Thank you but ... What are you waiting from me ?

Cela faisait plusieurs semaines que Hope se plongeait dans ses enquêtes officielles et officieuses, fuyant la dure vérité qu’elle avait découverte. Elle s’était enfermée à double tour dans ses affaires en cours pour oublier cette conversation étrange avec son amie sur l’existence potentielle des dieux et surtout pour oublier cette soirée improbable où elle avait rendu visite à son cardiologue chez lui. Son intention de départ avait été louable. La petite brune avait voulu donner une chance à son ami de lui expliquer la situation, le pourquoi de ses interventions nocturnes illégales et son secret pour passer à travers les balles de la sorte. Elle avait été loin d’imaginer qu’elle déclencherait un tel bordel qui mêlait envie, désir, peur, souffrance et .. irréel. Interdite, ne sachant plus où donner de la tête avec la quantité d’informations qu’il lui avait donné et les noeuds que cela avaient créé dans son esprit, elle avait fini par prendre la poudre d’escampette rentrant chez elle prendre une douche chaude pour se réchauffer du temps orageux qui s’était abattu sur eux avant de tourner le robinet afin d’avoir de l’eau glacé. Mais rien n’y faisait, ses souvenirs ne se transformaient pas en simple rêve. Elle s’était réellement rendue chez Melchiah, il l’avait bel et bien provoqué sans raison puis embrassé comme jamais avant de finalement être à deux doigts de potentiellement la tuer. Cette ascenseur émotionnelle avait été rude et l’était toujours autant dès qu’elle repensait à ce fameux soir où la lieutenante avait perdu ses moyens comme jamais. Dire qu’il n’était qu’un fou aurait été des plus simples, si elle n’avait pas vu ce qu’elle avait vu lorsqu’il s’était énervé. Un homme aux yeux rougeoyants frappant avec une force impressionnante qui fut déviée par un halo de lumière … Rien de tout cela ne semblait normal, absolument rien. Evidemment, elle avait commencé par faire des recherches, une fois un peu calmée. Seulement des dieux princes, il y en avait de toute sorte et de tous les horizons. Lorsqu’elle ajoutait les yeux rougeoyants ou les halos de lumière, cela ne donnait rien de plus. Et bien sûr, la jeune femme ne pouvait en parler à qui que ce soit. Elle avait bien songé à aller en parler à Kaitlyn qui était celle qui avait abordé le sujet en premier. Mais était-ce ce genre de preuves auxquelles elle avait eu le droit ? N’allait-elle pas la faire interner lorsqu’elle lui parlerait des yeux rouges de son cardiologue, du halo de lumière l’entourant ou encore des ondes boréales vertes et jaunes dans le ciel de Philadelphie en plein milieu de la nuit juste après l’orage. Il s’agissait bel et bien d’un événement plausible. Mais après s’être renseignée un peu, cela n’était absolument pas possible à Philadelphie.

Alors elle s’était plongée corps et âme dans ses enquêtes, reprenant ses traques nocturnes du gang des Ninos de plus belles. La brune avait ce besoin de se raccrocher à quelque chose de tangible et trouver quel était le membre des Ninos responsable de la mort de son père était la chose la plus importante à ses yeux à l’heure actuelle, lorsqu’elle obstruait tout ce qu’il s’était passé avec Melchiah. Seulement un soir, les choses ne se passèrent pas comme d’habitude. Depuis qu’elle s’était faite surprendre par une membre du gang prénommée Leandra, Hope était des plus vigilantes vis à vis des Ninos et de leur réputation de gang le plus violent de Philadelphie. C’était sans compter sur les gangs adverses qui surveillaient de près leurs adversaires et qui finirent par repérer la belle en planque seule. Ils étaient venus à trois, cela aurait presque pu permettre à la jeune lieutenante habile de s’en sortir si le troisième n’avait pas été moins frileux que les autres à l’idée de la frapper. Alors qu’elle avait envoyé valser les deux premiers en évitant les coups et en les faisant presque se frapper en cherchant à l’atteindre, le troisième homme lui avait porté un direct puissant dans les côtes qui lui coupa le souffle suffisamment pour qu’il l’assomme dans la foulée. L’hématome qu’elle arborait était des plus significatifs, surtout que cela faisait près d’une journée qu’elle était entre les mains du gang. Evidemment, cela devait lui arriver un jour de repos, une journée où personne au poste ne s’inquiéterait de son absence et donc où personne ne s’inquiéterait d’elle tout court. Pendue au bout de chaînes, ses pieds frôlaient tout juste le sol alors qu’elle enchaînait les interrogatoires mais surtout qu’elle encaissait régulièrement les coups. Ils avaient d’abord attendu qu’elle se réveille d’elle-même puis le matin venu, ils avaient perdu patience et lui avait balancé un seau d’eau à la tête, la trempant totalement. Toute vêtue de noir, les blagues salaces et les noms d’oiseaux ne cessaient de s’enchaîner alors que Hope gardait la bouche fermée. Une fois de temps en temps elle lachait un genre de blague pour sous-entendre qu’ils pouvaient aussi la relâcher. Cela avait fini par lui coûter quelques coups mal placés. Son arcade gauche était ouverte ainsi que sa lèvre inférieure droite. Sinon ils étaient restés plutôt softs jusque là. Mais ce qu’elle n’avait pas compris, c’est qu’ils attendaient l’arrivée du chef qui ne se fit qu’à la nuit tombée.

