Wright venait de terminer ses sessions de révisions fractionnées de la journée. Il avait beau tout savoir, Hermes devait, pour en garder la mémoire, réviser, comme tout un chacun. Alors il aurait pu générer l'information au moment ou il en avait besoin, mais cela lui aurait demandé plus d'efforts que de simplement réanimer des connaissances manuellement. Disons que... ça revenait à re-télécharger chaque document un par un plutôt que de transférer une sauvegarde... Bien ça prenne quand même du temps, le choix était vite fait.

Wright rassembla tous ses cahiers et les enfilant sous son bras, il entreprit de sortir de la salle. Il partit à droite alors que la sortie pour rentrer à son appartement se trouvait à sa gauche ; il se laissa porter le pas léger, habitué à ses comportements irrationnels. Au final cela avait toujours été pour son bien. Il monta des escaliers et fini par déboucher sur le couloir surplombant le hall d'entrée de la fac. Observant le contrebas il repéra directement ce pourquoi son intuition l'avait amené ici et pas ailleurs.

« Hé, Caleb ! » Wright leva la main pour saluer son ami et entreprit de descendre l'escalier. A vrai dire il tombait vraiment à pic ; très exactement à l'endroit ou ils s'étaient rencontrés, l'année précédente, alors que l'homme de foi cherchait des ressources afin d'aider ses jeûnes. La réinsertion professionnelle n'était pas chose aisé, et pourtant malgré son jeune âge il semblait très bien s'en sortir. Avoir été pasteur l'aidait sûrement dans ce travail, sans aucun doute. Lorsque l'on passait des journées entières à prier, à conseiller ses fidèles et à cogiter sur un Dieu unique franchement énigmatique on ne pouvait qu'acquérir une patience à toute épreuve.

Des fois Wright se demandait ce que cela donnerait s'il lui parlait de ses pouvoirs, de son statut de Dieu immortel, de Sanctum et de tous les autres Dieux. Quand il y réfléchissait il trouvait ça plus logique de voir s'ébattre toutes ces forces de la nature dans le grand chaos organisé qu'est le monde, plutôt qu'un grand barbu qui dicte sa loi. Cela dit dans son panthéon ils en avaient un comme celui la de barbu dictateur : son père. Mis à part ça, à un certain niveau d'existence ce Dieu unique, somme de tous les Dieux et Déesses, des êtres vivants et des morts, existait. Mais contrairement à ce que les religions leurs édictaient, ce Dieu n'était pas extérieur, il était à l'intérieur ainsi qu'à l'extérieur, indéfinissable, Tout.

Alors qu'il arriva au niveau de son ami, Wright tendit la main afin de lui serrer en disant : « J'avais justement besoin de discuter avec toi, mais dis-moi d'abord, comment vas-tu !? » Chez Hermès cette question n'était jamais une simple question d'usage. Il pouvait déterminer d'un simple coup d'oeil si la réponse était réellement positive ou négative. Les avantages d'être un Dieu de la communication : il avait fini par devenir un maitre dans l'analyse du langage non-verbal. L'avantage pour les autres c'est qu'avec le temps Hermès c'était largement assagi. Désormais sa maitrise était plus réfléchie, son ambition moins dévorante et ses motivations moins égocentriques. Il avait appris à aimer les gens plutôt que tenter de les manipuler par peur de perdre ses pouvoirs. Heureusement pour eux, car il pouvait être redoutable.

