Trois gouttes de sang sur la neige, encore blanche (presque un miracle en ville), c’est comme cela que le tout a terminé. Tout a commencé par un jeune homme, désespéré, en manque, sans argent pour acheter ce qu’il lui faut pour combler ce manque. Par contre, ce qu’il a, c’est un couteau, cette envie qui lui vrille le corps et qui ne lui fait que penser à cela. Il ne réfléchit pas, il sort de chez lui à peine assez habillé pour se protéger du froid, et cherche quelqu’un à qui prendre de l’argent. Ce n’est pas la première fois qu’il fait ça. Il n’aime pas, mais il n’a pas le choix. Depuis que ses parents lui ont coupé les vivres, il se débrouille comme il peut. Il cherche dans les rues parmi les passants une cible facile. Il a encore assez de clarté, de jugement, de résistance pour ne pas prendre la première personne à côté de lui. Il observe, rapidement. Téléphone de l’année, conversation à propos de la dernière maison qu’il a vendu,  mallette en cuir coûteuse, souliers aussi en cuir coûteux. Il n’a pas pris beaucoup de temps avant de choisir qui il va menacer. Il arrive devant l’agent immobilier, le menace, la lame brandit devant lui. Il veut son portefeuille, juste son liquide. Rien de mal ne va lui arriver. Habituellement, on cède assez facilement. Habituellement. Là, ce n’est pas le cas. L’agent tient plus à son argent qu’à sa vie. Le jeune homme tient plus à la drogue qu’à penser à ce qu’il fait. Le couteau plonge dans le ventre de l’inconnu pour en ressortir aussi vite. C’est la première fois qu’il se sert vraiment de son couteau. Trois gouttes de sang tombent l’une après l’autre, ensuite c’est plus rapide. L’inconnu regarde son agresseur, sans comprendre, il tombe sur ses genoux. Le voleur cherche rapidement le portefeuille, prend l’argent, s’enfuit, a encore plus hâte de consommer pour oublier ce qui vient d’arriver. Des passants continuent de marcher en regardant l’agent sans comprendre, puis un appel le 911. Un autre s’approche et se met à essayer d’aider l’agent immobilier.

Peu de temps après, une ambulance est demandée sur les lieux de l’incident. Min et son partenaire sont les plus près et les premiers à répondre à l’appel. La matinée avait été assez calme jusque là, ils avaient surtout transféré des personnes d’un centre hospitalier à l’autre pour des rendez-vous ou des hospitalisations. S’il y a eu de véritables urgences, ils n’ont pas eu l’appel. Cela arrive parfois. Des moments de repos cela fait toujours du bien, surtout quand il y d’autres moments où ils ont à peine le temps de nettoyer l’ambulance et de remplir la paperasse qu’ils doivent déjà repartir. Aujourd’hui, c’est Mike qui conduit. Les lumières sont mises, la sirène est lancée, l’ambulance s’avance dans la circulation. Min arrange ses cheveux, resserrant son chignon pour être certaine qu’elle ne soit pas dérangée par des mèches plus tard. Elle enfile ensuite des gants de latex, attache son manteau. Moins de cinq minutes plus tard, ils sont sur place. Une voiture police est déjà sur les lieux, des curieux regardent ce qui arrive. Elle débarque de l’ambulance rapidement avec un sac contenant l’essentiel. L’ambulancier va la suivre avec la civière dans les secondes suivantes.

« Faites attention. » dit-elle, à l’homme qui s’occupe de celui qui a été blessé. Elle le reconnait. Elle l’a déjà vu parfois à l’urgence. Tant qu’à savoir ce qu’il faisait là, elle n’en sait rien. À vue de nez, il semble savoir ce qu’il fait. C’est déjà un début. «  Médecin ? » qu’elle demande, à tout hasard, tout en commençant à sortir des bandages, avec le sang qu’il y a, le blessé en a certainement de besoin.

Parfois il y a des jours qui sortent de la routine qu’on s’est infligé dans ce monde. Des jours qui ne ressemblent pas à tous les autres d’avant, et si le début de la journée avait semblé être identique, ça ne l’était pas pour autant. Un jour d’hiver. La neige avait recouvert l’asphalte et elle était encor blanche à certains endroits. Si la nuit avait été mouvementée, le dieu de la lumière rentrait désormais chez lui pour se changer avant d’aller travailler. L’avantage d’être un dieu de ne ressentir aucun besoin humain, pas de nécessité de se nourrir, ni dormir, ni faire sa commission. Parfaitement capable de mimer ces besoins, ils en étaient exempt et pouvaient aisément passer outre ce que la nature forçait sur l’homme.

Ce matin là, tôt, il n’eut pas le temps d’arriver à destination. Son regard capta quelque chose dans la ruelle située dans son angle mort. Il s’arrêta, recula d’un pas et se posta pour faire face à un homme allongé dans la neige, du sang tachait la neige blanche qui n’avait pas encore eu le temps être salie par les émissions de moteurs. Immédiatement, le géant lâcha son instrument au sol et se pencha sur l’inconnu dans le but de lui venir en aide. Rapidement, son poul s’accéléra, comme à chaque fois qu’il usait d’un minimum de ses compétences. quelques passants commencèrent à s’agglutiner aux abords de la ruelle quand d’autres passaient leur chemin. Le regard du dieu se posa sur l’un des curieux.


«Appelez une ambulance! Vite!»

Sa voix claqua et s’étendit dans la ruelle dans un écho perçant. il n’avait pas crié, mais s’était montré autoritaire sur la demande. L’un d’eux sursauta pour prendre son téléphone et appeler le 911 afin de signaler un homme blessé. Les autres passants lui indiquèrent le nom de la rue et ce dernier précisa un commerce proche du signalement. L’ambulance devait arriver dans les plus brefs délais. Pendant ce temps, un trop curieux s’avança pour venir en aide au médecin qui le stoppa net et l’empêcha de s’approcher plus. Il fallait garder un maximum de preuves ou d’indices. Peut-être que la police aura une probable chance de remonter jusqu’au suspect. On entendit l’ambulance au loin et Kendall ordonna à ce que personne ne s’approche du périmètre tant que l’ambulance ne serait pas là. Il restait à s’occuper de l’hémorragie de la victime, tentant tout faire pour le maintenir en vie et, par la même occasion jeter un coup d’oeil aux traces de pas qui disparaissaient dans la rue qui devenait plus humide que neigeuse. Lorsque les ambulanciers arrivèrent sur les lieux, le géant riva son regard vers celle qui s’était adressée à lui. Les yeux d’un bleu vif, et un orage manquant d’éclater. Il l’avait déjà vu aux urgences et dans certains services où il se rendait pour déposer des patients et les ramener. Elle ne lui était pas totalement inconnue, mais il ne connaissait pas son nom. ils n’avaient pas réellement eut l’occasion de faire connaissance. De plus, actuellement, son accoutrement ne laissait absolument pas entendre qu’il avait la prestance d’un médecin. Sa house contenant son instrument à vent, un tartan noir avec une veste de la même couleur avec le symbole celte du groupe et des bottes de cuir noires, les guibolles à l’air, assurément. Il sortait d’un concert qu’il avait mené une grosse partie de la nuit avec son groupe.

«Je crois qu’on a déjà eut l’occasion de se croiser à l’hôpital, oui. Cet homme a été poignardé à ce que j’en ai déduit, il faut l’emmener rapidement, j’ai bien peur qu’une artère ait été touchée...»

Il avait les mains en sang et continuait de maintenir un morceau de tissu sur la plaie pour continuer de diminuer l’hémorragie. Il secoua la tête. Les bandages ne serviraient à rien tant qu’ils n’auront pas nettoyé et fait en sorte d’arrêter l’hémorragie avec ce qu’il faut.

«Aidez-moi à le transporter dans l’ambulance, je dois nettoyer avant de lui mettre un pansement.»

Les éventrations, c’est moche. C’est chiant, et ça fout du sang partout. Heureusement que mon tartan est noir et que ma veste l’est tout autant pour éviter de me trimbaler en sang pour apeurer les gens. Me voilà encore bien. Un tartan de foutu et une douche à prendre à mon retour de l’hôpital. Mais tant que la vie de cet homme ne sera pas hors de danger je me fous bien de l’avis des autres sur ma tenue. J’aidais à mettre sur le brancard que les ambulanciers mirent dans l’ambulance et récupérais mon instrument rapidement pour monter avec eux. Me laver les mains et les essuyer comme je peux avec du désinfectant. Puis je reprenais ce que j’avais commencé à faire avec un peu plus de matériel à disposition cette fois-ci. Je faisais tout ce qu’il fallait pour arrêter l’hémorragie. utilisant un procédé qui n’était pas habituel et qu’on me conseillerait d’éviter, mais je savais parfaitement ce que je faisais et je suis un petit peu plus à même de savoir ce qu’il faut éviter ou non. En peu de temps, je nettoyais la plaie qui suintait de moins en moins de sang. Je levais les yeux sur la victime et lui prenais le pouls.

«Son pouls est de plus en plus faible, il ne faut pas qu’il s’endorme. Gardez-le éveillé le plus possible...»

En attendant, je m’occupais de vérifier qu’il ne fasse pas une hémorragie interne en désinfectant localement, puis anesthésiant à minima la zone afin de procéder. C’était un procédé à la fois à l’ancienne et moderne, regroupant deux techniques différentes et opposées.

hrp:

