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 Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)

Dorian Kerr
Staff
Dorian Kerr
Âge et date de naissance : Incarné à 36 ans, enveloppe née en 1983.
Métier/occupation : Agent du FBI ♆ Dieu justicier.
Cible touchée par Cupidon : Cœur inconsolable, à jamais épris d’une déesse éteinte.

Panthéon d'origine : Nordique
Divinité incarnée : Týr (ciel, ordre, justice, serment, guerre juste, victoire, stratégie).
Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Mar 30 Juin 2020 - 22:40
Retrouvailles sibyllines

Accroupi derrière un monte-charge, Dorian ahanait un air glacial, chargé de cristaux de givre. À plusieurs mètres au-dessus de sa tête, une pluie drue martelait les verrières du hangar. Un sang épais imbibait la manche gauche de sa chemise estivale. Il s’humecta les lèvres et s’écria en vieux norrois :

— Tes fidèles n’ont pas besoin de mourir, Adrien ! C’est entre toi et moi !

Le regard du Nordique se posa sur trois corps inanimés, gisant dans une flaque de sang gelé. Autour d’eux, plusieurs lots de caisses fracassés et de nombreux impacts de balles témoignaient de la fureur de l’affrontement.

— Ils vivent pour me servir et me protéger, cousin. Renonce à ta vengeance vaine et stupide ! Tu n’es plus le Vice-Primat de rien du tout. L’idiote que tu servais comme un brave petit chien est morte – bon débarras ! Te voici à nouveau libre, dieu des serments. Et tu ferais mieux de te préoccuper de ta survie, comme chacun de nous.

Les mains rougies de Dorian se serrèrent contre la crosse de son pistolet. Une colère sourde monta à l’intérieur de lui. ll retira le chargeur, marqué de la rune Tiwaz. Compta ses munitions : cinq balles. Týr avait dénombré neuf humains encore capable de combattre, en plus du dieu qu’il avait pris pour cible.
Un nuage de vapeur s’éleva de sa bouche ensanglantée.

— La destruction de notre monde souille ton essence divine de honte et de déshonneur. Sans ton soutien, Iemenja n’aurait jamais trouvé les ressources d’accomplir son infâme rituel. Athéna serait en vie, de même que les dizaines de croyants qui vivaient à Sanctum sous ma protection. Je respectais tes convictions, mon vieux camarade, mais vous avez cheminé trop loin sur la voie du chaos. Tu mérites le châtiment que je vais t’infliger.

Týr mobilisa ses maigres forces divines. Dans un assaut fulgurant, il bondit de sa cachette et tira sur les hommes équipés de fusils-mitrailleurs. Cinq balles : quatre morts sur le coup, un blessé à l’épaule.
Après un temps de retard, les hommes d’Adrien répliquèrent. Le gilet pare-balles du FBI encaissa la plupart des tirs. Plusieurs impacts brulants mordirent les bras et les jambes du robuste Nordique. Il vola jusqu’à sa cible ; lança son lourd pistolet en avant. L’arme s’écrasa sur le nez du garde du corps, qui s’effondra en portant les mains à son visage. Deux mains puissantes étranglèrent le cou d’Adrien avec une détermination implacable, puis Dorian entraîna sa proie dans les airs.
Les tirs cessèrent.
Les dieux ennemis crevèrent la verrière dans leur rapide ascension. Plusieurs morceaux pénétrèrent leurs chairs ; de grands débris de verre tombèrent avec fracas sur le sol bétonné en contrebas. Tenant sa victime d’une main, Dorian saisit au vol un épais morceau, de forme allongée. Adrien posa les mains sur le membre qui le tenait à sa merci. Le bras de Dorian commença à blêmir. Un engourdissement surnaturel se propageait dans ses muscles.

— Trop tard, félon ! Au nom de la Justice, au nom des morts et ceux qui leur ont survécu, je te condamne à la destruction de ton enveloppe charnelle !

Le long morceau de verre se planta dans la gorge d’Adrien. Son regard estomaqué sembla demander pitié ; un geyser carmin jaillissait de la blessure. En lévitation au-dessus du hangar, la pluie chaude réchauffa le bras gourd de Dorian, qui reprit de la vigueur et paracheva son œuvre. Le sang qui s’écoulait de leurs multiples blessures se diluait, entraînant le sang divin sur les dévots abasourdis qui levaient les yeux sur la scène surréaliste.
D’abord la tête de leur dieu tomba. Puis le corps.

Dorian s’envola dans l’obscurité orageuse. À bout de force, il chuta à son tour. Ses forces vitales le quittaient. Obturé de nuages noirs et épais, le ciel ne lui offrait aucun secours. À présent, il lui fallait se terrer dans un coin et attendre que son corps régénère de lui-même.
Dans un ultime effort, il se remit péniblement sur ses jambes. Des phares l’aveuglèrent. Bruit de freinage ; pneus glissant sur la route humide. Choc violent sur la poitrine.

Dorian perçut un sifflement. Il comprit qu’il s’agissait du bruit de sa respiration, douloureuse chaque fois que sa poitrine se soulevait. Son enveloppe charnelle ne répondait plus à ses commandes.
Série de sons indistincts. La sirène d’une ambulance ? Ses paupières humides s’entrouvrirent ; il distingua les lueurs rouges et bleues de gyrophares à travers son regard troublé.
Ses dernières sensations furent les battements de son cœur contre ses tempes. De plus en plus espacés. Jusqu’à se fondre dans le néant.
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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Jeu 2 Juil 2020 - 17:21
La valse des patients ne prenaient jamais fin au sein des urgences. Que ce soit au New York Presbytarian ou au Temple University Hospital de Philadelphie, les services des urgences se ressemblaient. Que ce soit pour un petit bobo qui n'aurait nécessité qu'une visite chez un généraliste ou une plaie par balle, le flux des blessés et malades semblait intarissable. Il y avait parfois des accalmies mais le flot ne se tarissait jamais. Le rythme de travail était intense et peu de personnes le supportait sur le moyen et le long du terme. Pourtant Sybille s'y épanouissait parfaitement. En fait, elle était même comme un poisson dans l'eau. Quelque part, elle se demandait si elle n'avait pas refusé le poste du Mont Sinaï en médecine interne seulement pour venir à Phili. Une part d'elle aimait ce travail aux urgences malgré le stress et le rythme et elle n'était pas certaine d'avoir envie de changer. Elle se sentait bien plus utile dans ce service que dans n'importe quel autre.

« Un blessé en arrivée. Renversé par une voiture mais d'autres blessures en supplément, plaies par balle notamment. »

L'infirmière annonçait les nouvelles données par les ambulanciers. Cela se produisait très régulièrement aux urgences.

« Je le prends. J'ai terminé de recoudre le gamin de la 4. Il va devoir laisser tomber le base-ball pour quelques semaines mais ça devrait aller. »

Sybille déposa le dossier après y avoir apposé sa signature. Elle passa devant le tableau et annota le blessé sortant et celui à venir. Pas de nom, pour le moment, juste le numéro journalier d'arrivée aux urgences.

« Salle de trauma 2 et veiller à ce que les chirs soient au courant. Un bloc doit être prêt dès qu'on l'aura stabilisé. »

Le temps était primordial dans la gestion d'un grand blessé. Ils avaient deux minutes pour préparer une salle et donner toute priorité à ce patient. Coup de chance pour lui, si on pouvait dire, il était le seul patient aussi gravement atteint pour ce soir.

« Quatre poches de O négatif en réserve plus une prête à l'usage. Sérum phy, ampoule d'adré... »

La blonde pouvait manquer parfois d'assurance en dehors de son travail ou même dans ses rapports avec les autres, mais sur le terrain, elle ne craignait personne. La sirène de l'ambulance se faisait déjà entendre. La jeune femme ne tarda pas à rejoindra la porte d'arrivée. Attendre simplement dans la salle de trauma était perdre de précieuses secondes. C'était parfois toute la différence entre la vie et la mort d'un patient. Le brancard ne tarda pas à faire claquer les doubles portes.

« Homme entre trente et quarante ans, choc violent au niveau du sternum, multiples plaies, coupures et plaies par balle. Certainement pas mal de trauma interne... »

L'ambulancier livrait son premier constat, Sybille accompagnait le brancard et reconnu tout de suite l'homme étendu dessus malgré le masque à oxygène.

« Rambo ?! »

« Pardon ? »

« Rien, Rien... On prend le relais. »

Rambo... Elle l'avait surnommé comme ça il y avait plusieurs mois de ça. Un an, deux peut-être. C'était flou dans son esprit à cet instant. Elle se souvenait très bien de cet espèce de cow-boy abruti qui avait une nette tendance à tirer sur des malfrats et des suspects ou alors à les harceler même quand ils étaient aux portes de la mort. Elle détestait ce type. C'était un vrai con mais aussi un cas comme elle n'en avait jamais vu. Ces collègues avaient parlé de « miracle ». Ben voyons. Sybille avait horreur de ce terme. Un miracle n'était rien de plus qu'une situation qu'on n'était pas en mesure de comprendre car on avait pas toutes les données pour l'analyser. Ce type devrait être mort. A force de tirer sur des malfrats, il avait fini par prendre une balle en plein cœur. Il était mort. Sybille en avait été certaine mais quelque chose avait semblé la contredire. L'homme avait réussi à survivre malgré la blessure. Ses confrères avaient considéré que la radio avait été mal faite et que la balle devait être bien moins près du cœur que ce que ça laissait penser. Mais la blonde ne s'était pas contentée de cette explication. Elle avait étudié le dossier en long, en large et en travers jusqu'à quasiment le connaître par cœur mais rien n'expliquait ce « miracle ». Elle aurait d'ailleurs bien voulu revoir cet homme mais il semblait avoir assez vite pris le large après s'être miraculeusement remis et ce en un temps record. Ce cas l'avait travaillée pendant longtemps mais elle n'avait jamais eu le fin mot de l'histoire. Cerise sur le gâteau, son attitude avait drastiquement changé à son réveil, bien moins con et presque aimable.

Et voilà qu'il était de nouveau sur sa route, ou plutôt sur son brancard, et à nouveau dans un sale état. Décidément, il n'avait pas de bol. Mais qu'elle l'apprécie ou non, cela ne changerait pas sa façon de travailler. Elle restait professionnelle.

« Le pouls diminue... On le perd... »

« On enlève le gilet ? »

« On coupe mais doucement, vu les impacts, il doit avoir des côtes cassées. On enlève juste le dessus. »

Suivant ses ordres, les infirmières coupèrent les lanières du gilet pour ôter la partie supérieure. Le sang maculait une grande partie du corps masculin.

« 2mg d'adré, on l'intube... »

Rapidement, le « bip » marquant le rythme cardiaque s'espaça avant de finir par s'arrêter.

« Défibrillateur, on le choque... »

Le balai médical semblait parfaitement rôdé dans la salle malgré l'urgence de la situation. Chacun suivait parfaitement les ordres de la doc, gardant son sang froid. Entre deux chocs, Sybille pratiquait le massage cardiaque faisant fi de la douleur dans ses poignets. Contrairement à ce que l'on croyait, la réanimation cardiaque nécessitait un effort important. La cage thoracique protégeait le cœur et était donc très difficile à « enfoncer ».

« Allez Rambo ! Je ne vous laisserai pas y rester ! »

Pourtant l'électrocardiogramme tendait à rester plat. Les ampoules d'adrénaline ne semblaient pas plus aider et les efforts de la jeune femme ne portaient pas plus leurs fruits à son grand désarroi. Les minutes s’égrenaient mais sans avoir le moindre signe positif pour l'homme alité.

« Docteur ? DOCTEUR ? Ça fait plus d'une demi-heure. »

Sybille observa l'horloge. La mort devait être prononcée. Il n'y avait plus rien à faire. Le sentiment d'impuissance la submergea. Comme n'importe quel médecin, elle détestait perdre un patient mais elle se sentait d'autant plus mal cette fois-ci. Elle avait l'impression d'avoir fauté. Elle avait pourtant fait tout ce qu'il fallait mais elle culpabilisait de n'avoir pas apprécié cet homme. Comme si ça changeait quelque chose à la façon de soigner, mais ce sentiment allait la tenailler encore un long moment. La blonde cessa ses mouvements et se recula.

« Ok... Heure du décès... »

Bip... Le son retentit dans toute la pièce. Alors que tout était perdu, voilà que le cœur recommençait à battre. C'était...

« Miracle, il repart ! »

L'infirmière avait la voix joyeuse en annonçant la nouvelle. Sybille serra les dents avant de reprendre les soins.

« On le stabilise et on l'envoie en chirurgie. »

« Ils auront encore tous les lauriers comme d'hab ! »

« On fait pas ça pour la gloire. On fait ça pour sauver des vies comme la sienne. Je me fous bien des lauriers. S'il survit, ça me suffira largement. »

Sybille n'en avait rien à faire de la gloire, des médailles ou de l'argent. Elle était là pour aider ses semblables. Même si son mentor précédent lui avait prédit une très belle carrière, cela lui importait peu dans le fond. Ce qui lui importait vraiment, c'était de soulager la souffrance des autres. Un sourire, un « merci », un œil qui s'ouvre ou un « bip » miraculeux lui suffisait largement.

Plusieurs minutes plus tard, Rambo était envoyé au bloc mais Sybille n'eut pas le temps de s’appesantir sur son cas. Une autre ambulance ne tarda pas à arriver. La blonde changea de blouse et de gants et repartit à l'assaut du sauvetage de vie.

