Le corps était usé par cette vie de labeur. Trente-huit années marquées d'épreuve de force et d'endurance cela pour entretenir ces éclats de joie qu'il trouvait au cœur de son foyer et de quelques tavernes. À la flamme rougeoyante de la lanterne qu'il tenait l'homme observait sa main rendue rugueuse par ces manutentions portuaires qui rythmaient ses jours et parfois ses nuits. Le marin des quais n'était qu'un pion de cette société, un honnête homme destiné à rejoindre anonymement le flot des âmes vers l'autre-monde et pourtant le destin avait soudainement choisi de lui offrir ce qu'aucun ne pouvait imaginer. La mortalité l'avait abandonné ce soir, il n'y aurait plus de bateaux pour le guider vers cet après que l'autre avait déjà vu.
Cela faisait quelques siècles que cette sensation ne l'avait pas habité: ces instants de flottement où chaque membre ne semblaient plus de la bonne proportion et où son esprit apprivoisait un inconnu pourtant familier. Plus d'une fois son pied heurta le sol inégal qui le conduisait au foyer, son épaule heurta même l'angle d'une bâtisse, rappelant à la divinité que son adaptation n'était pas encore concluante. Mais le sourire qui ornait le sourire du travailleur exposait son indifférence à ses propres maladresses. Le cœur léger Dagda profitait de ces retrouvailles avec sa terre, loin de l'atmosphère poussiéreuse du Sanctum où il s'était enterré bien trop longtemps.
Les tentations avaient été nombreuses sur le chemin, il avait croisé tellement d'établissements attrayants à la clarté chaleureuse et aux braillements enivrés qu'il était bel et bien miraculeux que son chemin n'ait pas dévié. La divinité avait bien dû déployer toute sa résolution pour ne pas céder à l'appel de la douce vie mortelle qui faisait battre le cœur nocturne de cette ville. L'effort qu'il avait soutenu était bien rare de sa part et il n'y avait eu personne pour le constater, néanmoins cette fugace contrariété s'envola lorsqu'il franchit le pallier tant recherché.
La bâtisse était silencieuse, plongée dans une obscurité que seuls quelques rayons de lune parvenaient à animer. Pourtant le Dagda savait que ce silence était trompeur et d'un pas assuré mais délicat il quitta la pièce principal pour se glisser dans l'autre pièce ou se dressait la couche. Sans hésitation son regard accrocha la silhouette étendue sur un côté du lit avant de laisser un sourire amusé animer son visage. La clarté vacillante de sa chandelle faisait délicatement danser le feu sur la chevelure de celle qui feignait le sommeil et ce simple spectacle envoûta le spectateur qui déposa sa source de lumière sur le seul autre meuble de la pièce. Il ne se débarrassa ensuite que de ses chausses avant de se glisser dans le dos de la délicieuse créature dont il apprivoisait le parfum.
Explorant ce nouveau territoire le Dieu fondit son visage au cœur de la cascade rousse tout en glissant un bras autour de la taille féminine. Avec un sourire presque satisfait il resta ainsi silencieux quelques instants avant d'oser s'exprimer au creux de sa cachette enflammée, à quelques encablures de la peau délicate d'une nuque pâle.
▬ " Dormiriez-vous ? " Ce murmure lui semblait étranger, entendant pour la première fois cette voix s'extraire de ses lèvres. Mais l'expérience n'en était que plus enthousiasmante, l'espace d'un instant il se demanda combien de temps il faudrait à sa chère et fougueuse pour le démasquer mais il retint brillamment l'amusement que lui inspirait cette énigme pour continuer d'apprécier son refuge.
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♆Re: Please don't get tired of me Sam 10 Aoû 2019 - 2:15
please don't get tired of me
“ You and me, we used to be together. Everyday together always.. I really feel that I'm losing my best friend. I can't believe this could be the end. It looks as though you're letting go and if it's real. Well I don't want to know.. Don't speak. — no doubt (don't speak)
Si frêle, si fragile et pourtant si forte. Le corps à l'agonie, frappé de mortalité et ayant déjà vécu trente-huit années, s'était retrouvé frappé d'une grâce quasi-divine. La Tumultueuse Déesse avait choisi avec raison et connaissance ce corps. Parce qu'elle venait de ses terres, parce qu'elle portait en elle une force que Morrigan traduisait en courage authentique. A l'échelle cosmique, Siridéain n'était personne, rien qu'une âme de plus priant une déesse, lui jurant fidélité. Elle était une croyante ayant interpelé le divin, par sa ferveur et sa dévotion.
Elle n'était personne, et pourtant, la Morrigan avait porté son regard sur Elle. Elle avait choisi d'investir sa chair, lui offrant l'immortalité. Elle avait même choisi l'instant qui lui serait le plus opportun, afin d'opérer une lacération nette et sans bavure avec sa mortalité. Baignée dans l'obscurité, l'essence divine avait déjà intégré la chair de Siridéain et se saisissait d'une poignée de temps, arraché à l'interminable sablier afin de subir une adaptation qu'elle méprisait plus que tout. La Dame Rouge n'avait vécu que deux fois, durant toute son éternité, ce changement de chair, et cette sensation.. Cette sensation d'humanité qui lui collait à la peau, assaisonné d'une fragrance fugace de fragilité, ne facilitait pas son adaptation.
Bien au contraire, La Reine Fantôme aurait préféré pouvoir retrouver l'ensemble de ses forces en un instant. Mais cela était impossible, parce que déjà, elle sentait qu'une partie d'elle n'était plus. Sa divine superbe s'était amoindrie. D'un rien, mais bien suffisamment pour lui nouer l'estomac. Le regard voilé, elle se tournait dans le lit, entrainant dans son mouvement la longue chevelure rougeoyante. Son regard se portait sur le néant alors qu'elle se plongeait dans une méditation proche de la pleine conscience. Elle laissait son esprit vagabonder, analyser son corps, en découvrir les recoins, les forces et faiblesses qui seraient comblées par son essence.
Plongée dans sa bulle, la Morrigan remarquait bien vite le bruit venant de l'extérieur. Elle savait que personne ne devait venir, elle savait que Siridéain aurait dû être seule. Ce jour-ci, elle l'avait choisi avec justesse.
Avec justesse.. Oui. Et pourtant. La porte s'ouvrait, brisant le silence.
Les pas glissant sur le sol boisé traversaient l'espace, réduisant la distance entre Lui et Elle. Le choix le plus judicieux, sur l'instant, lui semblait être l'ignorance. Ainsi, la Déesse faisait le choix de fermer les yeux, de simuler le sommeil. Et finalement, elle était capable - sans le voir - d'affirmer que la présence avait envahi son espace. Tendue, prête à bondir, la Guerrière demeurait pourtant immobile, quand bien même le lit souffrait du poids nouveau de l'envahisseur. Il s'installait et lorsque sa main entrait en contact avec sa taille, un courant électrique parcourait son échine.