Bien que ce soit assez surprenant, Min aime toujours les premiers moments d'une intervention. Les quelques secondes qu'elle a pour décider de ce qu'il faut faire pour aider la personne qui en a de besoin. Prendre les meilleurs décisions possibles, avoir cette légère montée d'adrénaline, avoir l'impression que tout va très vite mais très lentement en même temps. Pour elle, peu importe l'état du blessé, c'est le meilleur moment. Le reste aussi est très bien, mais le début, c'est un autre niveau.
Elle remarque les jambes non protégées de celui qu'elle pense être un médecin. Il doit mieux supporter le froid qu'elle... et que bien d'autres personnes. Elle ne s'y attarde pas, ce n'est pas le bon moment. Un détail a tout de même été réglé : ils se sont déjà croisés à l'hôpital, il le confirme. Elle n'en cherche pas plus, il y a plus important à faire. Elle sait au moins qu'elle ne se fait pas de mauvaise idée, elle peut passer à autre chose plutôt que de toujours rester sur cette idée, à se demander où elle l'a déjà vu.
Et il y a vraiment plus important : l'homme par terre a besoin de soins rapide, selon le médecin une artère a dû être touchée. Elle ne l'est pas, mais avec le sang qui commence à s'accumuler, elle en est certaine aussi. Mais même si ce n'est pas le cas, ce n'est pas une raison pour ne pas se dépêcher.
Malgré le désaccord de l'homme, elle met les bandages sur le blessé, juste pour qu'il y ait une couche par-dessus, pour que le sang reste un peu plus là où il est et que la rue évite de se retrouver décorée encore plus. Et parce qu'elle aime bien faire ce qu'elle veut, aussi... c'est son appel après tout.
Mike arrive juste à temps avec la civière, le jeune homme est mis dessus, elle lui dit que l'autre est médecin et son partenaire ne pose pas de questions. Il travaille à l'hôpital depuis plus longtemps qu'elle, il doit l'avoir reconnu lui aussi. Les portes sont refermées et quelques secondes plus tard, le véhicule avance, les sirènes se font entendre et ils avancent. À l'arrière, on ne peut que faire confiance au conducteur. Ils ne voient pas la route, et ils doivent porter attention à celui qui a été attaqué.
Il se nettoie et elle lui tend des gants ensuite. Peu importe ce qu'il compte faire, même s'il est déjà entré en contact avec le sang, c'est toujours mieux qu'il en porte. Ensuite, elle lui met un soluté, le branche pour qu'il soit connecté pour que ses signes vitaux apparaissent sur l'écran. Ils ne sont pas très bons.
« Oui, chef. » dit-elle, d'un ton qui indique très bien qu'elle n'aime pas trop ce qu'il vient de lui dire. Il pense qu'elle ne sait pas faire son travail ? Elle réajuste le soluté, installe une couverture sur les jambes du blessé et avant d'avoir eu le temps de faire autre chose, elle jette un œil sur ce que le docteur fait. Rien de ce qu'elle a déjà vu.
« Hey ! Faites pas n'importe quoi, je veux pas avoir de problème s'il meurt ! » Parce qu'elle n'a aucune idée de ce qu'il fait. Elle sait qu'elle n'est pas médecin, mais elle ne se souvient pas avoir vu cela lorsqu'elle a commencé ses études en médecine ou encore dans n'importe quelles séries médicales (elle sait, ce ne sont pas toujours les meilleurs références) ou encore dans les formations qu'ils doivent prendre pour se tenir à jour. Habituellement, heureusement, elle passe toujours le patient en premier lorsqu'elle travaille. Mais là, c'est trop étrange. Elle a l'impression qu'il fait n'importe quoi et elle n'aime pas les conséquences qu'il pourrait y avoir.
Elle sait qu'il est docteur, mais ils sont humains (!) après tout, ils peuvent très bien commettre des erreurs comme tout le monde. Elle en entend des belles parfois à l'hôpital. De médecins se croyant tout puissant, n'écoutant personne, faisant ce qu'ils veulent et causes des dommages irrémédiables à un patient. Une belle leçon d'humilité se dit-elle, mais à quel prix ? Bref, elle préfère le lui avoir dit. Son ambulance, ses règles, non ?

Spoiler:

Dans l’urgence de la situation, il donnait des directives sans forcément se soucier de ce que pouvaient penser les collègues. Il n’avait pas non plus un ton supérieur ou condescendant, bien au contraire, il était très calme et le faisait ressentir. Ce n’était pas toujours évident de donner des ordres sans se montrer au-dessus, mais c’était nécessaire quand il le fallait. En jetant quelques coups d’œil à la jeune femme, il comprit rapidement qu’il n’avait pas besoin de dire les choses pour qu’elles soient faites. Il reprit donc ce qu’il était en train de faire dans le but de maintenir en vie la victime. S’assurant que l’hémorragie ne soit pas des plus graves après avoir mis les gants que la jeune femme lui tendait tout en la remerciant d’une inclinaison de la tête brève.

Cependant, la remarque de la jeune femme fit stopper Kendall dans ses mouvements et il releva la tête pour plonger son regard dans celui de sa collègue. Il n’avait pas l’intention de faire n’importe quoi et encore moins de faire en sorte que cet homme ne perde la vie, tout le contraire.

«Si je passe par les procédés habituels il n’aura jamais le temps d’arriver vivant à l’hôpital. Je sais ce que je fais…»

Plus que n’importe qui même. Il n’y a pas de section des artères déjà, c’est plutôt une bonne chose, mais le patient a perdu trop de sang et je dois recourir à certains procédés avant de le mettre sous perfusion. Je cherche ses papiers pour connaitre son identité mais également savoir de quel groupe sanguin il est. Pas de papiers, il a dû se les faire voler avant de se faire poignarder. Alors je m’assure qu’il reste conscient en lui demandant son nom, cherchant à savoir également de quel groupe sanguin il est également.

L’ambulance arrive à l’hôpital au bout d’un moment, nous descendîmes dans la précipitation, aidé par les ambulanciers pour emmener cet homme pour des soins plus intensifs et une prise en charge par des infirmières. L’urgentiste me reconnaît, ce n’est pas Diancecht, mais il a l’habitude de me voir. Je m’avance avec eux, lui explique la situation et il m’invite à aller me changer pour l’accompagner pendant qu’il commence les soins. Je bifurque dans les vestiaires pour récupérer une tenue de bloc et y retourne…

Je sors du vestiaire avec mes affaires de concert et soupire d’un certain soulagement. Le patient est désormais entre de bonnes mains et hors de danger, il survivra et n’aura pas de trop grosses séquelles. Par contre, je viens de me souvenir que j’ai oublié mon instrument dans l’ambulance. Je regarde un peu partout autour de moi mais aucun signe des ambulanciers alors je retourne à l’extérieur pour aller voir s’il n’y a pas la jeune femme qui m’a assisté dans l’ambulance. Par chance, ils sont encore là, on dirait qu’ils sont en train de nettoyer le sang qui a pu couler dans l’arrière de la camionnette. Je m’approche d’eux et les interpelle.

«Hiya… Merci pour votre réactivité tout à l’heure. Le patient est sauf, il se repose en salle de réveil.»

Autant leur informer de la situation et leur dire qu’ils ont fait du bon boulot. Une vie de sauvée de plus aujourd’hui, je dirais. C’est plutôt une bonne chose. Je ne suis pas très tactile mais les observe et jette un petit coup d’œil dans la camionnette. Je glisse ma main sur ma nuque et la masse calmement tout en les observant. Je ne suis pas gêné, je fais juste croire que je suis fatigué et que je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit… En même temps, vu mon kilt et ma tenue on peut penser beaucoup de choses.

«Je crois que j’ai oublié mon instrument dans votre ambulance…»

Attendant une réponse de leur part, je ne m’impose pas trop, et fini par me présenter.

«Je m’appelle Kendall, au fait. On ne s’est jamais réellement parlé mais souvent rencontré dans les couloirs de l’hôpital.»

Inutile de préciser que je travaille dans les parages et que je suis médecin, elle l'a devinée toute seule.

Spoiler:

Il sait ce qu'il fait... elle ne peut que se fier à ce qu'il lui dit. Elle lui jette un regard et continue de s'occuper du jeune homme, comme si tout ce que fait le médecin est normal. Il faut vraiment l'espérer. Elle s'occupe de mettre un masque à oxygène sur le patient, son taux d'oxygène commençant à être bas. Que ce soit à cause de la technique ou de la perte de sang, elle préfère ne pas prendre de chance.
Heureusement, le trajet ne dure pas bien longtemps, le blessé semble être sauf pour le moment, elle tient tout de même le chariot de réanimation pas très loin, au cas où la dite technique ne fonctionne pas. Ils sortent la civière, le personnel de l'hôpital s'approche et elle se met à dire ce qu'elle sait (homme, trentaine, blanc, perforation, perte de sang, technique improvisée par ce type (le médecin), comment il est en ce moment, avec des abréviations, des mots raccourcis dits à toute vitesse alors que le brancard est amené dans une salle où le transfert vers une civière est faite. Quelqu'un de complètement extérieur au domaine médical s'y perd.
Elle et Mike retournent ensuite à l'ambulance qui est déplacée pour laisser la place à d'autres. Ils ne vont pas très loin, ils ont des papiers à remplir et l'arrière à nettoyer. Même si son collègue n'était pas là, c'est à eux deux. Quand elle, elle conduit, elle fait cela aussi. C'est une question de rapidité pour aller ailleurs en cas de besoin par la suite. Ou pas, il suggère qu'ils pourraient manger après, c'est bientôt l'heure et ils doivent bien prendre un repas à un moment ou à un autre.
Selon leur radio, certains ont déjà commencé un peu plus tôt, lorsqu'ils s'occupaient du John Doe. Ils devraient être bientôt revenus. Ils ne peuvent pas tous partir en même temps, il doit toujours y avoir au moins une ambulance sur la route, ce qui est normal.
En cas d'accidents plus grave, avec plusieurs blessés, il peut arriver qu'ils doivent interrompre leur pause. Tout comme s'ils sont témoins de quelque chose ou encore s'ils ont terminé de travailler, très souvent, comme l'a montré le médecin, ils vont aider. C'est souvent un instinct pour eux, peu importe s'ils n'ont pas les mêmes connaissances qu'un docteur.
Docteur qui apparaît une fois leurs paperasses complétées et qu'ils sont en train de nettoyer l'arrière de l'ambulance. « C'est mo... notre boulot. » Elle a pensé à Mike, qui secoue la tête, habitué. S'il n'était pas à quelques semaines de la retraite, il demanderait à changer de coéquipière. Là, il s'amuse en pensant au futur partenaire.
Le médecin indique qu'il a oublié son instrument dans l'ambulance, ils l'ont trouvés et mis à l'avant par terre en attendant pour ne pas oublier de le rentrer plus tard. Enfin, Mike l'a fait, elle, elle l'aurait laissé par terre. Et c'est donc le presque retraité qui sort de l'arrière pour aller vers la partie avant, les deux ayant une longue vitre les séparant mais pas de porte pour les laisser passer. Une question d'économie de place.
« Min. » se présente-t-elle, prononçant Miine. Son prénom a souvent été écorché, surtout quant on ne se fit qu'à son écriture. Selon les les langues parlées, le -in- peut prendre différente connotation. Elle, elle sait juste qu'il signifie intelligence en coréen et elle se dit que cela pourrait être pire. Princesse, reine ou beauté lui aurait mieux convenu, mais intelligence c'est bien aussi.
Naturellement, elle oublie de présenter Mike, qui vient de revenir avec l'étui. « C'est ça j'suppose ? » demande Mike, avec son accent typique de Philadelphie. Plus dur à l'oreille qu'un accent de San Francisco selon elle, mais ici, c'est elle qui un accent... « Et je suis Mike. On est les M&M. » ce qui fait grimacer l'autre M qui n'aime pas trop ce surnom.
« Enchanté. » termine son collègue, les présentations faites. « Vous voulez prendre un morceau avec nous ? » l'invite-t-il. Il voit qu'il semble crevé, il a peut-être envie de manger.
« Je vais nulle part avec lui habillé comme ça ! » qu'elle s'exclame, alors que Mike encourage Kendall à accepter d'un regard, les sourcils qui bougent.

Hrp-:

Il était heureux de retrouver son instrument. Une cornemuse ça n'est pas donné qui plus est. Il remercie Mike d'un hochement de tête accompagné d'un sourire.

M&M, c'est marrant ce petit surnom pour le duo d'acolytes de l'extrême. Je me mets à sourire. Je ne m'attendais pas à ce que les ambulanciers m'invite à manger en réalité. Et la réplique de Min -de crayon- (je sais c'est nul comme blague) me fit doucement rire. Je me mettais sur la pointe, puis les talons de mes pieds en m'observant un peu. Le kilt ne me dérange pas malgré le froid. Mais je me serais passé de venir au travail dans cette tenue.  

