-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez

 quand on arrive en ville (eira)

Anonymous
Invité
 quand on arrive en ville (eira)  Lun 5 Aoû 2019 - 12:43
Quand on arrive en ville


« Ah non ! Ce n’est pas possible, Morrigan ! » Dans la somptueuse demeure de la déesse de la mort, son impétueuse invitée faisait les cent pas alors que les échos de sa voix se répercutaient encore entre les murs de la résidence. Quiconque d’extérieur à la scène aurait pu croire, à en juger par le ton d’Iemanja, à une altercation entre les Primat de la Cité et des Rites – mais quiconque était un tant soit peu familier avec la Primat des Rites savait qu’elle avait tendance à lever le ton pour un oui ou pour un non sans que cela ne revête rien de personnel. Et surtout, que lorsqu’Iemanja était vraiment en furie, elle avait l’art et la manière de le faire savoir sans que le moindre doute soit permis. Le spectacle qu’elle offrait à Morrigan n’était guère plus que la manifestation de sa surprise et de son exaspération. Drapée dans une longue et ample tunique blanche et brodée de complexes motifs rouge, réminiscente des boubous de son cher Togo où ses légendes prenaient racines, le cou et les bras sertis d’un nombre invraisemblables de bijoux dorés clinquant entre eux au moindre mouvement, Mami Wata détonnait dans ce décor d’un autre panthéon – mais à dire vrai, Mami Wata détonnait dans beaucoup de décors. Les mains ancrées sur ses hanches harmonieuses, une vipère paresseusement enroulé autour de ses épaules, la déesse de la séduction se retourna pour faire face à nouveau à la Grande Reine – laquelle n’avait pas le moins du monde l’air réceptive à son indignation. Iemanja fit claquer sa langue contre son palais pour marquer sa désapprobation, et croisa les bras en toisant son amie, sourcil arqué afin de bien souligner la gravité de la situation.

« Par Mawu, tu es une déesse, Morrigan, pas une simple mortelle qui peut se permettre de vivre en ermite si la fantaisie lui prend ! Tu as des responsabilités envers tes fidèles – et je doute que tu sois très efficace en te contentant de rester cloîtrée à Sanctum comme une malheureuse. » Iemanja ne mâchait pas ses mots ; mais Morrigan à la crinière de feu était son amie, son alliée – elles pouvaient se permettre un certain franc-parler, non ? Surtout lorsqu’il s’agissait de sujets aussi graves : elle-même recluse en son domaine lorsqu’elle faisait escale à Sanctum, et que les devoirs du Conseil ne l’appelaient pas, Iemanja n’avait jamais réalisé à quel point Morrigan s’était détachée du monde des mortels, et pire encore ! De son culte et de ses fidèles, pourtant déjà tant affaiblis par l’avancée de la modernité et de ces damnés Nouveaux Dieux. L’inquiétude lui vrillait les entrailles, et la poussait à cet éclat d’indignation – sûrement, la Reine Fantôme devait bien réaliser le danger de sa situation ? Iemanja soupira, et alla s’asseoir aux côtés de son amie, souci et désapprobation fronçant ses sourcils et allumant une lueur au fond de ses yeux sombres. « Ma sœur, depuis combien de temps n’as-tu pas pris le temps d’aller t’aventurer au milieu des hommes ? D’aller rencontrer ceux surtout qui te doivent respect et diligence ? Comment sont-ils supposés se souvenir de toi si tu disparais de leurs vies, quand elles sont aussi brèves ? » demanda la protectrice des femmes. Elle ne comprenait pas, Iemanja, elle ne comprenait pas comment Morrigan avait pu en venir à de telles extrémités. Cette attitude distante avec les mortels aurait été inconcevable pour elle, ou pour n’importe quelle autre divinité vaudoun. Quelque chose ne tourne pas rond chez toi, énonçait-elle en filigranes, mais cela, elle le garda pour elle. L’incompréhension était trop forte, pour la déesse qui ne se sentait jamais plus à son aise qu’entourée de ses adoratrices, à distribuer bienfaits et bénédictions pendant qu’elles dansaient ses louanges, dans leur campement de fortune le long du fleuve Delaware. Comme une addiction, et une nécessité revigorante, tout à la fois.

« Tu joues un jeu dangereux, et tu le sais. Si tes croyants se sentent abandonnés, ils cesseront de croire en toi, et ils cesseront de transmettre ton culte et leurs croyances à leurs enfants. Qu’adviendra-t-il alors de toi ? » asséna-t-elle encore, espérant toucher son alliée et réveiller en elle une conscience jusque-là éteinte, ou peut-être seulement endormie, si elles avaient de la chance. L’urgence n’était guère une notion familière pour les dieux de Sanctum, mais pour une fois, pour cette fois, le temps pourrait bien finir, un jour, par jouer contre la Grande Reine en personne.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
 Re: quand on arrive en ville (eira)  Jeu 8 Aoû 2019 - 22:53

quand on arrive en ville

A l'oubli succède l'indifférence de l'oubli comme un écho muet qui prolonge la durée et augmente l'espace de l'oubli. — Jacques Ferron



Une demeure aux mille et une fragrances naturelles, rappelant les couleurs d'une Irlande bien trop lointaine, des colonnes de pierres aux pictogrammes énigmatiques pour la majorité, mais limpides pour la Reine Fantôme. La décoration rappelait dans sa globalité, le goût certain de la Guerrière pour le rouge, dans un ensemble de drapés, de coussins, de tissus disséminés çà et là. Lorsque Sanctum ne requérait pas sa présence, lorsqu'elle ne se plaisait pas à flâner dans la Bibliothèque d'un certain Dieu Égyptien, la Morrigan appréciait le confort de sa demeure. Elle reflétait au mieux ce qu'elle avait été et ce qu'elle demeurait en son for intérieur.

