Némésis n'a pour ainsi dire pas d'amis et, de surcroît, pas le temps pour ces choses-là. Il y a l’Équilibre de l'univers à maintenir, la Justice à rendre, Némésis & Associés à faire tourner, et les olympiens à babysitter constamment... Entre le Marie-couche-toi-là et la pute des flics, la gloire des grecs en a pris un grand coup. Surtout, elle préfère ne pas penser à tout ce qui a attrait au personnel, car il s'agit là du néant le plus placide et le plus glacé qu'il eut été donné de voir.
Mais elle a des repères. Des gens autour desquels elle gravite à un moment donné, et dont elle ne quitte plus tellement l'orbite. Elle disparaît, oui, toujours. Mais elle réapparaît, aussi. De temps en temps, de temps à autres, plutôt rarement que souvent, plutôt fugacement que longtemps. On s'habitue. Surtout lorsqu'on est immortel, et qu'on a, somme toute, une notion de l'âge très différente de celles des humains. Parmi ces repères, il y a Oghma. Elle le voit encore moins souvent que les autres, parce qu'il ne passe plus tellement au Sanctum et qu'elle y passe le plus clair de son temps libre.
Aujourd'hui, Némésis n'est même pas vraiment là pour prendre des nouvelles. Ou alors a-t-elle finalement trouvé un prétexte pour venir le voir. Peut-être qu'elle se sent un peu seule, il est vrai. Peut-être aussi a-t-elle réellement du travail. En tous les cas, elle amène bien une serviette remplis de dossiers. Des preuves à étayer, des éléments à corroborer. Une sordide affaire de reproductions, de faux, et de marché noir. Un petit musée, dont les ouvrages auraient été remplacés, puis retrouvés en vente dans le grand et fabuleux monde du dark net. Tout ce qu'on aime, chez les New Gods of America.
Ses talons claquent contre le sol marbré alors qu'elle passe l'encadrement de l'entrée. Une ristourne, et une anecdote cocasse sur comment Abel a un jour trébuché sur une peau de banane plus tard, et la bibliothécaire la conduit au bureau du directeur. Les peaux de bananes... les peaux de bananes détruisent la réputation d'un homme ! La bibliothécaire cache un rire étouffé quand les portes s'ouvrent sur Abel O'Connell, puis tourne les talons pour retourner à son poste. Némésis retire enfin ses lunettes de soleil, et affiche un grand sourire narquois.
« Elles sont toutes folles de l'histoire de la peau de banane. Adresse-t-elle accompagné d'un clin d’œil. »
Oh, Némésis a déjà fait la blague. Elle refait la même depuis peut-être cinq cents ans. C'est d'ailleurs le seul trait d'humour qu'elle ait...
« Alors, on ne dit pas bonjour, Og ? »
Elle n'attend pas de réponse pour refermer les portes derrière elle (il eut pu être occupé que ça ne la concernerait pas vraiment) et commencer à zieuter les tranches de la collection privée du Directeur. Son œil est distrait, à glaner le blond des mèches (il en a des plus belles qu'elle...) et les réactions de son grand ami. Ce n'est jamais bizarre, entre eux. Mais ils ont toujours au moins cinquante bonnes années de retard à rattraper, quoi qu'elle l'ait vu, il lui semble, à l'aube des années 2000.
« Qu'est-ce que tu deviens ? On ne te voit pas beaucoup à Sanctum, ces derniers temps. Se retourne-t-elle définitivement vers lui. »
♆Re: old piece of shit. (Abel) Ven 9 Aoû 2019 - 5:47
« Old piece of shit »
Némésis & Ogmios
Le plus grand des plaisirs d'Ogmios fut, en tout temps, la découverte de nouvelles histoires, sous quelque forme qu'elle puisse être. Que cela puisse être un roman, une tranche de vie, un mythe, du folklore local, un film, une série ou encore un carnet de route. Voilà bien des choses qui passionnaient le dieu celte depuis, au moins, une éternité. Sans doutes est-ce là la raison principale qui le poussa à arpenter le monde, durant des siècles, espérant découvrir d’innombrables récits en tout genre auprès de celles et ceux que, d'aucuns, qualifiaient d'inférieur. Pourtant, de son point de vue, nombre de dieux avaient beaucoup à apprendre de ces humains. Cette énergie débordante qu'ils démontraient pour vivre et survivre. L'imagination, l'ingéniosité, même, qu'ils déployaient pour expliquer ce qui les entourait, se refusant bien souvent à voir la vérité en face. Vérité qui, pourtant, semblait bien plus plausible que toutes ces fabulations. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il ne s'agissait pas d'un mal disparu, oh non. Les idiots en tout genre existaient encore et, il semblerait que la nation où l'irlandais avait élu domicile en recelait un grand nombre. Il était fort probable, d'ailleurs, que c'était en ce pays que l'on y trouvait la plus grande concentration. Il n'y avait qu'à voir ces platistes, convaincus que le fait, avéré, que leur planète était sensiblement une sphère, n'était pas vrai. Une quelconque théorie du complot visant à leur cacher la vérité qu'eux seuls détenaient, notre monde est un disque. Pourquoi ? Comment ? Aucune idée. Les lois de la physique bafouées, la logique et la réflexion n'en menaient pas large. Quel intérêt y avait-il à cela ? Ogmios avait beau y réfléchir, espérant comprendre leur raisonnement mais, cela lui était hors d'accès. D'aucuns disaient que les moins futés vivaient plus heureux, grand bien leur fasse. Cependant, discuter avec ces gens et ce, même pour entendre leurs histoires, avait le don de l'exaspérer au plus haut point, lui faisant découvrir le mal de tête.
