ft. Gaspard Ulliel
♆ Enveloppe charnelle ♆Âge : 33 ans
Date et lieu de naissance : 31 Mars 1986, Paris
Lieu de résidence actuel : Philadelphie
Occupation : Psychothérapeute
Orientation sexuelle : Hétérosexuel
Situation matrimoniale : Célibataire
Nature : Humain
♆ Mythes et légendes ♆Empathique ♆
Réservé ♆
Professionnel ♆
Impliqué ♆
Déterminé ♆
Altruiste ♆
Travailleur ♆
Attentionné ♆
Doux ♆
Réfléchi ♆
Sensible ♆
Diplomate ♆
Discipliné ♆
Soucieux ♆
Maniaque ♆
Soigné ♆
IntrovertiRapport Global - Dossier : Fitzgerald, William
Obtention du dossier : Mars 2003
Séance n°5Né à Paris d'une mère française et d'un père irlandais, William fut le petit dernier. Avant lui, Charlotte, une sœur de 5 ans son aînée. Il avait 8 ans lorsque ses parents se sont séparés. Le père s'en retournant en Irlande, l'état avait estimé qu'il serait préférable que les enfants restent avec la mère, dans l'environnement auquel ils ont toujours été habitués. Grossière erreur qui amena cette famille déconstruite dans les bas-fonds du désespoir social. Anne-Lise, la mère, particulièrement affectée par la séparation d'avec son ex-mari, s'abandonna rapidement à la débauche d'alcool, délaissant par ce même fait ses enfants. Ce fut donc Charlotte qui endossa le rôle de mère, de cuisinière, de ménagère ainsi que d'étudiante à seulement 13 ans. William, lui, aidait comme il le pouvait.
Tel qu'il me l'a décrit, William ne s'est pas rendu compte tout de suite de la charge mentale et émotionnelle que sa sœur s'était imposée. Il était jeune, comprenait bien qu'il ne fallait plus s'approcher de sa mère la plupart du temps, mais n'avait pas vu à quel point cela affectait Charlotte. La lettre qu'elle lui a écrit avant l'incident a était un second choc émotionnel lorsqu'il l'a lu, après celui-ci. Dans celle-ci, elle lui expliquait qu'elle était parvenue à obtenir la carte bancaire et le code de sa mère, qu'ils survivaient grâce à la pension alimentaire que leur père versait tous les mois. Elle explique aussi que ce n'était pas leur mère qui signait les papiers pour l'école, la banque ou le loyer de leur petit duplex du sixième étage sans ascenseur, mais bien elle, que sa voix était assez semblable à celle d'Anne-Lise pour qu'elle puisse se faire passer pour elle au téléphone, etc... William n'en a jamais rien su avant cette lettre. Avec ces informations, je commence à comprendre comment William a pu interpréter tout ça lorsque "l'incident" a eu lieu.
Il faut que je parvienne à le faire parler à ce sujet sans provoquer de réaction post-traumatique. Maintenant qu'il semble un peu plus à l'aise avec moi, je vais le laisser guider les prochaines séances pour en apprendre plus sur lui et ainsi pouvoir l'aider au mieux.
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Enregistrement Audio n°3 - Dossier : Fitzgerald, William
Mai 2003, Séance n°16 - Retranscription"Très bien... Vous êtes bien sûr ?
- Bah... Si ça peut vous aidez...
- C'est exact. Enregistrer la séance me permet de pouvoir réécouter celle-ci et de n'oublier aucun passage pour mes analyses. Analyses qui me permettent de choisir au mieux une thérapie qui vous correspond. Vous et moi sommes là pour ça, pas vrai ?
- Vrai...
- Bien. Je suis le docteur Aydan Murphy, je suis avec William Fitzgerald pour notre seizième séance. Ceci est le troisième enregistrement audio, vous pouvez à tout moment me demander de l'interrompre, toutes les raisons sont bonnes, d'accord ?
- D'accord.
- Donc William, comment allez-vous ces derniers jours ?
- Euhm... Disons que j'ai connu mieux. Enfin je crois ? Je sais plus trop... Je me pose souvent la question de savoir si j'ai des souvenirs heureux. Alors je cherche, je fouille dans ma mémoire s'ils existent, j'essaye de voir. Sauf que dès que je crois en avoir trouvé un, celui-ci est rattaché à un autre souvenir, bien plus horrible et affreux que le premier.
- Et donc ces mauvais souvenirs finissent par dominer complètement les bons ?
- C'est ça... Même ceux de l'enfance.
- Vous pouvez développer ?
- Bah l'enfance quoi, quand on était encore une famille unie. Papa, maman et... Charlotte. Quand je pense à cette époque, la réalité me pète à la gueule en me rappelant que, de cette famille, il ne reste plus grand chose et que les derniers morceaux restants tombent en décrépitude. Mon père ? Ce lâche se tue au travail pour ne pas avoir à penser. Ma mère ? Je sais pas dans quel centre de détention psy elle croupie et j'en ai rien à faire. Quant à Charlotte... C'est à cause de nous qu'elle n'est plus là pour en parler.