Le corps répondait à l'appel tandis qu'elle se retournait vivement afin de faire basculer le corps d'Elwyn, de le renverser et d'en prendre le dessus. Installée à califourchon sur ses hanches, sa main gauche s'ancrait sur son torse, tandis que la seconde levée, menaçait de laisser s’abattre sur le malheureux un torrent de violence. Les prunelles à la lueur printanière s’ancraient, malgré la faible luminosité ambiante nourrit par la lanterne, dans celle de l'homme qu'elle chevauchait avec impétuosité. Menaçante, elle s'immobilisait en analysant ses traits. La mémoire de Siridéain était encore un brouillon inachevé pour la Déesse, pourtant, elle parvenait à mettre un nom sur ce visage. Quel était-il déjà ? Elle avait presque oublié, il était logé, là, sur le bout de sa langue. Sa prise se durcissait pourtant sensiblement alors que ses sourcils se fronçaient. « Je devais être seule ce soir. »
C'était le mari Ó'Mordha, et pourtant, la Morrigan estimait déjà qu'elle ne lui devait plus rien ; Et ce, malgré l'afflux progressif d'images complices et tendres du couple qui défilaient derrière ses mirettes à la lueur plus menaçante qu'amoureuse, sur l'instant. Son corps, lui, réagissait déjà, tel un aimant attiré par son opposé, son autre, une moitié inévitablement complémentaire. Et pourtant, la Déesse refusait, luttait, réfutait ce besoin humain. Parce qu'elle n'était en rien humaine. « Vous m'avez dérangé dans mon sommeille. » Mensonge. Son appuie sur son torse se faisait plus lourd, puis s'allégeait, sans pour autant le relâcher. Dominer, en cet instant, rassurait la Grande Reine.
Dernière édition par Eira Skynner le Dim 11 Aoû 2019 - 0:07, édité 2 fois
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♆Re: Please don't get tired of me Sam 10 Aoû 2019 - 11:16
Le refuge était parfait, naturel, ne souffrait d'aucune imperfection et pourtant on l'y arracha sans ménagement. Le rideau de feu s'ôta de son visage alors que son corps était repoussé pour que l'effarouchée ne s'installe sur son bassin. Dans la luminosité vacillante la surprise du Dieu ne fut que de courte durée, rapidement remplacée par un amusement intéressé. Son sourire accompagna ses propres mains qui remontèrent doucement vers sa tête, paumes visibles, dessinant le signe universel de la non-agressivité.
Siridéain était déjà loin car l'époux reconnaissait bien là sa reine dans ce nouveau regard impérieusement hostile qui l'empalait à cette couche avec l'assistance d'une main sur son torse.
▬ " Je devais être seule ce soir. " Bercé dans la clarté vacillante d'une unique flamme le corps se dévoilait, laissant au Dieu l'approbation de ce choix qui seyait sans nul doute à la Reine. Les plus belles perles de l'humanité ne se cachait que rarement dans les coquilles trop parées, Morrigan le prouvait à nouveau et le sublimait sans faille alors même que son appropriation n'était pas encore explorée.
▬ " L'affront d'un mari fatigué rejoignant son épouse serait-il si cuisant ? Je ne pouvais souffrir d'attendre plus. " Il aurait voulu la rejoindre, se redresser pour s'élever à son niveau mais sa tentative se heurta à la fermeté de cette main gracile qu'il ne voulait pas contrarier. En échange de son abandon, faisant fi de cette menace qui planait au-dessus de sa personne, il reposa ses mains sur les côtés du lit, du moins pour une car l'autre se fraya un chemin entre les étoffes jusqu'au genou nu de la belle.
▬ " Vous m'avez dérangé dans mon sommeille. " Il n'y avait ici qu'un seul être qui luttait contre leur nature. Dagda lui se plaisait à sentir cet appel instinctif de leurs corps qui se souvenait des instants partagés et ne luttait guère contre cette mémoire aussi délicate que tentatrice. Lorsqu'il sentit la force qui le maintenait sur la couche faiblir ses traits abandonnèrent doucement leur malice au profit d'une sereine assurance. Il se redressa, doucement, irrémédiablement, en faisant fi de quelques oppositions. Sa main vola doucement sous l'étoffe, accompagnant cette évolution en venant se placer dans le creux des reins de la belle pour éviter qu'elle n'esquive immédiatement leur nouvelle proximité.
▬ " Frappez-moi s'il le faut, j'accepterai ce châtiment. " Le regard observait avec délice les traits délicats qui lui faisaient face, reconnaissant sans peine cette fierté qui se mêlait parfaitement à ce nouveau visage. " Mais n'oubliez pas de m'embrasser comme il se doit ensuite. " La malice n'était pas loin dans son propre regard et pourtant ces propos témoignaient de fermes requêtes qui ne semblaient pouvoir souffrir de contrariété. Elle n'avait pas de raison de lutter, il était inutile de braver l'alchimie et cela même pour entretenir la fierté d'une Reine.
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♆Re: Please don't get tired of me Dim 11 Aoû 2019 - 0:40
please don't get tired of me
“ You and me, we used to be together. Everyday together always.. I really feel that I'm losing my best friend. I can't believe this could be the end. It looks as though you're letting go and if it's real. Well I don't want to know.. Don't speak. — no doubt (don't speak)
La perfection inhérente au refuge naturel qui abritait cette demeure n'enlevait rien au fait qu'elle était source de solitude. Un peu loin de tout, tout juste pour qu'aucun cri n'alerte, pour qu'aucune supplique obtienne réponse, c'était bien suffisant pour inquiéter une jeune femme. Mais ce n'était pas assez pour affoler la Reine Guerrière. Elle percevait cette localisation comme une véritable aubaine. Parce qu'on n'entendrait pas crier un malotru, parce qu'aucune supplique lancée dans les airs ne saurait la perturber, Elle. La Morrigan était l'orage, le mauvais présage, accompagné des tambours guerriers. Battante, de corps et d'âme, elle exaltait une douce brutalité, à la sensualité sanglante. Sorcière avant même que la palabre ne naisse sur ses terres, elle avait toujours ensorcelé, exalté, prédit la fin. Et c'était à tout cela qu'elle se rattachait, par la rage et la méfiance tandis que l'humain qu'elle pensait chevaucher faisait montre de malice.
Souvent, elle avait guetté le couple, afin de saisir l'essence même de cette chair qu'elle allait habiter pendant une éternité. Elle avait voulu éviter les mauvaises surprises, les mauvais souvenirs. De sombres secrets, ils en avaient eu, comme tous et chacun. L'absence de progéniture était une des meurtrissures les plus visible chez les Ó'Mordha. Et c'était un peu ce qui l'avait attiré, elle, la Reine dont les temps et la grandeur avait ensevelit la descendance. Des enfants, elle en avait eu avec son maudit époux, et pourtant, ils n'avaient pas survécu à leurs mythes. Ils n'avaient pas survécu à leurs parents. Peut-être était-ce la triste réalité d'une union vouée à l'échec.
Embrumée par des pensées qu'elle balayait bien vite de sa psyché, la Déesse rivait ses iris orageuses sur le vaillant époux. Ses mots savants lui faisaient froncer les sourcils, parce qu'ils n'étaient pas de ceux que prononcerait un modeste oublié de l'histoire. La tournure de son verbe suscitait un brin de suspicion chez la Morrigan alors qu'elle restait muette. Elle n'avait pas envie de lui répondre, non, elle préférait tout juste resserrer sa prise sur son torse. Ce corps, sa rétine le reconnaissait comme étant celui de l'Epoux de celle qui n'était plus. Ce corps, c'était bien celui d'Elwyn, car il s'harmonisait avec simplicité avec le sien. Elle le ressentait. Et pourtant, un élément détonnait, tranchant avec la réalité. Il lui semblait presque que la réalité n'était pas entière, qu'un élément était dissimulé à sa vue, à ses sens.
