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 au bord de la tempête

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 au bord de la tempête  Dim 22 Mar 2020 - 21:50
au bord de la tempête

Appartement inondé. Philadelphie. Ville froide et humide. Tranche avec le climat tropical de son Mexique.

Une longue journée vient de s'écouler au foyer. Réceptrice d'histoires teintées d'injustices où les femmes sont humiliés. C'est avec la rage au ventre qu'elle rentre. Bien décidée de s'accorder un peu de repos. Non. Le Destin en a décidé autrement. Un écoulement depuis le toit. Toit non entretenu par le propriétaire. Créant une crevasse où l'eau s'écoule abondamment en ces jours chargés de pluie. Les trois derniers étages sont évacués. En attendant de savoir où elle sera relogé, elle fait sa valise, se remplissant du nécessaire. Robe et bottes trempées comme un enfant jouant dans les flaques, elle sort de son bâtiment. Les nerfs vifs.

Au loin, elle aperçoit Nathaël. Se frayant un passage sur le chemin bétonné pour rentrer chez lui. Un sourire se creuse sur le visage de la déesse. Se découvrant une passion toute récente. Jouer avec le caractère extrêmement sensible de l'homme. Un véritable volcan. Il faut dire qu'avec la journée pesante qui vient de s'achever, elle ne pouvait espérer meilleure consolation.

Alors elle traîne ses pieds. Empreinte les mêmes chemins que son prédécesseur. Flâne quelques instants près du port. Espaçant le temps entre lui et elle, s'assurant qu'elle le retrouvera bien à son domicile.

Le crépuscule colore le paysage. De ses couleurs flamboyantes. Serpentine glisse jusque devant la porte. Le bas de sa robe encore humide par les dégâts dans son appartement. Ses bottes finement recouvertes de boue. À bout de bras, elle porte sa valise en cuir puis presse sur la sonnette. Une fois. Puis deux. Un soupir. Un long soupir s'échappe de ses lèvres. Sa patience se diffuse puis disparaît.

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 Re: au bord de la tempête  Lun 23 Mar 2020 - 18:04
 
au bord de la tempête

When you become a raindrop in your mind, thunder is the closest friend you may find. wind lashed trees, dark clouds, lightning or the dust, everything you will bear once you adjust. — Munia Khan || @Serpentine Litonya



Journée de merde, qu'il pesta intérieurement en prenant le chemin de son appartement. Le bâtiment n'avait rien d'exceptionnel, mais il offrait une vue imprenable sur le port de Philadelphie, et ça lui suffisait. Il est bien loin le temps où il jouissait d'une notoriété grandiloquente lui permettant d'habiter de prestigieuses demeures à Asgard. Maintenant, il n'était qu'une histoire appartenant au passé, une légende transformée en histoire couchée dans des bandes dessinées grotesques qui lui foutait clairement les nerfs. Un jour, il était tombé sur une de ces boutiques, qu'ils appellent Comic Store, et ça lui avait donné envie de fracasser la face du propriétaire contre le comptoir quand ce dernier lui avait expliqué que Thor était devenu une femme, finalement, et blablabla. L'exposé détaillé n'avait provoqué qu'une réaction et pensée chez le Dieu : Mais quelle connerie ! Ce souvenir, plutôt innocent, avait le don de lui mettre les nerfs en pelote alors qu'il soupirait profondément en chassant tous les nuages de son esprit contrarié.

Le bourdonnement, lui, il ne le quittait jamais. Jamais. Il était là, inlassable, trop présent depuis sa dernière modulation nerveuse. Il se maudissait pour ces réflexes qui avaient la vie dure, mais il faisait avec, faute de pouvoir faire sans. Encore aujourd'hui, il n'envisageait pas de changer d'enveloppe, parce que vu sa poisse devenue quasi-légendaire, il y avait fort à parier qu'il allait tomber de haut en jouant avec la roulette russe de la réincarnation.

La porte de l'appartement situé au cinquième étage était ouvert d'une main alors que de l'autre, il se trainait un sac de course. Il passait le seuil en se félicitant de retrouver un peu de tranquillité et de solitude.. Parce qu'il avait du mal à les entendre parler, tous autant qu'ils étaient, à grouiller autour de lui alors qu'au dedans, ça bourdonnait. La prochaine crise était proche mais il avait encore le temps. Avec l'expérience malheureuse du temps passant, Nate avait appris à maitriser sa propre faiblesse, à en deviner les contours.
A présent, plus personne ne le trouvait dans une fâcheuse position.
Parce qu'il n'était pas Dieu à montrer sa faiblesse.
Non, il était le putain de Dieu de la force et du Tonnerre.

La porte était claquée d'un coup de godasse et il posait sur le comptoir de sa cuisine ouverte le sac de course alors qu'il se déchaussait. La veste en cuir était balancée sur le canapé tandis qu'il s'attelait à ranger ses affaires. C'était humain, c'était ordinaire et il s'y était fait. Sa seule exigence en ce bas monde était presque ridicule : Il avait besoin d'une vue imprenable sur le ciel et sur l'horizon. C'était ce qui avait justifié le choix de cet appartement banal à la baie vitrée immense. Ça donnait une ouverture sur le monde qu'il appréciait, de manière tout à fait paradoxale.

Mais voilà que la porte sonnait le glas de sa tranquillité. Il trainait le pieds jusqu'à l'entrée et ouvrait la porte pour apercevoir Serpentine. Son regard vert, de mec ayant passé une trop longue journée, se portait sur la silhouette de la jeune femme avant de s'accrocher à ses prunelles. « Qu'est-ce que tu veux ? Je n’ai pas de sucre. » Mensonge. Mais dans le fond, il estimait ne rien avoir à lui offrir, hormis cette porte qu'il rêvait de lui claquer au nez. Pourtant, il ne le faisait pas, d'ailleurs, ça le faisait soupirer alors qu'il pinçait les lèvres, parce que franchement.. Parfois, ça ne lui ferait pas de mal de se tenir à ses propres coups de gueule. Son regard dévala la silhouette de la déesse et il désigna du menton son accoutrement dégoulinant. « T'as une allure dégueulasse. T'es venue salir mon appart ? Tu devrais te contenter du tien. » Justement, c'était tout là le problème. Il se détournait, prêt à lui refermer la porte au nez, à moins qu'elle n'ait un argument choc pour s'enquérir de sa présence orageuse.

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 Re: au bord de la tempête  Mer 25 Mar 2020 - 16:43
au bord de la tempête

La porte s’ouvre. Une éternité semble s’être écoulée depuis la première sonnerie. Leurs regards se croisent. Aucun des deux n’expriment de l'enthousiasme. Statique et insipide. Une voix grave résonne et marmonne sans le moindre effort. Il n’a rien pour elle. Que ce soit du sucre comme tout autre chose. Rien.

- Tu pues le mensonge Nathaël.

Lâche-t-elle dans cette rudesse qu’il lui est propre. Bien que Serpentine peut se montrer charmante avec un peu de bonne volonté. Une volonté dont elle est dénuée depuis son arrivée dans ce monde.

L'homme l'examine de son regard vert et ne tarde pas à lui faire relever son état pitoyable. Le visage de la déesse se durcit. Comme si elle ne l’a pas remarqué. Ses mâchoires se serrent. Ses muscles se contractent. Qu’attend-elle ? Un sourire, un mot de bienvenu et qu’ils se donnent la bise ?

- T’es venue salir mon appart ? Tu devrais te contenter du tien.

L’air se vide de ses poumons dans un lent soupir. Porte d’entrée entrouverte, elle balance sa valise dans l’encolure. Créant un boucan monstrueux. Perturbant probablement la tranquillité du voisinage.

- Justement, c’est tout le problème. Il y a un dégât des eaux. Bien plus dégueulasse que ce que je peux te montrer présentement. J’ai froid. Le climat de ce pays est horrible. Laisse moi entrer.

Sans attendre sa permission, elle se glisse félinement, à la recherche d'un soupçon de chaleur. Retirant habillement ses chaussures. Bien qu'elle se serait fait un plaisir de salir l'appartement, elle n’est pas complètement dépourvue de bonnes manières. Du moins, jusqu’à ce qu’elle voit une veste en cuir reposée sur le canapé, qu’elle enfile avec empressement. Tétanisée par le froid de saison, stagnant dans cette région du port.

Intuitivement, son corps l’emmène face au sac de course, posé dans la cuisine. Se hissant sur la pointe des pieds, elle regarde ce que le kraft contient. Attrape agilement les produits qui s'y cachent et les pose sur le plan de travail. Méthodiquement dans un automatisme étrange.

Son rangement s’arrête lorsqu'elle y aperçoit un comics. Toujours sans daigner un regard depuis son infiltration, elle feuillette, curieuse. Une histoire de dieu. De force, de puissance et de super-pouvoirs. Thor le renouveau. Thor est une femme. Son visage s’illumine un instant d’un léger sourire. L’idée lui plaît. Beaucoup trop même.

Pourtant, elle ne peut s’empêcher de virevolter vers lui et d’agiter le magazine.

- Quand je vois tes achats, je me dis qu’il te faut définitivement quelqu’un dans ta vie. C’est d’un désastre. Si on continue comme ça, dans cinq minutes, je vais découvrir ta collection de revues érotiques.

Un cliché. Une étiquette qu’elle ne se retient pas de lui coller. Tout les hommes sont ainsi. Considérant les femmes comme des objets, comme un divertissement. Elle ne le voit que bien trop depuis son engagement à l’association. En vérité, elle le voit depuis toujours et n'a connu que ça.

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 Re: au bord de la tempête  Jeu 26 Mar 2020 - 22:26
 
au bord de la tempête

When you become a raindrop in your mind, thunder is the closest friend you may find. wind lashed trees, dark clouds, lightning or the dust, everything you will bear once you adjust. — Munia Khan || @Serpentine Litonya



C'était à croire que cet appartement était la caverne d'un ours, et que cet ours n'appréciait aucune compagnie hormis la sienne. Et c'était le cas. Si l'intérieur était d'une modernité penchant vers un style industriel, simple mais efficace, il était évident qu'il n'y avait pas une touche féminine, et encore moins de trace d'une autre présence que celle de Thor. Il vivait seul et il s'y était fait depuis une éternité. Ici ou ailleurs, il avait toujours mis un point d'honneur à tenir à distance toute personne qui pourrait trop se rapprocher de lui. La raison principale n'en demeurait pas moins obscure pour tous. Le Jörmungand lui pourrissait la vie, chaque jour de manière plus ou moins égale. Thor était persuadé de devoir vivre encore et encore son Ragnarök jusqu'à ce que mort s'en suive.

Mais il y avait surement pire. Comme une foutue inondation.. Ou pas.
Le timbre de Serpentine raisonna à son oreille et pour autant, il ne lui accorda qu'une importance secondaire. Du moins, jusqu'à ce qu'il se décide à lui répondre, laconiquement. « Et qu'est-ce que ça peut te foutre ? » Il pouvait mentir que ça n'allait pas changer la face du monde. Un coup d'œil en biais vers la silhouette féminine lui suffit à mettre en évidence l'inévitable : Son insupportable voisine avait perdue de sa superbe. Ça aurait pu le faire jubiler, pour le plaisir.. Pour le détendre un peu.. Mais non. Enfin, allez, si.. Un peu !
Ainsi, un sourire se hissait là, subtilement, à la commissure de ses lèvres alors qu'il l'écouta en évoluant à nouveau dans l'appartement. Un dégât des eaux. Encore une fois.. Qu'est-ce qu'il avait à faire là-dedans ? Ça ne le concernait pas, il n'avait pas fait s'abattre la foutre sur son trou à rat. Et.. Réflexion faite, il aurait peut-être dû.

« Je ne suis pas un centre d'accueil pour les désespérés. » Qu'il lâcha, toujours aussi renfrogné et pour autant, il ne la mit pas dehors avec perte et fracas, alors qu'il en était bien capable. Il lui désigna juste la porte, qu'elle ne la laisse pas.. Ah putain. Elle en faisait un bouquant. Un grondement lui échappa alors qu'il fronçait les sourcils. Son bordel sonore raisonnait dans le crâne du Dieu qui se détourna avec la furieuse envie de cogner. Mais il se contrôla sans mal, habitué au tumulte d'un monde devenu trop bruyant.

Thor la regarda enfiler sa veste et évoluer naturellement dans sa demeure.. A lui. Si beaucoup de mâle aurait simplement apprécié la vue, et surement saisit une opportunité donnée, lui, il restait de marbre. Parce qu'elle lui avait taxé sa veste, s'incrustait chez lui et en plus, fouillait dans ses courses. Et ça, ça avait le don de le refroidir en un temps record.
Diable qu'ils étaient différents ! Quand lui trouvait le climat trop doux, il entendait Serpentine pester contre le froid. A croire qu'ils venaient de deux mondes diamétralement opposés et fondamentalement.. C'était presque le cas.
Dans les sacs en Craft, l'invitée de fortune pouvait trouver des ingrédients pour faire un ragoût de bœuf.. Surement pour quatre personnes, ou cinq, ainsi que des cochonneries d’apéritif accompagnées de bières, afin de patienter surement pendant la cuisson. « Tu ne comptes pas sérieusement t'incruster jusqu'à ce qu'on te rende ton appartement ? J'aime ma tranquillité et t'es tout, sauf tranquille. » Il lui aurait bien dit qu'elle était, même, une emmerdeuse, mais ç’aurait été redondant. Et il se gardait ce privilège pour un autre instant, plus propice.. Qui viendrait très certainement. Il n'en doutait pas.

Avançant dans le coin cuisine, il commença à ranger les aliments mécaniquement avant de la voir attraper cette saleté de comics. Vu l'œil noir qu'il porta sur l'objet livresque, il était certain que Thor avait une envie certaine de le foutre au feu, et c'était évidemment le cas. « Tu crois vraiment que j'ai acheté cette saloperie ? N'importe quoi. Comme si Thor pouvait devenir une femme, c'est une vaste fumisterie. » Qu'il tonna en attrapant d'une main le comic pour le balancer dans la poubelle sans ménagement et ainsi retourner plus sereinement à son rangement.
Non mais sérieusement, elle le prenait vraiment pour un pervers ? Oui, ça le frappait d'un coup. Un peu à retardement alors, il se tournait enfin vers elle pour la fixer et l'acculer sans la toucher pour autant contre le plan de travail. « Je n’ai pas besoin de revues à la con pour me faire plaisir, on frappe à ma porte sans que je n’aie rien demandé. » Le regard entendu passé, il se détourna pour attraper finalement une bière et la décapsuler d'une main. Il la faisait glisser sur le plan de travail pour Serpentine et s'en attrapait une autre pour répéter le processus et en boire une gorgée.