«Eh bien, je comptais rentrer chez moi après le concert, me changer au passage si je n'étais pas tombé sur cet homme mal en point. Ceci dit… j'accepte l'invitation. Je peux éventuellement mettre une tenue de l'hôpital si ça peut éventuellement donner une préférence à vous, Leddie.» Dis-je d'un léger accent Écossais.

C'était un peu de la taquinerie. Je crois que ça n'était pas mieux la tenue de bloc que le kilt. Et au moins j'avais les jambes qui respiraient. Même si le froid n'est pas le même qu'en Écosse j'avais bien entendu l'habitude. Je préfère ça que les guenilles qu'on laissait aux prisonniers au moyen âge. Je lâchais un petit ricanement puis levais la main pour arrêter les ambulanciers avant qu'ils ne disent quoi que ce soit et remplaçais mon instrument sur l'épaule.

«J'ai des vêtements de rechange dans mon vestiaire. Je vais aller me changer vite fait.»

Depuis que me retrouver couvert de sang sans rien avoir d'autre de rechange, j'ai fini par prendre le pli et prévoir plusieurs vêtements de rab au cas où. Donc je donnais rendez-vous aux ambulanciers au même endroit pour leur laisser le temps de finir le nettoyage de leur camionnette et montais au labo pour aller chercher mes affaires et me changer. Un T-shirt de mon grand père Diancecht que je n'avais pas encore pu rendre et qui était relativement serré au point de mettre mon buste et mes biceps en valeur puis un jean, je revenais avec mon sweat du groupe sur le dos et mes nouvelles fringues pour revenir près des M&M. J'avais rangé ma cornemuse dans mon vestiaire avant de l'oublier à un endroit inapproprié.

«Me voilà vêtu normalement. Si vous avez une idée en particulier, c'est moi qui offre.»

Un médecin qui invite des ambulanciers à venir manger avec lui, ça ne se refuse pas! Même moi je sais à quel point il y a un gouffre relationnel entre les médecins et les petits employés. Pourtant c'est grâce à eux que la santé tourne et roule. Sans eux, les médecins ne sont rien, pas de patient, pas d'urgences, pas d'argent. Moi ça me fait toujours rire. Je ne suis pas du genre à me montrer supérieur. Même si je suis un dieu, y'a des choses que j'ai appris et fait au cours de mes longues vies qui me permet de voir l'homme sous un autre oeil. D'autant plus avec les nouvelles technologies. Il faut savoir se montrer humble, et parfois se montrer sévère.

Donc je n'avais plus qu'à attendre mes deux comparses, le temps de terminer etc et les suivre jusqu'au restaurant de leur choix. Pendant le trajet, je faisais un peu la conversation.

«Je suis arrivé il y a quelques mois, ce genre de cas arrive régulièrement en ville en ce moment, non? Y'a de la tension dans l'air. Encore plus avec cette histoire du 1er octobre… Je sens les gens à cran...»

Non seulement la série d'attentats lors de la commémoration et pendant une réunion avec les primats de la ville qui a mal tourné de ce que j'en ai vaguement entendu parler, j'ai la nette impression que les nouveaux dieux ont commencé à agir à leur manière. Et ça,c'est pas bon du tout. Mais en parler avec des humains devient relativement compliqué. Je vais donc éviter de leur parler du côté surnaturel de la chose.

Leddie opine de la tête. Effectivement, ce serait bien mieux avec une tenue d'hôpital. Un habillement un peu plus habituel, moins frappant. Déjà qu'il est super grand, il n'a pas besoin de se faire remarquer encore plus. Sinon, c'est elle qui ne pourra pas se faire remarquer. Bon, là, dans sa tenue d'ambulancière c'est moins grave. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus seyant comme vêtement. Elle sait que c'est pratique. Elle se voit mal en talons et en jupe faire ce qu'elle fait toute la journée. Elle a des limites à ce que ses pieds, si souvent maltraités, peuvent supporter.
Ils retournent donc au nettoyage de l'ambulance et à sa désinfection. Il n'y a rien de très écologique dans leurs procédés : dès qu'ils manquent de linges propres, ce qui arrive souvent, c'est au papier qu'ils nettoient. Et il vaut mieux ne pas lire les ingrédients des produits utilisés. Juste à l'odeur qu'ils peuvent sentir, ils se doutent que c'est loin d'être naturels. En même temps, c'est certainement mieux comme ça que de prendre le risque d'une contamination quelconque.
Kendall revient, changé. Il est plus présentable comme ça... bien qu'elle a un très gros doute sur son sweat. M'enfin, elle ne peut pas tout avoir dans un aussi court délai. Surtout qu'il se fait très bien pardonner. Il offre le repas ! « Fallait le dire tout de suite ! » Avoir su, elle n'aurait pas parlé de sa jupe, euh, kilt. Peu importe. C'est trop bizarre autrement que dans un défilé ou une réunion. Bref... dans la vie de tous les jours, dans des occasions normales, c'est bizarre.
« On a environ quarante-cinq minutes, alors pas trop loin et rapide. » qu'elle indique. Elle est enchantée, mais réaliste. Il y a plein d'endroits qu'elle veut tester, mais ils ne sont pas conseillés pour le moment. Cela risque de finir dans les endroits habituels autour de l'hôpital. Par contre, cela va être bien meilleur comme rien ne va sortir de son portefeuille. Elle est toujours contente d'économiser, cela lui fait plus d'argent pour des produits corporels ou capillaires ou pour des vêtements ou des accessoires.
De toute façon, ils savent tous les deux où cela va  se terminer. Dans les choix qu'ils ont, il n'y en a qu'un qui fait un poil plus chic que les autres. Ils y vont plus rarement car il est un peu plus loin et un peu plus cher. Lui pense au premier point, elle à l'autre. Ils se dirigent donc vers ce restaurant, coincés les trois en avant, elle au milieu, sur le siège qu'ils sortent seulement en cas de besoin. C'est assez rare. Ce n'est pas très confortable, mais elle a une ceinture, c'est déjà ça.
Le docteur fait la conversation. « J'ai pas l'impression que c'est pire qu'avant... » En même temps, ils ne sont pas les seuls ambulanciers, ces cas là ont pu aller à d'autres. « C'est un peu plus régulier qu'il y a quelques mois. » confirme Mike. « J'ai parlé avec des collègues. » Il n'y a aucun sous-entendu dans ce qu'il dit, il parle, pas elle. Elle aime bien quitter complètement son métier lorsqu'elle a terminé de travailler (sauf exception si quelqu'un a besoin d'aide), alors elle ne fait pas vraiment connaissance avec les autres ambulanciers. Elle ne va pas aux sorties au bar, aux fêtes et aux autres évènements qui pourrait la rapprocher des autres. Elle est la personne la plus importante dans sa vie et cela paraît. « Mais je dirais pas que c'est une grosse augmentation... c'est peut-être juste une passe, c'est déjà arrivé avant. » qu'il finit, il hausse les épaules. Il ne s'inquiète pas, sa ville devrait s'en sortir. Une attaque de ce genre c'est plutôt nul, sauf qu'il n'y a rien eu depuis du même acabit.
L'ambulance est stationnée pas très loin du restaurant, et ils peuvent sortir. Ils sont installés rapidement, bien qu'ils ne viennent pas souvent, ils sont facilement reconnaissables. On se doute bien qu'ils ne vont pas s'attarder.
Ils sont placés sur une banquette et elle s'installe au milieu d'une, les laissant être un à côté de l'autre. À chacun leur tour d'être coincés. « Un jus d'orange. » commande-t-elle à la serveuse qui vient porter les menus et qui leur demande s'ils veulent boire quelque chose. Mike demande un café.
« Vous jouez où ? » demande-t-elle au médecin. Son collègue la regarde, elle a vraiment posé une question personnelle à quelqu'un ? De façon volontaire ? Il y a quelque chose de louche... et c'est le cas, elle veut juste s'assurer de ne jamais y entrer. Elle ne veut pas trop souvent revoir ce kilt.  

Forcément, dès qu’il s’agissait d’une invitation les gens ne pouvaient qu’accepter. Surtout si c’est un médecin qui invitait à manger dans un restaurant du coin. C’est pourquoi le sourire de Kendall s’élargit à la réaction de Min. Ils avaient suffisamment pour trouver un endroit sympa où manger. C’est pourquoi il monta à la suite des deux ambulanciers pour aller au dit restaurant. En réalité, il n’avait aucune réelle préférence pour le choix, il proposa à Min et Mike de choisir. Se fichant bien du prix qu’il débourserait à la suite de ça. La voiture démarra alors et Kendal lança une petite conversation avec les deux ambulanciers histoire de se renseigner sur les événements de la ville. D’après Mike, c’était un peu plus qu’à l’habituel. En même temps, avec tout ce qui s’était passé lors du 1er octobre, il pouvait comprendre que les urgences pouvaient être débordées. Haa ! S’il pouvait simplement utiliser sa médecine dioscurique comme si de rien n’était… Il y aurait probablement moins de pertes, mais… La nature est parfois cruelle et ce n’est pas dans l’intérêt de Lugh de la contrarier constamment avec ses soins si spéciaux. Elle seule décide qui doit vivre ou mourir. C’est ce qu’on appelle la sélection naturelle.

«C’est peut-être simplement une passe, en effet. Puis avec les événements en ce moment, c’est normal que ce soit un peu le bazar.»

Nous arrivâmes bientôt au restaurant, le temps de se garer et de sortir de l’ambulance puis rentrer dans le bâtiment en saluant les serveurs. On nous installa sur une banquette. Préférant prendre l’extrémité de la banquette pour être plus tranquille. Quand la serveuse arriva pour nous donner les cartes et prendre les commandes des boissons. Pour ma part, je pris une bière en pinte, puisque de toute façon c’était de la pisseuse et que l’alcool n’avait aucun effet sur moi. Au moins, ça me fera le repas entier. Tentant de choisir un plat convenable et qui me tenterait bien, j’étais en train d’avoir un dilemme sur deux choix. Un morceau de viande avec un accompagnement de légumes ou une salade bien garnie. Je relevais les yeux sur Min quand elle posa sa question. Observant également le regard surpris de Mike. Je haussais les sourcils et baissais légèrement la carte.

«Un peu partout en réalité. On n’a pas de salle fixe ou de pub attitré. On va là où on nous propose de jouer. »

La serveuse revient avec les commandes de chacun, jus d’orange, café et bière. Je la remerciais, puis elle prit les commandes des plats que nous avions choisis. Finalement je vais rester sur le morceau de viande. A point avec des légumes en accompagnement. Je baissais les yeux sur Mike et Min. Un léger sourire étira mes lèvres en repensant à leur surnom, M&M. Ca avait l’air d’être un sacré duo de choc en réalité. Je prenais ma pinte et la levais à leur santé. Buvant deux trois gorgées pour ensuite le reposer tranquillement.
«Ça fait longtemps que vous travaillez en duo à l’hôpital ?»

