You're a mess in your own ways, let's mess it up together

Deux jours auparavant, une vidéo avait été montré au poste de police concernant un fait plutôt anormal. Un gang de trafiquants d’objets d’art, de collection, s’était fait attaquer par un homme que certains avaient immédiatement surnommé le Superman des temps modernes. L’homme était apparu comme fort, mettant hors d’état de nuir ses opposants les uns après les autres. Mais surtout, il semblait être à l’épreuve des balles. Les enregistrements n’étaient pas très nets et, dans un sens, c’était une chance. Sinon, il aurait été fort à parier que la jeune femme n’aurait pas été la seule à reconnaître le cardiologue du Temple University Hospital. Lorsqu’ils avaient assisté au premier visionnage, elle avait clairement cru qu’elle était folle. Elle avait vu le beau brun quelques jours voir semaines à peine avant, lors de son contrôle annuel qu’elle faisait avec lui depuis que sa mère était morte. Hope se souvenait donc parfaitement de son allure, de son visage et du charme qui s’en dégageait. Mais lorsqu’ils avaient regardé les images pour la seconde fois, elle n’avait plus eu de doutes. Il était incontestable que cela soit lui. Mais pourquoi diable avait-elle répondu comme tous les autres que cet homme ne lui disait rien ? S’il n’avait tué personne à première vue, il n’était pas pour autant blanc comme neige. Agresser quelqu’un d’autre était un crime répréhensible. Et pourtant, elle n’avait rien dit. Sa curiosité avait pris le dessus, la faisant réagir par instinct et non par raison. La lieutenante avait besoin de comprendre, de savoir comment faisait-il cela. Après tout, même si les gilets pare-balles existaient, ils n’en existaient aucun d’assez efficace pour absorber le recul lié à l’impact. Hors là, elle avait plus la sensation que les balles qui lui étaient destinées ne faisaient que rebondir sur son torse. Le soir, elle avait poursuivi les recherches depuis chez elle sur ces trafiquants d’objets de collection, un verre de rouge pour seule compagnie.

La nuit avait été très courte pour la petite brune mais finalement, elle avait été payante. Elle commençait à avoir une piste pour les retrouver dans Philadelphie.La logique et la raison auraient voulu qu’elle partage ses informations avec ses collègues pour qu’ils puissent faire une descente le soir venu. Mais au lieu de ça, elle se rendit sur place seule pour vérifier ses informations. si le fameux gang avait été sur place, il n’en restait pas grand chose. Elle eut tout juste le temps de l’apercevoir alors qu’il grimpait dans une voiture pour déguerpir des lieux. Mais même si elle ne l’avait vu que de loin, elle était prête à parier qu’il s’agissait bel et bien de Melchiah. Bordel à quoi jouait-il ? Comment faisait-il ce qu’il faisait ? Et surtout, pourquoi continuait-elle de fermer sa gueule vis à vis des autres collègues sur l’identité du soi-disant Superman. Déterminée à comprendre le fin mot de l’histoire, elle fit un détour par l’hôpital pour avoir l’adresse personnelle du cardiologue. Evidemment, on ne voulait pas lui donner au départ. Aussi dut-elle faire des pieds et des mains pour expliquer qu’il lui avait donné lors de la consultation quelques jours auparavant et qu’elle avait perdu le papier. C’est en jouant la femme qui s’en voulait d’une telle mégarde que la réceptionniste de nuit lui donna après avoir zieuté son dossier personnel et avoir vu qu’elle travaillait dans la police. Reprenant sa voiture, elle se mit en route, se demandant bien ce qu’elle allait pouvoir lui raconter, comment elle allait pouvoir aborder le sujet. Le déluge persistait dehors. Hope était déjà trempée de la tête aux pieds. Son slim noir lui collait à la peau, ses baskets faisaient des bruits de flaques d’eau à chaque pas qu’elle faisait et son top bleu foncé semblait être noir gaugé ainsi.