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 Re: au bord de la tempête  Ven 27 Mar 2020 - 19:14
au bord de la tempête

Serpentine ne pourrait expliquer son intérêt curieux pour l’homme. Il s’avère qu’en vivant dans ce même quartier, ils se croisent plus souvent qu’ils ne le veulent. Leurs caractères insociables se sont frottés l’un à l’autre plus d’une fois. Laissant la marque de leur passage. Affolant certainement le voisinage. La jeune femme est sauvage et impulsive. Elle peut sans doute en dire tout autant de son homologue portuaire. L’habitude. Certainement. La pousse à se diriger vers lui quand elle est à bout de ressources. En sortant de son appartement inondé, sa silhouette s’est dessiné dans le paysage. Comme une invitation. L’aztèque n’a pas réfléchie, se contentant de suivre son instinct amusé, sans se poser de question.

- Je ne suis pas un centre d'accueil pour les désespérés.

- Navrée, la pancarte d’entrée n’est pas très claire à ce sujet. Pourtant quand je nous regarde, ça me parait assez évident.

Elle ne lui décroche pas un regard, bien trop absorbée par la tâche qu’elle s’est adressée. Concentrée par la sortie des fournitures. Puis par leur regroupement méthodique sur le plan de la cuisine.

- Tu ne comptes pas sérieusement t'incruster jusqu'à ce qu'on te rende ton appartement ? J'aime ma tranquillité et t'es tout, sauf tranquille.

Sa tête se redresse lentement. Garde le silence et arque d’un sourcil. Elle ne lui répond pas, n’attendant nullement une invitation de sa part ou une quelconque validation.

- Je dormirais sur le canapé en attendant de trouver une solution. Rassures-toi, je ne tiendrais pas la semaine complète avec toi et je serais probablement partie demain.

Au vue de l’état de son studio, la situation n’est pas prête de s’arranger. L’impulsion l’a mené ici. N’ayant aucune idée de combien de temps elle resterait. Ne s’étant, pour tout dire, pas posée la question. Les circonstances s’articuleront au jour le jour. Ainsi elle composera.

- Si tu as besoin d’argent, je te ferais un retrait demain. Tu paniques inutilement. Je serais partie avant même que tu t’en rends compte.

Ses nerfs s’agitent. Pourquoi se justifie-t-elle ? Pourquoi cherche-t-elle à lui assurer qu’elle sera aussi vite partie qu’elle est venue ? Ses pensées cessent de remuer lorsqu’elle assiste à sa vive réaction face au comics. Une réaction pour le moins extrême. Sa façon de s’agiter. Ce feu virevoltant. Il paraît complètement fou. La fait sourire, incapable de se retenir.

- Tu crois vraiment que j'ai acheté cette saloperie ? N'importe quoi. Comme si Thor pouvait devenir une femme, c'est une vaste fumisterie.

- Je ne crois rien. Je constate simplement ce que tu as dans ton sac.

Puis il se glisse vers elle, la bloque sans la toucher. Cherchant certainement à l’effrayer ou à la provoquer. Elle le fixe, dans un premier temps, calmement. Il lui en faut plus pour l’intimider. Mais cette proximité furtive la surprend. Elle ne l’a jamais vu d’aussi près. Hormis son caractère complètement allumé, elle doit s’avouer qu’il a du charme. Ou alors sa noirceur fait écho à la sienne. Elle ne sait pas et garde le silence sous ces derniers propos. L’homme s’éclipse aussi vite qu’il est venu.

La situation aurait pu en rester là. Sous la tension palpable. Mais il n’en est rien. Nathaël se contente de décapsuler une bière et de la lui faire parvenir. Il faut dire qu’il lui a coupé le clapet. Elle s’attendait plutôt à voir sa valise volée par la fenêtre plutôt que de recevoir de quoi s’hydrater. Sa bouche se pose sur le rebord de la bouteille et elle prend quelques gorgés. Silencieuse.

Le calme se brise à la naissance de son rire cristallin. Réalisant leur ridicule. Il faut dire qu'elle n'a pas trouvé une situation aussi drôle depuis plusieurs siècles. Oubliant même la sensation chaleureuse suscitée par cet éclat. Mais elle le garde pour elle. N'ajoutant rien, l'oeil pétillant et malicieux. Se déplaçant jusqu'à la poubelle pour y recueillir le magazine jeté.

- Je te paye la pizza ?

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 Re: au bord de la tempête  Ven 27 Mar 2020 - 21:37
 
au bord de la tempête

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Deux orages se rencontrant pour créer un cataclysme.. Ils n'étaient en rien fait pour s'entendre. En dépit de la logique aberrante de leur relation, le bon sens voulait qu'ils se repoussent, s'éloignent, l'un de l'autre à l'image des aimants partageant un même pôle d'attraction. Et pourtant, il n'en était rien. Serpentine avait trouvé le chemin de l'appartement du Dieu, comme une ligne tracée d'évidence menant à un repère sécurisant. Mais Thor n'avait rien d'engageant ou de sympathique. Tous ses assistants l'avaient fui comme la peste, parce qu'il était grossier et peu enclin aux encouragements. Ses amis étaient rares, parce qu'il refusait qu'on s'approche de trop près de lui.. A croire qu'il avait la peste.

Mais non, c'était bien pire. Bien plus humiliant qu'une petite maladie mortelle. C'était plutôt la récurrence de la mort dans l'âme qui habitait chacun de ses muscles. Il avait eu beau cultiver sa tonicité, limiter l'usage de sa modulation nerveuse.. Pour autant, il n'était pas parvenu à endiguer le phénomène. Saleté de vie. Liam avait de la chance.. Thor n'avait qu'une parole.

Occupé à ranger les aliments pour délier peu à peu l'alignement méthodique de son incruste, il continuait de pester encore et encore. Merde ! D'habitude, ça marchait, les gens lui claquaient la porte au nez en le traitant de mufle. Mais pas là. Certes, il pouvait utiliser la force, parce qu'il en était largement pourvu.. A vrai dire, il pourrait même briser en deux la jeune femme, mais pour autant, ce n'était pas son truc. Nop. La violence gratuite n'avait aucun intérêt et surtout, aucun honneur. Et l'honneur était une valeur sûre, tout autant que la fierté pour le Dieu du tonnerre.

« Moi je vais bien, je n’ai pas les pieds dans l'eau. » Qu'il lui répondit finalement concernant le désespoir suintant de l'un à l'autre. Thor n'avait définitivement rien à voir là-dedans, c'était une évidence.
Dans toute cette histoire, il était évident que l'Ours n'allait pas verbaliser la moindre invitation pour laisser s'installer Serpentine. Ça n'arriverait pas. Jamais. Par principe. Quels principes ? Les siens. « Manquerait plus que je te laisse mon pieu, évidemment que tu vas avoir droit au canapé. » Son geste de rangement s'interrompit pendant une fraction de seconde alors qu'il sembla jauger l'invisible avant de reprendre sa tâche. Jusqu'à demain. « Tant mieux. » Qu'il conclut du bout des lèvres, dans un marmonnement bourru.

Le rangement terminé, il mettait de l'ordre dans l'espace cuisine, à croire qu'il était un maniaque de l'ordre. Et à bien y regarder, rien ne débordait, ou n'empoisonnait son espace. C'était clair, net, carré mais simple.. Il n’y avait guère eu que cette veste qu’il avait balancé sur le canapé. Tout cela parce qu'il n'avait pas besoin d'une montagne de possessions pour vivre confortablement.. Mais est-ce que cela voulait dire qu'il était dans le besoin ? Son regard se porta sur la Déesse quand elle osa lui proposer de l'argent. « Garde-le ton fric. Je n’en ai rien à foutre, j'ai juste besoin de ma Solitude. » Sa Solitude, avec un grand S. Il ne parlait pas simplement de calme ou de tranquillité, non.. Il avait bel et bien besoin de solitude.
Elle ne risquait pas de comprendre pourquoi, et il s'en assurerait.

Lorsque finalement elle récupéra le comics dans la poubelle, il laissa filer un profond soupir d'agacement en toisant la revue. Il allait vraiment foutre le feu à cette saloperie. Quelle merde. « C'est ça ouais. » Qu'il marmonna avant de rétablir un silence de plomb entre eux.

S'il y avait bien une chose dont Thor avait connaissance, c'était l'effet que pouvait provoquer cette enveloppe sur les femmes. A travers le temps, il l'avait constaté et en avait souvent profité. Infidèle à sa femme depuis qu'elle l'avait abandonné en retour, sans un mot, il avait connu une multitude de corps, de sourires et en avait fait soupirer plus d'une. Pour autant, ce n'était pas ce qu'il cherchait en cet instant. Nate ne voulait que rétablir une simple et unique vérité : Il n'appartenait pas à la caste populaire des pervers ayant la main lourde. Certes, il avait la main lourde, mais dans un autre domaine.

Les bières distribuées et un silence de circonstance apprécié plus tard, il reposa son regard vert sur Serpentine en la voyant rire. Un sourcil se haussa alors qu'il la scrutait, clairement perplexe. « Qu'est-ce qui te fait marrer ? »
L'interrogation tombait puis la sienne, à elle, venait interrompre le fil de ses pensées. Il reporta le goulot de sa bière à ses lèvres pour boire deux longues gorgées avant de la reposer sur le plan de travail. « Non. Je vais cuisiner. » Son menton désigna finalement une porte au fond du salon, sur la droite, à côté d'un escalier qui menait à une mezzanine où une grande baie vitrée laissait apercevoir un lit, sa chambre. « Va prendre une douche avant de puer la mort et de salir ma veste. »

Il la laissa disposer, du moins, s'y préparait avant de finalement se tourner vers l'évier pour venir se laver les mains et sortir les aliments nécessaires à sa préparation. Au programme, l'idée du ragoût n'avait pas quitté son esprit, vu la quantité de viande et les légumes sorties du frais.

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 Re: au bord de la tempête  Sam 28 Mar 2020 - 0:00
au bord de la tempête

L’hospitalité. Comment fonctionne-t-elle en Amérique ? Parfois, un fossé culturel se creuse et elle n’en saisit ni les coutumes, ni les traditions. Jugeant bon de lui proposer de l’argent pour couvrir les charges, le désagrément de sa présence. Une pizza, le drapeau blanc moderne pour calmer les tensions. Nathaël refuse tout.

D’un signe expéditif, il lui ordonne de prendre une douche. Un temps dont il profitera pour cuisiner. Honnêtement, Serpentine n’est pas sûre que l'idée soit bonne. Un doute plane.

- Oh, alors comme ça tu as un coeur et subitement tu deviens gentil. Non mais c'est sûr, je vais finir avec une intoxication alimentaire.

Mais la proposition de la douche est trop alléchante pour laisser passer l’occasion. Malgré la veste en cuir sur ses épaules, elle reste frigorifiée. L’humidité de ses vêtements pénètre sa peau et s’y colle, Lui laissant une sensation follement désagréable.

Alors elle quitte le coin cuisine pour récupérer sa valise et empreinte la porte du fond. Serpentine disparaît et le laisse à sa solitude. Un escalier la mène sur la mezzanine. Son oeil est rapidement attiré par la grande baie vitrée. Par cette vue imprenable sur l’étendue de l’eau. Pétillante sous les derniers rayons de lumière. Bêtement, son corps se fige. Se sentant minuscule face la beauté du paysage. Capable de rester jusqu’à ce que mort s’en suive.

Sa tête se secoue lentement pour reprendre ses esprits puis elle pénètre dans la salle de bain, où elle laisse l’eau chaude coulée, pour ajuster la température. Dénudée, elle entre dans la cabine. Sa peau se recouvre d’une fine particule transparente. Ses cheveux se mouillent, s’alourdissent puis se lissent sous le poids du flot. Ses mains frottent doucement son visage, le nettoyant puis massent délicatement ses muscles pour les détendre. Depuis le commencement de cette journée, elle se sent enfin apaisée...

Toute bonne chose à une fin. Elle quitte à contre coeur la cabine et enfile un long t-shirt lui retombant jusqu’à mi-cuisse. Ses cheveux passent au séchoir et reprennent leur forme ondulée. Sur la table de nuit, elle dépose quelques billets. N’ayant aucune envie de se faire entretenir, comme n’importe quelle cliché de la femme en détresse. Ses yeux s’accrochent une dernière fois sur la baie vitrée puis elle descend, avec sa valise qu’elle dépose près de l’escalier. La veste en cuir dans l’autre, elle la dépose au porte manteau.

La cuisine s’est emplie d’une odeur épicée. Avec les ingrédients triés précédemment, nul doute que Nathaël les a utilisés pour le repas du soir. Malinal récupère sa bière et la porte à sa bouche une nouvelle fois.

- Si j’avais su plus tôt pour la vue qu’il y a dans la pièce du haut, jamais je n’aurais clamé à prendre le canapé.

Elle soupire, pensive puis s’approche doucement de son interlocuteur. Prête à négocier ce petit trésor.

- Je te propose un marché. Honnête. Où chacun d’entre nous y trouve son parti. Tu me laisses la chambre et je te laisse tranquille. Pour toute la soirée. Tu ne me verras plus, ne m’entendras plus.

Sa hanche s’appuie sur le rebord du meuble. Sa tête se penche, elle le fixe, lui, puis ses gestes. Sa façon de préparer le dîner avec une concentration surprenante. Elle n’est pas sûre de son coup, mais elle est persuadée qu’elle a une chance de négocier. Il suffit de bien s'y prendre. Alors elle en profite pour renchérir :

- Tu as ma parole. Tu en oublieras même que je suis là et demain je disparais.