C'est donc tout naturellement que, après avoir arpenté le monde durant une éternité, notre ami pensa à se poser et à se reposer, préférant ne jamais être bien loin d'une bonne histoire. De nombreuses pistes s’offrirent à son esprit mais, la plus évidente, mais aussi la plus simple, le fit chavirer. La ville de Philadelphie disposait d'une immense bibliothèque et, avec un peu de chance, quelques uns de ces livres lui seraient inconnu. Chose qui, miraculeusement arriva. L'humanité était entré dans une ère merveilleuse où nombreux étaient celles et ceux pouvant s'exprimer grâce à ce média et, le celte en était particulièrement heureux. Pouvait-on imaginer meilleur endroit de vie pour quelqu'un comme lui ? Pouvait-on espérer meilleur conseiller qu'un de ceux que l'on reconnaissait sans mal comme ayant offert le don de l'écriture à l'humanité ? Probablement pas. Ses innombrables voyages lui avaient offert un grand savoir, mais aussi une certaine sagesse dans ses propos et ses conseils. Ces dons s'étant amenuisés avec le temps, ces conseils n'effleuraient pas le miracle mais, rares, très rares furent ceux à ne pas être satisfait par les recommandations de ce directeur qui semblait si jeune.
Oui, le dieu lieur était des plus heureux dans sa nouvelle fonction. Pouvant restaurer de bien anciens manuscrits, étudier des récits anciens et nouveaux, pouvoir apprendre de ces gens venant garnir les allées de son établissement, tout en transmettant son savoir. Comme si cela ne suffisait pas, notre homme était bien entouré. Nombre des bibliothécaires travaillant en ce lieu étaient plus que charmantes, tout en étant remarquablement vive d'esprit. Nombreux étaient les panthéons à évoquer un paradis, un lieu de vie idéale, une fois la vie arrivée à son terme. Pour lui, il ne faisait aucun doutes que la chose serait en tout point similaire à sa vie actuelle.
Étant des plus assidus dans son travail et, passant le plus clair de son temps là-bas, celles et ceux voulant le trouver éprouvaient une certaine facilité à le faire, lui offrant bien des occasions de retrouvailles. Après tout, lui qui avait voyagé durant une bonne partie de son interminable existence, les accointances furent particulièrement nombreuses et, parmi celles-ci demeuraient des êtres qui lui étaient semblables, immortels et divins. C'est ce qui se passa ce jour-là avec une de ses plus plus proches amies, contre toute attente. Lui était paisiblement installé dans son bureau, feuilletant un ouvrage ancien qu'ils venaient de recevoir d'Irlande, contant bien des légendes de l'âge de bronze, laissant filtrer un doux sourire de fierté lors que son nom, ou celui de son frère était mentionné. Absorbé par sa lecture, les bruits de pas arrivant dans sa direction furent insuffisant pour le faire revenir à la réalité, tout comme ce rire. Ce ne fut que lorsque la porte s'ouvrit que le blondinet leva la tête, les sourcils froncés, dans un premier temps, avant qu'un sourire franc et joyeux ne viennent le transfigurer. Par la splendeur du spectacle, déjà, car, l'enveloppe de chair pour laquelle son amie avait eu la délicatesse d'opter avait de quoi subjuguer n'importe lequel des hommes, mais aussi le plaisir de la revoir elle. Coralee, Laskarina ou je ne sais quel nom encore. Nemesis, de sa réelle appellation. Oui, la Némesis. Celle qui peuplait bien des récits et dont rien, absolument rien ne prédestinât à une quelconque entente cordiale. Et pourtant, malgré les siècles, les guerres et les ères, tout deux étaient restés de bien proches amis. Il leur arrivait de ne pas se voir durant plus d'un siècle mais, la conception de temps pour de tels êtres était bien particulier et, pouvait parfois sembler n'être qu'un simple battement de cil.
