Titre du RP

Son retour dans la ville des dieux avait été des plus discret. Si d’apparence Hermès restait fidèle à sa réputation, au fond, certaines choses le troublaient sincèrement. Il essayait de faire bon cœur contre mauvaise fortune. Ses complices se faisaient plus silencieux, et il sentait qu’il devait être plus prévenant envers sa propre sécurité. Il n’avait pas renoué avec grand monde. Le principe quand on quittait un endroit, c’était bien que cet endroit continuait à faire sa vie, et c’est en spectateur qu’on revenait, non plus en acteur. Il apprenait morceau par morceau ce qu’il avait manqué. Et honnêtement, il était bien heureux d’avoir manqué ces choses. Lui qui de son voyage en Allemagne avait eu des soirées bien plus douces. L’égoïsme était bien le propre d’un dieu et bien nécessaire pour Hermès.

Peut-être était-ce donc l’égoïsme qui l’avait mené à s’asseoir dans une chaise , dans une chambre d’hôpital, à côté d’un patient clairement dans un coma artificiel. La mort ne le dérangeait pas, elle était seconde nature pour lui. D’ailleurs similaire à maintenant, pour avoir le calme, il descendait aux Enfers et restait dans les limites tolérées par son oncle. Aujourd’hui, il trouvait des alternatives. Ici il pouvait manger son déjeuner sans qu’on vienne le déranger. Le personnel médical pensait qu’il était de la famille, son téléphone devait rester fermé, et le silence était pour un dieu synonyme de bruit, un refuge des plus appréciés.  Et si on lui demandait, bien sûr que l’idée venait de lui et non d’un épisode à 4 heures du matin de Doctor House MD.  

« Vous savez – j’apprécie le silence … il me donne toujours raison… » s’adressa-t-il à l’homme en état végétatif.  « …enfin j’ai surtout rarement tord … »  ajouta-t-il en mâchant sa bouchée de sa tarte.  « Oh…oh, tenez-vous bien , le meilleur moment arrive »  annonça-t-il en tapotant la main du patient alors que dans la petite télé – qu’il ne se rappelait pas avoir allumé – et qui était sur un vieux film de Bruce Lee venait de commencer son action.  « Magnifique n’est-ce pas ? »
Son regard quitta rapidement la télé, happé par d’autres pensées et il sortit son téléphone pour noter quelque chose. Il ne termina guère la note , la flemme de finir d’écrire et revint à sa tarte.  « Vous n’auriez pas mangé de ma tarte, dites ?  Vilain… » il lui fit un signe du doigt. « Mais je vous pardonne, elle est bonne. »

Il était en train de s’essuyer le coin de la bouche quand la porte de la chambre s’ouvrit. Il vit pénétrer un homme élancé, au regard tout aussi acier que le sien, à la complexion beaucoup plus pâle et aux cheveux ébène. Si la description pouvait être celle d’un Blanc Neige , ce n’était cependant pas le cas.  « Docteur. »  salua Hermès, ne se cachant pas derrière les traits de son alter-égo mortel.  Liam avait bien mérité sa croûte ces dernières semaines.  « Quelle charmante idée que de vous joindre à notre petite séance cinéma …Patrick ici… »  Il se pencha pour voir la carte de patient.  « William , ici présent et moi , parlions justement de tartes. Vous en voulez ? Cela fait un moment que nous n'avons plus conversé »
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Celui qui ne dit rien,   Consent

Les soins palliatifs sont souvent synonyme d'une certaine monotonie, des jours sans, où chaque patient semble accroché à son état de la vieille, sans progression, repoussant le plus souvent une fatalité bien définie. Les chambres souvent endormies, bercées sous le rythme des appareils respiratoires, le service possédait une forme de calme, aussi décrit comme déprimant par certains. Un avis souvent ignoré pour le personnel médical travaillant dans cette aile du bâtiment.

En troisième position des lieux accueillant les plus de prières, Shinigami avait croisé plus d'un messager des dieux lors de ses rondes de chambres, ayant appris à les tolérer, bien qu'il s'agissait plus souvent de prêtres que des mangeurs de tartes...

