Malama Ka ʻAina
Hi'aka regarde par l'une des fenêtres qu'il y a chez elle, regarde le manque de nature, de vert, en cette saison hivernale. Hawaï continue de lui manquer, même après presque cinq ans. Presque cinq ans où elle n'y a jamais remis les pieds, par peur de plus vouloir quitter à nouveau cette île qui l'a vue naître il y a plusieurs centaine d'années. Car elle sait très bien que c'est ce qui risque d'arriver. Et elle ne veut pas quitter sa sœur qui continue de s'intéresser à ses histoires de Dieux. Elle n'en voit toujours pas l'intérêt, mais elle a toujours été là pour elle. Elle ne va donc pas la quitter pour une divergence d'opinions, ce qui est très souvent arrivé par le passé. Elle espère simplement que cela ne va pas durer encore cinq ans. Elle sait que c'est aussi le cas de Lohiau, elle ne sait pas ce qu'elle ferait sans lui. Bref, elle doit s'habiller en conséquence de sortir à l'extérieur. Elle regarde la météo, se met un manteau léger puisqu'il ne fait pas très froid. Il annonce de la pluie, mais rien de certain et elle devrait être à l'abri à l'heure indiquée.

Elle doit se rendre chez un partenaire de danse qui organise une petite soirée pour essayer de dénouer certaines tensions qu'il y a depuis quelques semaines entre quelques danseurs. Un a eu un rôle, pas un autre qui pensait le mériter. Il y a donc eu des frictions entre différents membres qui se sont mis à appuyer une, et puis l'autre. Assez stupide selon elle, elle était donc d'accord pour cette soirée. Elle prend l'autobus qui l'amène jusque dans un coin du centre-ville qu'elle n'a pas souvenir d'avoir déjà fréquenté avant. Ce qui n'est pas très surprenant, elle n'aime pas Philadelphie, ne cherche pas à apprendre à connaître cette ville, à la découvrir. Elle se rend là où elle doit aller sans plus. Après être sortie au bon arrêt, elle prend son téléphone afin de vérifier les indications de où elle doit aller. L'écran est noir, elle a dû l'atteindre, l'ouvre, mais rien ne se passe. Son téléphone n'a plus de batterie. Il est vrai que cela lui arrive souvent, elle n'est pas accro à cette nouvelle technologie comme tant d'autres et n'y porte pas assez attention pour remarquer la batterie. Pourtant, elle devrait apprendre.

Elle se met à marcher, pas trop découragée, elle a lu les instructions, elle devrait se reconnaître. Un nom de rue qu'elle reconnaît, un deuxième, puis, une troisième... et elle est de moins en moins certaine. Elle marche encore un peu et s'arrête. Combo Elle doit se rendre à l'évidence : elle s'est perdue. Naturellement, il n'y a pas le moindre signes d'une cabine téléphonique payante ou encore d'un taxi. Elle regarde autour d'elle, se dirige jusqu'à la prochaine rue, juste au cas, et ne reconnaît pas son nom. Ce qui est bien mauvais, elle le sait. Il se met à pleuvoir quelque instant plus tard, elle soupire et se dirige sous l'auvent d'un magasin. Elle observe une nouvelle fois autour d'elle, cherche les traces d'un abribus ou bien d'un taxi. « Excusez-moi... je dois me rentre sur Jackson Street... c'est proche ? » qu'elle demande, prenant son accent australien, à un passant. Celui-ci continue de marcher, fais comme s'il n'avait rien entendu. Elle secoue la tête, un « non » n'aurait rien coûté. Une voix féminine provenant de l'autre côté se fait entendre, elle se retourne donc vers elle.

Malama Ka ʻAina
Hi'aka se sent légèrement décontenancée par le fait qu'elle soit perdue en ce moment. Elle, qui pendant de nombreuses années, a parcouru Hawaï, sans aucune aide outre le soleil, la lune et les étoiles, est perdue dans une ville américaine parce qu'elle n'a pas pensé à brancher son téléphone. Elle ne sait pas si elle doit rire ou pleurer en ce moment. Cela semble être très risible, mais elle trouve cela très décourageant aussi. Elle sait que c'est en partie de sa faute, qu'elle ne fait pas assez d'effort pour apprendre à connaître cette ville. Bon, elle sait que ce n'est pas en se répétant une énième fois qu'elle va trouver Jackson Street. Elle n'a rien contre la pluie, l'époque lointaine où elle pouvait la contrôler lui manque. C'est froid, être trempée ne la dérange pas. Elle s'est juste mis à l'abri pour agir en humaine, celle qui n'aime pas être trempée, de peur de tomber malade ensuite.