Une façon comme une autre de faire la conversation. Puis Mike demanda ma spécialité en tant que médecin. Chose à laquelle je répondis dans la génétique et les analyses mais qu’il m’arrivait parfois d’aider au service des urgences en plus d’être consultant pour la police scientifique. Je n’allais pas trop parler de tout mon panel de spécialités sinon je n’avais pas fini. Mais le strict minimum requis et l’essentiel pour comme le cas de ce matin, réussir à aider un passant blessé avec ce qui me tombait sous la main.  

Ils savent très bien ce dont parle Kendall, ils en sont témoins très souvent. Min ne comprend pas comment on peut se laisser empoisonner comme ça. De vouloir perdre le contrôle de son corps comme ça. Juste l'idée de perdre le contrôle d'elle-même lui fait peur. Elle n'abuse pas de l'alcool et n'a jamais touché à aucune drogue, même pas pour essayer. Elle sait très bien que l'alcool peut causer encore plus de problème que la drogue, que c'est juste plus socialement accepté... mais elle n'en abuse pas de toute façon.
« On a été appelé en renfort cette journée là. » Elle ne dit pas quel jour, c'est assez clair. Cette explosion... elle a dû se préparer en vitesse, elle était en train de prendre un bain (lumières fermées, chandelles). Elle est même sortie les cheveux non séchés (!), c'est dire l'urgence de la situation.
Les boissons sont commandées, les menus sont donnés. Il répond ensuite à sa question. Il joue un peu n'importe où... cela ne l'aide pas. La serveuse arrive avec leurs boissons puis ils commandent. Elle commande la salade au saumon, son partenaire un burger avec des frites. Elle secoue la tête. Elle va encore devoir subir ses attaques malodorantes... il fait exprès.
« Vous avez un site internet avec les endroits où vous allez jouer ? » qu'elle reprend, ne comptant pas abandonner cette idée de revoir ce kilt trop souvent. Habillé comme il l'est en ce moment c'est bien mieux. Mike continue de la regarder comme si elle avait été changée par un extra-terrestre.
Elle lève ensuite son verre, puis en prend une gorgée tandis qu'il demande depuis combien de temps ils travaillent ensemble. « Presque deux ans... depuis qu'elle est arrivée de San Francisco, mais bientôt, j'prends ma retraite. J'l'ai assez supportée. » Min fait un regard innocent, sourire d'ange et paupières qui papillonnent rapidement. Elle sait qu'elle est assez difficile à supporter, mais il ne peut pas lui reprocher de ne pas faire son boulot correctement. Ce n'est pas de sa faute s'ils n'ont aucun point commun à part leur métier. « J'souhaite vraiment bonne chance à c'lui qui va finir avec elle... » Un très gros bonne chance.
« Moi je souhaite bonne chance à ta femme... » Certes, ils sont mariés depuis un assez long moment à présent, mais se retrouver avec lui à tous les jours, tout le temps à présent, cela risque d'être une adaptation. Mike sait que cela risque d'être difficile au début pour tous les deux, peu importe à quel point il aime sa femme et qu'il ne sait pas ce qu'il va faire de ses journées. Sauf qu'il a assez donné, il se sent fatigué et sait qu'il ne peut plus être aussi rapide qu'avant lorsqu'il est avec des clients.
Sa collègue le laisse conduire souvent, il sait que ce n'est pas par simple générosité, qu'elle pense surtout à la vie des patients en arrière qui ont besoin de quelqu'un rapide à réagir en cas de besoin, mais au moins elle n'a pas trop discuté. Ce qui est vraiment beaucoup de sa part. Il se dit qu'avec un peu plus de temps il aurait peut-être pu découvrir un cœur sous cette belle carcasse ô combien froide et égoïste. Là, il n'en a plus de temps, il se dit qu'il est trop vieux pour essayer de la changer, il ne sent plus assez héroïque et patient pour cela.
Le docteur lui répond, ce qui lui amène une autre question. « Vous avez vous études ici ou bien vous avez dû vous adapter aux méthodes américaines ? » Il ne vient pas d'ici, il n'a pas un accent américain, cela s'entend clairement. Min se lève, sans ne rien dire, puis se dirige vers les toilettes. La politesse exigerait qu'elle reste et écoute la réponse de celui qui va lui payer le repas, mais elle s'en fiche bien... ça ne parle pas d'elle. « J'pensais que c'était juste les chirurgiens qui pétaient plus haut que le trou, mais j'vous jure, celle-là... » qu'il dit, pour excuser le comportement de sa coéquipière. Il ne pense pas au cliché qu'il vient de dire... même s'il en a rencontré quelques uns qui ne lui ont pas faire démordre de ce cliché. Il est juste un type qui prend un autre type à témoin.

Les questions que Min posait semblaient relativement troubler Mike, son acolyte. Les regards qu’il lui lançant me fit légèrement hausser les sourcils. Puis je revenais sur la demoiselle. En vérité, nous n’avons pas réellement de site internet. Je devrais probablement me débrouiller pour en avoir un officiel. La plupart c’est surtout via les réseaux sociaux de mes comparses.

«Pas officiel, non. On n’est pas encore assez connu pour ça. Vous seriez intéressée pour venir écouter ? » Dis-je de façon naïve sans forcément savoir si elle posait la question réellement parce qu’elle était intéressée ou non.

A en voir l’attitude du duo d’intrépides que j’avais avec moi, il était certain que cette atypie devait faire l’unanimité chez leurs comparses et autres collègues. Etonnant que je n’en n’ai pas encore eut vent à l’hôpital. En même temps, je dois bien admettre que j’ai souvent tendance à être à courir partout et souvent dans ma bulle. Surtout si je suis sollicité pour une enquête. Puis finalement la conversation bifurque sur leur duo, et le temps qu’ils avaient passé ensemble en tant que collègues. Ça ne devait pas être facile tous les jours entre eux ; Les deux semblaient avoir un caractère bien à eux et surtout corsé. Chose que j’analysais calmement dans mon coin sans relever plus que ça. Quand Mike me répondit, et la rhétorique qu’ils eurent, me confirmait bien leur tempérament. Jusqu’à ce que l’ambulancier pose une nouvelle question.

«Non, je viens de Londres… A la base j’ai fait mes études en Ecosses puis à Londres et j’ai travaillé quelques années là-bas pour débarquer ici… J’ai dû m’adapter…» Sans finir ma phrase, je relevais le regard sur Min qui s’était soudainement relevée pour aller aux toilettes. Sans même s’excuser ni rien. Je la suivais longuement du regard avec un air relativement abasourdi, pensant avoir dit quelque chose qui l’aurait contrarié. Mais non… Je détournais mon regard sur Mike qui s’exprima pleinement. Comprenant que Min était du genre pète sec. Un hochement de tête accompagné d’un « ho » que je ne prononçais pas pour affirmer les propos de mon vis-à-vis et je me contentais de récupérer ma bière que la serveuse nous apporta avec le reste des commandes.

«Hélas, il n’y a pas que les chirurgiens qui peuvent être ainsi.»

Mon sous-entendu était lourd de sens. Pour moi, il reflétait assez bien l’attitude de certains dieux, et la mienne accessoirement. Le nombrilisme était l’une de nos plus précieux défaut. Ce qui nous faisait un tant soit peu vivre et exister. Je buvais ma pinte tout en guettant un peu le retour de Min, histoire de savoir un peu comment prendre le taureau par les cornes pour les prochains moments où elle serait avec nous.

« Le truc, c’est qu’ils en oublient qu’ils sont comme tout le monde, et qu’ils ne défèquent pas des paillettes et des perles de rose. Ils sont comme tout le monde.»

A la différence des humains qui eux, se vident, les dieux, eux, en sont exempts, ça ne les empêche pas de vider autre chose pour se purifier. Je relève les yeux au plafond, pensif tandis que j’avale une grosse gorgée de bière. Petit air dubitatif et hochement de tête à cette pensée qui me traverse. Je repose calmement mon verre et m’essuie les lèvres avec ma serviette. C’est malin, j’imagine la miss dans la pire des positions maintenant, et avec une diarrhée qui plus est. Un petit rictus se dessine sur mon visage et j’efface rapidement cette pensée en voyant revenir Min. Me vint alors l’envie de la taquiner un peu, histoire de jauger son comportement et la réaction qu’elle pourrait avoir. Mais ce n’est seulement qu’une fois celle-ci à portée de voix et en train de s’installer que je lui souris brièvement en la fixant.

«La selle a été bonne ?» Petit ton taquin et haussement de sourcil tout en me redressant sur mon assise pour m’adosser tranquillement. Je zieutais un peu Mike pour voir sa réaction, puis Min. «Non, parce que ça devait être une envie sacrément pressante pour que vous quittiez la table aussi rapidement sans crier gare.» Relevais-je finalement un petit rictus amusé sur mon petit minois. On m'a souvent dit que j'étais agaçant et lourd parfois. Et j'aime bien taquiner ou faire un peu d'humour. Bon, même si là, c'est clairement une pique visée sur Min. Je m'excuserais si vraiment je sens que je l'ai offensée. Ou pas.

Min se doute bien que toutes ses questions sont louches aux oreilles de son collègue, mais ce dernier va bien vite comprendre le pourquoi, malheureusement. Elle secoue la tête. « Non... c'est pour éviter. » qu'elle répond, sans aucune gêne ou compassion ou n'importe quel ton qui pourrait être utilisé pour s'excuser de ce qu'elle vient de dire : elle s'en fiche.
« Min ! » fait Mike, ne parvenant pas à croire ce qu'il vient d'entendre, se disant qu'il aurait dû se méfier et non pas croire à une Min plus humaine soudainement. « À moins que vous ne changiez de look. » Détail important pour elle.
« Min ! » qu'il rajoute, son ton un peu plus désespéré cette fois. « T'es pas croyable... » Au sourire qu'elle fait, il comprend qu'elle prend ça pour un compliment et il secoue la tête ensuite. Il secoue ensuite la main vers elle pour s'excuser auprès du docteur.
Il s'intéresse ensuite à ce dernier, c'est pas à tous les jours que cela lui arrive, il est sympa en plus. Lorsqu'elle se lève, sans ne rien dire, sans aucune gêne, laissant les deux continuer de parler. S'intéresser aux autres ce n'est pas trop son truc, il le sait, mais il est toujours surpris de voir à quel point. Peut-être parce que malgré tout, elle est une très bonne ambulancière.
Il hoche la tête, il veut bien le croire, il a tout un exemple à ses côtés à presque tous les jours, les soirs, les nuits. « Ouais, elle déteste ça. » qu'il indique au médecin, prenant une gorgée de son café. « Vous êtes ici depuis longtemps ? » demande-t-il, retournant vers le sujet précédent.
De son côté, Min est dans la salle de bains, a utilisé rapidement la toilette (non sans avoir mis trop de papier de toilette par-dessus le siège). Elle déteste les toilettes publiques, même après toutes ses années à devoir les utiliser. Puis, elle se lave les mains et se les sèche. Ensuite, elle se recoiffe, vérifie que son maquillage est toujours correctement en place.
Elle retourne ensuite à sa table comme si de rien n'était. Son absence a été remarquée, le médecin fait une remarque. Mike se retient de rire. Il sait très bien que c'est un sujet sensible pour sa collègue. Plus que ça : elle en a honte, même si tout le monde est comme ça.
En fait, c'est justement parce que ce n'est pas original qu'elle réagit de cette façon... c'est si commun. Ce qui est assez étrange pour quelqu'un qui aime suivre la mode, sauf que cette dernière n'est pas suivie par tous. C'est peut-être pour ça. Ou parce que entre la mode et les besoins primaires il y a en un plus glamour que l'autre.
La selle ? Elle voit très bien ce dont il parle, mais elle ne compte pas lui répondre à ce sujet, surtout qu'il n'y a pas eu de selles. « J'ai pas vu de cheval. » assure Min à Kendall. « J'en ai jamais vu dans des toilettes. » Juste au cas où ça serait courant chez lui de penser qu'il y a des chevaux dans les salles de bains.
« Je voulais juste ne pas vous déranger pendant votre conversation. » qu'elle indique. Ce qui est très généreux de sa part, n'est-ce pas ? « Tu voulais juste pas écouter car on parlait pas de toi. » fait Mike. Elle hoche la tête et il secoue la sienne, désespéré, recalcule ses jours avant sa retraite. Au moins, il ne peut pas dire qu'elle n'est pas honnête...
La serveuse se présente ensuite avec leurs commandes, ce qui amène un très bon changement de sujet et d'orientation. Elle se met à manger, lentement, sans aucune autre sorte de politesse que ce soit envers la serveuse (Mike a dit un merci), ou envers les deux autres en face d'elle (pas de bon appétit).