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 Re: au bord de la tempête  Sam 28 Mar 2020 - 2:29
 
au bord de la tempête

When you become a raindrop in your mind, thunder is the closest friend you may find. wind lashed trees, dark clouds, lightning or the dust, everything you will bear once you adjust. — Munia Khan || @Serpentine Litonya



Pour connaitre les rouages de l'hospitalité à l'américaine, Serpentine était tombée sur le mauvais spécimen. Déjà parce qu'il ne s'embarrassait pas de ces manières-là, ensuite parce qu'il n'avait rien d'américain.
Alors oui, il refusait tout. Il refusait tout et pourtant, ne rejetait rien de la présence de son envahissante voisine. Encore une fois, il aurait pu, juste, lui montrer la porte et la faire dégager sans ménagement. A la place de cela, il se préparait à cuisiner un plat typiquement scandinave. Un ragoût de bœuf aux saveurs d'un chez lui bien lointain.

Lorsqu'elle le piqua à vif, une énième fois, il porta sur elle un regard vert, renfrogné alors que sa main droite faisait danser habilement le couteau, signe qu'il maitrisait l'arme blanche sans grand mal. Après tout, c'était un Dieu guerrier. « Eh bah t'as qu'à bouffer ta pizza dégueulasse. Moi, je boufferais mon ragoût. » Et pourtant, il en faisait pour un régiment.. Mais ça, c'était normal, il en savait besoin. C'était sa consommation ordinaire, ce qui avait souvent de quoi étonner ceux qui le regardait manger.

Finalement, Nate laissa la jeune femme filer en direction de la douche. Pendant ce temps-là, il s'attela à préparer légumes et viandes avec une habileté qui témoignait de son habitude à s'auto-suffire. Cela faisait longtemps qu'il n'avait compté sur quelqu'un pour lui cuisiner une recette ou pour lui apporter un plat. Non, il se suffisait à lui-même et c'était parfait ainsi.

Pourtant, alors que les premiers parfums de la viande saisie se faisait sentir, il se figea devant le plan de travail. La main retenant le couteau vrilla pendant un instant alors qu'il vint le planter finalement dans le bois de la table avec vigueur. Un râle de protestation lui échappa accompagné d’un chapelet d’insultes alors qu'il s'appuya contre le plan de cuisine, le regard rivé sur le vide. Il le sentait, demain, sa journée serait flinguée et surement celle d'après. Le tic tac funeste de Jörmungand raisonnait déjà à son oreille de son immonde bourdonnement alors qu'il relevait le regard dans la direction de la douche. Elle ne resterait pas plus qu'aujourd'hui, pas plus que ce soir.

C'est à cet instant qu'il la vit redescendre et ordonner ses affaires minutieusement avant de s'approcher. Là, il arracha le couteau du plan de travail avec une facilité déconcertante, laissant visible une lacération dans le bois pour reprendre sa découpe de carottes. Il jeta à Serpentine un coup d'œil furtif qui voulait tout dire et à la fois, rien dire ; Puis en revint à ses légumes sans dire mot alors qu'il savait ce qui allait arriver : la négociation.

Seulement, sa charmante voisine se trompait. Il n'y avait que peu de chose en ce monde avec lesquelles Thor pouvait se montrer intraitable et sa chambre en faisait partie. Alors, il la laissa proposer son marché en continuant de cuisiner, l'air de rien. Puis finalement, il reposa soigneusement le couteau afin de s'orienter vers elle. Une main en appuie sur le plan de travail, il bascula juste assez le buste vers elle pour la surplomber sans dévorer son espace vital. Seulement, ce geste-là, c’était avant tout pour marquer la fermeté de ses propos à venir.

« Non. Tu n'auras pas ma chambre, et c'est non-négociable. Je t'ai laissé poser ta valise ici pour la nuit, mais ma chambre est une limite à ne pas franchir. » Il pouvait être bourru, envoyer balader souvent mais les refus nets et précis étaient rares. C'était surement ce qui donnait encore plus d'impact à ce dernier. Il se pencha un peu plus, volontairement envahissant l'espace d'une seconde. « Je n'accepte personne dans ma chambre et je ne dors nulle part ailleurs. » Il se redressa finalement pour reprendre son couteau et en terminer rapidement avec ses carottes qu'il mettait à cuire avec le reste.

« Le ragoût sera prêt dans une heure et demi. » Qu'il reprit, laconiquement en balayant volontairement le sujet d’une part et en rangeant le bordel dispersé dans l'espace cuisine d’autre part. C'était rapide, tellement qu'il finit par attraper sa bière pour en boire une gorgée et conclure d'un.. « Je vais prendre ma douche. »
Déjà il s'éloignait en direction des escaliers en passant près d'un interrupteur pour lever les stores de la baie vitrée du bas qui dévoilait une vue différente mais tout aussi.. Libératrice que celle de l'étage. Il y jeta un coup d'œil avant de finalement grimper l'escalier sans précipitation en quittant déjà son t-shirt. Quelques secondes plus tard, il était dans la salle de bain.

Porte claquée, il quittait ses vêtements et passait sous l'eau chaude pendant de longues minutes afin de se laver et finalement se libérer de la tension à venir. Il anticipait, sur cette soirée, sur le lendemain.. Jusqu'à se sécher et quitter la salle de bain. Passant devant la table de nuit, il avisa les billets et soupira, plus blasé qu'autre chose avant d'attraper des vêtements pour s'en habiller rapidement. Dans le silence de sa chambre, Thor prit le temps de se focaliser sur ce bruit de fond qui lui pourrissait la vie depuis un millénaire. C’était indéniable, il était montée d’un cran. Génial.. Pensa-t-il.

Un pantalon souple bleu nuit et un tshirt sans manche blanc enfilé plus tard, il était finalement de retour dans l'espace de vie. Là, il y récupéra sa bière en jetant un regard à Serpentine et .. Surtout à l'état du ragoût. Tout était dans les temps.
« T'as un truc avec l'argent ou quoi ? » Qu'il lui demanda finalement, de but en blanc. Au moins, il ne prenait aucun détour.

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 Re: au bord de la tempête  Sam 28 Mar 2020 - 12:48
au bord de la tempête

Pari perdu. À peine la négociation évoquée qu’elle est enterrée. Renvoyée six pieds sous terre, ne lui laissant pas l’opportunité de naître, ni de mûrir. L’homme se montre grognant. D’un tonalité plus grave que ces dernières minutes. Visiblement, la jeune femme peut oublier. Tout ce qu’elle y gagnera, c’est quelques crans d'agacement de la bête.

Prendre sa douche a été un moment apaisant pour son système nerveux. Un bien nécessaire. Mais l’air hautain et méprisant qu’elle s’attire, irrite immédiatement tout son corps. La déesse ne vit qu’avec sa rage depuis des siècles. Elle l'alimente. Lui permet de tenir. De survivre. Rares ont été ces instants où ce tourbillonnement s’est éteint. Une douche, une baie vitrée, elle en était presque redevenue docile. Descendre de la chambre, un regard impérieux, quelques mots tranchants et la voilà encore plus agacée qu’à son arrivée.

Pourtant elle se contient. Elle s'essaye à cet exercice contrariant et ses épaules se haussent. Résignée pour cette fois. Abandonne l'idée douce de passer sa soirée face au spectacle du port. Nathaël se penche un peu plus. Une sensation quasi claustrophobe se fait ressentir lorsqu’il empiète sur son espace vital. Serpentine s'extirpe. Ne supportant pas cette domination passive.

Ses prunelles fixent alors le ragoût. Redirigeant ses pensées vers quelque chose de moins tumultueux. N’ayant jamais vu, ni goûté un plat avec de telles odeurs depuis sa venue sur le continent. La préparation minutieuse lui fait suggérer qu’il connaît parfaitement la recette.

- Tu n'es pas d'ici, non ? Ce plat... Je n'ai jamais senti quelque chose de pareil.

Non vraiment. Intriguée par ce mets, l’envie d’en savoir un peu plus la pousse à être curieuse. Plus étonnant encore, il cuisine. À l’inverse de sa personnalité, loin de cet aspect bourru, il se donne à la tache avec soin. À croire que cet homme est bel et bien capable de se suffire à lui-même. Serpentine en est presque déçue.

Nathaël quitte la cuisine. S’éclipse à son tour dans la salle de bain. La brune en profite pour se déplacer dans la grande pièce. Observant les détails de la caverne. Une caverne impeccable. Parfaitement rangée. Où rien ne dépasse. Pourtant sur le plan de travail, là où il découpait les légumes, une forte entraille est visible. Impossible de se souvenir si elle était là auparavant. Mais cette incision dénote avec tout le reste.

Finalement, Serpentine trouve refuge sur le canapé. Là où une nouvelle vue se découvre. Offrant le charme de la baie vitrée d’en haut, mais sous une teinte différente. Est-ce une façon de sa part de lui partager un bout de ce qu’elle a souhaité négocier ? La tournure des évènements ainsi que ce coté double face la déboussole.

D’un pas lourd, il redescend. L’extirpe de ses pensées de façon brutale. Lui balançant une nouvelle pique. Celle de trop. Toujours sur le canapé, elle tourne sa tête vers lui. Le ventre s’animant d’un feu qu’elle ne connaît que trop bien. Ce feu qu’elle ne maîtrise pas et qui l’effraie. Dans ce jeu dangereux où chaque participant se pousse à bout, quelle issue est encore possible ?

- Tu me gonfles Nathael ! J’essaye de faire un minimum d’efforts et crois moi pour un homme ça n’arrive jamais !

Alors, elle se relève violemment. Dépose ou plutôt, claque sa bouteille sur la table basse. Sa main s’agrippe à son t-shirt et elle l’attire à elle d’une poigne ferme. Bouillonnante, son ton devient menaçant. Ses yeux se voilent d'un étrange possession.

- Je n’en ai rien à faire que tu ne sois pas content que je sois là. Si tu continues comme ça, je t’assure que je me plante ici pour plusieurs mois. Pour l'éternité s'il le faut ! Je ne partirais uniquement quand on aura mis en ruine ton foutu appart. Et tu auras l’air tout aussi fin à te retrouver, toi aussi, sans logement.

Sa respiration s'anime. Elle marque un silence puis le repousse brutalement. Laissant une marque froissée sur son t-shirt. Les émotions la submergent. Ses mains fourmillent. Ses pouvoirs se mélangent dans son enveloppe. Son venin, l’appel des guerriers et de la passion destructrice. Tout pourrait exploser telle une bombe nucléaire. Alors elle s'enfuie, à la recherche d’une issue de secours, vers la baie vitrée du salon. Son regard cherche les vagues, pour apaiser son cyclone intérieur. Cette hypnotisante danse de la nature. À son tour elle marmonne, tel un grognement.

- J’ai dressé la table. Ta bouffe est prête. Va manger. Je vais me commander cette foutue pizza.

S'il ne lui laisse pas ces quelques secondes de répit, secondes dont elle a cruellement besoin, elle n'a aucune idée de la façon dont elle va réagir. Quand à leur repas, ragoût ou pizza, elle n'est plus d'humeur à goûter quoique ce soit.

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 Re: au bord de la tempête  Sam 28 Mar 2020 - 18:44
 
au bord de la tempête

When you become a raindrop in your mind, thunder is the closest friend you may find. wind lashed trees, dark clouds, lightning or the dust, everything you will bear once you adjust. — Munia Khan || @Serpentine Litonya



Si Serpentine avait voulu trouver un interlocuteur apaisant, capable de calmer sa fureur intérieure.. Elle était particulièrement mal tombée avec Thor. Il n'avait rien d'apaisant, hormis lorsqu'on le laissait tranquille dans un coin, en l'ignorant. Et encore, il était capable de trouver quelque chose à redire, par principe.
Par principe, encore et toujours.. Les siens et pas ceux des autres. Depuis que l'être humain l'avait oublié puis détourné lamentablement, Thor avait la fâcheuse tendance de n'en faire qu'à sa tête, se détachant des autres pour ne plus se laisser atteindre, ou simplement toucher.

Son monde s'était effondré et il ne tenait pas à vivre dans les gravats de son passé. Alors, il avançait, seul de préférence. Puisqu'Elle n'était plus là, puisqu'Elle l'avait abandonné sans une parole ou un regard.
Depuis sa divine aux cheveux d'or, son rapport aux femmes avait été complexe, contrariant a bien des égards mais il s'y était fait. Il n'avait plus jamais trouvé cet éclat capable, par captation, d'attirer son attention durablement. Alors, elles avaient défilé, comme défile le temps. De manière irrémédiable et linéaire. Certaines avaient tentées de s'accrocher, mais ça avait toujours mal fini. C'était toujours lui, le sale type.

Soit. Le sale type avait donc apprit à vivre, à cuisiner, à subvenir à ses besoins divers et variés et à ne jamais rien demander à personne.
Dans la liste de ses savoirs, il avait ramené quelques recettes, pour lutter contre le mal du pays. Et c'était une de celle-là qu'il avait sorti des méandres de sa mémoire. Alors, lorsqu'il s'écarta de la jeune femme, il reposa de concert son regard sur la marmite frémissante.

« Ouais. Un peu comme toi. » Qu'il ponctua d'une œillade nouvelle qui coulait sur elle avant de faire quelques pas pour récupérer sa bière. « Si tu trouves qu'ici il fait froid, tu n'aurais surement pas aimé là-bas. » Qu'il concluait au sujet de ses contrées glaciales en venant boire une gorgée de sa bière et disposer en direction de la douche.

Ainsi, Thor offrit à chacun moment de répit. Un instant de paix avant le nouveau round que représentait leur cohabitation forcée.
La douche l'avait aidé a retrouvé un état de calme faisant baisser d'un cran son humeur orageuse. A le voir débarquer, il avait presque l'air moins renfrogné.. Pas franchement amical pour autant, mais pas non plus d'humeur désastreuse. Mais c'était sans compter le chasser-croiser que représentait sa relation avec l'Infernale Déesse.

