ft. Zoe Kravitz
♆ Enveloppe charnelle ♆Âge : L'enveloppe Lucie s'est figée au crépuscule de ses trente ans, pendant la deuxième moitié du XVIIème siècle.
Date et lieu de naissance : La belle créature est née en l'an de grâce 1666, en Jamaïque, au coeur des Caraïbes déchirées par la colonisation.
Lieu de résidence actuel : Déesse elle est, déesse elle restera, aussi loin que possible de ce monde moderne infesté par les Nouveaux Dieux. C'est le long des rives de la Delaware qu'elle a élu domicile - elle vit dans une caravane avec ses soeurs et ses filles le long de l'embranchement proche du rivage. C'est sa cour, son domaine, son royaume. Lorsqu'elle s'absente du campement et retourne prendre ses quartiers à Sanctum, elle élit domicile dans son domaine, une caverne sous-marine richement aménagée de ses trésors et offrandes, où elle mène une existence assez recluse.
Occupation : Gourou d'un campement de prostituées, elle protège ses filles en véritable mère plus que maquerelle, s'assure de leur bien-être et de leur bonheur, et surtout de leur sécurité face à la gente masculine qui leur rend visite. Avec Iemanja, on file droit, ou on ne file plus du tout - ici, ce sont les filles qui sont reines, et Iemanja est leur impératrice.
Orientation sexuelle : Séduction et luxure incarnées, elle ne se préoccupe ni d'étiquettes ni d'anatomie, tant que le désir y est.
Situation matrimoniale : Iemanja n'appartient à personne, se donne à qui elle le souhaite, et se targue de dépasser ces unions qui ne sauront jamais s'appliquer à elle.
Nature : Déesse, indubitablement - même si ses filles et ses croyantes ne soupçonnent pas ce qu'elles ont juste sous leur nez. Iemanja aime à cultiver le mystère et à se faire discrète.
Dieu incarné : Déesse de nombreux cultes disparates sur plusieurs continents, on lui connaît beaucoup de noms, mais à Sanctum, ce sont les noms de
Iemanja et
Mami Wata qui circulent avant tout. Iemanja, la déesse-mère, déesse nourricière, féroce protectrice des femmes qu'elle considère toutes comme ses filles ; le vaudou haïtien a aussi fait d'elle la mère des eaux, cauchemar des pêcheurs, maîtresse de l'océan déchaîné comme de la source salvatrice. Mami Wata est son autre penchant, le penchant séducteur, incarnation même de la sensualité et de la luxure, irrésistible tentatrice bardée de charmes et portant une sexualité libérée en bandoulière. Mami Wata, dérivé de mammy water, est elle aussi déesse des eaux, accompagnée d'un anaconda de dix mètres de long qui veille depuis les profondeurs à sa sécurité et celle de ses filles.
Panthéon du dieu : Vaudou, vaudou africain d'abord, mais depuis quelques siècles aussi vaudou métisse, exporté aux Antilles, melting pot de plusieurs continents, vaudou fluide et adaptable et inclusif.
Alliance : Les Vigilants, Iemanja se méfie de ces Nouveaux Dieux comme de la peste. Mais elle se fait discrète, elle se fait calme, tel le cours d'eau de la rivière abritant les crocodiles, et elle attend son heure sans se faire remarquer, fausse modérée qu'elle est quand c'est un tsunami qui sommeille en elle.
Rang au sein de Sanctum : Primat des rites, usurpatrice selon certains, mais elle laisse volontiers courir rumeurs et mauvaises langues. Iemanja fédère autant qu'elle provoque, et même ses détracteurs la savent à la hauteur de la tâche : ouverte et inclusive à l'image de son panthéon vaudou, elle comprend, adapte, et honore toutes les croyances mieux que quiconque à Sanctum.
Pouvoir(s) : Désirabilité - Incarnation de la luxure et de la sensualité, son aura suffit à éveiller le désir sexuel où qu'elle aille - souvent envers elle, mais pas que, selon les amours et désirs des uns et des autres. En tant que personnification de la sexualité, sa présence a pour effet de lever les inhibitions des uns et des autres, et de réveiller chez chacun une sexualité libérée. Cette aura, Iemanja peut la partager avec n'importe quelle femme, pour une durée de 24h - durant ce laps de temps, la femme ainsi envoûtée dégage elle aussi l'aura séductrice d'Iemanja.