Au moins, je ne pouvais pas lui reprocher de ne pas être directe à cette petite. Elle avait non seulement du répondant, mais également aucun tact. Je ne pouvais pas l’en blâmer, j’étais un peu pareil, mais un peu plus subtil tout de même. Bon, j’admets que je ne m’attendais pas non plus à ce genre de réponse. chose qui fit se brusquer un peu Mike pour moi quand ce mon côté je fixais Min avec un simple haussement de sourcils décontenancé.

«Ma foi, il m’arrive de ne pas porter le kilt à tous mes concerts, si ce n’est qu’une question de look.»

Y’a de quoi constater que cette petite n’était pas croyable, mais ça me faisait un peu rire. Y’en a plus d’un qui aurait pu être offusqué. Mais pas moi, il faut en faire plus que ça pour que je m’irrite ou m’offusque réellement. Et puis, je ne suis pas du genre à prendre la mouche à la première réflexion, sauf si ça touche un point sensible pour moi. Je réponds à Mike pendant que Min est aux toilettes. Secouant un peu la tête.

«Seulement quelques mois maintenant, mais non, ça ne fait pas bien longtemps que je suis sur Philadelphie. J’apprends encore un peu à m’adapter aux locaux.»

Quand elle revint des toilettes, j’esquissais un sourire amusé face à sa répartie. Je dodeline du chef en levant légèrement les yeux au ciel en l’écoutant. Une véritable narcisse, en effet. Je comprends un peu plus le fait que Mike m’ait parler de péter plus haut que son cul. Ceci-dit je serais curieux de savoir si y’a des paillettes. Enfin, les plats arrivaient et ça n’était pas plus mal. Remerciant la serveuse pour avoir apporté les plats, je revenais sur les deux zozos. Je souhaitais un bon appétit général, mais plus ciblé envers Mike que Min, vu que cette dernière ne semblait pas s’en préoccuper et avait déjà commencé à manger. Comme je ne les connais pas plus que ça, je n’ai pas réellement de sujet de conversation à proposer, et puis, j’aimerais aussi éviter de parler d’un sujet qui ferait fuir encore une fois la demoiselle parce que ça ne l’intéresse pas. Alors, histoire d’en savoir un peu plus sur elle, je finis par lui demander. «Parlez moi un peu de vous, Min, en dehors de votre travail vous avez des passions ou des loisirs?»

Ca ne pourra que lui faire plaisir que je m’intéresse un peu à elle et que je veuilles lui poser des questions sur elle. Je ne voudrais pas mettre une mauvaise ambiance, même si entre les M&Ms y’a déjà un peu de tension depuis tout à l’heure. J’ai pas spécialement envie de manger dans une ambiance tendue et me taper des aigreurs d’estomac, même si j’en aurais pas, c’est l’image. Je bois tranquillement ma pinte de bière, c’est qu’il se faisait soif, puis, écoute un peu ce qu’aurait à dir Min à son sujet. Mais mon attention est soudainement attirée par une personne qui tousse, le genre de toux plutôt relative à un étouffement plus qu’une maladie. Un des clients à une table à l’opposé de la nôtre semble s’affoler et tenter d’aider la personne qui semblait avoir avalé de travers et s’étouffer. Je fronçais les sourcils, prêt à réagir, en fait, je réagissais, trop vite pour qu’on ne le remarque car c’était comme si j’étais resté sur ma chaise, mais j’avais bel et bien agit pour faire recracher le morceau de viande coincé dans la trachée de cet homme. Il put alors respirer un peu mieux et boire un grand verre d’eau pour faire passer tout ça. Je revenais sur Min et Mike, une fois certain qu’il n’y ait plus de danger.

«Hm… Désolé, vous disiez?»

Min soupire, contente de pouvoir l'imaginer avec autre chose qu'un kilt à ses concerts. Elle ne compte pas y aller, mais au moins, il est capable de s'habiller de façon un peu plus convenable, cela fait moins peur. N'empêche, elle aurait préféré qu'il s'offusque un peu plus de sa réponse. La réaction de Mike ne compte pas, elle est habituée. Elle aime bien choquer les gens, elle ne peut pas s'en empêcher. Sûrement parce qu'elle aime se faire remarquer et ce, peu importe les moyens.
Elle part par la suite à la salle de bains, laissant discuter les deux hommes de quelque chose d'autre qu'elle. « Oh bah, j'sais pas si vous avez besoin d'aide, mais j'ai toujours vécu ici. Si vous avez des questions, hésitez pas à m'en poser si on se recroise.... enfin, d'ici ma retraite. » Il a bon cœur, mais il a oublié sa retraite... et il ne compte pas la retarder trop longtemps. Peut-être qu'avec une autre coéquipière que Min il aurait prolongé, il aime son métier, mais avec sa femme et elle... il va la prendre dès que possible, il mérite une pause.
Lorsqu'elle est de retour, une fois le sujet du cheval abordé et terminé, ils peuvent se mettre à manger, les deux hommes se souhaitent bon appétit. Et puis, le médecin lui pose une question qui la concerne. Naturellement, elle relève la tête et perd le compte des futures calories qu'elle allait ingérer, avec le calcul du temps qu'elle allait devoir bouger. Elle ne sait pas exactement ce qu'il y a dans ce qu'elle a commandé, elle préfère faire attention.
« Oh... je suis pas très difficile. J'aime un peu tout. » Son coéquipier la regarde, qu'est-ce qu'elle va encore dire celle-là ? Elle aime seulement ce qui est à la mode. Ah oui. La mode concerne un peu tout. Il continue de manger sans ne rien dire, après avoir lancé un nouveau regard au médecin : attention.
« J'aime les vêtements, l'art, certaine musique... » À présent qu'il est moins souvent en kilt, elle est un peu plus intéressée par lui. Il est pas mal, il est médecin, donc probablement riche... elle ne pense pas qu'elle est plutôt exécrable et qu'elle a dû éliminer tout chance dès les premières conversations.
De toute façon, il ne l'écoute pas vraiment. Elle comprend pourquoi. Elle arrête de parler, porte son attention sur celui qui est en train de tousser. L'ambulancier fait pareil, et c'est aussi le cas de Kendall. Il doit être rare que quelqu'un dans un restaurant soit aussi bien entouré pour se faire sauver en cas de besoin. Il a de la chance dans sa malchance. Heureusement pour lui, rien ne se passe : il a terminé de s'étouffer et tout semble bien aller.
« Les cours de premiers soins devraient être obligatoires. » qu'elle commente. Ce qui peut être surprenant de sa part à entendre. Elle se dit juste que s'ils ont moins de raison pour intervenir sur des petits problèmes de ce genre, ils vont pouvoir le faire sur des cas plus importants. En gros, une autre méthode pour montrer à quel point elle est utile. Ce n'est pas de la générosité et du grand cœur.
Puis, le médecin reporte son attention vers eux (elle), demandant ce qu'elle disait. « Que les cours de premiers soins devraient être obligatoires. » Mike hoche la tête, d'accord avec sa coéquipière, même s'il se doute que ses paroles ne sont pas aussi pures que ce que lui peut penser. Ils auraient moins de boulot, mais surtout il y aurait plus de vie de sauvée. Ce qui est le plus important, non ? Et il ne sait pas à quel point il a pu l'écouter un peu plus tôt, alors il va se taire... pour une fois.
« Tu ne penses pas ? » qu'elle rajoute, d'une voix un peu plus mielleuse. Elle reprend une bouchée, prend une gorgée de son breuvage, comme si elle n'avait aucune arrière pensée.

Il n’y manquera pas. C’est ce que lui avait répondu Kendall. A la proposition de Mike. Mais il doutait qu’il fasse appel à ses services pour visiter la ville ou ne serait-ce qu’une quelconque question en rapport. En revanche, pour ce qui était des services et d’une entraide entre collègue, Kendall se proposa également.

«Et vous, n’hésitez pas si jamais vous avez besoin de mon aide, pour quoique ce soit, je suis assez polyvalent en médecine. Ce sera avec plaisir que de vous donner un coup de main un de ces jours.»

Après tout, c’était entre bon entendeur, il n’y avait pas de quoi garder ses services pour soi. Donc, c’est une fois l’intervention du cheval dans les toilettes passées que nous pûmes manger calmement. Enfin, calmement, jusqu’à ce qu’un type s’étouffe et que toute l’attention soit rivée sur lui. Aussi bien moi que mes comparses ambulanciers que je sentais prêt à intervenir également. Son voisin d’en face n’avait pas pu faire grand-chose, et il n’avait fait que se moquer de l’autre sur le point de perdre la vie par manque d’air. Il l’avait même filmé avec son téléphone portable. Si bien que j’étais intervenu sans que ça ne se voit, et pour ne pas être obligé d’écourter le repas et emmener ce gars à l’hôpital. Je ne savais même pas finalement où nous en étions dans notre conversation que je demandais calmement à Min de répéter ce qu’elle avait dit.
L’observant quand elle répéta sa phrase, je zieutais un peu Mike pour savoir s’il relèverait un quelconque intérêt à ce que Min avait pu dire et je le voyais qui hochait la tête. En accord avec elle. Pas que je me demandais s’il était entièrement d’accord avec elle, mais je pense que nous étions trois à penser la même chose… probablement différemment.

«Ça devrait être obligatoire, en effet, et contrôlé encore après les études, ça s’oublie un peu ce genre de choses, et les gens ne sont pas forcément très… coopératifs.»

Je désignais le type qui gloussait avec son téléphone.

«Rien que filmer et rire de son compagnon qui s’étouffe devrait juste être puni pour non-assistance à personne en danger… Mais je crois que je vais un peu loin.»