La nuit fut longue et agitée pour la jeune femme. Le matin se profilait et elle avait les traits tirés comme toujours. Elle prit le temps d'avaler un café et songea alors à Rambo, le gars du FBI. Ce type avait décidément eu beaucoup de chance. Une chance insolente et incompréhensible. Une chose que ne supportait pas vraiment la demoiselle. Elle était ravie qu'il s'en soit sorti, bien sûr, mais elle avait du mal à accepter à son ignorance. Ce type était mort. Cliniquement mort. Elle aurait prononcé son décès si le « bip » n'avait pas retenti. Elle acheva son café avant d'aller prendre le téléphone et chercher à prendre des nouvelles du patient. Il allait bien et était sous surveillance. La blonde attrapa les dossiers qu'elle avait traité durant la nuit. Elle avait les comptes rendus à réaliser.

« Je suis aux soins intensifs si on me cherche. »

« Mais votre garde est finie docteur ! »


Sybille sourit en allant prendre l'ascenseur. Elle n'était plus en service, c'était certain mais on ne quittait jamais totalement son boulot. Elle en particulier. Elle rejoignit le service des soins intensifs où le policier récupérait de son opération. Il avait survécu encore une fois mais cette fois-ci, elle comptait bien avoir le fin mot de l'histoire. Après avoir prévenu ses collègues, la jeune femme attrapa une chaise et s'installa près du lit où le policier dormait du sommeil du juste. Elle ouvrit son dossier et passa en revue les différentes étapes de l'intervention avant de commencer à rédiger son compte rendu. Les bips réguliers du cœur de l'homme était rassurant et bien qu'il eut été un parfait un connard, Sybille était bien heureuse d'entendre son cœur continuer de battre. Un sourire se dessina sur son visage alors qu'elle poursuivait son compte-rendu d'intervention.
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Dorian Kerr
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Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Sam 4 Juil 2020 - 18:38
Retrouvailles sibyllines

Quelle erreur monumentale, se reprocha Týr. Son enveloppe charnelle était exsangue, mais le personnel médical déployait des merveilles d’ingéniosité pour la maintenir en vie. Quelques siècles plus tôt, les humains auraient qualifié leurs gestes de rituel magique. Leurs instruments d’artefacts païens. Les inquisiteurs chrétiens auraient brûlé les sorcières en blouse blanche en les condamnant à la damnation éternelle. Combien de croyants, disciples et authentiques divinités de la médecine avaient péri de cette manière ?
Les pensées du Nordique vagabondèrent jusqu’à l’arrêt du véhicule. Il avait mésestimé ses forces. La perte récente de nombreux fidèles amenuisait ses capacités plus qu’il ne le croyait. Et les guérisseurs de Sanctum n’étaient plus là pour lui offrir une régénération accélérée… Comble de malchance, il avait fallu qu’un humain le trouve et appelle une ambulance.
On souleva la civière où il était couché et il sentait un air frais s’infiltrer dans ses vêtements humides, maculés de sang. La pluie avait cessé. Les grondements de l’orage s’étaient éteints. Voici un autre facteur qu’il ne contrôlait pas, et qui avait joué en sa défaveur : l’état du ciel.

Après un trou dans sa conscience, Dorian reprit vaguement conscience sur le chariot ambulatoire qu’on traînait jusqu’à une salle d’op’. Il réalisa que la douleur s’était tarie, comme mourraient les cris d’agonie d’un moribond avant son trépas.

Son enveloppe charnelle allait bientôt succomber à ses blessures.

Par conséquent, il lui serait impossible de quitter l’hôpital par ses propres moyens. Dorian se remémorera le protocole qu’il avait prévu en pareille circonstance, afin de lui assurer une sortie aussi discrète que possible.
Étrangement, ses sens fonctionnaient encore : odeurs de produits désinfectants, goût métallique dans la bouche, brouhaha des soignants et des battants de porte poussés dans l’urgence.
Une voix, autoritaire et féminine, émergea de la cohue. Où l’avait-il entendu ? Bruits de découpe. Sensation de soulagement au niveau de sa poitrine meurtrie. De piqûre sur le bras.

Ne vous fatiguez pas, valeureux humains. Aucune substance chimique ne me sauvera, car aucune blessure ne me tuera.

Le dieu guerrier sentit un frisson lui parcourir l’échine jusqu’aux membres, puis sombra dans un néant d’où les mortels ne revenaient jamais.

* * *

Lorsque la conscience de Dorian émergea à nouveau, son premier réflexe fut de contrôler l’état de son corps. Faible, très faible. Tout juste fonctionnel. Il ouvrit les paupières, observa discrètement son environnement. Chambre blanche, mêmes odeurs de nettoyants et de médicaments qu’à son arrivée. Sur le mur opposé, une horloge murale indiquait que plusieurs heures s’étaient écoulées depuis son combat contre Adrien et son premier cercle de croyants pugnaces. À sa droite, une femme aux longs cheveux blonds parcourait les feuilles d’un dossier. Elle sembla ressentir l’éveil du patient et leva les yeux. Difficile de tromper le sixième sens d’un docteur, surtout couplé à l’intuition féminine.

Non ?!

La voix familière portait désormais un visage, que Dorian reconnut aussitôt. Il réussit à parler faiblement, malgré la pierre invisible qui lui comprimait encore la poitrine.

— Sybille Jones. En voilà une surprise. Le destin me place entre vos mains expertes chaque fois que mon cœur défaillit. Mais dites-moi…

Un doute saisit Dorian. Se trouvait-il réellement à Philadelphie, ou de retour à New York pour une raison mystérieuse ? Il tourna la tête en recherche de repères. Son regard distingua à travers la fenêtre les bâtiments de la Temple University, dont il avait connu d’édification bien avant la naissance de Jones.

— Vous travaillez à Philadelphie dorénavant, ou vous êtes seulement de passage ?

Dans ses souvenirs, la chirurgienne jouissait d’une excellente réputation et de solides références. C’était le genre de médecin compétent que les campus invitaient pour des colloques ou des programmes de formation.

Dorian plissa les yeux. Malheureusement, c’était aussi le genre de savante chevronnée à déceler une anomalie dans un dossier médical, et chercher à l’expliquer par des moyens scientifiques. Un dieu comme Lugh ou Apollon serait en mesure d’élaborer plusieurs explications satisfaisantes. En revanche, les connaissances rudimentaires de Týr ne lui permettaient pas de satisfaire un esprit brillant comme celui de Jones. Il fallait l’entraîner sur un autre terrain, et commencer par évaluer le degré d’invraisemblance de sa survie.

— Votre analyse, docteur ? Vais-je encore m’en tirer à bon compte ? Les Texans ont la peau dure, vous savez. Et à Houston, depuis le programme Apollo, nous naissons tous sous une bonne étoile.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Dim 5 Juil 2020 - 21:09
Même si nous étions à Philadelphie et pas à New York, le T.U. Hospital n'avait rien à envier à d'autres grands hôpitaux du pays. Le matériel était au top de la technologie. Même les salles de surveillance étaient réalisées à taille humaine, un vrai luxe. Ici, pas question d'avoir une dizaine de lits alignés et appareillés. Il y avait plusieurs salles de quatre lits maximum. Cela permettait parfois aux proches de venir voir un patient. Sybille avait toujours trouvé cela très dure pour les patients aux soins intensifs de ne pas pouvoir voir leurs proches et réciproquement surtout quand on estimait que la situation était critique.

Assise sur une des chaises de la salle, sur les quatre lits, un seul était occupé. Rambo avait survécu et presque sans surprise pour la blonde. Vu qu'il était littéralement revenu à la vie dans la salle de trauma, s'en sortir dans la salle d'op serait un simple voyage d'agrément. Cela ne l'empêchait pas de surveiller ses constantes. Elle restait professionnelle. La jeune femme en profita pour compulser les différents dossiers qu'elle avait traité cette nuit mais c'était sur celui du policier qu'elle se concentrait. Elle avait tout passé, repassé, rerepassé en revue. Tout avait été fait selon le protocole, pas d'erreurs ou de faux pas, rien. L'homme était bel et bien mort pour mieux revenir à la vie. Sybille avait la désagréable impression de n'y être pour rien et cela l'énervait profondément. Il ne fallait pas se méprendre, elle était bien contente que cet homme s'en soit sortie. Elle ne le portait pas dans son cœur mais elle ne lui souhaitait pas non plus du mal. Et à choisir entre ne rien comprendre à cette histoire et le voir mort, elle préférait la 1er option et de loin.

L'homme finit par ouvrir les yeux, désorienté certainement. Cela se voyait à sa façon d'observer l'endroit. Il finit par porter les yeux sur elle et la reconnut sans problème. Elle se releva et commença à vérifier les différents moniteurs.

« Docteur Jones, je préfère, et vu que vous vous souvenez de moi, je vais considérer que votre cerveau se porte à merveille et qu'il ne devrait pas y avoir de séquelles à ce niveau. Évitez de bouger. »

Il n'en était certainement pas capable mais mieux valait prévenir. Armée de son stéthoscope, elle écouta le cœur et les poumons. Pas de souffle ou murmure. Le cœur battait régulièrement et les poumons n'avaient pas été perforés par les côtes cassées. Elle en profita pour prendre son pouls et prit le dossier du patient pour le compléter.

« Je pourrais dire que je suis ravie de vous revoir monsieur Kerr mais on m'a toujours dit que ce n'était pas bien de mentir. »

Elle se montrait un peu sèche avec Dorian mais il fallait dire qu'ils s'étaient plus que souvent confrontés dans la salle des urgences qu'il était difficile pour la blonde de faire abstraction de son comportement détestable de New York. Il lui demanda alors si elle était de passage ou de façon définitive à Philadelphie.

« Il y aurait une réponse que vous ferait plus plaisir ? Si oui, prenez là. Dans la mesure du possible, je préférerai éviter que vous vous retrouviez encore entre mes mains expertes. Du coup, vous n'aurez pas à savoir laquelle des deux options est la bonne. »

Elle reposa le dossier au bas du lit et rangea son stylo dans la poche de sa blouse. Son regard s'était posé, inquisiteur, sur le visage masculin. Il avait les traits tirés et la peau pâle. Il lui faudrait un petit moment pour récupérer. Quoique... à New York, il s'était remis bien plus vite que n'importe quel autre patient. Est-ce qu'il en serait de même ici ? La question la surprit mais lui arracha un léger sourire. La fin de la tirade le lui enleva mais Dorian n'y était pour rien cette fois.

« Au moins, vous avez une étoile au-dessus de la tête, c'est déjà pas mal. »

Le coup des étoiles au-dessus de la tête. Plus jeune, elle s'était longtemps demandée si elle était née sous une bonne ou une mauvaise étoile, pour finir par en conclure qu'elle ne devait en avoir aucune. Elle avait avancé seule toutes ces années. La blonde chassa son léger malaise pour en revenir à celui qui était l'objet de trois tonnes d'interrogation.

« Alors, je veux bien que les Texans soient résistants mais là, vous battez les records quand même. Deux retours à la vie qualifiés de « miraculeux », ça fait beaucoup. Si vous comptez finir dans le Guinness book, vous avez encore un peu de boulot sur la planche. Vous avez dépassé le Christ côté résurrection, vous en avez une de plus que lui mais je vais encore en dessous de Tsutomi Yamaguchi. Vous avez survécu à des balles, deux fois, lui il a survécu à deux bombes atomiques. Donc à moins de réitérer l'exploit une troisième fois, vous ne rentrerez pas dans le livre des records cette fois encore. »


Un peu d'humour permettrait peut-être de détendre un peu l'atmosphère surtout si elle voulait des réponses. Elle n'avait pas menti concernant le Japonais, c'était bien le seul homme au monde à avoir survécu aux deux bombes nucléaires d'Hiroshima, où il était en voyage d'affaires, et Nagasaki, où il avait été rapatrié le lendemain de l'explosion de la 1er. Cet homme avait bel et bien une bonne étoile au-dessus de sa tête, c'était certain.

« Médicalement parlant, vous vous portez bien. Les chirurgiens ont enlevé les balles et suturé les différentes plaies. Les côtés cassées vont se ressouder mais cela prendra un peu de temps. Vous devrez essayer de rester tranquille et au repos pendant un moment. Si tout va bien, on va vous monter dans une chambre d'ici quelques heures et vous pourrez rentrer chez vous d'ici une semaine à dix jours selon votre degré de récupération. Vous pourrez être hospitalisé à domicile si vous souhaitez rentrer plus tôt mais vous devrez quand même rester au moins cinq jours encore pour vérifier que tout va bien. J'ai regardé dans votre dossier, il n'y avait personne à contacter. Souhaitez-vous que je prenne contact avec quelqu'un pour vous ? Votre famille ? Des amis ? »

Même si elle ne portait pas Rambo dans son petit cœur, il était difficile pour la jeune femme de changer complètement de façon d'être. Oui, c'était un con. Oui, il était revenu à la vie deux fois et sans explications plausibles. Mais c'était un blessé, quelqu'un en état de faiblesse, et le moral était aussi important que les soins dans le cadre d'une convalescence. Rester seul n'était jamais une bonne chose.

