Fake possession, True grief
Deux femmes attendent Mayrik Waaka de pied ferme lorsqu’il rouvre sa boutique vaudou après la pause déjeuner. Non que le dieu ait un besoin physiologique de nourrir son enveloppe à la stature herculéenne, mais il convient de simuler le mode de vie des humains pour se fondre parmi eux.
À quelques écarts près.
Car son besoin particulier, Papa Legba il l’a assouvi au contact du grand frêne qui trône fièrement, majestueux, au centre du petit espace vert proche de son établissement. Non pas à la manière des chiens, qui se sentent curieusement obligés de lever la patte à chaque passage près du tronc énorme, l’arrosant de quelques gouttes jaunâtres, mais à la façon d’un homme viril. Enlacé avec son compagnon végétal, joue contre son écorce rugueuse. Souriant comme un amoureux transit malgré les regards tantôt médusés, tantôt amusés des promeneurs. Malgré les messes basses dont il perçoit les ondes de chaque phonème.
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L’une de ces femmes est une jeune blonde à la peau blanche que Mayrik n’a jamais vue auparavant. Il s’en souviendrait pour sûr : sa clientèle est certes majoritairement féminine, comme c’est la norme dans le secteur du commerce ésotérique, mais le vaudou trouve ses origines dans l’Afrique noire. Aujourd’hui encore, ce sont majoritairement leurs descendants qui pratiquent ses rites et vénèrent ses Iwas.
Cette jeune femme, Jules Page, sait que le colosse à la pilosité fleurie est l’incarnation de Papa Legda. S’il n’occupe aucun rang particulier à Sanctum, Legba fait partie des noms qu’on lui a soufflés à l’oreille lorsque Macaria a quitté son refuge pour se mettre en quête de personnalités originales et… divertissantes.
Difficile de ne pas sourire à cet étrange personnage quand on le voit pour la première fois, surtout quand on a passé des siècles de réclusion dans le cloitre paternel. De toute évidence, Papa Legba ne ressemble en rien à son geôlier Papa Hadès.
En outre, Macaria est certaine que le dieu vaudou ignore qui elle est réellement. Cela lui donne un avantage, et rend le petit jeu de la rencontre d’autant plus amusant. Elle bouillonne d’impatience et franchit la porte en premier, telle une princesse – on n’apprend guère les bonnes manières, aux tréfonds des Enfers.
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La seconde femme est une habituée des lieux. Une Haïtienne moins âgée qu’elle a en l’air, déjà striée de rides comme une terre desséchée à moins de quarante ans. Legba connaît bien Mirlande ; petit à petit, une relation de confiance s’est établie entre eux. Avec un peu de patience et de bonnes actions à son égard, les prières et les offrandes de cette mère de famille iront vers lui, alimentant sa flamme divine.
Mirlande entre avec précipitation à la suite de Jules. Aussitôt, elle se dirige à vives enjambées vers le géant qui la dépasse de deux têtes. Elle agrippe sa manche dans un geste de désespoir, pose sur lui un regard affolé qui augure de sombres aveux.
Son américain est approximatif, marqué d’un fort accent :
— Mesye* ! C’est mon fils, Wilky. Je vous ai déjà parlé qu’il va pas bien depuis la mort de mon mari. Mais ce matin c’est pire. Son front il est brûlant. Il raconte tout plein de grossièretés et… et des choses terribles de démons. (Elle déglutit avec difficulté.)
J’ai peur que mon petit Wilky il est possédé. Aidez-moi, s’il vous plaît !Mirlande est au bord des larmes. Sa lèvre inférieure tremble ; ses yeux rougis expriment à la fois terreur et supplication.
*
Mesye = Monsieur, en créole haïtien.♆
Pour Papa Ledga, connu comme
le Guide, c’est une occasion en or de renforcer sa réputation et gagner des fidèles.
Quant à Macaria, elle est toujours curieuse du rapport des humains avec la mort et des pratiques qui s’y rapportent. Sa capacité à communiquer avec les défunts pourrait en outre s’avérer très utile dans cette affaire… et lui permettre d’engager une relation potentiellement amicale et intéressante avec ce dieu vaudou qu’on dit intéressant.
Wilky, le fils âgé de 14 ans, est en effet malade depuis la veille. Il n’est pas possédé, mais souffre beaucoup de l’absence de son père (mort récemment lors d’un accident de travail aux docks). Totalement déstabilisé, il a pour la première fois consommé du crack – de mauvaise qualité – la veille. Sa fièvre est donc passagère… à condition qu’il ne renouvelle pas l’expérience. Quant à la possession et ses imprécations démoniaques, Wilky les simule pour attirer l’attention, faire retentir son cri de détresse et exprimer sa douleur – à sa manière.
L’amour d’une mère et la contribution de deux divinités ne seront pas de trop pour soulager cette âme en peine.Informations complémentaires :♆ Le contexte de ce
RP aléatoire vous est proposé par
@Godric Oathbridge. Vous pouvez le MP si un point du contexte vous turlupine.
♆ Le staff n’interviendra pas au cours de ce RP. C’est à présent
votre sujet, vous le gérez comme un RP ordinaire.
♆ Si le contexte ne vous inspire pas (ça arrive !),
détournez-le pour l’entraîner dans une autre direction. Ou
parlez-en ouvertement avec votre partenaire, mais ne l’abandonnez pas.
♆ Par défaut, le
premier nom mentionné dans l’en-tête du sujet répond en premier. Vous pouvez naturellement vous accorder sur un ordre différent.
♆ Amusez-vous bien !