Alors qu’elle se gara à quelques mètres tout de même de la maison en bois, elle aperçut la silhouette du beau brun au même moment où elle coupa le moteur, éteignant ses phares par la même occasion. Elle aurait probablement dû se méfier. Après tout Monsieur Muscle la dépassait de deux bonnes têtes, il ne craignait pas les balles et clairement il savait se battre, vu le désastre qu’il avait encore laissé derrière lui ce soir. La jeune femme aurait dû se méfier, mais elle n’y arrivait pas. Cela faisait plus de dix ans qu’elle le connaissait. Il ne pouvait être si différent de ce qu’elle avait perçu chez lui au cours des dernières années. Aucun changement ne s’était ressenti chez lui, rien, même pas physiquement. sortant de sa voiture, verrouillant cette dernière dans un réflexe potentiellement stupide. Elle s’avança petit à petit jusqu’à se retrouver à quelques mètres de lui à peine, en bas du perron, levant le regard vers lui. La pluie était glaciale et, bêtement, cela lui faisait du bien. Ses pensées n’avaient pas été aussi chaotiques depuis un certain moment. Son incompréhension avait attisé sa curiosité qui faisait tourner son cerveau à mille à l’heure. Mais la brune n’avait toujours pas trouvé d’explications plausibles. C’est pour cela qu’elle voulait lui demander.

Bonsoir Melchiah ...

Elle qui était déterminée jusque là semblait perdre ses moyens face au jeune homme séduisant et son magnétisme qui agissait toujours un minimum au début de leur entretien. Prenant une bonne respiration, elle s’avança jusqu’à lui, gravissant les quelques marches du perron, pour se retrouver face à lui plongeant son regard azuré scrutateur au fin fond des prunelles du cardiologue.

Je ne vais pas passer par quatre chemins. J’espère vraiment que je me trompe pas sur ton compte. Des caméras t’ont filmé sur les docks il y a quarante-huit heures à jouer les Superman comme diraient mes collègues. Tu m’expliques simplement ou dois-je t’emmener au poste pour ça ?

Le coeur battant, son regard inquisiteur était aussi curieux que sérieux. Elle n’avait aucune idée de comment il allait prendre la nouvelle et espérait bien qu’il n’allait pas vouloir se battre contre elle. Hope restait prête, ne comptant pas se laisser faire si jamais il choisissait la seconde option. Pour autant, elle préférait clairement ne pas en arriver là, ne pensant pas être à la hauteur après avoir vu les images de l’avant-veille.

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La jeune femme espérait grandement ne pas se tromper sur son compte alors qu’elle gravissait les marches pour le rejoindre. Se rapprocher de Melchiah n’était pas forcément la meilleure idée qu’elle avait eu. Son regard scrutateur l’impressionnait autant que son charisme ou encore sa tenue peu convenable pour s’entretenir l’un avec l’autre. Reprenant contenance autant que possible, elle prononça un genre d’ultimatum, les faisant rentrer directement dans le vif du sujet. Comme à son habitude avec le beau brun, elle faisait en sorte de se raccrocher à son fil rouge, la raison de sa présence ici. Plus son esprit était focalisé sur des faits, un but, moins il se préoccupait de la présence quasi-étouffante et impressionnante du cardiologue. Sa remarque ne déclencha aucune réaction physique chez son interlocuteur. A croire qu’il était venu sur le perron de sa maison pour attendre sa venue dont il était au courant à l’avance. Imperturbable, ce dernier semblait avoir un aplomb certain lorsqu’il l’invita à rentrer. D’abord hésitante, la brune se décida finalement à pénétrer dans l’antre du lion. De toute manière, si venir ici l’avait mise en danger, à l’extérieur sous le déluge ou à l’intérieur abritée, cela ne changerait pas grand chose. Ce que les images de vidéos surveillances avaient montré du docteur Valeyard lui permettaient déjà qu’elle ne s’en sortirait pas par le combat face à lui. Elle n’était pas naïve au point de croire qu’elle aurait une chance, au vue du nombre d’hommes qu’il avait mis KO deux nuits auparavant ainsi que cette nuit là.

A peine entrée dans la demeure, le maître des lieux avait disparu la laissant seule face à un spectacle peu conventionnel. Il s’agissait d’un chalet en bois tout ce qui était de plus traditionnel, savoir faire en perdition à l’heure actuelle. Le bois utilisé avait été travaillé, comme si les rainures du chêne au sol criait qu’elles étaient heureuses d’avoir étaient autant embellies. La brune fut prise au dépourvu par le retour fantôme du jeune homme. Elle fut à deux doigts de le bousculer et de lui faire renverser la tasse de café fumante qu’il tenait à la main et qu’il semblait lui tendre, accompagnée d’un sourire un tantinet charmeur et d’une remarque tout à fait logique. Hochant simplement de la tête, elle le vit partir alors qu’elle pénétra dans la pièce désignée en passant une double porte somptueuse. La pièce immense était extrêmement personnalisée. Rien que l’utilisation intégrale de bois pour les cloisons mais également le mobilier était un signe d’une grande proximité avec la nature ou le d’apprécier l’art ancien. Il faut dire que la lieutenante ne connaissait pas beaucoup le médecin en dehors de sa visite de contrôle annuelle. Rapidement, elle déposa sa tasse de café, ne se souciant guère de son état de femme totalement trempée. Il était aisé de suivre le cheminement qu’elle avait eu dans la pièce en question, ses cheveux perlant au fur et à mesure de sa progression. Les livres qu’elle trouva sur les étagères n’étaient nullement des livres de médecine. Il s’agissait d’oeuvres anciennes.

Une fois de plus, Melchiah se fit discret, prenant place dans un fauteuil près du feu sans qu’elle ne le remarque. Jamais elle n’avait vu pareille demeure auparavant. Finalement elle se rapprocha de la cheminée alors qu’il commença à prendre la parole. La peur qu’il exprima était tout à fait logique et louable. S’il était plus juste de dire la vérité que de mentir, cette dernière pouvait avoir des répercussions parfois inattendues ou non souhaitées. L’aveu de son invincibilité comme s’il venait d’avouer avoir les cheveux châtains la choqua. A croire que cela était plus que normal pour lui d’avouer une telle chose. S’asseyant sur l’accoudoir du fauteuil, de peur de tremper celui-ci si elle s’asseyait en plein, elle attrapa sa tasse fumante et souffla rapidement dessus avant d’en prendre une bonne gorgée, se réchauffant par ce biais, en plus du doux feu qui crépitait à côté d’eux. L’ambiance des feux de cheminée avait toujours détendue la jeune femme. La façon de parler du cardiologue des faits qu’elle avait évoqué semblait s’assimiler à un personnage qui contait son histoire. Il savait parfaitement ce qu’il racontait et ses propos transpiraient une certaine véracité. Il finit par reprendre alors qu’elle reposait sa tasse vide à l’endroit où elle l’avait prise, ne s’imaginant pas une seconde à quel point elle avait eu raison de déposer cette tasse en porcelaine déjà réparée par le passé. Ses yeux s’écarquillèrent à la première phrase. Comme “son épouse” et “il y a plus de mille ans” pouvaient se retrouver dans la même phrase. Qu’était-il en train de lui chanter comme honteux mensonge ? Les informations découlaient trop vite et avec trop peu de cohérences pour que Hope puisse trouver cela logique. Son père roi, lui mort, il se disait prince de neuf royaumes et en même temps un dieu, tout ce qu’il lui disait n’avait aucun sens dans l’esprit de la brune qui finit par se relever un peu hâtivement. Se mettant à marcher dos à son interlocuteur, elle finit par se retourner quelques secondes plus tard, plantant son regard bleu inquisiteur et intransigeant.

Tu es en train de me dire que tu es un prince doublé d’un dieu, mort de surcroit. Et que tu as tabassé tous ses types pour un objet ayant appartenu à ta femme morte il y a mille ans. J’ai bien résumé ?

Attendant un quelconque signe d’approbation, alors que le ton de sa voix transpirait le sarcasme, la jeune femme finit par reprendre, fixant toujours intensément du regard le beau brun assis dans son fauteuil.

Soit tu as fumé ou bu je ne sais trop quoi avant que j’arrive soit tu es réellement en train de te foutre de moi Melchiah. Si je suis venue te voir seule, c’était pour te donner une chance de m’expliquer ce que tu avais fait. Je ne sais même pas pourquoi je t’accorde cette chance si je peux décrire ça ainsi. J’ai l’impression d’être venue perdre mon temps.

Reprenant sa respiration pour essayer de redevenir plus sereine malgré la situation irréelle dans laquelle elle se trouvait, la lieutenante reprit, tel un dernier ultimatum.

Comptes-tu me dire la vérité ou bien préfères-tu que je revienne avec mes collègues pour t’embarquer ?