Rapprochée de son corps, par cette main glissée au creux de ses reins, elle suivait le mouvement, ouvertement méfiante. Le visage se penchait sur le côté, son regard glissait sur les traits de l'Homme, si tant est qu'il en fut un en toute simplicité. Parce qu'à ses mots renouvelés, le doute redoublait alors qu'elle glissait une main le long de son épaule. Le contact trompeur la faisait frissonner.
Mensonge. Il y avait un mensonge dissimulé sous cette couche de simplicité. Ses doigts arrêtés à la nuque de l'époux, elle la remontait encore et attrapait ses cheveux en se cabrant légèrement dans le mouvement. « Qui êtes-vous ? Vous n'êtes pas Lui. » Prenant appui sur ses genoux, elle se redressait dans un mouvement qui la rapprochait de celui dont elle ignorait tout. Elle le frôlait, elle l’effleurait, malgré elle et pourtant, de manière totalement voulue. « Vous avez bien trop d'audace pour être l'Epoux. »
Ses mots, détachés, trahissaient une prise de hauteur qu'elle ne prenait même pas la peine de dissimuler. La Dame Rouge avait la certitude que celui qui lui faisait face n'était pas seulement l'humain qui partageait la vie et la couche de sa nouvelle chair. « Il n'y a pas d'hasard. Pourquoi aujourd'hui ? » Cette simple interrogation, naturellement énigmatique, ne pouvait qu'éclairer une essence divine. Elle lui permettait de lutter, encore toujours, face à cette alchimie trompeuse qui électrisait ses membres, appelant aux souvenirs, au détriment de la vérité factuelle et présente.
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♆Re: Please don't get tired of me Dim 11 Aoû 2019 - 2:18
Morrigan avait mûri son choix, patiemment, minutieusement, jaugeant toutes les variables de cette décision pour atteindre la perfection de la planification. La seule chose qu'elle n'avait sans doute pas mesurée était l'observation de son époux, celui-ci n'avait pu ignorer ce regard qui se tournait vers l'extérieur du précieux domaine de la Primat. Il l'avait même suivi, parfois, comprenant bien rapidement la trame qui se tissait dans l'esprit de cette éternelle compagne. La seule chose qu'il n'avait pu saisir était la raison qui l'avait poussé à une telle décision et rapidement la crainte de la voir lui échapper l'avait saisi. Le tourmentant même jusqu'à cette soirée où il s'était instinctivement accroché à ce mortel, pour elle. Pour celle qui le laissait s'approcher sans plaisir et qui s'interrogeait derrière les iris émeraude.
Dagda ne se dissimulait guère, il ne prenait pas le soin de jouer au modeste homme mais il est vrai que laisser le doute planer et user d’ambiguïté n'était pas pour lui déplaire, pour l’instant. Il sentait sous son contact cette tension, ce feu qui couvait toujours chez sa compagne et qui pouvait tout dévaster sur son passage. Lui-même en avait été trop de fois la cible pour en garder les comptes et même s'il venait d'obtenir le droit de lui faire face et que la main menaçante se faisait caresses sur son épaule, il n'allait guère échapper au retour de flammes. Et Morrigan ne le fit pas mentir car bientôt les doigts délicats se saisir sans vergogne de ses cheveux à l'arrière de son crâne.
▬ " Qui êtes-vous ? Vous n'êtes pas Lui. " Dire qu'il avait l'habitude de ce genre de traitement serait un petit mensonge mais il avait bien assez d'expérience pour ne pas sourciller à cette manipulation inconfortable. Cette bien juste interrogation fut accueillie par un sourire amusé alors qu'il laissait sa tête se pencher en arrière pour suivre la dominance de son interrogatrice. " Vous avez bien trop d'audace pour être l’Époux. "
Morrigan dominait la situation, littéralement, la modestie de ses accessoires n’entachaient en rien l'attitude altière qui irradiait de cette apparition. Le vrai-faux époux quant à lui peinait à se départager de son amusement, encouragé par l'évocation de cette audace. Son autre main vint ainsi rejoindre sa jumelle au creux de reins de la belle, l'enlaçant malgré l’hostilité qu'elle s'obstinait à glisser entre leurs deux corps.
▬ " Il n'y a pas d'hasard. Pourquoi aujourd'hui ? " L’ambiguïté sombrait sous les coups de la Reine, le seul regret de Dagda était qu'elle n'avait pas su laisser son corps parler tout simplement, de profiter tout simplement d'un instant offert sans conséquence.
▬ " Parce que c'est le jour que vous avez choisi. " Une de ses mains sortie finalement de son refuge pour venir effleurer ce bras qui s'accrochait à l'arrière de son crâne. Ses doigts rencontrèrent les siens, cherchant délicatement à défaire leur prise inutile. " Pourquoi faut-il gâcher ces premiers instants alors qu'il n'y avait qu'à profiter ? " Demi-aveu qui ne dévoilait pas clairement son identité, le Dieu avait égaré son amusement au profit de cette lassitude qui l'empoignait parfois lorsque la situation devenait lassante. " Et il me semble avoir déjà répondu à votre première question. " Mais de toute évidence l'affront d'un mari rejoignant son épouse était déjà trop pour qu'elle ne réalise qu'il s'était déjà annoncé.
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♆Re: Please don't get tired of me Ven 16 Aoû 2019 - 23:17
please don't get tired of me
“ You and me, we used to be together. Everyday together always.. I really feel that I'm losing my best friend. I can't believe this could be the end. It looks as though you're letting go and if it's real. Well I don't want to know.. Don't speak. — no doubt (don't speak)
De la violence à l'impulsivité, là se trouvait un temps perdu par la Morrigan. Ses faits et gestes avaient longtemps été dictés par ses instincts sanguins, sa double vision l'avait toujours éclairé quant au chemin à suivre. A présent, la violence intérieure comme extérieure demeurait, seulement, son chemin n'était plus éclairé. Peu à peu, avec la perte de puissance divine, la Reine Corbeau avait vu lui échappé son don de préscience, ce qui l'avait tué de l'intérieur, doucement, sournoisement, douloureusement. Finalement, la sorcière n'avait plus été qu'un titre, à défaut d'être une caractéristique. Alors, la Dame Rouge s'était rabattue sur la Guerre. Parce qu'elle, elle ne l'avait pas abandonné. Un peu plus tard, alors qu'elle avait décidé de quitter sa précédente incarnation, la Reine avait déjà commencé à prendre des distances face à son Roi. Parce que son esprit avait fini par s'apaiser, au profit d'une sagesse nouvelle, amorcée par l'ancien temps. On lui avait montré une voie nouvelle, une voie qu'elle n'avait qu'à demi suivi. La sagacité émergente avait mené la Rousse à remettre en cause son existence toute entière. Et Dagda avait ainsi fait partie de ces remises en cause.