Ce dernier était bien moins commode et bien plus reconnaissable pour la lieutenante. Alors il s’agissait du gang qui avait subi une humiliation par Melchiah, ceux connus pour être expert dans le trafic d’oeuvres d’art et d’objets anciens. Forcément, leur effectif avait un peu réduit depuis que celui que le poste surnommé Superman des temps modernes avait frappé. Evidemment, le premier réflexe du chef fut de se rapprocher de la jeune femme, venant lui caresser la joue avant de laisser sa main glisser le long de son buste et de son bassin, geste répugnant qui ne fit pas sourire la brune. Faisant sortir ses gardes pour qu’ils montent la garde devant la porte et dans le reste de l’entrepôt, il commença son discours de beau parleur et de plus fort et plus malin que tout le monde avant de dégainer un couteau à cran d’arrêt. Tenir face à des coups de poings était une chose mais là, contrairement aux trois rigolos, il semblait vouloir accélérer drastiquement la cadence. Saisissant son pantalon, il eut vite fait de le lui retirer, non sans devoir mettre un coup de poing bien placé pour calmer Hope qui se débattait comme elle pouvait, malgré le fait qu’elle était exténuée. Son jeu était simple, si elle ne parlait pas, il allait s’amuser avec elle et les tâches bleus et jaunes sur ses cuisses ne seraient rien par rapport à la suite. Le fait qu’elle finisse violer ou tuer voir les deux lui traversa l’esprit alors que le premier coup de lame vint entailler sa cuisse droite, lui arrachant un cri de douleur et de surprise. L’homme vicieu lécha son sang sur la lame avant de venir en faire de même le long de sa blessure, sur sa cuisse, remontant jusqu’à la bordure de son sous-vêtement. C’était dégueulasse, immonde, cruel … Alors qu’il allait recommencer, elle se débattit comme elle put, le poussant involontairement à la maintenir une main sur ses fesses. Hope n’avait nullement la force de se battre et s’apprêter à parler, quitte à mentir sur ce qui l’amenait à surveiller les Ninos, pourvu que cela arrête ce type ...

Thank you but ... What are you waiting from me ?

Si les trois rigolos qui l’avaient capturé n’avaient pas réellement menacés ni son mental ni son physique, ayant l’habitude avec les entraînements, cela n’était pas le cas de leur chef qui prenait un malin plaisir à s’amuser avec elle. Ligotée comme elle était, suspendu à ras du sol, les orteils effleurant à peine ce dernier, ses forces étaient de plus en plus minimes au fur et à mesure que le temps s’écoulait. Depuis combien de temps exactement était-elle là ? Aux grands mots, Hope savait qu’elle était là depuis une journée, une petite fenêtre dans un coin de la pièce lui ayant permis d’apercevoir les rayons du soleil qui s’étaient à nouveau cachés. Sa volonté à ne pas cracher le morceau avait été infaillible jusque là. Malgré les coups encaissés, le sang craché et la douleur subie, elle avait semblé être dure comme un roc. Mais à présent qu’elle se faisait charcuter et envahir son intimité, c’était une tout autre histoire. Il était fort à parier que les douleurs de la lame sur son corps auraient été surmontables s’il n’y avait pas allié ce geste obscène. Les commentaires qu’il échappait par moment lui donnaient envie de vomir. Elle n’était pourtant pas une débutante, ni une sainte-nitouche. Mais ça, son incapacité à le repousser, à se défendre et se préserver, faisait céder ses barrières mentales petit à petit. Continuant son petit jeu, une seconde puis une troisième fois, les doigts de la belle se refermèrent finalement sur les chaînes, puisant dans le peu de forces qu’elle avait pour envoyer un coup de genou dans la mâchoire de cet enfoiré qui espérait abuser d’elle comme il voulait. Elle ne devait pas se laisser atteindre par cela, il ne fallait pas qu’elle craque maintenant alors que personne ne risquait de débarquer pour la sortir de là.

Evidemment, il avait fallu que son mauvais pas qui l’avait faite capturer pendant sa surveillance des Ninos ait lieu une veille de jour de repos. Ni son chef, ni aucun de ses collègues ne pouvaient s’être inquiété de son absence au travail aujourd’hui. Le lendemain, la belle était censée travailler, alors elle devait tenir au moins jusque là. Le fait qu’elle avait une soirée prévue avec une vieille connaissance, fille d’un couple d’amis à sa mère, lui était totalement sortie de la tête. Si la brune avait rarement des choses de prévues, elle les oubliait aisément sans son téléphone. Hors ce dernier était resté à son appartement pour éviter qu’on puisse suivre ses déplacements lors de ses enquêtes officieuses. Elle ne sortait lors de ces occasions qu’avec un prépayé où aucun numéro n’était enregistré dedans excepté le sien. C’était une sécurité de plus qu’elle prenait et qui n’avait servi à rien pour le coup. La brune était donc loin d’imaginer que d’ici peu, elle recevrait un appel de sa part qu’elle raterait, l’incitant à lui laisser un message vocal et encore moins que ce message allait être écouté par quelqu’un d’autre qu’elle-même. Son téléphone, comme beaucoup de personnes aujourd’hui, détenait une grande quantité d’informations au sujet de sa vie. C’était l’une des raisons qui la poussait à sortir sans d’ailleurs. Si elle prenait des risques qu’elle connaissait parfaitement, elle se refusait de faire prendre des risques à la moindre personne qu’elle connaissait.