À peine entrée dans ses appartements, la divine blonde se laissa aller à une petite plaisanterie sur une histoire de peau de banane qu'elle se plaisait à raconter à son sujet, avant de fermer la porte. La chose lui fit tirer un petit sourire. « Ne les incite pas à croire de telles absurdités, je t'en prie. D'autant plus que, si ma mémoire ne me joue pas des tours, il s'agissait de la peau, ainsi que du sang, d'une créature de … Dont je ne me souviens pas le nom. Je tiens à rajouter que j'étais ivre mort ce jour-là, grâce aux merveilles de ton confrère. » Dyonisos. Même si ce dernier pouvait se montrer lourd, de temps à autres, de par son manque de sérieux et ses pulsions festives mais, il fallait lui reconnaître un don pour le vin, tout comme cette capacité qu'il avait de pouvoir enivrer ces confrères. Le souvenir tira un léger rire au bibliothécaire qui rangea précieusement son ouvrage dans un tiroir, avant d'en tirer une cigarette et l'allumer. Une des tares héritées de l'humain dont il prit les traits. Probablement que ce dernier avait une dépendance bien trop importance à la nicotine et peut-être que son essence divine s'était bien trop amenuisés mais, cette obsession déteint sur lui. Les yeux curieux de la grecque se perdirent nonchalamment sur les étagères de son interlocuteur avant que son attention ne vienne se reporter sur lui pour prendre des nouvelles, soulignant doucement son absence de plus en plus remarquée à Sanctum. Plantant sa clope entre ses lèvres, Abel ouvrit grand ses bras pour désigner l’entièreté du lieu. « Vois ce que je deviens, ma chère. Je ne pourrais rêver de meilleur endroit où mener cette vie, entouré d'ouvrages et de mots, venus de tout horizons. J'apprends, continuellement et je découvre de nouveaux récits, régulièrement. Mes journées sont simples et bien remplies, je n'aspire à rien de plus. »
Un doux sourire ponctua ces mots, qu'il laissa planer un bref instant, tandis qu'il faisait tomber la cendre dans un cendrier négligemment disposé sur le rebord de son bureau. « Quant à Sanctum ... » Une profonde inspiration, suivie d'un long soupir. « Je n'ai que peu raison de m'y rendre. De temps à autres, l'on fait appel à moi et, je me déplace pour dépanner ou, encore, j'y envoie ma disciple pour des tâches simples, mais, effectivement, j'y vais de moins en moins. » Sa phrase se ponctua d'un sourire presque mélancolique avant que ses yeux ne se redressent vers son ami. « Et toi alors ? J'ai eu vent que tu avais ouvert ton cabinet. Je t'avouerai que la chose me surpris, en l'apprenant. Je ne te pensais pas suffisamment patiente pour te plier aux méthodes des hommes qui me semblent, moi, interminables. Mais, qui sait ? Peut-être que passer tant de temps à discuter ensemble a fini par porter ses fruits. » Un léger rire moqueur se fit entendre, avant de reprendre doucement. « J'espère que les affaires marchent pour toi. Mais dis-moi, que me vaut l'honneur de ta présence ? Peut-être puis-je t'apporter mon aide ? Et je … Je n'ai pas grand chose à te proposer. Quoi que … En trichant un petit peu ... » Un petit sourire taquin illumina on visage alors qu'il se baissa pour ouvrir un tiroir et en sortir une bouteille d'eau en verre. Sa main attrapa un stylo pour venir gribouiller un étrange symbole runique sur l'étiquette de celle-ci. Puis, s'assurant que personne ne rentre au moment crucial, Ogmios posa sa main sur le fameux symbole, faisant changer la bouteille en une carafe en terre cuite, à l'apparence ancienne. Bien vite, l'homme tira deux verres qu'il remplit de ce vin, pour finalement tendre l'un d'eux à son invitée surpris. « J'ignore si celui-ci fera honneur à celui que nous avions goûté sur Naxos mais, cela devrait être bien plus agréable que ce que nous pouvons trouver en ces jours. »