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 Prier, une tâche bien trop humaine ~ Anthea & Deidra

Vanka
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Vanka
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 Prier, une tâche bien trop humaine ~ Anthea & Deidra  Dim 20 Oct 2019 - 14:06
Prier, une tâche bien trop humaine

Le domaine était calme. Trop calme. Quelques croyants passaient sans qu'il n'y ait particulièrement de raison, tels des fantômes errants. Ils me faisaient peur... C'était bête, mais j'avais cette impression d'être l'étrangère à qui il ne fallait pas parler. De porter une sorte de virus qui les empêcher de venir vers moi. Sans doute était-ce appuyé par le visage fermé que je leur offrais. J'étais méfiante envers ces personnes adulant Ægir.

Ils n'avaient pas l'air d'être contraints de le prier... à côté de son autel, une place était faite à Ran. Ils devaient lui donner des offrandes : or et pierres précieuses. On ne me laissait pas approcher cette pièce mais une fois que j'eus le sentiment d'être réellement seule, je décidai à en pousser la porte. Elle grinça d'un son feutré. Il y avait quelques sièges en bois, aussi rustique que l'était le domaine, inspirant les grandes halles nordiques dans les formes, couplé au confort que la modernité a apporté.

J'aimais cet endroit bien que je ne puisse m'y sentir en sécurité. Toujours l'impression d'être épiée, dirigée, surveillée, enchaînée sans vraiment l'être.

Dans cette pièce que je découvrais, j'avançai jusqu'à l'autel. Les flammes des quelques bougies vacillèrent à mon approche. Un fin rayon de lumière pénétrait la pièce par une lucarne grossière. L'atmosphère était encore plus silencieuse, mystique et chargée d'une électricité que je n'expliquais pas.

En tant que disciple d'Ægir, je devais sans doute le prier, moi aussi. Lui faire des offrandes... Si je sentais sa part divine en moi me forcer à le ressentir, l'avoir en tête à chaque instant comme s'il partageait une partie de mon âme, l'idée de le prier et de le gâter était loin d'être quelque chose de naturel... Comme la prétention de ne pas avoir à lui offrir ces gestes là. Comme si ma présence était une offrande suffisante.

Une pensée qui me laissa aigre. Mes poings serrés, rivés sur son autel. Le récipient d'eau qui servait de miroir à son idole vint se solidifier à cette tension que je maintenais sans vraiment m'en rendre compte...

Quand le cliquetis de clenche abaissée de la porte me sortit de ma torpeur. Volte-face, figée à n'avoir su me cacher à temps pour ne pas être découverte dans cette pièce.
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 Re: Prier, une tâche bien trop humaine ~ Anthea & Deidra  Sam 2 Nov 2019 - 18:30

PRIER, UNE TÂCHE BIEN TROP HUMAINE

La journée était calme et douce. Le silence régnait dans son domaine et Anthea se sentait bien. L’air était chaud, une légère brise faisait voleter les légers voilages qui ornaient les fenêtres et les accès aux balcons de sa somptueuse demeure. Le regard dans le vague, la blonde déesse laissa quelques instants son esprit s’évader au travers de la fenêtre de son bureau privé. L’un des seuls espaces de la demeure où la décoration paraissait plus humaine que divine. Exposée plein sud, face à l’océan qui entourait Sanctum, cette pièce avait le grand avantage de permettre ce genre de pause contemplative à Anthea, lorsque son travail humain -en lequel elle se plongeait parfois plus que de raison- prenait un peu trop le pas sur le reste. Ce qui était exactement le cas ici. Elle avait passé de longues heures à plancher sur la traduction d’un ouvrage qui s’était avérée particulièrement délicate. En effet, ce manifeste politique Russe devait être traduit avec beaucoup de précautions, car beaucoup de termes et d’expressions pouvaient porter à confusion et mal traduits, cela pouvait amener à déclencher nombre d’événements fort peu agréables pour les humains. Et maintenant, alors qu’elle en était à la moitié environ de l’ouvrage, son esprit saturait.

Ce ne fut donc qu’au bout de quelques secondes seulement à rester assise sans bouger qu’elle se décida à se lever pour aller sur le balcon attenant au bureau. Là, elle ferma les yeux quelques instants, laissant la chaleur du soleil inonder sa peau pâle, puis elle replongea son regard vers l’horizon. Que la mer était belle… Que son chant était doux… C’était ce que la plupart des gens pensaient en regardant une mer ou un océan s’étendre au loin. Mais pour Freyja, la mer avait beau être belle, il lui manquait l’un de ses reflets les plus brillants. Son chant avait beau être doux, il lui manquait une note essentielle. La gorge de la déesse se serra légèrement à la pensée de son amie qui lui manquait tant, Ran. Quatre cents ans déjà que tous les proches de Ran espéraient sa réincarnation. Mais rien ne venait. Soudain, la déesse se sentit obligée de décrocher son regard de la mer. Et, dans un coup de tête, quitta dans le même mouvement son bureau, se dirigeant d’un pas altier et résolu vers sa propre chambre. Là-bas, elle y prit quelques bâtons d’encens, des parfums que préféraient son amie et quelques-unes de ces pierres précieuses. Après tout, elle ne les mettait quasiment jamais. Il fallait bien qu’elles servent.