Le chef du gang n’apprécia que très peu la réaction de la jeune femme, commençant par lui mettre un coup de poing dans le ventre, lui coupant ainsi la respiration avant de porter une main à son cou pour l’étrangler d’autant plus, la soulevant que de quelques centimètres pour qu’elle ne touche absolument plus le sol. L’air commençait à lui manquer alors que son visage disgracieux se rapprochait d’elle alors qu’il proférait des menaces de déchirer le moindre de ses vêtements pour la prendre tout de suite, maintenant, et la réduire à l’état d’animal, ce qui semblait être à ses yeux le cas de toutes les femmes. Sa trachée ainsi que ses poumons semblaient s’échauffer sous le coup d’absence d’oxygène. Sa gorge s’irritait petit à petit jusqu’à ce que finalement il la relâche, la laissant cracher ses poumons et respirer bruyamment, récupérant cet air si précieux au corps humain. L’intérieur de sa poitrine ne cessait de la brûler tant le manque d’air avait semblé durer une éternité. Mais le répit fut de courte durée car déjà la lame vint entailler son abdomen en diagonal avec rapidité et efficacité, lui arrachant un cri de surprise et de douleur, coupant son débardeur et sa peau avec beaucoup trop de facilité. L’attrapant par les fesses, il se plaqua contre elle de manière suggestive et intrusive, lui arrachant une grimace de douleur mais surtout de dégoût.

Tu n’imagines même pas à quel point je vais prendre un malin plaisir à te faire hurler de douleur en te prenant. Tu me supplieras de t’épargner en me disant pourquoi tu traînes autour des Ninos.

La brune ne se fit pas prier et lui cracha à la figure, la proximité ne permettant pas au malfrat d’éviter son geste.

Cela ne t’avancera à rien de savoir. Laisse les emmerdes des Ninos aux Ninos.

Elle prit une gifle avant que ce dernier n’agrippe ses cheveux violemment et ne plaque ses lèvres immondes contre les siennes, insinuant sa langue dans sa bouche alors que son autre main était remontée à sa gorge pour l’étrangler à moitié et maintenir sa mâchoire ouverte. Elle finit toutefois par réussir à pincer sa langue de ses dents le faisant reculer.

Sale pute ! Tu vas vraiment le regretter.

Lui mettant une fois de plus un coup de poing dans l’abdomen, prêt à déchirer ce qu’il lui restait de vêtements, un bruit sourd attira son attention de l’autre côté de la porte, rapidement suivi par des cris et des coups de feu. Jurant, s’éloignant de sa prisonnière, cette dernière laissa sa tête retomber en avant. Sans manger ni boire, ne faisant que subir les attaques des membres du gang tour à tour, Hope était au bord de l’évanouissement. Elle était dans un piteuse état et ne pourrait supporter les frissons d’effroi qui la traversaient encore bien longtemps. La jeune femme était bien trop terre à terre pour ne pas savoir ce qui allait se passer à son retour. Le fait qu’une flic enquêtait sur son temps perso sur le gang des Ninos ne devait pas se savoir. Mais à quoi bon garder le secret si cela lui coûtait la vie ?

Thank you but ... What are you waiting from me ?

Sa tête retombait devant elle. Il allait falloir qu’elle se décide et qu’elle cède aux menaces, même si elle n’était clairement pas convaincue que le résultat obtenu soit plus intéressant qu’en gardant le silence. Elle était répugnée, horrifiée par ces mains qui avaient arpenté son corps, ces lèvres qui s’étaient emparées des siennes par la force, contre sa volonté. Son corps était fébrile, tremblant sous l’effet du manque d’énergie mais également sous l’effet des différentes tortures qu’ils lui avaient infligées. Ses poignets étaient des plus douloureux, bien que la douleur qu’elle ressentait à son abdomen suite aux derniers coups prenait le dessus. Assoiffée, affamée, le temps continuait de défiler inlassablement, la rapprochant de sa propre fin. Et pourtant, ce bruit sourd de bagarre et d’échange de coups de feux attira l’attention de son bourreau, lui donnant un faible répit. Il appela des renforts et trois hommes vinrent se positionner dont un non loin de la porte. Il n’y avait aucune raison qu’il s’agisse d’une descente de ses collègues, personne ne savait qu’elle était là. Tout espoir était vain. La preuve en était qu’elle ne percuta pas à l’écoute de la voix de Melchiah. De toute évidence, la personne qui venait les menacer avait dû dire quelque chose d’hilarant car l’un des gros bras, celui à proximité de la porte rigola avant de finir au sol. Le bruit attira son attention, la faisant relever doucement la tête alors que les malfrats commençaient à s’inquiéter de leur situation, laissant ses prunelles amorphes croiser les yeux azurés du cardiologue illuminé par une lumière qui lui rappelait vaguement quelque chose. C’était encore un rêve. A quel moment aurait-il pu se retrouver là par hasard ? Certes, il s’agissait du gang à qui il avait déjà fait sa fête plusieurs semaines en arrière mais tout de même, la coïncidence était trop grosse. L’esprit embrumé de la belle ne voulait pas y croire jusqu’à ce que le regard du médecin se pose réellement sur elle et vite à un rouge représentant clairement la fureur. Pourquoi la voir l’énervait-il à ce point ? Pire, il ne semblait pas surpris de la voir ici aussi était-il peut-être venu terminer le travail de la dernière fois pendant que son alter-ego jouait encore les abonnés absents. Laissant sa tête retombée d’épuisement, elle entendit quelques coups de feu qui étaient vain contre le dieu qui se tenait là. Puis finalement, la jeune femme le sentit s’approcher, n’étant plus que tous les deux dans la pièce, dénouant ses chaînes, l’enveloppant d’un vêtement alors qu’elle sentit la chaleur corporelle du beau brun au creux de ses bras. Entendant le doux son de sa voix au creux de son oreille, la lieutenante s’efforça de redresser la tête rien qu’une seconde pour croiser son regard redevenu habituel alors qu’il la soulevait de terre telle une plume.