A peine arrivé, ses mots ne lui semblèrent pas mériter tant de réaction. D'ailleurs, il haussa un sourcil en l'observant, plutôt prit au dépourvu que furieux. Pour une fois, elle ne trouva pas tout de suite un écho de sa propre rage chez le Dieu du Tonnerre. Non.. Il se demanda plutôt quelle mouche l'avait piqué. « Et alors ? En quoi ça me concerne ? Je ne suis pas tous les hommes et ne mérite pas que tu t'excites comme une teigne parce que je te pose une question. »

Et la machine était pourtant lancée et il avait raison, la teigne était de sortie. Elle l'agrippait même et lui ne bougeait pas d'un iota. Son seul moment fût de relever sa main droite à l'avant-bras dégagé par ce t-shirt, à présent, sans manche, qui révélait la présence d'un tatouage en son creux. Celui d'un marteau. C'était vieillot, semblable à une gravure incrustée dans la chaire elle-même, accompagné d'inscription déchiffrable seulement par les connaisseurs.
Il se saisit donc tranquillement de cette main agrippée à son vêtement. Les doigts se refermaient tel un étau sur la peau fine de la Déesse. Son mouvement était parfaitement mesuré alors qu'il la dégageait sans violence aucune, pourtant, en cet instant, elle pouvait le sentir.. Une pression lui aurait suffi pour qu'il lui fasse mal. Une pression si minime pour lui, et si grandiose pour le commun des mortels. Son regard vert se planta dans celui de la Furie alors qu'il la jaugeait longuement en perdant un peu de son calme alors qu'elle annonçait la menace.
Instinctivement, ses muscles et nerfs se tendaient alors qu'il se rapprochait de manière infime. « Fait gaffe à ne pas abuser de mon calme. Tu sais seulement pourquoi tu t'excites comme ça ? C'est toi qui t'incrustes et vient m'emmerder. Et en plus, tu me menaces ? » Sous la pulpe de ses doigts qui retenaient encore le frêle poignet se mettait à crépiter les terminaisons nerveuses de l'un comme de l'autre, tant et si bien qu'il la relâcha tout à coup pour s'écarter d'un pas, comme dans un effet miroir pour retrouver son calme.

En cet instant, il la détesta, parce qu'elle venait d’écourter son délai mortifère, il le sentait et pourtant, il restait silencieux.
Quelques pas étaient faits à son annonce concernant le repas et il remarqua l'effort fait. Ses sourcils se fronçaient, parce que Thor était partagé entre l'envie de râler, afin de mettre fin à cette cohabitation.. Et le simple fait d'être surpris par la démarche. Il opta pour un entre-deux : Un remerciement marmonné, plein de ressentiments bridés.

« Ouais, merci. » Qu'il balança en attrapant sa bière et une seconde dans le réfrigérateur. Il allait en avoir besoin visiblement. A table, il servit deux assiettes dans un silence religieux ponctué par le son des couverts. Finalement installé sur sa chaise, il désigna du menton l'assiette qu'il avait servi et qui ne lui appartenait pas. « Mange. Tu râleras et menaceras de tout casser après. »

Là, elle n'avait pas besoin de sa foutu pizza qui serait surement dégueulasse à côté du ragoût. Il lui offrait une opportunité de manger en paix, elle n'avait qu'à la saisir et ne pas faire voler la vaisselle.. Nate n'avait pas envie d'aller se perdre à Ikea, bien qu'il l’appréciât fortement. Question de racines, voyez-vous.
Blague à part, il se mit à manger en silence partagé entre son plat dont il s'était déjà servi une double dose et sa bière. Et le tout ? En si-len-ce.
Ils auraient tout loisir de faire la guerre une fois leurs estomacs remplis.

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 Re: au bord de la tempête  Sam 28 Mar 2020 - 20:49
au bord de la tempête

Malinal a le sang chaud. Le moindre détail peut convenir à un motif de guerre. Elle n’a pas le recul nécessaire et ses réactions sont brutes. Bien qu'elle soit capable d’être manipulatrice, elle n'est pas hypocrite. Elle ne réfléchit pas à ses tournures de phrases. Les discours n’ont jamais été sa force. Elle ne sait pas manier les mots, sa pensée n’est pas ménagée. Dans son arrogance et son impertinence se cache toute sa candeur. Ce trait de caractère s’est intensifié avec son isolement au Mexique. Loin des vivants, elle s’est enfermée dans sa carapace.

Il serait difficile de se souvenir si elle a toujours été ainsi. Issue d'une famille composée de guerriers et de dieux de la guerre. L’agressivité et les trahisons ont rythmées son quotidien. Indéniablement, elle s’en est imprégnée.

Alors non. Serpentine n’a jamais recherché de la douceur chez ses interlocuteurs. En vérité, ce genre de personnalité l’effraie et la met mal à l’aise. Essuyant tout ses repères. Les conflits sont une source qu’elle connaît et côtoie. Consciente des règles du jeu, elle avance grâce à ce moteur. La bienveillance a toujours été une chose qui la déstabilise. Bien qu’actuellement, elle tente de l'apprivoiser de par son métier mais elle a ce vilain revers auquel elle s’accroche. Persuadée que la violence est une solution. Qu’il faut s’imposer par la force. Sans elle, et de par sa condition de femme, elle est vouée à se faire écraser. Une croyance dont elle est imprégnée au fer rouge.

Nathaël semble surpris par la vive réaction de la sorcière. De son côté, elle perd patience, après s’être essayée aux bonnes manières. Ne donne-t-on pas une compensation à un hôte ? Argent ou nourriture ? Pour elle, ça lui semble évident et c’est sa manière de le remercier. Sans avoir à passer par les mots. En constatant qu’il refuse tout ce qu’elle lui propose pour être une « invitée » équitable, sa fierté est touchée.  

- Pardon c’est moi qui te menace ? Tu t’es vu en train de jouer au grand loup avec tes couteaux ?

Typique. L’histoire a construit ce mythe. Les femmes sont névrosées. Elle ne comprend pas pourquoi, il insiste sur le fait qu’il n’est pas comme tout les hommes. Elle l’a vainement remarqué par fragments. Et c’est bien ce qu’elle cherche à lui dire en se montrant plus patiente que d’habitude.

Finalement la question n’est pas de savoir qui à tord ou à raison. Aucun des deux ne semblent reconnaître leur responsabilité.

Un trêve. Enfin. Une trêve pour le repas.

Il la remercie furtivement d’avoir dressé la table. L’invite dans son râle légendaire de le rejoindre manger. Elle lui accorde ce point. L’imite en se servant une bière dans le frigo et prend place dans le silence.

Boudeuse, elle met un certain temps avant de goûter au ragoût. Pourtant, lorsque la mixture se pose au contact de ses papilles, son visage s’illumine. Le plat est réconfortant de par sa chaleur. Les épices sont surprenantes. Elle découvre un voyage sensoriel. Absorbée par cette découverte, elle ne décroche plus un mot et déguste le contenu de son assiette.

- Merci.

Murmure-t-elle à son tour. Évitant son regard, posant plutôt celui-ci sur le dessin qu’elle a vu plus tôt. Un tatouage au creux de sa peau représentant un marteau. Le symbole lui évoque vaguement quelque chose mais elle n’arrive pas à se souvenir exactement.

- Tu ne m’as pas vraiment répondu tout à l’heure… Quand je t’ai demandé où tu avais appris à cuisiner ce plat. À part que ce pays ne me plairait pas. J’aimerais savoir où je ne dois pas mettre les pieds.

Faiblement, un sourire se creuse. Son ton ne sonne pas comme une moquerie, il est plus doux. Elle attrape sa bouteille de bière encore capsulée puis l’ouvre, avant de reprendre un peu du liquide ocre. Songeant aux nectars de Dionysos qui auraient été bien plus efficace pour l’accompagner dans ce genre de circonstance.

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 Re: au bord de la tempête  Sam 28 Mar 2020 - 21:59
 
au bord de la tempête

When you become a raindrop in your mind, thunder is the closest friend you may find. wind lashed trees, dark clouds, lightning or the dust, everything you will bear once you adjust. — Munia Khan || @Serpentine Litonya



Pour avoir le sang chaud, la Déesse l'avait, tout comme Thor pouvait avoir un tempérament aussi imprévisible que la foudre, passant du ravage au calme.
Fondamentalement honnête et pas franchement bercé dans un machisme séculaire, il était plutôt du genre à vivre en marge, et à considérer les femmes aussi également que les hommes. Parce que dans son monde, ça avait été ainsi, les Femmes étaient aussi respectées que les Hommes, et il avait toujours envisagé d'un œil égal son épouse, ses connaissances ou amies.

Alors, lorsque Serpentine le targua à demi-mot de jouer l'Alpha macho, il ne manqua pas de l'observer avec cet air qui signifiait clairement qu'il n'était pas du-tout d'accord avec elle. C'était, d'ailleurs, sans détour qu'il lui répondit un.. « Et je coupe les légumes et la viande comment, sans couteau ? Avec mes dents ? Et j'en avais qu'un seul, arrête d'extrapoler pour te donner raison, tu me gaves. » Au moins, c'était dit, assez simplement alors qu'il avait vite fait de la relâcher avec une hargne renouvelée. « La prochaine fois, t'auras qu'à te démerder pour couper les aliments.. Quoique non, réflexion faites, il n'y aura pas de prochaine fois. »
Il avait eu vite fait de se raviser pour éviter qu'elle ne prenne ses mots comme une invitation. Pourtant, pendant une seconde, il y avait pensé et s'en voulait bien assez pour cela.
Bordel, qu'elle lui tapait sur les nerfs.

La trêve était pourtant signée, dans le fumé du ragoût qu'il lui servait en silence. Puisqu'elle avait mis la table, il lui rendait la pareille en faisant également un effort.

Elle pouvait bouder ! Lui, il continuait de garder son air renfrogné, parce que c'était presque une seconde nature chez lui. Occupé à manger dans un silence qui avait une saveur d'habitude, il ne dégageait rien de bizarre, ou ne provoquait aucun malaise dans son sillage. Non. C'était reposant comme silence, indubitablement agréable.
Pourtant, elle osait briser cette sérénité retrouvée mais pour le remercier. En réponse, il marmonna juste un.. « De rien. » Bref et efficace.

Qu'ils étaient beaux à manger, face à face, sans s'envisager, sans se parler. Lui, dans le fond, ça lui convenait. D'ailleurs, il dévorait son plat sans demi-mesure alors qu'un coup d'œil rapide vers la marmite lui faisait évaluer ce qu'il y restait. Il pensait déjà à en reprendre ? Oui. C'était un monstre glouton qui avait besoin d'une quantité astronomique de nourriture. Pour autant, il ne se leva pas encore, et vint presque à bout de son assiette quand Serpentine se décida à ouvrir la bouche à nouveau. Là, son regard vert se relevait sur elle, il l'observa un long moment, de son regard qui n'osait croiser le sien à son sourire qui s’étendait doucement mais surement. Le buste redressé, il se cala confortablement contre le dossier de la chaise.

Il avait cette sensation fugace de se retrouver devant un animal blessé ou craintif, un félin de préférence. Il la jaugea un moment encore en déroulant le fil de sa pensée, se demandant ce qui avait pu la rendre autant à fleur de peau pour détester autant les gens. Non, pas les gens, elle avait parlé d'hommes. Génial.
Thor mit en sourdine le fourmillement de ses réflexions pour se focaliser sur leur semblant de discussion. « Je suis anglais. » Du moins, c'était ce qu'avait été Liam, enfin.. En partie, avant l'incarnation du Dieu, alors, il rectifia. « Mais j'ai des racines lointaines scandinaves. C'est de là-bas que ça vient.. » Il désigna vaguement la marmite alors qu'il se levait pour se resservir, sans l'ombre d'une hésitation. « Je suis prêt à parier la chemise que je ne porte pas, qu’au cœur des magnifiques terres Islandaises, tu passerais ton temps à râler. » Oh ça, il ne se mouillait pas trop. Niveau pari, il avait surement tout bon.
Une fois resservi, il s'installa à nouveau pour manger plus lentement. « Tu viens d'où ? D'un pays où il fait trop chaud ? » Laissant sa cuillère de côté, il récupéra sa bière pour la terminer en observant longuement Serpentine, à l'autre bout de la table. Il sembla chercher pendant un temps, fouiller avant de lancer un.. « Amérique du Sud, non ? » C'était une tentative comme une autre alors qu'il déposa la bouteille vide pour ouvrir la seconde d'un geste rapide.
Au moins, ils ne se déchiraient plus.. Pour le moment.

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 Re: au bord de la tempête  Dim 29 Mar 2020 - 0:09
au bord de la tempête

L’assiette finie. D’une petite proportion. Son corps est rassasié. Ce qui n’est pas le cas de l’homme en face. Vidant progressivement la marmite de sa quantité monstrueuse. Comment fait-il pour stoker toute cette nourriture dans un seul corps ? Le mystère en est presque outrageux.

Ils entretiennent le silence. Une pause dans leurs échanges houleux. La nourriture ayant toujours été un point central. Un point de ralliement entre les uns et les autres. Ces dieux ne semblent pas être l’exception à la règle.

Puis le silence se dissipe. Où quelques réponses s’apportent à ses questionnements. Anglais. Il est anglais. Serpentine ne peut s’empêcher d’afficher une mine sceptique. Avec des racines scandinaves et des terres irlandaises. Ah oui. Le plat est scandinave. Pour le reste, elle n’arrive pas à raccorder les infos entre elles.

- Je suis prêt à parier la chemise que je ne porte pas, qu’au cœur des magnifiques terres Islandaises, tu passerais ton temps à râler.

- Je ne connais pas l’Irlande. Je n’ai jamais vraiment voyagé.

La sorcière ne connait que le continent dont elle est originaire. Et pour ce qu’elle a vu de ce monde, de la cruauté dont il peut faire preuve, elle n’a pas eu envie d’aller voir ce même désastre ailleurs. D’autant plus que les européens sont responsables de l’éradication de son peuple.

-  Tu viens d'où ? D'un pays où il fait trop chaud ?

Si son pays est trop chaud, alors le sien doit être invivable. Ainsi, est-ce la raison de sa gloutonnerie ? S’engraisser pour ne pas sentir le froid ? La théorie se tient. Alors elle jette un oeil avisé à sa silhouette et remarque allègrement qu’il n’a pas un bout de gras sur le corps. Les incohérences sont de plus en plus nombreuses.

- Amérique du Sud, non ?

Ces mots la ramènent à elle. Surprise, pour ne pas dire perturbée. Comment a-t-il deviné ? Sait-il qui elle est ? Non. Impossible qu’un humain anglais n’a connaissance qu’un peu de la culture aztèque. Alors elle hoche la tête. Acquiesçant d’un signe positif.

- Mexicaine mais j’ai vécue un temps au Pérou.

Enfin, Malinal est mexicaine mais son enveloppe est péruvienne, Une deuxième incarnation qu’elle chérit et qu’elle n’a pas quitté depuis plusieurs siècles. Enveloppe qui l’a invoqué alors que son culte avait presque complètement disparu.

