque choses. Peut-être que cela pouvait sembler terriblement irrespectueux mais, sur le moment, le sans-domicile ne put penser que ''Comme les grecs''. Qu'on se le dise, le panthéon ou encore les mythologies issues des terres natales de son interlocutrices lui étaient complètements inconnues. Enfin .. Pas tout à fait, le jeune homme connaissait bien deux-trois petites choses relativement vagues sur tout cela, mais il les avait appris dans les mangas, alors, de là à parler de source fiable … Se grattant nerveusement l'arrière du crâne Amos finit par lâcher un petit sourire. « Je vois … Je … Si tu as le temps et l'envie surtout, j'aimerais beaucoup que tu me parles du Japon, de temps en temps. Ses coutumes ou encore de votre religion. Je me rends compte que … Que je n'y connais rien. Alors que c'est une culture qui a l'air riche et intéressante. Puis même … Je ne sais pas, peut-être, un jour, apprendre un peu la langue. Je sais dire que vaguement bonjour, merci et au revoir. » Le tout, dans un accent et une prononciation des plus horribles, qui feraient certainement grincer des dents n'importe quel japonais un peu trop fier de son pays. « Enfin … Si ça te dérange pas. Peut-être que tu veux pas parler de tout ça … Ou peut-être que ça te ferait plaisir de parler de là-bas. Je sais pas ... » Soupirant un long moment en se grattant le menton, l'orphelin reprit doucement. « Pour le reste … Tu sais, je pense pas être le genre de personne qu'une divinité, quelle qu'elle soit, puisse s'intéresser. J'ai rien de particulier et la vie que j'ai mené, c'est simplement parce que j'ai été trop con. Il y a des personnes vraiment dans la merde, parce que la vie n'a pas été … Tu vois ? Ce sont ces gens-là sur qui il faut veiller. »
Après de nouveaux échanges, la belle finit par ressentir l'envie de rentrer chez elle, après lui avoir proposé son aide pour changer et avancer. Pourquoi ? Comment ? Amos ne comprenait décidément pas. Lui rappelant sa promesse faite quelques minutes plus tôt de la ramener chez elle, saine et sauve. Offrant un petit sourire à la belle, le jeune homme se releva avec adresse pour offrir une main douce sur la frêle épaule de son amie. « Tu es beaucoup trop gentille pour ce monde-là, tu sais ? » Un long soupir avant d'attraper un sac à dos et un autre, en plastique, semblant quasiment neuf. « Je .. Te demande un instant, s'il te plaît Il y a quelques affaires que je préfère prendre avec moi, au cas où. » Se baissant pour récupérer la nourriture offerte par la belle, Amos l'enroula sagement dans son sac en plastique, tout en écoutant la demoiselle parler de sa famille et de son fameux frère qui travaillait dans un grand casino. Il devait probablement être un chef de grande renommée. Le genre qui faisait des repas qu'Amos ne pourrait jamais se payer. L'idée traversa l'esprit du sans-domicile, celle de partager le cadeau d'Hanae, avec d'autres affamés. L'idée était tentante. Pouruqoi lui-seul mériterait de manger ? Pourquoi lui seul aurait la chance d'avoir quelqu'un prenant soin de lui ? Malheureusement, pour l'instant, la chose serait bien trop irrespectueuse envers ce petit ange. Elle qui avait du se donner du mal pour lui préparer tout ça, cela serait insultant que de l'offrir à quelqu'un d'autre. Et puis, la japonaise finit en promettant à son interlocuteur de lui faire goûter la nourriture japonaise un jour, chose qui le rendit particulièrement guilleret. « T'es vraiment trop gentille avec moi tu sais ? » Un petit rire et, quelques dernières affaires furent balancées négligemment dans son sac, une couverture, quelques habits de rechange et une trousse de secours. « Mais, ça doit être bien d'avoir une famille si nombreuse, surtout si tu peux compter dessus. Enfin … Moi je suis prêt, on peut y aller. »
♆Re: ❝ Little Insanity — AMOS. Sam 4 Jan 2020 - 15:44
little insanity
“ I was never really insane except on occasions where my heart was touched. — Edgar Allan Poe || @Amos Holden
« Alors, nous sommes d'accord. » Que répondait Hotei. Sans même en avoir conscience, Amos venait de passer un accord, non pas avec le diable, mais avec le Buddha Rieur. Ce dernier ne retenait d'ailleurs pas son sourire alors qu'il finissait par se relever avec légèreté. Tandis que son vis-à-vis préparait ses affaires, il faisait quelques pas en nouant ses mains dans son dos. Démarche assurée, presque mignonne au dehors, besoin de se dégourdir les jambes au dedans, tout n'était qu'une question de point de vue pour le Dieu Nippon. Il luttait pour demeurer actif parce que bientôt, l'entre-deux allait pointer le bout de son nez, ce moment où Hanae refaisait surface et le chassait à coup de tatane intérieure pour reprendre le dessus sur son corps.
Ces moments-là étaient les rares instants où ils se croisaient, un peu comme dans l'entrebâillement d'une porte. Et malgré toutes les invitations du Dieu à rester calme, la Fleur s'agitait toujours autant, craintive par nature, révoltée par les circonstances. Les prémices de cette situation, qui s'annonçait difficilement gérable, électrisait déjà ses membres, ou plutôt, ceux de la jeune femme alors qu'il continuait à se dandiner en écoutant d'une oreille presque-attentive le jeune homme. « Tu vas avancer, je te le promet.. » Ses mots restaient pourtant en suspend parce que la mention de sa mère provoquait un remous dans le cœur blessé de son incarnation, la piquant à vif, accélérant le processus. Non. Ce n'était pas le moment. Il acquiesçait donc mais prenait le parti de ne pas relancer le sujet. Il valait mieux éviter, pour tout le monde.. Ce n'était définitivement pas le moment, pas encore.