Il commence à ne plus y avoir beaucoup de place sur le panneau des petites annonces de la fac. Et avec une certaine fierté teintée d'une pointe d’embrassement, Caleb constate qu'il en a punaisé presque un quart. Pour sa défense, les jeunes dont il s'occupe sont du genre curieux et ça, il ne peut que s'en réjouir. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il est, une fois de plus, posté devant l'immense tableau en liège à chercher un petit endroit où coincer sa recherche d'intervenant pour discuter de la mythologie grecque avec ses ados.
Caleb a été plutôt surpris de voir qu'autant d'entre eux pouvaient s’intéresser à ce sujet, mais lorsqu'au cours d'une discussion groupée il a abordé le mythe de Prométhée avec eux, il a tout de suite remarqué à quel point leur attention avait été captée. En même temps, c'est suffisamment rare pour être noté rapidement. Après ça, les questions se sont abattues sur lui comme une pluie de flèches, et si Caleb maîtrise les différents mythes bibliques comme personne, la mythologie grecque en revanche, il n'en connaît que les bases de façon plutôt grossière.
Caleb sait lorsqu'il tient un bon filon avec les jeunes. Et en l’occurrence, le rapprochement à faire entre certaines histoires de l'Antiquité et les situations de quelques uns de ses protégés peut se révéler très intéressant. C'est pourquoi il a décidé de faire appel à quelqu'un de plus qualifié que lui dans le domaine pour ensuite débattre et – avec un peu de chance – permettre à certain jeunes de s'identifier à tel ou tel personnage et avancer.
Il vient à peine de trouver une place sur le panneau lorsqu'une voix l'interpelle un peu plus haut. En fronçant les sourcils, il relève la tête avant de laisser un large sourire naître sur ses lèvres. Wright. Typiquement le genre d'étudiant que Caleb aimerait présenter à ses jeunes, ne serait-ce que pour qu'ils puissent prendre exemple sur lui. Il a beaucoup de sympathie pour le jeune homme avec qui il lui arrive d'échanger sur des sujets divers et variés dans le parc près de la fac. De sa main libre – celle qui ne tente pas avec difficulté de faire tenir son annonce – il salue son ami. « Wright ! Ça faisait longtemps ! »
Abandonnant son projet – il commence à avoir une crampe au poignet à force de s'acharner à faire tenir ce papier de malheur – il baisse le bras, l'annonce toujours entre les doigts, et serre avec vigueur la main que Wright lui tend. « Je vais à merveille ! Je passais placarder une nouvelle annonce pour attirer des intervenants. Et toi, comment vas-tu ? Les cours se passent bien ? »
Plusieurs fois, ses jeunes lui ont fait par de leur exaspération lorsqu'ils l'entendent leur demander à chaque début de séance de groupe si tout se passe bien lorsqu'ils sont en cours ou au travail. Mais Caleb n'a jamais arrêté de poser cette question car pour lui, elle est au centre de leur réinsertion. S'ils sont bien dans leur environnement professionnel ou estudiantin, alors ils iront de mieux en mieux sur tous les autres plans. En revanche si les choses se passent mal, c'est qu'il y a quelque chose à modifier et Caleb peut les aider pour ça. En l’occurrence, Wright n'est pas un de ses protégés, mais il l'apprécie et cela lui suffit pour le traiter avec les mêmes égards que ses poussins.
« De quoi voulais-tu discuter ? » s'enquiert-il en souriant de plus belle. « Viens, allons dehors tant qu'il fait encore beau. » ajoute t-il. Depuis qu'il n'officie plus, il tente de passer le plus de temps possible dehors. L’Église lui apporte toujours un sentiment de paix intérieure inégalable, mais il a passé trop de dimanches matins pendant ses propres messes à regretter de ne pas être dehors pour profiter du beau temps pour ne pas régler le tir maintenant.

« Je vais à merveille ! Je passais placarder une nouvelle annonce pour attirer des intervenants. Et toi, comment vas-tu ? Les cours se passent bien ? » Il s'en doutait un peu, ses élèves, ses bientôt réinsérés dans la société était la seule raison qui pourrait l'amener ici, du moins à sa connaissance. Il ne le connaissait peut-être pas très bien mais comptait remédier à cela... En tous cas, Caleb semblait avoir bonne mine et c'était réjouissant de le voir aussi fringuant. «  Eh bien moi ça roule, la routine, je sors de cours justement, et ça se passe, comme tu dis, à merveille. On fait chauffer les cervelles en ce moment, et je trouve cela hautement réjouissant. » Il esquissa un petit sourire taquin. Wright le suivit alors qu'il lui s'enquerrait de sa requête en l'entrainant dehors, en effet, rester à l'intérieur par ce beau temps semblait contre-productif. Bien qu'il fut immortel, son corps appréciait aussi la vitamine D. L'atmosphère bien que rafraichit et cotonneuse, s'arborait d'un ciel bleu clair, libéré de tout nuage. « Si tu veux bien je vais attendre que tu sois assis pour t'expliquer, sinon tu risques d'en tomber sur les fesses. » Wright lâcha un petite rire content de la nouvelle qu'il avait à annoncer et pourtant ne sachant aucunement par quel bout prendre pour expliquer l'idée qu'il avait en tête.