« Et, accessoirement, j'aimerai bien savoir comment vous avez fait pour revivre. J'ai pratiqué 37 minutes de massage cardiaque sur vous cette nuit. Vous étiez mort, tout comme la première fois à New York, j'en suis certaine. Votre cœur n'est pas reparti malgré les injections d'adrénaline, les chocs électriques et le massage. Sinon il serait reparti dans les dix premières minutes. Au delà, c'est quasiment impossible. Passé vingt minutes, il n'y a plus de chance. Et même si c'était possible, il y aurait des lésions, cérébrales ou autres et vous n'avez rien de tout ça. Depuis New York, j'ai compulsé tous les cas que les revues, magasines, ouvrages médicaux ont pu référencer. Rien de semblable n'a été recensé. Alors soit vous avez une formule magique, soit j'appelle le Vatican pour signaler un potentiel miracle ce qui ne manquera pas d'attirer les curieux, les médias et j'en passe. Alors si vous avez une explication, aussi improbable soit-elle, je suis prête à l'entendre Rambo. Mais j'ai besoin de savoir ! »

Elle l'avait appelé par son surnom. Pas certain qu'il apprécie mais après tout, il l'avait bien appelé par son prénom et son nom en omettant le docteur. Alors, elle pouvait aussi bien se permettre un petit écart à son tour. Et au fond, c'était presque amical désormais. Est-ce qu'elle bluffait pour le Vatican. Oui, complètement. Non pas que cela ne soit pas possible. Le Saint Siège avait bel et bien un bureau chargé d'étudier les cas de « miracles » signalés à travers le monde, tout comme il y avait un bureau chargé d'étudier les cas de possession. Pour autant, Sybille ne comptait pas spécialement les alerter. La religion et elle, ça faisait un peu deux. Abandonnée enfant, elle n'avait pas spécialement trouvée que la religion avait été du moindre secours. Par contre, Dorian n'était pas à l'abri que d'autres médecins compulsent son dossier et vu le contenu, cherchent à réaliser études et articles sur lui. La blonde n'était pas certaine que l'homme veuille attirer l'attention sur lui notamment à sa façon d'avoir brutalement quitté New York.
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Dorian Kerr
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Âge et date de naissance : Incarné à 36 ans, enveloppe née en 1983.
Métier/occupation : Agent du FBI ♆ Dieu justicier.
Cible touchée par Cupidon : Cœur inconsolable, à jamais épris d’une déesse éteinte.

Panthéon d'origine : Nordique
Divinité incarnée : Týr (ciel, ordre, justice, serment, guerre juste, victoire, stratégie).
Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Mar 7 Juil 2020 - 22:34
Retrouvailles sibyllines

Docteur Jones, rectifia-t-elle. Dorian arqua un sourcil. Ce n’était pas son interlocutrice qui l’irritait, mais lui-même. L’humain au caractère exécrable dont il avait investi l’enveloppe physique, et dont le respect envers autrui se mesurait à l’épaisseur d’une bouche d’égout. Cette femme surgie du passé réveillait des réflexes et schémas de pensée que Týr n’appréciait guère.

Jones et le dieu nordique s’accordaient sur un point : Dorian Kerr était un homme déplaisant.

J’apprécie votre franchise, docteure, plus que vous ne l’imaginez. Týr songea avec tristesse que Jones aurait plu à Athéna. Le timbre enjoué de la déesse, fait de cristal et de reflets irisés, était capable de projeter des pics acérés tout en affichant le plus merveilleux des sourires. Le murmure de ses lèvres lui manquait terriblement. Leur douceur disparue faisait saigner son cœur de façon plus cruelle qu’une balle de carabine. Aucune médecine, aucune faculté de régénération n’avait le pouvoir de cicatriser cette meurtrissure de l’âme.

La voix de Jones le tira des émois douloureux qu’il gardait sous silence. Dorian respira profondément afin de détendre les traits de son visage. L’urgentiste ne pouvait deviner qu’à ses yeux, chaque mortel était de passage. Quelques décennies d’existence, l’équivalent d’un battement de paupières dans la grande histoire des tribus et des empires, séparaient l’achèvement de leur croissance du début de leur funeste et rapide déclin.
Dorian s’adressa à Jones avec une bienveillance sincère, soucieux d’éviter la condescendance d’un dieu antédiluvien.

— Je pense que votre présence ici, quelle que soit sa durée, bénéficiera grandement au personnel et aux patients. Cette ville est… dangereuse.

Derrière les chiffres élevés de la criminalité, se dissimulait une réalité inconcevable pour une femme rationnelle comme Jones. Des combats qu’elle ne soupçonnait guère. L’un d’eux avait mené un dieu nordique de la guerre sur sa table d’opération.

— Je ferai de mon mieux pour éviter un autre passage à l’hôpital, soyez-en sûre. Mais vous n’ignorez pas que j’exerce un métier à risque.

Et nul obstacle ne me détournera de ma mission. Pas même la destruction totale de mon enveloppe charnelle.
À présent que Sanctum n’était plus, Philadelphie devenait le théâtre tragique où anciens et nouveaux dieux se disputaient la foi des croyants. Une grande arène à ciel ouvert, où gladiateurs divins livraient bataille pour des questions d’honneur, de justice et de vengeance. D’amour et de haine. De vie et de mort.

Dorian s’humecta les lèvres et fixa l’urgentiste de ses yeux saphir. Elle énuméra avec force et conviction les « miracles » de sa survie – de sa résurrection. Jusqu’à une époque récente, berner les docteurs était tellement facile ! Le plus souvent, il suffisait d’invoquer la ritournelle religieuse : telle était la volonté de dieu pour avoir la paix. Cela fonctionnait avec Allah, Bouddha ou n’importe quelle autorité suprême. Ainsi, au lieu d’attirer la suspicion, on passait pour une bonne âme que le Seigneur avait choisi de sauver. À certaines périodes sombres de l’histoire, le même miracle passait pour une quelconque diablerie, et mieux valait prendre le large avant une condamnation à un horrible châtiment.

— Rassurez-moi, vous n’avez pas l’intention de me disséquer comme un animal de laboratoire ?

Dorian força un sourire, mais la situation ne l’amusait guère. Les humains n’avaient pas seulement perdu la foi en eux, les anciens dieux ; ils avaient aussi perdu toute tolérance envers le merveilleux et les faits extraordinaires.
Aujourd’hui, c’était le sacro-saint manuel de science qui servait de Bible aux personnes comme Jones.

Le patient se redressa faiblement sur son lit médicalisé, comme pour se donner de la hauteur.

— Docteur Jones, je pense que vous cherchez à circonscrire un phénomène inexpliqué à l’intérieur d’une doctrine qui ne leur accorde aucune place. Vous me considérez comme une anomalie, un « cas » non recensé dans les traités de médecine que peu de vos semblables maîtrisent aussi bien que vous. J’admire votre persévérance, votre opiniâtreté et votre soif de compréhension. Et pourtant, malgré vos qualités indéniables, vous cherchez dans la mauvaise direction. Un Bédouin m’a confié un jour cet axiome : « Si tu cherches de l’eau au milieu du désert, ne fouille pas entre les grains de sable. Lève la tête et ouvre tes sens à l’inconcevable. »

Dorian regarda par la fenêtre, vers le ciel que les humains voyaient aujourd’hui comme une succession de strates atmosphériques.

— Vous savez ce qui a permis à la science de progresser, au cours des derniers siècles ? L’observation, l’analyse et l’élaboration de nouvelles théories hors des dogmes existants. Parfois même en contradiction avec ces derniers. L’humanité a bâti un nouveau système de croyances, fondé un nouveau dogme sur la base d’équations différentielles et de constantes de la physique. Ce fut un choix audacieux, qui a révolutionné les sociétés en profondeur à travers toute la planète.

Ironiquement, les humains imaginaient s’affranchir des religions grâce au développement de la science, des technologies et de la mondialisation. Bien au contraire, ils avaient créé des nouveaux dieux encore plus voraces et omnipotents que les anciens. Des ogres qui dévoraient l’énergie des mortels et accaparaient leur précieuse attention…

— C’est ainsi qu’aujourd’hui, des milliards d’êtres humains vivent recroquevillés sur le dieu smartphone. Leur posture, vous en conviendrez, rappelle la posture de vénération des cultes anciens. Et leur état de transe se rapproche de celle des mystiques d’autrefois. Voyez-vous où je veux en venir ?

Probablement pas. Mais Dorian scrutait les réactions de Jones tel un aigle au regard perçant. L’intelligence qui ouvrait la porte aux diplômes académiques ne l’intéressait guère. Le dieu nordique recherchait la perspicacité, la vivacité d’esprit que seule une minorité d’humains possédaient encore.

— Tristement, l’humanité a imité le poisson qui s’est extirpé d’un bocal pour plonger dans un autre. Un bocal plus confortable, plus fun. Si agréable et divertissant qu’on peut y tourner en rond durant toute sa vie sans se demander : qu’y a-t-il au-delà de la paroi de verre ?

Dorian plissa les yeux. Sa voix grave, bien qu’affaiblie, résonnait avec l’autorité d’un juge suprême rendant son verdict.

— Vous ne trouverez d’explications dans aucune parution scientifique. Le Vatican ne vous apportera aucun soutien. (Il esquissa un sourire.) Croyez-moi, ces gens-là évitent d’enquêter sur les « miracles » qui touchent des païens. Ils préfèrent se tenir loin des gens comme moi. Et sachez que l’inverse est encore plus vrai.

La dernière phrase portait une menace à peine voilée. Dorian ne souhaitait pas attirer l’attention, et Jones fut assez maline pour le deviner. Mais la frontière entre l’audace et la témérité était mince : on ne faisait pas de chantage à un dieu.
Surtout un dieu comme Týr.

Jones brava le regard intense du Nordique. Il lut dans le scintillement des yeux limpides une détermination franche et farouche. Cette femme remuerait ciel et terre pour obtenir des réponses. Elle ferait du bruit, rassemblerait curieux et éminences grises – avec ou sans le Vatican.
Dorian poussa un soupir, semblable à un sifflement alors que l’air quittait ses poumons avec difficulté. Il était hors de question pour lui de disparaître, de se faire oublier tant que son principal objectif ne serait pas atteint. Dès lors, trois options s’offraient à lui : éliminer Jones, faire appel à un allié divin pour altérer son esprit et ses souvenirs, ou lui révéler l’incroyable vérité.
Les secondes s’égrenèrent, silencieuses à l’exception du tic-tac de l’horloge. Týr sondait l’âme de l’humaine à travers le bleu de ses yeux, explorant le secret de ses profondeurs. Enfin, il décréta d’une voix claire :

— Il y de bonnes raisons pour que nulle personne à contacter ne figure dans mon dossier, docteure Jones. Voici ce qui va se passer : demain, je serai parti. Le jour d’après, je serai presque totalement rétabli. Le soleil se lèvera, se couchera comme à l’ordinaire. Une fois, deux fois, peut-être trois ou quatre fois. Vous patienterez. Le moment venu, je viendrai directement à vous et vous expliquerai comment – ou plutôt pourquoi – je fais concurrence à des êtres comme Jésus Christ et Tsutomi Yamaguchi. Et pourquoi mon nom ne figurera jamais dans le Livre Guinness des records.

Il tendit une main large et épaisse, revigorée par l’éclat du ciel qui traversait la fenêtre de la chambre d’hôpital.

— Auriez-vous l’obligeance de m’apporter mon téléphone ? Ensuite, quittez cette pièce et promettez-moi de ne pas poser de question. Je vous prie d’accepter. Non parce que je vous le demande, mais pour obtenir les réponses que vous cherchez. Parce que mes paroles ont touché au fond de votre être une vérité que votre conditionnement scientifique a enfouie. Parce qu’une partie de vous aspire à sortir du bocal. Acceptez, et je vous fais le serment de remplir ma part du contact. Seule la mort – la mort véritable – détient le pouvoir de m’en détourner.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Sam 11 Juil 2020 - 22:34
La jeune femme observait le patient. Il était le même que celui qu'elle avait connu quelques temps avant, à New York. Il avait le même visage, les mêmes yeux, la même bouche, les mêmes traits, les mêmes expressions. Pourtant, il avait quelque chose de différent, d'indéfinissable. C'était de l'ordre de l'impression voir de l'intuition. Si elle en avait parlé à n'importe lequel de ses collègues, il aurait ri dans le meilleur des cas avant de lui dire d'aller se coucher parce qu'elle se faisait des idées toute seule. Les impressions ou intuitions n'avaient pas leur place en médecine. Cependant, il ne fallait pas se voiler la face, dans certains cas, les médecins devaient faire des choix qu'ils confiaient à leur intuition. Aucun d'entre eux ne le reconnaîtrait mais c'était une réalité.

Le policier avait été infect à chaque fois qu'il s'était croisé. Bien sûr, il faisait son métier mais il y avait plein de façon de faire son métier et hurler ou insulter les gens n'était pas vraiment la meilleure façon de faire. Sybille était pourtant restée professionnelle à chaque fois et elle n'avait jamais dit un mot plus haut que l'autre même si elle n'en pensait pas moins. Cela n'aurait servit à rien si ce n'était mettre de l'huile sur le feu. Et voilà qu'il ressurgissait dans sa vie, sans crier gare et surtout sans crier du tout. Un nouveau miracle en prime. De quoi mettre les neurones de la blonde s'en dessus-dessous. Elle voulait des réponses. Elle en avait besoin sans pouvoir expliquer les raisons. Des raisons bien enfouies dans un passé lointain.

Postée au pied du lit, elle continuait de regarder l'homme, encore et encore, cherchant des réponses qu'il ne semblait pas vouloir livrer. Ce que la blonde notait c'était que ses questions ne semblaient pas déstabiliser Dorian. Quelqu'un d'autre aurait été surpris, étonné d'être encore en vie, reconnaissant, cherchant aussi des réponses. Mais pas là. Pas lui. Parce qu'il savait. Il savait. Cela sauta aux yeux de la jeune femme. Il savait forcément pourquoi et comment il était revenu à la vie.