Mel ...

Etait-ce qu’elle était réellement arrivée au bout de ses forces ou bien le réconfort de se sentir en sécurité, sauvée par celui qu’elle avait évité depuis des semaines ? Dans tous les cas, la belle perdit connaissance alors qu’elle tentait de grommeler qu’il fallait qu’il la ramène chez elle. Ce n’était sans compter sur l’esprit contradictoire du cardiologue qui préféra la ramener dans son appartement. En même temps, inconsciente, elle ne risquait pas de se plaindre. C’est ainsi qu’elle se réveilla sur un lit gigantesque dans une chambre incroyable avec une vue imprenable. Déboussolée, Hope se réveilla un peu vite avant de porter une main à ses côtes sous le réveil de la douleur, la ramenant à la dure réalité. Prenant le temps de replacer les choses dans son contexte, les souvenirs des dernières vingt-quatre heures remontèrent à la surface petit à petit jusqu’aux derniers événements. Se levant du lit sublime qu’elle risquait de salir dans son état, elle se leva tant bien que mal, vacillante, se dirigeant vers la première porte qui lui passa sous la main. Il s’agissait d’une salle d’eau munie d’une grande douche à l’italienne. Refermant la porte, elle fit quelques pas pour rejoindre la seconde porte qu’elle entrouvrit, apercevant Melchiah en train de s’affairer. Elle ne savait pas bien ce qu’il était en train de faire mais ce qui était sûr, c’est qu’il n’attendait pas tranquillement que le temps passe. Refermant doucement la porte, un frisson d’effroi traversa sa colonne vertébrale tout entière alors qu’elle se rappela de cet immonde personnage et de sa langue sur sa cuisse et dans sa bouche. Ses tremblements de fatigue s’intensifièrent sous le coup de la colère et de l’humiliation qu’elle avait subi. Refaisant les mêmes pas que précédemment mais en sens inverse, Hope pénétra dans la salle de bain pour faire face au miroir et constater les dégâts. Se voir blessée physiquement, faible reflet de la douleur interne ressentie, elle eut un besoin irrémédiable de se laver, d’ôter toutes traces du passage infecte des mains de cet énergumène.

Ouvrant la porte du placard sous l’évier, elle trouva une serviette et des gants de toilette mais n’attrapa que la serviette, préférant de manière stupide prendre une éponge grattoire avant de se glisser sous l’eau brûlante. Cela faisait mal mais c’était un mal nécessaire et bien plus supportable que celui qu’elle ressentait suite aux attouchements de ce malfrat. Le côté vert de l’éponge venait râper frénétiquement l’intérieur de sa cuisse, juste au-dessus de sa blessure, rougissant rapidement l’endroit où la langue de cet homme était venue la lécher. Sa main tremblante se cramponnait à cette éponge qu’elle frottait sur sa peau. C’est alors que la porte de la salle d’eau s’ouvrit et qu’elle vit son ami débarquer. D’abord surpris, c’est sa pudeur qui prit le relais avant qu’elle ne constate qu’il avait une main sur ses yeux. Infection ? De quoi parlait-il ? Se rincer à l’eau claire et propre présentait réellement un risque pour ses plaies ? Coupant l’eau de la douche, lâchant l’éponge grattoire qui tomba sur le carrelage, elle sortit de la douche et attrapa la serviette qu’elle s’était sortie et que Melchiah était en train de lui tendre, essorant rapidement ses cheveux avant d’enrouler la serviette autour de sa poitrine, se couvrant jusqu’à mi-cuisses. Le garçon semblait toujours attendre une réaction de sa part et alors qu’elle se rendit compte qu’elle avait puisé plus que nécessaire dans ses forces sous la douche, s’avançant vers lui, elle perdit appui sur sa jambe blessée le temps d’une seconde, se rattrapant à la main du beau brun qui lui avait tendu la serviette.

Euh … Désolée ...

Attrapant la main qui cachait ses yeux avec son autre main, Hope chercha son regard alors que le sien était plein d’interrogations et de reconnaissance. La tête relevée vers ce géant invincible qui après être passé à deux doigts de la tuer venait très certainement de lui sauver la vie, beaucoup de choses lui traversa l’esprit malgré sa fatigue. Pour autant, elle commença par le début.

