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 (Terminé) Soirée sous couverture

Anonymous
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 (Terminé) Soirée sous couverture  Dim 4 Aoû 2019 - 17:41
Soirée sous couverture



"Par Zeus… Tout ça est d’un ennui… de mortels." marmonne Athéna, spectatrice d’un couple rasoir qui picore sur la terrasse d’un restaurant huppé du centre-ville.

Sa respiration est régulière, pas haletante comme celle-ci peut l’être les nuits où la justicière cavale dans les rues de Philadelphie à la poursuite d’un malfrat éconduit à la va-vite par une justice débordée. Et pour cause, elle s’ennuie ferme ! Le repas ne s’éterniserait pas autant si les tourtereaux pouvaient avaler en quatrième vitesse au lieu de roucouler, se prenant sans cesse la main et se dévorant des yeux durant d’interminables minutes.

La Déesse de la Sagesse consulte l’horloge digitale sur le tableau de bord de sa voiture. 22h17. Ce soir, cela fait déjà plus de deux heures qu’elle file Joseph Hamill. Elle tient l’homme sous surveillance depuis un bon mois. Il n’a pas bougé d’une oreille durant tout ce temps, mais ça doit le démanger. Il doit ronger son frein, faire profil bas pour refroidir les pistes braquées sur lui. Du moins, s’il est véritablement impliqué dans l’agression brutale sur un SDF. Entre le gin, la drogue et son traumatisme crânien, la mémoire du piteux sans-abri lui a fait défaut pour une identification avec certitude. Quant au témoin de l’agression, il a été jugé peu fiable étant en état d’ébriété au moment des faits. Du petit lait pour le requin d’avocat de Hamill, malgré une carte d’identité et une courte séquence vidéo du témoin sur laquelle, en zoomant, on voit y apparaître l’espace d’un battement de cil les traits d’un individu en costume cravate ressemblant à Joseph Hamill, ainsi que deux autres agresseurs dont on ne voit malheureusement pas les visages. Dans l’urgence de la situation, le témoin a dû parer au plus pressé, soit courir porter secours et arrêter l’étripage en règle. Dans l’intervention musclée, un portefeuille est tombé. Il contenait la carte d’identité de Hamill.

Athéna se dodeline dans son siège ; l’inconfort de sa position commence à saper sa patience. Elle a toujours une gêne du côté de son flanc gauche. La guérison prend du temps, davantage qu’autrefois. Un nouveau coup d’œil à l’heure. 22h23. Et ils mangent encore leur salade d’entrée ! Irene attrape son sac et sort de la voiture. Elle assujettit la bandoulière de son sac à son épaule. Le temps de ce geste d’ajustement, et elle revient à la raison. Son accoutrement – débardeur, jean slim et tennis – détonne avec le standing du restaurant, on ne va pas lui donner une table. Et si on l’acceptait, son entrée se fera remarquer. En désespoir de cause, elle lève la tête vers le ciel.

*J’ai besoin de Týr*

Ou pour lever tout malentendu, c’est souvent qu’on dit que le temps passe plus vite en bonne compagnie. Et en l’occurrence : en simple compagnie. Elle ne se fait pas d’illusion sur le peu d’enjouement de son Vice-Primat. Elle n'a pas le choix, c'est lui ou personne. En quittant le bureau, elle s’est séparée de Douglas qui partait prendre son tour de garde à Sanctum. Aussi, hormis Týr dont elle imagine qu’il passe ses soirées dans un vieux fauteuil défoncé au cuir craquelé qui est une invitation à l’introspection et à l’ivresse, à qui d’autres peut-elle faire appel ? Ses yeux repèrent le poste de guet où se sont perchés ses compagnons aillés. Elle marche alors vers un parc à proximité.

"Pólemos." appelle-t-elle s’étant dissimulée à l’abri d’un arbre.

Descendant de sa branche, le petit oiseau se pose au creux de ses mains.

"Férte mou píso Týr."

Comme pour la rabrouer, Pólemos lance de vigoureux piaillements. Athéna sourit ; il n’y a pas de doute la chouette mâle a compris qui ramener. Par rituel, elle a gratifié à ses chouettes une part de sa divinité, ce qui leur assure une longévité exceptionnelle. Après un long dressage, elle est arrivée à leur faire comprendre les mots en grec énoncés par sa voix. Afin d’encourager l’envolée du caractériel messager, elle appose un baiser sur le front de l’animal puis tend ses mains vers le ciel.

"Pigaíno !"

De retour dans sa voiture, Athéna reprend sa surveillance… sans doute vaine pour ce soir encore. Hamill va emballer sa prétendante et tout va se terminer sous la couette, à l’hôtel ou chez l’un des deux. Mais dans le doute... Est-ce que Pólemos devra voler jusqu’à Sanctum, ou trouvera-t-il Týr dans sa maison à Philadelphie ?

"… Hey de l’action !"

Elle se penche en avant pour mieux suivre la scène. Au milieu de la dégustation du plat principal, Hamill a murmuré à l’oreille de sa compagne quelque chose qui ne lui a pas plu du tout. La femme rassemble ses affaires, ne semblant pas vouloir entendre des explications. La demoiselle échappée au loin sans demander son reste, Hamill paraît n’en avoir cure, appelant civilement le serveur pour poursuivre son repas. Après une glace en dessert, il savoure un digestif, toujours élégant et détaché. Et en même temps cette façade paraît cacher quelque chose de bestial. Le serveur apporte l’addition. Hamill s’en acquitte. Il se lève et commence à s’éloigner à pied du restaurant.

À nouveau Athéna prend son sac et sort de sa voiture. Elle entend les bruissements d’ailes d’Eiríni qui ne vient pas à elle, mais s’éloigne dans les airs. Pólemos est de retour, à pic. Ou presque Hamill atteint bientôt l’angle d’une rue. Elle va le perdre, si elle traîne. C’est là qu’elle aperçoit enfin Týr qui ne lui est plus très utile… Hamill s’arrête, fouille ses poches tout en se retournant machinalement. Les pas d’Irene battent un rythme précipité, tandis que la jeune femme court se jeter au cou de Godric. Elle ne s’embarrasse pas de paroles, n’ayant pas le souffle pour parler. Aussitôt elle appuie sur la nuque du Nordique pour qu’il se penche vers son visage et qu’elle puisse… regarder par-dessus son épaule. Hamill sort un paquet de cigarettes qu’il tapote pour en faire glisser une qu’entre ses doigts il allume. Il jette un vague coup d’œil dans leur direction. La tête d’Irene se décale pour se dissimuler par la carrure de Godric.

"Tu as pris ton temps."

*Aurai-je perturbé tes projets de la soirée ?* ne demande-t-elle pas, ne voulant pas devoir lui dire que sa présence n’est plus de première nécessité.

Afin de donner une contenance à leur posture, l’une des mains d’Irene nichée dans les cheveux du Dieu Nordique glisse en langueur sur le visage de ce dernier. Elle fait alors courir son index le long de sa mâchoire, taquinant sa barbe de trois jours. Soudain ses doigts descendent sur son col où elle pince une plume.

"Je comprends mieux ton retard. Vous avez encore fricoté."

Dans un sourire amusé, elle penche sa tête en arrière pour souffler sur la plume qui virevolte au-dessus d’eux. Elle repose sa main sur son épaule et se hissant, elle aperçoit que Joseph Hamill écrase sa cigarette de la pointe de sa chaussure, prêt à reprendre son chemin.

*Non pas déjà !* raisonne une voix dans la tête de la Déesse.
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Dorian Kerr
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Dorian Kerr
Âge et date de naissance : Incarné à 36 ans, enveloppe née en 1983.
Métier/occupation : Agent du FBI ♆ Dieu justicier.
Cible touchée par Cupidon : Cœur inconsolable, à jamais épris d’une déesse éteinte.

Panthéon d'origine : Nordique
Divinité incarnée : Týr (ciel, ordre, justice, serment, guerre juste, victoire, stratégie).
Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Re: (Terminé) Soirée sous couverture  Mar 6 Aoû 2019 - 6:53
Soirée sous couverture

Le dieu de la stratégie consulte sa montre à gousset, fabriquée à partir de matériaux nobles et gravée d’élégants motifs stylisés. Au centre de son couvercle protecteur, la flèche de la rune Tiwaz pointe vers le ciel dans un revêtement aux reflets irisés.
20h37.
Cent soixante-dix-huit années se sont écoulées depuis la mort de l’horloger suisse qui lui a offert cette montre en offrande – le summum de la technologie, à l’époque.
Et vingt minutes se sont écoulées depuis qu’Athéna la tisseuse file Joseph Hamill. En vain. Piètre arachnée. Combien d’heures a-t-elle passées à suivre cet humain au cours du mois dernier ? Le décompte donnerait assurément froid dans le dos.
Debout sur le parapet du toit d’immeuble où il surveille discrètement la justicière, Týr pousse un long soupir. Amer. Si la patience est une vertu, pareille débauche d’inefficacité est une tare chez une Primat de l’Ordre. Philadelphie compte suffisamment de criminels, trop de criminels dangereux pour qu’une déesse de son rang cède à une chasse infructueuse.
À un comportement obsessionnel.

Comme celui qui te fait veiller sur elle, se rétorque à lui-même le dieu sage, adepte de la dialectique socratique.
Týr a prêté serment d’honorer sa charge de Vice-Primat jusqu’à sa destitution, ou au décès de son enveloppe physique – un retrait définitif, dans son cas. Pas de jouer auprès de sa supérieure le rôle d’un gardien ou d’un serviteur. Athéna peut déjà compter sur une cohorte de zélateurs et fidèles disciples pour s’acquitter de ces tâches.

Il redescend sur le toit, plisse les yeux pour ajuster sa vue rompue à l’observation. Posté sur leur nichoir en contrebas, le belliqueux Pólemos presse son petit corps trapu contre la paisible Eiríni. Les deux chouettes jouent de l’incroyable souplesse de leur tête pour guetter les alentours sans se mouvoir, unies dans leur mission et leur dévouement.

— Simples sont vos vies, pure est votre allégeance. Pourquoi le monde n’est-il pas à votre image ? s’interroge le dieu dans un murmure.

Týr se posait déjà la question mille ans plus tôt.
Aujourd’hui, la résignation est la seule réponse qui lui reste.


