Elle ouvrit les yeux en hurlant, sa main se posant brusquement sur sa poitrine comme si elle cherchait de l'air. S'incarner était toujours difficile et les premières heures étaient les pires: elle revivait les derniers instants de sa dernière enveloppe, généralement mal vécu par la nouvelle et mettait quelques temps à reprendre ses esprits.

Elle courrait aussi vite qu'elle le pouvait à travers les plaines désertiques de sables et d'herbe brulée. A l'horizon se détachait la silhouette de petites maison vers lesquelles elle se pressait. Son souffle était court, ses poumons la brulait. Elle devait retrouver Charon et vite. Il n'y avait que lui pour la protéger.

Elle haletait et regarda autour d'elle. Loin d'être au milieu d'un désert, elle était dans un appartement. Elle ferma les yeux, tenta de calmer son coeur battant, de retrouver un respiration apaisée, de se souvenir de ce qu'elle venait de faire. Elle était dans une chambre douillette, silencieuse. Elle laissa ses jambes basculer vers le sol, chancela en se mettant debout, et se dirigea prudemment vers une fenêtre. A l'extérieur, une ville. Une vraie ville, grouillante de vie et de monde.  

Les rues étaient déserte et elle continuait de courir. Elle finit par arriver à l'entrée de la maisonnette, et y entra sans attendre son reste. Pauvrement meublée, la fillette parvint toutefois à trouver un lit sous lequel se cacher. Elle se roula en boule, cherchant à taire sa respiration haletante pour ne pas se faire entendre. Elle manqua de pousser un cri en entendant la porte de la maison s'ouvrir et tenta de ne pas faire de bruit, priant pour que Charon la rejoigne au plus vite.

Elle s'éloigna de la fenêtre pour gagner la petite salle de bain afin d'y trouver un miroir, de se voir. Face à son reflet, Macaria toucha son visage, cherchant à s'assurer que c'était bien elle. Sa peau d'ébène avait laissé place à un visage laiteux entouré de long cheveux roux élégamment tressés. Ainsi cela s'était réellement passé. Suite à sa fuite, elle avait été trouvé. Avant d'avoir le corps de cette jeune femme, elle était une enfant. Pendant longtemps elle avait vécu dans ce petit village, perdu au milieu de nul part. Sa mort avait été violente et sa nouvelle enveloppe le ressentait. Il lui faudrait quelques heures avant de parvenir à reprendre ses esprits, mettre de côté la scène violente de sa mort de côté pour parvenir à apaiser son nouveau corps.