Echange de bons procédés

Epona n'aimait guère se perdre en ville. Les maisons de pierre et désormais les buildings n'étaient pas son domaine de prédilection. Elle préférait les grands espaces, les champs, les forêts, la nature. Quoi de plus logique pour une déesse liée à la nature et aux chevaux. Mais elle avait besoin de voir un de ses semblables. Il était rare qu'elle s'adresse à d'autres divinités. Elle avait l'impression que depuis la disparition de Sanctum, beaucoup d'entre eux avaient soit péri, soit étaient devenus à moitié fou. Pour ce qu'elle savait, Tyr avait à cœur de mettre tout ce petit monde sur le droit chemin. La déesse le laissait faire à sa guise mais ne participait pas à sa croisade. Elle avait sa propre croisade à mener. Ces protégés avaient besoin d'elle et cette terre qui était mourante avait besoin qu'on se batte pour elle également. De nombreux humains avaient besoin d'espoir et d'aide car eux aussi croyaient en un avenir meilleur pour la nature et l'environnement. Et c'était bien pour ça qu'elle avait décidé de venir en ville.

Elle avait rendez-vous avec Sydney, enveloppe humaine du dieu Hadès. Elle le connaissait depuis bien longtemps même s'ils s'étaient peu côtoyés. En fait, elle s'était rapprochée de lui depuis quelques années, depuis qu'ils étaient à Philadelphie. Elle ne pouvait pas dire qu'elle appréciait le personnage mais elle avait besoin de lui. Elle gagnait bien sa vie mais elle faisait aussi parti d'un groupuscule considéré comme terroriste. Un mot qui la faisait bien rire. Il était vrai que de chercher à protéger des animaux et faire perdre quelques bénéfices à de grandes multinationales, c'était du terrorisme. Cela faisait sourire la jeune femme. Ceux qui disaient ça, n'avaient pas connu les grandes guerres du passé.

Hadès trempait dans diverses affaires. Certaines très honnêtes mais d'autres, beaucoup moins. C'était pour ces dernières que la déesse venait le trouver. Elle avait besoin d'argent pour l'association. Ce n'était pas elle qui finançait spécifiquement le FLA mais elle y mettait certains de ses fonds. Cependant, impossible de le faire de façon légale. L'argent devait transiter pour ne pas éveiller de soupçons. C'était pour ça que le dieu de la mort lui était utile. Il pouvait blanchir cet argent à travers ses différentes combines.

Ils avaient rendez-vous dans un bar assez select de la ville. Le dieu n'était pas un grand adepte des lieux sombres et des bas-fonds. Il préférait le luxe. Chacun son talon d'Achille. Epona pouvait bien faire cet effort vu qu'il devait en faire pour elle aussi. Un échange de bon procédé comme on dit. Pour la peine, elle avait revêtu une robe de soirée noire qui moulait son corps quasi parfait. Ses cheveux relevés en chignon et maquillée avec soin, personne ne la soupçonnerait d'être une activiste menant son combat pour la nature et encore moins d'être une déesse.

A peine entrée dans l'établissement, elle alla s'asseoir à une table un peu à l'écart des autres. La banquette en U leur assurait une certaine discrétion. La jeune femme refusa toute commande tant que son invité ne serait pas présent. Les dieux n'avaient pas besoin de boire, ni de manger, mais il fallait bien donner le change sinon cela étrange. Elle leva la main pour signaler sa présence quand elle vit la haute silhouette de son comparse se faire jour dans le bar.

« Bonsoir monsieur Walker. Merci d'avoir bien voulu me rencontrer. Vous souhaitez boire quelque chose ? »

Le sourire aux lèvres, elle le laissait s'installer et se mettre à son aise. Une conversation qui pouvait sembler banal à n'importe quel quidam et c'était bien le but, avoir l'air normal.