— Kiou kiou ! Kiou kiou !

D’un geste vif, Godric se retourne et pointe son pistolet en direction du cri. Les réflexes affûtés du corps viking ont sauvé le dieu à maintes reprises au cours des siècles, bien que Týr soit un dieu prudent et réfléchi.

— Que me veux-tu, emplumé à la rancune tenace ? Apportes-tu un message de ta maîtresse ?

Pólemos bat des ailes afin de maintenir sa position, plonge ses pattes griffues en avant, bien en évidence.
Aucun billet en vue.

— De mieux en mieux, lance-t-il sur un ton de reproche. Athéna suit un mauvais poisson pendant des heures, mais ne trouve pas trente secondes pour m’écrire ce qu’elle attend de moi. Tu aurais dû refuser et jouer correctement ton rôle de messager, Pólemos.

La chouette chevêche jette son regard sévère sur l’agent du FBI, lequel renvoie à l’animal un œil torve.

— Je suis en mission, cela fait trois mois que j’attendais le bon tuyau pour saisir ces canailles en flagrant délit. (Godric désigne un groupe de personnes à l’allure louche, regroupées sur un quai d’amarrage du port industriel.) Alors à moins que ce soit une question de vie ou de mort, fais comprendre à Athéna que moi, j’ai du vrai travail ce soir.

Depuis leur lointaine collision accidentelle, Týr a toujours suspecté les hargneux volatiles de comprendre leur langage. Sans doute pas le sens de chaque mot, mais au moins leur signification générale. Athéna ne leur donne-t-elle pas des ordres en grec ancien ? En feignant la stupidité – et elles y réussissent très bien –, Pólemos et Eiríni se libèrent de toute responsabilité. Elles profitent de la confortable protection de leur naïve déesse.
Mais Týr n’est pas dupe.

— Kiou kiou ! Kiou kiou !

Les ailes de Pólemos accélèrent leurs battements ; l’animal vient griffer la poitrine du Nordique, qui repousse l’animal de sa main fragile.
Athéna doit être en danger. Týr n’imagine pas d’autre explication.

Et son attitude change du tout au tout.

— Vole dans sa direction. Je te rattrape. (Regard sévère de la chouette.) Je t’en fais le serment. Et ne fais pas semblant de ne pas comprendre, ou d’ignorer ce que cela signifie pour moi.

— Kiwitt ! Kiwitt ! crie Pólemos en s’envolant vers le centre-ville.

L’agent du FBI prend quelques clichés du groupe de suspects à l’aide de son téléphone. Il décolle du toit, contacte un collègue, transmet les photos tout en suivant Pólemos dans les airs.
Leur présence discrète passe inaperçue au-dessus des lumières de la ville. Týr rattrape la petite chouette, la saisit de sa main gauche et la serre contre lui.

— Tu es trop lent, messager à plumes. Je continue dans la direction que tu as fixée, agite-toi quand je devrais m’arrêter.


— Kiou kiou ! Kiou kiou !

Par tous les dieux de l’Asgard, elle est encore après ce mortel…

Trop tard pour faire demi-tour. Týr libère Pólemos, qui vole rejoindre sa dulcinée. En bombant l’équivalent de son torse, croit remarquer le dieu du ciel.

Pour le dieu du ciel, l’atterrissage est brutal.

— Qu’est-ce q…

Qu’est-ce qui lui prend ?

Les pas précipités de la sage déesse battaient l’annonce d’un fait grave ; le rapprochement de leurs visages augurait la confidence d’un secret que seuls Primat et Vice-Primat sont en droit de connaitre.
C’est pourtant une main audacieuse qui s’infiltre dans ses cheveux blonds, une voix taquine qui profère une affligeante banalité.

Týr connait suffisamment Irene pour y déceler l’absence de vindicte. Ses sourires enjôleurs attirent la sympathie, éveillent l’adoration, pourtant face à l’injustice ou contrariée la déesse sait gronder comme le tonnerre – probablement le seul héritage que Zeus lui a légué.

— Adresse tes reproches à ta chouette, si chou… choutée et dodue qu’elle s’essouffle après deux battements d’ailes.

Le doux contact de l’index sur sa joue produit un effet étrange sur son enveloppe. Le ramène à des souvenirs lointains, ancrés dans ses cellules figées dans un éternel passé.
Il réalise la promiscuité de leurs corps, l’embarras de leur posture. Espère que l’enveloppe de Godric a perdu l’habitude de rougir au fil des siècles.

Sauvé par la chouette ! dont une plume offre une distraction inattendue.

— Pólemos s’est fichu de moi. Comme tu te fiches de moi.

Le dieu se décale, faisant obstruction au regard d’Irene. Qu’il capte de ses yeux pâles.

— J’ai sacrifié une main dans un lointain passé, mais jamais je n’ai souffert de cécité, Athéna. Viens-en aux faits.
Me crois-tu aveugle à tes coups d’œil incessants ? Imagines-tu que j’ignore le motif de ta présence ?
(D’un geste maîtrisé, il effleure le flanc gauche de la justicière blessée.) Que je ne suis pas au courant des risques que tu prends, le plus souvent seule ? Des blessures que tu reçois, malgré la fierté qui t’éloigne de nos guérisseurs ?

Dois-je te rappeler le prix de ton audace ? Le nombre d’enveloppes que tu as perdues ? se retient-il d’ajouter, respectueux des choix de la déesse.
Un silence astreignant, car l’idée qu’elle perde ce corps dont il n’a jamais été aussi proche lui est chaque jour plus déplaisante.
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 Re: (Terminé) Soirée sous couverture  Lun 19 Aoû 2019 - 17:58
Soirée sous couverture

Dans sa position de procureur fédéral de Philadelphie, Irene Whitestone passe le plus clair de son temps à attribuer les procédures aux substituts, à veiller au bon fonctionnement ainsi qu’à l’avancement des dossiers, quand elle n’est pas dans la paperasserie ou dans les tracasseries politiques. Toutefois, elle se refuse à se cantonner au rôle d’administrateur-superviseur en se retirant des prétoires. Aussi plaide-t-elle régulièrement sur des dossiers symboliques, gardant ainsi la main sur le terrain. On loue son investissement sur tous les fronts, mais son mérite est moins admirable qu’on le pense : Irene n’a pas l’entrave des besoins physiologiques de la condition humaine.

Dans l’affaire de Me Joseph Hamill, c’est l’un des substituts de son bureau qui est chargé d’instruire l’enquête. Le suspect et la procureure n’ont donc pas eu affaire l’un à l’autre. Néanmoins, tout le monde se connaît de vue dans le microcosme du Palais de justice. Sans parler qu’elle fait partie des visages que les gens du barreau se doivent de connaître. Aussi n’a-t-elle pas tergiversé à se ruer sur Godric – paravent providentiel – dès l’instant où notre agresseur présumé d’un sans-abri a esquissé un demi-tour dans sa direction.

Mue par l’élan de précipitation – et non d’impatience ou encore de passion, comme doivent se méprendre les témoins de la scène – Athéna noue ses bras autour du cou de son Vice-Primat et l’attire vers elle afin d’offrir ce qu’elle espère être le tableau des retrouvailles d’un couple banal. En vérité, elle improvise afin de pouvoir épier son suspect sans que ce dernier la repère. Complice malgré lui, Týr paraît surpris, décontenancé et autre chose qu’elle n’arrive pas à définir. Elle lui lance une remarque faite en passant, tandis que dans son coin, Hamill se livre à une pause nicotine.

*Une entrée en matière en humour ?* s’étonne-t-elle, néanmoins ravie de rire doucement.

"Ne plaisante pas avec lui sur ça, d’accord ?" le met-elle en garde de ne pas ajouter de l’huile sur le feu, même si la chouette ne saisira pas les paroles de Týr. "Pólemos est chatouilleux sur ses performances en l’air. Surtout dans la comparaison avec toi qui vole sur ses plates-bandes sans ailes."

Alors que le temps passant à se côtoyer tisse des relations plus pacifiques entre ses chouettes et son entourage familier, l’hostilité demeure perpétuelle avec son Vice-Primat actuel.

Hamill tire sur sa cigarette et recrache un nuage nocif vers les cieux. Il regarde la fumée s’élever en volutes molles, l’air de passer en revue ses options pour la fin de soirée.

Dans la peau de l’amoureuse, Athéna ne se départ pas de la belle assurance qui guide ses gestes et ses paroles. Elle n’éprouve aucune gêne par rapport à l’étreinte – asexuée lui semble-t-il. Force lui est pourtant de constater que les souvenirs de ses enveloppes ne lui ont donné qu’une très vague idée des sensations que procure le toucher. Elle respire sur le dieu du ciel la fraîcheur unique, pure et vivifiante de l’air. Les caresses qui lui viennent aisément l’auraient menée plus loin dans l’exploration, néanmoins, son errance se voit dévier sur le col de son prétendu soupirant. Ses doigts y pincent alors une plume de chouette. Pólemos a-t-il embrigadé le dieu nordique avec turbulence ?

L’avocat jette son mégot sur le trottoir et l’écrase, ayant visiblement délibéré sur sa prochaine destination. L’étreinte ne se justifie plus, en outre, si elle ne talonne pas Hamill, elle va le perdre de vue au bout de la rue. La justicière sait ce qu’elle est supposée ressentir : la bougeotte. Elle sait aussi ce qu’elle est supposée faire : rompre l’étreinte. Or, le corps d’Irene est resté immobile, bloqué entre deux volontés opposées. Perturbée, elle s’en trouve encore plus contrariée lorsque son champ de vision s’obstrue. Aussitôt elle plisse les paupières comme si cela peut presser son Vice-Primat de s’expliquer.

*Je ne m’attendais pas un instant à ce que cela t’échappe.* proteste le regard aiguisé d’une Athéna très consciente du discernement du dieu de l’Ordre.

Justement, l’une des qualités l’ayant décidée à le choisir pour la seconder dans ses fonctions à Sanctum. Sans crier gare, la confusion se peint sur le visage d’Irene. Et si jusqu’alors leur proximité ne l’embarrassait guère, la main de Godric qui lui a effleuré par-dessus la veste un point de vulnérabilité a tout soudain conféré un malaise à leur rapprochement. Cela n’a pas échappé à l’instinct affûté de ses chouettes dont les hululements lointains présagent une attaque aérienne en piqué.