Wright ne savait pas vraiment s'il cherchait une confirmation ou un autre avis. En outre parler de tout ça avec Caleb semblait irréel vis-à-vis des blocages qu'avaient créés l'église autour de la sexualité. La situation était ainsi délicate, car des fois, confronter les personnes à leur démon pouvait s'avérer dévastateur pour les relations, même pour le Dieu de la communication. Ainsi, il se tourna vers l'ancien pasteur et préféra se concentrer sur la raison de sa venue à l'université. « Alors... La pêche aux intervenants est-elle fructueuse ? » Dit-il en avançant sous le soleil diaphane en direction du parc que les élèves utilisaient l'été pour réviser, s'amuser, faire du sport ou boire des bières entres amis. Wright s'assit sur un banc, face à la fontaine.  « Quels sujets nécessitent aujourd'hui expertises extérieures ? » Il passa ses bras autour du dossier du banc, en profitant pour s'étirer, détendant ses machoires et chacun des muscles de son corps.

Hermès n'avait jamais cessé d'apprécier discuter, et bien qu'il soit le régent de la maison 3 en astrologie, l'éveil de l'intelligence, la faculté d'adaptation et une communication qui semble superficielle, presque comme celle des réseaux sociaux, il pouvait se vanter d'avoir grandit lui-même en tant que Dieu. Ses connaissances c'étaient bien souvent transformés en presque-amis (on ne pouvait être sur avec lui), leurs conversations ne restant plus seulement au stade du bavardage de passage avec un inconnu qu'on ne reverrait plus jamais, car trop soucieux de ne pas s'attacher, il vivait toujours en mouvement. Ses disciples aujourd'hui s'étaient pleinement engagés avec lui et il avait rendu la pareil avec ferveur, préférant être une force ajoutée à un simple vampire qui apportait une presque-immortalité insupportable. Cela n'avait pas toujours été le cas. Mal entouré, être un surnaturel pouvait-être un enfer, et il avait porté ce manteau de mauvaise fréquentation à bien des égards, mais attention, toujours avec une classe sans pareille. Dans un sens, c'était aussi un moyen de guider les humains vers le monde du dessous, sans même à avoir à lever le petit doigt. Il suffisait de... Discuter. La superficialité se sentait toujours au plus profond de l'être, et même si elle était extrêmement bien camouflée, ses proches parvenaient à ressentir un manque, et bien qu'aucun n'arrive à poser le doigt dessus, lui savait.

Depuis, Hermès n'était plus devenu seulement sociable et manipulateur ; il avait créé nombre de partenariats et d'unions amoureuses. Il avait même vécu le deuil et son héritage d'amour qui l'accompagnait lorsque l'on comprenait qu'à travers l'autre c'est à nous-même que l'on donnait de l'amour et que la personne une fois disparu, cet amour nous revenait en puissance. Il avait aussi vécu les voyages et la réussite sociale et professionnelle, respectivement les initiations des maison 7, 8, 9 et 10, maison ou lui en tant que Dieu avait posé son fief, observant la maison 11 du coin de l'oeil. Il était désormais temps d'évoluer encore une fois, de créer cette maison 11, toute particulière pour lui car elle semblait être une version évoluée de lui-même. La maison Astrologique 11 est une maison qui parle des amis, des relations interpersonnelles, qui ne font plus apparaitre l'individu mais la nécessité d'une conscience de groupe, du social : ce sont des projets que l’on porte avec un certain détachement personnel parce qu’on pense qu’ils doivent exister et se concrétiser pour le bien commun. Caleb était directement le type de personne vers qui la vie l'avait guidé afin qu'il évolue dans le cycle divin. Il était un ami, un être profondément tourné vers l'autre et vers plus grand que lui-même. Au final, même les Dieux avaient beaucoup à apprendre de leurs homologues humains.