« A choisir je préfère vous voir sur ma table d'opération qu'à la morgue. Vous faites un métier dangereux, je le sais bien. Et je sais aussi que cette ville est dangereuse. »

Philadelphie était une ville étrange. Partie jeune, elle la rappelait sans cesse comme si elle était un être vivant, un groupement de cellules qui aurait quitté son corps et réclamait d'y retourner. C'était idiot et sans sens, mais c'était une réalité. Depuis son départ, elle avait toujours voulu y revenir. Sybille pressentait pourtant que la ville était loin d'être exempt de danger. New York aussi était dangereuse mais c'était différent.

« Non, je ne compte pas vous utiliser comme cobaye. »

Elle esquissa un léger sourire à la remarque. Elle souhaitait comprendre mais n'était pas prête à tout pour ça et surtout pas à déposséder un être vivant de sa liberté. Les propos qui suivirent la prirent largement au dépourvu, une fois de plus. Décidément, ce n'était plus du tout le même homme. C'était le même corps mais... à l'intérieur... l'esprit semblait différent, plus posé, plus réfléchis, plus respectueux aussi. C'était comme si une sorte de sagesse multiséculaire avait pris place dans son corps. C'était comme si Gandalf avait pris le corps de Frodon. Très bizarre comme impression.

Le discours de l'homme trouvait un écho certain dans l'esprit de la jeune femme. Les sciences et technologies avaient évolué au fil des siècles mais la nature était restée la même. L'homme avait besoin de croire en quelque chose. Quand la religion n'avait plus répondu à ses attentes, il était passé à autre chose, la science puis la technologie. Le smartphone avait remplacé le crucifix, le net avait remplacé les églises, la consommation avait remplacé la prière. L'humain avait besoin de croire en ce qui le rassurait et il avait besoin de se rassurer en contrôlant son environnement oubliant trop souvent qu'il n'était pas maître des technologies mais dépendant de ces dernières. Sybille ne faisait pas exception à cette magnifique règle. Abandonnée, la religion ne lui avait apporté aucun secours pas plus que les gens qui l'avaient successivement accueillie, l'avaient bien traitée mais jamais aimée, elle s'était tournée vers la science, un domaine où elle pouvait s'exprimer, où elle était douée et pouvait aider les autres. Elle croyait en la science car cela la rassurait. C'était le seul domaine où elle avait trouvé du réconfort dans sa solitude.

L'homme n'appréciait pas qu'elle puisse avertir le Vatican. Il ne semblait vouloir à faire à eux. Elle ne l'en blâmait pas vraiment et ne comptait pas vraiment avertir qui que ce soit au Saint Siège. C'était juste du bluff mais il était étonnant qu'il réagisse aussi fortement à cette annonce. Tel un prophète, Dorian évoqua la suite. Il quitterait rapidement l'hôpital, parviendrait à guérir sans problème et sans la moindre aide médicale. Mais il dit aussi qu'il lui expliquerait un jour ce qu'il en était de sa personne et du pourquoi de sa résurrection. Il semblait sincère mais Sybille se sentit très mal alors. Cette promesse faisait écho à une autre. Un voix sortit du passé. Une promesse faite mais jamais accomplie. Une enfant restée seule sur un banc des heures, des jours mais qui ne revit jamais celle qui lui avait promis de revenir.

La blonde ne répondit pas. Elle se contenta d'aller chercher le téléphone et de le déposer dans la main de l'homme. Elle évita son regard. Elle préférait ne pas faire se faire de fausse idée ou des illusions. Elle avait déjà vécu ça et elle n'en était toujours pas guérie. Elle ne tarda pas à se diriger vers la porte, marquant une pause juste avant de quitter la pièce.

« Je n'aurais pas appelé le Vatican, ni qui que ce soit d'ailleurs. Mais ne faites pas de promesse que vous risquez de ne pas tenir. Je préfère que vous disiez juste que vous ne voulez pas répondre à mes questions. Faire une promesse que l'on ne tient, c'est pire que tout et ça détruit une âme bien plus sûrement qu'une balle en plein cœur. Prenez soin de vous monsieur Kerr et évitez de rencontrer de nouveau la mort. »

Ces mots étaient plus que sincères. Elle ne lui souhaitait aucun mal. La blonde passa la porte et la referma en douceur avant de prendre les chemins de la salle des médecins des urgences. Elle avait besoin de dormir un peu et n'était pas apte à rentrer chez elle tout de suite. Il y avait des lits à disposition des médecins et personne ne se poserait de questions sur sa présence. C'était presque devenue une habitude. Elle ne tarda pas à s'allonger mais le sommeil mit un long moment à venir malgré la fatigue. Elle fut surprise de sentir les larmes coulées sur ses joues. Ce n'était pas Dorian le responsable. Pas directement en tout cas. La promesse qu'il avait faite lui rappelait celle de sa mère. Une promesse jamais tenue malgré tout l'espoir qu'elle y avait mis. Si sa propre mère n'avait pas tenu une promesse faite à sa mère, pourquoi un inconnu le ferait et sur une question bien épineuse ? Elle doutait qu'il tienne sa promesse mais comme pour sa mère, elle continuerait d'espérer jusqu'au bout. Malgré le temps passé, une part d'elle espérait toujours le retour de sa mère.

Le sommeil finit par avoir raison d'elle. Elle ne s'éveilla que plusieurs heures plus tard. Elle aurait juste le temps de rentrer chez elle, à son hôtel, prendre une douche, se changer et revenir. Elle était encore de garde cette nuit. Avant de partir, elle jeta un œil sur le dossier de Dorian. L'homme, sans surprise, avait été monté dans une chambre de l'aile de chirurgie où il allait récupérer. Les médecins pensaient le garder une semaine. Ils étaient visiblement loin du compte aux dires de l'homme. Sybille essaya de mettre tout ça de côté. Elle devait essayer de se concentrer sur les heures de travail à venir. Ne pas être attentif pouvait signifier la mort d'un patient. Elle regagna donc son hôtel, prit une douche chaude avant de changer de vêtements et de repartir vers l'hôpital. Elle devrait carrément y louer une chambre, cela lui épargnerait du temps de trajet. Pourtant, alors qu'elle marchait rapidement le long des rues, son regard fut attiré par une devanture. Pas vraiment le genre d'endroit qu'elle prenait le temps de regarder habituellement mais là, quelque chose l'avait fait tilter. Un léger sourire orna ses lèvres alors qu'elle entrait dans le magasin. Elle n'y passa que peu de de temps avant de repartir en direction de l'hôpital. Elle déposa ses achats dans la salle de repos avant de rejoindre son poste. Elle devrait attendre un peu pour s'occuper de tout ça. La nuit était déjà bien avancée avant qu'elle ne puisse prendre une pause. Elle alla chercher ses achats avant de prendre le temps d'écrire quelques mots sur un bout de papier. Elle se dirigea vers l'aile de chirurgie et entra sans bruit dans la chambre de Dorian. Elle déposa son fardeau sur la table de nuit ainsi que le mot avant de quitter la pièce. Elle avait été plus agile et silencieuse qu'un chat. L'homme dormait. Il ne serait pas étonnant qu'on l'ait sédaté pour l'aider à se reposer mais peur importait. Si comme il le lui avait dit, il quitterait l'hôpital le lendemain, mieux valait faire ça cette nuit. Heureuse de son petit tour, la blonde regagna son propre service, celui qui à l'inverse du tonneau des Danaïdes ne parvenait jamais à se vider quelque soit les efforts qu'on pouvait faire.

A son réveil, l'homme trouverait un petit aquarium comprenant un fond d'eau et du sable. Pas de poisson mais deux petites tortues. Une petite boite de nourriture à côté. Un petit mot accompagnait l'ensemble :

Sybille Jones a écrit:
A New York, je vous surnommais Rambo à cause de votre forte propension à jouer les justiciers un peu abruti. Au final, vous semblez plus vous dirigez vers Rocky. Après tout, il est de Philadelphie et bien que beaucoup de gens considère le film comme bourrin, j'ai toujours eu beaucoup d'affection pour cet homme simple et bienveillant. Il a toujours su ne pas pouvoir gagner son combat mais savait qu'il pouvait tenir jusqu'au bout. Il avait deux tortues dans son appartement. Les tortues sont capables de vivre plusieurs dizaines d'années et même dépasser le siècle. A défaut du Guiness book, vous pouvez vous mesurez à elles et voir qui d'elles ou de vous vivront le plus longtemps.
Si un jour l'envie de tenir votre promesse vous tenait, j'imagine que vous saurez où me trouver.
Bon courage à vous monsieur Kerr.


PS : Si vous ne voulez pas vous encombrer des tortues, laissez les dans la chambre, je passerai les récupérer.
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Panthéon d'origine : Nordique
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Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Mar 14 Juil 2020 - 13:36
Retrouvailles sibyllines

Prisonnier de son lit d’hôpital, Dorian se mit à réfléchir aux événements récents. Sa vendetta était juste, et il ne remettait pas en question l’assaut mené contre Adrien. En revanche, son esprit stratège passa en revue toutes les étapes ayant entraîné le décès inopiné de son enveloppe charnelle. Une analyse impartiale révéla les différentes failles de sa tactique, en particulier une mauvaise évaluation des forces en présence. À présent que Týr était plus faible que jamais, les humains et leurs armes modernes représentaient une menace de premier plan. Dorian ajusterait ses manœuvres au prochain félon à châtier, tout en sachant qu’un combat était soumis à moult facteurs imprévisibles et impondérables.
Contrairement au vœu pieux de l’urgentiste, Dorian tutoierait la mort encore et toujours. Plus qu’aucun mortel. Telle était sa nature – sa destinée. Le dieu guerrier devait juste s’arranger pour frôler le trépas loin des tables d’opération, ou d’autres esprits brillants comme Jones relèveraient son anormalité. Un dieu courrait de grands risques à se révéler à plusieurs humains en peu de temps. En outre, Týr ne s’était jamais senti proche des médecins et autres membres du personnel soignant. Ceux qu’il comprenait portaient l’uniforme des soldats, l’insigne des forces de l’ordre ou les robes des juristes. Les personnes assermentées formaient la frange la plus loyale parmi les mortels. Chacun engageait son honneur et son intégrité au moment d’assumer une fonction essentielle au sein de la société. Historiquement et empiriquement, leur sens du devoir faisait d’eux des humains à part, fiables.

Sybille Jones semblait également une personne à part, honnête. Ses paroles sibyllines sur la valeur d’une promesse intriguaient le dieu des serments. Celui-ci savait néanmoins que chez les docteurs, le syndrome du sauveur l’emportait souvent sur la raison. Animée des meilleures intentions, la bienveillance irréfléchie produisait des effets dramatiques. La sauvegarde d’une ou plusieurs vies humaines primait sur les intérêts futurs d’une multitude. Face à des choix difficiles, la plupart des médecins civils se laissaient guider par leurs émotions. Ils agissaient tels des chevaux sur un jeu d’échecs, bondissant de manière imprévisible. Et perdaient ainsi toute vision globale du vaste échiquier. C’est pourquoi certains joueurs n’encombraient point leur stratégie de cavaliers : ils les éliminaient en début de partie.
Týr avait certes promis de révéler la vérité à Sybille Jones.
Mais n’avait donné aucune indication sur ce qu’il ferait ensuite.

Ses sens affûtés, constamment sur le qui-vive après des siècles de confrontation au péril, détectèrent l’arrivée d’une personne. Instinctivement, Dorian saisit le grand verre vide qui reposait sur la tablette à côté de lui. Couché à l’horizontale, l’objet disparut sous le drap recouvrant son corps. L’arme de fortune pourrait ainsi servir de projectile, ou d’objet tranchant en brisant sa surface sur un rebord.
L’intruse était discrète. Plongé dans l’obscurité, Dorian eut tout juste le temps d’apercevoir les reflets blonds d’une longue chevelure avant de refermer les paupières et feindre le sommeil. Le dieu blessé entendit plus distinctement le souffle d’une respiration légère. Furtive comme un assassin en mission. L’expérience avait enseigné à Týr qu’une approche furtive présageait souvent de funestes desseins. Une fidèle d’Adrien, résolue à venger son dieu ?
Rompu au danger comme un frêne séculaire aux orages, le cœur robuste de Dorian continuait à battre sans affolement. Son bras tenait fermement le verre, prêt à initier une détente mortelle au premier signe d’attaque.
Bruit ténu d’un objet déposé sur la table de nuit. Après un gloussement étouffé, la présence s’éloigna du lit. Quand Dorian rouvrit les paupières, sa fine silhouette s’évanouit dans la lumière du couloir. Il songea qu’un mortel, à sa place, aurait pu croire à la visite d’un ange.

Dorian reposa précautionneusement le verre et découvrit ce qu’on lui avait apporté. Il orienta le bout de papier afin de capter la faible luminosité, puis déchiffra l’écriture élégante en plissant les yeux. Peu après, les lèvres de « Rocky » s’étirèrent. Après avoir hérité des chouettes d’Athéna, il devenait à présent responsable de deux tortues miniatures ! Týr ne s’imaginait pas finir gardien de zoo un jour, mais il était hors de question de refuser le présent de Sybille. La générosité et la gentillesse du geste n’y étaient pour rien. Pour un dieu, peu de choses étaient aussi sacrées qu’une offrande.

Au petit matin, un homme à la mâchoire carrée, visage sillonné de rides sévères, apporta à Dorian des vêtements neufs et signa des papiers. Il proposa à l’agent Kerr de porter le petit aquarium. Le rescapé de la mort peinait à tenir debout sur ses deux jambes meurtries. Dorian refusa catégoriquement l’aide de son croyant à la mine patibulaire. Il serra les dents, verrouilla l’offrande de Sybille entre ses bras et quitta sa chambre. Son buste se tenait droit comme la haute tour d’une forteresse. Une lueur fière brillait dans son regard, piquetée d’éclats vaillants.