"L’acuité de ta vision n’est pas en défaut, Týr. Par contre, je ne peux pas en dire autant de ta perspicacité." le reprend-elle en se séparant brusquement de lui, comme sous le coup d’une vive brûlure.

Elle baisse les yeux à l’endroit de son hématome dont le lent processus de guérison la confronte sans équivoque à sa perte de puissance. Elle pourrait faire appel à un guérisseur divin pour en terminer avec la douleur lancinante, mais elle ne souhaite pas ébruiter l’erreur d’appréciation qui lui a valu de se ramasser une bourrade de plein fouet.

"Si tu es au courant de bien des choses me concernant, tu ne sembles pas me connaître assez pour savoir ce dont je n’ai pas envie d’en parler en tout cas..."

Son reproche se perd dans une bourrasque qui lui frôle les oreilles de chaque côté. Réalisant la menace qui fonce sur Týr, elle met alors de la distance entre eux, ne voyant pas mieux à faire pour calmer la furie des rapaces. Attirés par les piaillements, un serveur et des clients du restaurant accourent.

"Ces pigeons ont la rage, ils vont le déchiqueter !"
"Il font plutôt penser à des moineaux.."
"Il faut l’aider !"
"Une tape-mouches, quelqu’un a une tape-mouches ?"

*Fermez-là ! Ça serait une tuerie, si Eiríni et Pólemos pouvaient vous comprendre*

"Non non, restez calme, c’est bon ! Ça a l’air impressionnant, mais ce n’est rien. Ne vous approchez surtout pas !" maintient-elle l’attroupement heureusement trop éberlué pour penser à immortaliser avec leur téléphone.

Après quelques minutes de battements frénétiques d’ailes avec intimidations de coups de griffes, les assaillants remontent en hauteur.

"Voyez. Un peu ébouriffé, mais en un morceau. Ce succès, ça lui arrive à chaque fois qu’on sort. Il est tellement grand, il attire les oiseaux qui l’adoptent comme perchoir." plaisante-t-elle en restant à bonne distance du dieu.

Pendant que les autres s’enquièrent de l’état de Godric, elle observe qu’évidemment Hamill a disparu. De même qu’Eiríni et Pólemos, sans doute sur la piste du suspect.

"Merci pour votre sollicitude. Sa chérie va prendre le relais maintenant, si vous le voulez bien. Chouchouter est ma spécialité. Il me le dit tout le temps."

Souhaitant la bonne soirée à l’attroupement, elle prend le bras de Godric et l’entraîne promptement vers le coin de la rue.

"Malgré le temps souvent perdu ou les risques qu’il y a à agir (Au tournant, sa main descend le long du bras du dieu des serments et elle entremêle leurs doigts.) les actes odieux de violence gratuite nous obligent à intervenir lorsqu’un criminel s’en sort en tout impunité, ne le crois-tu pas, Gardien de mes nuits ?"

Quel sens à l’immortalité, si ce n’est pas d'ouvrir des opportunités de mettre sa pierre chaque jour pour un monde plus juste ? Sans attendre de réponse ni de réaction, elle l’entraîne aux pas de course sur les traces de Hamill qu’ils retrouvent dans une rue animée par les bars. Accoudé à un tonneau, l’avocat boit le deuxième shooter de la série de quatre alignés devant lui. Dans le dos de Hamill, Athéna réquisitionne un tonneau dont les verres des clients tout juste partis n’ont pas encore été débarrassés.

"Je suis désolée pour l’accrochage d’avant, elles ont dû juger ton geste déplacé." (Puis sur un ton confidentiel, elle revient sur une mise au point : ) "Si ton rôle est de protéger les arrières de la Primat de l’Ordre, il ne t’incombe pas de me garder à l’œil sur mes autres activités. Dorénavant, épargne-toi la peine d’une telle surveillance."

Pour veiller à sa sécurité, elle peut compter sur ses disciples qui endossent cette responsabilité avec un zèle sans commune mesure. Au péril de leur propre vie, et c’est pourquoi, elle restreint leur mobilisation. La perte de Hermias – à ses côtés durant presque un siècle – lui est encore douloureuse.

Réduisant l’espace imposée par la largeur du tonneau, elle se penche en avant comme pour mieux offrir ses lèvres… alors qu’elle espionne Hamill descendre son quatrième et dernier shot.

"À quoi s’enivrent les mortels en galante compagnie pour ne pas s’assoupir au bout de cinq minutes à se fixer d’un air fasciné ?"

A ce moment-là, la serveuse qui atteignait leur table, rebrousse chemin. Elle repassera plus tard pour la commande. Ce n’est pas dans le fond d’un verre que la cliente étanchera sa curiosité. Quant à l’étrangeté d'employer le terme les mortels, à 23h passés, c’est un début timide au florilège de discours abscons qu’elle interceptera ce soir.
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Panthéon d'origine : Nordique
Divinité incarnée : Týr (ciel, ordre, justice, serment, guerre juste, victoire, stratégie).
Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Re: (Terminé) Soirée sous couverture  Mer 21 Aoû 2019 - 6:53
Soirée sous couverture

Les lèvres de Godric se pincent après la mise en garde d’Athéna. Le voyageur a chevauché des montures de toutes les espèces, côtoyé pléthore de bêtes dressées qui nagent, courent et volent. S’il respecte la sensibilité et l’intelligence des animaux, il ne tolère pas leurs écarts de conduite – une forme de désordre.
Certes, Týr admire la dévotion inconditionnelle des deux chouettes – bellottes, n’avouera-t-il pas. Toutefois Athéna montre envers elles une clémence excessive. Une attention excessive, qu’à certains moments Týr leur envie.

Ses plates-bandes ? Je ne me contente pas de voler dans le ciel, je suis le ciel. C’est pourquoi je n’ai pas besoin de battre des ailes comme tes chouettes capricieuses. Tu devrais leur enseigner le respect, travailler à améliorer leurs performances, au lieu de les gaver de ton énergie. Regarde autour de toi le résultat du chouchoutage excessif. (Il désigne un couple avec deux enfants, tous obèses comme un nombre croissant d’Américains. Puis ancre un regard résolu dans les prunelles d’Irene.) Pólemos et Eiríni transmettent tes messages, elles représentent la Primat de l’Ordre. Je n’épargnerai pas leur susceptibilité, car leur comportement doit être irréprochable. C’est aussi mon rôle de t’en aviser.

Il aura néanmoins fallu que Týr masque Hamill de son corps, désigne la blessure dont souffre Athéna pour réellement capter son attention. Pour cesser d’être un banal ustensile entre ses mains doucereuses – en a-t-elle conscience ? – qui réveille son émotivité.

La séparation de leurs enveloppes charnelles génère chez lui un élan de frustration, mais Týr ne fait rien pour rétablir leur proximité.
Il n’en a guère le temps.

— Je… maudits oiseaux !

Les bras du dieu s’agitent autour de sa tête, repoussent les assauts de griffes et de becs. Une pointe acérée pique la main droite de Godric, fragile et sensible, lui arrachant un râle de douleur.

— Idiotes à plumes ! Blocs de glaise empotés ! Épouvantails à oisillons !

S’il ne s’agissait pas des chouchoutes d’Athéna, Týr aurait saisi chaque animal de sa main gauche avant de les propulser au loin.
Athéna qui bien évidemment ne prend guère la défense de son Vice-Primat, démontrant une fois encore sa partialité, sa préférence pour les ailées. Elle pousse l’offense jusqu’à plaisanter de la situation.

Le jour funeste où Týr s’est fait dévorer la main lui revient en mémoire. Un puits de douleur et d’amertume se creuse à l’intérieur de sa poitrine. Les moqueries d’Athéna et les interjections de la foule lui rappellent les railleries des témoins de la scène macabre.

Le dieu déchu ne proteste plus. Se déplace lentement vers un couvert qui devrait gêner les mouvements des chouettes chevêches.
La stratégie porte ses fruits – ou fuient-elles pour une autre raison ?
Comble de l’humiliation, Godric se sent décoiffé et plusieurs personnes se pressent autour de lui. Il déteste avoir les cheveux en désordre.
Il déteste le désordre tout court.

C’est un bras crispé que saisit Irene, amoureuse fantoche qui affabule afin de tromper la foule – nouveau comportement indigne de sa part. Sa chérie ? Et puis quoi encore ? On n’emploie pas ce lexique à la légère.
Il sort un peigne de sa poche (accessoire indispensable à tout dieu qui se respecte), remet sa coiffure à l’identique en quatre gestes experts.

Guidé vers un endroit dégagé de la rue, Týr débloque ses mâchoires serrées afin d’arroser Athéna de remontrances méritées.
L’indignation s’éteint pourtant dans sa bouche, tel un incendie étouffé avant ses premières morsures, à l’instant où la déesse le précède de ses mots. Où ses doigts fins se glissent entre les siens. Un frémissement secoue l’échine du grand Nordique.

Comment peut-elle passer, en l’intervalle d’un battement de cœur, d’une attitude aussi irritante à une sagesse qui l’émeut ?

Car Athéna n’est pas une déesse à se perdre en longs discours théoriques, à la manière de son ami Thot. Elle joint l’acte à la parole, se lance à la poursuite de son suspect sans perdre le fil de sa pensée.
C’est une qualité qu’il admire chez la Tisseuse. Une lumière dans ses yeux pers, une énergie qu’il a perdue dans les affres de son existence jalonnée de déceptions.

Týr se sent à présent stupide, accoudé à un tonneau face à la déesse qui lui a redonné un noble but.
Il contrôle les alentours du regard, vérifie que nulle oreille indiscrète ne les écoute.

— Tu es Primat de l’Ordre, notre figure d’autorité suprême. Ton devoir est de ne montrer aucune faiblesse, de t’assurer que ton enveloppe reste au maximum de ses capacités. Mon devoir est de t’y aider, de t’inciter à quérir des soins après chaque blessure.

Il restaure l’union de leurs mains entremêlées, les soulève à hauteur d’yeux.

— Ce geste ne signifie peut-être rien pour toi, mais pour moi il représente beaucoup. Tu n’es pas seulement ma supérieure, tu es aussi le plus solide rempart contre les Vigilants.