- Je suis sûre que ça pourrait te plaire. Le climat est agréable. Le paysage est riche de ces plages et de ces étendues d’eau. La faune et flore sont incroyables. Les peuples sont chaleureux. Tu y vivrais comme un roi.

La mélancolie s’installe. Indéniablement, sa terre natale lui manque mais elle ne peut y retourner avant d’avoir trouver ce pour quoi elle est venue. Pour ne pas y penser, elle se réfugie dans quelques longues gorgées de bière.

Elle lui demanderait bien ce qu’il la mené ici mais redoutant qu’il lui pose cette même question, elle garde le silence. Alors elle se contente de se lever et de débarrasser sa vaisselle.

Ayant un fond de nourriture restant dans la marmite, elle lui apporte puis s'assoit à côté de lui. Son regard se plante dans le sien et d'un air sérieux, elle poursuit :

- Tu devrais venir avec moi au Mexique.

Elle n'argument pas sa demande. Elle la laisse là, résonner comme un écho qui se perd dans la cuisine. Puis elle se met à rire avant de se relever et lui caresse amicalement le dos avant de retrouver le siège d'en face. Non. Impossible que cet ours des cavernes se fasse à la vie mexicaine.

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 Re: au bord de la tempête  Dim 29 Mar 2020 - 1:14
 
au bord de la tempête

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L'Ours doublé d'un ogre prit le temps de terminer son assiette, sonnant finalement la fin du repas alors que la bière apporta le point final parfait.
C'était dément à observer, cette quantité de nourriture qu'il pouvait ingurgiter et pourtant, il le faisait sans forcer le moins du monde. Il le faisait avec une tranquillité teintée d'habitude.

L'avantage de tout cela était que l'estomac plein avait calmé la rage animant l'un comme l'autre. Thor pouvait le sentir, l'orage était passé et le temps était à l'éclaircie entre eux. A tel point que finalement, le Dieu accepta de répondre simplement à ces questions qu'il aurait normalement rejeté du pied afin d'établir une nouvelle distance détestable, afin qu'elle n'ait pas envie d'en savoir plus sur lui. Il avait conscience que ses explications étaient pour le moins nébuleuses mais dans le fond, c'était ce qui était arrivé. Thor avait croisé la route de Liam, lors de la conquête des îles britanniques alors même que le jeune homme avait encore la vie devant lui. Il avait été son tournant, son renouveau et tout à la fois, sa damnation.
Pourtant, Thor ne lui en voulait pas, au contraire. Il était reconnaissant d'habiter ce corps et il honorait sa promesse de vivre pleinement, une vie différente et enrichissante, entrant en contraste directe avec celle contée dans les livres.

Le visage signant négativement, Thor en revint à sa conversation en reportant son regard sur Serpentine. La confusion était courante.. Mais il ne parlait pas de l'Irlande, même s'il soupçonnait grandement Liam d'y avoir quelques racines, mais c'était une autre histoire. « L'Islande. Pas l'Irlande.. L'Islande. Cette petite île au sud du Groenland. » Il illustra son propos en désignant les hauteurs vides, au-dessus de sa tête. Par là-bas, il faisait forcement froid.. Définitivement froid.
« Tu loupes quelque chose, les paysages sont magnifiques là-bas. » Son regard s'égara un instant, dans le vide, alors qu'il laissait ses souvenirs prendre le pas sur sa simple imagination. « C'est à couper le souffle. Il n'y a surement rien de plus magnifique en ce monde. »

Cette certitude, elle coulait de source dans sa bouche. A son regard, ça se devinait, il avait une haute estime pour ce pays, cette part du monde. Ou peut-être était-ce de l'affection. La question pouvait avoir plus d'une réponse alors que son expression semblait peu à peu se dérider rien que d'y penser.
Lorsque finalement, il s'intéressa à son cas, à elle, il eut un infime sourire, bref mais clairement satisfait d'avoir tapé juste. « C'est bien ce que je me disais. » Son teint justement halé, en passant par ce regard et ces traits.. Il avait assez voyagé au travers du monde pour avoir une connaissance potable des différents peuples. Pourtant, aujourd'hui, tout se mélangeait avec les migrations et l'ouverture culturelle. Tant mieux. Il n'était pas franchement sectaire, ça n'avait pas grand intérêt pour lui, c'était une perte de temps et d'énergie.

Lancée dans sa description du Mexique, Serpentine devenait enfin lisible. Nate l'observait sans bouger, sans vouloir l'interrompre parce qu'il connaissait mieux que quiconque, ce sentiment de mélancolie. Il le savait également tout à la fois volatile et puissant. Alors, il la laissait à ses sentiments pendant un instant avant de finalement daigner lui répondre, toujours de ce timbre posé, débarrassé de son irritabilité perpétuelle.
« J'aime les paysages bruts, sans demi-mesure, quand l'homme ne l'a pas encore dévasté, transformé ou simplement instrumentalisé. Mais, ça ne m'a pas empêché de voyager alors je ne doute pas que tu dises vrai. » Dans toute cette histoire, avait-il seulement encore envie de vivre comme un roi ? Non, plus depuis une éternité. La couronne n'avait plus aucun intérêt pour lui, surement est-ce pour cela qu'il le verbalisa, un timbre plus bas. « Être roi, ça ne m'intéresse pas. » Ni pour les dieux, ni pour les hommes.

Le Dieu rassembla finalement les couverts et assiettes en récupérant celle apportée par Serpentine. Là, il vidait le reste dans la marmite ravagée par son passage. D'ailleurs, il lui marmonna un.. « T'as rien mangé en fait. » Surement dix fois moins que lui, oui.
Pour autant, sa réflexion était freinée autant que ses gestes qui s'avortaient progressivement, à la proposition de la jeune femme. A cet instant, il reposa lentement la vaisselle sale et l'observa longuement, sans forcément se renfrogner ou se montrer bêtement abjecte.
Il resta silencieux un long moment en plongeant son regard limpide dans le sien. Il ne pouvait pas, ça se sentait, mais pour autant il détourna le regard pour se lever et retourner à sa tâche quand elle se mettait à rire. Un sourire en coin se pointait enfin sur sa bouche trop habituée à pester ou soupirer. « C'est ça, ouais. Un jour. » C'était une promesse en l'air, le genre de promesse que le vent balayait aussi fort qu'il soufflait.
Déjà, il rangeait la table en balayant cette idée folle. Eux deux ? En voyage ? Ils s'entretueraient surement, en un temps record.

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 Re: au bord de la tempête  Dim 29 Mar 2020 - 14:29
au bord de la tempête

Deux gabarits. Deux façons distinctes de se nourrir. À l’inverse de lui, la jeune femme n’a pas besoin d’abondance. Privilégiant les petites quantités tout au long de sa journée. Un carburant réajusté au fur et à mesure qu’elle le dépense dans ses colères. Une irritation, qui depuis sa collation, s’est apaisée.

Comme deux adultes, ils discutent. Préférant d’ordinaire les espiègleries, elle réalise qu’elle ne sait rien de ce voisin. Il faut dire que le jeu prend toujours le dessus, tellement il est aisé de jouer avec ses nerfs. À défaut, elle joue aussi avec les siens et se brûle plus souvent qu’elle ne le voudrait. La raison est simple. Il est plus facile de se cacher derrière des piques plutôt que de se dévoiler. Divulguer une part de soi, n’est ce pas de la faiblesse ? Pourtant, en expérimentant ce nouveau terrain, Serpentine se surprend à apprécier la découverte de l’autre. Une révélation troublante et fascinante.

- L'Islande. Pas l'Irlande.. L'Islande. Cette petite île au sud du Groenland.

Ses explications reprennent de la cohérence. Un amalgame entre deux contrées pas si éloignées l’une de l’autre. À l'opposé géographique de son Pérou. Un monde blanc face à un monde d’or. Des déserts de neiges, d'eau et de verdures contre des déserts de sable et de jungle. Dans tout ces contraires se nichent une certaine ressemblance.

- Tu loupes quelque chose, les paysages sont magnifiques là-bas.

- Quand l'occasion se présentera, je corrigerais cette erreur. Si je peux résister au désert, je peux bien m’essayer à la nature sauvage de l’Islande.

À voix haute, le défi semble aisé. L’émerveillement de Nathaël renforce sa curiosité. Comment un personnage si rustre peut-il se laisser tant adoucir par la beauté des paysages ? Elle ne lui aurait pas accordé cette sensibilité mais il suffit de regarder autour d’elle pour discerner que l’appartement parle de lui même.

- C'est à couper le souffle. Il n'y a surement rien de plus magnifique en ce monde.

L’admiration qu’il porte à son territoire la touche. En écho à ses ressentis similaires. Un point où ils sont en accord. La déesse contemple le regard rêveur de son hôte. Vraiment. Elle ne l’a jamais vu si doux. Là où la force brute fond dans la pureté d'un songe illustré aux décors scandinaves.

- Je te crois Nate.

Avoue-t-elle. S’interdisant la taquinerie par respect de cette intervalle. N'ayant à peine conscience de son relâchement, celui où elle se laisse lui donner un diminutif affectueux.

Fin des rêveries nordiques. Retour aux vagues enivrantes du sud. À ses musiques sèches mais sucrées. Animées et joyeuses. Célébrant chaque cellule de la vie.

- C'est bien ce que je me disais.

Il brille. Triomphant d'un instinct qui ne s'est pas trompé. Son état amuse la sorcière. Effeuillant peu à peu les couches de sa dureté. Elle aurait aimé être plus vive et gagner ce jeu des devinettes. Mais Nathaël remporte ce point.

- J'aime les paysages bruts, sans demi-mesure, quand l'homme ne l'a pas encore dévasté, transformé ou simplement instrumentalisé. Mais, ça ne m'a pas empêché de voyager alors je ne doute pas que tu dises vrai.

Alors il risque d’être déçu. Son continent a été dévasté par les colons. Imposant leur suprématie et détruisant leurs cultures. Un souvenir encore très ancré, dont elle ne parvient pas à se défaire de la douleur.

- Je t’envie. Si seulement nous avions eu cette chance. Les franciscains ont tout ravagés. À ce jour, les tribus se cachent encore pour préserver leurs essences. Ce monde industriel est impitoyable avec nous.

Un passage à vide. Où la culpabilité frappe doucement à sa porte. Alors qu'elle pourrait aider, Malinal se niche dans ce plaisir égoïste et vénal de la vengeance. Elle a essayé, de laisser couler l'eau sous les ponts. Plus de quatre cent ans même. Mais en vain. La trahison de son frère la ronge de l'intérieur.

Un murmure grave et presque inaudible l’interpelle. Être roi, ne l’intéresse pas.

- Si tu ne veux pas être roi, alors que veux-tu être ?

Enchaîne-t-elle délicatement dans ce surprenant tac au tac. Comme si le rêve de tout être vivant est d’accéder au pouvoir. Pourquoi celui-ci n’en voudrait pas ? Que s’est-t-il passé ?

La situation s’allége, se débarrassent lentement de l’agitation de leur discorde. Avec surprise, elle l’entend accepter sa proposition. Bien que son timbre soit couvert d’une ironie, elle apprécie son effort de faire semblant.

- Le pays est petit, mais tu trouveras certainement un endroit pour te ressourcer. Si on peut éviter de mettre à feu et à sang ma terre bien aimée, ça m’arrangerait.

Nul doute qu’en laissant ces deux-là, peu importe la durée, si aucun n’a accès à une issue de secours, la carte du monde en serait vite, bien trop vite radiée.

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 Re: au bord de la tempête  Dim 29 Mar 2020 - 21:45
 
au bord de la tempête

When you become a raindrop in your mind, thunder is the closest friend you may find. wind lashed trees, dark clouds, lightning or the dust, everything you will bear once you adjust. — Munia Khan || @Serpentine Litonya



Du début à la fin, tous les opposaient en les rapprochant tout à la fois. De la température aux racines, de la nourriture au climat. Et pour autant, même si Serpentine avait une forte propension à lui taper sur les nerfs, en cet instant, ce n'était pas le cas.
Avec un repas, relativement simple, ils avaient trouvé une entente, un no man's land dépouillé de rage et d'orages. C'était un miracle auquel Thor ne pensa pas vraiment, il profitait simplement de la paix, de cet interlude qui lui permettait d'oublier son propre fardeau. Parce qu'il savait.. Il savait qu'une simple étincelle suffisait à raviver la flamme de leur tumulte.
Et même s'il avait la sensation d'être sur une poudrière en parlant avec la jeune femme, il s'y essayait, yeux fermés, sans se compliquer la vie. Parce qu'il était ainsi, dans la simplicité. Surement était-ce pour cela que certains de ses congénères l'avaient souvent considéré comme un guerrier sans cervelle, parce qu'il avait l'art de se simplifier la vie, sans pour autant la rendre sans saveur.
Et puis dans le fond, il emmerdait ses congénères. Bien.

Lorsque Serpentine laissa filer cet éclat de curiosité pour ses contrées, il l'observa longuement et finalement lui rendit la pareille de ses mots, à elle. « Je t'y emmènerais. Et dès que tu te mettras à râler du climat, je te balancerais dans une cascade. » C'est qu'il était capable d'humour quand il le voulait bien.. Le sourire logé à la commissure de ses lèvres qui creusait une fossette dans sa joue droite en témoigna jusqu’à ce qu’il retrouve un semble de sérieux. Mais un sérieux plutôt serein. Le repas et la discussion avait calmé son humeur orageuse.

Au surnom, il fit le choix de ne pas relever, comme pour ne pas effrayer l'animal qui sortait enfin de sa réserve. Il l'avait compris en peu de temps, Serpentine était de celle à se montrer farouche parce qu'il le fallait. N'importe qui tenterait surement de la rassurer, d'attirer sa confiance, mais lui ? Non. On ne forçait pas ce genre de sentiment. Elle était là parce qu'elle le voulait, il la laissait flâner dans sa demeure parce qu'il le voulait bien. Il ne poussait pas le vice à tenter de se rapprocher ou de la rapprocher, car un tel acte sous tendait qu'il allait se lier à elle, d'une manière ou d'une autre. Et ça, c'était impossible.