- A cause de vous ?
- Mes parents et moi.
- Donc... Vous vous sentez responsable pour votre sœur, n'est-ce pas ?
- Bien sûr...! Comment pourrais-je faire autrement ? Elle était tout ce que j'avais et je n'ai rien fait pour l'aider, je n'ai rien vu, rien entendu, comment ai-je pu être aussi stupide !? C'était pourtant évident. On portait toujours les mêmes fringues, on était pas toujours très propre... Imaginez ce que c'est d'être une ado de 14-15 ans et de vivre dans de telles conditions, pas étonnant qu'elle ne pouvait pas prendre soin d'elle. Elle se faisait tout autant harceler que moi à l'école et pourtant elle me protégeait quand même, me plaçait toujours en priorité... J'étais un poids pour elle. Si je n'avais pas été là, elle aurait pu partir, se refaire une vie ou je sais pas...
- Elle aurait pu le faire, que vous existiez ou non. Elle aurait pu se comporter comme votre père et vous abandonner, ou bien comme votre mère et être égoïste. Tout est une question de choix, elle a fait le choix de prendre soin de vous.
- Peut-être, mais regardez où ça l'a mené...
- Vous... ne m'avez jamais raconté ce qui est arrivé ce soir-là.
- C'est vrai... Vous avez l'information principale, mais pas l'ensemble. C'était un mardi soir. Elle avait cours le lendemain, mais elle tenait quand même à mettre de l'ordre dans la maison pour oublier le stress d'avoir à me laisser seul avec maman. Il était 23h30, je sortais de la salle de bain et j'ai senti un courant d'air froid sur mes chevilles, puis j'ai entendu des sanglots qui provenait de sa chambre. J'ai toqué 3 fois puis j'ai ouvert la porte en l'appelant. Elle était agenouillée au bord de la fenêtre, les bras et la tête contre le cadre. Je l'ai rejoint pour essayer de comprendre ce qu'elle avait, on a commencé à discuter alors que j'étais à genoux à côté d'elle. Elle me disait qu'elle n'en pouvait plu. Qu'elle avait mal, que c'était plus possible, qu'elle était fatiguée et à bout de force. Je pensais qu'elle parlait pour le jour même, que le ménage et la lessive l'avait épuisé mais qu'elle stressait pour ses devoirs. Alors j'ai posé ma main sur son épaule en lui disant que c'était pas grave, qu'elle ferait mieux d'aller se coucher et que tout irait mieux le lendemain. Elle s'est redressée lentement en souriant d'un air tristement satisfait, passant sa main dans mes cheveux en me disant que j'étais un brave garçon, que j'avais probablement raison. Elle s'est levée, m'a regardé puis m'a dit qu'elle était désolée, tellement désolée et que ce n'était pas de ma faute. Elle l'a répété. "C'est pas de ta faute, tu sais ? C'est vraiment pas de ta faute." ... Puis elle a sauté. 7 étages, le médecin a dit qu'elle était morte sur le coup.
- ...Que s'est-il passé après ?
- Je suis resté dans la chambre, complètement pétrifié. J'ai entendu les sirènes, les gens affolés dans la rue, les voisines qui s'indignent et indiquent l'appartement aux policiers, les policiers qui tambourinent à ma porte... C'est ma mère qui a fini par leur ouvrir en râlant, elle ne se doutait d'absolument rien. Un policier est arrivé dans ma chambre, il a commencé à me poser des questions, mais j'étais comme mort à l'intérieur. C'est là que les services sociaux ont pris les choses en mains. Après un passage chez le psy, j'ai tout expliqué à la police et ils m'ont donné la lettre. Sa lecture a provoqué chez moi un autre choc quand j'ai appris tout ce que ma sœur faisait pour moi. Ensuite j'ai été ballotté de famille en famille avant que mon père ne vienne me récupérer. La suite, vous la connaissez...
- Oui... Dîtes-moi William, si vous pouviez revenir en arrière, en prenant en compte l'âge que vous aviez et vos possibilités en terme de moyen, qu'auriez-vous aimé faire de plus ?
- J'aurais voulu l'aider plus encore.
- Vous n'aviez que 10 ans, vous faisiez déjà beaucoup pour un enfant de cet âge-là.
- Non mais j'veux dire... L'aider autrement. La soulager de tout ce poids mental, lui parler, la faire parler, qu'elle ne se sente plus seule...
- Elle faisait en sorte de vous préserver de tout ça, vous n'auriez jamais pu devinez ça tout seul. Vous n'aviez pas la maturité nécessaire pour comprendre ce qui ce passait, pas comme aujourd'hui.