Ce fut surement suite à ce manque d'habitude que le dieu eut un bref arrêt en franchissant le seuil de cette porte, l'étonnement restant de mise. Il n'avait jamais été un dieu si sociable, le hasard rythmait souvent ses rencontres, chose qui lui convenait. Toute autre type de retrouvaille le laissait dans une certaine perplexité, habitué à ce qu'on demande un service plutôt que ses nouvelles.

"Hermès." Sa salutation résonna de moitié avec une question alors que le dieu referma derrière lui avant de continuer son travail, occupé à vérifier les constantes du fameux William avant de jeter un coup d'oeil à son invité puis au programme télé au  commentaire. "Oh vraiment ? Vous a t'il transmis son opinion sur l'état végétatif entre deux bouchées ?"

Dieu ou non, Shinigami continua d'agir comme si Hermès n'était qu'un visiteur lambda, habitué par le métier à parler beau temps tout en étant concentré sur des calculs de doses à modifier et des résultats à interpréter. Dans un sourire bref mais présent, le dieu jeta rapide coup d'oeil à la tarte avant d'inscrire quelque chose de plus au dossier de son patient. "Gardez moi une part, le temps que je termine cette paperasse." Et à la dernière variation notée, Shinigami finit par, enfin ou presque, réellement regarder le dieu, comme pour vérifier qu'il ne s'agisse pas d'un fantôme de plus. Ce n'était pas le cas, c'était tout autre chose, une autre chose que Shinigami resta encore incapable de définir, de quoi lui donner ce mince sourire, de l'intriguer et d'en fin de compte, de briser la monotonie de cette journée.

"Depuis cette dernière venue au Sanctum, mais vos lettres vous disait en Allemagne." Il s'assit au bord d'un des lits et piocha une part de tarte, le dos tourné aux actions de Bruce Lee pour se concentrer sur celles d'Hermès. "Je ne compte pas toutes ces fois où vous avez sur estimé mes connaissances musicales." Précisa t'il après une première bouchée, elle était bonne cette tarte.

Titre du RP

Dire qu’il avait légèrement oublié Shinigami travaillait ici, était la vérité. C’était des détails et les détails n’étaient pas son fort quand ils ne servaient à rien. Il n’avait pas vu énormément de dieux depuis son retour et c’était une bonne chose, car la plupart lui demandaient toujours des services. Il fit une petite moue à sa véritable appellation, mais après tout peut-être était-ce un surnom, ou un 2ème prénom, qui irait croire qu’il était vraiment Hermès. Il eut un petit rictus à la remarque. « Bien sûr , je n’impose à personne quoique ce soit. En allumant la télé c’était la chaîne qui était mise. » Ce qui voulait dire entre les lignes que la famille avait dû mettre cette chaîne , sachant qu’il y avait des choses que cette personne aimait ou que la personne qui venait voir cet homme aimait. Dans les deux cas, c’était une opinion transmise, certes pas directement, mais par déduction.

Il prit une autre bouchée de tarte et regarda distraitement Bruce Lee en train de donner une raclée à une dizaine de personne en attendant que Shinigami finisse ce qu’il faisait. Il trouvait curieux de le voir cultiver la vie ainsi, mais peut-être était-ce bien comme cultiver des champignons, il fallait garder en vie jusqu’au bon moment pour avoir la bonne dose de saveurs. Il décroisa ses jambes et les recroisa, prenant une autre bouchée, puis s’essuya délicatement la bouche avec un mouchoir. « Oui, je l’étais, je suis revenu récemment. »  Il ne le niait pas, mais il ne donnait pas non plus d’informations autres que celles de la lettre. Il n’y avait rien fait d’intéressant, à part des choses de mortel, mais dans un sens, il avait fui, fui tous ces problèmes, ces stratégies, cette lutte perpétuelle à exister. Et cela lui avait fait du bien, un temps. Mais comme chaque chose dans la vie, peu importe sa longueur, la nostalgie est une drogue très puissante qui dicte souvent les actions. Revenir ici, faisait parti de cette gymnastique d’aimer ce qui était dangereux pour le bien-être de soi-même et en même temps nécessaire pour l’existence de soi-même. « Si vous m’aviez donné la mauvaise réponse la première fois, nous n’en serions pas là, mais voilà, c’est fait et j’ai bon espoir que vous identifierez une autre chanson obscure , faisant ainsi de vous, encore plus héro musical. » répondit-il avec un rire cristallin.