Merci … pour ce soir. Quel genre de coïncidence t’a permis de tomber sur moi ?

Le fait que cela soit qu’une simple coïncidence serait surprenant et en même temps, comment aurait-il pu se retrouver à la rechercher au juste ?

Thank you but ... What are you waiting from me ?

Penser à l’infection potentielle de ses blessures avait été le cadet des soucis de la brune. Cette dernière avait l’esprit bien plus préoccupé par les gestes immondes que ce salopard avait eu envers elle et le besoin de s’en laver, d’effacer cela de sa peau mais aussi de sa mémoire. Mais cela n’était pas l’avis du médecin qui fit irruption dans la salle de bain, non sans rapidement dissimuler ses yeux d’une main pour ne pas voir le corps dénudé de celle qu’il venait de sauver, lui faisant comprendre que ce n’était pas une bonne idée. Malgré l’humiliation qu’elle avait subi et ce besoin irrémédiable de s’en laver, elle s’exécuta sans aucune discussion. Evidemment, les forces lui manquaient encore. Le sommeil lui avait fait du bien mais elle restait affaiblie. Lorsqu’elle lui libéra le regard, après avoir enfilé son bas et s’être enroulée dans la serviette, elle ne s’attendait pas à ce que le regard du jeune homme la transperce de la sorte alors qu’elle cherchait à comprendre par quel heureux hasard il s’était retrouvé dans cet entrepôt au moment où elle avait tant besoin d’aide. Sa réponse ne répondait pas à sa question même si ses mots avaient un effet des plus apaisants et charmants. Alors qu’elle pensait remettre un peu de distance entre eux, déjà gênée par sa tenue des plus légères, Melchiah en décida autrement, gardant sa main tremblante d’avoir serré l’éponge pour frotter énergiquement sa peau dans sa grande main chaude, douce et réconfortante. Il l’attira tranquillement à travers l’appartement jusqu’au coin salon, lui laissant à peine découvrir cette gigantesque pièce magnifiquement meublée et surtout avec une vue imprenable. Le beau brun l’invita à s’asseoir sur le canapé et prit place juste à côté d’elle avec une proximité qui lui nouait déjà le ventre. Mais ça, ce n’était rien à côté de ce qu’il lui murmura avant de commencer à inspecter ses blessures. Être médecin avait beau être son métier, l’attraction qu’il avait toujours eu sur elle la mettait toujours mal à l’aise au début de leurs séances annuelles. Avec le temps, Hope avait pensé que sa réaction stupide s’estomperait mais il n’en était rien.

D’accord ...

Si le dieu faisait en sorte d’être méticuleux et doux dans ses gestes, donnant à son corps de plus en plus envie de frissonner, telle une trahison envers ce qu’elle devrait faire, cela n’empêchait pas de réveiller la douleur des plaies mais aussi des hématomes autour. Il faut dire que ses plaies étaient situées à des endroits plutôt propices à ce genre de réaction. Puis Melchiah lui annonça qu’il allait passer aux soins, alors qu’il n’avait pas regardé sa plaie à l’abdomen. Hésitante quand au fait de lui rappeler l’existence de cette dernière, du fait de sa tenue et de l’effet que ses gestes avaient déjà sur elle, le cerveau de la jeune femme n’était pas apte à réfléchir autant au vue de son état. Le soulagement l’avait pas mal envahi depuis que le cardiologue était venu à sa rescousse. Entre la chaleur qui était montée d’un cran à cause de cette proximité et des gestes de ce dernier sur elle, elle sentait qu’elle avait besoin de se rafraîchir un peu. En plus de cela vint le besoin de ne pas penser à la douleur de ses plaies. Malgré le fait que le médecin était des plus doux et méticuleux, presque trop doux pour le coeur et la respiration de la belle qui commençaient petit à petit à défaillir, se faire soigner n’était pas des plus agréables. Finalement, alors qu’il s’occupait de sa cuisse qui ne cessait de se contracter et de se détendre par intermittence, la brune se pencha pour attraper le verre d’alcool et en bu une longue gorgée. Le Whisky frais s’écoula le long de sa gorge tandis que le froid du liquide la ramena un peu à la réalité. Hope essayait de se raccrocher à cette sensation pour rester concentrée et ne pas faire une chose qu’elle pourrait regretter. C’est une fois le verre reposé que le regard azuré du jeune homme vint à nouveau se planter dans le sien, interrompant sa respiration pendant un instant.

Baldr … Ca a quoi comme origine ?

Son regard hypnotisant semblait à lui seul faire monter la température. Alors que son esprit devrait être concentré sur les événements des dernières vingt-quatre heures ou sur sa nature potentielle de dieu, ce dernier semblait être bien plus attiré par ses yeux envoûtants et ses lèvres tentatrices. La lieutenante avait été blessé physiquement comme psychologiquement et son esprit semblait plutôt fuir vers quelque chose d’agréable, quelque chose qu’elle se refusait complètement en tant normal. Elle ne pouvait nier son attirance pour le cardiologue. Cela était même peut être plus que ça, depuis le temps que cela durait. Si les coups d’un soir qu’elle avait eu avaient été assez agréables, aucun ne lui avait retourné le cerveau en un seul baiser comme le beau brun l’avait fait. Concentrée sur ce genre de pensées plutôt que sur le fait qu’elle cherchait un moyen de fuir son humiliation et le fait qu’on l’avait sali, elle se rapprocha petit à petit du médecin sans réellement réaliser et finit par déposer ses lèvres contre les siennes dans un baiser hésitant, échappant une respiration un peu plus bruyante à la fin avant de s’écarter un peu vivement, ses joues prenant une couleur rosée assez rapidement. Merde … Pourquoi elle avait fait ça ? La brune savait parfaitement pourquoi elle l’avait fait dans le fond, la véritable question c’était pourquoi maintenant ? Le jeune homme ne l’avait très certainement pas sauvé pour ça. Et puis la dernière fois, quelque chose n’allait pas chez lui.