Elle ne savait pas s’il allait la laisser repartir. Mais il était clair que sans explication plus plausible, Hope ne resterait pas une minute de plus dans cette demeure à perdre son temps. Le beau brun se prenait pour un dieu, rien que ça. Et bien sûr, il s’agirait d’un dieu d’une quelconque mythologie avec des pouvoirs dont son invincibilité. Tout cela n’avait aucun sens dans l’esprit de la jeune femme. Si elle appréciait beaucoup le cardiologue, si à chaque fois qu’ils se revoyaient elle se sentait comme attirée par lui, en aucun cas elle n’était capable d’avaler ces salades.

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Evidemment, la belle brune s’attendait à tout sauf à ce que son intervention fasse rire de la sorte son interlocuteur. Sa remarque suivante eut l’effet d’une gifle. Ils n’étaient pas franchement amis il était vrai. Mais si elle était venue ce soir à sa rencontre pour le voir en tête à tête sans dire à personne qu’elle connaissait l’identité du mec qu’ils avaient tous surnommé Superman au poste, ce n’était pas pour rien. Elle croyait en son bon fond et voulait l’aider à se canaliser ou à arrêter ce qu’il faisait avant qu’il ne soit trop tard. La limite entre se battre et tuer était si mince. Et si ceux qu’il avait mis KO le méritaient pleinement, cela ne rendait pas ses actes louables. Seulement, au vue de ses paroles, le jeune homme semblait plutôt croire qu’elle allait le soutenir dans ses actions. Le travail qu’accomplissait la police était loin d’être suffisant, il était vrai. Pour autant, il était légal, il respectait la justice et les droits d’autrui. Ce n’était pas le cas des actes que Melchiah avait mené durant deux soirées entières à fracasser la trombine de malfrats. Ce qui était certain, c’est qu’elle ne reconnaissait pas le médecin qui avait été à ses côtés lorsqu’elle avait perdu sa mère huit ans auparavant. Craintive, muette d’incompréhension, sa seule réaction fut de reculer d’un pas, puis d’un second avant de finalement prendre la parole.

Tu te méprends sur mes intentions Melchiah. Je suis venue pour te faire cesser tes agissements injustes afin que tu cesses d’attirer l’attention sur toi. Une même personne ne peut être juge, juré et bourreau.

C’est alors qu’il reprit la parole, laissant plus à penser qu’elle avait à faire à un fou échappé de l’asile qu’au beau brun qu’elle connaissait depuis plusieurs années maintenant. D’un autre côté, si ses paroles semblaient totalement hors sujet, il réussissait tout de même à l’atteindre. Elle commençait à frissonner à cette image d’elle nue ou sans son arme de service qu’elle avait pris par réflexe, ne songeant pas vraiment en avoir besoin. Elle voulait réellement lui permettre de s’expliquer pour qu’il lui donne raison de vouloir le couvrir. Et voilà que dans sa façon d’être comme de faire, le cardiologue n’avait plus rien de celui qu’elle connaissait, se montrant impressionnant, écrasant même alors qu’en une seule phrase, il lui avait adressé un compliment et une menace. Hope avait toujours fait en sorte de rester neutre face à lui. Il était son médecin et elle était sa patiente. Alors même si sa présence et sa proximité la troublaient à chaque fois qu’ils se voyaient, elle prenait sur elle pour faire passer la chose le plus vite possible. Cela était devenu plus facile avec le temps, Melchiah n’ayant jamais eu un geste ou une parole envers elle. Alors pourquoi agissait-il de la sorte ce soir ? Il était obligé que l’homme qui se tenait devant elle était sous l’emprise d’une quelconque drogue ou d’un quelconque alcool. Le voyant se lever, la brune eut envie de s’éloigner de lui mais si elle put faire un pas en arrière, elle ne put en faire plus. Comme tétanisée, telle une statue, son corps attendait que le jeune homme se rapproche, comme s’il ne souhaitait que cela.