Une dizaine de jours s’étaient écoulés depuis la promesse de Týr. Le serment s’était gravé dans son essence divine dès l’instant où les mots avaient quitté sa bouche. Leur écho résonnait à l’intérieur de son esprit, tel le bruit parasite d’une chaîne de télévision mal réglée. Depuis peu, le bruit blanc s’était mué en un bourdonnement insistant que seule l’incroyable volonté du Nordique parvenait à contenir.
Le serment serait honoré, mais le dieu faisait face à des complications qui l’ajournaient sans cesse.
Nettoyer les traces de son affrontement avec Adrien ne fut pas une mince affaire. Au lieu de respecter l’omerta sur les conflits entre divinités, comme de coutume au sein des cultes, deux croyants zélés du dieu assassiné menaçaient de porter plainte. Des bribes d’informations avaient fuité sur les réseaux sociaux. Insuffisantes pour relier la fusillade à l’agent Dorian Kerr, néanmoins assez étranges pour donner des idées délétères aux adeptes du paranormal. Dorian se résigna à abattre le plus acharné du tandem fautif. Ce délateur représentait un danger pour l’ensemble des dieux et leurs disciples. Le Nordique réussit à convaincre le plus raisonnable, en lui garantissant qu’Adrien (et sa nouvelle identité une fois réincarné) se trouvait désormais à l’abri de son poing vengeur. Justice avait été rendue. Les dieux en étaient quittes. Týr n’avait plus aucun grief à son encontre ou celui de son culte.

Après un après-midi à consulter les bases du données du FBI, Dorian contacta l’hôpital afin de connaître les horaires de Sybille Jones. Aussitôt l’appel terminé, il pianota un texto à l’urgentiste :

Citation :
Docteure Jones,

Je vous invite à me retrouver sur le toit de l’hôpital universitaire. Demain soir, après la fin de votre service. Ma promesse sera tenue. Un conseil : ne venez pas l’estomac rempli.

Respectueusement, Dorian Kerr.

P.S. Les tortues se portent bien.


Longtemps avant l’heure convenue, le dieu patientait au sommet d’une proéminence nichée sur le toit de l’hôpital. Par-delà les buildings de la ville, l’horizon dévorait le soleil. Dorian contemplait les lueurs diffuses, aux teintes dégradées, qui jaillissaient du disque orange. Il adressa à l’astre déclinant quelques vers entendus huit siècles plus tôt de la bouche d’un conteur :

Un monde en remplace un autre.
Ce qui brillait avec éclat, vérité suprême et éternelle,
S’éteint à son heure comme les braises d’un feu à l’agonie.
Il n’y a rien que nous savons, sinon que tout meurt.

Le cœur du Nordique se serra. Ses lèvres tressaillirent en murmurant le nom d’Athéna. La sagesse qu’il comptait enseigner à Sybille Jones lui était insupportable.

À quelques mètres sous lui, la porte métallique grinça. Une femme aux cheveux blonds surgit de l’intérieur du bâtiment. D’un pas hésitant, elle avança sur le sol bétonné en tournant la tête à droite et à gauche. Flottant dans les airs derrière l’urgentiste, Dorian descendit furtivement de son promontoire. Ses pieds se posèrent en silence devant l’unique passage. Il bloqua la poignée avec une barre de fer, tordue à la force des bras.
La manœuvre alerta Jones, qui se tourna face à l’agent du FBI. Celui-ci marcha dans sa direction d’un pas assuré, proche de la démarche autoritaire des chefs d’armée. Aucune défaillance n’indiquait une quelconque blessure présente ou passée. Son visage solennel avait repris le teint des hommes en parfaite santé, et plus encore. Il tendit sa main large et épaisse, paume vers le ciel.

— Bonsoir, docteure Jones. Remettez-moi votre téléphone, s’il vous plaît. Ce que j’ai à vous dire ne doit être entendu de personne. Jamais répété à haute voix, volontairement ou involontairement. Il y a toujours un prix à payer pour la connaissance. Celle que je vous offre ne se chiffre pas en dollars.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Jeu 16 Juil 2020 - 17:10
Retrouvailles sibyllines

Sybille avait rejoint son service après avoir déposé les tortures dans la chambre de son patient. Officiellement, il ne l'était plus. Une fois sorti des urgences, les patients devenaient ceux des autres services, d'autres médecins. Pourtant, une petite partie de la jeune femme ne pouvait s'empêcher de s'informer de l'évolution des soucis de ses anciens patients. Le cas de Dorian était un peu différent. Il avait été par deux fois son patient. Par deux fois, il avait connu la mort et en était revenu. Mais pour aucune de ces deux fois, le médecin y avait été pour quelque chose. De quoi se retourner le cerveau et encore plus quand on comprenait que l'homme savait en quoi il en était. Ils s'étaient affrontés par le passé et ça recommençait mais pas pour les mêmes raisons. Cependant, la jeune femme avait rendu les armes, acceptant la proposition du flic. Elle était à peu près certaine qu'il ne tiendrait pas sa promesse mais peu importait. Elle n'était pas rancunière. Elle avait opté pour le traité de paix et lui avait apporté deux petites tortues comme celles qui accompagnaient Rocky depuis le film de 1976. A voir qui vivrait le plus longtemps entre les tortues et Dorian.

La blonde avait vaqué à ses occupations, s'occupant de multiples patients, les rassurant, les aidant autant qu'elle le pouvait. Les gardes étaient toujours éprouvantes et il fallait être capable de durer dans le temps. La jeune femme y parvenait. A la fin de sa garde, elle remarqua que personne n'avait déposé la moindre tortue à son intention et quand elle se renseigna sur Mr. Kerr, ce dernier avait déjà quitté l'hôpital après avoir signé une décharge et contre l'avis des médecins. Quelle surprise ! Sybille était néanmoins contente de savoir que l'homme avait emporté son présent. Elle espérait juste qu'il n'allait pas jeter les malheureux animaux dans les toilettes. Le Dorian de New York l'aurait peut-être, pour ne pas dire probablement, balancé les tortues mais celui de Philadelphie était différent. De Rambo en Rocky, c'était une transformation qui allait plutôt dans le bon sens. Il fallait juste espérer que cela continue.

Les jours passèrent et Sybille n'avait toujours pas le moindre signe du policier. Elle aurait dû s'en douter. Il avait un secret qu'il ne tenait pas à partager. Déçue ? Oui, elle l'était. Il avait parlé de trois ou quatre jours, cela en faisait sept. La blonde se doutait qu'elle ne le reverrait plus à moins qu'il ne se retrouve encore avec une balle dans le cœur ou quelque chose du genre et qu'il revienne miraculeusement à la vie. Si cela devait arriver, elle le soignerait bien sûr, à la fois parce qu'elle avait prêté serment mais aussi et surtout parce que cela faisait parti d'elle-même, laisser souffrir quelqu'un était hors de question si elle pouvait faire quelque chose. Alors oui, elle le soignerait mais elle ne poserait plus de question, ne lui demanderait rien. Mieux valait l'ignorance à une nouvelle déception. Il ne voulait rien dire. Il avait ses raisons. Et elle ne tenait pas à le transformer en rat de laboratoire pour quelques scientifiques en mal de recherches.

La surprise fut de taille quand son portable raisonna, lui annonçant un message et qu'elle vit qui en était l'auteur. C'était surprenant. Elle qui pensait ne plus avoir de ses nouvelles. La première chose qu'elle se demanda c'était de savoir comment il avait fait pour avoir son numéro de portable avant de se rappeler que le gars bossait pour le FBI. Il devait avoir accès au numéro de téléphone de n'importe qui. Ce qui lui arracha un sourire ce fut le commentaire sur les tortues. Ainsi, il les avait bel et bien gardées. La blonde en était ravie et rassurée. Elle prit quelques instants pour répondre rapidement.

Citation :
Bonjour Monsieur Kerr,

Je suis heureuse d'avoir de vos nouvelles et encore plus d'avoir des nouvelles des petites tortues. Je serai là demain soir.

Bonne journée. Sybille Jones, MD.

La jeune femme laissa de côté les interrogations pour se concentrer sur son travail comme à son habitude. Cependant, durant ses heures de repos, elle devait bien admettre que la curiosité la titillait. Elle se demandait s'il allait bien lui dire la vérité ou s'il allait se contenter de noyer le poisson. En même temps, s'il ne voulait rien dire, il aurait mieux fait de faire le mort. Ce serait bien plus simple et il l'avait tellement bien fait dans le passé.

Le jour J, Sybille laissa de côté sa curiosité et ses questions le temps de son travail. Mais quand sa garde prit fin, la curiosité revint la titiller. Elle passa sous la douche avant d'enfiler jeans, sweat et baskets. Ses cheveux toujours attachés en queue de cheval. Elle n'avait pas oublier le conseil de garder l'estomac vide, une chose pas trop compliquée à faire quand on courrait partout et qu'on oubliait les pauses.

Elle gagna rapidement le toit mais ne vit personne. Elle avança doucement. Le toit était vaste mais elle ne voyait pas le policer. Ce dernier lui aurait-il posé un lapin ? Ce serait idiot. C'est le bruit du métal qui la fit sursauter et se retourner. Elle observa, surprise, le flic bloquer l'unique sortie. Comment avait-il fait ? Mais elle n'eut pas vraiment le temps de réfléchir. Dorian avançait vers elle, charismatique et autoritaire. Il semblait aller bien. Rien ne laissait voir qu'il avait été mortellement blessé une dizaine de jours plus tôt. Instinctivement, elle fit deux pas en arrière. Elle ne comprenait pas tout ce qui se passait. Elle se ressaisit pourtant tout en l'écoutant. Elle n'allait pas mentir, l'idée qu'il puisse la précipiter dans le vide l'avait effleurée. Mais la logique était revenue très vite. S'il voulait l'éliminer et la précipiter du haut du toi, ce serait idiot. Cela laisserait des traces. Ça aurait été plus simple de juste l'ignorer. Vouloir l'éliminer, c'était se compliquer la vie pour pas grand chose. Elle hocha la tête avant d'extirper son portable de sa poche arrière.

« Très bien monsieur Kerr. Je suis ravie de voir que vous allez bien. J'espère qu'il en est de même pour les tortues. »

Elle était sincère. Elle était heureuse de le voir en forme même si elle ignorait à quoi était dû son prompt rétablissement. Peut-être allait-il le lui dire enfin.

« Vous savez, je n'aurai rien dit sur vous et sur votre... résurrection. Je ne pensais plus que vous me contacteriez. Mais je suis contente que vous ayez respecté votre promesse. Ce n'est pas si fréquent. »

Sybille n'avait aucune idée de ce qu'il comptait lui dire ou lui faire. Peut-être qu'elle faisait erreur et qu'il allait simplement l'éliminer. La logique entrait en conflit avec la crainte et la curiosité. Au fond l'être humain était juste un animal à peine plus évolué que les autres. Habituellement, il s'en remettait à la logique mais quand celle-ci se dissipait alors les peurs primales reprenaient le dessus. Il n'y avait plus qu'à attendre pour savoir.
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Âge et date de naissance : Incarné à 36 ans, enveloppe née en 1983.
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Cible touchée par Cupidon : Cœur inconsolable, à jamais épris d’une déesse éteinte.

Panthéon d'origine : Nordique
Divinité incarnée : Týr (ciel, ordre, justice, serment, guerre juste, victoire, stratégie).
Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Dim 19 Juil 2020 - 17:17
Retrouvailles sibyllines

Dorian s’empara du téléphone avec un « Merci » laconique. Sa main glissa à l’intérieur de sa veste ouverte, au tissu fin et léger comme de l’organdi, afin d’en extraire un outil d’électricien. Avec dextérité, ses doigts manipulèrent l’instrument d’expert et désossèrent le téléphone. En moins de trente secondes, la batterie fut retirée et mise à part. Le passé d’ingénieur de Dorian Kerr, qui ambitionnait de rejoindre le programme spatial de la NASA, bénéficiait grandement à Týr dans le monde électronique du XXIe siècle.

— Vous le récupèrerez lorsque nous aurons terminé, assura-t-il en rangeant le matériel à l’intérieur de deux poches distinctes.

Jones se réjouissait de son prompt rétablissement, tout comme elle se souciait de la condition des tortues. Les médecins… toujours à se préoccuper de la santé des autres. Ne présageait-elle pas que sa conception même de la vie s’apprêtait à basculer de manière irréversible ? Auquel cas, Sybille portait bien mal son prénom.
Dorian riva sur l’humaine son regard calme, ancien et infrangible comme la roche des montagnes. Derrière ses larges épaules, les dernières lueurs du jour mourraient sur la ligne d’horizon, nimbant le dieu nordique d’un halo de lumière pâle. Le visage de Jones montrait de subtils signes de perplexité que Týr avait décelés des centaines de fois. Cette femme rodée au stress des urgences présentait une rare combinaison de réserve et d’audace, un esprit calme et réfléchi.

— Je sais que vous avez gardé le silence, énonça-t-il comme une évidence. Si vous n’aviez pas respecté votre promesse, docteure Jones, notre rencontre aurait été peu amicale.