Echange de bons procédés

Depuis qu’il est arrivé sur Terre, il peut dire aisément qu’il ne s’ennuie pas, la Terre se révèle êtres des plus intéressantes. Le monde entre dans une nouvelle ère qui va être déterminante pour les divinités encore présente. Certains voient les NGA comme une menace, parce qu’ils ont peur du changement, ils se rattachent à leurs racines ou qu’importent les raisons, ces personnes ne sont à ses yeux que des imbéciles... Il ne dit pas qu’il faut dire oui à tout et de les suivre comme un bon toutou obéissant, mais il faut des fois voir plus loin, envisager toutes les possibilités. Les humains ne sont plus les mêmes qu’avant, le monde a changé et leurs intérêts aussi, il faut donc trouver de nouveaux moyens de survivre et pour cela il faut accepter le changement et exploiter au mieux les ressources d’aujourd’hui. Une chance, les humains sont restés malléables à souhait, il est tellement facile de lire en eux, les exploiter.

Au début ce n’était qu’un passe-temps pour lui, il avait sa petite boutique ésotérique en Nouvelle-Orléans, pour certains il n’était qu’un charlatan, mais il n’empêche qu’il y avait toujours du monde dans cette petite enseigne. Puis bien vite son goût pour le luxe revint au tapis, ainsi donc il ouvrit une bijouterie, jouant les escrocs toujours pour encore mieux s’enrichir, s’adonnant à des pratiques mafieuses pour développer au mieux son activité, notamment pour le trafic de diamants et autres pierres précieuses, il y en a pas mal que cela intéresse et cela lui permet de blanchir de l’argent, générant encore plus de gain. C’est un homme aussi cupide après tout, l’argent, l’appât du gain il n’a que ça à la bouche. Une envie que le pousse à passer des marchés avec d’autres dieux, il n’est pas sot au point de se croire tellement supérieur qu’il n’a besoin de personne. Tout le monde a besoin des autres, il est toujours bon d’avoir plusieurs cartes dans son jeu et d’avoir un jeu bien fourni.

D’ailleurs l’une de ses cartes s’avère être une déesse gauloise, rattaché aux dieux celtes du nom d’Epona, Gwen Hawkins étant son nom humain, enfin plutôt le nom de son hôte. Déesse de la fertilité et protectrice des chevaux, lui étant un dieu de la mort on pourrait les croire incompatibles, mais son mari étant un dieux de la mort, pourquoi pas après tout. Ces deux-là vivent à l’écart de tous conflits, préférant concentrer leurs efforts sur la protection de la nature. Epona profite actuellement de la notoriété d’un jeu vidéo pour rester influente, cela prouve donc bien pour lui qu’elle n’est pas réfractaire au monde moderne. C’est une piste à exploiter en tout cas, peut-être arrivera-t-il même à la convaincre de rejoindre le camp des Sauveurs. Pour l’instant ils sont partenaires en affaires. Il se trouve que la belle trempe dans des affaires dangereuses, du moins dangereuses pour les autorités, en réalité rien de bien méchant pour lui. Gwen est à la tête du FLA un groupe d’activiste défendant les intérêts des animaux, qui a besoin d’argent blanchi pour opérer. Il a son soutien et en échange il l’aide à préserver la nature en empêchant certaines constructions, rachetant des terrains. Il a dans l’optique d'en faire des alliés sur le long terme, mais reste à voir si la déesse est prête à prendre parti.

Il y a peu il a été contacté par la déesse, elle souhaitait prendre rendez-vous pour discuter. Il lui donna donc une heure et l’adresse d’un bar, hors de question de se rendre dans cet endroit qui pue le crottin de cheval. De toute manière il n’a pas de tenue adéquate pour ce genre de lieu. La plupart du temps il ne porte que des costumes hors de prix, du sur-mesure, il ne voudrait surtout pas salir ses mocassins. Bien sûr il y va des fois pour faire bonne figure, inutile de préciser qu’ensuite tout part à la poubelle. Vêtu très classe comme à son habitude, cette fois une costume classique noir et blanc, il avait laissé tomber la cravate et détaché les premiers boutons de sa chemise, sinon il portait une montre hors de prix au poignet.