Parce qu'en remontant le fleuve de ses souvenirs, elle n'y avait vu qu'un arrangement guerrier, une manigance royale, puis une mésentente volcanique, surgissant par vagues, s'accompagnant de déceptions et de réconciliations oscillatoires. Cette relation aurait été parfaite pour un cœur masochiste, mais il était bien connu que la Morrigan ne faisait pas parti de cette caste. La paix, elle s'était surprise à vouloir la paix. Et surement que son souhait principal avait été là en se réincarnant au creux du corps de Siridéain. Mais finalement, elle se retrouvait encore au cœur d'une guerre domestique. Chevauchant un époux qui n'était pas le sien en apparence mais qui demeurait l'Unique derrière les apparences, elle l'observait, suspicieuse.
Nimbée de méfiance, la Reine relâchait l'emprise de sa main sur les cheveux masculins tandis que le chemin de pensées se dessinait au sein de son esprit. Il n'y avait qu'un Fou pour se laisser aller à un tel geste. Pourtant, l'incrédulité s'installait dans la gestuelle de la Reine Fantôme tandis que son visage signait à la négative. « C'est de la folie. C'est impossible. » Mais rien n'était impossible, pour lui. Pour le Dagda qui ne désirait que ce qu'il ne pouvait obtenir. Pourtant, il l'avait possédé, alors qu'elle.. Elle l'avait toujours vu lui filer entre les doigts. Injustice. Déjà, un relent de rancune apparaissait, elle le refoulait tandis que son regard ne pouvait mentir. « Et toi, pourquoi es-tu là, Dagda ? » Le masque tombait. Elle ne jouait plus.
Il était las, elle était colère. N'étaient-ils pas ainsi depuis trop longtemps ?
Elle le relâchait, se relevait, s'échappait. Comme bien souvent depuis quelques années. Peut-être même plus. Elle observait autour d'elle, fuyait son regard. Ce regard qu'elle avait connu depuis une éternité, ce regard qu'elle était capable de décrypter mieux que personne. Parce qu'à défaut d'avoir été les époux modèles d'un mythe intemporel, ils avaient été et demeuraient les meilleurs ennemis qui soit.
« Pourquoi avoir fait ça ? Tu n'en avais pas besoin. C'est inconscient. » Qu'elle lui lançait, de dos. Elle ne voulait pas croiser son regard, parce que ses prunelles trahissaient son trouble. Le soleil s'était couché sur ses iris printanières, traduisant son ambivalence. La colère demeurait latente, l'incompréhension bataillait fermement avec l'affection éternellement renouvelée. Son geste la touchait, mais elle ne voulait pas se dévoiler, l'avouer vainqueur. Parce que leur histoire demeurait une bataille. Alors, finalement, elle lui coulait un regard en biais, bien assez pour qu'elle puisse l'apercevoir dans son champ de vision.
« Est-ce que tout cela n'est qu'un jeu pour toi ? » Un jeu qui coutait à la Morrigan. « Tu as toujours désiré l'intouchable. Le suis-je devenu au point de faire renaitre une flamme en toi ? » Le menton se relevait, digne. Parce que la fierté ne pouvait s'effacer, pas face à des sentiments qui pouvait la blesser.
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♆Re: Please don't get tired of me Sam 17 Aoû 2019 - 11:29
▬ " C'est de la folie. C'est impossible. " Il y a bien des manières que la Reine pouvait emprunter pour accueillir cette nouvelle qui faisait place. Toutes ces manières avaient presque été songé par l'intéressé sans pour autant savoir laquelle serait choisi car cela faisait bien longtemps que son épouse lui échappait de toutes les manières possible. C'était à peine s'il parvenait à avoir conscience d'entrer dans une escarmouche alors qu'autrefois les voies de cette relation orageuse étaient bel et bien pavées de clarté. " Et toi, pourquoi es-tu là, Dagda ? " Et elle lui échappait, à nouveau, sortant des ses mains, de sa présence, filant parader de sa nouvelle beauté dans cette semi-obscurité. Si autrefois l'échec aurait regonflé l'orgueil et relancé derechef l'attaque, aujourd'hui le Dagda se laissa au contraire tombé dans ce lit solitaire pour poser le regard sur cet obscur plafond où dansait les ombres.
▬ " N'est-ce pas évident ? " Fallait-il vraiment explorer ainsi le fond de ses pensées, cela changerait-il quelque chose à ce procès continuel et distant dont il était l'objet ? Pouvait-il décemment être envisagé une autre raison qu'elle pour cette décision, ce coup de tête qui l’entraînait cette nuit à s'adapter à cette nouvelle enveloppe.
▬ " Pourquoi avoir fait ça ? Tu n'en avais pas besoin. C'est inconscient. " Un bref rire secoua la carcasse allongée. L'amusement c'était déclenché à la seule accusation d'inconscience qui ré-anima un peu la créature des beaux jours tout en attirant l'attention sur ce dos qu'on lui présentait de manière résolue.
▬ " Cela devrait te plaire, cela étayes tes convictions. " Il pouvait en effet aisément parier que dans les multiples qualificatifs que sa compagne lui attribuait, l'inconscience avait une place de choix. Peut-être pas autrefois, il avait sans doute démontré sa capacité de réflexion peut-être un peu osé mais bel et bien présente, mais aujourd'hui le souvenir devait être un peu vague pour qu'il n'échappe à cette sanction. Toujours allongé, le Dagda leva une main vers le plafond, observant ses articulations sans véritablement les voir, ne sachant s'il devait se féliciter de cette maigre conversation ou non.
▬ " Est-ce que tout cela n'est qu'un jeu pour toi ? Tu as toujours désiré l'intouchable. Le suis-je devenu au point de faire renaitre une flamme en toi ? " La main retomba à ses côtés, abandonnée au profit de l'attention qui se tournait de nouveau vers Morrigan qui semblait oser un regard sur sa présence. L'instant qui suivi ne fut qu'un silence, un silence dont il usa pour jauger de son véritable désir, cherchant à déterminer si la lassitude de ses vaines agitations n'avait pas définitivement porté leur fruit. Et finalement, dans un sursaut de volonté, la silhouette se redressa.