Merde … Il fut finalement face à elle, bien trop proche d’elle. Rien que cette proximité devenait presque étouffante. Le contact de ses mains fermes sur ses hanches la fit frissonner alors que ses cuisses se contractèrent pour se resserrer dans un réflexe incontrôlé. Ses yeux plongés dans les siens, la lieutenante était interdite, ne comprenant pourquoi son attention et son envie étaient autant focalisées sur ses beaux yeux bleus, ses lèvres qui semblaient si douces ou encore ses mains si fermes et désirables. Elle s’était persuadée de ne plus avoir envie de ça, d’avoir tourné la page. Cela faisait plusieurs mois qu’elle n’avait goûté à ce genre de plaisir et là, devant elle, le cardiologue semblait lui dire qu’il avait bien compris son manège. Mais non, elle n’avait pas prévu tout ça, elle n’était pas venue pour ça. Et pourtant, l’entendre dire qu’elle le voulait à haute voix rendait la vérité plus dure et cruelle mais aussi encore plus vraie. Il la souleva telle une plume pour l’asseoir au bord de la bibliothèque la remontant un peu plus à sa hauteur. Elle ne se moquait point de ce qu’il était et de comment il faisait pour résister aux balles. Mais là tout de suite, Hope s’était totalement perdue dans ses yeux tout comme elle avait perdu le contrôle des battements de son coeur ou de sa respiration. Le contact de ses doigts sur sa joue la fit légèrement sursauter alors qu’elle sentait qu’il n’allait pas s’arrêter là. Elle en mourrait d’envie et lorsque finalement il l’embrassa, pressant leur deux corps l’un contre l’autre, elle répondit à son baiser avec plus de ferveur qu’elle n’aurait dû. Un frisson parcourut son échine alors qu’elle profitait de ses douces lèvres. Son corps puissant semblait capable d’autant de tendresse que de force. C’est une douce et enivrante sensation qu’il lui procurait là en l’embrassant, faisant réagir tout son corps, sentant des frissons au creux de ses reins et un feu dévorant naître bien trop vite au fond de son ventre. Instinctivement, ses mains vinrent caresser la barbe du médecin jusqu’à ce que l’une d’elle quitte sa joue pour passer dans sa nuque, puis ses cheveux et enfin redescendre dans le dos musclé de ce dernier, faisant sentir le bout de chacun de ses doigts qui s’enfonçait de manière prononcée dans sa chair.

Mais elle n’était pas là pour ça et si elle ne comprenait toujours pas pourquoi son corps tremblait d’envie pour le beau brun sans aucune retenue, elle ne devait pas perdre son objectif de vue. Le baiser prit fin et la jeune femme en profita pour poser ses mains sur le torse de Melchiah pour le repousser un peu et ainsi récupérer un peu d’air. Chaque nouveau centimètre qui les séparait semblait lui permettre de respirer un peu plus et de se concentrer sur ce qui était réellement important à l’heure actuelle. Alors qu’elle regardait vers le bas comme pour le fuir, elle finit par relever la tête pour planter ses prunelles sapphires dans celles de son interlocuteur, interrogative. Il n’avait aucune raison d’agir de la sorte maintenant alors que jamais auparavant il n’avait montré un quelconque intérêt. Le cardiologue tentait une banale diversion, banale mais plutôt efficace elle ne pouvait le nier. Son propre corps semblait la trahir. Lorsqu’elle se décida à reprendre la parole, le souffle un peu court, le coeur toujours prêt à bondir en dehors de sa poitrine, sa voix était bien moins sérieuse et assurée qu’auparavant. Tenir le cap, poursuivre son questionnement pour comprendre comment il faisait ce qu’il faisait semblait être une tâche insurmontable.

Tu n’aurais pas dû faire ça. T’essayes de te jouer de moi mais ça prend pas Melchiah.

Reprenant une nouvelle inspiration pour se donnait du courage et poursuivre, Hope reprit :

Explique moi sérieusement comment fais-tu pour faire ce que j’ai pu voir sur ces images. On aurait dit que les balles ne faisaient que rebondir sur toi, comme si elles étaient en mousse. Tu auras beau essayé de te jouer de moi en faisant quelque chose qui ne t’a jamais intéressé, j’en reviendrais toujours à ça alors réponds moi.

Alors qu’elle eut finie, la brune redescendit de la bibliothèque tout en maintenant à distance le jeune homme. Elle n’imaginait pas que son état était dû à l’un des pouvoirs du dieu qui venait de réveiller son envie profonde. Mais ce qui était sûr, c’est que s’éloigner un peu de lui lui permettait de respirer tranquillement et de ne plus trembler aussi c’est ce qu’elle fit, espérant que sa mise en garde le tiendrait à distance.