Lorsqu’il arriva au bar il repéra vite la déesse qui lui fit signe. Elle portait une très belle robe de soirée noire qui ne le laissa pas indifférent, mais il n’est pas là pour ça, elle est mariée et ce ne serait pas du tout dans son intérêt. Il ne voudrait pas se mettre le dieu cerf à dos. En tout cas il appréciait l’attention, elle avait fait un effort pour s’apprêter. Il la regarda dans les yeux lorsqu’elle le salua.

«Madame Hawkins, cette robe vous va à ravir».

Tandis qu’il s’installait elle lui demanda s’il souhaite boire quelque chose. Il faillit lever les yeux au ciel, ce que ses politesses ont le don de l’énerver, ce n’est qu’une perte de temps. En plus ils sont dans un bar, ils ne peuvent pas rester ici à discuter sans consommer, bien qu’en tant que dieu ils n’ont pas besoin en réalité de boire. Autant préserver les apparences dans un lieu public comme celui-ci.

«Un verre du bourbon fera l’affaire. Inutile de perdre du temps en banalités, comme vous le savez je suis un homme très occupé, de quoi souhaitez-vous me parler ?»

Echange de bons procédés

Epona savait fort bien que le dieu de la mort n'était pas un grand adepte des lieux comme son domaine. Il aimait le luxe. La déesse ne s'en formalisait pas. Il en fallait pour tous les goûts. Elle préférait la paille et la simplicité mais cela ne l'empêchait de savoir mettre les petits plats dans les grands en cas de besoin. Elle savait évolué aussi bien dans une écurie que dans une soirée huppée afin de récolter des fonds. Elle avait cette capacité, comme beaucoup de ses congénères, à pouvoir s'adapter à quasiment toutes les situations. Enfin, elle essayait. Il fallait dire que les premiers temps de sa réincarnation avaient été très dur. Elle en avait bavé pour rattraper les plus de 150 ans qu'elle avait raté. Mais la déesse était une battante née et aidée par les souvenirs de celle dont elle avait pris le corps, elle avait finalement réussi à maîtriser une bonne partie de ce monde nouveau.

La déesse inclina la tête en guise de remerciement au salut du dieu. Il était vrai qu'elle avait fait des efforts pour lui et pour paraître à son avantage. Néanmoins, elle appréciait aussi de pouvoir revêtir de belles tenues à l'occasion. Elle en avait peu mais toujours choisie avec beaucoup de soin. Ses robes de soirées étaient toujours réalisées sur mesure et dans le but de flatter sa silhouette.

« Merci et vous, vous êtes toujours aussi superbe. »

Il était vrai que le dieu grec de la mort avait bon goût pour se vêtir mais aussi pour ses corps d'emprunt. Bien qu'elle soit liée au dieu cerf, elle restait toujours libre de corps, comme son compagnon. L'amour était fort entre eux mais la longue éternité leur avait appris qu'ils pouvaient se permettre d'aller voir ailleurs à l'occasion. Cela ne changeait rien à leurs sentiments profonds. Mais ce n'était pas le but de ce rendez-vous. Elle avait plus urgent. Elle leva la main pour demander une serveuse.

« Un bourbon pour monsieur et je prendrai un martini. »

La serveuse prit note avant de se rendre au bar. Le dieu de la mort était toujours aussi pressé ou plutôt il n'aimait pas perdre son temps. C'était l'une des raisons pour lesquelles, ils s'entendaient plutôt bien.

« J'ai besoin d'argent. Une forte somme. Une grosse opération est prévue d'ici peu et j'ai besoin de liquidités pour l'association. Comme vous le savez, je ne peux injecter ses fonds moi-même sinon je serai dans le collimateur de la police. C'est pour cela que j'ai besoin de votre aide. »

Vu qu'il ne voulait pas perdre son temps et elle non plus, autant aller droit au but. Epona sourit à la serveuse qui leur apporta leur commande. Elle reprit un air plus sérieux après son départ.