▬ " Si toutes les excuses n'étaient pas saisis pour se priver de ma présence tu saurais qu'il n'a jamais été question que cette flamme ne disparaisse. " Ces derniers siècles, l'aura de Primat et de Sanctum s’étaient dressés tel un bouclier entre eux. Planté au beau milieu de leur relation tel un épouvantail pour mieux sceller leurs oppositions. Le Dagda s'était refusé à ces miettes de responsabilités, préférant bien mieux observer la plèbe plutôt que d'organiser un monde de faux-semblant. Cependant cette préférence avait servi d'appui solide à son épouse pour filer entre ses doigts et il n'était pas certain de vouloir consentir à ce sacrifice. " Il est évident que je ne corresponds pas à l’entièreté des devoirs dont tu affubles l'époux mais tu ne peux renier que notre alliance a porté des fruits puissants et parfois inattendus. Et quoique tu puisses en penser elle le peut encore. " Sa défense se faisait convaincu, peut-être usée mais la sincérité ne pouvait être reniée. Et progressivement, au fil de ses mots, il s'était extrait du lit solitaire, posant ses pieds nus sur le sol inégal avant de véritablement se glisser dans le dos de Morrigan. Cette dernière ne semblait guère décidée à lui faire face, il n'était pas l'heure de la contrarier sur ce point. " Il y a beaucoup de choses pour lesquelles je pourrais lutter, que je pourrais défendre, que je pourrais abandonner comme cette enveloppe, si simplement ma chère épouse venait à la désirer. " Ses mains s'étaient posées délicatement sur les épaules frêles mais droites qui se tenaient près de lui. Sincère, Dagda n'usait guère de manipulation pour tendre son filet. Il pourrait en effet refuser à quelques convictions, jouer dans le jeu du Sanctum si cela pouvait plaire à Morrigan. Il ne promettait pas non plus de renoncer à tout, le mensonge se placerait alors entre eux et cela faisait bien longtemps que celui-ci ne pouvait plus avoir de place dans cet accord. " J'ai fais ça pour toi et si cela était véritablement de l'inconscience elle n'a été qu’insufflé par mon attachement. " Ses mains dessinaient pensivement quelques caresses sur ces épaules alors que son visage retrouvait ce rideau de feu dont on l'avait brutalement délogé. Le calcul n'avait pas véritablement sa place dans cette prise de paroles, la preuve se logeait dans cet instant de flottement où il avait songé à ne pas se défendre, avant que son instinct et ce désir ne prennent le contrôle. Renoncer à Morrigan n'était pas acceptable, cela faisait bien trop longtemps pour s'arracher ainsi cette partie tempétueuse et fier de son être.
Invité
♆Re: Please don't get tired of me Mer 21 Aoû 2019 - 21:58
please don't get tired of me
“ You and me, we used to be together. Everyday together always.. I really feel that I'm losing my best friend. I can't believe this could be the end. It looks as though you're letting go and if it's real. Well I don't want to know.. Don't speak. — no doubt (don't speak)
« Non, ce n'est pas évident. Rien ne l'est. Et c'est bien pour cela que je te pose la question, Dagda. » Qu'elle lâchât, sans que le doute ne devienne maitre de ses pensées. En son for intérieur, la Morrigan ne comprenait pas les motivations de son époux. Lui, si volage, si détaché de tous ces corps auxquels il s'accrochait perpétuellement, refusait de la laisser s'en aller. Un peu comme toutes les autres, assurément comme toutes les autres. Il l'avait toujours traité comme la Reine qu'elle était. Ensemble, ils avaient forgé un mythe souverain, dessiné les fondations solides d'un pays, fait grandir un peuple. Et pourtant, aujourd'hui, la Dame Rouge se sentait seule, même en étant si proche de son époux. Parce qu'elle lui voyait déjà bon nombre d'amantes, bon nombre de corps à convoiter et d'esprits à faire plier selon sa divine volonté. Elle, elle ne pouvait faire partie de cet ensemble, elle ne pouvait être Reine et multitude tout à la fois. Elle ne le supportait plus. Et quand bien même le Dagda lui aurait promis fidélité, une part d'elle le savait incapable d'une telle chose. Car ainsi avait-il été façonné.
Il était le Roi, tout comme était la Reine, et à l'image de cette souveraineté, l'un comme l'autre refusait la perte de contrôle. Ainsi, pendant une éternité, Il lui avait échappé, et pendant une autre, Elle lui avait échappé. C'était un jeu qui lassait, étourdissait, renversait. Le visage signant à la négative, la Morrigan laissait ses convictions et leurs forces a d'autres, en cet instant. Il n'était plus question de trouver un gagnant ou d'affubler l'autre du sceau de perdant.
Ressentant Sa Présence dans son dos, elle retenait un soupir, le corps attiré, l'esprit s'étirant dans une sens contraire. Alors, elle restait immobile, frappée par la force de sa réflexion, son esprit s'abimant dans ses pensées. Ainsi, il accusait Sanctum, mais la Cité n'y était pour rien. Elle était une différence qui n'aurait jamais dû les séparer. « A-t-elle seulement déjà existé, cette flamme ? Véritablement ? Je suis ta Reine parce que nous en avons ainsi formé le mythe, mais je refuse de t'être enchainée alors que tu sembles vivre ton éternité dans la liberté la plus totale. »
Les chaines unilatérales vrillaient son essence divine, elle les maudissait. Pivotant sur ses talons, elle venait lui faire face, le forçant à se déloger de sa cascade rousse, encore une fois. Cette fois-ci, elle portait sur son Epoux un regard las, peut-être blessé en son tréfond. « Que dirais-tu, si je te disais que moi aussi, j'avais plaisir à aimer d'autres corps ? A avoir des amants ? » Était-ce une réalité ou une fiction improvisée pour aviser de la réaction de Dagda ? Là était la question, la Morrigan demeurait volontairement vague, visiblement déterminée à jauger la réaction de sa moitié divine.
Concernant leur union, un éclat douloureux s'affirmait au creux de ses prunelles printanières tandis que la colère balayait la traitre émotion afin de durcir son regard. « Porté leur fruit ? Parles-tu de notre mythe ? Certes. D'Eire ? Certes. Et de nos enfants ? Non. Ils auraient pu être les meilleurs fruits de notre union, et les voilà tous tombés dans l'oubli, emporté par la mort et l'ombre de ce que nous sommes. A la place de cela, je dois vivre avec la pléiade de bâtards que tu as engendrée et qui ont perduré. » La colère montait d'un cran encore alors qu'elle aurait pu s'effacer à la mention de leur mythe, ou même d'Eire - autrement dit, l'Irlande qu'elle surnommait ainsi avec affection -, mais celle de leurs enfants ou même de ceux de Dagda enflammait les sens de la Dame Rouge.
Sa main droite se levait, voltigeait dans les airs, envoyant valser les mots de Dagda de manière métaphorique alors qu'elle reprenait. « Et si je venais à te désirer en tant qu'époux fidèle ? En serais-tu seulement capable ? » La lutte perpétuelle, cette lutte perpétuelle.. La Reine Fantôme ne l'avait jamais abandonnée. Après tout, elle refusait d'être la seule fidèle de leur couple. « Ton attachement ? Alors, aime-moi comme tu le dois. Avec respect et considération, et pas seulement comme une obligation attachée à ton mythe. Je me suis unit à toi pour sauver les Tuatha dé Danann, aujourd'hui, je te demande de t'unir à moi pour nous sauver. » La demande était ainsi posée, et la Morrigan était certaine que sa requête était veine. Pourtant, elle se devait de la poser.
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♆Re: Please don't get tired of me Jeu 22 Aoû 2019 - 0:04
Il était un temps c'est vrai où il n'avait pas eu cet attachement pour la Morrigan si ce n'est celui du désir et du devoir. Une forme de jeunesse s'était heurté à la fierté de la Reine l'empêchant quelque temps de voir à travers des chaînes trop étriquées. Mais avec le temps le devoir c'était teinté de couleurs plus attrayantes et cela peut-être pour leur malheur car cet attachement plus profond n'avait jamais su rompre durant les tempêtes, les obligeants à se retrouver ainsi au cœur d'une nuit. Le Dagda était las de ces désaccords, las de ces retrouvailles qui ne semblaient que pouvoir accoucher d'un nouveau drame dans lequel la Reine pouvait se draper. Le Dieu plaidait pourtant pour un autre horizon qu'il dessinait presque tendrement sur les épaules tendues devant lui.