La fierté de sa trouvaille quant aux origines de la Déesse laissa place à des questions plus obscures, sur les hommes, sur la nature bafouée et sur ce monde. Souvent, il y avait songé et trop souvent, il avait fini désabuser.
L'Homme avait été fait pour être guidé par les Dieux, et lui, il les avait instrumentalisés jusqu'à s'imaginer cette entité unique et bien-pensante. Et comme dans un cercle vicieux, l'Homme se détournait de sa toute-puissance en l'accusant de tous les maux, là où il n'était que le seul responsable de son mal. Ce schéma s'était répété, encore et encore.. Et comme pour tous les Dieux, Thor en avait fait les frais.

Alors, les mots de Serpentine trouvèrent instinctivement un écho dans les pensées de Nate. « Il l'est. » Impitoyable. L'Homme était cruel dans sa mortalité, et pourtant, il était un mal nécessaire. Face à ses propres pensées, Thor eu un soupir blasé avant de reposer son regard vert sur celui de son interlocutrice. « Est-ce qu'on ne dit pas que pour vivre heureux, il faut vivre caché ? Beaucoup se cachent, et ils font bien. » Parlait-il seulement des peuples bafoués ? Non. Des Dieux également.

Attrapant les couverts et assiettes, il s'apprêta à s'éloigner avant de capter cette question qui eut le mérite de le surprendre. A ses propres mots, il n'avait attendu aucune réponse. Ça avait été un constat, une évidence formulée.. Qui, à présent, le faisait réfléchir. Que voulait-il être ? On avait fait de lui le guerrier, le protecteur, le bienfaiteur, avant de le détourner. Après un instant de flottement où il observa son appartement, il en revint à Serpentine. « Et toi ? Tu voudrais être Reine ? A monde cruel souverain cruel quand t'y réfléchit bien. Les rois sont faits pour tomber. » La vision pessimiste de Thor sous entendait presque qu'il en avait vu des rois et des époques, mais cela, il le passa sous silence en emmenant dans le coin cuisine l'ensemble de la vaisselle sale. « Quitte à avoir un rôle, autant avoir celui de protecteur. Mais même le protecteur a généralement une fin de merde, alors va pour l'observateur. »

Ses mots marquaient une certaine désillusion dont il ne se cachait même pas. La vaisselle glissée progressivement dans le lave-vaisselle, il revenait vers la table pour attraper la marmite d'une main et le reste des objets trônant çà et là.
Lorsque la légèreté s'invita à nouveau dans la conversation, il saisit l'opportunité au vol d'envoyer au diable ses réflexions afin de se focaliser sur ce petit voyage qui n'arriverait surement jamais d'après lui.
La table débarrassée, il vint s'appuyer contre en posant les mains de part et d'autre, sur son rebord, près de Serpentine. « Me ressourcer de quoi ? Si j'ai besoin de me ressourcer, c'est parce que tu m'auras tapé sur les nerfs si fort que je me serais épuisé en te gueulant dessus. Tu prévois déjà de t'énerver ? T'es vraiment dans l'anticipation, toi. » Clairement, il la taquinait vu ce regard et ce sourire qui passait sur ses traits alors qu'il se redressait d'une impulsion pour avancer dans l'appartement jusqu'à la baie vitrée et observer le couché de soleil sur le port. « Je n’ai pas de dessert. Je n’aime pas spécialement le sucre. » Malheur, vraiment, il n'avait rien d'humain.

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 Re: au bord de la tempête  Lun 30 Mar 2020 - 0:12
au bord de la tempête

Au Mexique, lorsqu’une tempête se termine, la pluie cessante réhausse les parfums environnants. Proposant alors une palette variée où les matières se rencontrent et composent dans une danse particulière. Dans ce creux, entre la fin et le début d’un cycle, tout se réorganise. Chacun reprend sa place, son rôle. Une harmonie mécanique.

Ce creux contient deux dieux. Deux dieux aux panthéons distincts. Ignorants leurs natures de divins, mimant un comportement de commun. Les égos suspendus.  Ils se plongent dans le quotidien presque banal des mortels.

- Je t'y emmènerais. Et dès que tu te mettras à râler du climat, je te balancerais dans une cascade.

À peine ses paroles prononcées, un sourire se creuse dans le visage de l’homme. Un sourire rare à l'éclat subtil de l'humour. Décidément, il se dévoile sous quelques facettes étonnantes. Serpentine se racle la gorge comme signe de protestation.

- Le caractère latino, que veux-tu.

Elle se retient de sourire. Sans trop savoir pourquoi. Une envie, sans doute, de garder un certain contrôle. De ne pas s’abandonner totalement dans la plaisanterie. Ne pouvant s’empêcher d’éteindre sa méfiance.

Alors elle cherche à ne pas trop réfléchir. Comme elle sait si bien le faire. Ses doigts jouent sur le rebord de sa bouteille vide. L’index tourne autour de l’encolure. Comme les enfants s’amusent à le faire avec les verres de vins. En vain, sa bouteille ne chantera pas le chant mélodieux des verres en cristal.

- Est-ce qu'on ne dit pas que pour vivre heureux, il faut vivre caché ? Beaucoup se cachent, et ils font bien.

- On ne vit pas heureux cachés.

Lâche-t-elle, d’une voix basse, en reflet à son long exil après la guerre. Un exil pour se protéger des conquistadors. Un exil purement solitaire. Entre elle et elle seule .Et vainement quelques croyants pour ne pas disparaitre de nouveau dans l’oubli.

- Mais peut être vit-on heureux lorsque la solitude n’est pas forcée.

Ses doigts cessent une seconde de remuer la bouteille en verre, puis son regard se pose sur Nathaël, dans l’attente d’une entente ou bien d’une réponse plus satisfaisante que la sienne. Plus optimiste. Mais elle n’y croit pas.

Puis une seconde question sonne. Ou plutôt, une question prenant le rôle de réponse. Voulait-elle être Reine ? Elle n’en a jamais eu l’occasion. Toujours éloignée du pouvoir car considérée comme trop dangereuse. Pourtant, elle a cette chance d’être patronne de la ville de Malinalco. Mais ce titre la rend-t-elle légitime à se prétendre Reine ?

- Quitte à avoir un rôle, autant avoir celui de protecteur. Mais même le protecteur a généralement une fin de merde, alors va pour l'observateur.

Protecteur. Est-ce ce vers quoi elle s’est dirigée : protectrice des femmes ? C’est dans une association de soutiens pour femmes battues, qu’elle se sent utile. En les secourant, en les défendant. Un combat qui lui donne un sens à sa vie faussement humaine. Sa tête bascule en arrière dans un long soupir. Comme en réalisant que le chemin empreint n’est pas le bon. Qu’il faut saisir la nuance sans tomber dans l’extrême. Elle le sait bien mais n’arrive pas à l’appliquer. Ses yeux fixent le plafond uniforme de sa peinture blanche

- Alors une fin de merde m’attend. Je travaille dans une association qui défend les femmes victimes de violence. Je ne pourrais jamais être observatrice de ça. Mourir pour cette cause me contenterait. Je ne gagnerais probablement pas. Nous ne gagnerons probablement jamais, mais au moins, j’aurais essayé.

Son bras s’étire au dessus de sa tête où elle dessine dans le vide à l’aide de son doigt quelques formes abstraites. Des constellations, peut être ? Revenant doucement à elle, elle se redresse sur son siège et se frotte le front, puis la tempe. Heureusement, la situation revient à la légèreté.

- Me ressourcer de quoi ? Si j'ai besoin de me ressourcer, c'est parce que tu m'auras tapé sur les nerfs si fort que je me serais épuisé en te gueulant dessus. Tu prévois déjà de t'énerver ? T'es vraiment dans l'anticipation, toi.

Son oeil glisse à lui.

- Tu nous imagines capable de tenir plus de vingt quatre heures ensemble sans céder une seule fois à l’énervement ?

Serpentine lui rend un sourire face à cet optimisme débordant. Si ce jour venait à arriver, alors ces deux-là reviendraient de loin. De très loin. Faut-il encore qu’ils sortent victorieux de cette soirée. Une soirée au commencement particulier.

Nathaël glisse jusque la baie vitrée. Là où le spectacle bat de son plein. Elle le rejoint, pour profiter également de la scène éphémère. Un moment de la journée qu’elle apprécie particulièrement, et dont elle a pour rituel de s’y noyer quand elle avait encore un chez-elle.

- Je n’ai pas de dessert. Je n’aime pas spécialement le sucre.

Ses épaules se haussent d’un mouvement las. Ni surprise, ni ennuyée. Elle ne s’attendait initialement pas à ce qu’il lui en propose un.

- Du moment que je peux faire bouillir de l’eau pour infuser mes plantes.

Oui, parce que dans sa valise minuscule. Serpentine a pris soin d’emporter avec elle quelques unes de ses plantes, comme toute bonne sorcière qui se doit.

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 Re: au bord de la tempête  Lun 30 Mar 2020 - 1:17
 
au bord de la tempête

When you become a raindrop in your mind, thunder is the closest friend you may find. wind lashed trees, dark clouds, lightning or the dust, everything you will bear once you adjust. — Munia Khan || @Serpentine Litonya



Peut-être étaient-ils enfin parvenu à demeurer dans le creux de cette vague qui ne demandait qu'à repartir. Pour autant, et malgré les reflux conséquents à leurs deux tempéraments impossibles, le calme de la confidence en demi-teinte était à l'honneur. Depuis combien de temps ne s'était-il pas confié simplement, sans se montrer abrupte ? Sans se montrer désagréable ? Une éternité. Il y avait bien quelques privilégiés, quelques têtes qui parvenaient à passer outre ses barrières, parce qu'ils le connaissaient, mais.. Ils étaient rares, si rares.

Au jeu de la normalité, Thor était presque devenu un champion. Il contenait sobrement sa force brute, maitrisait ses colères foudroyantes et évitait soigneusement de s'amputer de ses sensations pour ne rien ressentir et devenir le suspect de quelques regards curieux.
D'un œil extérieur, il était normal. Banal. Juste ronchon, immanquablement désagréable, avec un physique qui n'avait rien de désagréable.. Mais qui ne suffisait pas à établir l'équilibre entre son tempérament et l'apparence.
A chaque fois qu'il ouvrait la bouche, le charme était rompu. Il se fracassait comme une vague rencontrant avec virulence une roche escarpée. Et instinctivement, on voyait en lui un sale type dans un monde qui se fiait aux apparences.

Mais ne disait-on pas qu'il ne fallait pas juger un livre à sa couverture ? C'était évident. Le Dieu n'était pas de ceux qui aimait fouiller dans la vie ou dans la psyché des autres, pour autant, il avait assez de jugeote pour voir l'essentiel et éviter de mettre les pieds dans le plat lorsqu'il le fallait. Enfin, sauf quand il avait envie de faire le ménage par le vide.

Dans le cas présent, il n'en avait pas envie.. Pas encore, peut-être. Il n'en savait rien. Le sourire contenu et cette petite protestation ne lui suffirent pas pour qu'il reparte au quart de tour.
Silencieux à son tour, il devinait dans ses mots un quelque chose qu'il n'était pas en droit de percevoir. Une balafre encore béante et refusant de cicatriser. Ça l'énervait, de voir ce genre de chose. Parce que son instinct l'invitait à aller plus en avant, à découvrir.. Quand dans le fond, il ne devait pas le faire. Alors souvent, il optait pour le statut quo.
Pourtant, avec Elle, il entendait dans ses mots une question qui demandait presque réponse. Le regard porté sur cette bouteille qu'elle effleurait du bout des doigts, il finit par prendre une profonde inspiration avant de finalement répondre, tranquillement au dilemme de la solitude. « Ça dépend. Je doute que ce ne soit jamais forcé. Il y a toujours une raison, un point de départ à ce genre de besoin.. Ça contente surement pendant un temps, et puis l'habitude prend le pas sur le reste. La vraie question est de savoir si l’habitude fait le bonheur du coup. »

Cette réponse avait le mérite d'être la plus honnête qu'il pouvait fournir à Serpentine. Peut-être un peu trop, du fait de son expérience personnelle, mais ça lui importait peu. Il vivait sa solitude avec tranquillité et la cultivait en ce qui le concernait. Parce qu'il n'y avait aucun retour en arrière possible, aucun.

Finalement, le regard vert de Nate glissa longuement sur la Déesse dont il observait la réaction puis écoutait attentivement les réflexions. Avec le fil de ces dernières, il comprit - un peu mieux - l'essence de son agressivité envers la gente masculine. Elle n'en voyait, visiblement, que trop peu les bons aspects et passait son temps à en essuyer les revers.
Lui, il ne comprenait pas les violences faites aux femmes, tout comme les violences conjugales de manière générale. Il avait tendance à mettre tout le monde sur un pied d'égalité et n'acceptait pas de voir une femme, par exemple, se faire rabaisser.
Mais avait-il seulement envie de le dire ? De verbaliser le fond de sa pensée ? En la synthétisant, surement. Il n'avait pas besoin de passer pour un bon samaritain. « Il vaut mieux mourir pour une noble cause qui vaut tous les honneurs plutôt que de mourir en ayant rien accompli. » Le Protecteur à l'honneur exacerbé ne pouvait s'empêcher de prendre les devants, pourtant, il poursuivait. « Essayer, parfois, suffit à faire la différence.. Même s'il y a des connards partout, et que ça, on ne peut pas empêcher leur propagation. »

Parti vers la baie vitrée, il croisa les bras en silence pendant un temps, dissimulant un brin d'amusement en observant le ciel ombrageux. Son sourire à elle, il l'avait bien vu et il savait bien qu'elle avait raison dans le fond. « En même temps.. Si tu hurles, je vais forcement gueuler. T'as de la chance que je sois quelqu'un de vachement sympathique quand même. » Ah la bonne blague ! Non, vraiment, c'était une blague. Une vrai alors qu'il coulait sur elle, un regard en biais avant d'en revenir au paysage. Les bras se décroisaient alors qu'il enfonçait ses mains dans les poches de son pantalon tranquillement.