« Cela fait peu de temps que je vous ai demandé la même chose et habituellement je préfère attendre mais c'est une occasion que je ne peux pas laisser filer. A vous de me dire si vous pouvez m'aider et à quel prix. »

Elle prit son verre et but délicatement une gorgée. L'alcool n'était pas désagréable mais un dieu n'avait pas besoin de boire. Cela lui permettait juste de se mêler à la foule des simples humains. Si Epona disposait de la somme nécessaire, elle savait que la police ne la raterait pas si plusieurs milliers de dollars passaient de son compte à un autre qui était lié à un groupuscule écologiste. Or elle n'avait vraiment pas besoin de ça. Certes, Tyr, réincarné en agent du FBI, lui permettait de passer sous les radars mais elle devait quand même éviter de faire trop de vagues si elle pouvait.

Echange de bons procédés

Il eut le temps de jeter un rapide coup d’oeil à la salle en entrant, il n’y avait pas beaucoup de monde, tant mieux il serait plus à l’aise pour discuter, à l’abri d’oreilles indiscrètes. Il avait trouvé la déesse facilement. Il ne pouvait nier que le corps qu’avait choisi Epona est de très bon gout et qui plus est cette robe la met en valeur, ce qu’il lui fit remarquer. Il sait qu’elle est lié au dieu cerf, même s’il ne connaît pas tous les détails de leur relation, ainsi il n’insiste pas, de toute manière ils sont là pour parler affaires. Il esquisse un sourire lorsqu’elle le complimente à son tour, remontant son regard pour croiser celui de la déesse. Comme beaucoup de dieux il est vaniteux, un compliment fait toujours du bien à entendre.

Toujours aux aguets, il jette un coup d’oeil à la salle, il faut dire qu’il est un brun parano, s’entendant toujours au pire. Et s’il y a des personnes qui écoutent leur conversation par exemple ? C’est ce qu’il se demande à cet instant. Il soupir intérieurement, a priori aucune menace, il ne reconnaît aucune des têtes présentes ici. Mais en même temps, il ne connaît pas tout le monde dans cette ville, même s’il fait affaire avec pas mal de divinités dans cette ville. Pour ceux qu’il connait de longue date, avec qui il est en relation c’est facile, pour les autres impossible de savoir s’il y en dans cette salle, à moins d’être un fin observateur. Les divinités dégagent souvent une aura, un charisme particulier, c’est souvent à cela qu’on peut les reconnaître. Il n’y a rien qu’il puisse y faire, cela l’agace, mais il ne peut pas toujours tout contrôler. Il se tourna donc de nouveau vers la déesse et lui demanda la raison de ce rendez-vous. Elle fut direct et pour ça il lui en fut reconnaissant, c’est une qualité qu’il apprécie chez elle.

«Hm Hm, je vois». Lui répondit-il, tiquant un peu sur les mots «forte somme» et «d’ici peu». Ainsi il la regarda d’air agacé. Mais elle semblait lire dans ses pensées puisqu’elle ajouta qu’elle savait qu’elle lui avait demandé cela il y a peu de temps, mais qu’elle est prête à en payer le prix. L’argent n’est pas un problème, la contrebande de diamants marche plutôt bien en ce moment, d’ailleurs il vient juste dernièrement de vendre  à un très bon prix quelques diamants, obtenus illégalement bien sûr Une partie est déjà allé pour sa bijouterie, une autre va à ses associés en affaires, en besoin d’argent blanchie comme Gwen. Mais pour le principe, il n’aime pas qu’on abuse du système. Les verres venaient d’arriver ainsi il se saisit de son verre et en but une gorgée. Ce bourbon n’était pas de meilleure qualité, mais il est très exigeant il faut dire et cela lui fit tout de même du bien.

«Ca ira pour cette fois, mais vous me devrez une faveur. Je ne sais pas quoi encore, mais dès que je vous le demanderais, vous devrez accepter. Sinon, vous pouvez dire adieux à notre arrangement». Dit-il sur un ton on ne peut plus sérieux.

«Concernant votre affaire, dites m’en plus. Tout se passe bien ? Si jamais on vous cherche des ennuis n’hésitez pas à me le dire, je peux aussi m’en charger». C’est vrai qu’il peut se montrer très compréhensif, aussi il connaît quelques gros bras qui font du bon travail aussi bien d’intimidation que plus.