Sépan-an - Souvent associée à des reptiles aquatiques en tout genre, Iemanja est maîtresse des serpents, et nourrit avec ces animaux un lien privilégié allant jusqu'à la télépathie et au contrôle. Il n'est pas rare de la voir entourée de ses animaux fétiches, et en particulier de l'anaconda dormant dans le fleuve Delaware et sous sa caravane - et lorsqu'elle rentre à Sanctum, c'est souvent avec un ou deux serpents autour du cou. Ses serpents, tous sous son influence, protègent son campement comme autant d'esprits bienfaiteurs, et s'ils n'attaquent jamais les filles qui y travaillent, les hommes qui s'y comportent mal n'ont aucune chance de leur échapper. Mère des eaux naturelles dans lesquelles vivent ses chers serpents, elle est capable de respirer sous l'eau et d'y nager avec l'aisance d'un serpent de mer.
Mauvais oeil - La magie rituelle fait partie intégrante des croyances vaudou - nulle surprise qu'Iemanja soit aussi une puissante sorcière. Femme opiniâtre et rancunière autant qu'elle peut être protectrice et aimante, elle possède le précieux don de pouvoir marquer quelqu'un du mauvais oeil, faisant pleuvoir sur cette personne malchance, infortune, et malheurs en pagaille. Iemanja est parcimonieuse avec ce talent, qui lui demande beaucoup d'énergie et lui vaudrait l'ire du Primat du Pouvoir si elle venait à en abuser ou l'utiliser de manière ostentatoire - elle choisit donc très soigneusement qui bénéficiera de ce cadeau empoisonné, et utilise ses connaissances des croyances de chacun pour rendre son sort quasiment indétectable. Pour se défaire du mauvais oeil, il faut accomplir le rituel adéquat de purification, faire appel à une divinité experte en sorcellerie, ou demander pardon à Iemanja elle-même.
Point faible : Dépendance au luxe - Irrémédiablement attachée aux somptueuses parures et aux bijoux qui constituent une bonne partie des offrandes qui lui sont faites, son pouvoir s'amoindrit considérablement si elle ne les arbore pas. Ses cadeaux lui sont vitaux, et elle entre dans des colères homériques si d'aventure on tente de les lui voler. Elle en devient paranoïaque à l'idée de les perdre, et porte toujours de nombreux bijoux à toute heure de la journée.
♆ Mythes et légendes ♆autoritaire ♆
énigmatique ♆
maternelle ♆
séductrice ♆
vindicative ♆
cruelle ♆
protectrice ♆
mystique ♆
sensuelle ♆
secrète ♆
austère ♆
ombrageuse♆ 'Lucie', l'enveloppe charnelle, était une pauvre fille victime de la barbarie de son temps. Esclave amenée des côtes d'Afrique de l'Ouest jusqu'en Jamaïque, elle fut brutalisée sans merci par ses maîtres, puis par les pirates français et espagnols se partageant l'île au début de la deuxième moitié du XVIIème siècle. Exemple vivant du précepte voulant que les femmes soient toujours les premières victimes et trophées de la guerre, elle s'est tournée vers les croyances de son Afrique d'origine pour survivre à ces horreurs, et s'est ainsi attiré l'attention et la sympathie de Mami Wata. Sur son lit de mort, Lucie a insisté pour que Mami Wata fasse d'elle son nouveau vaisseau, afin de la servir pour l'éternité et l'aider à protéger les femmes, pour qu'aucune autre n'ait à subir ce qu'elle a subi.
♆
Iemanja,
Mami Wata,
Manman Dlo, elle a une foule de noms et n'en rejette aucun. Son panthéon est trop disparate pour s'attacher à une seule appellation, une seule façon de faire, une seule façon de vénérer les dieux et les esprits : la diversité du vaudou est aussi ce qui fait sa force, et Iemanja l'embrasse complètement, ne marquant aucune préférence entre les multitudes de cultes qui la vénèrent. Vaudou africain
éwé, togolais, du Bénin, haïtien, martiniquais, vaudou de Louisiane, tous lui correspondent, dans toute la richesse de leurs différences. Les pratiques varient drastiquement d'un vaudou à l'autre, d'un clan à l'autre, et même d'une famille à l'autre, et ça n'a aucune importance pour Iemanja. Elle est avide de connaître tous les rituels et les habitudes de ses adorateurs, et de s'y adapter pour les protéger au mieux : c'est cette ouverture d'esprit et cette capacité d'adaptation, si propre au vaudou, qui a fait une candidate idéale au poste de Primat des Rites, n'en déplaise aux mauvaises langues.
