|	The nightly masquerade of godly reverie ; Jade Riviere & Isaac Durinn

— Pendant longtemps, l’idée même de rencontrer les autres, ou d’autres, tout simplement, avait été évitée par ton subconscient, même lorsque ton incarnation se fit. De la peur ? C’était là une raison fort logique et fort probable à tout cela, tout comme l’anxiété que tu devais désormais maîtriser à l’approche de la nuit, de l’astre nocturne qui embourbait tout dans une obscurité toute trouvée. Alors oui, l’idée de sortir, et de rencontrer d’autres personnes s’était soudainement quelque peu perdue dans les astres que tu contemplais depuis la lumière d’un lampadaire, éternel protecteur de ta crainte. Toutefois, cette crainte ne demeura pas bien longtemps face à ton envie claire et précise de voyager, de voir du monde au-delà des frontières que tu connaissais déjà, et ainsi, faire la connaissance de personnalités qui pourraient t’apprendre bien plus du monde que ce que tu avais pu déjà observer ou lire dans les ouvrages que tes doigts et tes yeux avaient foulés. C’est pour ça que tu avais quitté l’Irlande originelle de ce corps qui était désormais le tiens pour partir en voyage, découvrir et en apprendre plus sur la multitude de culture qui se trouvait sur ce monde que tu avais toujours observé de plus ou moins loin, avec la curiosité d’un enfant. Et tu avais rapporté énormément de choses de ses voyages, en plus de souvenirs impérissables, qui ne se perdraient nullement dans les méandres des mondes. Tu avais rapporté des babioles, des petits objets de rien du tout qui te rappelaient sans cesse que tu avais foulé tel pays ou tel monde, que tu avais rencontré telle ou telle personne. Un petit rien qui te suffisait amplement pour retrouver les saveurs, les odeurs, les couleurs d’un lien, d’une personne. C’était suffisant. A ton retour à Philadelphie, tu devais bien avouer que tu avais eu suffisamment de voyages pour tenir encore quelques décennies, et tu te retrouvais avec suffisamment de connaissances pour concevoir l’idée de te poser, de vivre un peu plus tranquillement. Tu t’installas comme médecin à l’hôpital, comme psychiatre, avec ton cabinet privé, et une foule de patients qui visiblement avaient véritablement besoin de quelqu’un de ton genre. Et tu vis de nombreuses personnalités passées, des gens de toute sorte, avec des problèmes de toutes formes et de toutes puissances. Tu découvris également les plaisirs des sorties, des soirées dans lesquelles tu te perdais pendant quelques heures, trouvant le bonheur dans les bras d’hommes et de femmes que tu n’appréciais que pour une nuit, dans l’intimité offerte par le ciel nocturne. Tu entrecoupais ta vie comme ça, trouvant un certain train-train quotidien qui rendait ton adaptation au monde humain bien plus simple que tu ne le pensais originellement.

Puis, il vint un jour où tu reçus une lettre. Mais pas n’importe quelle lettre, le genre de lettres que tu ne recevais généralement pas pour la simple et bonne raison que même si tu aimais à te balader dans les soirées et autres bars nocturnes pour épancher ta peur nocturne, tu n’étais pourtant pas un invité de premier choix aux grandes soirées privées. Et pourtant, c’était ce que tu avais entre les mains : une invitation par Karim Saïd en personne. Une personnalité que tu ne connaissais que de nom, mais suffisant pour savoir qu’il s’agissait là d’une icône en matière de création de soirées et d’autres divertissements nocturnes de grande envergure. Et tu te demandais, sincèrement, comment tu avais bien pu te retrouver sur sa liste d’invités, ce qui te laissa en premier légèrement méfiant vis-à-vis de cette invitation, mais pas assez pour la décliner. Au contraire, c’est ta curiosité piquée au vif qui prit le dessus pour que tu suives cette invitation, et que tu te retrouves en plein cœur de cette grande soirée. Au cœur de ces festivités où, malheureusement, tu te sentais trop peu à ta place, comme si tu étais un imposteur. Tu observais tous ses gens, merveilleusement bien habillés – non pas que tu ne l’étais pas toi-même – et toutes ses décorations qui sortaient si subtilement de l’ordinaire, et tu étais… Perdu. Et comme tu te connaissais bien, tu savais bien que ça devait se voir à des kilomètres sur ton visage alors que tu déambulais dans le lieu comme un enfant fasciné par tout ce qu’il voyait autour de lui. S’il y avait bien une chose de certaine : tu te souviendrais aisément de cette soirée.