Et si j’avais tourné le dos à la mienne, le Dorian que vous connaissez serait mort. Sans résurrection possible. Les lèvres du robuste agent du FBI dessinèrent un petit sourire sans joie. Le genre de sourire qui ressemble à un panneau d’avertissement encadré d’une épaisse ligne rouge : Vous marchez à présent dans un champ de mines. Éloignez-vous de l’itinéraire balisé à vos risques et périls.
Jones méritait plus de chaleur de sa part. Dorian en était conscient. La docteure avait fait preuve d’une grande bienveillance et de patience à son égard. Mais le chagrin prenait le dessus sur son aménité. Depuis la disparition d’Athéna, il régressait à l’état de glacier baratté par un blizzard de tristesse. La lumière solaire de son seul amour n’était plus là pour adoucir l’austérité de son caractère. Dorian ferma les paupières, visualisa le noble visage que jamais il ne reverrait. Ses traits se détendirent – un peu – puis il rouvrit les yeux.

— Il y a une chose que vous devez savoir, plus importante que l’origine de ma résurrection : je respecte toujours mes promesses. Faites-en autant à mon égard, et je vous témoignerai le même respect. (Il attendit que l’écho solennel de sa voix imprègne l’esprit de Jones en profondeur, puis reprit d’un ton sans appel.) En revanche, trahissez-moi ou trahissez-vous, et c’est votre salut que vous jetterez en pâture aux turpitudes du destin.

Dorian recula de deux pas, puis se figea. Droit et imposant, il avait l’allure des statues en marbre à l’effigie d’anciennes divinités de la guerre, dont les traits nobles et durs inspiraient un respect intemporel. Dans le lointain, le soleil offrit ses derniers rayons et s’éclipsa. Un vent frais balaya le toit du bâtiment. Bien qu’immobile, les pieds de Dorian s’élevèrent du sol.

— J’ai l’apparence de l’homme en qui je me suis réincarné, mais je ne suis pas Dorian Kerr. Pas plus que je n’appartiens à l’espèce humaine, docteure Jones.

Le dieu trônait à présent à deux mètres au-dessus du toit, forçant la mortelle à dresser la tête. S’attendant à ce que la scientifique suspecte un trucage, il se mit à léviter avec grâce et fluidité autour d’elle.

— Mon nom est scandé avec vénération depuis un âge immémorial. À travers les âges, des milliers de bras se sont levés avec déférence vers le ciel en le murmurant. Des généraux ont invoqué la puissance de ma bénédiction, des chefs ont quémandé ma guidance. J’ai contribué à poser les fondations de la civilisation nordique, inspiré leurs lois, arbitré leurs premiers conseils tribaux. J’ai protégé des royaumes, affronté des despotes. Des empires ont fleuri, prospéré et péri durant mes nombreux voyages. J’ai contemplé des merveilles que votre imagination est incapable de concevoir, chevauché des créatures de légendes, vibré au son de mélodies étrangères à l’ouïe humaine, humé des flagrances inconnues des plus grands maîtres parfumeurs. J’ai arpenté des chemins sombres et sinueux, prêtant mon épée à la justice. On m’a loué comme chevalier saint, crucifié pour satanisme. Mille lames ont lacéré ma chair, plus nombreuses encore sont les munitions à avoir criblé mes corps. J’ai connu la douleur effroyable du feu, la cruauté du gibet et l’étreinte impitoyable du garrot. Mes narines ont inhalé assez de gaz moutarde, dans les tranchées de Verdun, pour mourir dix fois. J’ai arpenté des régions frappées par la famine et la maladie, sans jamais souffrir de ces tourments. Je vis depuis toujours car je suis un dieu, docteure Jones, et mon nom véritable est Týr.

Il atterrit devant l’humaine. Lui posa une main vigoureuse sur l’épaule, comme pour l’assurer qu’elle ne vivait pas un rêve.

— En d’autres termes : je ne meurs pas facilement. Les tortues chères à votre cœur me verront sans doute tel que j’apparais aujourd’hui, sans ride ou cicatrice supplémentaire, au moment de se recroqueviller sous leurs solides carapaces dans leur ultime soupir.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Mar 21 Juil 2020 - 23:01
Retrouvailles sibyllines

Sybille se demandait pourquoi l'agent du FBI voulait la voir sur le toit de l'hôpital, il y avait quand même des endroits un peu plus agréables que cet endroit. Mais l'homme ne semblait pas vouloir être vu, ni entendu vu qu'il réclamait le portable de la jeune femme. Un bref instant d'hésitation et elle le lui remit. Elle n'était pas venue ici pour rien et elle n'allait pas renoncer maintenant. Elle avait passé en revue toutes les raisons pour lesquelles il voudrait l'éliminer mais aucun ne tenait la route ou était logique ce qui la tranquillisa un peu. La blonde l'observait alors qu'il ôtait la batterie de son téléphone avant de le ranger dans sa poche. Elle ne dit rien quand au fait qu'il comptait le lui rendre. Au moins, ça attestait bien qu'elle devait finir cette rencontre en vie et potentiellement en un seul morceau.

La suite était vraiment étrange. L'homme semblait... c'était impossible de dire quoi. Quelque chose se dégageait de lui d'indescriptible. Il était charismatique. Mais il l'était déjà à New York, con et charismatique mais là, ça allait plus loin, au-delà et aucun mot ne venait à l'esprit de la jeune femme pour décrire de ce qui émanait de Dorian. Mais ses propos n'étaient pas spécialement amicaux et raisonnaient plus comme une menace. Ce n'était pas une première, aux urgences, face à des drogués en manque ou des blessés souffrant le martyr, les menaces comme les insultes étaient monnaie courante. Là, c'était un cran au dessus et Sybille n'appréciait pas franchement la chose. Elle se rembrunit mais resta silencieuse. Son sourire faisait peur mais plutôt que de baisser les yeux et trembler comme une feuille, la blonde maintenait son regard dans celui du flic. Elle était têtue et obstinée, courageuse aussi. S'il comptait la faire plier ou lui faire peur, il pouvait toujours courir.

Un bref instant, il ferma les yeux et sembla alors s'adoucir. C'était vraiment étrange comme changement d'humeur. Menaçant la minute d'avant, là il semblait plutôt bienveillant et compréhensif. C'était à n'y rien comprendre. Pourtant, les paroles, encore une fois, ne plaisaient pas à la jeune femme. Elle connaissait parfaitement la valeur d'une promesse. Ce n'était pas des paroles en l'air comme pour beaucoup de gens. Elle se sentait presque insultée de le voir lui donner la leçon ainsi.

« Je ne trahis JAMAIS mes promesses ou alors je n'en fait pas monsieur Kerr. Tout comme je ne renie jamais ma parole non plus. »

Encore une fois l'obstination prenait le pas sur toute peur qu'elle pourrait ou devrait ressentir. Trahie très jeune, elle avait été profondément marquée. Depuis ce jour, elle n'avait plus jamais fait de promesse sans pouvoir les tenir. C'est alors qu'elle avait constaté que pour la majorité des gens, ça ne comptait pas ou ce n'était pas grave. Pour elle, ça l'était.

Mais rien n'aurait pu préparer la jeune femme à ce qui allait suivre. Elle n'était pas préparée à entendre ce qu'il lui disait et encore moins à le voir s'élever et léviter dans les airs comme Superman. Elle recula de deux pas en levant les yeux pour suivre les mouvements de l'homme qui prétendait ne plus en être un. Il disait être un dieu, un dieu des temps anciens, de la mythologie. C'était complètement délirant et pourtant... pourtant...

L'esprit logique de la jeune fonctionnait à toute vitesse. Comme précédemment, elle passait en revue tout ce qui pouvait expliquer logiquement ce qui se passait devant ses yeux : tour de magie, hallucinations, manipulation mentale ou autre et ainsi de suite. Mais à chaque hypothèse proposée, son esprit la démontait en quelques secondes. A la fin, il ne restait plus que la vérité aussi déroutante et impossible soit-elle. Quand le possible n'était pas possible alors il fallait envisager l'impossible comme possible.

Elle sentit la main alors sur son épaule. Sybille avait perdu le fil à un moment, se concentrant sur ses propres réflexions et hypothèses. La main était chaude, forte et humaine à priori. L'homme, enfin le dieu, disait s'être incarné en Dorian. Il avait donc tous les traits d'un humain mais à l'intérieur, ce n'était pas totalement le cas. Elle le regardait étrangement, essayant de sonder son regard. Ce sont finalement les tortues qui la ramenèrent à une certaine réalité.

« Elles ont bien de la chance. Moi, je serais morte depuis un moment je pense et pleine de rides. »

Elle esquissa un léger sourire pas vraiment certaine de l'attitude à avoir. Elle acceptait étrangement cette réalité. Ayant fait l'analyse de tout ce qui était possible, l'impossible expliquait au final tout. Les résurrections, la guérison accélérée, le vol, le changement de caractère... Tout s'expliquait à la fois d'une manière simple et complètement incroyable. Mais sans autre option possible, oui Sybille acceptait cette réalité. Le dieu était bel et bien un dieu.

« Vous... vous avez dit vous être incarné en Dorian Kerr et qu'il n'existait plus. Vous voulez dire quoi ? Il est... mort ? Son esprit ? J'imagine que vous ne demandez pas la permission pour prendre le corps de quelqu'un. »

Même si le Dorian qu'elle avait connu était un con, ça n’empêchait pas qu'il avait le droit de vivre, ne serait-ce que pour pouvoir s'améliorer. Se dire qu'une entité puisse prendre le corps de n'importe qui et d'effacer sa mémoire ce qui correspondait à l'effacer, lui, c'était terrifiant. C'était au final ce point qui lui faisait le plus peur. Pas pour elle, mais pour d'autres.

« Vous changez de corps souvent ? »

Il disait que les tortues seraient mortes alors que lui n'aurait pas changé. Mais serait-il le même ? Serait-ce toujours le corps de Dorian ou celui d'un autre ? Au final, c'était pour le Dorian qu'elle avait connu qu'elle était triste. Elle espérait qu'il subsistait quelque chose de lui tout en n'y croyant pas vraiment. Elle n'avait certainement aucun droit, elle n'était personne face à un dieu mais même un dieu n'avait pas tous les droits, en tout cas pour elle. En tant que médecin, elle avait fait serment de tout mettre en œuvre pour sauver des vies. Cela ne se limitait pas aux humains. Elle le ferait pour n'importe quel être même pour un dieu qui visiblement n'en avait pas besoin.

« Et moi dans tout ça ? Vous comptez faire quoi de moi ? Si vous craignez que je puisse parler, ce n'est pas le cas. Je vous le promet et vous comme moi savons à quel point une promesse est importante à tenir. »

Sa voix s'était affirmée. Non, elle ne dirait rien de cette improbable découverte. Elle aurait dû rayonner de joie de connaître un tel secret. Les dieux existent et sont parmi nous ! Faites sonner les cloches ! Mais non. Elle regardait juste l'homme, le dieu, observait ses traits, cherchant à trouver les potentiels différences d'avec les souvenirs qu'elle avait gardé du Dorian de New York. A cet instant, elle s'en voulait de ne peut-être pas avoir fait suffisamment fait attention à lui. Elle sentit alors de l'eau couler sur sa joue et se rendit compte que ses yeux s'étaient embués et qu'elle pleurait. Elle pleurait pour un homme qu'elle avait à peine connu et qui avait disparu sans que personne ne s'en rende compte et elle trouvait ça atroce et triste. Elle leva la main et s'essuya les yeux.

« Excusez-moi. »

Elle dépassa le dieu pour aller s'asseoir sur une proéminence du toit, près de la porte scellée. Elle ne cherchait pas à partir, plus à savoir ce qu'il en était.

« Et votre rôle c'est quoi ? Vous battre contre des méchants et éviter la destruction du monde ? »

Aussi stéréotypée que pouvait être cette question, Sybille espérait une réponse positive. Elle espérait que ce dieu n'avait pas pris le corps d'un humain juste pour simplement exister mais qu'il avait une cause réelle et majeure à défendre et qui justifiait un tel sacrifice. Elle releva vers la tête vers Tyr, se demandant quelle vérité il allait lui dévoiler et si elle allait l'apprécier ou non.
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Cible touchée par Cupidon : Cœur inconsolable, à jamais épris d’une déesse éteinte.

Panthéon d'origine : Nordique
Divinité incarnée : Týr (ciel, ordre, justice, serment, guerre juste, victoire, stratégie).
Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Jeu 23 Juil 2020 - 22:57
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Au fil des siècles, les révélations de Týr sur sa nature avaient fait l’objet de réactions les plus diverses. Parfois extrêmes. Durant son âge d’or, la plupart des mortels se mettaient à genoux et priaient – suppliaient. Certains tombaient plus bas : ventre à terre, mains enroulées autour de la cheville divine comme au salut de leur âme, ils baisaient les pieds en gargouillant des propos ineptes.
Týr avait toujours reçu avec mépris ces comportements indignes, avilissants.
Il préférait encore les fous qui sautaient de hauts remparts en hurlant. Ou qui puisaient en eux assez de courage pour se trancher la gorge, car leur conception du monde venait de s’effondrer. Týr comprenait le choc psychologique, abrupt comme une deuxième venue au monde. Il comprenait que des humains mentalement fragiles échouaient à faire face. Qu’une partie d’entre eux sombraient dans la folie tel un frêle esquif avalé par la tempête.
C’est pourquoi Týr avait pour habitude de prendre son temps. De connaître suffisamment la personne. Évaluer sa fiabilité, sa loyauté et la robustesse de son esprit. Parmi ses croyants les plus émérites, plusieurs avaient d’abord tenté de l’occire en une estocade mortelle afin de mettre son immortalité à l’épreuve. C’était ce genre d’individu avec la tête sur les épaules et de la vaillance aux tripes que ciblait le dieu nordique.