♆ Iemanja est toujours, toujours richement parée et apprêtée. Elle arbore de somptueuses tenues très colorées, marques de son pouvoir et de son panthéon, et porte bijoux d'or, d'argent, ou sertis de pierres précieuses - tout cet apparat est toujours tiré directement des offrandes qu'elle reçoit. Elle a également orné le corps de Lucie de nombreux tatouages ésotériques rendant hommage aux différentes cultures vaudou de ses adorateurs. Ses adorateurs, eux (en majorité des femmes) s'habillent souvent de rouge et de blanc, ses couleurs fétiches, pour leurs cérémonies.
♆ Contrairement à nombre de divinités présentes au Sanctum, le culte de Mami Wata n'a connu que très peu de déclin au fil du temps, et semble même retrouver un vif rengain ces derniers temps. Malgré la colonisation et le travail de sape des missionnaires chrétiens en Afrique, les populations locales ont résisté en continuant à vénérer leurs divinités, et surtout, en étant assez malins pour incorporer la chrétienté dans leurs pratiques tout en conservant leurs dieux et leurs esprits au centre de leurs pratiques. Encore une fois, c'est la flexibilité du vaudou qui a permis à Mami Wata et les autres divinités vaudou de prospérer là où d'autres se seraient affaiblies : plus elles s'exportent, plus les croyances qui lui sont associées prospèrent, mouvantes, vivantes, indomptables. Ses croyants sont cohortes et légions, brassant les foules dans toute l'Afrique, aux Antilles, aux Caraïbes, aux Etats-Unis, et même au Brésil ; faisant d'elle, contre toute attente, une des divinités les plus adorées et les plus puissantes du Sanctum. Un état de fait qu'elle garde discret autant que faire se peut.
♆ Depuis quelques années, elle jouit d'une étonnante popularité sur les campus étudiants, auprès de certains cercles afro-féministes composés de jeunes femmes désireuses de renouer avec le patrimoine de leurs ancêtres, et qui voient en elle une figure féministe représentant l'émancipation des femmes et la sexualité féminine. Iemanja adore se glisser incognito dans ces cercles de discussion et écouter les réflexions de cette nouvelle génération de curieuses, dont certaines vont même jusqu'à devenir
mambo ou prêtresses. Gardez la surprise, mais Iemanja était déjà parmi elles pendant la révolution sexuelle des 1960s, et a peut-être eu un rôle à jouer dans la libération de certaines moeurs...
♆ Iemanja tient énormément à l'aspect communautaire des croyances vaudou, et adore assister aux cérémonies de groupe en son honneur, faits de prières, de chants, et de danses endiablées allant jusqu'à la transe - le vaudou est affaire de clan et de famille, et c'est pour ça qu'elle aussi a décidé de s'établir au sein d'un groupe, son petit campement de prostituées en marge de Philadelphie. Pour elle, sororité, respect, loyauté et solidarité sont au coeur de tout, et chacun et chacune doit donner de soi pour les autres. Mais dans les croyances vaudou, on entretient aussi des liens individuels avec les dieux et les esprits, et elle met un point d'honneur à cultiver ces relations avec ses fidèles, qu'ils en soient conscients ou non. Les offrandes constituent le meilleur moyen de gagner les faveurs de la déesse : bijoux, riches vêtements, parfums et alcools ont sa préférence, mais chacun est en droit de faire selon ses moyens, du moment qu'on ne se présente pas à elle les mains vides.
♆ Iemanja est absolument furieuse de voir à quel point le vaudou a été conspué par les blancs et les chrétiens, qui ont si bien oeuvré à décrier ses fidèles, leurs croyances, et leur panthéon, pour les peindre comme des barbares avides de sacrifices sanguinaires et de magie noire. Une telle ignorance lui hérisse le poil, et elle serait bien fichue de lâcher un serpent ou deux sur quiconque oserait lui servir ces clichés qui ne suscitent en elle qu'outrage et indignation.
♆ Iemanja n'est jamais plus à l'aise que dans l'eau, ou à proximité de l'eau. A Sanctum, son domaine est situé sous l'eau, et ses visiteurs peuvent y respirer comme à l'air libre grâce à la magie qui imbue l'endroit - à Philadelphie, son campement est situé aux bords du fleuve Delaware, pratiquement sur l'eau. Mère des eaux dans le folklore vaudou, elle est adepte de longues baignades et se sent aussi à l'aise dans la mer que dans les rivières. Elle peut passer des heures, des journées entières à nager, et se sent naturellement proches des divinités liées à l'eau.