- J'aurais aimé pouvoir l'aider comme vous le faites avec moi. J'aurais aimé qu'elle ait quelqu'un comme vous, elle aussi... Est-ce que vous pouvez arrêter l'enregistrement s'il vous plait...?"
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Rapport Final - Dossier : Fitzgerald, William
Obtention du dossier : Mars 2003
Clôture du dossier : Juin 2008
Séance n°207William revient de très loin. Il est passé par beaucoup de phases : le déni, la dépression, la délinquance, la drogue... Il avait 17 ans quand un confrère m'a légué son dossier en partant à la retraite. Je me souviens de notre premier rendez-vous. C'était un garçon sec, les traits tirés, le visage terne et muré dans un silence impénétrable. Nous sommes restés toute l'heure assis l'un en face de l'autre, à ne rien dire, simplement à se regarder par alternance sous quelques œillades. Au deuxième rendez-vous j'ai eu droit à un "bonjour". J'ai très vite compris qu'il ne s'agissait pas d'arrogance ou de défiance, simplement d'une profonde timidité muée par sa situation. Après la mort de sa sœur, les services sociaux se sont emparés de l'affaire, celle-ci fut très médiatisée en France et William très vite exposé aux feux des projecteurs. Ballotté de familles en familles afin de le préserver des caméras, ils ont fini par retrouver son père qui est venu le chercher avant de le ramener en Irlande.
Le dialogue fut très compliqué, d'où l'intervention nécessaire d'un Psychothérapeute pour renouer le lien entre père et fils. Beaucoup de non-dit et de mystère autour de la séparation d'avec la mère et son retour en Irlande. Mon confrère a fait un très gros travail là-dessus pour sortir William de ses penchants auto-destructeurs. Il est très vite apparu que le jeune homme avait besoin d'un suivi personnel et conséquent. Deux à trois séances par semaine pendant les premières années, puis j'ai pris la main. William a longtemps eu du mal à accepter l'aide de son père. Il a énormément travaillé sur lui-même à l'aide de mes conseils et aujourd'hui, je suis quelque part très fier de ce qu'il est devenu.
Sur nos dernières séances, il était d'une si grande reconnaissance... Jamais je ne me serais attendu à ce qu'il soit si franc et chaleureux. Et... je dois bien admettre que son cas ne m'a jamais laissé vraiment indifférent, alors qu'il me dise que d'une certaine manière, je suis un membre à part entière de sa famille, cela m'a beaucoup touché. J'ai vu ce jeune garçon renfermé et traumatisé grandir et devenir un beau jeune homme, certes, plutôt réservé, mais humble et confiant. J'ai eu un peu de peine quand j'ai compris que cette 207 ème séance était la dernière. Disons que ce n'était pas une séance entre un psychothérapeute et son patient, mais... entre un disciple et son mentor ? C'est ce qu'il m'a annoncé. Il avait déjà commencé des études en psychologie lorsqu'il est sorti du lycée et il avait bien l'intention de les poursuivre. Il avait déjà fait un échange erasmus aux Etats-Unis et il avait adoré Philadelphie, c'était donc son choix pour la continuité de ses études, soutenu par son père. Il m'a promis qu'il m'écrirait et j'espère un jour pouvoir l'appeler confrère...
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17 Septembre 2015, PhiladelphieÇa y est ! Enfin ! Ça a pris du temps, mais c'est fait ! J'ai dès à présent mon propre cabinet en plein centre-ville de Philadelphie. Je ne pourrais jamais assez vous remerciez Aydan, de m'avoir donné l'occasion de trouver un sens à ma vie, un but et une vocation. Vous avez tant fait pour moi, au delà de votre obligation professionnelle. Je sais que je ne suis pas le seul, vous avez dû aider tant de gens. Alors si je peux, moi aussi, venir en aide aux gens comme vous l'avez fait pour moi, je suis comblé. Je touche enfin ce rêve du doigt.
J'ai un peu de concurrences mais rien d'insurmontable, le bouche à oreille à mon égard fonctionne merveilleusement bien. Je pratique des tarifs très abordables pour être accessible à un maximum de gens. Je fais également du bénévolat dans un planning le week-end, vous verriez mon emploi du temps c'est incroyable ! Je sais ce que vous allez me dire, qu'il ne faut pas que je me tue à la tâche non plus, etc... Mais ça me plaît ainsi. Je suis encore jeune, je peux encore me permettre de veiller, de dormir peu, de me coucher tard en me levant tôt, alors autant en profiter pas vrai ? Ne vous inquiétez pas, grâce à vous je connais mes limites. Lorsque je reviendrais en Irlande pour rendre visite à mon père, je viendrais vous voir, d'accord ?
En attendant, portez-vous bien mon cher ami et confrère,
William Fitzgerald