Au moment où je termine ma phrase, le type qui revoyait la vidéo en ricanant encore un peu de son comparse eut étrangement un réflexe étrange. Il jeta son téléphone sur la table comme s’il l’avait brûlé et interpela son comparse de mater la vidéo. Soi-disant qu’il était hanté par un esprit. Un haussement de sourcils étonné, et je rivais de nouveau mon regard sur les deux hommes qui semblaient revoir avec stupéfaction la vidéo. Je crois que j’ai résonné trop fort avec la lumière pour venir lui donner un coup de main, ce qui n’est pas impossible que j’ai une apparence complètement lumineuse bien que totalement méconnaissable et bien trop rapide. Mais les deux hommes semblèrent être stupéfaits par cette intervention. Si bien que celui qui avait filmé s’écria un peu subitement.

─Mec ! T’as été sauvé par le saint esprit !

Si je pouvais leur dire que le saint esprit n’est pas ce qu’il croit, je crois qu’ils me traiteraient de bien des choses. Je ne me préoccupe finalement pas de ces deux types et me contente de manger mon plat, buvant un peu de bière pour ensuite revenir à mes deux collègues histoire de calmement repartir sur autre chose.

«Donc, Min ? Vous disiez que vous n’étiez pas difficile… Dites-m’en plus sur le style d’art ou de musique que vous appréciez écouter. Je suis assez éclectique.»

Ce n’est pas parce que je joue dans un groupe de musique celtique qu’il ne m’arrive pas d’écouter plusieurs genres de musiques. Au contraire, je suis assez ouvert à tout, sauf peut-être les musiques qui me font saigner les oreilles puisque j’ai l’oreille absolue et que j’ai tendance à ne pas aimer les fausses notes, que ce soit en chant ou avec des instruments. Et en plus de ça, j’ai des goûts variés pour bien des choses, pas seulement la musique. Mais... est-ce que je viens à peine de me rendre compte que Min m'a tutoyé tout à l'heure? Hum... Oui, possible.. Je n'ai absolument pas calculé en vrai.

L'ambulancier hoche la tête, même s'il ne pense pas avoir besoin du Docteur d'ici sa retraite. Il ne l'espère pas tout du moins. Cela serait un très mauvais début de retraite si tel était le cas. Il n'a rien contre lui, il semble être tout à fait correct, terre à terre, pas trop chiant (mieux que Min), bien mieux que d'autre médecin qu'il a pu rencontrer. C'est peut-être ses origines... bref, il n'a rien contre lui, mais il préférerait ne pas le voir prochainement pour des besoins personnels.
Sa collègue de retour, ils peuvent donc manger. Et il continue de la regarder de façon suspecte. Il essaie de dire au médecin de faire attention, sauf que ses talents de télékinésie ne sont pas très développés. Il n'a pas le temps de les développer plus longtemps, quelqu'un s'étouffe et les trois se concentrent là-dessus.
Tout se passe bien finalement, ils ne se rendent pas compte de ce qu'à fait Kendall. Min aborde donc le sujet du cours de premiers soins qui devrait être obligatoire. Il est d'accord, mais ne pense pas que cela puisse fonctionner. « À chaque renouvellement du permis de conduire ça devrait être obligé... ça peut aussi être pratique en voiture. » Mike hoche la tête. Ils ont pu en voir de toutes les couleurs.
En voiture, on mange aussi, même si ce n'est pas conseillé, et les personnes qui finissent étouffées pour ensuite s'enfoncer dans un objet, immeuble, voiture ou piéton, cela arrive. Et juste savoir comment réellement réanimer quelqu'un serait pratique. Bien des fois, on essaie, mais l'air finit dans l'estomac car la tête n'est pas bien placée. Et ce n'est que deux exemples. Le docteur doit aussi en avoir vu de toutes les sortes ou en entendre parler aussi.
Elle hoche ensuite la tête. Il va effectivement un peu trop loin. S'il ne savait pas quoi faire, il aurait pu lui casser une côte ou lui faire plus de mal que de bien. Certes, filmer n'est pas idéal, mais tout est bien qui finit bien. Le médecin continue de les regarder et elle, elle fronce des sourcils en les entendant. À voir le téléphone qu'il a dans les mains, c'est normal que la lumière merde. Pas besoin d'invoquer le saint esprit pour cela.
Elle lève les yeux dans les airs et Mike secoue la tête. Il sait qu'elle n'est pas du tout croyante. Lui, il a été élevé avec le catholicisme, il ne pratique pas, se rend à la messe de Noël, sauf qu'il respecte ceux qui croient plus que lui. Elle, elle trouve que c'est un « ramassis de conneries ».
Tout semble être plus calme et de retour à la normale, alors ils peuvent retourner à leur repas. Elle mange lentement, pour manger moins au final. Elle n'est pas pressée, il reste encore un peu de temps avant la fin de leur chiffre. Pas beaucoup, mais suffisant.
Le sujet de ce qu'elle parlait un peu plus tôt revient, avant qu'ils soient interrompus par cet étouffement qui s'est bien terminé. Mike prend une gorgée de café, cela n'allait pas être très intéressant ni très original. « J'aime bien Lady Gaga, Taylor Swift, Beyoncé, The Weeknd, Ed Sheeran... j'aime aller dans les musées dès qu'il y a quelques nouvelles expositions pour me tenir au courant... j'aime bien la peinture romantique et réaliste. » lui répond-elle.
Parce qu'elle ne comprend pas trop le reste, ce qui ne l'empêche pas d'aller voir certaines expositions plus populaires juste pour montrer qu'elle y a été. Il n'y a rien qui sort vraiment du lot dans ce qu'elle dit, c'est populaire, alors elle aime, même si elle doit se forcer pour cela. Elle n'est pas très difficile, effectivement.
« J'adore tout ce qui concerne les défilés de mode aussi, les créations. » Ce qui ne paraît pas vraiment en ce moment avec son uniforme d'ambulancière. Elle a beaucoup trop de vêtements chez elle, magasiner est l'une de ses activités préférées... et cela indique pourquoi elle a autant tiquer sur le vêtement qu'il portant un peu plus tôt.

La population a surtout besoin d’un peu plus de discipline, car celle-ci se perd depuis les nouvelles génération et plus rien n’a de sens dans la vie que leur téléphone ou les réseaux sociaux. Et ça, la discipline, y’en aurait eut fortement besoin pour cet homme qui s’est étouffé. Si je n’étais pas intervenu, peut-être que mes collègues l’auraient fait en constatant que les choses s’aggravent, et moi j’en aurais profité également pour m’occuper de lui en tant que médecin. Mais, parfois, autant s’amuser un peu, et éviter à mes comparses de travailler sur leur pause déjeuner. Puisqu’il ne reste pas non plus des masses de temps pour notre repas. Je reprends tranquillement ce dernier, buvant ma bière à grosses gorgées. Puis mange mon pavé de steak saignant. J’écoute également ce que suggère Min. A chaque renouvellement de permis. Je sais conduire, mais j’ai passé mon permis il y a trente ans de ça déjà.

Enfin, je ne suis pas particulièrement d’accord, le permis, c’est pénible à avoir. Et surtout fastidieux. Ça change pratiquement tous les ans avec la communauté actuelle. Il faut constamment se mettre à la page, et la plupart des gens qui conduisent n’en n’ont absolument rien à faire. Je suis de la vieille école, et personnellement, faire le service militaire sur deux ou trois mois en plus d’apprendre les gestes de survie et d’aide à personne en danger devrait être obligatoire pour tout le monde, plutôt que de faire du zèle et de laisser les gens rire du malheur des autres sur les réseaux sociaux. Ce que je trouve relativement outrageant. «Mh… Ce qu’il faudrait à tout le monde, c’est le service militaire obligatoire à vingt et un ans pour réapprendre la discipline et les gestes de premiers secours. Le permis, ça n’a d’utilité que de t’apprendre le code de la route, et la plupart des gens n’en n’ont absolument rien à faire une fois leur permis en poche. Je suis un peu de la vieille école, et y’a un peu trop de zèle sur la population actuelle en mon sens.»

Preuve peut en être, il n’y a plus ce respect et cette attention que certains avaient d’antan. Je relève les yeux sur Mike, puis regarde Min. Je ne dis pas forcément ça pour elle, mais je pense qu’il y a des chances qu’elle le prenne aussi pour elle en sachant ce que Mike m’a dit, symptôme du nombrilisme. Mike est plus âgé que moi d’apparence, mais doit probablement bien comprendre de quoi je parle, même si je n’en montre rien d’aspect, je suis un vieux de la vieille, et fut un temps la discipline s’érigeait souvent d’une main de fer. Alors, plutôt que de rester sur un sujet voué à nombre de divergences j’ai préféré m’intéresser sur les goûts de Min, le fait qu’elle ne soit pas compliquée, la curiosité me pousse à me renseigner sur les personnes qui m’accompagnent. Comprenant rapidement que la jeune femme est du genre à écouter et suivre les mouvements de mode. Comprenant largement où elle veut en venir sur l’art, les peintures romantiques et réalistes à défaut des autres. Moi-même -bien qu’étant relativement créateur de tout art- j’ai parfois du mal à en discerner certains. Je ne comprends pas l’intérêt de faire des toiles blanches avec un pot de Yoghourt au milieu, ou un cercle, voire des formes géométriques pour représenter un visage. Mais je respecte… a minima, puisqu’une toile vierge avec un poil de fesses au centre qui se vend des millions a tendance à me révolter. Je n’appelle plus ça de l’art, mais de l’escroquerie.  
«Plutôt intéressant. Et, les peintures romantiques et réalistes sont les meilleures je trouve. Vous saviez que Lady Gaga avait fait un concert complet avec le Groupe Metallica ? C’est à écouter, ça change complètement son style de musique, et elle est vraiment douée. Notamment pour le Jazz.» Un petit sourire enjoué, puis qui se dissipe un peu et je reprends. «Enfin, faut déjà aimer le groupe Metallica. Mais j’aime beaucoup ce qu’elle fait en Jazz. »

Je regarde Mike pour lui renvoyer la question histoire de ne pas non plus trop la monopoliser elle seulement, mais également de savoir un peu ce que Mike apprécie, lui. Et ce, durant une bonne partie du repas, jusqu’au dessert même, où je commande un Irish coffee. Oui, c’est un petit péché mignon dont je ne me passe pas quand je peux en avoir. Et sur ce qui est du travail, je suis largement bien placé pour savoir que l’alcool n’a aucun effet sur moi. Juste me procurer un certain plaisir.