Pour Týr, il s’agit nullement de « sauver » Sanctum, mais d’assurer une transition sans heurt vers le néant. Vers leur extinction inéluctable.
Le Nordique raffermit sa prise et poursuit son argumentaire :

— Un rempart se constitue de pierres solides, soudées les unes aux autres. Des pierres plus petites complètent l’ouvrage, avec chacune un rôle à jouer. (Il lève les yeux, cherchant les chouettes du regard, puis rétablit l’intimité de leurs regards.) Nous devons travailler ensemble. Plus étroitement, plus efficacement. Changer de stratégie. Autrement, je crains que nous courions à l’échec.

Un de plus, se retient-il d’ajouter.
Depuis sa nomination au rang de Vice-Primat, les Vigilants gagnent du terrain à Sanctum, la criminalité s’aggrave à Philadelphie. C’est la réalité des faits, aussi sûrement que le cœur de Týr bat la chamade après cet aveu fatidique. Dont la cadence subit une nouvelle accélération lorsque la déesse se penche en avant.

Elle ne va quand même pas…

Les lèvres roses gonflent sa poitrine d’un espoir insensé, l’hypnotisent. Ses barrières divines sont pourtant dressées, le protégeant de son aura charismatique. Il les observe avec fascination…

Le dieu s’attend à une parole sage, ou autre chose.
Puis s’étrangle.

Évidemment ! La déesse vierge ne comprend rien à ces choses-là.

Le passage – la reculade – de la serveuse offre un répit au dieu qui plonge dans les souvenirs de son hôte. Týr aurait bien accueilli une bière fraîche en cet instant de gêne, mais ne s’étonne guère du désintérêt d’Athéna pour ces breuvages.

Son expérience de dieu excède de peu celle de sa vis-à-vis. Týr a déjà éprouvé des sentiments affectifs au fil des siècles. Néanmoins, il s’est toujours refusé un rapprochement avec une mortelle. Pareille relation lui a toujours semblé injuste, déséquilibrée, contre nature. Quant aux autres déesses, aucune ne répondait à ses hautes exigences d’honorabilité et d’intégrité.

— On appelle ça l’amour, lui répond-il avec un léger trémolo final. Il s’éclaircit la gorge, reprend le contrôle de sa voix profonde. Celui que ton peuple appelait Philia, et qui évolue parfois en Éros. Faute de connaître ce sentiment, tu devrais au moins pouvoir y mettre un nom, sœur d’Aphrodite.
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 Re: (Terminé) Soirée sous couverture  Lun 26 Aoû 2019 - 21:19
Soirée sous couverture

Ses mains posées sur la nuque de son Vice-Primat, Athéna le serre contre elle. Chassez le naturel, il revient au galop. L’expression sied à un Týr revenu au sérieux qui cherche à lui faire la démonstration des dérives dues aux excès de chouchoutage. Son visage près du sien, elle se demande s’il partage une leçon qu’il a tirée d’expériences personnelles. Or même dans un lointain passé, elle n’a jamais entendu parler d’un animal emblématique rattaché au dieu du ciel… hormis le gigantesque Fenrir qui a peu, sinon rien en commun avec ses adorables chouettes chevêches. Un loup monstrueux, à l’instar de Joseph Hamill dans les yeux duquel elle entraperçoit justement l'éclair d’avidité du prédateur affamé d’exécution. Raison pour laquelle, elle ne doit pas lâcher l’affaire, malgré que sa surveillance soit infructueuse jusqu’à lors.

"Oui... Bon.. Bien.. J’aborderai ces sujets (*avec des réserves de diplomatie*) avec elles." opine-t-elle, tandis qu’elle lorgne l’avocat, cigarette au bec, qui emplit ses poumons de fumée

Ce n’est pas pour autant qu’elle croit trop cajoler Eiríni et Pólemos, néanmoins, elle se doute qu’il est plus facile de dégringoler que de remonter la pente. Aussi la sagesse la guide-t-elle à prémunir ses compagnons ailés de la difficulté à perdre du poids en masse. Et à la place de paraître vexée de devoir revoir son éducation jugée laxiste, elle fait courir le bout de son index sur le visage de Godric, approuvant en son for intérieur les conseils – bons au demeurant.

Le cœur d’Irene bat à son rythme habituel. Sa respiration est égale. Pourtant, on aurait tort de croire la déesse aux yeux pers dans un état franchement normal. Ce qui la trouble le plus, c’est qu’elle n’arrive pas à nommer les sentiments, ou plutôt la sensation qui l’habite. Elle ressent être en sécurité, à l’abri de toute inquiétude. Mais l’analyse de ce sentiment ne lui inspire aucune compréhension, et encore moins une prise de conscience sur l’émotion qui la gagne lorsqu’elle est à proximité du Vice-Primat de l’Ordre ou quand son image flotte dans son esprit... Hamill repart ; pourquoi son corps refuse-t-il de coopérer en embrayant à la suite ?

Týr touche la blessure au flanc gauche désormais pratiquement guérie, mais dont la Primat cachait soigneusement la douleur durant ces derniers jours, dévoilant ainsi une faiblesse chez elle. La situation devient soudain plus claire et Athéna se sent alors mal à l’aise. Se rebiffant contre toute discussion qui entraînerait à remettre en question les décisions qu’elle a prises de privilégier les causes à défendre au détriment de la préservation de sa puissance divine – ainsi que de la vie de ses regrettés disciples –, elle se sépare de Týr. Mais la mise à distance a trop tardé pour désamorcer la charge des boulets de canon aillés au diapason de ses tumultes émotionnels.

Si son Vice-Primat ne mérite certes pas de subir une vindicte en public, quelque part, l’attaque de ses alliées à plumes a le mérite d’évacuer le malaise. La tension abandonne la poitrine d’Athéna, tandis que le dieu nordique se débarrasse sans heurt de ses assaillantes. Après s’être assurée de l’envolée de ses chouettes sur la piste de Hamill, elle rejoint Týr devenu le centre d’attention de la délégation du restaurant. Et il n’en est pas heureux, à en juger par la contraction de sa mâchoire. Elle ignore le regard désapprobateur dont il l’épingle tandis qu’elle prend congé de l’attroupement, et lui agrippe le bras. Marchant côte à côte à bonne allure, ils atteignent le bout de la rue au tournant de laquelle ils se soustraient à la curiosité des regards. Aussitôt sa main file trouver celle de son Vice-Primat – impeccablement mis après une série d’habiles coups de peigne – et elle impose une accélération aux pas de course.

Hamill est repéré à la terrasse d’un bar où il s’envoie un alcool translucide aux reflets argentés dans un petit verre. À quelques tables dans le dos du suspect, les deux divinités s’installent autour d’un tonneau à la surface duquel des verres vidés n’ont pas été débarrassés. Athéna profite de l’intermède pour excuser ses frétillantes chouettes ainsi que faire une mise au point sur la surveillance dont elle est l’objet. À propos comme il l'est toujours, même si ce n’est pas de gaieté de cœur qu’elle écoute cette fois le dieu de la victoire lui rappeler les devoirs et les responsabilités qui sont les leurs.

"On m’a prodigué des soins." rétorque-t-elle d’un ton impénétrable qui semble condenser un long discours.

La compagnie de son divin père lui a fait l’effet d’un baume, pas sur la douleur physique, mais sur son moral. Et de poursuivre en minimisant :

"Je n’ai pas estimé devoir faire appel à un pouvoir guérisseur. C’est un bleu pour lequel un humain n’aurait pas été hospitalisé."

En dire davantage la conduira à mentir ; or elle n’emprunte jamais la pente savonneuse du mensonge qui n’est pas pieux. De toute façon, si Týr a le pouvoir de voler pour se percher dans les hauteurs, il n’est pas toutefois doté d’une vision à rayons X ni d’une super-ouïe. Il n’a donc pas pu savoir exactement ce qui s’était déroulé dans la chambre d’hôtel aux rideaux tirés. Tout au plus a-t-il dû la voir se tenir précautionneusement les côtes en montant dans sa voiture. De Hamill, le regard d’Athéna revient sur le Vice-Primat. Ce soir-là, l’avait-il suivie jusqu’à chez elle ? Se serait-il présenté si Zeus ne lui avait pas rendu visite ? Et ce qu’elle veut savoir plus que tout : en quoi une visite manquée de son Vice-Primat a-t-elle une quelconque importance ?!

*Qu’est-ce qui se passe ?* s’interroge une Athéna incommodée par les battements de son propre cœur, et gardant toutefois un regard calme posé sur les doigts entrecroisés si naturellement qu’elle ne songe pas à les défaire.

"Je suis d’accord. Nous le devons." (Délaissant Hamill et ses descentes éthyliques, ses yeux ne quittent pas ceux de Týr.) "Avoir des relations entre nous." (Elle marque un temps, non que sa phrase se termine, mais elle cherche le bon qualificatif.) "Symbiotiques pour mieux faire front aux Vigilants. Nos rangs se délient, de jour en jour." (Elle sourit en revanche pour la lueur d’optimiste chez Týr.) "Me méprendrai-je si je présume que la crainte que tu me partages est révélatrice chez toi d’un espoir qui ne veut pas s’éteindre ? Dans tes paroles, j’entends que l’échec ne sera pas pour nous une fatalité et cela me rend confiante pour notre avenir à tous, Dieu de la victoire."

À son tour, elle resserre la prise avec le dieu des serments. Ce geste n’est pas fait en l’air.

"Nous devrions marquer le coup..."

Et pour cela, les souvenirs d’Irene lui suggèrent d’entrechoquer des verres. Elle se penche en avant pour avoir un meilleur angle sur Hamill, tout en interrogeant sur une boisson aux vertus requinquantes. La réponse du dieu nordique ramène ses iris dans les siens.

"Je connais, ou du moins j’ai déjà été témoin chez d’autres avant toi du trouble qu’attise la beauté sensuelle d’Aphrodite."

Son sourire se voile, elle recule le haut de son corps et sa main se libère, avec le sentiment fugace de déception. Un autre que déesse grecque de la beauté, de l'amour et du plaisir ne laisse pas de marbre.

"Quant à connaître l’amour… crois-tu que ce soit un sentiment qui m’est totalement étranger ? Mon amour pour le monde n’entre pas dans les deux que tu as décrits, mais est-ce souhaitable d’aimer des êtres singuliers, alors que la vie d’un grand nombre dépend de nos décisions ?"