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Son coeur battait toujours à vive allure et elle reprenait son souffle que petit à petit. Le jeune homme qui lui faisait face était charmant et imposant, un mélange qui d'étonnait pas mal. Ce baiser échangé avait chamboulé bien plus la lieutenante que ce qu'elle serait prête à reconnaître et à avouer. Reprenant contenance, elle essaya d'interroger une fois de plus son interlocuteur, cherchant à comprendre comment avait-il pu survivre aux nombreuses balles qui auraient dû le transpercer. Le maintenant un peu à distance, espérant que ce baiser serait le seul à venir brouiller ses pensées, la brune ne s'attendait clairement pas à la suite. Alors qu'elle s'apprêtait à s'éloigner de lui pour mettre encore un peu plus de distance, un premier coup partit à proximité de sa tête, puis un second, déclenchant une aura de lumière vive autour d'elle hallucinante. Qu'est ce que c'était que cela ? Qu'arrive-t-il à Melchiah ? Elle ne l'aurait pas cru capable de lui faire du mal et pourtant, cela semblait être dans ses intentions présentes. Mais ce genre de bouclier inexplicable déviait inlassablement ses coups tandis que ses paroles étaient devenues encore plus incohérentes. Le médecin avait une force incroyable qu'elle avait déjà vu à l'œuvre sur les vidéos mais cela était bien plus impressionnant de la sorte. Difficile voir même impossible pour Hope de ne pas avoir peur, elle semblait être à deux doigts de se faire tuer. La seule chose qui lui permettait de ne pas avoir encore pris de coups était cette aura lumineuse inexplicable qui entourait tout son corps.

Melchiah il se passe quoi ?

C’est alors qu’un murmure rempli de haine s’échappa des lèvres douces du cardiologue. Il la chassait de chez lui alors que son visage était méconnaissable. Lui toujours à l’apparence douce et chaleureuse faisait réellement froid dans le dos à cet instant. Menaçant, sa voix tonitruante s’exclama, prononçant une nouvelle menace, la menace ultime. Les yeux bleus de la belle s’écarquillèrent ne reconnaissant plus l’homme qu’elle avait rencontré douze ans auparavant et qui avait été présent à ses côtés pour surmonter la mort de sa mère. C’est alors qu’il s’illumina de rouge, ses yeux rubis faisant ressortir la véritable menace qui semblait dormir au fond de Melchiah. La peur s’empara complètement de la lieutenante qui se décida à bouger tout même, s’échappant de sa position en évitant un coup, mettant enfin de la distance entre les deux corps et se reculant, laissant son regard rivé sur le beau brun qui semblait devenir fou et en même temps qui faisait preuve d’une chose improbable, inimaginable voir irréelle … Perturbée par ce qu’elle voyait, incapable de réfléchir posément, la jeune femme se prit les pieds dans des livres que le dieu avait déjà fait tomber en frappant la bibliothèque et tomba en arrière, heurtant violemment sa tête sur le sol. Une plaie à l’arrière de son crâne commença à laisser du sang s’échapper. Portant sa main à sa tête pour constater les dégâts alors qu’elle était assommée, Hope finit par perdre connaissance sur le sol.