Bref, sa demande est passée inaperçue, mais une inconnue a décidé de s'en mêler, heureusement. C'est une rousse qu'elle ne se rappelle pas avoir déjà vu quelque part qui fait entendre le son de sa voix. Cette dernière lui propose même de l'amener jusqu'à Jackson Street, parce qu'elle s'y rend. Elle commence par lui faire un sourire. « Je veux bien, merci. » qu'elle lui répond ensuite, conservant son accent hawaïen. « C'est très gentil. » rajoute-t-elle, quelques secondes plus tard. « Je suis loin ? » Elle veut savoir à quel point elle s'en est éloignée en essayant de se rappeler du trajet par sa mémoire. Elle se met donc à suivre la jeune femme, pas très inquiète que ce soit une arnaque ou que celle-ci l'amène ailleurs, ou qu'elle se fasse avoir. Après tout, elle arrive très bien à se défendre toute seule sans avoir besoin d'utiliser ses pouvoirs et sinon, elle les a. Certes, ça ne fait pas une humaine très prudente, mais elle s'en fiche bien. Cela doit bien arriver à certains. De toute façon, humaine ou déesse, elle est coincée en ce moment.

Malama Ka ʻAina
Avec la réaction de la première personne, Hi'aka se dit qu'elle est bien chanceuse de tomber sur quelqu'un comme la jeune femme. Elle sait que tout le monde n'est pas comme la première, mais elle sait aussi que cette ère est assez individualiste et on a appris à craindre l'étranger. Narjis attire autant les regards envieux, que les regards de panique tout dépendant de l'origine qu'on peut lui donner. Elle ne s'en fait pas avec cela, sauf lorsque c'est vraiment exagérer. Elle peut même surenchérir parfois, mais ce n'est pas le cas en ce moment. Elle est tombée sur quelqu'un de serviable, c'est un bon début. Elle opine donc de la tête. Une dizaine de minutes... elle s'est plus éloignée qu'elle ne le pensait. « De Hawaï. » que répond la déesse puisqu'elle a utilisé son accent plutôt que celui australien de son hôte. « Et je suis Narjis. » se présente-t-elle un instant plus tard. « Enchantée Katheryn. » Elle le pense, surtout si elle la ramène effectivement sur le bon chemin. Ou plus proche. Elle ne pense pas être amenée à la porte... surtout qu'elle ne se rappelle pas du numéro de porte justement. Cela vient de lui revenir en tête. Une étape à la fois. La rue et trouver un café internet ou une bibliothèque pour retrouver ses courriels. Il lui semble que l'adresse lui a été envoyée par courriel. « C'est dommage qu'il y ait de la pluie, j'ai pas envie de tomber malade. » Ce qui est un sujet approprié pour une humaine songe-t-elle. Elle sait qu'elle devrait y être plus habituée, mais elle a toujours du mal à trouver un sujet neutre. Parler température lui semble être approprié. « Et ça me décoiffe. » rajoute-t-elle, tout en tapotant ses cheveux. Ça ne lui dérange pas trop de passer pour superficielle, elle est bien habillée, est maquillée, a les ongles manucurés... le contraire serait plutôt étrange. Superficielle est peut-être un peu fort, elle s'occupe d'elle-même, comme presque tout le monde.

Malama Ka ʻAina
Hi'aka continue de suivre Katheryn, elle n'a pas trop le choix. Elle est encore plus perdue que précédemment. Cela lui donne l'impression qu'elle a commencé à marcher du mauvais côté un peu plus tôt, en se rappelant les noms des rues qu'elle ne devait pas prendre. M'enfin, il est trop tard pour qu'elle puisse y changer quoi que ce soit. « Ça veut dire narcisse, comme la fleur. » Et un peu comme la personnalité si elle se fit à comment était Narjis avant qu'elle ne la possède. Elle pense être mieux qu'elle à ce niveau, un peu plus terre à terre... quand elle ne fait pas semblant d'être humaine, naturellement. Là, elle doit jouer le jeu. L'humain lui fait peur parfois, elle se rappelle l'arrivée de l'Homme blanc sur ses terres, les massacres qu'il y a eu. Et c'était avant l'apparition des armes à feu et automatiques. Aujourd'hui, ils peuvent faire beaucoup plus de dégâts. Elle se montre prudente sur ce point, plus qu'elle ne pourrait l'être dans d'autres situations.

Elle parle ensuite température, et la jeune femme est d'accord avec elle. Elle regarde ses cheveux, aime sa couleur. « Les miens font pas ça... ils manquent de brillance et ils sont plats quand ils se font trempés comme ça. » Sans shampoing, sans se faire mousser et savonner, sans sécher correctement ensuite. Enfin, si son collègue à un séchoir à cheveux, elle va lui demander afin de ne pas mettre d'eau partout... et pour continuer d'agir comme une humaine. Chez elle, elle les laisserait sécher et les arrangerait en temps et lieu. « Un moment entre collègues, pour essayer de régler quelques tensions. » lui répond-elle. « Je pensais être arrivée avant la pluie... je suis pas mieux. Penser pouvoir défier la météo. » Il y a longtemps, c'était le cas, en quelques sortes. « Je suis danseuse contemporaine. » qu'elle rajoute. Après tout, elle semble vouloir faire la conversation, autant continuer. On ne sait jamais ce que cela peut donner. Elle a l'impression d'être calculatrice en pensant cela, mais elle aime vraiment rencontrer des nouvelles personnes. Tant mieux si cela lui attire un nouveau croyant, sauf qu'elle ne va pas non plus insister. Elle le fait un peu plus au près de ses élèves de ses cours de hula, parce qu'elle apprend à les connaître.  « Et vous ? » lui retourne-t-elle la question.