« J'ai des casseroles et de l'eau, donc oui. » Donc, elle pouvait faire infuser ses plantes. Toujours loin d'être invasif, il ne lui en demanda pas davantage concernant ses décoctions. Après tout, il la verrait faire en temps et en heure.
Après un moment de silence, il se redressa de toute sa hauteur en sortant ses mains de ses poches. Une idée ne le quittait pas, le hantait parce qu’il ne pouvait pas y échapper, et c'était le moment, selon lui, d'en faire part. De la partager.. Aussi étonnant que cela puisse paraitre.
Alors Thor pivota vers elle sans vraiment prévenir pour s'approcher d'un pas. Plus sérieux que précédemment, il fixa son regard sur le sien pour donner plus d'aplomb à ce qu'il s’apprêtait à dire. Et d’ailleurs ça ne tarda pas :
« Je ne vais pas être chiant avec toi, mais je te demande une chose : Si à un moment, j'en viens à te demander de partir, fais-le. Pars sans te retourner. »
Le timbre plus bas, la proximité établie sans qu'il ne se fasse envahissant, il voulait vraisemblablement marquer le coup, lui faire comprendre que ce n'était pas négociable alors qu'il gardait son regard plongé le sien un moment encore avant de le glisser sur ses traits, comme pour s'assurer de la bonne compréhension de sa demande, ou simplement aviser de sa réaction.

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 Re: au bord de la tempête  Lun 30 Mar 2020 - 2:38
au bord de la tempête

Un temps aux confidences. Un exercice auquel elle s’est essayée plusieurs fois mais sans succès. Effrayée par les mots. Par leurs puissances. Par les conséquences. Effrayée par ses sentiments. Elle n’aime pas ressentir. Ce soir-là, ses pensées se démêlent et offrent un croquis plus précis de sa personnalité. À lui, ce destinataire surprenant.

Les réponses de Nathaël remplissent ses questions. Des paroles sages, empreintes à réfléchir. Il lui semble sincère. À ne pas chercher à plaire ou à jouer un rôle. Il se montre tel qu’il est. Des échanges bousculant ses habitudes et la sort doucement de sa zone de confort. Elle apprécie l’authenticité qui se crée. Se tissant dans un naturel déconcertant.

Embarqués dans un tourbillon philosophique. Partageant leurs avis sur la notion de solitude. Une notion dont ils semblent, chacun à leur manière, champions.

Dans ce crescendo de surprises, elle trouve de l’apaisement dans ces paroles. Celles sur les causes à défendre. Celles qui sont chères au coeur. Elle n’attendait pas à être rassurée mais apprécie cette sensation d’être comprise. De ne pas aller totalement dans le mur. À contre marée.

Le ciel s’assombrit privant l’appartement peu à peu de cette lumière qui fait son charme. Changeant le décor d’une autre ambiance. Un décor de nuit où les lumières électriques frétillent chacune leur tour. Des points lumineux donnent un relief différent au paysage portuaire. Et dans ce crépuscule, Nathaël se détend à l’humour, éveillant l’amusement de sa spectatrice.

Un dessert dispensé mais l’équipement pour la réalisation de ses boissons herbacées est disponible. Elle n'en demandait pas mieux.

- Parfait.

Souffle-t-elle, le regard hypnotisé par les danses du ciel. Par les couleurs fondant progressivement dans l’arrivée de la nuit.

À ce changement de décor, un changement de ton. L’air se fait légèrement plus intense. Le corps masculin se redresse et s’approche de la jeune femme. Dans un sursaut, elle revient à elle. Manque de reculer mais reste pourtant solide sur ses positions. Leurs regards se fixent longuement. Dans le silence.

- Je ne vais pas être chiant avec toi, mais je te demande une chose : Si à un moment, j'en viens à te demander de partir, fais-le. Pars sans te retourner.

Ses lèvres s’entrouvrent subtilement mais aucun son n’en sort. Alors sa tête prend la relève et elle la hoche délicatement d’un signe affirmatif. Elle devine l’urgence de ses propos. Elle ne sait pas pourquoi, ni à quoi cette urgence est due mais elle est là.

Une légère panique se serre autour de son coeur. Comme un léger étouffement. Sa main se pose sur l’avant-bras de l’homme, d’un geste se voulant rassurant.

- Je ne compte pas abuser de ton hospitalité. Tu en as fait assez.

Sa main se retire, mettant fin au frêle contact. Et même si cette soirée se révèle bien plus agréable qu’à l’initial, elle trotte en tête, qu’elle doit partir le lendemain. Comme une promesse énoncée quelques heures plus tôt.

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 Re: au bord de la tempête  Lun 30 Mar 2020 - 15:24
 
au bord de la tempête

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Deux solitaires dans un monde qui ne les tolérait que trop peu. Ils appartenaient à un monde qui n'étaient plus, d'un côté comme de l'autre, et c'était trouvé, sans en dire mot. Le hasard était une chose plutôt surprenante. Thor en ce qui le concernait, était plutôt habitué à la malchance, plutôt qu'au hasard. Le destin avait décidé de lui jouer un mauvais tour et de parsemer sa route de poisse, et parfois, il se disait que tout cela n'était que la conséquence de ses choix de vie. Et le reste du temps, il composait avec ce qui arrivait, comme cela arrivait.

Parce qu'il n'avait pas trop le choix.
S'accrocher à la vie, même si elle avait tendance à être une garce, c'était un art qu'il pratiquait ardemment, parce que le renoncement ne faisait pas parti de son caractère. Tout ça, il ne l'expliquait que rarement, parce que fondamentalement et dans son esprit bourdonnant, cela ne concernait que lui et personne d'autre.

Et puis, Serpentine avait bousculé un peu ses acquis le temps d’une soirée, brutalement d'abord, puis discrètement presque sournoisement. Il ne s'en rendait pas encore compte, parce que l'instant était simple. Simple et agréable, malgré tout ce qu'il pouvait y opposer.
Parler, partager un point de vue et finalement, rester dans le calme ; C'était ordinaire, d'une banalité frappante et pourtant, ça l'arrachait à ses habitudes et surtout à sa solitude grésillante.

Arrivés à l'étape contemplative, Thor garda son regard un moment sur la baie vitrée - et au-delà - pour finalement revenir à cette idée entêtante. Cette idée qui ne le quittait pas : Elle devait partir parce qu'il entendait le tic-tac, en toile de fond. Un tic-tac qui refusait de le laisser en paix, un tic-tac qui aurait pu le rendre fou.
Ainsi donc, il s'orienta vers elle pour fixer les règles de leur cohabitation éphémère. C'était, pour une fois, simple, sans une once d'agressivité. Ils n'en avaient pas besoin. Du moins, c'était l'impression que retirait le Dieu de l'instant partagé.

La demande tombait et il observa longuement sa réaction : Les mots qui ne venaient pas, consécutif surement à l'incompréhension, et ce hochement de tête qui fit naitre un soupir dans sa gorge. C'était le soulagement qui ne pouvait s'empêcher de pointer le bout de son nez. Et finalement ce contact qui attirait son regard pendant quelques secondes, pour aller avec des paroles qu'il aurait dû trouver réconfortantes.

Il savait qu'il en avait assez fait. Il en avait même déjà trop fait, c'était évident. Elle lui tapait sur les nerfs la majorité du temps et pourtant, il avait accepté de lui offrir un toit pour la nuit. C'était une vaste fumisterie ! Thor cherchait presque à provoquer l'orage pour relancer la machine et mettre en place ses barrières. Mais dès qu'elle quitta son contact il eut un élan indescriptible. Que lui-même ne s'expliquait pas.
Il leva sa main droite dans l'ambition de venir dégager, de ses doigts, une de ses mèches de cheveux.. A elle.
A l'orée du visage féminin pourtant, ses doigts effleurèrent à peine la mèche égarée avant de retomber alors qu'il laissa glisser son regard de son geste à son regard.
Un moment de flottement plus tard, la main retombait lentement et il inspira comme pour s'arracher à une apnée indésirable. Et puis ? Et puis, il se détourna, simplement, sans un mot.. Comme si rien ne s’était passé.

Quelques pas plus tard, il balança un simple.. « Bien. » Simple et efficace.
Il s'éloignait autant que possible, arrivant même devant un nouvel interrupteur pour l’actionner et baigner d'une lumière diffuse non invasive la pièce.  S'engageant dans l'escalier en colimaçon, il se décida à reprendre. « Je vais te chercher des draps et couvertures. » C'était bien là tout ce qui manquait à Serpentine pour pouvoir passer une nuit tranquille.

Arrivé à l'étage, il s'arrêta devant le long placard qu'il ouvrit lentement en se retenant de pester. C'était quoi cette connerie ? Il aurait vite fait de l'envoyer se trouver une chambre d'hôtel. Il jouait, sur le fil tendu de son propre mal. Attrapant drap, oreiller et couverture, il refermait de manière plus abrupte le pauvre placard qui n'avait rien demandé et redescendait les escaliers pour poser le nécessaire en bout du canapé. « Voilà. » Avec sa tête de ronchon en moins, ça aurait été mieux, mais il ne fallait pas trop lui en demander.
Il avisa un instant la télé et .. Non. Non et non. Juste non. Il détourna le regard pour le reposer sur Serpentine. « Je vais regarder un film dans ma chambre. »
Et il ne comptait pas l'inviter, il ne fallait pas pousser le bouchon non plus. Oui, l'Ours faisait son possible pour sortir de sa tanière. « Si t'as besoin d'un truc, t'as qu'à gueuler. » D'accord. C'était une invitation, à contrario, fort charmante alors qu’il était déjà en route pour les escaliers et donc sa chambre.

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 Re: au bord de la tempête  Lun 30 Mar 2020 - 17:55
au bord de la tempête

La façade abrupt et opaque de Nathaël frappe en résonance à la sienne. En général, le monde la met à l’écart, de par sa personnalité farouche et indomptable. Un fossé créé avec les autres, lui permet de ne pas s’attacher. D’éviter de vivre les pertes. Le deuil.

Serpentine n’évalue pas ce qui est en train de se passer. Le poids écrasant et constant qu’elle porte quotidiennement semble s’être levé. Une sensation de sortir brièvement la tête de l’eau. Un temps pour récupérer. Un temps déclenché par Nathaël. S’est-t-elle trompée à son sujet ou est-elle simplement naïve ?

Les conditions de leurs cohabitations résonnent et s’accompagnent d’un hochement de tête. Le visage du dieu paraît se détendre. La lutte et la résistance sont encore endormies. Pourtant, le simple contact de Serpentine sur son bras crée cette impression qu’il fulmine. Peut être parce qu’elle pointe du doigt là où il ne faut pas, sur son hospitalité généreuse. Alors cette main se retire. Presque navrée de s’y être nichée. Et dans cet enchaînement de mouvements, en rythme de la même danse, la main masculine se lève. Et l’effleure. À peine. Son coeur pulse avec force. Ses muscles sont subitement fébriles. Corps figé, ses yeux se baissent. Espérant qu’il ne prête pas attention à la secousse qui la traverse.

- Bien.

Le mot claque dans la pièce. Froid. Sec. Elle se recule en même temps que lui et l’aperçoit disparaître dans l’escalier.

- Je vais te chercher des draps et couvertures.

Alors elle prend exemple et s’oriente à une activité simple, récupérer quelques plantes dans sa valise. Tout en se  persuadant qu’elle a mal vu. Que la fatigue lui a fait croire n’importe quoi.

Côté cuisine, elle remplit la casserole d’eau et se concentre à vider son esprit. À ne penser à rien. À se ressaisir et reprendre le contrôle d’elle même. Dans sa simple recette, elle mélange savamment la verveine aux boutons de camomille et patiente que l’eau frémisse.

Nathaël revient. Elle se retient de lui accorder de l’intérêt mais le remercie pour ce qu’il vient d’apporter. Tout en l’écoutant, il lui annonce qu’il va regarder un film. Elle acquiesce en silence.

- Si t'as besoin d'un truc, t'as qu'à gueuler.

Son visage se relève à lui, cessant quelques secondes son activité mais elle n’a pas le temps de répondre qu’il a de nouveau disparu dans l’escalier.

Le temps de l’infusion, Serpentine déplie les draps et les façonne pour rendre le canapé plus douillet. Organise les couvertures et les coussins. Une fois la tâche achevée, elle récupère sa boisson et s’installe pour se détendre. Mais son coeur continue de taper. Son esprit est agité. Troublé. Après un quart d’heure à essayer de trier ses pensées, elle pose sa tasse sur la table puis s’avance vers l’escalier. Monte les premières marches mais les redescendant aussi vite. L’inconscient la pousse à effectuer ce mécanisme deux-trois fois puis elle finit par abandonner en pestant.

Alors elle récupère le comics qu’elle a précédemment sauvé de la poubelle. Se cale une seconde fois dans son nouveau lit, et cherche à se distraire par la lecture.

C’est au milieu de l'intrigue qu’une illustration l’interpelle. Vivement. Un marteau. Bien trop ressemblant à celui qu’elle a observé sur la peau de son hôte.

- Non mais je rêve !

Une exclamation vive et puissante.

Et parce que la patience n’est pas son fort. Parce que Serpentine se laisse toujours dompter par ses pulsions, elle se lève et monte d’un pas déterminé dans la chambre. Sans se soucier des conséquences. Sans prendre en considération la vague de colère qu’elle pourrait y rencontrer. Nathaël est sur le lit. Là où elle monte et attrape son poignet pour y trouver son tatouage. Comics dans l’autre main, elle compare les deux illustrations.

- Je n’y crois pas ! Quand je repense à la scène que tu m’as fait tout à l'heure. Alors qu’en réalité tu es… tu es juste... un énorme fan de Thor !

Sa main relâche son poignet, ainsi que la revue pour se recouvrir le visage. Étouffant entre ses deux mains, le fou rire qui vient de s’inviter en elle.

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 Re: au bord de la tempête  Lun 30 Mar 2020 - 18:56
 
au bord de la tempête

When you become a raindrop in your mind, thunder is the closest friend you may find. wind lashed trees, dark clouds, lightning or the dust, everything you will bear once you adjust. — Munia Khan || @Serpentine Litonya



Fuir et aller se planquer, ça n'avait rien d'héroïque, mais c'était la solution la plus avisée dans le cas présent. Une faille était apparue dans son système particulièrement bien rôdé et il refusait qu'elle s'étende. Alors, au lieu d'attendre et de se retrouver devant une situation inextricable, le Dieu décida de mettre autant de distance que possible entre Elle et Lui.
C'était clairement préférable. Evidemment, qu'en retour, il ne s'attendait pas vraiment à l'entendre gueuler au travers de l'appartement pour se faire entendre.. Enfin, il l'espérait.