A son réveil, la brune était déboussolée, ne reconnaissant pas du tout ce qui l’entourait. Lorsqu’elle se rappela de ce qu’il s’était passé, de où elle se trouvait et comment elle avait potentiellement fini dans ce lit, elle leva le drap qui la recouvrait pour voir qu’elle était entièrement habillée. Un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres alors que la douleur à sa tête se rappela à elle. Levant une main en direction de l’arrière de son crâne, elle sentit un bandage qui avait été apposé autour de sa tête. Ses yeux se déplacèrent jusqu’à une table de chevet où son téléphone et son arme de service reposaient. Se hâtant, sentant quelques douleurs un peu partout sur son corps dû à sa chute, elle attrapa son flingue pour vérifier son état qui était totalement intact. Engourdie, ankylosée même, Hope commença à se remémorer ce qu’il s’était passé depuis son arrivée chez le beau brun. Elle se repassa en boucle les paroles qu’ils avaient échangés, les faits qui s’étaient déroulés. Il s’était moqué d’elle, avait tenté de la berner puis l’avait séduite alors qu’elle avait laissé place à un désir enfoui au fond d’elle à un moment totalement inopportun. Puis elle avait été enveloppé dans un halo de lumière jaune rayonnant tandis que son cardiologue brillait d’un rouge agressif jusque dans ses pupilles. Il avait failli la frapper, peut-être même la tuer. Ses aveux étaient-ils juste ? La question de son amie lieutenante résonna dans son esprit. Elle avait bel et bien été témoin d’un phénomène inexpliqué et surtout impossible. Comment devait-elle assimiler cela ? C’était indécise par rapport à cette question qu’elle finit par sortir de la chambre pensant rejoindre son véhicule et rentrer chez elle au plus vite. Mais ce n’était sans compter sur le fait qu’elle découvrirait un ciel rempli d’ondes boréales vertes et jaunes, un spectacle inouï et surtout inhabituel pour la région de Philadelphie. Puis d’un coup, une voix s’éleva, sa voix, alors que le regard azuré de la belle le trouva rapidement assis sur un banc en pierre. Ses jambes se remirent en mouvement d’elles-même lui permettant d’apercevoir son visage tandis que ce dernier était orienté vers le sol. Il était immortel et d’un coup ça la frappa de plein fouet. La brune le connaissait depuis douze ans et elle ne réalisait que maintenant à quel point il n’avait pas changé d’un cil. Il était un dieu, il était de plus en plus difficile de nier cette évidence même si elle paraissait aussi très absurde.

Alors tu me renvoies ainsi … Sans aucune explication ...

Levant son regard sur le ciel magnifique et inhabituel le temps de réfléchir un peu, hésitante quand à la suite à donner à cette conversation qui était bien trop calme et paisible par rapport à la précédente, elle finit par baisser le regard sur l’homme meurtri qui avait pris place sur le banc de pierres. La larme qui avait laissé une trace sur sa joue était le symbole de sentiment et donc qu’un dieu pouvait en avoir également. Hope était mitigée entre l’envie de consoler le médecin qui semblait blessé et son envie de garder une bonne distance voir de fuir après le danger et les menaces dont il avait pu faire preuve vis à vis d’elle. Il était déjà tard, ou tôt selon les points de vue, la nuit étant bien entamée.

Pourquoi t’es-tu énervé de la sorte ? Pourquoi as-tu voulu me frapper Melchiah ? Je ne pensais pas qu’en venant te voir seule tu m’assimilerais à un quelconque danger ...

Elle ne savait pas bien comment réagir face à cette situation qui la dépassait complètement. Son cardiologue était à première vue un dieu, un dieu qui avait failli la tuer, un dieu qui semblait avoir une facette baignée de folie.

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Le choc qu’elle avait eu à la tête n’était rien face au choc des révélations de Melchiah suivies des preuves de son anormalité. Qui avait les yeux qui scintillaient d’un rouge représentant la fureur ? Comment s’était-elle retrouvée entourée d’un halo lumineux qui avait semblé détourner les coups du médecin ? Pourquoi avait-il voulu l’attaquer lorsqu’elle était venue en amie pour lui donner une chance de s’expliquer loin du poste de police ? Rien n’était cohérent ou logique. La brune essayait tant bien que mal de croiser les informations et les faits mais tout était encore trop frais, trop hallucinant et trop improbable pour qu’elle réussisse à organiser quoi que ce soit dans son esprit. Elle se rappelait le bouleversement qu’elle avait perçu chez sa collègue lorsqu’elle lui avait parlé de l’existence potentielle des dieux. Etait-ce à ce genre de chose que Kaitlyn avait assisté pour être aussi perturbée par la suite en plus d’avoir du mal à ne pas y croire ? Ses yeux ne pouvaient lui jouer des tours à ce point. Cela ne pouvait pas non plus être un tour de passe passe avec des lumières. Hope était au moins consciente de ça. Mais admettre que son cardiologue qu’elle connaissait depuis douze ans maintenant était un dieu, un vrai dieu incarné sur Terre ? C’était tout bonnement impensable pour elle. Les choses se déroulaient bien trop vite et si elle s’attendait à ce que cette histoire d’homme imperméable aux balles soit surprenante, cela dépassait de loin tout ce qu’elle aurait pu imaginer.