Dans les grandes décisions, il est tellement difficile de savoir si le choix qu’on voudrait prendre est le bon en toute objectivité. On voudrait toujours croire qu’on agit pour le mieux de tous, en son âme et conscience. Mais l’amour – encore plus que l’amitié – peut rendre égoïste. Il a le pouvoir d’effacer du cœur et de l’esprit tous ceux qui ne sont pas l’être aimé.

"Un cerf !" s’écrie-t-elle soudain dans l’indifférence du brouhaha ambiant.

Dans les souvenirs d’Irene, Athéna distingue le logo sur la bouteille de whisky qu’affectionnait l’Écossaise.

"Tu connais un whisky avec sur sa bouteille un cerf flegmatique ?"

La question posée, Athéna voit Hamill quitter son tonneau et reprendre sa route. Elle contourne son propre tonneau dans l’intention d’attraper la main de Týr, mais est-ce utile ? L’admirateur transi d’Aphrodite peut se mettre en route tout seul !
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Dorian Kerr
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Dorian Kerr
Âge et date de naissance : Incarné à 36 ans, enveloppe née en 1983.
Métier/occupation : Agent du FBI ♆ Dieu justicier.
Cible touchée par Cupidon : Cœur inconsolable, à jamais épris d’une déesse éteinte.

Panthéon d'origine : Nordique
Divinité incarnée : Týr (ciel, ordre, justice, serment, guerre juste, victoire, stratégie).
Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Re: (Terminé) Soirée sous couverture  Jeu 29 Aoû 2019 - 6:47
Soirée sous couverture

Týr prend conscience qu’il vit une heure charnière, unique dans sa longue existence. Parmi les milliers de serments prononcés, les multitudes de promesses entendues, rien ne se mesurait à cet engagement. En apparence un simple échange de paroles, dans un lieu de divertissement des plus banals, loin des tambours et des trompettes.
Une main entremêlée à la sienne, dont le contact intime réveille en lui une flamme qu’il croyait éteinte. Dont le souvenir s’évanouissait tel un navire disparaissant au large, point minuscule avalé par la ligne d’horizon.

Athéna est d’accord pour… pour quoi, au juste ? « Avoir des relations entre nous. » A-t-elle conscience de ce qu’un consentement ainsi formulé évoque, quand une femme regarde un homme droit dans les yeux, leurs lèvres à un demi-souffle de distance ? Bien sûr que non. Týr sent cuire l’extrémité de ses oreilles, comme si l’électronique d’une bouilloire y était reliée. « Symbiotiques… » Choix de mot original, inattendu, mais ô combien adéquat. Un adjectif qui implique une union harmonieuse, durable, scellée d’avantages réciproques.
Évidemment, dans la bouche d’Athéna il s’agit de politique, point d’autre chose. Tout comme la proposition de Týr ne souffrait d’aucune arrière-pensée. Faux, corrige son juge interne de sa voix monocorde, implacable. Un jugement sur lequel le dieu devra méditer au calme, dans son refuge à Sanctum.

— Peu importe ce que je crois ou ce que j’espère. Tu es notre porteuse de flambeau.
Je me suis longuement penché sur ton passé, Athéna. Je t’ai observée dans le présent. Des erreurs, nous en avons tous deux commises en grand nombre. Nous connaissons tous deux l’échec, la déception. Cependant les valeurs qui nous unissent sont restées sincères, pures et inaltérables comme les neiges éternelles des hautes cimes nordiques.
Jamais tu n’as dévié de ta noble mission. Jamais tu n’as cessé d’œuvrer pour la bonne gouvernance, de montrer la voie de la sagesse, de soutenir les justes causes.
Et contrairement à moi, tu continues à lutter avec une ardeur intacte.
Je te soutiendrai tant que tu brandiras cette flamme avec dignité, indépendamment de mes espoirs. Car tel est mon devoir de Vice-Primat, et telle est ma volonté de dieu libre. De cela, je te fais le serment.

Un je qui n’existera plus si l’enveloppe de Godric se désagrège – lorsqu’elle se désagrègera.

Leurs doigts se resserrent. Évoquent l’étreinte de deux amants. Týr ressent une vague de chaleur gonfler sa poitrine. Tarir son souffle. Emballer son myocarde.
Hier l’avenir formait un paysage stérile, sillonné d’un long chemin de déchéance ; aujourd’hui la vision du dieu se trouble comme l’air brûlant d’un désert.
Picotements aux tempes, début de moiteur sur sa peau. Il reconnaît dans les sentiments qu’il éprouve l’adoration que Godric Egilsson témoignait à son dieu. L’émoi qu’inspirait au chef viking le tendre sourire de sa dernière épouse – avec une intensité démultipliée.

Les paroles d’Athéna le ramènent à la réalité de l’instant présent. Elle souhaite « marquer le coup » ? Dans son monde d’origine, les accords se célébraient autour d’un festin, avec un flot ininterrompu d’hydromel – le Mjodr sacré – qui coulait à flots dans les cornes d’auroch.
Pour la déesse grecque, il doit s’agir de jus de raisin fraîchement pressé…

Alors que Týr éprouve la méconnaissance d’Athéna en matière de sentiments amoureux, le sceau de leurs mains jointes se brise sans crier gare.
Le sevrage est précoce, douloureux. Týr se sent comme un assoiffé à qui l’on retire son outre d’eau fraîche.
Pourquoi réagit-elle ainsi à la mention d’Aphrodite ? Le mythe de la pomme d’or serait-il fondé ? La sage Athéna garderait-elle de la rancœur envers sa sœur ? Éprouverait-elle de la jalousie à son encontre ? Maintes anecdotes la décrivent comme une déesse au tempérament capricieux… mais elles remontent à une ère ancienne, révolue.
Ce que Týr comprend très bien, en revanche, c’est l’amertume que l’on peut ressentir quand un simple sourire aguicheur dévoie des cœurs nobles. Quand des guerres se déclenchent pour une histoire de passion amoureuse.

— Ne me compare pas à ces humains ou, plus dégradants encore, à ces divinités qui se pâment devant les déesses de l’amour. La beauté d’Aphrodite est incontestable, mais ta sœur ignore le sens du mot fidélité. Elle joue avec le cœur et les désirs des mortels au lieu de chercher à élever leurs âmes. Sa conduite est déshonorable, souvent méprisable. Non seulement Aphrodite ne me trouble pas, mais elle m’inspire du dédain. Sans beauté intérieure, celle du corps est pour moi un leurre. Une tromperie. Un mensonge.

Týr humecte ses lèvres sèches. Il s’est exprimé un peu trop vite à son goût ; avec un excès de mots, comme s’il essayait de se défendre. Ses paroles traduisent pourtant avec exactitude son jugement. Athéna t’a vexé, analyse-t-il, plus exactement : tu ne veux pas qu’Athéna te prenne pour un homme frivole.
Il se retient donc d’ajouter que, au contraire de sa sœur au charme superficiel, le regard profond et les traits nobles d’Irene Whitestone reflètent à merveille la grandeur de son étincelle divine.

Une grandeur qui transparait à nouveau lorsque le mot amour glisse sur ses lèvres, sans effort, avec une universalité que peu lui prêtent.
C’est avec un calme serein que le Vice-Primat lui répond. Cette question le taraude régulièrement depuis des siècles.

— L’amour entre êtres singuliers constitue l’une des principales forces motrices de ce monde, Athéna. Connaître ce sentiment, c’est comprendre le fonctionnement de nos semblables – divins et humains. Cette compréhension permet de rendre des sentences plus justes, d’élaborer des stratégies plus efficaces. Nous pourrions disserter sur ce thème pendant des heures, mais je crains d’être moins… captivant que Thot. (Un sourire apparaît au coin de ses lèvres.) Et je te sais plus intéressée par la mise en pratique, que l’usage à distance de nos langues.

Avant que Týr réalise le double sens imputable à ses derniers mots, Athéna s’exclame comme pour décrire une vision au sortir d’un rêve.
Un cerf ?
Les sourcils du Nordique se froncent tandis qu’il cherche un sens caché, un symbolisme en rapport avec le sujet de leur conversation.
Une bouteille de whisky ?
Les commissures des lèvres s’effondrent. L’émerveillement laisse place à la déception. Parfois, comme à cet instant, Týr se dit qu’Athéna souffre d’une dissociation de la personnalité. Personnalité qui alterne entre la majestueuse déesse et l’humaine ordinaire, désolante. Un portrait qui, en outre, ne rend guère justice à la vaillante capitaine d’infanterie qui lui a légué son enveloppe corporelle.

— Glenfiddich, répond-il tout de même du tac au tac.

Les bouteilles au cerf ont envahi les boutiques américaines après la prohibition des années 1920, Týr s’en souvient encore.
Mais quel rapport avec la choucroute ?

Passant une fois de plus du coq à l’âne, la procureure de Philadelphie se redresse, repart en chasse. Son agent de liaison lui attrape la main au vol – une de ses spécialités – et l’arrête.

— Marquons le coup de manière plus honorable que ne le font les humains, symbiote.

La poigne du Nordique se raffermit, sans violence. L’enthousiasme détend les traits de son visage, qui affiche un sourire amusé.

— Tisse une toile de tes doigts habiles, Athéna Erganè. Trouve un lieu isolé, guide cette vermine jusqu’à cette impasse, entrave alors le fourbe dans les fils soyeux de sa destinée. Destinée que ton Vice-Primat va accomplir, et de nos efforts conjugués la justice sortira victorieuse.
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 Re: (Terminé) Soirée sous couverture  Sam 12 Oct 2019 - 21:45
Soirée sous couverture

Comme durant les instants d’ivresse où les rouages du temps se grippent, puis se suspendent, les yeux pers d’Athéna cessent de tanguer vers Joseph Hamill pour s’ancrer dans ceux de Godric. Bleus, comme les siens, mais à ceci près qu’ils sont fortement mouchetés d’un vert-de-gris dont l’éclat unique la captive. Ils se fixent mutuellement, tandis que Týr lui renouvelle son soutien, parlant du fardeau des erreurs, des valeurs inaltérables qu’ils partagent. À l’écouter alors, Irene palpite intérieurement. L’éloquence du dieu du ciel insuffle en elle l’espérance d’une aube de lumière et de grâce. Elle regarde leurs doigts s’enlacer si naturellement qu’on n’imagine pas cette intimité inédite entre eux. Le serment qu’il lui prononce trotte dans son cœur. Elle, douée pour lire entre les lignes, pour anticiper, pour comprendre, ne saurait se figurer s’il renferme également une promesse voilée. Elle sent pourtant que leurs mains jointes serrent fort – quand cela n’est absolument pas nécessaire.