Dans sa chambre, il alluma le rétroprojecteur et brancha l'ordinateur portable afin d'établir la connexion. Cession ouverte, fenêtre sur Netflix, il se redressa un moment pour râler dans un ensemble de marmonnements uniquement audibles par sa personne. Il pestait contre cette situation catastrophique, ou pas loin. Et puis finalement, il choisissait un film qu'il avait déjà vu mais qui lui occuperait l'esprit. Un classique.

Kill Bill démarrait sur le mur et lui dégagea son t-shirt pour le balancer sur un fauteuil logé dans un coin de la pièce. Il se glissa dans ses draps et cala un bras sous sa tête afin de porter toute son attention sur l'écran de pseudo-fortune qui s'étendait sur le mur blanc.
L'attention volatile, il soupira une première fois puis une seconde. Un truc lui courait sur les nerfs, dans tous les sens du terme. Le film ne couvrait pas le bourdonnement qui tendait ses nerfs, mais ça, il en avait l'habitude.
Il éludait ainsi sa préoccupation principale comme il savait si bien le faire et comptait continuer.. Encore et encore.

Grâce au son du film, il n'entendit pas les allers et retours de la Déesse dans l'escalier. Tant mieux ! Il s'imagina qu'elle devait boire son truc aux herbes ou dormir. Non, elle ne dormait pas, parce qu’il devinait la lumière par une des baies vitrées. Un profond soupir plus tard, il se concentra à nouveau sur son film qui avait avancé sans lui. Heureusement qu’il connaissait déjà l’histoire de ce Tarantino.

Quelques minutes plus tard, il entendit la gueulante.. Enfin, l'exclamation de Serpentine. Ses sourcils se froncèrent alors qu'il marmonna un.. « Et moi donc ?! »
Il ne tarda pas à la voir débouler dans sa chambre à la quatrième vitesse alors qu'il se redressait afin de se placer assis, dans son propre lit, torse nu à la regarder gesticuler. Son bras tatoué entre les doigts féminins, il compara l'inscription et le comics avant de se renfrogner. Quelle poisse. Il aurait vraiment dû le bruler, celui-là.

Instinctivement, il récupéra son bras avant de râler. « Tu sais que c'était une manière de parler quand je t'ai dit que tu pouvais gueuler si t'avais besoin d'un truc ?! » Il lui choppa des mains le comics alors qu'elle commençait à se marrer. « En plus, t'as besoin de rien. T'as juste envie de me foutre les nerfs ou quoi ? »

Un énorme fan de .. De lui-même. Il ne manquait plus que ça. Sa tête oscillait entre le dépit et l'agacement alors qu'il déchiquetait le comics avant de le balancer, tout en confettis plus loin. « Mais pourquoi tu te marres ? Bordel, y'a rien de drôle et non, je ne suis pas fan de .. » Non, il n'arrivait pas à se résoudre à le dire. C'était trop bizarre. Un poil mégalo en plus. « Je déteste ces conneries ! Si je retrouve le type qui a écrit ça, je lui fous la tête dans les chiottes pour lui faire réaliser combien c'est de la merde ! » Très poétique Thor. Si .. Poétique ! En plus, il se retrouvait avec des confettis partout de son homologue tout en couleur et sur papier glacé. Il dégagea des morceaux. « Putain ! » Ah bah voilà, elle avait réussi à réveiller l'ours en sommeil.

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 Re: au bord de la tempête  Lun 30 Mar 2020 - 20:16
au bord de la tempête

À sa découverte grandiose et surprenante. Tel un archéologue déterrant quelques vestiges. Impossible de garder un tel mystère résolu sous silence. Serpentine l'entend grogner. S'agiter. Quand à elle, le fou rire est lancée. Telle une machine de guerre au combat. Plus rien ne l'arrête.

- Tu sais que c'était une manière de parler quand je t'ai dit que tu pouvais gueuler si t'avais besoin d'un truc ?!

Un sang chaud aux réactions vives. Comme d'habitude, elle s'est laissée porter par son naturel impulsif. Ne songeant pas une seconde à la réaction de Nathaël. Bien qu'elle aurait pu prévoir le prévisible. Bien qu'elle aurait pu prendre des pincettes. Se montrer un peu plus douce. Non. Serpentine est animée par le feu. Un vrai électron.

Le flot d'émotions passé, elle s'essuie du bout des doigts, ses yeux humides par le rire. Le visage est légèrement coloré de rose. Sa respiration retrouve un rythme normal. Elle s'efforce à reprendre son calme et à ne pas trop penser à cette mascarade.

- En plus, t'as besoin de rien. T'as juste envie de me foutre les nerfs ou quoi ?

- Non mais toi ! En plus tu n'assumes rien.

Ses mains partent à la recherche du magazine. Mais il est trop tard, son voisin le saisit et se charge drastiquement du sort de la revue. Si elle aurait trouvé autre chose à la rencontre de ses doigts, elle lui aurait probablement lancé. Alors ses bras se croisent. Dans l'attente d'une explication. Et au vu de son énervement, elle a visé juste.

- Mais pourquoi tu te marres ? Bordel, y'a rien de drôle et non, je ne suis pas fan de ..

- ... de Thor. Tu es fan de Thor. Un grand dieu nordique !

Son sourire se creuse d'un large sourire. Un sourire qui contient son rire. Un sourire qui fait briller ses yeux de candeur. Pas peu fière d'avoir trouvé le péché mignon de son hôte. Persuadée de viser juste, n'imaginant pas une seconde, qu'il peut être lui même cette divinité.

- Je déteste ces conneries ! Si je retrouve le type qui a écrit ça, je lui fous la tête dans les chiottes pour lui faire réaliser combien c'est de la merde !

Le lit est couvert de confettis. Serpentine les balaie d'un mouvement de la main, laissant les résidus tomber au sol. Et tel un chat, elle s'avance vers lui, s'approchant, tout en gardant une certaine distance. Ses grands yeux le fixe avec douceur pour calmer son agacement.

-  Calme toi Nate, ce n'est qu'une bande dessinée. Et c'est drôle. C'est juste drôle. Il n'y a rien de dramatique.

La déesse se montre plus douce. Légèrement assommée par le fou rire qui s'est éprit d'elle plus tôt. Elle s'apprête alors à lui donner une bonne tape amicale sur l'épaule. Mais elle retient son geste à mi-chemin, souhaitant éviter le malaise précédent.

Et puis, elle reprend peu à peu conscience de la situation. Son regard clair se pose sur le corps découvert de l'homme. Puis sur le film. Puis de nouveau sur Nathaël. Ce sentiment gênant et naissant dans son ventre, celui avant qu'elle monte les escaliers, se réveille à nouveau. Ses paupières clignent. Une fois, deux fois. Son corps se redresse, désorientée.

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 Re: au bord de la tempête  Lun 30 Mar 2020 - 21:26
 
au bord de la tempête

When you become a raindrop in your mind, thunder is the closest friend you may find. wind lashed trees, dark clouds, lightning or the dust, everything you will bear once you adjust. — Munia Khan || @Serpentine Litonya



Chacun avait son domaine d'impulsion, c'était évident. Si Serpentine avait réagi sous le coup de l'emportement consécutive à sa découverte ; Thor, lui, réagissait sous l'impulsion de son renfrognement. Dans son cas, on pouvait presque parler d'art, tant il était habitué à faire la tête. Mais dans le fond, cela rétablissait un semblant de normalité entre eux, quoiqu'il s’étonnât d'apprécier la voir rire, même si c'était un peu à ses dépens.

Non mais, réflexion faite, ça le saoulait également qu'elle rit de lui ! En prime, elle l'accusait de ne pas assumer. Mais de ne pas assumer quoi ? C'était une blague ! Il fronça les sourcils avec une expression, encore plus, contrariée en la jaugeant alors qu'il désignait les copeaux de magazine. Voilà ! Elle n'allait plus l'embêter avec cette histoire.. Quoique non, comme toujours et comme elle en était si capable, la Déesse enfonçait le clou.

« Pff. » Qu'il souffla avec irritabilité. Fan de Thor, fan de Thor.. Un éclair passa dans son regard vert à la mention du Dieu nordique. « Surement ouais, c'est ce qu'on raconte, mais pas dans cette saloperie de revue. »
La légende racontait, oui, qu'il avait été grand en son temps. Mais depuis, c'était une toute autre histoire et Nate savait de quoi il parlait. Parce qu'il était le principal concerné. Mais de là à le balancer à Serpentine comme on annonce son programme de la soirée, c'était impossible. Impossible, oui. En attendant, ce constat avait fissuré, un peu, sa carapace d'ours grognon, au profit d'un sourire fugace. L'entendre de sa bouche, à elle, faisait toujours plus plaisir que d'y penser, tout seul, comme un c..

Quoiqu'il en fût, au secret de son identité, il y tenait autant qu'à cet autre secret qui lui pourrissait bien plus la vie, il fallait bien le dire.
Pour détourner clairement l'attention de son incruste, il désigna le bordel nouvellement installé. « T'as vu ce que tu m'as fait faire ? Qui va devoir nettoyer maintenant ? Non parce que c'est toi qui as amené ce machin dans ma chambre, donc je devrais peut-être te refiler l'aspirateur, non ? » Bah voyons ! Et pour le peu qu'elle oublie un morceau, ça aurait vite fait de lui taper - encore - sur les nerfs.
Selon le Dieu, on n'était jamais mieux servi que par soi-même ! Ça n'avait rien d'étonnant ? Absolument pas, surtout lorsqu'on commençait à connaitre l'animal. C'était surement un autre élément qui expliquait que ses assistants avaient tant de mal à s'accrocher à leur poste. M'enfin, il avait plus ou moins résolu le problème, depuis quelques temps.

Son regard se reposa finalement sur la jeune femme qu'il regarda évoluer sur sa couette. Visage sensiblement penché sur le côté, il la détailla longuement alors qu'elle tentait d'insuffler le calme où l'orage menaçait de gronder.
Elle réalisait avant qu'il ne le fasse à son tour, et pour autant.. Il choisit de ne pas se fixer à ce qui pouvait le déranger. Preuve en était, il baissait d'un ton, pour lui répondre sur le ton du ras-le-bol. « Ça dépend pour qui. »
Il n'expliqua pas ses propos, ni ne tenta d'argumenter alors que finalement, il redressait le buste. Ses mains se posaient sur les bras de Serpentine qu'il souleva avec une facilité déconcertante, comme une poupée, pour la déposer à côté de lui et caler un bras à son épaule. Là, elle faisait ainsi face au film. Avec toutes ces histoires, il en avait loupé un trop gros morceau.
Finalement, elle était contre lui, mais il n'y avait rien de dérangeant, ou d'ouvertement intrusif, il lui avait simplement fait une place jusqu'à l'installer contre son flanc. Il ne l'enfermait pas dans une obligation de rester, son bras pendant tranquillement sur son épaule pour en attester. Sa main, quant à elle, restait dans le vide, lui laissant une échappatoire. Le seul bémol était surement qu’il n’était pas très habillé, mais.. C’était un détail. Un simple détail. « Je regarde mon film et après, tu passeras l'aspirateur pour te faire pardonner. Si t'oublies un morceau, je vais râler. » Quand est-ce qu'il ne râlait pas ?
Bonne question.

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 Re: au bord de la tempête  Lun 30 Mar 2020 - 23:08
au bord de la tempête

Vivre comme un mortel. Malinal y aspire. Bien que cela ne soit pas complètement compatible à sa nature. Elle s'y essaye, cesse de côtoyer les autres dieux. Un choix drastique pour maintenir ce désir de simplicité. Et dans ce cercle restreint, contenant quelques exceptions, les esprits indépendants sont favorisés. Ceux qui ne s'occupent pas des affaires du Sanctum. Ceux qui en restent loin. Ceux qui ont besoin de leur espace.

Une nature divine qu'elle se garde bien d'annoncer à Nathaël. Elle passerait pour folle, plus qu'elle ne lui parait déjà. Si elle peut préserver ne serait-ce qu'un peu de leur moment de paix...

- T'as vu ce que tu m'as fait faire ? Qui va devoir nettoyer maintenant ? Non parce que c'est toi qui as amené ce machin dans ma chambre, donc je devrais peut-être te refiler l'aspirateur, non ?

Sa tête se secoue dans la négative, agitant lentement ses cheveux bruns dans le mouvement. Il divague complètement. Elle lui a simplement amené la revue et sur un coup de nerf, il l'a réduit en poussière.

- Je ne suis pas ta femme de ménage.

Son air est presque effaré par sa demande. Une demande qu'elle trouve relativement réductrice.

Elle ne comprend pas pourquoi cette histoire de comics lui met tant les nerfs en pelote. À peine, elle songe à la question qu'elle constate la situation et s'en retrouve déboussolée. Lorsqu'elle s'apprête à se relever, les mains de Nathaël saisissent ses bras et l'attire à lui sans effort. Assise à côté de lui, son bras posé sur son épaule, elle fait face à l'écran et au film.

Son esprit s'agite. Encore. Son corps posé contre le sien, elle ressent une certaine chaleur s'en dégager. Une chaleur douce, agréable, presque envoûtante. Ce contact est loin d'être désagréable et pour tout dire, elle souhaiterait le maintenir. Mais elle ne peut pas. Effrayée par la lente emprise qu'il a sur elle. Par sa malédiction. Effrayée de tomber dans son travers. Alors elle quitte le cocon qu'il lui a offert. À contre coeur. Se décolle délicatement et enlève la main posée sur son épaule pour y mêler inconsciemment ses doigts.

- Je regarde mon film et après, tu passeras l'aspirateur pour te faire pardonner. Si t'oublies un morceau, je vais râler.

Elle n'arrive plus à rire. À réagir à sa pique. Se sentant perdre pied. Toujours assise près de lui, leurs corps ne se touchent plus. Elle tourne son visage vers le sien, coincée entre le désir et la panique. Et puis, sans comprendre comment, sa main se niche à l'arrière de sa nuque. Elle l'attire à elle pour lui donner un baiser où ses lèvres se pressent avec intensité. Un acte impulsif et irréfléchi comme elle sait si bien le faire. Agissant sous le coup de l'émotion. Un baiser, ce n'est qu'un baiser, se répète-t-elle en boucle. Se rassurant qu'il n'y a rien de grave à céder à ce genre de contact.
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