À Philadelphie, les grands rendez-vous d’affaires ne se déroulent pas toujours dans les salons feutrés d’immeubles de luxe ou les salles richement décorées de restaurants prestigieux. Certains ont lieu sur des yachts privés, opulentes embarcations qui reflètent la puissance financière de leur propriétaire.

Loin de l’agitation de la ville et ses légions de mortels immoraux, Theodora-Aidos s’est d’abord sentie à son aise sur le Blue Pearl. Hormis quelques égos surdimensionnés, rien ne venait attiser la douleur cathartique qui l’affecte en  permanence.
Il y avait tout de même cette intrigante particularité : le propriétaire du bateau, Mark Benford, ne produit aucune couleur. Quelles que soient ses paroles, les expressions de son visage qui trahissent pourtant une vaste palette d’émotions, son corps reste indéchiffrable à la synesthésie d’Aidos.

De même qu’elle ignore encore sa propre nature divine, Theodora ignore que Mark Benford est la réincarnation de Tục thờ cá Ông, une ancienne divinité de la mer que vénéraient autrefois les pêcheurs des côtes vietnamiennes. Aujourd’hui, à Sanctum, Tục thờ cá Ông fait partie de l’alliance des Modernes. Il s’est adapté au monde contemporain, brasse des billets verts à la place des embruns. Les dieux le surnomment « Tuc », parce que Tuc est quand même plus facile à prononcer dans la langue américaine qu’ils utilisent communément.

La soirée a commencé à dégénérer lorsque madame Henson, directrice commerciale que Theodora fréquente depuis quelques semaines pour négocier un contrat à six chiffres, s’est emparée de la main de Déesse-qui-s’ignore. Avec le regard d’une enfant surprise les doigts dans le pot de Nutella, elle lui a confié trahir sa société, fournir des informations confidentielles à monsieur Benford – qui les exploite sans vergogne.
Il est question de brevets, de secrets technologiques. D’espionnage industriel.

La confession libératrice de madame Henson n’a pas échappé aux convives, dont les réactions vont de la moquerie à l’outrage (plus ou moins simulé). La gredine fond en larmes, s’accroche au poignet de Theodora comme une noyée à sa bouée de sauvetage.

Monsieur Mark Benford – désespérément monochromatique – entre dans une colère noire. Deux verres de champagne sont cassés, une bouteille de vin à cinq cents dollars vole par-dessus bord.
Les eaux s’agitent, la mer gonfle comme un soufflé au four. Le ciel se couvre ; le vent se lève ; la houle commence à chahuter le navire avec une force terrifiante.
Une vague de la hauteur d’une maison s’élève à un jet de pierre du yacht.


Un appel inquiet parvient aux gardes-côtes, mentionnant un phénomène inexplicable au large de Philadelphie.

Le capitaine Raven Kavanagh sait qu’il ne s’agit pas de vagues scélérates, mais d’un nouveau caprice d’une divinité de la mer au caractère tempétueux. Car il connaît le Blue Pearl, comme il connaît Tuc depuis des siècles.
Surveiller les phénomènes surnaturels dans les eaux de Philly, les endiguer avant que des accidents se produisent font partie de ses attributions.
Manannán mac Lir est le fils de la mer. Son inlassable et dévoué protecteur.

Il prend l’appel à l’aide. Son navire robuste et puissant n’est pas loin du Blue Pearl.


Lorsque le navire des gardes-côtes intercepte le Blue Pearl, un vent de panique a contaminé la moitié de l’équipage.
Le yacht luxueux tangue à des niveaux dramatiques. Les invités s’accrochent à ce qu’ils peuvent. Certains crient, se lamentent ; d’autres prient.
Mark Benford paraît étrangement à l’aise au milieu de ce chaos. Il rit, du rire d’un vilain garnement qui joue avec un pistolet à eau. Qui se venge en tirant dans l’œil de la dénonciatrice.

Nouvelle surprise pour Theodora : l’homme des gardes-côtes qui campe à l’avant de son bâtiment, stable comme sur la terre ferme malgré le roulis, apparait lui aussi en monochrome.
En outre, le sourire railleur de Benford disparaît lorsque l’homme gris arraisonne le navire.

Quel est le lien entre ces deux personnes singulières ? Comment expliquer le soudain phénomène océanique qui malmène le Blue Pearl ?

Des questions qui s’envolent lorsqu’une invitée en proie à la panique se précipite à la rencontre du Capitaine, glisse sur le pont inférieur, heurte le bastingage et… passe par-dessus bord.




Informations complémentaires :

♆ Le contexte de ce RP aléatoire vous est proposé par @Godric Oathbridge. Vous pouvez le MP si un point du contexte vous turlupine.

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♆ Si le contexte ne vous inspire pas (ça arrive !), détournez-le pour l’entraîner dans une autre direction. Ou parlez-en ouvertement avec votre partenaire, mais ne l’abandonnez pas.

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♆ Amusez-vous bien !