Le chemin n’était point long entre les deux domaines, mais le calme des rues étonna la déesse. Il ne faisait pas si chaud, loin de là, mais il faisait beau. Elle se doutait cependant que les événements récents rendaient quelques dieux inquiets, ce qui expliquait peut être cette attitude consistant à se cloisonner chez soi. Sots qu’ils étaient, pensa la déesse, Sanctum était impénétrable pour les nouveaux dieux. Elle arriva rapidement au domaine de son ami et ne pu que constater son absence. Elle ne se fit cependant pas prier pour entrer et se dirigea naturellement vers la salle où étaient les autels des dieux maîtres de cette demeure. Anthea s’apprêtait à faire un acte qu’elle n’avait pas fait depuis longtemps, car elle le savait inutile. Qu’un dieu en prie un autre était stupide, elle en avait conscience, et cela ne changerait rien. Leur survie aurait été tellement facile sinon. Mais, qui sait, cela apaiserait  peut-être un peu sa tristesse.

Lorsqu’elle ouvrit enfin la porte de la salle, la déesse ne put masquer sa surprise de tomber nez à nez avec celle qui changerait peut-être tout. Deidra. Sans le vouloir, quand les yeux de Freyja croisèrent ceux de l’humaine, son regard se fit froid. Non pas qu’elle détestait particulièrement, non. Mais Freyja n’avait jamais vu en elle un réceptacle acceptable pour Ran. Le fait que son frère ait une attirance particulière pour cette humaine n’aidait pas Freyja à en avoir une meilleure image, il faut dire. Et quelques petits trucs refoulés en la voyant aussi. Cependant, avant même qu’elle ne dise un mot, Freyja inspira longuement, refoulant tout cela. Elle se devait de faire un effort. Viggo croyait tellement qu’elle allait accueillir Ran. Pour lui, elle devait se contenir. Ainsi, elle se reprit un peu et, sans décrocher un mot pour l’instant, elle s’avança vers l’espace réservé à Ran. Là, elle s’agenouilla, alluma l’encens qu’elle avait ramené et déposa ses pierres, murmurant calmement une prière, priant peut-être même des divinités au-dessus d’elle pour que sa meilleure amie revienne. Puis, sans se redresser plus longtemps, elle s’adressa à Deidra.

“Tu dois me trouver ridicule, non ?” déclara la déesse avant de tourner légèrement la tête vers l’humaine. “C’est un peu le cas, c’est vrai. C’est ridicule, un dieu qui en prie un autre. Ca ne marche pas. Mais stupide, ça ne l’est pas tant que ça lorsque l’espoir de la voir revenir s’affaiblit. On essaie tout, au bout d’un moment.”

Freyja soupira avant de se relever et de se tourner vers la jeune femme. Elle n’avait pas dit ces mots dans un aveu de faiblesse, loin de là. Elle les avait choisis pertinemment dans le but d’essayer de faire comprendre à Deidra à quel point ils mettaient tous tant d’espérance en elle. En son incarnation.

“Alors, Deidra, comment se passent tes premiers pas en tant que Disciple ? As-tu cessé de lutter contre ta nouvelle nature ? Les douleurs ont-elle cessé ?”

Freyja n’était pas ignorante de comment tout cela s’était passé, et même si pour l’instant, elle ne portait pas particulièrement l’humaine dans son coeur, elle n’approuvait cependant pas du tout la méthode qu’avait utilisé Aegir pour la convaincre. En même temps, étrangement, aucun de ses disciples à elle ne s’était jamais rebellés. Allez savoir pourquoi. La déesse laissa son regard interrogateur couler sur la jeune femme. Et pendant un instant, elle dût concevoir que sa beauté était tout de même proche de certaines déesses de sa connaissance.
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Vanka
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 Re: Prier, une tâche bien trop humaine ~ Anthea & Deidra  Ven 8 Nov 2019 - 23:29
Prier, une tâche bien trop humaine

Immobile, la surprise de mes yeux écarquillés s'abaissa à voir le silence de la déesse. Anthea était la dernière personne que je pouvais imaginer venir dans cette pièce... Une apparence si fière, majestueuse, sûre, charismatique. Difficilement assimilable à une jeune femme venant fureter vers l'autel d'une autre déesse, disparue depuis des siècles.

Figée, silencieuse. Sans m'en rendre compte, je la fixai. Intriguée, curieuse, mais aussi admirative. Une humilité que je n'aurais su lui prêter. Et à tord visiblement... la voir s'agenouiller face à l'idole de Ran me fit un pincement. Plus étrange encore, je vivais cette scène comme si l'essence de cette déesse priée était en moi. Non par vanité, c'était bien là toute la surprise de l'émotion ressentie. Une chaleur qui me déstabilisa comme un mal soudain. Un étourdissement trop superficiel pour être remarqué, mais suffisamment marquant pour être ressenti au fond de mes tripes.