Euh désolée ...

Cherchant à détourner l’attention sur autre chose, Hope commença à écarter sa serviette, révélant son sous-vêtement et surtout cette plaie à l’abdomen dont le médecin ne s’était pas encore occupée.Tel un véritable professionnel, il reprit les soins. Elle se demandait s’il était toujours aussi imperturbable ou si c’était simplement elle qui ne l’atteignait pas quand lui la désarçonnait avec une facilité déconcertante. Car elle avait réellement l’impression qu’il agissait comme bon lui semblait et comme si de rien n’était. Lorsqu’il l’avait embrassé, il lui avait fait comprendre qu’il faisait ça parce qu’il savait que la belle en avait envie depuis plusieurs années. Cela sous-entendait que cela n’était pas réciproque en un sens. Songeant à la tournure que les événements avaient pris et à ses yeux rouges de fureur qu’elle avait revu ce soir encore avant de sombrer dans l’inconscience, elle ne put s’empêcher de demander :

Que signifient tes yeux rouges ? A chaque fois on dirait que tu es en colère, même furieux … Qu’est-ce que j’ai fait pour que tu diriges cette fureur contre moi dis ?

Telle une enfant un peu perdue, la lieutenante n’était plus aussi sûre d’elle qu’habituellement. En même temps, rien à cet instant était habituel pour elle. Sa respiration était de plus en plus irrégulière au fur et à mesure qu’il oscultait sa plaie et la soignait. Ce n’était pas faute de chercher à se concentrer sur autre chose mais sa tenue, la fatigue et le peu d’alcool qu’elle avait ingurgité à jeûn n’aidaient en rien. Et puis ses mains, cette douceur dans tous les gestes qu’il avaient envers elle, ne la laissait clairement pas indifférente.

Thank you but ... What are you waiting from me ?

Hope ne perdait jamais le contrôle. Des hommes qui l’avaient intéressé, il y en avait déjà eu plusieurs bien évidemment. Elle avait fini sous les draps de peu d’entres eux et certainement pas ceux qui provoquaient chez elle plus qu’une simple attirance physique. Aimer quelqu’un, s’attacher à lui ou elle de manière amicale, familiale ou même par amour, était une chose qu’elle ne voulait plus faire. La résultante d’un telle sentiment, son devenir semblait toujours être la souffrance. Et ça, jusqu’à présent, depuis huit ans qu’elle avait perdu ses deux parents, la brune s’y refusait. Seulement, face au cardiologue, les choses ne semblaient pas évoluer de la même manière. Etait-ce parce qu’elle était obligée de le voir une fois par an ou bien était-ce autre chose ? Elle n’en avait pas la moindre idée mais à chaque fois qu’elle savait qu’elle allait le revoir, elle avait cette boule au ventre, cette angoisse qui la prenait. Et puis une fois face à lui, elle avait systématiquement le coeur qui s’emballait. La jeune femme avait compté sur le temps pour que cet effet diminue puis disparaisse petit à petit. Mais il n’en était rien. Alors ce soir là, au pied du mur, sauvée par ce beau brun d’un sort peu enviable, soignée et apaisée par sa présence, son envie avait pris le pas sur sa raison. Son visage s’était rapproché petit à petit de celui de Melchiah jusqu’à ce que ses lèvres se posent sur les siennes, hésitante, appréciant toutefois la douceur et surtout la chaleur de celles du jeune homme. C’était presque à bout de souffle que ce baiser se termina, laissant la belle échappait un soupir rauque avant de s’écarter subitement. Il ne l’avait pas sauvé pour ça. La fatigue faisait que la lieutenante ne réfléchissait pas comme à son habitude. Seulement, elle n’arrivait même pas à s’en vouloir de son geste tant cela lui avait fait du bien intérieurement, effaçant durant quelques secondes les souvenirs désagréables de ces dernières vingt-quatre heures. De la chaleur, du réconfort, du bien-être, voilà plusieurs choses que le médecin lui apportait rien que par sa présence et encore plus à travers ce simple baiser qui avait été d’une grande douceur malgré l’hésitation de son initiatrice. Mais elle ne pouvait abuser de cela, elle ne pouvait pas non plus céder maintenant alors que cela faisait plusieurs années qu’elle retenait son envie de mieux connaître le dieu qui lui faisait face.

Alors qu’il s’attelait à soigner sa dernière plaie à l’abdomen, elle songea à ce qu’il lui avait révélé, à ce qu’elle savait sur sa véritable nature. La brune savait à présent son véritable nom ainsi que celui de son père et de son frère. Si Baldr n’était pas un nom qu’elle connaissait, elle avait déjà entendu vaguement parler de Odin et de Thor. Si sa mémoire n’était pas encore totalement défaillante, il s’agissait de dieux de la mythologie nordique. Par contre, si cela faisait plusieurs fois que son interlocuteur faisait référence à son épouse, sa défunte épouse même, elle n’avait toujours aucune idée de son identité et encore moins de comment il l’avait perdu. Mais cela voulait dire aussi qu’un dieu pouvait donc être tué. A moins qu’elle n’appartenait pas à cette catégorie. Peut-être que celle qui avait conquis le coeur de Baldr à jamais était une simple mortelle ? Etait-ce possible qu’un dieu s’éprenne d’une humaine ? Tout un tas de questions tournait dans l’esprit de la jeune femme qui réfléchissait au ralenti par rapport à d’habitude, épuisée par les récents événements. Aussi ne se rendit-elle pas compte que le cardiologue avait fini de la soigner, elle ne sentit que sa main douce mais efficace se saisir de sa cheville et l’attirait à lui, lui faisant rater un battement de coeur et retenir sa respiration par la même occasion. Le regard bleuté de la belle retrouva alors les prunelles azurées du beau brun alors que la seconde main brûlante du médecin vint se nicher dans sa nuque, laissant ses doigts se perdre dans ses cheveux tandis que ses lèvres vinrent s’emparer des siennes dans un baiser bien moins hésitant. La belle ne put réagir que par instinct, ne maîtrisant même pas sa propre respiration tant ce baiser était plus réconfortant, plus passionné et surtout plus intense que le précédent. Il était à l’image de celui qu’ils avaient échangé dans le chalet du jeune homme quelques semaines auparavant : envoûtant. Sa façon de l’attirer, de l’embrasser portait à croire qu’il en avait également envie, malgré les paroles de la dernière fois qui continuaient de résonner dans l’esprit de la belle, lui rappelant régulièrement qu’il ne faisait probablement cela que pour satisfaire son envie à elle. Mais si tel était le cas, cela signifiait aussi que Melchiah se jouait totalement d’elle en s’amusant ainsi avec ses désirs, son ressenti et ses potentiels sentiments.

C’est alors qu’elle avait cette pensée qu’il mit un terme à leur baiser, la laissant pantoise, alors qu’il vint déposer un second baiser plus innocent sur son front. La douceur et la chaleur de ses mains et de ses lèvres avaient tellement fait monter la température dans le corps frêle de la lieutenante alors qu’elle écoutait les paroles de son interlocuteur. Une seule personne pouvait en effet faire la différence. Mais cela était valable autant dans le bon sens que dans le mauvais. Et puis, ce moment lui échappa totalement lorsque le beau brun se remit sur ses pieds, remettant de la distance entre eux qui était à la fois source d’apaisement et de frustration. Hope allait pouvoir réfléchir un peu plus posément sans la proximité de cet homme qui lui faisait tourner la tête. Mais d’un autre côté, elle se sentait totalement vulnérable, voir honteuse, ainsi assise sur ce canapé, vêtue d’un sous-vêtement et d’une serviette. Etait-ce sa manière de lui laisser de l’espace ou de lui faire comprendre qu’il pouvait disposer d’elle comme bon lui semblait ? Ses mains remontèrent le long de chaque bras opposé, croisant ses derniers alors que ses doigts s’accrochaient comme il pouvait dans la chair de ses épaules, indécise sur la question et totalement perdue dans cette situation qui lui échappait complètement. Dos à elle, semblant dominer la ville de sa stature imposante, la voix de Baldr s’éleva de nouveau dans les airs, apportant une réponse qu’elle n’attendait plus et qui souleva bien vite plus de questions encore dans l’esprit de la jeune femme. Le ton de sa voix semblait être teinté d’une souffrance encore plus grande que la sienne. La carrure physique du cardiologue ne reflétait à priori aucunement sa fragilité intérieure. Emue par ses confidences, Hope n’en restait pour le moins pas perdue davantage. A quel moment dans les deux situations qu’ils avaient vécu aurait-il dû être heureux ? La première fois, elle avait pensé que le beau brun s’était senti en danger, agresser par sa venue tardive à son domicile pour lui demander des explications, malgré le fait que ses intentions n’étaient nullement ceux-ci. Et concernant cette soirée, c’était lui qui était venu la trouver, ou du moins qui était arrivé là potentiellement par le plus heureux des hasards, la sortant d’un mauvais pas. La belle n’imaginait pas un instant qu’elle puisse être à elle seule l’objet d’un moment heureux potentiel dans l’esprit du dieu. Prenant son courage à deux mains, essayant de garder ses réflexions intérieures organisées un minimum, elle lui répondit :

Je comprends que tu puisses avoir pris mon intrusion de la dernière fois comme une agression ou quelque chose du genre. Mais cela n’explique pas pourquoi cela s’est déclenché ce soir … Je veux dire, je ne sais même pas pourquoi ni comment tu t’es retrouvé là, même si je t’en suis clairement reconnaissante.