Caleb n'a pas fait de grandes études. Il a suivi un cursus particulier afin d'entrer dans les ordres et de devenir pasteur, mais en dehors des cours théologiques, l'enseignement ne contenait pas un éventail de matières particulièrement fourni qui se résumaient somme toute en des sessions d'aprentissage particulièrement sommaires. Cependant, il a toujours été curieux. Ses soirées, il les a toujours occupé à lire, à feuilleter tous types de magasines ou à sortir pour rencontrer du monde et discuter. Caleb apprécie autant la solitude que la compagnie. Il y a du bon en chacun des deux. Se retrouver seul lui permet de faire le point, de réfléchir à ce qu'il a pu faire dans la journée, de se distraire devant un bon livre en caressant Bulma sur ses genoux. Avec d'autres personnes, il échange, apprend, rit et découvre une myriade de nouvelles choses. C'est pour ça qu'il aime tant son métier. Voir tout ce potentiel enfouie chez ces jeunes persuadés de ne rien valoir alors qu'ils ont tant à offrir... Ça le sidère. Sa mission ne lui en paraît que plus juste.
Wright n'a pas le profil des jeunes que Caleb a à sa charge. Lui irradie la confiance en lui, la bonhomie, son charisme crèverait les yeux d'un aveugle. Et c'est justement pour cette raison qu'il ferait un intervenant parfait pour l'un de ses ateliers. Après tout, l but est de montrer l'exemple, quel meilleur exemple qu'un étudiant enjoué et bien élevé comme peu l'être Wright ?
Caleb garde cette idée au chaud dans un coin de sa tête tandis que le jeune homme et lui vont s'installer dans le parc de l'université. Ses mots l'interpellent : il doit être assis pour entendre ce qu'il a à dire ? Qu'est ce qui pourrait bien le surprendre au point de s'en retrouver les quatre fers en l'air de surprise ? « Tu me rends curieux ! » s'exclame t-il en s'installant sur un banc. « Quelque chose te tracasse ? Tu as une mauvaise nouvelle à m'annoncer ? » Caleb ne voit pas trop de quoi il pourrait s'agir, d'autant plus que le visage de Wright ne trahit aucune peur ou appréhension.
Cependant, plutôt que de répondre à sa question, Wright enchaîne avec un petit interrogatoire qui arrache un sourire à Caleb. S'il ne veut pas parler tout de suite, ce n'est pas très grave. Il sait que ça n tardera pas d toute façon.
En se remémorant la raison de sa venue à l'université, Caleb pousse un petit soupir en desserrant le nœud de sa cravate d'une main. « Je suis à la recherche de quelques experts ou amateurs capables de parler mythologie avec mes jeunes. » raconte t-il en tapotant du plat de la main sa pile de feuille posée sur ses genoux. « Récemment ils ont démontré un certain intérêt pour les mythes et j'ai pensé qu'il serait intéressant de leur faire rencontrer quelqu'un disposé à répondre à toutes leurs questions. J'ai vu quelques amis professeurs mais aucun n'est disponible cette semaine, alors je me suis dit que j'allais chercher du côté des étudiants. »
Caleb hausse les épaules, habitué à cette situation. Dès que ses jeunes lui osent une question sur un sujet particulier, il s'empresse systématiquement de trouver quelqu'un susceptible d'exacerber leur curiosité et peut être même de les guider sur une voie qui sait. L'un de ses protégés finira peut être prof d'histoire de l'Antiquité grâce à ça !
« Tu ne connaîtrais pas quelqu'un capable de me donner un coup de main par hasard ? » s'enquiert-il en s'esclaffant. Il n'y a pas de mal à avoir un peu d'espoir après tout.
Autour d'eux, des étudiants se pressent jusqu'aux portes de l'université, probablement en retard pour leur prochain cours. Caleb regarde alors sa montre, puis Wright en fronçant les sourcils. « Tu n'as pas cours rassure moi ? Je ne voudrais pas te retenir si tu es occupé ! »