Malama Ka ʻAina
Hi'aka se doute bien que de parler de tension avec son métier peut sembler inusité pour quelqu'un qui n'est pas le métier. Le questionnement de Katheryn le prouve. « Toujours un peu, y'a beaucoup de danseurs compétitifs, alors ça dépend de qui a les rôles et si tout le monde est satisfait ou non. Ça arrive rarement. » Elle laisse échapper un petit rire. Il y a toujours quelqu'un qui n'est pas satisfait. Cela semble être un domaine facile. En quelque sorte, ce l'est. Le travail peut sembler routinier après avoir fait plusieurs fois les mêmes routines, mais il y a toujours quelque chose de plus. Pas de paperasse, pas de journée à travailler devant un ordinateur ou à parler au téléphone et à ne pas toujours se faire comprend. Bon, ils se font crier dessus parfois, quand ça ne va pas, sauf que ce n'est pas assez pour la faire quitter. Le plus difficile est de souvent ne pas trop faire attention à ceux qui sont compétitifs. « Et ça dépend des moments et des danseurs pour les tensions. » Il y a parfois des électrons volants engagés et ça ne donne pas toujours le même résultat. Ce qui ne l'empêche pas de continuer, elle aime bien. « Habituellement les cours de danse pour débutants sont plus amicaux. » Elle lui sourit, elle ne voudrait pas lui faire peur si jamais elle a dans l'idée de peut-être se mettre à danser. « Je donne aussi des cours de hula, et je ne vois pas de compétition entre mes élèves. » Il n'y a aucune raison d'en avoir, c'est vrai. Pas selon elle tout du moins.

La rousse répond ensuite à son téléphone et elle reste silencieuse, ne voulant pas la déranger. Elle ne va pas se montrer outrer parce qu'elle répond, elle lui rend service après tout. Elle opine de la tête lorsqu'elle lui explique le téléphone. « Son nom me dit quelque chose... .» Elle a sûrement dû lire son nom quelque part, mais cela lui échappe en ce moment. « Et... ça fait quoi une assistante d'écrivaine ? » Elle aime bien lire, pas assez pour s'intéresser à tous les détails. Elle ne lui demande pas cela pour se montrer condescendante ou pas. Elle est même plutôt contente de ne pas tout savoir même après avoir vécu quelques centaines d'années comme elle. « Je voudrais pas vous mettre encore plus en retard... j'imagine que vous pouvez m'écrire les indications et je devrais m'en sortir. » propose-t-elle.

Malama Ka ʻAina
Hi'aka espère ne pas avoir fait trop peur à la jeune femme avec ce qu'elle a dit à propos de la compétition entre danseurs professionnels. Qu'elle a pu la rassurer en lui disant que pour ceux qui apprennent, c'est bien moins compliqué et qu'il y a moins de tension. Elle ne sait pas si elle est tentée ou non, tout le monde n'aime pas danser (ce qui est assez difficile à concevoir pour elle). Elle comprend tout de même ce qu'elle lui explique, c'est déjà un début. Katheryn répond ensuite à son appel et la déesse reste silencieuse. C'est fou comment un simple appareil est devenu si important et si obsédant. Elle n'en fait pas partie, mais la majorité des personnes en deviennent des esclaves. Rien n'est plus important que de devoir répondre aux sonneries diverses. Elle ne dit pas que la jeune femme est comme ça, pas après un appel. Elle ne fait que constater.

Elle lui parle ensuite de son métier, lui explique qu'elle est assistante d'une écrivaine. « Oh, ça doit être pour ça. Tellement évident, que j'ai oublié. » Elle sourit, espère que l'humaine ne va pas trop mal le prendre. Elle ne verrait pas pourquoi, sauf qu'elle peut être susceptible. Elle est mystérieuse dans tous les cas, elle n'entre pas dans les détails de ce que fait une assistante. « Tu repasses ses vêtements ? Fait ses recherches ? » propose-t-elle, riant. Surtout pour la première option, pour savoir à quel point cela peut être large au niveau de ce qu'elle a à faire. Trop à faire pour continuer de l'aider ? On ne dirait pas, Katheryn refuse de la laisser seulement avec des indications. Elle doit aller chercher à manger. Rien d'urgent. Enfin, elle ne le pense pas. Sûrement pas parce qu'elle peut toujours l'accompagner. « J'aime bien la cuisine indienne... mais je sais pas s'il y en a dans le coin. » avoue-t-elle. Elle ne sait pas où elle est, cela est normal. « La cuisine hawaïenne aussi. » qu'elle rajoute. À défaut de retourner chez elle, elle mange un peu. Pas trop souvent. Autant parce que ce n'est pas toujours réussi que parce que cela la rend beaucoup trop nostalgique.