Était-ce le fruit de mon lien avec Viggo ? Après tout, j'étais capable de ressentir ses émotions, parfois ses sensations, alors pourquoi ne pas extrapoler et venir à en ressentir le lien qui l'unit à Ran ? Un lien si fort qu'il résiderait dans l'essence-même d'Ægir avec assez de persistance pour qu'une prière offerte à l'élue de son cœur soit perçue par ses disciples ?

Balivernes... cela n'avait pas de sens. À écouter les gens parler à Sanctum, assister à ces rituels et baigner dans tout ce miasme surréaliste j'en venais à perdre toute rationalité dans mes raisonnements !

Ridicule et Freyja vinrent s'associer dans une même phrase. De quoi me sortir de mes songes et atterrir sur la terre ferme (l'était-elle vraiment ?). "N..." j'avalai mon commentaire à voir la déesse se tourner un peu plus vers moi. Sa remarque trouva toute sa pertinence dans son explication. Mes lèvres firent une moue souriante et embarrassée à la fois. Au moins je n'étais pas la seule à penser des choses aussi extravagantes et stupides. En parallèle, ni mes pensées ni sont geste n'était stupide, finalement.

Son regard profond me figea lorsqu'elle se tourna complètement. Ses yeux brillaient d'une intensité guerrière que l'on ne saurait ignorer. Je me sentais si petite face à elle... et face à ses mots. Ridicule à dire non. À m'attacher bien plus à cette humanité que je ne le faisais à l'époque où je n'étais encore qu'une simple humaine. C'est que... je savais ce que Viggo tentait de faire. Me montrer la puissance d'un pouvoir, le faste d'une vie à Sanctum, me faire fréquenter des entités espérant un retour de Ran. Toutes ces choses me font culpabiliser et m'intimident plus qu'elles ne me convertissent...

C'est triste pour Ran et pour ces êtres pour qui l'éternité est un droit. Mais du haut de ma nature humaine, une petite voix me dit que je n'ai pas à ressentir le poids de cette culpabilité. Je n'ai pas fait renaître Ran mais je ne l'ai pas tuée non plus... ce n'était pas juste alors de m'imposer de céder ma place pour qu'une créature déchue reprenne forme dans l'univers. Ce n'est pas juste pour toutes ces personnes qui ont perdu des proches et qui jamais ne pourront les retrouver... Ce n'était pas humain.

Une pensée paradoxale quand on sait que les dieux ont toujours utilisé les humains pour se réincarner. "J'ai fait quelques efforts... ce n'est pas tous les jours suffisant. Mais je n'ai pas d'autre choix si je veux que les douleurs s'arrêtent", lui évitai-je tout faux espoir en appuyant le fait que j'étais contrainte d'accepter tout ceci. Ma fierté m'empêchera de reconnaître le sentiment de satisfaction et de bien-être qui me parcourt lorsque je me retrouve alors en compagnie d'Ægir. Mais je ne voulais pas qu'Anthea vienne à penser que le combat touchait à sa fin. Que ma résignation était acquise.

D'un pas, je m'approchai de l'idole censée représentée Ran. Difficile de réellement se faire une idée précise de ce qu'elle avait été... "Comment était-elle ?" Demandai-je d'une voix douce et rêveuse à Anthea. Un brin nostalgique, un brin attristée. Je ne pouvais pas imaginer la peine ressentie à la perte d'une amie. Leur douleur, à Freyja, Freyr et Ægir était si forte qu'elle persistait même après quatre cent ans... de quoi donner le vertige... Étaient-ils réellement si liés dans leurs affinités que leurs sentiments persistaient avec cette intensité ? De quoi les jalouser en réalité... Et jalouser Ran elle-même.
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 Re: Prier, une tâche bien trop humaine ~ Anthea & Deidra  Sam 18 Jan 2020 - 20:04

PRIER, UNE TÂCHE BIEN TROP HUMAINE

Lorsqu’elle était entrée dans la pièce, Anthea avait senti l’étonnement de Deidra à sa vue. Visiblement, elle ne s’attendait pas à la voir ici. En même temps, qui pouvait s’en douter ? Mis à part ses amis proches, Freyja, malgré sa thématique déique, était plutôt discrète sur ses sentiments. Certes, elle représentait, d’un sens la séduction. Mais bien mal renseigné serait celui qui penserait tout savoir sur ses divagations d’âme. Elle sourit doucement à la jeune humaine, se voulant rassurante, d’une certaine façon.