Alors que Caleb lui parle des raisons de sa venue, Wright ne peut s'empêcher d'esquisser un petit sourire qu'il essaie comme il peut de cacher, encore une fois étonné par la justesse des synchronicités de son pouvoir et de l'univers lui-même. Comme si le monde coopérait dans une grande symphonie de cohérence cosmique. Finalement, il fini par éclater d'un simple rire cristallin et franc. Il n'avait rien à cacher, bien au contraire, se voudrait le plus transparent possible. Avec une petite lueur dans les yeux, il lui avoua les raisons de sa momentanée hilarité.« Pas du tout, j'ai terminé pour aujourd'hui.» Son sourire se prolongea encore sur ses lèvres, le sujet de son amusement tournant dans sa tête. « Autant je suis très chanceux d'être tombé sur toi, autant peut-être que toi non plus tu n'es pas tombé sur moi par hasard. » Quel comble ce serait pour le Dieu Grecque de la communication et des brigands que de venir parler de cette même mythologie dans une classe de personnes en réinsertion. Se tournant vers Caleb, il lui glissa, presque sur le ton de la confidence. « Ecoute, je suis un passionné de mythologie Grecque, j'en connais les coins et les recoins comme ma poche pour l'avoir étudié avec assiduité de nombreuses années, presque comme si j'étais né dedans à vrai dire... Mais après ce que je vais te dire, même si tu le pouvais, tu voudrais jamais me confier tes élèves ! » S'exclama-t-il, les vestiges de son éclat de rire toujours présent dans sa voix.

En effet, cela semblait compliqué à expliquer, mais il décida de finalement tenter de prendre le taureau par les cornes. « Rassure-toi, rien de grave. Disons que... J'ai décidé d'ouvrir un club de strip-tease. » Il scruta l'expression son visage une fois que la bombe fut lâchée. Se redressant, il explicita un peu plus ses intentions. « Non, pas seulement par plaisir. Je sais pas si je t'ai dit, mais j'aide officieusement aussi quelques personnes en difficultés, et notamment des femmes à se sortir de passes difficiles. Prostituées, ex-taulards, brigands, Ils n'ont besoin que de quelques choses si sommaires : de l'amour, de l'argent, une famille. Et j'ai la possibilité de leur offrir. Ouvrir un institut serait pour moi l'occasion de leur offrir un tremplin monétaire et un cocon pas trop brusquant pour  amener une évolution intérieure. Avec un bon salaire et un fond de formation conséquent cela leur permettrait de plus facilement faire le lien et retrouver une vie normale.  » Disant tout cela, il fixait la fontaine face à lui, conscient de la chance qu'il avait d'être un Dieu. En effet, il aurait pu choisir n'importe quel autre type d'institut. Mais Hermes savait des choses que Caleb ne pouvait pas savoir. En tant que Dieu des brigands et des prostituées il se devait de rester procher du milieu de la nuit, accepter ses parts sombres pour pouvoir mieux y accéder. Maintes fois il avait ouvert des entreprises, mais se ranger maintenant serait accepter la facilité. Très peu aident du haut de leur tour d'ivoire bien rangée, lui devait garder les mains dans le cambouis. D'ailleurs Wright avait tendance à penser que le manque d'empathie provenait très exactement de la déconnection entre les êtres, et même s'il ne lâcherait pas sur son confort, il prendrait le temps de prendre soin de ses salariés comme sa famille. De plus... Il voulait permettre à ses protégés de prendre le temps de choisir une orientation qui leur serait réellement profitable, non pas dans la précipitation, mais dans la réflexion.

Pourquoi est-ce qu'il lui demandait son avis à vrai dire ? Il ne savait pas vraiment. Peut-être espérait-il avoir un autre point de vue, peut-être plus posé que le sien, plus sage. Mais finalement il savait ce qu'il voulait, et personne ne l'en ferait en démordre. Mais comment lui expliquer son choix ? Wright était le seul à réellement pouvoir faire quelque choses pour eux, et surtout pour elles, car tous les maquereaux du coin savaient déjà qui ils étaient depuis bien des générations et ne s'aviserait pas à le toucher. Il prenait des risques, mais des risques démesurés. « Disons que... Peu de personnes ont suffisamment d'influence pour les sortir du bourbier ou la vie les as fourré-e-s... Je suis plutôt déterminé mais.. J'ai le besoin de l'avis de quelqu'un de sage. » Bien sûr, il ne fallait pas oublier qu'Hermès était un Dieu éternellement jeune et fougueux, et pour construire des projets d'envergure, peser le pour et le contre semblait nécessaire.