Les paroles de son ami semblaient incohérentes. Alors qu’elle lui demandait ce qu’il s’était passé, ce qu’il lui avait pris de vouloir ainsi la blesser, peut-être même la tuer, ce qui expliquait la distance qu’elle conservait avec lui, le docteur lui parla d’un livre qu’il avait trouvé une fois. Sa façon de parler des humains montrait clairement une distinction avec la façon dont il se considérait lui même. Elle n’avait plus l’impression de faire face à la personne qu’elle connaissait. A croire qu’il avait joué un rôle jusque là ou alors au contraire qu’il en jouait un ce soir là. Le comportement du médecin était des plus perturbants pour la jeune femme qui ne ressentait toujours pas la douleur de son choc à la tête tant tout un tas d’informations et de questions lui traversait l’esprit. Hope avait l’impression d’avoir très peu d’informations sur son interlocuteur, sa véritable identité. Le discours de ce dernier était confus, partant d’un endroit incompréhensible pour raconter une histoire qui ne semblait avoir ni queue ni tête. Melchiah ne cessait de répéter qu’il était mort. Hors il se tenait bel et bien devant lui, les yeux ouverts, apercevant une larme qui coulait de temps en temps. Pourquoi sa souffrance apparente l’affectait-elle à ce point ? Elle avait envie de s’approcher de lui, de le réconforter comme elle pouvait malgré le fait qu’elle se sentait totalement impuissante dans cette situation où absolument tout lui échappait.

Comment pourrais-tu être à la fois mort et ici Melchiah ça n’a pas de sens ...

Mais à croire que sa voix, ses mots, sa présence, rien n’atteignait ce dieu qui semblait être entouré de ténèbres douloureux et oppressants. Il revint au fait qu’il avait été le fils d’un roi, roi dont il avait voulu être la fierté comme beaucoup d’enfants avec leurs parents. Dieu ou mortel, les sentiments douloureux semblaient être les mêmes pour tout le monde. Cela réveillait au passage les propres souffrances de la belle qu’elle faisait taire au quotidien. Il parla alors de sa femme, rappelant à la mémoire de sa patiente le fait qu’il lui avait avoué quelques jours auparavant qu’il était veuf mais qu’il était important d’avoir quelqu’un dans sa vie. Etait-ce le regret du temps qu’il lui restait sans elle qui parlait ? Emprisonné dans ses souvenirs, la belle était incapable de comprendre les maux qui avaient frappaient son ami et qui continuaient de le hanter à l’évidence. Melchiah semblait être un homme détruit par ses expériences passées, une facette de lui qu’il n’avait jamais laissé entrevoir jusque là. Les yeux de la lieutenante se mirent à briller de compassion bien qu’aucune larme ne s’en échappa. Cela faisait sept ans qu’elle s’était jurée de ne plus s’attacher à qui que ce soit pour ne plus souffrir et de ce qu’elle voyait et réussissait à comprendre de la vie de ce dieu détruit, c’était qu’il n’y avait rien de pire que de perdre l’amour. Alors malgré le fait qu’il lui disait le contraire, elle restait persuadée qu’il fallait mieux ne pas le connaître.

Je suis désolée pour toi Melchiah … Même si je ne comprends pas grand chose, je sens bien que … que ça ne va pas. Mais ...

Commençant à faire un pas en arrière puis un second, cela faisait bien trop de choses à assimiler, trop de choses incohérentes, incompréhensibles et perturbantes pour un seul esprit en si peu de temps.

Je dois y aller ...

Et sans un mot de plus, Hope fit volte face et se hâta de rejoindre sa voiture. Ses mains tremblaient, son coeur battait de manière irrégulière et son esprit était embrouillé par tout ce qu’il s’était passé ce soir. Elle n’avait qu’une idée en tête, rentrer chez elle et prendre une bonne douche froide pour se remettre les idées en place et qui sait, peut-être se réveillerait-elle le lendemain en réalisant que tout ça n’était qu’un rêve. Après tout, comment son cardiologue pouvait-il être un dieu ? Pourquoi ce seraient-ils embrassés aussi passionnément pour qu’ensuite il veuille la tuer ? Tout ceci n’avait pas le moindre sens ...