Anthea avait parfois un peu de mal à comprendre pourquoi certains humains souffraient tant en devenant des Disciples. Mais n’ayant jamais eu à forcer qui que ce soit pour devenir l’un ou l’une des siens, elle ne pouvait pas savoir ce qu’il en était d’imposer sa croyance. Lorsque tout le monde nous aime, vous admire et que presque tout le monde est à vos pieds, volontairement ou via la magie, tout est plus facile…

A la réponse de Deidra quand à ses douleurs, Freyja hocha la tête doucement, l’air concernée. Elle avait bien compris que tout cela, la belle humaine ne s’y pliait que par obligation et non car elle le voulait. D’un sens, elle comprenait la réaction de Deidra. Si l’on annonçait un jour qu’elle devrait servir un autre Dieu qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam -Freyja aimait bien cette expression empruntée aux humains- pour le reste de sa vie et sans son consentement ni son accord, il ne fait aucun doute qu’elle se serait rebellée de toutes ses forces et du plus profond de son âme. Elle ne pouvait le nier, elle avait de l’empathie pour Deidra. Et, d’un sens, elle l’admirait pour son courage. Des humains luttant contre leur nouvelle nature de disciples, elle en avait vu passer ici. Et soit ils avaient vite cédé, soit ils étaient devenus presque fous de douleur. Et cette humaine devait bien faire partie de ceux que la Déesse avait vu lutter sans perdre l’esprit le plus longtemps.

La réflexion d’Anthea fut coupée lorsqu’à sa grande surprise, Deidra demanda comment était Ran. Freyja la regarda avec circonspection pendant une longue seconde. Elle pensait que Deidra la haïssait juste parce qu’on voulait que Ran s’incarne en elle, mais finalement, elle avait peut-être besoin de savoir pourquoi, ou plutôt pour qui elle subissait tout cela. Elle soupira de tristesse. Qu’il était dur de l’évoquer. Qu’est-ce qu’elle lui manquait. Le regard de la Déesse se perdit dans le vague, plongé dans des souvenirs clairs comme de l’eau de roche. Si l’on regardait de plus près ses yeux d’un bleu profond, l’on aurait pu voir les images de ses pensées.

““Elle était… Belle. C’est le premier mot qui me vient en tête lorsque je pense à elle. Mais pas d’une beauté conventionnelle, ou ce qu’on pourrait assimiler comme un fantasme global - ce que je suis un peu, au fond, par exemple -. Elle était d’une beauté sauvage, rebelle. Le genre de déesse insaisissable, comme son élément. Aussi instable que la mer, heureuse un jour, furieuse l’autre, son caractère changeait au fil des vents et des marées. Elle n’était pas appréciée de tous, mais il fallait juste savoir l’aborder pour en découvrir la réelle beauté d’âme.” ”

Freyja fit une pause. Elle sentait sa voix se nouer au fur et à mesure de sa description de sa plus fidèle amie.

“C’est un peu le cas, c’est vrai. C’est ridicule, un dieu qui en prie un autre. Ca ne marche pas. Mais stupide, ça ne l’est pas tant que ça lorsque l’espoir de la voir revenir s’affaiblit. On essaie tout, au bout d’un moment.”

Freyja soupira avant de se relever et de se tourner vers la jeune femme. Elle n’avait pas dit ces mots dans un aveu de faiblesse, loin de là. Elle les avait choisis pertinemment dans le but d’essayer de faire comprendre à Deidra à quel point ils mettaient tous tant d’espérance en elle. En son incarnation.

“Elle était aussi généreuse. Elle accueillait tous ceux qui entraient en son royaume comme quelqu’un de sa famille. Elle les emmenait à sa table et les choyait de son mieux. Elle avait le coeur sur la main. Elle ne refusait personne, ne haïssait personne. Peu importe vos crimes sur terre, si vous étiez fidèles à la mer, elle vous aimait. Bon, il y a eu évidemment des exceptions, mais elle furent rares. Par ailleurs, elle n’était pas très aimée pour son laxisme… En même temps, demander une forme de laxisme à des Dieux qui ne jurent presque que par les efforts guerriers ou la bravoure sans regarder le reste, c’est un peu… Compliqué.”

Freyja rit doucement à sa propre remarque. On aurait pu la penser amère envers ses comparses, mais il n’en était rien. C’était juste le fait qu’être une Déesse n’empêchait pas d’être lucide sur certains points. Son regard s’éclaircit à nouveau et les souvenirs heureux refirent surface. Elle regarda Deidra.

“Elle était lumineuse et sombre à la fois. Un peu comme toi, j’ai l’impression. On ne s’est pas beaucoup rencontrées depuis ton arrivée ici, mais tu me fais beaucoup penser à elle. Même physiquement. Tu ne lui ressembles pas vraiment, mais tu as une beauté similaire dans l’impression. Je comprends pourquoi Freyr et Aegir l’ont vue en toi.”

Elle posa une main douce sur l’avant-bras de la jeune femme.

“Attention, ne te méprend pas. Je n’ai pas approuvé leur façon de faire, ni ne les soutient sur cet aspect. Cependant, je le comprends. Ce n’est pas pareil.”

Anthea enleva sa main, presque gênée par ce geste un peu trop présomptueux. En réalité, elle avait peur de trop brusquer la jeune femme.

“Je pense que tu aurais aimé la connaître. Vous vous seriez bien entendues. Et, d’un sens, je suis sûre qu’elle serait parvenue à te faire aimer cet endroit.”