Saisie par l’émotion, Irene paraît prête à laisser s’exprimer un élan né au tréfonds d’elle-même. Auprès d’aucun autre être, elle ne ressent cet emballement quand Týr est si près d’elle que son souffle contre sa peau ressemble à un baiser. Mais elle bat en retraite tout d’un coup avisant que l’euphorie émotionnelle pour son Vice-Primat est un état éphémère… du moins, prie-t-elle pour cela. La déesse vierge tient aux eaux tranquilles et rassurantes de leur relation d’entente amicale.

Leurs mains toujours entremêlées, Athéna meuble avec une question pétillante, ne laissant ainsi aucun étrange silence s’installer. Aussitôt elle fait montre d’un regain d’intérêt pour son suspect et dans l’intention de pouvoir mieux l’observer par-dessus l’épaule de Godric, elle se penche vers ce dernier… À la mention de sa sœur Aphrodite, elle éprouve une bouffée irrationnelle de jalousie. Et de déception. Comme tant d’autres, Týr serait-il subjugué par la plus désirable du panthéon grec ? Elle rompt le contact, prise d’un curieux malaise. Un frémissement court en elle. Frisson émotionnel plus que physique. Sitôt des souvenirs qu’elle n’a pas vécus remontent à sa connaissance et l’absorbent tout entière...


Sous un porche qui l’abrite de l’averse, une Irene tout juste la vingtaine crispe ses lèvres si fort que celles-ci rougissent au sang. À l’évidence, la jeune femme est en proie à une vive lutte intérieure. De deux choses l’une : ou elle s’emmure dans sa carapace d’indifférence ou elle s’élance malgré la pluie battante pour aller crever l’abcès. Les gouttes d’eau tambourinent inlassablement, alors qu’elle prend racine, à deux doigts d’éclater en sanglot. Quelle que soit la violence du chagrin qui la transperce, elle a encore le choix. Elle peut lui donner une occasion de s’expliquer. Retrouver la joie ineffable que sa seule présence peut lui procurer. Pourtant, impossible pour elle de se lancer et oser ouvrir son cœur…

Revenue dans le brouhaha du pub, Athéna lit le mot mensonge sur le mouvement des lèvres de Týr plus qu’elle ne l’entend. Ses mirettes se plissent. De quoi lui parlait-il ? Elle s’empêche de lâcher une question malheureuse. Elle n’a pas envie d’attirer l’attention sur le fait que son enveloppe humaine prend parfois le dessus. Elle n’a pas non plus envie de revenir sur la vie sentimentale de son Vice-Primat. Et elle a encore moins envie d’analyser pourquoi elle rechigne à entendre les détails de ses rapprochements avec la déesse de la beauté et de la séduction. Aussi rebondit-elle sur un grand mystère dont elle débat quelquefois avec Heimdall : l’amour. Si tous le magnifient dans l’aspiration de deux âmes à s’unir pour ne faire qu’un, pour elle, l’amour représente la responsabilité qu’on accepte pour toutes les vies de près ou de loin imbriquées dans la nôtre.

*C’est aussi la force la plus destructrice de notre monde.* pense-t-elle en écho au dieu nordique.

Elle songe à la folie meurtrière dans laquelle la passion peut faire basculer lorsqu’elle est trop brûlante ou qu’elle cesse d’être partagée entre les amants, cependant, le sourire qui s’ébauche sur la bouche de son Vice-Primat appelle le sien. À son tour, elle esquisse un sourire, amusée également par la boutade sur Thot qui n’a pas son pareil en logorrhée savante pour pousser à bout sa patience, mais déjà son esprit est happé par un autre souvenir...


Un vent tempétueux fait fouetter la pluie sur les carreaux d’une fenêtre. À l’intérieur de la demeure, un feu jette une chaude clarté sur les murs et le plafond, éclairant une pièce avec une vieille bibliothèque. La tête appuyée sur son bras, une Irene d’à peine trois ans est allongée par terre. Elle roule par moment, mais somme toute plutôt calme et apaisée. Près d’elle, ses grands frères – certains pressent un coussin contre leur ventre tandis que d’autres sont assis dessus – écoutent la lecture réclamée à leur père assis dans son fauteuil. La petite Irene ne comprend pas ce qui est lu, mais la voix de son père agit comme une berceuse. Il marque une pause. Elle le voit faire tourner son whisky dans son verre. Sous la lumière du feu, l’alcool prend la couleur d’une pièce d’or. Il boit une gorgée avec un tel plaisir, puis repose le verre près d’une bouteille sur l’étiquette de laquelle trône la tête d’un animal avec deux grands bois…

Athéna s’humecte les lèvres, la bouche comme sèche. Elle s’écrie sous l’impulsion de son enveloppe en quête d’un alcool nostalgique. À la promptitude dont fuse la réponse de Godric, les papilles de ce dernier doivent également avoir été ravies par la boisson qu’affectionne l’Écossaise. La déesse prend note et sitôt est poussée à reprendre la filature ; son suspect quitte le bar. Elle rejette l’envie qui la possède de se saisir de la main du Nordique, et le regrette aussitôt. Elle a l’impression de répéter une erreur déjà gravée dans son cœur… Tout d'un coup le contact de leur peau se rétablit, mélangeant leur chaleur, elle ressent alors un manque d’une nature qu’elle n’a jamais éprouvée auparavant se combler. À nouveau son cœur se met à battre à coups précipités. Une lueur d’impatience brille dans les yeux de la déesse du tissage au fil de la stratégie qu’expose son Vice-Primat. Elle sourit, se hisse sur la pointe des pieds… et atteint l’oreille – manque-t-elle sa cible première ? – au creux duquel sa voix souffle :

"Si mon cœur battait pour toi, Týr, le mot « aimer » ne rendrait pas justice à mes sentiments."

L’intensité de son excitation est proportionnelle à la rapidité avec laquelle elle revient sur son suspect pour mettre à exécution le plan. Ses prunelles se vissent sur Hamill et elle concentre pleinement son énergie. Et pour cela, elle s’empêche de se demander pourquoi elle a prononcé des paroles dont le sens lui échappe à elle-même. Faisait-elle simplement part de son enthousiasme pour l’ingéniosité du Vice-Primat de l’Ordre ? Dans des gestes agiles, précis et rapides, les doigts d’Athéna fendent l’air comme si elle tisse des fils invisibles. Titubant, Hamill poursuit son avancée, mais semble désormais tâtonner sur son trajet. Parfois sa marche est saccadée comme s’il décide à la dernière seconde où poser son prochain pas. Peu équilibré sur ses pieds, il ne paraît pas y prêter grande attention, plutôt concentré à ressortir une cigarette de son paquet et l’allumer. Pas après pas, l’Ergane d’Athéna rabat l’avocat dans une ruelle obscure.
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Dorian Kerr
Staff
Dorian Kerr
Âge et date de naissance : Incarné à 36 ans, enveloppe née en 1983.
Métier/occupation : Agent du FBI ♆ Dieu justicier.
Cible touchée par Cupidon : Cœur inconsolable, à jamais épris d’une déesse éteinte.

Panthéon d'origine : Nordique
Divinité incarnée : Týr (ciel, ordre, justice, serment, guerre juste, victoire, stratégie).
Pouvoir(s) : Victoire du juste : Les forces du destin concourent à lui apporter la victoire en influençant les actions, comportements et probabilités de façon surnaturelle. Capable d’octroyer cette bénédiction éphémère à un être vivant ou un objet en dessinant sa rune : Tiwaz ᛏ. Vigueur du ciel : Capacités physiques accrues (force, robustesse, réflexes, rapidité). À leur paroxysme sous un ciel azur, moins impressionnantes la nuit. Déclinent rapidement dans un lieu hermétique (souterrain, grotte, bâtiment sans fenêtre…), ou lorsque d’épais nuages camouflent le ciel. Vol diurne : Capable de léviter et se mouvoir avec facilité dans les airs, avec toute la charge qu’il est capable de porter. Plus le ciel est sombre, plus ce pouvoir le fatigue vite.
Point faible : Serment inaliénable : Contrevenir de façon volontaire à une promesse altère considérablement son essence divine, au point d’être expulsé de l’enveloppe charnelle. Seule la personne liée par le serment peut l’en libérer, de vive voix ou sous forme spirite après son trépas.

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 Re: (Terminé) Soirée sous couverture  Mar 15 Oct 2019 - 6:51
Soirée sous couverture

Týr n’attend rien de plus qu’un hochement de tête de sa Primat. Un signe discret, éventuellement agrémenté d’un trait d’humour allusif. Il y répondrait comme d’habitude avec une moue inexpressive, un subtil froncement de sourcils pour lui intimer un rappel à l’ordre. Puis le duo quitterait les lieux et accomplirait leur mission – modeste dans son ampleur, cruciale pour sceller le pacte solennel qu’ils viennent de nouer.
Car le dieu des serments a donné sa parole. Une parole qui engage son honneur, son intégrité. Une parole qui a davantage de valeur que sa vie prétendument éternelle.

Sans surprise, Týr détecte l’impatience d’agir dans ce magnifique regard qui lui soulève la poitrine. Un regard qu’il peine à soutenir sans révéler ses émotions, victime d’une bouffée de chaleur qui remonte de sa poitrine et rougit son visage pâle.

Il tend l’oreille, inspire en préparation d’un soupir. Attend que la déesse se hisse à son niveau pour lui souffler la dernière boutade sortie de son imagination débordante.
Quelquefois – trop rarement au goût de son Vice-Primat –, c’est une brillante stratégie qu’elle lui souffle de sa voix limpide. Que ne ferait-il pas pour lui prêter main-forte, à ces moments-là ?
Mais le sourire d’Athéna, joyeux comme le chant d’une rivière et communicatif chez tout autre que lui, la trahit avec la même certitude que l’accélération de son myocarde en sa radieuse présence.

Elle parle enfin.
En mots cousus de miel.