▬ " A-t-elle seulement déjà existé, cette flamme ? Véritablement ? Je suis ta Reine parce que nous en avons ainsi formé le mythe, mais je refuse de t'être enchainée alors que tu sembles vivre ton éternité dans la liberté la plus totale. " Ses caresses se heurtèrent à cette interrogation. La brutalité du doute ainsi soulevé était blessante, véritablement et éclipsa le reste des propos. Immobile, le visage perdu dans cette chevelure flamboyante aux effluves familières, le regard pâle se ferma. Comme si à un seul moment il avait pu passer tout ces siècles à ses côtés par simple responsabilité, comme si il avait rempli bon nombre de ses devoirs d'époux simplement parce qu'un contrat le poussait en ce sens. Se croyait-elle véritablement enchaînée à une union sans la moindre parcelle d'amour...
▬ " Ais-je perdus l’entièreté de ta considération pour qu'ainsi tu ne me prêtes aucun témoignage de mes sentiments ? " Ses paupières s'ouvrirent de nouveau, son visage se redressant alors que son refuge s'éloignait de nouveau pour dévoiler un visage las. Laissant retomber ses mains le long de son corps, Dagda décida de ne pas dissimuler cette peine usée qui s'était posée sur ces traits à cette évocation.
▬ " Que dirais-tu, si je te disais que moi aussi, j'avais plaisir à aimer d'autres corps ? A avoir des amants ? " De toutes évidences rien ne lui serait épargné ce soir et au couteau de la peine succéda celui de la jalousie qui installa l'incompréhension sur son visage. Instinctivement, il chercha à déceler les fondements de cette interrogation sans grand succès et ce n'est qu'après une inspiration et une certaine violence intérieure qu'il parvint à formuler une réponse.
▬ " Cela serait sans doute juste... " Le Dagda n'était pas fou et voyait bien à quoi rimait cette question. Il ne pouvait nier que de tel faits ne lui seraient pas agréable et que donc à ce titre elle serait en droit de clamer la réciprocité. Cependant quel serait sa réaction face à la véracité d'une telle découverte... Il n'était guère certain de le savoir lui-même et, à ce titre, préférait ne pas avoir à l'expérimenter.
Rebondissant, le Dieu préféra mettre en lumière les points forts de cette union traversant les âges. Aveuglée par ses turpitudes la Déesse semble attachée à leur refuser la moindre parcelle de satisfaction, comme si ce couple n'avait été qu'obscurité et naufrage. Mais même à cela Morrigan n'accepta pas de véritablement adhérer.
▬ " Porté leur fruit ? Parles-tu de notre mythe ? Certes. D'Eire ? Certes. Et de nos enfants ? Non. [...] A la place de cela, je dois vivre avec la pléiade de bâtards que tu as engendrée et qui ont perduré. " Elle avait couvé jusque-là, se baignant sous la lassitude jusqu'à cet instant où la colère se dévoila, fermant le visage de l’interlocuteur de nouveau agressé.
▬ " Me voilà à présent accusé de la perte de nos enfants ? Ne t'octroie pas le monopole de la peine sur ce sujet, aucun d'eux ne sera remplaçable et je ne suis en aucun cas indifférent à ces deuils. " Les nouveaux traits du Dieu s'étaient crispés dans cette révolte mêlée de douleur. Il n'appréciait guère cette idée qui semblait rôdait et qui avançait que lui pouvait remplacer leurs enfants par ses bâtards. Comme si un éternel pouvait en valoir un autre, comme si les liens filaires étaient interchangeables. Le fait qu'il ne gérait pas leurs pertes de la même manière ne donner guère le droit à Morrigan d'avancer de tels propos et cela même sous le coup d'une colère.
▬ " Et si je venais à te désirer en tant qu'époux fidèle ? En serais-tu seulement capable ? [...] Je me suis unit à toi pour sauver les Tuatha dé Danann, aujourd'hui, je te demande de t'unir à moi pour nous sauver. " Le Dieu se tenait droit face à la tempête, il essuyait sans un mot, tendu dans une opposition qui couvait un mal plus violent. Il peinait à comprendre pourquoi cette nuit, alors qu'il tentait de prouver son attachement, il devait se tenir face à son propre jugement qui était délivré par un juge et parti. Instinctivement hostile à ces agressions, Dagda soutint le regard flamboyant quelques instants. Le désir de surenchérir était là, en était témoin cette mâchoire qui se crispait au rythme de ses répliques qu'il avalait une à une. Finalement, alors qu'il ne parvenait pas à trouver une porte vers la lumière, le Dieu s'arracha de ce duel en se détournant. Glissant une main crispée dans cette chevelure ondulée qui ne connaissait guère, il fit quelques pas pour s'éloigner de cette tempête accusatrice pour qui il devait faire bien des efforts ce soir.
▬ " Tu as toujours eu mon respect et ma considération et, quoique tu puisses y redire, ma loyauté. S'il ne t'avait manqué ne serait-ce que la moitié de tout cela je ne serais pas là ce soir. Comme si aujourd'hui nos antiques obligations pouvaient encore avoir un sens au point de dicter mes pas. " Il était finalement bénéfique d'éloigner ces corps pourtant attirés, car Dagda trouva au bout de quelques pas la force de noyer sa révolte dans la lassitude qui le poussa à retourner s'asseoir sur le lit. Installé, il releva le visage vers la jeune femme qui se tenait non loin dans cette semi-obscurité. " Ne t’ai-je que blessé durant toute cette existence pour que mon initiative ne t'inspire que cela ? " Essuyant encore les blessures, le fin sourire qui parvint à franchir ses lèvres était peiné et témoignait du potentiel coup de grâce auquel son interrogation l'exposait. Mais il ne demeurait probablement que ça à savoir pour cette nuit qui était donc probablement témoin de son inconscience au vu du fiasco dessiné.
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♆Re: Please don't get tired of me Dim 25 Aoû 2019 - 3:11
please don't get tired of me
“ You and me, we used to be together. Everyday together always.. I really feel that I'm losing my best friend. I can't believe this could be the end. It looks as though you're letting go and if it's real. Well I don't want to know.. Don't speak. — no doubt (don't speak)
Une bataille perpétuelle, et la guerre, encore. Il était la vie, alors qu'elle était la mort, et dans cette allégorie, elle ne percevait que le pire, alors que lui, espérait le meilleur. Prolifique où elle n'avait toujours été que fatale, Dagda avait fait un pas inédit vers son antique épouse. Et pourtant.. Et pourtant, la rage de la rancœur était rapidement venue gangrener le cœur de la Divine Rouquine.
Parce que pour lui, elle avait trop longtemps fermé les yeux. Parce que pour lui, elle avait accepté d'être une Epouse, lorsqu'il en venait à convoiter d'autres amantes.
La colère était le meilleur rempart contre les blessures où le sel venait perpétuellement se glisser insidieusement, à chaque constat, à chaque vérité dévoilée, à chaque nouvelle aventure découverte. Ainsi, lorsqu'il se présentait avec les meilleures occasions du monde ; Elle, elle ne pouvait voir que le pire. La pureté du geste lui semblant improbable, la Dame Rouge peinait à croire qu'elle fut l'exception qui confirmait la règle. Surement était-ce ce constat dans sa globalité qui avait motivé ses propos alors qu'elle lui avait lacéré le cœur à l'aide de mots.