Freyja lança un sourire éclatant et sincère à Deidra.

“Alors, que penses-tu de ce portrait, absolument pas objectif, que j’ai fait de mon amie ? Cela change-t-il un peu la vision que tu en avais, si elle en était néfaste ?”

Son air s’assombrit un peu avant qu’elle ne termine sa tirade.

“Il faut que tu comprennes bien une chose, Deidra. Si tu es ici, c’est par désespoir. Et le désespoir fait faire des folies. Je ne te demande pas de pardonner à qui que ce soit. J’essaie juste de te donner quelques clés pour comprendre tout cela.”

Les yeux bleus de Freyja s’arrêtèrent sur le visage de la belle humaine. De tout cela, elle n’était ni pour, ni contre. Elle se posait presque en observatrice seulement, finalement. Presque.
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Vanka
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 Re: Prier, une tâche bien trop humaine ~ Anthea & Deidra  Mar 4 Fév 2020 - 2:42
Prier, une tâche bien trop humaine

Peut-être était-ce un rêve, une révélation, un espoir, pour le commun des mortels de toucher de si près le divin. D'obtenir ses grâces, de sentir la puissance de cette essence étrangère parcourir ses veines. L'instinct de contradiction jouait un grand rôle dans mon refus d'épouser cette nouvelle nature à laquelle j’appartenais dorénavant. Au-delà de la manière de faire, je refusais cette communion car elle me changeait. Je le sentais. Lentement mais certainement, cela m'habitait. Les douleurs s'estompaient avec les jours mais ressentir les émotions d'Ægir restait une expérience qui me rebutait.

Un effet intrusif, déplacé. Je n'étais pas de ceux qui aimaient être compris par autrui, ni s’immiscer dans les sentiments des autres. Cela me mettait mal à l'aise et j'avais bien du mal d'accepter alors cette proximité spirituelle. L'abstrait revêtait un aspect bien trop concret pour que ce soit... naturel. Difficile pour une sceptique telle que moi d'accepter cette magie qui entourait ces êtres. Encore plus difficile d'en être imprégnée de la sorte. Impossible de lutter, de contrôler...

Il m'arrivait de me poser la question : si ça avait été un autre dieu, est-ce que ça aurait été plus simple ? Car les émotions qui traversaient le dieu des mers étaient loin d'être glorieuses... Une mélancolie, un vide, un désarroi et en même temps une colère frustrée... Une puissance sommeillait et serrait mon cœur dans un étau. La douleur en devenait physique. À me briser l'âme.

Une douleur qui ne pouvait pas qu'être due à mon refus d'être sa disciple... Alors pour essayer d'en savoir plus, je me renseignais sur celle qui était censée devenir ma destinée. Ma locataire. Ran me rendait curieuse, il n'y avait aucun doute là-dessus. Ce devait être une déesse imposante pour tourmenter ainsi l'âme d'Ægir et convaincre le parèdre nordique de suivre ce plan grotesque.

Ce que m'en décrivit Freyja, je ne me trompais pas sur ce point. Une versatilité, changeante au gré des marrées. Je sentais dans sa voix l'attachement profond et sincèrement qu'il y avait entre les deux divinités. Elles semblaient si opposées et en même temps si semblables. Comme si Freyja était le jour et Ran la nuit. L'une bienveillante et l'autre indifférente. Une fraternité qu'il m'était impossible de réellement saisir. Ce qui en ressortait c'était ce désespoir désemparant qui émanait de la déesse. Ce désarroi se laissait également lire dans les yeux de Freyr mais surtout ceux d'Ægir...

En même temps, comment avec une telle société une déesse pouvait s'être retrouvée relayée au second plan ? Quelle insignifiance avait eu raison de Ran ?

Si comme elle l'insinuait, autant que le dieu de la mer le faisait, je ressemblais à la divinité convoitée, avais-je également cette part d'ombre ? Cette versatilité pouvant dénoter avec ce que l'on attendait d'un dieu ?

La main de Freyja se fit chaleureuse sur mon avant-bras. Une vague qui me provoqua un doux frisson dans tout le corps. Cela avait autant à voir avec le timbre suave de sa voix, le contenu de ses mots, et ce qu'elle dégageait de prestance. Une longue inspiration et une expiration silencieusement glissée entre deux cillements. Qu'elle rompe ce contact me contraria presque. Mais je me repris en pinçant mes lèvres. Sa présence me faisait ça... provoquait ce trouble, cette attirance, sans que je ne sache vraiment l'expliquer. Cependant, ses paroles surent me faire penser à autre chose.

Ici par désespoir, par dépit. Situation désespérée : mesures désespérées. "J'en ai conscience. À mon avis, Ægir ne s'attend pas non plus à ce je le pardonne. Et c'est une bonne chose car je ne compte pas le faire. Peut-être suis-je trop étroite d'esprit, que ma conscience humaine rend ma vision trop étriquée pour accéder au dessein divins. Je n'irais pas feindre vous comprendre, mais au moins je parviens à me faire une idée de ce qui se passe. Des enjeux qui vous poussent à agir de la sorte..." accordai-je à la déesse.