Profondément attachée aux souvenirs d'une gloire d’antan, la Dame Rouge ressemblait à bien des égards aux autres divinités qui peuplaient Sanctum. Et cela ne la touchait pas outre mesure. Elle préférait se focaliser sur l'essentiel, lorsque le temps était venu. En cet instant, la Rouquine était focalisée sur sa lecture, allongée sur ce qui se rapprochait le plus d'un sofa, étouffé sous une multitude de coussins. Le livre posé devant elle, elle parcourait les lignes jusqu'à ce que la présence tournoyante de la Déesse Africaine n'envahisse les lieux. On était venu la prévenir, dans la précipitation, et elle avait invité ses quelques croyants et disciples à s'éloigner. Il n'y avait aucunement matière à s'inquiéter.

Claquant son livre d'un geste de la main, la Morrigan avait basculé ses jambes afin que ses pieds nus retrouvent le confort frissonnant du sol en pierre. Portant ses iris printanières sur son homologue Primat, elle lui avait -de prime abord- adressé un sourire avant de la laisser déverser son inquiétude tonitruante qui ne manqua pas de la laisser l’objet de sa contrariété un brin perplexe. Un sourcil haussé, et les lèvres closes, la Reine Fantôme observait son amie aller et venir, drapée de son inquiétude. Avec n'importe qui d'autre, dans n'importe quelle autre situation, la Morrigan aurait saisi une de ses épées accrochées aux murs, afin de faire revenir le calme. Mais pas avec Iemanja. Elle avait ce quelque chose que d'autre ne parvenait pas à soutirer à la Rouquine. C'était ainsi, et pas autrement.

Claquant la langue contre le palais, comme dans un écho directement inversé à celui de son Invitée, la Dame Rouge se redressait davantage en retenant un soupir. « Sais-tu que je déteste qu'on me fasse la morale ? Tu as de la chance d'être toi, et personne d'autre. » Un éclat rouge vrillait au creux de ses prunelles, rappelant cette impulsivité latente et bridée chez la Reine Fantôme. Laissant une place à son amie près d'elle, elle basculait le buste afin de s'orienter dans sa direction et l'observer longuement.

« Je ne vis pas en ermite et surtout pas en malheureuse, je m'occupe au mieux de Sanctum. Car tel est la mission qui m'a été confiée. » Toujours fidèle au poste, depuis des siècles, il était évident que Morrigan veillait à ne donner aucune raison à ses détracteurs de la pointer du doigt. « Et je n'aime pas côtoyer les humains. Ils m'inspirent .. Non, ils ne m'inspirent pas. Après tout, ne nous ont-ils pas oubliés ? Ne cherchent-ils pas à nous remplacer par d'autres aberrations ? Comment leur faire confiance ? »

Un brin d'ironie accompagnait les mots de Morrigan. Elle se relevait en ajoutant un soupçon de légèreté à la discussion d'un mouvement de main. Balayant ainsi, toute la contrariété qui aurait pu poindre après ses paroles. « ..Mais je suis allée à Philadelphie, il y a quelques mois. » Se justifiait-elle, tout de même, même si cela avait été pour affaire, comme toujours. Pensive, elle enchainait quelques pas, sur le sol froid, sereinement. Le regard balayait les alentours avant d'échouer et s'ancrer sur Mami Wata. La vraie question que se posait Morrigan en s’abimant dans ses pensées, était de savoir si elle avait envie de perdre tout cela, de tomber dans le néant, d’être frappée par le sceau de l’oubli. Étrangement, la réponse était vite trouvée. Alors, elle brisait son mutisme, et concédait un.. « Mais je vois où tu veux en venir. » ..à son amie.

Au moins, on ne pouvait blâmer la Morrigan d'être totalement fermée. Elle laissait échapper un soupir tandis que son visage signait à la négative. Un peu par dépit, un peu de résignation et surtout, parce qu'elle savait que sa question à venir aurait forcement une réponse faite pour lui déplaire. « Et qu'est-ce que tu me proposes pour arranger ça ? » Les prunelles de la Grande Reine ne pouvait dissimuler une pointe de défiance, s'attendant probablement au pire. Enfin, de son point de vu.

Revenir en haut Aller en bas

 quand on arrive en ville (eira)

Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» quand catwoman rencontre l'orage. (LOTTIE)
» Artemis arrive !!!
» (Terminé) Clash of the Primats (Eira & Irene)
» [F/Prise] Eira Skynner (déesse celte Morrigan), Primat de la Cité

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Blasphemiæ Deorum :: Coliseum :: Limbes :: Récits inachevés-
Sauter vers: