Loi de Murphy

Les bureaux du commissariat étaient calmes aujourd'hui. Dalkan remplissait de la paperasse dans un bureau au loin. Badge visiteur au cou, on m'accompagna jusqu'à lui.

Mon ventre s'était noué en une boule de nerf qui m'étouffait de l'intérieur. Je n'avais pas répondu à ses appels hier. Mon visage défait en expliquait presque la raison : une nuit bien trop arrosée et trop peu de sommeil. Je n'étais pas le genre de femme à avoir une mauvaise vie ; au contraire, j'entrais dans la catégorie des calmes, sages et sans histoire. Mais hier, le besoin de lâcher prise fut bien trop fort. Loin de ce que j'avais pu montrer à Sanctum et même nulle part ailleurs. Je n'étais pas ce genre de personne...

Pourtant, devant Dalkan, c'était cette impression que je risquais de donner. Étonnamment, cela semblait ne pas m’importer. Ce qui était faux car pour une raison que je n'expliquais pas, la façon dont il me voyait et me considérait me tenait à cœur. Une sorte d'hypocrisie voulait me persuader du contraire, en vain.

Loin de faire la maline, essayant de réduire au plus mes interactions avec autrui, je le rejoignis. Nous nous retrouvâmes seuls après que la policière qui m'accompagnait m'avait annoncée puis laissée. ”Bonjour Dalkan”, le saluai-je timidement d’une voix basse et éreintée. Si à Sanctum je m’étais habituée à son véritable nom, à Philly je devais faire attention et l’appeler par son identité humaine. ”Je suis désolée de ne pas avoir répondu à tes appels, j’étais… occupée.” Tout comme il avait dû l’être quand, à mon réveil, j’avais tenté de le rappeler.

Entre une lettre de convocation du Philadelphie Herald que j’avais totalement abandonné et le passage de mon proprio qui m’avait remis une lettre en main propre stipulant que demain les huissiers passeraient dans l’appartement pour prendre de quoi rembourser les loyers en retard, la matinée fut compliquée… Un brouillon qui peinait encore à se dessiner dans mon esprit. Les deux cafés n’avaient rien arrangé, à mon grand damne. Même rafraîchie et promenée dans l’air pollué vivifiant de Philly, le fait que Dalkan se soit inquiété pour moi dans la nuit m’était passé par-dessus la tête. Jusqu’à me dire que, peut-être, c’était pour une urgence, qu’il avait finalement eu besoin de moi et que je n’avais pas été là…

Au moins, le trouver là à son bureau m’assurait qu’il n’y avait eu mort d’homme. En tout cas, pas de lui… qui sait ? Peut-être avait-il fait une bourde ? Je commençais à être de plus en plus nouée.