Car c'est vrai. Rien ne devait ressembler à ce que nous percevions, nous humains, à ceux que vivaient les dieux. Tout du moins la façon dont ils le vivaient. Éphémères aux quêtes futiles à croire aux premiers émois et s'évanouir dans l'oubli. Pour eux, c'était différent. Bien trop différent... Même leurs personnalités s'en retrouvaient à des milliers d'années lumières de ce que nous pouvions être en tant que mortels. "Ran comptait pour vous trois. Peut-être pour d'autres aussi... si je dois lui ressembler, au moins j'espère ne pas avoir sa noirceur. Je serai hypocrite de me décrire comme étant une bonne personne, mais je ne suis pas sûre de vouloir découvrir qu'une immense tâche colore mon âme. Laissez-moi cette illusion", vins-je me renfermer en reposant mon regard sur l'effigie de Ran.

Un moment de pause, de silence, de réflexion et d'une question qui s'envola : "Comment a-t-elle perdu sa précédente enveloppe ? Pourquoi l'a-t-elle perdue à ne pas pouvoir en récupérer aussi facilement que les autres ?" Demandai-je en toute indélicatesse. Enfin, à mes yeux, ça n'était pas le genre de questions à poser de but en blanc. C'était comme évoquer un mort. Sauf que là, elle ne l'était pas vraiment. Et que si je n'y connaissais pas grand chose, je me doutais que d'ordinaire, les divinités devait pouvoir se réincarner autrement qu'après des années de désespoir de ses proches...
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 Re: Prier, une tâche bien trop humaine ~ Anthea & Deidra  Jeu 27 Fév 2020 - 20:34

PRIER, UNE TÂCHE BIEN TROP HUMAINE

A la réponse de Deidra concernant le fait qu’elle comprenait leurs agissements, sans pour autant leur pardonner, Anthea hocha la tête. Elle comprenait cette réaction. Honnêtement, même si elle ne pouvait pas le vivre, elle comprenait aisément la douleur que cela avait pu être. Franchement, qui dans ce monde apprécierait d’être arraché à son univers d’un coup, sans avoir donné son accord, pour se retrouver lié à quelqu’un dont on ressent chaque émotion ? Qui consentirait à ressentir en permanence les joies, les peines, les douleurs physiques ou morales, la colère, la haine, l’excitation d’une autre personne ? Qui ferait sciemment cela sans connaître la dite personne ? Au fond, qu’ils soient des divinités ou non ne changeait rien à la morale de cet acte, ni à la douleur que cela pouvait engendrer. La réponse était plutôt simple, personne n’accepterait cela sans sourciller. Il y avait une grande différence entre imposer cela à des croyants qui sont déjà dévolus à une cause, à une croyance, et l’imposer à des inconnus qui n’avaient jamais entendu parler le nom même du Dieu…

A l’évocation de la noirceur de Ran, Freyja ne put s’empêcher de regarder la belle humaine droit dans les yeux. Même si la Déesse connaissait ce penchant de son amie, elle n’arrivait toujours pas à se faire à l’idée que c’était un plein aspect de sa personnalité. Cette vision de Ran n’était absolument pas objective cependant et c’est exactement pour cette raison que Freyja se retint de faire une quelconque remarque à ce sujet. Elle pouvait bien décider de l’ignorer elle - et c’était d’ailleurs grâce à cela qu’elles étaient restées amies tout ce temps - mais elle ne pouvait tenir rigueur aux autres personnes qui soulignaient cet aspect de la personnalité de la Déesse. Après tout, cela faisait tout de même partie de l’essence même de Ran. Et de ce fait, elle ne pouvait en vouloir à Deidra de ne pas vouloir être cette noirceur. Un sourire compréhensif s’afficha sur le visage de la déesse de l’amour, souhaitant être rassurant.

“Je vais t’avouer quelque chose, Deidra. Quelque chose que peu de personnes savent - ou ne veulent reconnaître -. En réalité, nous ne pouvons jamais savoir quels sont les traits majoritaires qui apparaîtront lors de nos réincarnations. Les traits de personnalité des humains dans lesquels nous nous incarnons font une grande partie de qui nous sommes. De ce fait, il y a des chances que la noirceur de Ran soit atténuée si tu finis pas l’incarner. Mais je ne peux évidemment rien te garantir...”

Freyja ne savait pas si cela était réellement avéré ou si cela lui était propre, mais elle savait et avait conscience qu’à chacune de ses propres réincarnations, la personnalité de son enveloppe avait pris une grande place aux côtés de ses propres traits de caractère. La Déesse laissa sa phrase en suspens. Puis, Deidra posa une question qui se devait d’arriver à un moment donné, Anthea en avait conscience. Comment son amie avait perdu son enveloppe. Et pourquoi elle n’avait pu en récupérer une autre… Question douloureuse s’il en était, mais parfaitement légitime. Anthea soupira avant de répondre. Elle fixa le portrait de son amie. Cela remontait déjà à si longtemps…

“Ran a perdu sa précédente enveloppe parce qu’elle aimait trop les humains.”