Ses pieds enlacés dans des baskets s'arrêtaient d'un coup à la demande d'Amos. Son regard abyssal se reportait sur les traits de ce dernier alors que le Buddha Rieur canalisait au mieux son début d'agitation, encore majoritairement intérieure. « Bien sûr, je te parlerais du Japon. Je peux aussi t'apprendre la langue.. Mais pour le moment.. Evite de.. D’essayer. » Achevait-il sur le ton de la blague. Parce que oui, dans la bouche de son futur disciple, cela sonnait faux. Un peu comme une craie sur un tableau, de quoi le faire frissonner.. Mais pas de bonheur. Une moue venait finalement se dessiner sur les traits féminins alors qu'il dénouait ses mains dans son dos pour les poser sur ses hanches. « Alors ça, tu n'en sais rien. Tu ne peux pas présumer de ce que veut ou ne veut pas une divinité. Il en existe tellement et avec des caractères si différents.. » Bizarre. Ses mots sonnaient tout à coup comme une réalité, une vérité, bien plus que comme une supposition nébuleuse.
Alors qu'Amos en terminait avec son sac, ou presque, Hotei continuait de calmer au mieux Hanae qui ne demandait qu'à sortir de son brouillard ensommeillé. Déjà, la discussion l'avait piqué à vif, malgré elle. Silencieux pendant l’empaquetage du jeune humain, le Dieu laissait son regard vagabonder sur les alentours en marmonnant très vaguement quelques mots en japonais, surement à l'intention de son incarnation. Lorsque finalement Amos en terminait avec ses affaires, le Dieu venait glisser une main au bras de son nouveau meilleur ami pour le trainer avec elle.. Ou lui, au plus vite. Pressé Hotei ? Un peu. Parce que déjà, le réveil d'Hanae ne présageait rien de bon.
Car à toutes bonnes actions il existait un revers équivalent mais directement inversé.
C'était ainsi que fonctionnait Hotei, mais également ses bénédictions, dans un souci d'équilibre qui se voulait cosmique. Il ne pouvait distribuer les doses de bonheur comme on distribuait des bonbons le jour d'halloween. Silencieux pendant un temps, il avançait en direction de la sortie en compagnie d'Amos, et déjà, le premier revers pointait le bout de son nez. Le lacet de sa basket se défaisait lentement mais surement et Hanae se prenait les pieds dans ce dernier. La chute en avant était rattrapée par quelques foulées qui la faisaient marcher sur une barre orpheline, qui l'entrainait plus en avant. Les bras battant comme un poulet qu'on mène à l'abattoir, Hanae chutait et.. Cette chute se faisait finalement dans de la crasse, un peu plus loin alors qu'un couinement s'échappait de ses lèvres.
Cette chute rocambolesque sonnait le glas de la présence du Dieu qui était chassé par force de malchance, par l’incarnation. Cette dernière se redressait en grimaçait. « Mais c'est pas possible.. Qu'est-ce que tu as fait encore ? » L'accent changeait radicalement. Impeccable, sans plus aucune inclinaison japonaise. La petite brune observait les alentours, puis le sac dans sa main et enfin Amos. « Encore ?! Amaury.. Am.. Attends.. » Et qu'elle se massait les tempes en tentant de se rappeler le nom de son interlocuteur. « Am.. Amos. Oui, c'est ça. Amos. T..T.. Non, rien. »
Différente. Elle l'était. Toute autant vivante, un peu plus fracassée par la vie, elle se relevait en pestant et observait sa tenue avec dépit. Oui, Hotei avait vraiment un style aléatoire. Finalement, elle reprenait son avancée avec précaution en observant les alentours. Ah, elle connaissait les lieux. Ici, ça craignait.. Dans ses pires instants, elle venait y chopper ses doses, et dans les meilleurs, elle manquait de s'y faire agresser. Un frisson remontait le long de son échine alors qu'elle jetait un regard noir, méfiant, au pauvre Amos.
Lui qui n'avait rien demandé se retrouvait si bien lotit. Bientôt, la Nippone reprenait son avancée donc, en marmonnant des.. « Je suis sûre que je vais encore en baver à cause de toi. Arrête d'être.. » Non, elle n'avait pas le temps de finir sa tirade que déjà, le second revers arrivait à grand pas. Deux types, surement du coin, arrivaient sur son côté, ce qui ne manquait pas de la faire sursauter.
« Alors ma jolie, on s'est perdue dans le coin ? » « On peut t'aider à retrouver ton chemin. » S'ils avaient été moins libidineux, elle les aurait surement cru, mais là.. Non. « Ça ira, merci. Je rentre. »
Le refus ne faisait définitivement pas parti de leur vocabulaire parce qu'ils s'avançaient déjà vers elle, alors qu'elle reculait. « Mais on va t'aider à rentrer. » « Ouais, t'habites où ? » Bah voyons. Peut-être qu'Amos les avait déjà rencontré ou croisé dans le coin.. En tout cas, ce qui était certain, c'était qu'eux, ne faisaient pas attention à lui. Peut-être parce qu'ils le considéraient comme un des leur. Grave erreur, n'est-ce pas ?