Echange de bons procédés

Epona n'était pas une simple éleveuse de chevaux ou une sauveteuse de chevaux. Son postulat allait bien au delà et parfois pour combattre le mal, il faut user du mal. Cela ne la réjouissait guère mais parfois les choix étaient beaucoup trop restreints pour faire dans la dentelle. Si elle était la première à considérer que l'humain avait besoin de temps pour apprendre et évoluer positivement. Elle savait aussi qu'il fallait parfois lui foutre un gros coup de pied aux fesses pour le faire avancer. La méthode douce ça ne marchait pas avec tous. C'était pas ce qu'elle faisait avec ses chevaux mais les chevaux, c'était différent. Ils avaient un instinct et non une conscience au sens humain. Ils ne se perdaient pas dans les volontés de richesse ou de puissance. C'était plus simple alors que les hommes avaient tendance à tout compliquer.

Mais pour faire la guerre, il fallait des moyens et si elle ne manquait pas de moyens pour le quotidien, pour ce qui était des opérations non officielles, c'était autre chose. Etrangement, ou pas, c'était aussi celles qui coûtaient le plus cher. Argent qu'elle devait trouver quelque part et elle n'avait pas 36 moyens d'y arriver. C'était de l'argent sale. Enfin, c'était une vision humaine de la chose. Elle, ça lui posait bien moins de problèmes moraux.

Arrivée au bar, elle ne tarda pas à voir arriver son interlocuteur. Superbe et charismatique comme toujours. Il n'était pas le genre à tourner autour du pot et même boire un verre, comme un simple humain, semblait quelque peu l'agacer. Pourtant, il fallait bien donner le change et se fondre dans la masse pour passer inaperçu. Ne tenant pas à prendre plus que nécessaire de son temps, la déesse alla droit au but et évoqua son besoin rapide d'argent.

Un léger stress s'empara de la déesse alors que le dieu semblait tiquer sur ses propos. Evidemment, même pour un dieu, il devait éviter d'avoir quelques problèmes avec les autorités. Elle était bien placée pour le savoir. Elle bénéficiait de la protection de Týr sur la question des autorités. Néanmoins, elle faisait en sorte d'éviter d'attirer l'attention de trop sur elle. Les verres leur furent apportés et la blonde ne tarda pas à boire une gorgée. Le goût n'était pas déplaisant même si boire comme manger ne lui était nullement nécessaire.

Elle retrouva le sourire alors que Thanatos évoquait sa capacité à répondre à ses besoins en échange d'un service. Bien sûr, elle comprenait bien sa façon de faire.

« Soit. Je répondrai positivement à votre demande à deux conditions. La première est que cela ne doit pas porter atteinte à mon compagnon, Cernunnos, ou à ma disciple, et l'autre, que cela ne concerne pas mes équidés. En dehors de ces conditions, vous avez mon accord et je tiens toujours mes promesses. »

Epona se doutait que la faveur qu'il lui demanderait ne lui plairait pas forcément mais elle ferait ce qu'il faut et respecterait son engagement. Ce n'était pas son genre de briser une promesse. Elle but une nouvelle gorgée de son breuvage et sourit plus largement à sa remarque.

« C'est moi qui cherche des ennuis aux autres pour une fois. »

Elle avait parlé à voix basse pour qu'il soit le seul à entendre. L'ouïe particulièrement développé des dieux leur permettait d'avoir des conversations que certains croiraient silencieuses.

« J'ai besoin de certaines... armes. Il y a un gros groupe que je tiens à faire « sauter ». Mais pour ce faire, je dois mener une attaque bien précise. S'il vous prenait l'envie de venir m'aider, je serais ravie mais je crains que ce ne soit pas ce que vous aimez le plus. »

A la différence de beaucoup, elle n'avait aucun soucis avec le dieu de la mort. La mort et la vie allaient de pair et l'un ne pouvait exister sans l'autre. Pourquoi ne pas apprécier la mort si on appréciait la vie ? Non. Epona appréciait le dieu de la mort.