Une vérité, universelle ou non, pouvait être un véritable poison. Elle s'en rendait compte, sur l'instant, alors qu'elle reportait son regard sur son Epoux. Sa considération ? Il lui semblait qu'il l'avait toujours possédé, même dans les pires instants. « Tu le sais, ma considération est tienne. Seulement.. Comprends-moi. Comprends que je ne peux saisir la teneur de tes divers émois, pour d'autres que moi, alors que je suis tienne depuis si longtemps. Ces mêmes émois qui contrastent avec le geste que tu viens de faire. Je suis perdue. » Toute vérité, aussi divine soit-elle, a été révélée alors qu'elle ne le quittait pas de ses prunelles printanières, quoique inquisitrices.
La Morrigan connaissait chacun de ses gestes, chaque inclinaison de voix. Tout comme elle connaissait mieux que quiconque cette jalousie maladive et mal placée qu'il ressentait depuis toujours. Surement était-ce pour cela qu’elle s'était permise de tester le Dagda. En réponse à la sienne, elle laissait échapper quelques mots, toujours aussi énigmatiques, accompagnés d'un mouvement du menton. « Cela serait juste, effectivement. » Elle aurait pu lui révéler, dans une ultime volonté de blesser, l'obscure vérité qu'elle conservait jalousement au creux de son esprit. Le souvenir de cette tromperie à laquelle elle s'était laissée, par rage, par désespoir, par colère, par frustration. Cette fois-là, elle avait trouvé un réconfort malsain dans les bras de l'ennemi mythique et en avait porté le fruit, à l'abri de tous les regards. L'histoire avait voulu que le sort mette sur le chemin de Dagda le fruit de cette union, donnant lieu à une nouvelle liaison qui avait rongé Morrigan, un peu plus, toujours plus.
Cette énième point d'ancrage de rancune l'avait mené à parler de leurs enfants, de leurs trésors perdus. Et même si elle aurait pu se faire détestable, en le blâmant de tous les maux, elle n'en faisait rien.. Non. Le visage signait plutôt à la négative, alors que les yeux se fermaient lentement. « Je ne t'accuse pas de la perte de nos enfants. Nos lumières conjointes ont effacé leurs existences. Tu ne saurais être le seul à blâmer, les choses ne sont pas aussi simple.. J'en ai pleinement conscience. Tout comme j'ai pleinement conscience que nous partageons une peine commune et ineffaçable. Seulement, j'ai fini par croire, au fil du temps, que notre union s'était avérée maudite, pour nous, et prolifique pour les autres. »
Retournant à son silence, elle observait longuement le Dagda qui s'était éloigné afin de rejoindre la couche des amants disparus. A la vue de ces draps, un flot d'images défilaient sous ses prunelles, s'invitant dans la métaphore d’une persistance rétinienne à ne jamais disparaitre de l'esprit de Morrigan. C'était là, les précieux souvenirs d'un amour humain. Seulement, il ne faisait pas le poids face à un amour divin, intemporel. Leur relation souveraine avait traversé les âges, avait vu des vies s'éteindre, des villes mourir, le monde se transcender. N'était-ce pas là l'essentiel ? La passion n'était-elle pas un sentiment fugace et destructeur ?
« Je ne t'aurais jamais imaginé aller jusqu'à là. » C'était une vérité qu'il ne pouvait esquiver, d'une quelconque manière. « Nos antiques obligations n'ont d'importances que si nous leur en donnons, dans le fond. » Et elle aimait à croire qu'ils avaient encore un minimum d'importance. Bien assez pour motiver l'un et l'autre à faire perdurer leur couple. Alors même que Dagda se dévoilait dans une ultime question, la Reine Fantôme ne pouvait retenir un soupir, alors que son regard se voilait pendant un instant. « Ton initiative suscite en moi beaucoup d'étonnement, de questionnements que je me dois de partager.. Parce que je me suis évertuée, jusqu'à là, à laisser passer beaucoup trop de choses. Des choses, qui, effectuées par un autre, aurait obtenu une autre sentence. Une sentence mortelle. Tu le sais. Alors non, tu n'as pas fait que me blesser.. Car si tel avait été le cas, tu en serais mort depuis un moment, de mes propres mains, je t'aurais déchiré de part en part, j'aurai utilisé ton sang pour teinter mon linge opalin, je.. » Oui.. Bon, il avait surement compris l'idée. La Morrigan demeurait à jamais une déesse de mauvaise augure, mortelle sous bien des aspects et vindicative, lorsqu'il le fallait. « Maintenant, à toi de me répondre Dagda. Comptes-tu nous donner une réelle chance d'échapper à notre funeste destinée ? » Le choix était sien. Sa réponse ouvrait le champ des possibles. Il tenait au creux de ses mains, tous les tenants et aboutissants, il était le maitre pour que la Morrigan demeure à jamais sa maitresse.
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♆Re: Please don't get tired of me Dim 8 Sep 2019 - 13:37
Les deux faces d'une même pièce, la vie et la mort, toujours assemblées et à jamais opposées. C'était là leur destin et après cette éternité croire que cela changerait serait une belle utopie. L'un avait souvent tenté d'influencer l'autre et si cela pouvait être concluant dans les décisions, les satures, elles, demeuraient inflexibles. Et même en sachant cela le Dagda ne pouvait que s'abîmer en constatant que son épouse ne pouvait que saluer son engagement qu'en sortant les griffes et en le lacérant. Parfois lasse, parfois révolté, la divinité s'opposa à chaque attaque avant de laisse la Morrigan s'expliquer. Usé, il ne tenta pas une nouvelle fois de s'abîmer dans l’explication de ces dit émois, le sujet était vain. Comme s'il était impossible de comprendre qu'un amour ne tuait pas l'autre, que son cœur était prêt à durablement s'attacher à plusieurs âmes sans aucune tricherie ou duperie sur la qualité des relations offertes. Sa nature échappait ainsi à beaucoup et était la source de reproche et de jugement que le Dagda observait avec lassitude, comme si chaque âme, surtout divine, n'avait pas sa propre façon d'aimer.
Mais il fallait aussi avouer que les contradictions étaient de belles tailles chez lui aussi. Comme son épouse ne manqua pas d'appuyer notre Dieu aux conquêtes innombrables était aussi d'une jalousie maladive, cela dit pas avec toutes les âmes car l'une d'elles était bien trop faite de la même essence que lui pour oser se heurter à cela. Pour Morrigan... Il fallait avouer qu'il avait bien trop de fois en sa fidélité pour ne pas être meurtri à cette simple pensée, cependant l’âge des caprices était passé et il devait bien avouer qu'elle pourrait être dans son bon droit.
Essuyant la blessure de trop, le Dagda préféra s'éloigner, saisissant que son objectif disparaissait à mesure que son instinct l'appelait vers le conflit. Il n'était pas venu pour cela et pourtant il n'aurait guère dû s'étonner d'un tel accueil. Était-ce tout ce qu'elle pouvait tirer d'eux, n'y avait-il rien qui avait grâce à ces yeux alors que lui avait nourri l'espoir de demeurer attaché à sa compagne d'éternité. Alors qu'il s'asseyait sur la couche familière il posa donc son interrogation. Lançant ainsi le dernier espoir usé de celui qui avait tenté de faire un pas dans la bonne direction avant d'y trouver une barricade mortelle.