Kendall n'a pas besoin à propos de ce que Min va entendre, elle pense tellement qu'à elle, qu'elle ne pense pas être comme les autres... il est vrai qu'elle connait (très bien) les gestes à poser en cas de besoin pour sauver quelqu'un. Que lorsqu'elle conduit et qu'elle voit une voiture arrêtée sur le bord de la route, elle prend la peine de s'arrêter afin de vérifier que tout va bien.
Ce qui pourrait être de très beaux gestes s'il n'y avait pas une seule attention derrière : montrer ce qu'elle est capable de faire. Pas d'actes de simples générosités, ce n'est pas pour elle. Au moins, elle s'arrête pour aider... ce qui est bien mieux que beaucoup d'autres personnes qui ne font que passer. Il est vrai que si elles ne savent pas quoi faire, c'est sûrement la meilleure des options.
« Mais une fois, c'est facile à oublier... le renouvellement de permis c'est au quatre ans... ça devrait leur entrer en tête à force, surtout s'ils ne peuvent pas avoir leur permis et conduire. » L'Amérique et leurs voitures. Kendall n'est pas du coin, il ne doit pas encore comprendre à quel point c'est important pour eux la voiture. À un tel point que le transport en commun à mis du temps avant de se développer et que bien des villes ont été développées selon le fait que tout le monde a une voiture.
« L'auto est très importante ici. » rajoute-t-elle. Mike est une nouvelle fois d'accord avec sa collègue. Il ne sait pas trop ce qu'il se passe pour qu'il soit encore une fois d'accord avec elle. Il jette un regard louche à son assiette. Elle aime conduire, a une belle voiture, mais en cas de besoin, cela ne lui dérange pas de prendre le taxi. Certaines personnes qu'elle connait ne veulent même pas en entendre parler.
« Par contre, c'est vrai qu'il y a moins de discipline... mais mon arrière-grand-père le disait à mon grand-père... alors c'est relatif. » rajoute Mike. Ça se disait lorsque les Grecs étaient au pouvoir, il y a quelques milliers d'années alors... Min hausse les épaules. Elle ne voit pas en quoi manquer de discipline est si mal que ça. Il y a bien assez de lois et de règles pour que tout soit assez bien encadrée.
Quoi ? Est-ce que pense l'ambulancier au « plutôt intéressant » que dit le médecin à l'énumération populaire de sa coéquipière. Cette dernière est contente, un sourire s'affiche sur son visage (elle devrait le faire plus souvent, ça lui donne un air plus humain). « Je savais pas... mais Metallica c'est pas ce que j'écoute. » Pas trop son truc. Elle peut faire semblant d'aimer certains groupes, mais d'autres, c'est impossible. « Les Beatles, Pink Floyd, Genesis... j'suis pas très musée ou art, j'en vois avec ma femme. Un film d'action et j'suis content. Plus c'est irréaliste, mieux c'est. Star Trek aussi. » Pas Star Wars, peu importe si c'est de nouveau à l'affiche. Il n'a rien à prouver à personne, pas à son âge. « Je regarde des trucs avec Penny, euh, ma femme, c'est potable parfois. » Parfois, les films romantiques en mettent un peu trop, parfois il se dit qu'il devient trop sensible avec l'âge.
« Bon, je vais aller voir le cheval. » Il se lève, lance un regard moqueur à Min. Elle, elle ne réagit pas, elle regarde Kendall, attend que son collègue s'éloigne. Elle pose ses bras sur la table, s'approche un peu. « Tu es venu seul à Philadelphie ? » lui demande-t-elle. Encore une arrière pensée, assez facile à deviner avec le comportement qu'elle a depuis quelque temps. « J'suis à Philadelphie depuis quelques années si jamais tu veux les conseils de quelqu'un de nouveau dans la ville. » Elle n'aime pas la ville, mais ce n'est qu'un détail.

Ca, je m’y attendais un peu. Le renouvellement a beau être tous les quatre ans, dans notre pays ce n’est pas la même chose. J’ai appris à conduire à l’anglaise, donc à l’inverse complet du reste de l’Europe et des USA. Ensuite, la voiture est importante également dans les coins reculés d’Ecosse, bien que les gens usent encore de leurs chaussures pour traverser une contrée ou une autre. Et même si c’est archaïque, il reste encore des gens à cheval ou en charrette. Oui-oui ! Dans les bourgades les plus reculées bien entendu, mais il en reste, et le renouvellement de permis, très peu s’en soucient là-bas. Alors, mon haussement de sourcil fut une réponse pour la jeune femme et je zieutais également Mike.

«Je viens d’un pays un peu plus archaïque. Le renouvellement de permis ce n’est pas vraiment le souci de la population. Je trouve plutôt pas mal que vous ayez le renouvellement de permis tous les quatre ans. Pour beaucoup de pays ça devrait être obligatoire.»

Je dis ça parce que dans beaucoup de pays il y a des abrutis qui ne savent pas conduire, sans parler des personnes âgées qui sont des personnes à risque aussi dans leur conduite. A risque parce que pour certaines une crise cardiaque peut vite arriver. Entre autres choses. Je regarde Mike et hoche la tête à sa réponse. Oui, moins de discipline. Même s’il y a quarante, soixante ou quatre-vingt ans les gens parlaient déjà de ce manque de discipline. Il y en a toujours eu. Et selon la vision des gens les lois et les mœurs étaient différentes. L’évolution humaine a fait qu’il y a eu énormément de changements.
«C’est parce que les mœurs changent, les besoins et les motivations aussi. Mais ça n’empêche, et je trouve que c’est un peu trop apical ce dernier siècle. Les gens sont tendus, on sent le ras-le-bol ou le je m’en foutisme de la population.» Beaucoup plus concentré sur la vie que contient son téléphone et les réseaux sociaux que l’humanitaire et le social des gens autour de nous. Même dire bonjour ça devient presque une agression.

Bon, au moins le changement de sujet permettait d’éviter d’autres sujets à débats du genre. Si bien que j’observais Mike quand il parla de groupes de sa jeunesse. Un sourire tendre affiché sur mon visage. Je hochais la tête. «Ce sont de bons groupes. J’aime bien le Rock progressif dans leur genre, comme Ozric Tentacle, Saga, King Crimson, Yes, Jethro Tull… » Des vieux groupes qui ont bercés pas mal de jeunesse, et si c’était un peu de l’âge de Kendall du fait de ses trente quatre ans sur la carte d’identité, c’était surtout pour moi un petit plaisir, même si j’écoute vraiment de tout les genres qui peuvent exister. J’ai fatalement des préférences et quelques groupes ou artistes qui me font saigner les oreilles. Mais bon. Je reviens sur Min. avec quelques petites étoiles dans les yeux et un sourire plutôt jovial et excité. Parler de musique c’est mon fort. Je peux comprendre que Mettalica ne soit pas de son genre, mais le concert avec Lady Gaga est tout de même à écouter. Par contre, peut-être plus dans un style rapprochant la psychédélie de Lady Gaga, Taylor Swift ou Beyoncé peut-être qu’elle serait curieuse de découvrir cette artiste qui est d’ailleurs plutôt douée et en même temps relativement barrée. «Une chanteuse que je peux vous conseiller, Min, si jamais vous êtes curieuse à l’écouter, Viktoria Modesta devrait vous plaire. Après, elle a un style assez moderne mais très particulier. Y’a aussi Aurora qui est plutôt intéressant, surtout dans la voix.» Les films, j’en ai vu quelque uns, mais je suis loin d’être un cinévore en sachant que je n’ai pas vraiment le matériel à la pointe de la technologie chez moi pour m’éviter quelques désagréments à l’encontre des NGA. Me plier à leur technologie, c’est un peu comme leur donner plus de pouvoirs encore qu’ils n’en n’ont déjà. Je relève les yeux sur Mike qui se lève et lui sourit, hochant la tête. «Bon rodéo alors~ !» Lançais-je sur un petit air taquin et amusé. Un petit clin d’œil à son attention, et je revenais sur Min qui se rapprocha un peu au-dessus de la table pour me parler. Je n’avais pas rêvé tout à l’heure, elle me tutoie vraiment. Je la fixe et hausse les sourcils tandis que je ne perds pas mon sourire. «Pas exactement…» Je m’accoude et récupère ma bière pour la finir et l’observe avec ce même sourire. Je pense comprendre qu’elle voulait parler du fait que j’étais venu seul en tant que célibataire. «Pourquoi pas ? J’essaye de m’habituer un peu à la ville et l’Amérique, si on peut dire.» Eh bien, je dois admettre que ce n’est pas nouveau pour moi. Mais j’ai tendance à voir du pays. J’ai déjà vécu plusieurs décennies aux Etats-Unis mais je dois bien admettre que de tous les pays, c’est l’un de ceux qui évolue relativement vite et change énormément d’un siècle à l’autre.

Min hausse les sourcils, surprise à ce que dit Kendall à propos de son coin. « C'est pas obligatoire ailleurs ?» fait-elle, surprise. Déjà qu'avec le renouvellement, n'importe qui peut prendre la route bien souvent, alors sans... « J'pensais plus à ici qu'ailleurs... » Ailleurs, ce n'est pas trop son problème, elle n'est pas ambulancière là-bas.
Il se met ensuite à parler du côté discipline qui est perdu. Elle ne voit pas trop en quoi. Il est vrai qu'elle est en plein dedans, elle ne peut pas prendre du recul sur tout. Elle a tout de même une suggestion. « C'est parce que tout va trop vite... on est parti de juste la terre, au ciel, à l'espace en quelques dizaine d'années... et c'est dans tous les domaines. On est jeté dedans sans manuel d'instructions. »
Oui, c'est un mouton qui suit tout ce qui est à la mode. Elle a encore tout de même assez d'esprit pour être capable de le percevoir. Bon, elle est au courant, sauf qu'elle ne compte pas changer. Elle est capable de se passer de son téléphone lorsqu'elle travaille. Le reste du temps... elle préfère ne pas en être trop éloignée.
Plus on a, plus on veut en quelque sorte. Ce qui amène souvent des déviances de toute sorte. Mike hoche la tête, un peu surpris d'entendre parler sa coéquipière sur ce sujet. Habituellement, elle ne parle pas beaucoup. Il est vrai qu'il n'a jamais pensé à lui poser des questions aussi spécifiques. Cela lui apprendra à juger aussi rapidement... bien que cela n'enlève pas sa hâte de partir à la retraite et de ne plus avoir à la croiser à chaque journée. Il se dit que c'est surtout pour essayer d'impressionner Kendall qu'elle fait autant d'effort... et il n'a pas tort.
L'ambulancier hoche ensuite la tête aux groupes nommés par le médecin. Pas ses préférés, mais il connait tout de même. Min, elle, ne reconnaît rien dans ceux qui viennent d'être nommés. Elle est un peu plus de son époque. Ses parents, pour aider à leur intégration dans ce pays, n'écoutaient que la radio avec les morceaux les plus populaires du moment. Elle a grandi avec cela, n'a pas une très large culture de ce qui se faisait avant.
Il lui propose ensuite deux chanteuses, elle cherche et secoue la tête. Elles ne lui disent rien. Elle les a peut-être raté, elle suit beaucoup de personnes et de tendances sur les réseaux sociaux. Elle essaie d'être à jour, mais c'est assez difficile. « Merci, j'en prends note. » On ne sait jamais, peut-être qu'elle va vraiment aimer cela. Elle ne les connait pas, elle ne sait donc pas trop à quoi s'attendre.
Mike fait ensuite comme s'il avait un chapeau de cowboy, le tire en direction du jeune homme tandis que l'ambulancière se rapproche de ce dernier un peu. « Pas exactement ? » demande-t-elle. Qu'est-ce que cela veut dire ? Elle a besoin de détails afin de pouvoir mieux s'ajuster pour la suite.
Elle jette un œil à sa montre, une Fitbit (naturellement), quelques minutes et ils vont devoir partir. Elle prend une gomme à mâcher de l'une de ses poches, réfléchit un instant (oui, ce n'est pas du tout naturel pour elle de se montrer généreuse), tend le paquet au médecin pendant qu'il lui répond. « J'vais essayer de bien te la montrer... à force de la parcourir en ambulance, je vais un peu partout. » Elle n'aime pas, mais ce n'est qu'un détail. Elle sort un carnet, un crayon de l'une de ses poches et note son numéro de téléphone dessus. « Mon téléphone est à la caserne... » explique-t-elle la raison de cet échange un peu vieillot.
« Pourquoi avoir choisi Philadelphie ? » demande-t-elle, curieuse. Peut-être que cela l'aiderait à se réconcilier avec cette ville. Ou pas. Elle ne l'aime pas et il lui en faut beaucoup pour pouvoir changer d'avis.