Si Jones ne possédait pas les qualités requises et perdait les pédales, Týr prévoyait de la jeter du toit – de plus haut que le toit, afin d’assurer son trépas. Son corps fragile s’écraserait sur le béton. Elle mourrait certainement sur le coup, le crâne explosé comme un fruit mûr. Personne ne l’avait vu rejoindre le bâtiment depuis les airs. Il détenait le téléphone de Jones, qu’il jetterait dans la cheminée d’un incinérateur. Par mesure de précaution, un de ses contacts effacerait leurs SMS échangés dans les archives de l’opérateur. L’enquête conclurait à un suicide. Médecin urgentiste, surmenage inhérent à la profession, vie solitaire et sans soutien, nouvel environnement auquel s’adapter : un cocktail mortifère pour nombre d’Américains en ce début de XXIe siècle.

Týr n’avait guère le temps d’endosser le rôle du parrain bienveillant. Ni l’envie de prendre par la main un esprit instable, égaré, avec l’infime espoir de le remettre sur le droit chemin. La seule main qu’il désirait saisir à nouveau était celle d’Athéna.

Qu’elle en eût conscience ou pas, Sybille jouait sa vie.

Sa réaction première fut d’envier les tortues. Le dieu haussa un sourcil circonspect.
Ensuite, ses yeux commencèrent à rougir et Týr décela les prémices de larmes. Des larmes destinées à Dorian Kerr – l’humain abject pour qui le FBI était un tremplin vers sa propre gloire. Le Nordique imputa la sensiblerie de Jones au choc de la révélation. À son désir profondément ancré d’éloigner quiconque de la mort. Car malgré les compétences incontestables de Jones, de nombreuses victimes au stade critique expiraient dans la douleur sur sa table d’opération des urgences.

— Dorian Kerr a reçu un tir létal, comme vous le soupçonniez. Sans mon intervention, son corps reposerait aujourd’hui en état de putréfaction avancée dans un quelconque cimetière de New York. Mon essence a chassé la sienne – par la force – quelques secondes avant que son temps soit écoulé.

La voix de Týr trancha comme un couperet. Il assumait pleinement son acte, tout comme il assumait les myriades de vies que son bras avait fauchées par l’épée ou par le feu.

— Toutefois je n’ai pas seulement hérité de son corps. Je répète certains gestes réflexes, renouvelle des réactions inconscientes. Il me reste de lui quelques-uns de ses goûts et de ses aversions. Mais le plus important se trouve ici. (Dorian se tapota la tempe de l’index.) Sa mémoire. Le fil de sa courte existence s’est entrelacé au maillage de mes vies successives. Je me rappelle tout. Notamment vos accrochages. Les pensées et émotions peu reluisantes que Dorian Kerr tenait à votre égard.

Par pudeur, Týr se garda d’en dire plus. Dorian Kerr était un homme sexuellement actif et Sybille Jones une belle femme. Il dressa la tête vers le ciel obscur où scintilleraient bientôt une nuée d’étoiles.

— J’ai vu tomber des cohortes de braves, plus que vous n’en verrez jamais défiler dans un hôpital. J’ai assisté au départ d’âmes innocentes en nombre suffisant pour remplir la voûte céleste. Ce goujat a de la chance que son nom serve aujourd’hui un dessein honorable. Mais je comprends… que vous ne soyez pas en mesure d’envisager les choses à ma manière.

Comment un animal domestique pouvait-il comprendre la vie d’un être humain ? Il existait un fossé analogue entre les mortels et les dieux. Malgré leur apparence commune, les mots qu’ils échangeaient dans une langue apparentée, leurs espèces appartenaient à deux branches distinctes de la création. Liées, indubitablement liées, mais dissemblables.
Néanmoins la question de Jones faisait sens : si les dieux changeaient d’enveloppe comme de chemise, leur espèce se rapprocherait davantage des parasites.

— Non, les dieux ne changent pas souvent de corps. Avant Dorian Kerr, j’ai passé mille ans dans l’enveloppe d’un seigneur nordique. C’est lui qui m’avait prié de prendre sa place. J’ai accepté son sacrifice, car il était mon ami et las de l’existence. En outre, mon apparence antérieure était trop… reconnaissable.

Dorian se frotta le poignet droit. Les souvenirs de son lointain passé restaient vifs au point de ressentir la douleur de sa main perdue, dévorée par Fenrir. Il hésita à en dire plus, puis choisit de se taire. Pour l’heure, Jones n’avait pas besoin de connaître les détails – en particulier les faiblesses des dieux. Elle rompit le silence en s’enquérant de son propre sort.

— Hormis le secret que vous ne devez ébruiter sous aucun prétexte, vous êtes libre. Libre de réfléchir aux implications de ce que vous venez d’entendre. Libre d’ouvrir les yeux et les oreilles – sachez que je ne suis pas le premier dieu que vous croisez à Philadelphie. La plupart d’entre nous cultivent l’art de la discrétion depuis des siècles, mais certains sont plus… grandiloquents. D’autres représentent un danger, ou exercent leur pouvoir avec frivolité. Fiez-vous à votre lucidité et à votre instinct. Vous savez déjà comment me joindre, en cas de besoin.

Dorian tapota l’avant de sa veste, à l’endroit où le téléphone de Jones était rangé. Les larmes de l’humaine le laissaient de marbre. Týr n’avait jamais fait preuve d’une grande empathie. Il ne s’était jamais senti proche de qui que ce soit, même des autres divinités nordiques.
Jusqu’à Athéna, dont le sourire énigmatique cristallisait toute sa douleur.
On attendait de Týr qu’il reste fort et juste en toutes circonstances ; un dieu de l’ordre et des luttes légitimes ne pleurait pas : il agissait.
Comme mue par une intuition, ce fut sur la portée de cette action que le questionna Jones. Éviter la destruction du monde. Les mots, criants de candeur, eurent l’effet d’un coup de poignard en plein cœur.
Sanctum. Athéna.
Dorian se figea dans une posture exagérément droite. Sa mâchoire se serra ; les phalanges de ses doigts commencèrent à blanchir sous la pression écrasante de ses poings. Il marcha telle une statue de pierre jusqu’à Jones. Lui remit un mouchoir en tissu soigneusement plié, parfumé à l’olivier. Puis il répondit d’une voix rocailleuse.

— Docteure Jones. Les concepts du bien et du mal, les notions de justice et d’injustice varient considérablement selon les cultures et les époques. Il a fallu des siècles de malheurs avant qu’une part significative de l’humanité s’accorde sur une poignée de principes fondamentaux, consignés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Droits qui sont quotidiennement bafoués, y compris par les signataires. Les humains et divins que je combats ne sont pas toujours méchants, mais leurs actes nuisent à l’ordre juste et digne que je m’efforce de mettre en place. Il suffit d’ouvrir les yeux pour constater que le chemin à parcourir est encore long.

Dorian désigna les vastes quartiers urbains. Chaque jour, crimes et délits gangrénaient leurs immeubles et boulevards. Jones en voyait seulement la partie visible sur sa table d’opération. Philadelphie figurait parmi les villes les plus criminogènes du pays, et les dieux n’étaient pas étrangers à ces terribles statistiques.

— On peut cependant voir une forme de progrès depuis le saccage de Troie et la bombe de Nagasaki.

Les villes humaines renaissaient de leurs cendres. La population humaine continuait à croître, à se multiplier malgré les conflits et les maladies. Cruelle ironie chez les immortels : pour Sanctum et les dieux, il n’y avait guère de succession. La fin était la fin. La mort, sans héritage. Un goût amer déferla au fond de sa bouche.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Mar 28 Juil 2020 - 16:50
Retrouvailles sibyllines

Sybille oscillait entre la difficulté à encaisser la nouvelle de l'existence des déités dans le monde contemporain et le fait que cela lui paraisse étonnamment logique. C'était en tout cas logique dans le cas de Dorian Kerr. Enfin, Dorian n'était au final qu'un nom d'emprunt. Il disait s'appeler Týr et c'était certainement vrai. Les panthéons mythologiques n'étaient pas sa spécialité mais il faudrait peut-être que cela le devienne en plus de ses compétences médicales. Si l'acceptation était la seule porte logique qui s'ouvrait devant elle, elle ne pouvait pourtant pas s'empêcher de penser au policier qu'elle avait connu à New York. Il n'avait eu que des différents et des affrontements entre eux. C'était un grossier personnage et une tête de mule doublé d'un abruti mais c'était un être humain. Elle peinait à accepter qu'une entité puisse s'emparer d'un corps sans rien demander. Ça faisait penser à des espèces de possession démoniaque. Pourtant, cet homme, ce dieu, ne s'était pas montré inamical. Pas forcément le plus chaleureux qui soit mais il avait été courtois et poli. Il avait même respecté sa parole. Il avait pris les tortues et s'en était occupé. Il n'était pas certain que le Dorian de New York en aurait fait autant. Elle ne l'avait pas fait évoluer de Rambo à Rocky pour rien.

A son grand soulagement, le dieu lui expliqua sa façon de procéder. Il n'avait pas « volé » le corps de Dorian. Ce dernier était bel et bien mort ou en train de mourir quand le dieu avait décidé de lui emprunter son corps. Sybille releva son regard vers celui de l'homme. Il disait avoir chassé son essence. Le terme était un peu bizarre à entendre mais la jeune femme se dit que la notion d'essence était peut-être comparable à la notion d'âme, plus parlante pour elle. Dans tous les cas, Dorian était bel et bien mort mais le dieu n'avait pas voler son corps. Il l'avait pris alors que l'humain mourrait. Il conservait aussi sa mémoire, ses réflexes et d'autres petites choses. Donc c'était bien l'âme de Dorian qui avait quitté son corps. Le dieu se rappelait aussi de leurs accrochages.

« On ne peut pas dire qu'on s'entendait bien. J'imagine que Dorian Kerr devait profondément me détester. Ce qui était plutôt réciproque. »

La jeune femme se focalisait sur leur mésentente et leurs plus ou moins réguliers affrontements. L'idée que l'homme ait pu avoir eu des pensées intéressées pour Sybille ne l'effleuraient pas du tout. Ce n'était certainement pas plus mal comme ça. Týr évoquait son incapacité à comprendre son point de vue. C'était normal. Elle n'était qu'une humaine après tout.Tout ce qu'elle pouvait imaginer était certainement à des années lumières de ce que pouvait éprouver ou comprendre un dieu.

La question de son rôle dans l'histoire divine la préoccupait un peu plus. Sybille ne craignait pas forcément la mort. S'il voulait la tuer, ce serait fait depuis plusieurs minutes. Mais qu'est-ce qu'elle venait faire là dedans ? Qu'est-ce qu'elle allait faire à présent ? Apprendre que d'autres divinités étaient aussi à Philadelphie n'était pas rassurant, surtout en sachant que certaines n'étaient pas bienveillantes. Pour autant, elle avait vécu jusque là sans savoir et ça ne lui avait pas trop mal réussi. Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à son propre passé. Sa mère avait disparu du jour au lendemain après lui avoir promis de revenir et la police n'avait rien trouvé la concernant. Un dieu serait-il là dessous ? Non, elle ne devait pas tomber dans le piège de la facilité. Ce n'était pas parce que des dieux se trouvaient dans la ville qu'il fallait tout leur imputer.

« Merci Do... Týr. »

Elle attrapa le mouchoir et sécha ses larmes. L'odeur de l'olivier était étrange, inhabituel, mais agréable. Elle procurait un étrange sentiment de réconfort.

« Oui, je sais où vous joindre. »

Sybille espérait bien ne pas avoir besoin de le joindre. Elle s'était toujours débrouillée seule. Elle n'avait pas forcément envie de devoir demander le moindre coup de main à qui que ce soit, y compris à un dieu. Ce dernier avait bel et bien une mission. Il avait ses propres combats à mener et essayait de maintenir la justice sur ce monde ou au moins dans cette ville.

« Un progrès, peut-être. J'ai toujours voulu croire que l'humain était fondamentalement bon et que c'est le monde qui finissait par le corrompre. Une vision certainement naïve. On me la souvent reproché. Mais si je n'étais pas ainsi, je ne serais pas devenue médecin. Ça va faire bizarre de continuer à vivre en sachant tout ça. Comme je vous l'ai dit, je ne compte pas rompre mon serment. Je ne dirais rien sur vous ou ce que vous m'avez dit. Mais quand vous parliez de me servir de mes yeux et de mes oreilles, c'était pour quoi ? Vous voulez que j'espionne pour vous ou c'est juste pour me tenir sur mes gardes ? »

Sybille se releva et leva la tête vers les étoiles. La sensation était étrange. Elle avait vu ce ciel des centaines de fois pourtant c'était comme si c'était la première fois qu'elle le voyait vraiment. La doc tendit le mouchoir vers le dieu.

« Merci mais vous préférez sûrement que je le lave. Et je dois mettre un titre particulier quand je vous parle ? J'ai bien compris que pour tous, vous êtes Dorian Kerr. Mais j’imagine qu'en dehors du monde, vous préférez qu'on vous donne votre vrai nom. Ça ne doit pas être très agréable de se faire appeler par un autre nom que le sien. »


Elle en savait quelque chose. Tous les jours, on lui donnait du « docteur Jones, mademoiselle Jones, Sybille Jones... ». Mais cela lui rappelait à chaque fois combien ce nom n'était pas le sien, qu'on le lui avait pas donné faute d'autre chose. Et elle, elle n'était qu'une humaine alors pour un dieu, ça devait être bien pire.
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Dorian Kerr
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Dorian Kerr
Âge et date de naissance : Incarné à 36 ans, enveloppe née en 1983.
Métier/occupation : Agent du FBI ♆ Dieu justicier.
Cible touchée par Cupidon : Cœur inconsolable, à jamais épris d’une déesse éteinte.