▬ " Ton initiative suscite en moi beaucoup d'étonnement, de questionnements que je me dois de partager.. [...] Maintenant, à toi de me répondre Dagda. Comptes-tu nous donner une réelle chance d'échapper à notre funeste destinée ? " L'énumération de ses multiples destins n'apporta que peu de chose au Dagda qui l'observa finalement se raviser avant de véritablement trouver des propos constructifs. Une main semblait se tendre, métaphoriquement et celle du Dieu ne put que y répondre, physiquement. Installé, il tira une de ses mains de la couche pour l'ouvrir vers son épouse, l'invitant comme il aurait probablement dû le faire dès le début au lieu de sournoisement s'imposer.
▬ " C'est pour cela que je suis ici, avec un gage de bonne foi. " Il avait cru que ses intentions seraient évidentes, après tout si l'on pouvait lui reprocher quelques inconstances, la Divinité avait été pleinement fidèle à son corps qu'il abandonnait pour la première fois. Cette décision lui avait paru parler d'elle-même mais sans doute c'était-il égaré dans la méthode, ou avait-il engrangé trop de griefs à son encontre pour que la Morrigan ne perçoive la lecture évidente du phénomène. " J'ai cru qu'un acte serait plus parlant que des mots. " L’aveu était posé sincèrement aux pieds de la déesse et la main était tendue. Bien évidemment le changement fondamental était sans doute trop demander mais l'espoir n'était pas mort pour autant, Dagda ne souhaitait pas que les siècles aient raison de cette union, ils leur avaient déjà ôté leur descendance, ne pouvaient-ils pas arrêter là cette souffrance.
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♆Re: Please don't get tired of me Lun 21 Oct 2019 - 16:59
please don't get tired of me
“ You and me, we used to be together. Everyday together always.. I really feel that I'm losing my best friend. I can't believe this could be the end. It looks as though you're letting go and if it's real. Well I don't want to know.. Don't speak. — no doubt (don't speak)
Vie et mort, l’unique et la multitude. L’ombre et la lumière. Tant d’oppositions pour finalement ne former qu’un équilibre. Une unité indescriptible. Parce qu’ils avaient été fait ainsi et que le destin les avait amené à se lier à jamais. Ils représentaient un cercle tout à la fois vicieux et vertueux, annonciateur de l’aube comme du crépuscule. Le Dagda et la Morrigan portaient en eux les germes d’une civilisation qui se mourait, à l’image de leur divine essence. La Reine Fantôme avait opté pour un renouveau avisé, un changement qui - elle l’avait espéré - saurait lui apporter la paix. Mais finalement, retrouver Dagda au creux de sa couche encore étrangère, encore trop froide, n’avait fait que la braquer, la choquer et la ramener à ses démons intérieurs. Enfermée dans un miasme de rancunes terrassantes, la Rouquine avait révélé le pendant vengeur de son impérieux tempérament. Mais n’était-elle que cela, finalement ? N’était-elle que la mort, le malheur annoncé et la rancune la tenace ?
En portant ses prunelles à la couleur du printemps sur le visage de son amant millénaire, elle ne savait plus. Haine et rancœur bataillait contre l’attachement immortel qu’elle lui vouait. Il était ce qu’elle n’était pas, il ne serait jamais ce qu’elle désirait. Et pourtant, un fil rouge la liait, corps et essence, à cette être trop lumineux pour son âme rouge. Un souffle court s'échappait de ses lèvres naturellement teintes alors qu’il lui tendait cette main. Ce nouveau gage de bonne foi plaçait leur rencontre sous un nouveau jour. Un jour où le champs des possibles s’ouvraient devant l’un et l’autre. Et pourtant, pendant de longues secondes, elle hésitait. Non pas pour le blesser, non pas pour lui lacérer une fois de trop le cœur, mais simplement par instinct de conservation. Être blessée et bafouée n’était pas dans la nature divine de la Dame Rouge.
Sa fierté lui hurlait de reculer, de partir, d’échapper à leur destin funeste. Sa fierté lui criait de se nimber de son manteau mortifère afin de mettre fin à leur tragédie. Et pourtant, derrière ce tumulte, il y avait cet éclat luminescent, celui d’un espoir fou et désinvolte. Il lui soufflait que rien n’était terminé, que ce destin était le leur, immanquablement.
Parce qu’ils étaient la vie et la mort. Parce qu’ils représentaient un cycle, une évolution. Ils ne pouvaient s’échapper de leur tourbillon divin.
Un autre souffle plus long s’allongeait, outre sa bouche. Et le silence perdurait pendant ses paroles. Parce que les actes avaient toujours été plus parlant que les mots, il le savait. Il savait que c’était là son point faible, la clé de voûte de toute sa compréhension. Son regard s’abaissait alors sur cette main tendue pour remonter lentement sur ce corps nouveau que ses rétines connaissaient pourtant par cœur. Corps et âmes s’attiraient malgré elle, malgré sa raison, malgré sa rage intérieure. Et finalement, elle s’avançait d’un pas nu sur ce plancher craquant sous le poids de son choix lourd de conséquences. La Morrigan s’avançait, drapée de sa superbe dignité et glissait sa main dans celle de son Roi, renouvelant un vœu silencieux, éternel et mensonger.
Un autre pas, elle faisait buter le bas de ses genoux couvert du tissu miteux de sa modeste robe de fortune contre le rebord du lit. Le bruit sourd brisait son silence, l’invitant à enfin s’échapper de son mutisme.
« Les gestes seront toujours plus parlant que les mots. Comme la guerre sera toujours plus parlante que la menace. » La déesse mortifère ne pouvait se défaire de ses plus sombres habitudes, tout comme elle ne pouvait encore se détacher de son époux. Parce qu’ils étaient ainsi fait, parce qu’ils étaient destinés a toujours se retrouver. Enfin.. Elle aimait à s’en convaincre, envers et contre tout. « Aimes-moi comme je le mérite. Comme ta Reine, ton Autre, ta Moitié. Ne me lasses jamais de tes attentions, ne détournes plus tes yeux de moi.. » Ou elle se détournerait à jamais de lui. Cette promesse, tout à la fois verbalisée et silencieuse prenait deux directions claires.
La Morrigan renouvelait ses vœux envers le Dagda et pourtant, elle en établissait un nouveau envers sa fierté bafouée. C’était là leur dernière chance. L’unique.
Et pour sceller cela, elle s’animait de nouveau, ses genoux rencontrant le matelas de fortune afin qu’elle vienne les placer de part et d’autre des cuisses de Dagda. La main libre relevait sensiblement le tissu de sa robe afin de faciliter ses mouvements et la laisser s’installer sur les genoux de son époux. Chose faite, ses doigts se déliaient, relâchaient le tissu et remontaient jusqu’à la mâchoire masculine. Cette promesse caressante, chair contre chair, si simple, faisait affluer les images rémanentes des amants perdus et incarnés. La Morrigan ne cédait pas si simplement à cet appel, non, elle s’ancrait dans leur promesse, plaçant en bruit de fond cette autre existence qui ne lui appartenait pas, qui ne lui avait jamais appartenue.