La phrase d’introduction d’Anthea était un peu abrupte, il fallait l’admettre, mais elle n’avait pas tort, c’était pour cette raison que Ran avait disparu. Devant le regard étonné de l’humaine, la déesse nordique commença son récit.

“Cette phrase peut paraître étrange, je te l’accorde, surtout vis-à-vis du portrait que je t’en ai fait précédemment, mais c’est bien la raison de sa disparition. En fait, Ran se sentait proche de l’Humanité. Tellement proche que lorsque notre Panthéon a laissé sa place à un autre, elle est immédiatement allée se fondre à leurs côtés. Tantôt capitaine de piraterie, tantôt tavernière sur une île côtière, tantôt fille d’un noble marchand qui voyageait sans cesse… Son métier et sa vie changeait en fonction de ses réincarnations, mais elle n’était jamais loin de la mer ou de l’océan. Elle aimait tellement les Hommes que malgré tout, elle n’utilisait quasiment jamais ses pouvoirs, venait très peu à Sanctum - je ne suis même plus sûre qu’elle y soit venue plus d’une fois - et surtout, elle n’a jamais eu de disciples, quels qu’ils soient. Elle était dans ce monde pour aider les humains. Les punirs à la rigueur, mais elle refusait obstinément de se les approprier, d’une certaine manière, en en faisant ses disciples. Même lorsque nous possédions nos pleins pouvoirs, elle n’aimait pas encourager son culte.”

Freyja fit une pause. Au fond, elle avait toujours trouvé son amie courageuse d’agir comme ça. Avis qui ne faisait pas l’unanimité. Seul Odin savait le nombre de disputes que cela avait engendré entre elle et AEgir.

“Heureusement, d’un sens, elle eut tout de même des croyants qui la vénérèrent de longues années encore après la chute de notre panthéon. Le fait que les germaniques nous aient longtemps loués avec d’autres noms y a joué pour beaucoup. Mais au bout d’un moment, les croyances s’éteignent, elles sont remplacées et oubliées, particulièrement si nous ne les entretenons pas par des apparitions ponctuelles auprès des humains.”

Freyja s’interrompit quelques instants. Elle se surprenait elle-même à en révéler autant sur eux, les Divinités de tout temps, à travers l’histoire de Ran. Mais après tout, quoi qu’elle pouvait bien dire et avouer, ils n’en restaient pas moins tous immortels, d’une certaine manière.

“Il faut que tu saches que même si nous ressentons la douleur et pouvons être blessés, tant que nous avons des croyants, notre enveloppe corporelle ne se dégradera jamais. Nous guérissons, plus ou moins lentement selon la force de notre culte et la puissance de la foi de nos adeptes. C’est pour cela que nous avons des disciples, aussi. Ils font notre puissance et entretiennent notre culte en permanence. Ce sont de gros atouts pour nous. En revanche, lorsque plus personne ne croit en nous… Nous nous vidons de l’intérieur, d’un sens. Et, lorsque nous sommes complètement vidés, notre enveloppe corporelle meurt. Et il n’est pas possible de nous réincarner sans l’aide d’autres dieux.”

Freyja sourit doucement, de manière mélancolique.

“C’est ce qui est arrivé à Ran. Sauf que personne ne l’a vu. Elle vivait tout le temps loin de nous, nous la voyions rarement et… Elle nous a caché le fait qu’elle se vidait. Même à Aegir, qui n’y a vu que du feu. Il faut que tu saches aussi que parfois, nous ne nous incarnons pas immédiatement. Il faut attendre la bonne enveloppe, celle parfaite pour nous accueillir et cela peut prendre quelques années. Du coup, quand l’enveloppe de Ran s’est évaporée… Nous avons mis quelques temps à nous rendre compte qu’elle ne s’incarnerait plus d’elle-même. Lorsque l’on s’en est rendus compte, cela nous a laissés un goût amer. Personne n’a compris pourquoi elle ne nous en avait pas parlé. Personne n’a compris pourquoi elle nous avait caché sa détérioration. Et Aegir encore moins. Il en a énormément souffert. Plus que nous tous. Et depuis, chercher une enveloppe pour la revoir et pour avoir des réponses lors de sa réincarnation est sa raison de vivre.”

La déesse se tut. Son récit était fini. Elle avait conscience que cette information pouvait être dure à avaler, surtout le fait qu’on voulait faire de la jeune femme le réceptacle d’une déesse qui ne voulait peut-être pas revenir dans ce monde. Mais elle lui ressemblait tellement… Malgré toute l’empathie qu’elle avait pour elle, Anthea voulait aussi revoir son amie. La déesse se garda bien cependant de préciser à Deidra un fait qu’elle avait déjà constaté lorsqu’ils avaient incarnés, en tant que dieu, des divinités presque disparues de leur panthéon. Le fait que les personnalités humaines étaient souvent bien plus que dominantes dans ce cas, laissant presque penser à des cas de dédoublement de la personnalité parfois. La Déesse de l’amour, bien que bienveillante dans sa démarche, ne souhaitait pas renforcer l’humaine dans son aversion à l’idée de ne devenir qu’une enveloppe, ni lui donner un quelconque espoir.