Panthéon d'origine : Nordique
Divinité incarnée : Týr (ciel, ordre, justice, serment, guerre juste, victoire, stratégie).
Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Jeu 30 Juil 2020 - 21:11
Retrouvailles sibyllines

L’humain, un être fondamentalement bon ? De tout temps, des esprits simples ont porté cette certitude dans leur cœur. Moult poètes et philosophes usèrent leurs plumes en vers et aphorismes encensant la bonté intrinsèque de l’espèce humaine. Une part quasi égale de cyniques et savants prêchaient l’inverse : seule une société évoluée permettait de contenir la nature barbare et autodestructrice d’Homo Sapiens.
Týr n’avait jamais adhéré à l’une ou l’autre de ces visions.

— J’ai vu autant de lumière que d’obscurité chez l’être humain, dit-il d’une voix lointaine, semblable à l’écho d’une montagne ancestrale. La vilénie se tapit sous le soleil de régions paisibles, tout comme la grandeur d’âme se révèle dans l’horreur enténébrée de la guerre. Depuis le jour de leur venue au monde, chaque individu développe des affinités avec le jour et la nuit. L’humanité est une espèce ambivalente, docteur Jones, et les dieux ne sont guère différents.

Le dieu du ciel se tenait à quelques pas de l’humaine, pourtant un monde les séparait. Leur perception du monde différait comme les visions d’un aigle et d’un mulet. Toutefois, Jones démontrait une loyauté et une honnêteté irréprochable. Ces qualités créaient des liens précieux et solides comme le diamant.

— Les relations entre divins et humains sont plus complexes que vous ne l’imaginez, docteure Jones. Beaucoup plus complexes et profondes. C’est aussi pour cette raison que je vous mets en garde. Nous exerçons une certaine fascination sur les humains, et ce magnétisme n’est pas toujours employé à des fins vertueuses. Vous êtes une personne intelligente, avec la tête sur les épaules, néanmoins il est courant de trébucher par ignorance sur un sentier enchanteur.

Elle n’imaginait pas à quel point les dieux avaient besoin d’eux, les humains. Týr, en particulier, dont les pouvoirs déclinaient depuis la destruction de Sanctum. Le Nordique avait besoin qu’on croie en lui. Plus que ça, il avait un besoin urgent que de nouveaux croyants le vénèrent de toute leur âme. Mais refusait de manipuler les esprits pour arriver à ses fins.
Dorian saisit l’épaule de Jones à la manière des robustes guerriers d’autrefois. Il attendit qu’elle lève son regard vers le sien, qui la fixait avec une force sans égal parmi les hommes.

— Je vous propose un accord équitable, docteure Jones : ouvrez vos yeux et vos oreilles pour moi. Rapportez les événements inhabituels ou suspicions de faits crapuleux. En échange, je vous instruirai sur l’essentiel. Vous ne seriez pas la première citoyenne américaine à fournir des renseignements à un agent spécial du FBI…

Sourire léger, à peine perceptible. Dorian songea qu’Athéna aurait apprécié le petit (minuscule) trait d’humour. Avec le sourire mutin qui faisait toujours bondir son cœur, elle aurait certainement répliqué avec un « spécial car membre unique de la brigade volante ? » ou une autre formule dont elle avait le secret.
Elle lui manquait terriblement.

— En tant qu’urgentiste, vous vous trouvez à une position privilégiée pour voir et entendre ce qui sort de l’ordinaire. Des blessures anormales, d’autres rémissions miraculeuses. De supposés délires de mourants confrontés au surnaturel. En outre, vous êtes le genre de personne à qui on se confie volontiers… ou avec insistance de votre part.

Elle avait obtenu de Dorian qu’il se confie, ce qui représentait une grande prouesse. Il connaissait certes quelques personnes dans le milieu hospitalier, notamment Lugh, le dieu celte de la lumière, mais aucun informateur sur qui compter. Sybille Jones serait une collaboratrice utile.

Sa main libre se referma avec fermeté sur les doigts graciles de l’humaine, qui lui remettait le mouchoir humide. Cette pièce de tissu avait une grande importance à ses yeux. Athéna l’avait utilisée pour essuyer ses propres larmes, durant la froide journée d’hiver où ils s’étaient embrassés pour la première fois. Chaque seconde de cette journée de grâce habiterait la mémoire du Nordique pour toujours. Depuis la disparition d’Irene, il gardait ce mouchoir sur lui en permanence. L’étoffe portait son parfum d’olivier ; Dorian le tirait régulièrement de sa poche pour retrouver l’odeur de l’être aimé.

— Gardez ce mouchoir précieusement, Sybille. Les objets ont une histoire, certains possèdent une forme d’âme. L’âme de ce tissu vous correspond mieux qu’à moi. Vous lui avez apporté des larmes que je ne serai jamais en mesure de faire couler.

Le ton de Dorian avait changé, comme si la distance entre eux venait de se réduire de plusieurs années-lumière.
Ses mains d’ingénieur réassemblèrent le téléphone avec la même habileté stupéfiante qu’au démontage. Il lui remit son appareil encore éteint.

— Appelez-moi Dorian. J’aurais pu me réincarner en un John Doe, mais c’est Dorian Kerr que j’ai choisi. J’assume cette nouvelle identité, avec tout ce qu’elle comporte d’avantages et d’inconvénients. Le véritable nom d’une divinité ne se prononce pas à la légère. Vous apprendrez toutes ces subtilités, qui diffèrent selon les panthéons de la même manière que les humains suivent diverses pratiques culturelles.

D’un bond lévitant, le dieu se catapulta devant la porte du toit. Avec une force surhumaine, il déplia la barre de fer qui en bloquait l’ouverture.

— Une dernière chose, Sybille : j’ai épluché votre dossier. Il ne dit pas quelle personne vous êtes, mais je connais votre histoire et tiens à ce que vous soyez au courant. Si vous vous posez la question : les mythes consignés dans les encyclopédies humaines sont en partie authentiques. Seulement en partie. Je vous conseille les travaux du professeur Nagib Mehani, ses écrits sont les plus véridiques. Il travaille également comme correcteur bénévole sur Wikipédia, en plus de donner des cours à l’université de Philadelphie.

Dorian avait une totale confiance en son ami Thot, l’éminent scribe des dieux. Sybille allait-elle suivre la piste que lui indiquait le Nordique, ou se documenter par ses propres moyens ?
Il tira d’un coup sec la poignée de la porte, libérée de sa barrière métallique.

— Au revoir, puissent les étoiles éclairer votre chemin.

L’instant d’après, le dieu du ciel flottait à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du Temple University Hospital. Son cœur était plus léger qu’à son arrivée : le potentiel de Sybille dépassait ses prévisions. Sans un regard en contrebas, il bifurqua vers le sud de la ville où l’appelait sa prochaine mission.

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 Re: Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)  Lun 10 Aoû 2020 - 11:54
Retrouvailles sibyllines

Sybille oscillait entre deux sentiments antagonistes. Elle avait l'impression de s'être faite écrasée par une météorite de deux tonnes en apprenant une réalité invraisemblable tout comme elle se sentait étrangement bien, presque heureuse de cette révélation. L’adrénaline et le stress ne devaient pas y être pour rien d'un point de vue purement physiologique. Évidemment, la blonde ramenait, comme très souvent, ses sentiments et sensations à des raisons médicales et physiologiques. Elle avait été attristée d'apprendre que l'humain qu'était Dorian avait été remplacé par l'être divin. Le réconfort venait cependant du fait que l'humain était mourant et sans l'intervention divine, le corps aurait simplement fini six pieds sous terre. Même si c'était un être pas franchement agréable, ce n'était pas non plus un monstre mais la doc avait tendance à voir le bon plutôt que le mauvais chez les autres. Le dieu ne semblait pas totalement d'accord considérant qu'il y avait autant d'ombre que de lumière chez chacun, que ce soit les humains ou les dieux.

« On oscille entre des nuances de gris mais je préfère voir le gris clair que le gris foncé. »


Ce n'était pas en pointant du doigt les mauvais aspects d'une personne qu'on le poussera à aller dans le bon sens. Il valait mieux lui montrer la voie à suivre et l'encourager à chaque petit pas fait en ce sens. Mais elle avait certainement une vision trop naïve. On le lui avait déjà reproché. Ce ne serait certainement pas la dernière fois mais la jeune femme tenait à sa vision des choses. A tort ou à raison, elle voulait continuer à croire en l'être humain.

Le dieu la mettait également en garde contre ses semblables. Tous les dieux ne semblaient pas aussi bienveillant que Týr. D'autres risquaient de lui poser des problèmes ou aux humains de manière générale. Ouvrir ses yeux et ses oreilles, Sybille était habituée à le faire mais pas vraiment dans ce contexte. Les mythologies n'avaient pas vraiment fait parti de son cursus mais elle allait devoir rapidement rattraper son ignorance pour éviter de faire des faux pas.

Elle sursauta légèrement en sentant la main se poser sur son épaule. Forte et puissante mais pas brutale ou violente, quelque part elle était rassurante. Sybille releva la tête et plongea son regard dans celui du divin. Il avait parlé d'une forme d'attraction ou fascination des humains envers les dieux, elle pouvait presque la sentir en cet instant. Elle n'aurait pu détacher son regard de celui de l'homme même si sa vie en dépendait. Ses lèvres formulèrent une étrange proposition, un échange de bons procédés en quelque sorte. Jouer les espionnes n'était pas vraiment dans ses habitudes mais là, c'était un peu différent.

« Je ne suis pas une grande fan de la police sans vouloir vous vexer mais c'est d'accord, je ferais attention et je vous informerai si je vois ou j'entends quelque chose d'anormal. »

Elle sourit franchement alors qu'il n'émettait qu'un léger sourire mais depuis le début de leur échange, c'était quasiment la première fois où il souriait. La blonde avait bien compris que ce n'était pas le genre de l'homme ou plutôt du dieu. Ça ne la dérangeait pas. Elle préférait quelqu'un de franc mais peut-être un peu froid que quelqu'un de trop enjoué et de fourbe. Quand à son désamour de la police, c'était plutôt lié à son passé ainsi qu'aux manières brutales et violentes de certains policiers contre certains prévenus. Mais il fallait aller de l'avant et vu ce qu'elle venait d'apprendre, il valait mieux aider le dieu que de rester dans l'ignorance. Elle rougit quand il évoqua son insistance à son égard.

« C'est pas dans mes habitudes de faire pression comme ça sur les gens. Vous êtes un cas à part. »

Alors qu'elle voulait lui rendre le mouchoir, Týr le refusa. Ses propos prirent alors une tournure étrange. Ce simple morceau d'étoffe semblait avoir une grande importance à ses yeux. La jeune femme ne comprenait pas vraiment pourquoi il ne voulait pas la reprendre s'il comptait tant que cela à ses yeux. Le dieu semblait triste. D'un geste étrangement spontané, la jeune femme vint l'entourer de ses bras. Elle ne savait pas vraiment si le dieu apprécierait mais c'était à son image. Elle n'aimait pas voir les gens malheureux. Elle avait cette étrange capacité à ressentir la souffrance d'autrui, une empathie très développée, trop peut-être pour un médecin qui ne pouvait sauver tous ses patients. Elle ne garda pas le dieu très longtemps dans ses bras, juste une façon de lui dire qu'elle était là. Elle se détacha sans un mot et rangea précieusement l'étoffe dans sa poche.

« J'en prendrai grand soin. »


Un quasi serment pour un simple mouchoir mais elle était bien certaine que ce n'était justement pas un simple mouchoir aux yeux du dieu.

« Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas pleurer, qu'on ne peut pas avoir de la peine. Les larmes sont justes un moyen de soulager cette peine et je suis navrée que vous ne puissiez le faire. Cela pourrait vous aider. »

Malheureusement, il ne le pourrait pas et s'était triste. Certains patients pouvaient avoir ce type de pathologie et c'était un vrai cauchemar. Par chance, c'était extrêmement rare. L'homme reprit le téléphone confié en début d'entretien et le remonta avec une facilité déconcertante. Il lui indiqua alors le nom à utiliser. Pas de chichi. Dorian c'était, Dorian cela resterait. Il s'éloigna pour rouvrir la porte qu'il avait consciencieusement scellée. Sa force et sa façon de se mouvoir, bondir, voler ou léviter, étaient impressionnants et déroutants. Sybille allait certainement devoir s'y faire. Elle prit notes des informations qu'il lui donnait concernant les mythes et les différents moyens d'en apprendre davantage. Nagib Mehani semblait être la personne à suivre pour en apprendre plus. La blonde se renseignerait certainement auprès de lui d'une façon ou d'une autre mais universitaire, elle irait faire des recherches un peu partout. Quand on multipliait les sources, on avait plus de chances de parvenir à une certaine vérité. Les points communs entre les différentes sources donnaient en général une bonne image de la réalité. Elle rangea son portable avant de reprendre la voie de la sortie.

« Au revoir Dorian. Que les étoiles éclairent aussi le vôtre. »

Elle le gratifia d'un dernier sourire amical alors qu'il s'envolait en mode Superman. Elle secoua légèrement la tête avant de reprendre les escaliers. Elle aurait bien du mal à trouver le sommeil ce soir mais pour rien au monde, elle n'aurait voulu rater ce qui venait de se passer. Forte d'un nouveau savoir, il remettait en cause une bonne partie de tout ce qu'elle savait du monde. C'était comme lorsque les hommes passaient d'une vérité à une autre comme quand les humains se rendirent compte que la Terre était ronde et non plate comme tous le croyaient depuis des siècles. La découverte du millénaire en somme.
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 Retrouvailles sibyllines (Dorian & Sybille)

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