Il posa son assiette sur ses genoux et observa l’autre dieu prendre une bouchée. Cela lui plaisait, intéressant à savoir. Il nota cela à l’arrière de sa tête, si jamais l’information serait utile un jour. « Et vous ? Le nombre d’accidents volontaires causés par une personne envers elle-même a été satisfaisant ou est-ce qu’on vous a de nouveau craché dans la soupe ? »

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Celui qui ne dit rien,   Consent

Une pause dans l'annotation d'une constante, uniquement pour observer le dieu, savoir si ce n'était du qu'à cause du temps, passant pour l'un des jours plus rapidement que pour l'autre ou s'il avait autre chose, un trouble plus humain, plus émotif. Mais s'il connaissait le dieu, voir plus loin que ce qu'il nous était offert de voir n'était jamais simple. Sans plus creuser, Shinigami laissa simplement couler sa question et retourna à ses distractions médicales.

"Okaerinasai." Répondit il en reflexe poli, sa voix calme dans cette expression, saluant ce retour comme il lui avait toujours été coutume de faire, son japonais résonnant avec son âme divine plutôt qu'avec celle de son hôte. Il ne s'en rendit d'ailleurs pas compte, ce n'était pourtant plus une première, bien que rare étaient les fois où Shinigami offrait un fragment de ce qu'il était réellement. Il fallait dire qu'il s'était adapté, comme beaucoup d'autres, à cette vie humaine, cette routine lui permettant de passer l'ennui. Jouer un rôle, occuper le temps en attendant patiemment que le moment intéressant ne vienne, que l'heure de mort ne sonne.

Désormais installé avec cette part de tarte, Shinigami ne put retenir un léger amusement à ce rejet de faute. "Un héro donc ? Vous m'en voyez flatté, ce n'est pas un titre qu'il m'a souvent été donné." Plaisanta t'il avec une pointe sinistre et pour faute, les histoires et mythes lui offrant bien tous un tout autre rôle, cela sans forcément le déplaire. Il n'était pas un dieu vénéré, ni forcément aimé, car nul n'aime qu'on vienne mettre un point à une histoire, ce point venait car il était inévitable. Inévitable et de ce fait respecté, car la seule chose espérée était que cette fin soit simplement bonne. Contrarier la mort était une erreur à ne pas faire, se jouer d'elle était un risque à éviter que seuls les fous oseraient prendre. Il était l'antagoniste des histoires, celui permettant que ces vies ne soient pas monotones, y apportant l'étincelle suffisante pour que chacun se donne le courage de réellement vivre, au risque d'un jour ne plus le pouvoir.

Aussi, lorsqu'Hermès aborda le sujet de ces fous en question, Shinigami trouva de nouveau petit rire. Rares étaient les dieux abordant ses activités de façon si désinvolte, surement était ce l'une des raisons pour laquelle le dieu de la mort appréciait le grecque. "On pourrait croire que cette époque est l'une des plus propices à ces accidents et pourtant." Le dieu sembla soudainement pensif à tout ceci, le regard perdu sur une autre époque. Les seppukus lui manquaient les jours de pluie. Il termina son morceau de tarte et revint à ses constatations. "Les humains ne meurent plus, à constamment faire reculer les aiguilles de l'horloge pour éviter que l'heure ne sonne." Il eut un bref sourire en se tournant vers le patient de cette chambre. "Le progrès n'arrête toujours pas tandis que la presse semble si bien s'attarder sur les morosités. Mes morts nourrissent cette jeune déesse, sans même qu'elle ne s'en rende compte." Soupira t'il dans un étrange sourire avant de revenir à son invité. "Rien de bien satisfaisant en somme mais j'apprécie l'intérêt porté à mes activités." Il reposa l'assiette. "La tarte était excellente."