"Si mon cœur battait pour toi, Týr, le mot « aimer » ne rendrait pas justice à mes sentiments."

L’écho de la sentence se répercute à l’intérieur de son crâne. Résonne avec la puissance sacrale d’une cloche fondue dans le bronze, frappée d’un lourd battant. Týr en reste pantois. Immobile, figé dans un état de stupeur tandis que la reine des chouettes s’envole à la poursuite de sa proie.
Le cœur du Nordique, qu’un excès de peines et de désillusions contraint à la modération depuis sa lointaine déchéance, s’emballe comme une charge de guerriers vikings. Martèle puissamment sa poitrine comme les Nains de Nidavellir battaient jadis le fer rougeoyant. Le choc retentit jusqu’à ses tempes ; les tambours d’un avenir constellé de glorieux événements grondent à ses oreilles.

Que n’a-t-il point saisi ? Où se situe le comique dans cet aveu qui rougit ses yeux clairs, les voile d’une couche humide ?
La déesse vierge n’a jamais aimé un individu, divin ou mortel.

C’est vrai. Mais son âme originelle s’est mêlée aux âmes humaines de ses réincarnations successives, comme l’âme de Godric Egilsson s’est fondue dans la tienne. La pureté originelle d’Athéna survit dans les légendes et les souvenirs du panthéon grec, non en son sein. Dans le monde d’aujourd’hui, elle n’est plus et ne sera jamais restaurée.

Týr force son enveloppe à prendre une grande inspiration et chasser l’air de ses poumons. Ses muscles sont tendus ; il doit réprimer les tremblements nerveux qui menacent son apparat de stoïcisme.

Mille ans de contrôle sur ton corps de guerrier pour réagir comme un adolescent à ses premiers émois. C’est pitoyable.

La voix du terrible juge intérieur se montre pourtant complaisante, presque amusée. Serait-ce de l’ironie ?

Godric se met en marche. Une des principales forces motrices… Son pas est résolu. Dans ses veines coule une énergie nouvelle, douce et chaleureuse, qui boute aux frontières de l’exil la morne torpeur qui l’accablait.
Son poing gauche, le vaillant des deux, se resserre. Il ressent dans chaque fibre de son être la ferveur des fidèles, des hommes et des femmes qui ont un jour cru en lui. Une force mystérieuse que son essence divine collecte et investit avec sagesse. Un stratège doit toujours préserver ses ressources afin de gérer les situations inattendues, se justifiait-il. Pas aujourd’hui, se réjouit-il dans un sourire libérateur.

Týr rejoint Athéna, s’arrête à son niveau. Épaule contre épaule, alliés jusqu’à ce que leurs essences divines se consument et meurent. Il en est persuadé, comme il est à présent certain des sentiments qu’il éprouve pour elle.

— Les Nornes de mon panthéon se réjouiraient d’un tel spectacle, commente-t-il avec un enthousiasme contenu.

Les doigts de la tisseuse se crispent sous l’effort. Týr ne peut réprimer une œillade sur le visage d’Irene, tendu et beau. Quelles pensées la traversent derrière ce masque de concentration ? Sont-elles semblables aux miennes ? La main droite de Godric, dénuée de vigueur, se pose sur l’épaule de la déesse guerrière avec la légèreté d’un flocon sur un duvet neigeux.

— Tiwaz, prononce-t-il d’une voix grave, sacrée. Deux phonèmes issus d’un âge où les Nordiques dressaient les bras vers le ciel avec crainte, respect et dévotion.

L’atmosphère s’épaissit autour du dieu de la victoire, chargée du poids du destin. Elle englobe Athéna, sans l’affecter, puis s’étend jusqu’à Joseph Hamill dont la démarche vacille sous l’effet des fils invisibles.
Puis engloutit le mortel.

La main de Godric glisse avec douceur sur sa partenaire symbiotique. Le Nordique regarde droit devant lui, continue d’avancer sans entrave. La toile d’Ergane traverse ses jambes sans les entraver, inopérante sur l’incarnation divine.

Hamill va pour traverser. Un autobus ralentit et s’arrête. Bloque la circulation. Le chauffeur vient d’être saisi d’une crampe soudaine qui l’a fait appuyer sur la pédale de frein.
L’avocat crapuleux émet un grognement de mécontentement, allume une cigarette. Cède à la manipulation d’Athéna et renonce à traverser.
Non loin sur le trottoir, un basset rondouillard tire sur sa laisse et défèque en l’état. La boîte de lapin courgette qu’il a avalé avec appétit lui pèse sur les intestins depuis la matinée.
Un homme juché sur une trottinette électrique, écouteurs aux oreilles, dévie sa trajectoire pour éviter l’immondice et bouscule Hamill. Guidée par les fils d’Athéna, la proie bifurque dans une ruelle obscure.
Avec Týr sur ses talons.
Qui fait signe à la tisseuse de le suivre à distance.

— Tiwaz, invoque à nouveau le dieu, préservant juste assez d’énergie pour la touche finale de son plan.

Voici mon offrande, ô Athéna. À notre alliance et la justice que nous sommes voués à répandre. À toi et ta noble essence divine, car parmi les divinités de Sanctum aucune ne m’atteint de sa lumière comme la tienne, pas même Amaterasu aux rayons d’or. Et jamais aucune ne te sera plus fidèle que Týr.

Les doigts de l’humain tremblent nerveusement sur sa cigarette. Un frisson inexplicable lui parcourt l’échine.
À cet instant précis, un chat surgit de sous un monticule de cartons. Hamill sursaute, avale un surplus de fumée et de cendres. La cigarette glisse entre ses doigts. L’homme tousse et pivote sur lui-même.
Pour découvrir un géant aux cheveux blonds, à quelques mètres de distance, qui lui barre le passage.

Le sang de l’humain ne fait qu’un tour. Hamill se frotte les yeux, souillés de cendres grises. Quand il rouvre ses paupières, l’inconnu est à deux pas de lui. Il paraît fort, sûr de lui. Invincible.
L’avocat tente de bredouiller quelque chose, mais sa gorge émet des gargouillis inintelligibles. Il se sent comme un enfant nu face au blond charismatique.
Celui-ci prend la parole avec le timbre autoritaire d’un juge. Ses mots accusateurs font vibrer jusqu’à la moelle de ses os ; une force surnaturelle lui comprime la poitrine.

— Joseph Hamill, avocat au barreau de Philadelphie, vous vous êtes rendu coupable de crimes odieux. Nous savons. Et nous ne tolérons pas que les exactions d’un agent de la justice restent impunies.

Godric écarte un pan de sa veste, révélant un holster lesté d’un pistolet et d’un silencieux. Il extrait les deux objets sans précipitation, puis se met à visser l’accessoire anti-bruit à l’extrémité du canon.
Le regard froid, insondable du Nordique ne quitte pas le visage du mortel. Il donne l’impression d’avoir exécuté ce geste, et d’autres encore plus inquiétants, des milliers de fois.
Hamill déglutit avec difficulté, puis retrouve l’usage de la parole.

— M-mais, vous êtes fou ! Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous voulez ? C’est à cause de l’affaire Polak ? J’ai tout fait pour réduire les charges de…

Hamill s’interrompt, stupéfait de voir le badge du FBI que brandit Godric Oathbridge sous son nez. Le front de l’avocat luit de sueur.

— Vous… je vous reconnais ! Vous êtes le chien de garde de la procureure Whitestone ! (Il remet en place une mèche rebelle, reprend de la contenance.) Si vous me tirez dessus, il y aura enquête. La police interrogera les témoins, la balistique identifiera votre arme… vous finirez en taule ! Votre numéro, c’est du bluff pour…

La puissance de Tiwaz n’est vraiment plus ce qu’elle était, se désole Týr pendant que l’avocat déblatère. Jadis, les cloportes comme ce Hamill pliaient le genou devant le dieu de la justice. Certains pleuraient, de honte ou de terreur. Seules les âmes braves, indépendamment de leurs intentions, refusaient de concéder leur défaite sans combattre.

L’agent du FBI tire au pied de l’homme, rognant l’extrémité de sa chaussure. Hamill pousse un cri, recule péniblement en proférant des imprécations. La pétarade d’une moto au moteur trafiqué a totalement étouffé le bruit.
D’un geste calme, Godric considère l’arme entre ses mains. Puis, après un long soupir qui passerait difficilement pour un abandon, il pose le pistolet sur le couvercle rectangulaire d’une poubelle.

— Vous avez peut-être raison. (Godric se tapote la tempe avec un index.) Vous êtes un futé, monsieur Hamill, c’est ce qui vous permet de nager entre les indices avec l’habilité d’une anguille. Toutefois, comme le démontrent vos jambes engourdies, vous n’échapperez pas à votre destinée dont je suis l’ambassadeur. (Il avance en direction de l’humain, droit comme un i, fort d’une démarche lente et assurée.) Au nom de la justice que vous avez prêté serment de servir, je vous propose une issue pacifique. Nul n’a besoin de mourir, vous savez.

Hamill lâche un rire nerveux. Ce type est encore plus dingue qu’il en a l’air. Il veut négocier avec un avocat ? Parfait !
Les yeux de l’humain cavalent de part et d’autre du grand Nordique, dont la carrure dissimule sa complice aux cheveux de jais. Une langue jaunie passe nerveusement entre ses dents tandis qu’il fixe le dessus la poubelle.

— Je vous écoute, lâche-t-il après avoir analysé ses options.

— Voilà qui est sage. Vous pourriez essayer de me combattre, de vous frayer un chemin jusqu’à mon arme avec l’ambition de la retourner contre moi. Cependant, outre mon habilité et mon expérience supérieures, les fils du destin qui entravent vos mouvements ne vous accordent aucune chance de victoire. Victoire que je n’accorde pas aux brutes, aux sauvages dépourvus d’honneur qui malmènent les personnes vulnérables. Vous comprenez le sens de mes paroles, n’est-ce pas ?

Hamill acquiesce. Il se fiche totalement du charabia de ce dingue et ne songe qu’à s’extirper de ce traquenard.

— Bien. Vous mentez, mais certains mensonges sont plus facilement pardonnables que d’autres. Je retiens vos bonnes intentions. À présent, venons-en aux faits : acceptez de prononcer un serment, et nous en aurons fini.