« Pour le moment, je n'ai pas véritablement d'ennemis. Quelques policiers curieux mais rien d'ingérables. J'ai quelques liens aussi dans ce milieu. Cela m'aide pour protéger certaines de mes activités. Les hommes manquent encore de maturité dans certains domaines. Ils polluent, tuent et se développent sans faire cas de leur espace vital. Comme des gamins, ils gaspillent et détruisent sans prendre conscience des pertes. Alors comme des gamins, il faut les remettre dans le droit chemin et leur donner parfois un gros coup de pied aux fesses vous ne pensez pas mon ami ? »

Audacieux comme terme mais pourquoi ne pas tenter une approche un peu plus amical. Elle ne demanderait pas davantage de faveur. C'était juste un rapprochement amical et un lien de plus à développer.

Echange de bons procédés

Blanchir de l’argent n’est pas à la porter de tout le monde, pour passer inaperçu des services de police, il faut gérer les choses avec finesse et intelligence. Chose qui ne le dérange, au contraire on pourrait dire qu’il y prend beaucoup de plaisir. Cette vie, c’est comme jouer à une bonne partie d’échecs, il faut bien choisir ses pions, réfléchir à comment les bouger, agir avec prudence tout en essayant à chaque fois d’avoir un coup d’avance. Chaque action qu’il fait n’est jamais le fruit d’un acte désintéressé, ainsi chaque service qu’il rend se doit d’avoir une contrepartie en retour. Par exemple là, il vient juste de conclure une importante affaire en revendant des diamants de contrebande à un riche client, argent qu’il a déjà réaffecté dans sa bijouterie et pour ses associés en affaires. Ainsi, refaire transiter une énorme somme d’argent serait risqué pour lui, mais Gwen est une allié auquel il tient, pas de manière affective, quoique sa compagnie ne soit pas désagréable, mais elle est respectueuse et fidèle, chose rare.

Alors, il lui propose d’accéder à sa requête en échange d’un service futur, il n’a pas encore décidé quoi, mais il a déjà une petite idée. Il est des fois invité à des galas ou soirées privées, il demanderait bien à la déesse d’être sa partenaire, cela ferait plus classe. Elle semble partante, ce que le ravit, en même temps, c’est dans son intérêt après tout. Pour faire cette requête, l’enjeu doit être de taille à ses yeux, cela titillait son intérêt. Elle lui imposait tout de même quelques restrictions qui le fit sourire intérieurement. Vraiment ? Il n’est pas si cruel tout de même, enfin si, mais avec elle non, il la traite avec un minimum de respect.

«Il va de soi que je ferais pas une telle chose, nous sommes alliés vous et moi, à ce titre vous avez le droit au respect qui vous est dû».

Il but ensuite une gorgée tout en écoutant son récit, n’en perdant pas une miette. Il afficha un sourire en coin lorsqu’elle lui parla d’un groupe qu’elle voulait faire sauter et lui demanda des armes. Quelle femme redoutable, pensa-t-il, le genre de personne qui vaut mieux pas se mettre à dos.

«Non, je n’apprécie pas vraiment de me salir les mains. Pour les armes, c'est faisable, mais ce ne sera pas gratuit».

En tant que dieux de la mort, il aime la côtoyer, être en contact. Les champs de bataille, les hôpitaux, les cimetières, ces lieux dégagent une telle énergie, il s’y sent bien. Il continua en lui disant que s’il elle avait des ennuis, il pouvait aussi s’en charger. Il retint qu’elle a des liens dans la police, elle doit sûrement parler de Tyr, il y a de grandes chances en tout cas.

«Vous voulez mon avis, je dirais que certains de ces humains se croient tout permis. Il aurait besoin d’une bonne leçon, mais pour cela il faudrait frapper fort. Il faudrait leur montrer que si l’on maltraite la nature, celle-ci peut se retourner contre eux».

Oui, leur montrer qui commande et que chaque action à ses conséquences.