“J'ai conscience que ce récit n'est peut-être pas celui que tu espérais. Mais j'espère que cela te rassures un peu quant à la nature de Ran ?”

Demanda la déesse d’un ton plus léger à Deidra, scrutant son visage de son regard perçant, cherchant sa réaction.

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 Re: Prier, une tâche bien trop humaine ~ Anthea & Deidra  Mar 5 Mai 2020 - 17:27
Prier, une tâche bien trop humaine

La présence de la déesse semblait donner à cette pièce tout son sens. Comme une évidence, une réponse à chaque question que l'on pouvait se poser. En sa présence appuyée, il y avait toujours cet instant où un magnétisme venait s'opérer. Une étrange sensation que je mettais sur le compte de son mysticisme. L'envie de savoir quelles pensées se cachent derrière ses yeux céruléens, de sentir la délicatesse de sa peau et la force de son étreinte. Une princesse, une guerrière ; une reine. L'audace ne s'était jamais présenter d'assumer ces élans que la déesse inspirait...

De sa voix mélodieuse, Freyja vint se faire rassurante et inquiétante à la fois. Mais son honnêteté capta mon attention et m'ouvrit à ce qui allait suivre. Un froncement de sourcils se dessina sur mon visage quant à la raison de la disparition de Ran. Son amour des humains ?! A entendre et voir agir celui qui a été son âme-sœur, j'aurais parié sur tout sauf sur un amour pour les humains... Ou peut-être que cela faisait sens, qu'avant Aegir était moins rétif, moins refermé. Que d'avoir vu l'amour de son éternité se consumer par nôtre faute, il en soit venu à nous relayer au rang d'indésirables...

Ce que décrivait Freyja venait délicatement courber mes fines lèvres. Une amoureuse des mers, des voyages, de l'aventure. Voilà un aspect qui me parlait, m'inspirait. La déesse de l'amour s'aventura sur l'aspect technique de leur immortalité. Cette dépendance entre dieux et humains. Sans croyants, ils disparaissaient. Préférer profiter de son existence présente plutôt que de s'embarrasser de son avenir. Voilà une parfaite preuve d'égoïsme de la part de Ran si elle savait qu'elle pouvait en mourir. Enfin, disparaître. Aimait-elle vraiment Aegir pour lui infliger cela ? Un doute qui germa dans mon esprit. Si j'avais la chance d'avoir des personnes qui tenaient à ce point à moi, jamais je n'aurais pris de tels risques à me laisser dépérir au gré du vent. Quand bien même il me faudrait battre mes instincts et mes envies. En ça, nous étions drastiquement différentes, Ran et moi...

Le récit de Freyja ressemblait à une confession. Comme si toutes ces informations n'étaient pas censées être portées à ma connaissance. En réalité, cela me convenait. Dans l'idée où je ne pouvais échapper au sort que l'on me réservait, que de toute façon j'étais liée à Aegir que je le veuille ou non, ne pas être traitée comme un simple tas d'os à se coltinait me réconfortait. Rien n'avait obligé la déesse à me raconter tout cela et j'étais reconnaissante qu'elle l'ait fait. "Depuis que je suis tombée dans vos filets, aucune histoire n'est vraiment rassurante. Mais au moins à présent je sais à quoi m'attendre. L'inconnu est bien plus terrifiant que les faits. Bien que rien ne soit certains, à présent je sais à quelles possibilités m'attendre... Merci, Freyja. Aegir a bien trop peur de ma réaction pour me dire tout ceci, ou bien je ne suis pas assez importante pour qu'il s'en donne la peine..." lui confiai-je en esquissant un sourire gêné.

Je m'approchai de Ran, un regard pensif. Difficile de se sentir proche d'une personne que l'on n'a jamais rencontré, vu, connu... mais ce que m'en avait dévoilé Freyja me permettait de me faire une petite idée. De me faire à l'idée, tout simplement... Si comme elle le décrivait Ran n'est plus aussi forte qu'avant, il y avait alors une grande chance pour qu'elle ne m'absorbe pas toute entière. Qu'une part de moi réside et prenne l'ascendant. Je me doutais que ce n'était pas l'idée recherchée par Aegir, cependant j'étais encore incapable de renoncer à ma petite personne. "S'il y a des chances pour que sa présence se jumelle à moi sans me faire disparaître, cela veut dire qu'en réalité, je serai toujours... moi ? J'aurais conscience d'être à la fois Ran et moi-même ? Une sorte... d'évolution, plutôt qu'un remplacement ?" Demandai-je à la déesse en me tournant de nouveau vers elle.
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 Prier, une tâche bien trop humaine ~ Anthea & Deidra

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