Les yeux de Hamill s’écarquillent.
Un serment ? Mais qu’est-ce qu’il raconte, ce grand dadais qui semble pourtant sûr de lui ?
Un rire nerveux s’échappe de sa gorge. Je te promets tout ce que tu veux, perchoir à pigeons, tant que tu dégages de ma vue !

— Cela dépend. Ne pas accepter trop facilement, cela paraîtrait suspect. En quoi consiste ce serment ? Ne plus faire de mal à qui que ce soit ? Et que ferais-je alors en situation de légitime défense ?

Le dieu incarné lève une main autoritaire. Son ton change, se fait impérieux.

— En certaines occasions, la violence est un mal nécessaire. Je ne veux pas vous priver d’une conduite légitime et honorable, bien au contraire.

Gloussement. Ce type est complètement malade, se dit le tourmenteur de pauvres gens.

— C’est très aimable de votre part.

— Non pas aimable ; simplement juste, réplique Týr d’un ton incisif comme la lame d’une guillotine. Maintenant, répétez mes paroles : « À Týr, je fais le serment de me rendre au commissariat central de Philadelphie, d’y confesser aux enquêteurs le récit exhaustif de ma soirée du 2 juillet, et des autres où j’ai commis des actes similaires. »

Soirée au cours de laquelle l’avocat a brutalement agressé un sans-abri.

Hamill fixe le grand blond d’un air médusé. Complètement givré. Cet agent du FBI doit venir du pays du Père Noël, ou il essaie de m’embobiner. Cela dit, il ne m’a pas demandé de confession orale qu’il aurait pu enregistrer. L’avocat fronce les sourcils.

— C’est tout ? Si j’accepte, vous disparaissez de ma vie ? Je ne vous reverrai plus ? Même si je n’honore pas tout à fait mon serment ?

Týr marque un silence. La dernière question est une offense qui, à elle seule, justifierait une sanction exemplaire.

— En effet. Dans un cas ou dans l’autre, nous ne nous reverrons plus. Pas de manière calculée, en tout cas.

Avec sa cravate, Hamill essuie sur son menton le filet de bave qui a coulé au faîte de sa peur. Bon sang, j’ai failli pisser dans mon pantalon pour rien. Il rentre son ventre, s’éclaircit la gorge et remplit ses poumons.

— À Týr, je fais le serment de me rendre au commissariat central de Philadelphie, d’y confesser aux enquêteurs le récit exhaustif de ma soirée du 2 juillet, et des autres où j’ai commis des actes similaires.


Quelques instants plus tard, les symbiotes de l’Ordre se retrouvent à la faveur d’une impasse faiblement éclairée.

— J’espère que cet effort prolongé n’a pas épuisé tes forces. (Il dérobe les mains d’Athéna, porte les doigts à ses lèvres.) Ou peut-être que je l’espère, en fin de compte. (Il esquisse un sourire énigmatique.) Qui pourrait suspecter une si grande fermeté contenue dans cet archipel de douceur ? Les humains ont une expression qui te décrit très bien : « une main de fer dans un gant de velours ».

Mains féminines que Godric dépose de part et d’autre de son cou, afin qu’Irene prenne appui sur ses épaules robustes. Puis il lui ceint la taille de son bras gauche, solide et vigoureux.

— Joseph Hamill est un lâche. Un esprit intelligent, pervers, mais faible. S’il ne présente pas bientôt ses aveux à la police, les conséquences pour lui seront plus éprouvantes qu’un séjour à Alcatraz durant ses heures sombres. (Il serre le corps d’Irene contre le sien, avec l’espoir que le galop irrépressible de son cœur passe inaperçu.) Je te ramène chez toi ? Ou désires-tu te rendre ailleurs ? Les hauteurs du septième ciel me sont devenues inaccessibles, mais peut-être qu’ensemble, nous réussirons un jour à l’atteindre.

Les lèvres du dieu se pincent pour dissimuler – sans grande réussite – son amusement. Elles se rapprochent du visage gracieux, au point de frôler leurs semblables, puis se dérobent avant de remonter à une oreille.

— Après des années à te côtoyer, susurre-t-il, moi aussi j’ai appris à jouer d’allusions.
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Invité
 Re: (Terminé) Soirée sous couverture  Mer 30 Oct 2019 - 10:45
Soirée sous couverture

Tissant une toile de fils invisibles avec ses doigts fins, sans cesser de maintenir les yeux braqués sur sa cible, la déesse guerrière talonne à bonne distance Hamill sur le trajet qu’elle lui trace à destination d’une ruelle où l’obscurité pèse telle une épaisse couverture. Elle marche en s’efforçant de ne penser à rien, d’effacer de son esprit ses dernières paroles, de se concentre uniquement sur la mise à exécution du plan de Týr. Elle a besoin d’être à pied d’œuvre pour éclaircir ses réflexions en déroute par des désirs naissants qui palpitent en son cœur. Aussi s’échine-t-elle à oublier toutes ces sensations qui tourbillonnent follement en elle, et sur lesquelles aucun souvenir de ses enveloppes ne l’a préparé à avoir si peu de prise. Si seulement elle pouvait les évacuer tout à fait, ainsi apaiserait-elle ce trouble qui menace à tout moment de dévoyer sa sérénité. Elle espère que son Vice-Primat pense déjà à autre chose, même s’il est le dieu certainement le moins enclin à souffrir d’une capacité de concentration extrêmement limitée.

L’attention de la Vierge aux yeux pers est soudain captée par une caresse légère comme une plume sur son épaule. La profondeur qui perce dans la voix de Godric sur un mot annonciateur de Victoire fait vibrer les fibres de son cœur – comment parvient-il à lui donner des vertiges si intenses ? Mettant en sourdine ses émois intérieurs, ne pouvant guère tirer un trait dessus, elle observe toutes les forces invoquées qui concourent à persécuter Hamill, scélérat inconscient du jugement des dieux, et à l’entrainer dans un courant plus fort que sa volonté vers un néant d’obscurité.

Comme toujours lorsque la déesse en perte de puissance fait durer ses pleins pouvoirs, les bruits lui parviennent de manière exacerbée et envahissante, sifflant à ses oreilles plus déchirants que le grincement d’une craie sur un tableau noir. Grincements de freins, coups de klaxon bruits de moteur, beuglements d’exaspération, claquements de talon, sonneries, tintements de verre, jappements aigus d’un chien, mastications, sirène d’ambulance, grésillements d’une musique indistincte. La quiétude n’est décidément pas au rendez-vous de la vie nocturne de Philadelphie.

"Je te loue, toi qui porte les valeurs de l'honneur au plus haut. Que le règne de la Justice s’accomplisse par ta volonté." murmure-t-elle à mi-voix, tandis que son enveloppe est camouflée à la vue de l’avocat par l’imposante stature du fils d’Hymir le géant de givre.


Athéna sent sa tête balloter. Elle est étourdie par ses efforts prolongés pour maintenir Joseph Hamill sur place et sans échappatoire comme s’il s'enlisait dans des sables mouvants. Le bruit d’une portière qui claque au loin, dans une autre rue, lui fait plier les bras pour porter ses mains à son crâne pesant. Or elle n’esquisse que le geste que Týr s’empare de ses mains. Elle lève le nez, fixant son interlocuteur. L’éclairage dans la ruelle sans issue est très faible et elle est tellement parasitée par les désagréments sonores qu’elle distingue à peine les traits de Godric et encore moins son expression. Ainsi perçoit-elle le sourire dans la voix, plus qu’elle ne le voit. Dans un mouvement le plus naturel du monde, il embrasse délicatement ses doigts. Elle sent son corps frémir et s’émouvoir du message d’intimité qui s’attache à cette effusion. Désarçonnée, à nouveau et de plus belle, elle cherche à tout prix une diversion pour désamorcer l’atmosphère électrique. Or la tension en elle monte encore quand elle se retrouve proche de son symbiote, à s’enivrer à son odeur.

"Ainsi soit le châtiment pour une âme damnée. Le mal fait à un innocent ne saurait rester sans conséquence." se montre-t-elle implacable, en dépit de la pitié et la compassion qu’elle peut par ailleurs ressentir pour un être dans la souffrance.

Attirée tout contre le dieu nordique, l’avocat véreux disparaît de son esprit… ainsi que toute pensée rationnelle à en croire l’envie qui la possède que Týr l’embrasse vraiment. Comme il n’a jamais encore embrassé quiconque auparavant.

*Ça ne lui ressemble pas de se conduire ainsi avec moi.* se fait-elle tout de même la réflexion, car, ce soir, Týr n’agit pas vraiment tel qu’elle le connaît depuis qu’elle le côtoie en tant que Vice-Primat.

Et c’est… merveilleux ? Non : compliqué, plutôt ? Surtout très perturbant. Que leur arrive-t-il au juste, à Týr et elle ? Donne-t-il seulement libre cours à une humeur joueuse, bien insolite de sa part ? Elle ne sait pas franchement ce qu’elle doit en penser. C’est trop pour elle. Mais au regard de son cœur qui tambourine contre sa poitrine, de son adorable sourire tout en fossettes et de ses joues pâles qui se teintent d’une rougeur traîtresse, se laisser griser lui semble encore la meilleure manière de gérer la situation. Ou du moins la plus agréable. Prenant de l’initiative, les bras d’Irene resserrent plus l’étreinte, et dans le même mouvement rapprochent leur visage. Elle s’entend alors répliquer d’une voix songeuse, et basse comme s’ils se tenaient dans une église :

"Bel endroit que les hauteurs inimaginables des cieux."

Un bruit lui parvient fracassant – d’un matou qui aurait fait tomber le couvercle métallique d’une poubelle ou d’un autre rôdeur qui aurait tapé dans une boîte de conserve – la rappelant qu’avec son état d’intense vulnérabilité du moment, elle se doit la prudence sur ses pensées aussi bien que sur ses sentiments en ce qui concerne le dieu du ciel.

"Plus on s’élève et plus dure sera la chute, dit-on. Notre devoir n'est-il pas de se prémunir contre une telle imprudence ?"

Elle dérobe son regard profond et secret, appuyant alors son front contre l’épaule large de son Vice-Primat, cependant qu’elle se presse davantage.

"Pour cette nuit, Týr, je suis déjà à l’endroit de mes désirs."
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 (Terminé) Soirée sous couverture

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