Je secoue la tête négativement à la question de Min quand elle s’exclame que le renouvellement de permis n’était pas obligatoire ailleurs. Pas de remise à niveau non plus, sauf si on se prend une amende qui nous le retire immédiatement. Mais dans d’autres pays, il y a beaucoup de choses qui changent. Après, je comprends un peu son raisonnement. On s’en fiche des autres pays au final, ça ne nous concerne pas si on a l’habitude de vivre ici. Puis les touristes se soucient rarement de ce genre de particularités, ça n’est pas toujours eux qui conduisent. Enfin, autant tout de même avoir ses papiers à jour… Quoique je suis assez étonné que ce soit moi qui pense ce genre de choses. M’enfin,ça reste une option dans d’autres pays et pas une obligation.

«Les guerres font que l’évolution est plus rapide. Ca a toujours été le précurseur d’une évolution de masse, dans tous les domaines, et principalement dans l’armement et la médecine. Je comprends un peu le point de vue. Oui, ça va trop vite... »

Un changement bien trop brutal même. Même moi je l’ai ressenti, je l’ai subi et je l’ai vécu comme une passe difficile. Pas le temps de tourner la tête que tout a commencé à changer si vite. Mais j’ai quand même tendance à m’adapter très rapidement, alors ça n’est pas un problème. Mais pour ce qui est des modes d’emplois, je crois que j’ai dû faire un bon paquet d’universités de toutes sortes pour me mettre à jour et dans tous les domaines confondus d’ailleurs. C’est l’avantage d’avoir une gueule d’amour qui s’adapte facilement. Même si je ne manque pas d’imagination pour pouvoir participer au moindre cours.

Quoiqu’il en soit, un sourire arbore mon visage tout en suivant le cowboy du regard qui part aux toilettes faire du rodéo avec le potentiel cheval fantôme. Me laissant ainsi seul avec Min qui semble très enthousiaste à l’idée de se retrouver en tête à tête. Je l’observe, la voit hésiter quand elle se prend un chewing-gum et pince les lèvres dans un sourire quand elle me regarde. Puis elle m’en propose un. Je ne dis pas non. Je hoche la tête et étire un peu plus mon sourire. Tend la main pour laisser tomber la gomme dans le creux de celle-ci et la met dans ma bouche à la suite.

«Merci...»

Oui, c’est compliqué de dire que je suis venu avec mon disciple et quelque uns de mes croyants avec qui je joue. Je me frotte le menton, étirant un peu les lèvres pour montrer mes canines dans une petite grimace contrite.

«Ben je suis venu avec mon groupe, celui avec qui je joue. Donc je ne suis pas vraiment venu seul.»

Je la regarde écrire sur un bout de papier et me tendre ensuite le numéro de téléphone inscrit dessus. Le récupérant pour jeter un coup d’oeil et le ranger dans ma poche interne de veste. Je lui sourit pour la remercier. Je dois bien admettre qu’avec Hope je parcours déjà pas mal les rues de la ville, mais on ne les visite pas vraiment à dire vrai. Donc bon, ça ne serait pas plus mal d’en faire une avec la demoiselle, qui sait. Je regarde ma montre, qui est on peu plus basique et sans réelle marque. Constatant que l’heure de reprendre le travail approche à grand pas.

«Je n’ai pas de téléphone sur moi, il est dans mon casier. Je l’inscrirais à mon retour au labo.»

Pourquoi avoir choisi Philadelphie, question simple et complexe à la fois. Et je dois admettre que je vais omettre quelques détails tout de même.

«En plus du travail et du groupe qui a choisi cette ville, j’ai de la famille ici. Et… en banlieue proche. Si on peut dire ça. Il faisait une éternité que je ne les avais pas vu alors j’en ai un peu profité qu’on fasse une halte avec le reste de la bande.»

Et comme ça je peux aider à ma manière et donner un petit coup de main d’une certaine façon.

Kendall confirme que le renouvellement du permis n'est pas obligatoire partout dans son coin. Min a un peu de mal à le concevoir, cela semble être logique de vérifier que tout est en règle d'une manière ou d'une autre. Bon, elle pense aussi qu'avant chaque renouvellement il devrait y avoir un nouveau cours de conduite. Cela réduirait sûrement les accidents de la route.
Sauf que quelque chose lui dit que cela coûterait vraiment trop cher pour la majorité des personnes et que cela amènerait d'autres sortes de problèmes. Même si au final cela serait moins cher au niveau des accidents et des différentes réparations. Ce n'est pas non plus son travail de tout calculer, elle va probablement se tromper. Elle a une maitrise correcte, même très bonne lorsqu'il s'agit de son travail, pour le reste, c'est un peu plus flou.
Le médecin est d'accord que l'époque est modifiée à cause de la vitesse de tout ce qui arrive. Tout a été presque pareil pendant des siècles, puis en quelques dizaines d'années tout a changé. Il est normal que tout le monde soit un peu dépaysé et que le comportement ne suive pas nécessairement et qu'il soit un peu dépaysé lui aussi.
Seule avec le jeune homme, ils se mettent à parler, puis elle lui offre, avec un peu de difficulté à y penser, de la gomme à mâcher qu'il accepte. Elle s'intéresse ensuite à s'il est venu seul ou pas. Il prend un peu de temps à répondre. Elle ne sait pas trop si c'est bon signe ou pas. Tout son groupe qui est venu avec lui. Elle le regarde, surprise. « Oh ! »
Elle ne s'attendait pas à cette réponse, mais elle n'est pas mauvaise pour autant. « Vous ne perciez pas dans votre coin ? » demande-t-elle. « Vous » pour les membres du groupe et non pas un retour à la politesse. Elle n'a aucune raison de faire cela.
Parce qu'elle ne comprend pas trop pourquoi plusieurs personnes choisiraient de quitter leur pays, leur côté de l'océan même, pour s'établir dans cette ville à part pour cette raison. Bon, elle a un préjugé envers celle-ci, cela n'aide pas. Parce que ça fait tout de même beaucoup de papiers à remplir. À moins qu'ils ne soient ici que de façon temporaire.
« De toute façon on va sûrement se recroiser. » Ils travaillent dans le même hôpital. Au pire, s'il ne veut plus jamais la revoir, il n'a qu'à éviter l'urgence. Assez simple à faire. Elle opine ensuite de la tête, même si elle ne comprend pas le choix de la ville. Il indique « halte » donc temporaire. Ils ont bien le droit suppose-t-elle.
Mike réapparait un instant plus tard. « Faudrait demander l'addition. » propose-t-il, tout en se réinstallant à sa place et elle hoche la tête. Et comme si la serveuse l'avait entendu, elle arrive quelques secondes plus tard et elle est donc demandée afin qu'elle puisse arriver rapidement. Elle a simplement dû voir leur assiette vide et leur regarder vers le leur montre. Rien de très difficile à voir. Pour certaine, cela doit être le signe de les faire patienter un peu, mais ils ont deux habillé avec l'uniforme d'ambulancier. Cela doit aussi aider à montrer qu'ils doivent payer.
« Merci encore de nous payer le repas. » indique l'ambulancier et sa coéquipière hoche la tête. Ce n'est pas des mots, mais au moins elle a fait quelque chose. C'est bien mieux que d'autres fois... elle pense surtout qu'elle doit faire un effort si elle veut que cela se reproduise. Encore dans son intérêt. Lorsque le tout est payé, Min se lève, se prépare à partir vers la sortie du restaurant.

Ce n’était pas tant le fait de ne pas percer là où nous étions, c’était autre chose. Le besoin de percer ailleurs et d’étendre un peu la musique celtique dans les divers pays du monde. Et quoi de mieux que de toucher la population Américaine pour se faire connaître ? Après tout, c’était un pays libre et beaucoup de stars avaient énormément de succès chez les humains. Et notre groupe perçait en Irlande et en Ecosse surtout parce de par notre musique nous faisions également perdurer le culte celte, comme encore de rares artistes de ces origines-ci.

«Non, c’est plutôt une question de se faire connaître un peu plus que localement. Disons qu’on a plus de chances de se faire connaître via certaines maisons de disque du coin.»

En somme c’est un peu une façon de dire que c’est du business, même si pour ma part c’est plus pour amasser un maximum de croyants afin de pouvoir faire perdurer le culte Celte au maximum. D’obtenir de nouveaux fervents ou disciples aussi. Et si j’étais là, c’était aussi pour d’autres choses bien entendu. J’arborais un sourire bref à l’attention de Min et me contentais de hocher la tête après avoir expliqué la raison de ma venue en ville. Il est évident que l’on se reverra. Sachant qu’on travaille au même endroit, il y a de grandes chances en effet que nous nous recroisions.

«Très certainement oui. Après tout, nous sommes collègues.»

Je me contentais de jeter un coup d’œil à la serveuse pour demander l’addition mais elle semblait un peu occupée pour le moment. Alors je redressais la tête pour regarder Mike revenir jusqu’à nous. Hochant la tête en pinçant les lèvres. Finalement, je me redressais au moment où la serveuse arriva jusqu’à nous, je demandais donc ladite soustraction pour pouvoir payer et ensuite me lever pour enfiler ma veste calmement tandis que Mike me remercia pour le repas, Min hocha la tête en accord avec les propos de Mike et je leur souris.

«Y’a pas de quoi pour ça. C’est pour le travail d’équipe.»

Un petit clin d’œil, puis un tendre sourire, et je me dirigeais vers la sortie, suivi des M&Ms. Je jetais mon chewing-gum et m’allumais un clope le temps de rejoindre l’ambulance et marchais aux côtés de mes deux comparses. Après quelques mètres de marche à écouter mes comparses tout en « dégustant » ma cibiche, nous arrivions au véhicule. J’en profitais pour écraser le mégot au sol puis laisser monter les deux ambulanciers pour faire de même à leur suite. La discussion avec les comparses restait assez diversifiée le temps du voyage de retour. Une fois arrivé sur le parking de l’hôpital, je descendais tranquillement du véhicule et me tournais vers Min et Mike une fois un peu à écarté.

«Bon, eh bien, à plus tard peut-être, ou à une prochaine fois. Si besoin, je serais au labo, ou aux urgences. Je vais aller voir en salle de réveil comment se porte notre rescapé. On remet ça quand vous voulez.»

Je les saluais d’une main avant de retourner à l’intérieur du bâtiment et m’occuper du patient que j’avais sauvé avec l’aide des M&Ms.