Qui ne dit mot consent




NOTE : MENTION DE SUICIDE JUSTIFIE ET EUTHANASIE. CE QUE DIT HERMES N’EST PAS A SORTIR DE SON CONTEXTE, SI JAMAIS VOUS ETES AU FOND OU QUE VOUS VOUS SENTEZ SEUL( E) , ESSAYEZ DE PARLER A QUELQU’UN, AVANT DE PENSER A PARTIR.

«Tadaima»  répondit le dieu en finissant également sa tarte. Il posa l’assiette sur la tablette et se concentra sur le dieu en face de lui. Il écouta sans interrompre et eut un sourire partagé entre douleur et compréhension.  Il y avait dans ce que disait le dieu une vérité, mais les récents évènements lui avaient appris que les dieux n’étaient pas mieux.  Le vol d’une vie pour une autre. Le sacrifice d’une autre pour le plus grand bien.  Et aucun de ces humains n’étaient au courant. Ils vivaient leur vie comme si rien ne s’était jamais passé. Il aurait aimé avoir cette ignorance. Telle qu’il l’avait connue en étant plus jeune, quand il aimait juste être en compagnie des humains parce qu’ils étaient tellement curieux. Mais ce monde moderne n’avait plus de quoi s’émerveiller. Il voulait tout, il savait tout, il prenait tout sans rien rendre. «D’un autre côté, la Mort et ses serviteurs peuvent-ils être vraiment satisfait ? Pour toutes les structures construites en son nom, c’est à la Mort que revient chacun, elle est un puit sans fond, aussi éternel que le cosmos qui l’habite.»  argumenta-t-il. Ce n’était pas faux de dire que la finalité de la vie était la destination finale pour chacun. C’était l’ennemi contre lequel on ne pouvait gagner, il en avait fait l’expérience encore récemment.

«Le monde moderne , occidental , a perdu son lien à la mort. Ils se sont persuadés que la mort était la fin du voyage, et non un autre chapitre. Ils ont oublié que c’est la mort qui donne sens à la vie mortelle.  Vivre plus longtemps n’est pas synonyme d’une meilleure vie. C’est une société médicamentée, une pilule pour sourire, une pilule pour ne plus rien ressentir. Ils font de leur vie un piège digne des plus grands châtiments immortels. Vous ne vous considérez pas un héro, mais vous êtes la clé de délivrer tellement de pauvres âmes en souffrance. Cet hôpital en est rempli. »  continua-t-il avec honnêteté. Il n’était pas un dieu cruel, la vie primait, mais pour certains partir étaient mieux. C’était un acte de bonté de terminer la souffrance constante de quelqu’un quand il n’y avait plus rien à faire. Que ce soit physique ou mentale. C’était peut-être pour cela que tant de dieux s’attardaient ici.  Il éteignit la télévision. «Partir n’est cruel que pour ceux qui restent. Mais l’être humain est égoïste de nature, à l’image de toutes les divinités du monde. »  

Il se redressa et regarda Patrick. Il y avait un air plus morne dans le messager. Comme s’il avait perdu une partie de joie de vivre et souhaitait presque l’échappatoire pour tout le monde parce qu’il ne pouvait pas l’avoir personnellement. «L’intérêt est normal, après tout, nous sommes amis d’une certaine façon. »  finit-il en souriant à Asa.  « Patrick aurait aimé manger mille tarte en ce mois que d’être allongé ici entre deux mondes. Il est temps pour lui de partir… le voyez-vous ?»  La chambre n’avait pas été au hasard, le patient n’avait pas été au hasard. Hermès ne pouvait tuer, mais il entendait les messages de tout le monde, dans la toile ou dans le céleste. Il avait été facile de trouver qu’il n’y avait personne pour s’occuper de Patrick, et qu’il aimait bien les tartes. Il lui avait offert sa compagnie, l’espace d’une heure et à y voir, dans l’autre chaise, il y avait une silhouette fantomatique qui attendait.