Toutes ses révélations et tous les événements qui venaient de se produire dépassaient complètement la lieutenante. Si cela ne ressortait pas forcément ou totalement dans son attitude, elle appréhendait que tout juste le fait que son cardiologue, celui qui l’avait accompagné et soutenu à la perte de sa mère, était un dieu. A cette idée, elle réalisa qu’il n’avait pas changé d’un cheveu depuis qu’elle le connaissait. Il était censé avoir presque dix ans de plus qu’elle lorsqu’ils s’étaient rencontrés la première fois. Aujourd’hui, la brune dirait sans mal qu’ils devaient avoir le même âge. Est-ce que tous les dieux étaient comme ça ? D’une voix douce, elle murmura une question qui allait lui éclaircir un peu les choses quant aux demies-confidences de son amie.

Je suppose que tu n’es pas le seul ? Le seul dieu j’entends … Sur Terre. Et donc si ta femme est morte, c’est qu’elle était humaine alors ?

Son cerveau se remettait petit à petit en activité, laissant affluer les questions dans son esprit. Hope ne savait pas du tout par où commencer ni si elle pouvait se le permettre. Si l’envie d’un autre baiser restait présente, elle la dissimulait derrière ce questionnement inarrêtable.

Ton père est le dieu de toute chose et ton frère le dieu du tonnerre. Qu’en est-il de toi ? Quels sont tes .... attributs ?

Se raccrocher à ses questions lui permettait de garder pied. D’un autre côté, parler de ce genre de sujet qui était si abstrait à la base et qui devenait petit à petit concret la perturbait tout de même aussi se pencha-t-elle pour attraper le verre de son hôte. Si elle était plus rhum arrangé côté alcool fort, son whisky épicé était sympathique et fort attrayant aussi but-elle une nouvelle gorgée, malgré le manque d’hydratation et de nourriture qui se faisait sentir, comme pour aider son corps à patienter en prenant ce qu’elle avait sous la main.

Thank you but ... What are you waiting from me ?

La distance que Melchiah avait instauré entre eux permettait à la jeune femme de réfléchir plus clairement malgré la fatigue et l’épuisement de son corps. Les quelques heures qu’elle avait dormi lui permettaient de tenir cette conversation mais nullement d’être la plus efficace ni de prendre les meilleures décisions qui soient. Le baiser qu’elle avait déposé sur les lèvres du beau brun était une monumentale erreur. Fatiguée, perturbée, fuyant cette dure réalité où elle était passée à deux doigts de finir en coquille vide, son instinct avait pris le dessus venant chercher du réconfort auprès de l’adorable médecin qui l’avait sauvé puis soigné. C’était une véritable connerie qui avait enclenché des conséquences et pas des moindres. Elle s’était excusée, avait fait dévier son attention pour faire comprendre qu’elle n’aurait pas dû avoir ce geste là envers lui. Evidemment, ce n’était pas par manque d’envie que Hope avait regretté son geste, c’était par crainte de la suite et à juste titre. Si le jeune homme s’était conduit en véritable professionnel, la soignant jusqu’au bout et avec une grande délicatesse, cela ne l’avait pas empêché de venir l’embrasser de manière bien plus intense une fois qu’il eut terminé, la laissant à bout de souffle, pantelante. Et le pire, c’est que le dieu s’était ensuite éloigné d’elle, comme si cela n’était rien pour lui alors que son corps à elle vibrer totalement à l’idée de continuer, de remettre ça et de poursuivre. Foutus sentiments, foutue trahison, sa raison n’arrivait plus à contenir le reste et cela la mettait des plus mals à l’aise, elle qui faisait en sorte de fuir tout ce merdier, la réalité était en train de la rattraper pour lui donner une bonne leçon en la personne de Baldr. Ce dernier semblait jouer avec elle sur de multiples points. Il s’amusait de toute évidence avec ses sentiments, ses ressentis incontrôlés et le fait qu’il avait bien perçu qu’il lui plaisait, mais également avec ses questions. Répondant à moitié, par énigme ou alors pas du tout, il semblait autant vouloir être sincère que la faire tourner en bourrique. N’étant pas consciente du fait qu’il parlait réellement pour lui, elle prit les paroles de son ami pour elle. Cela faisait en effet plusieurs semaines qu’ils ne s’étaient parlés, tout simplement parce qu’elle n’avait pas répondu. La lieutenante avait eu besoin d’isolement pour appréhender ce que Kaitlyn avait supposé et que le cardiologue lui avait confirmé.

C’est alors qu’il se mit enfin à lui répondre, lui expliquant qu’il était allé la voir jusque chez elle et qu’il avait fini par la retrouver en frappant des gens. Dit ainsi, cela semblait réellement du pur hasard. La brune était loin d’imaginer que Melchiah était rentré par effraction dans son appartement et qu’il avait fouillé ce dernier jusqu’à tomber sur le dossier d’enquête de la mort de son père. Sa remarque concernant ses yeux rouges pour son intervention ne la fit pas franchement rire. Alors à certains moments il contrôlait ses réactions et à d’autres non mais ses yeux n’étaient nullement un facteur à prendre en compte de toute évidence. Etait-elle réellement en train d’imaginer que tout cela puisse être réel ? En même temps, avec la démonstration de la dernière fois et celle de ce soir, comment pourrait-elle ne pas le croire ? Tout cela était totalement invraisemblable et la belle sentait le mal de crâne pointer le bout de son nez. Regardant le jeune homme se mouvoir jusque dans la cuisine et se servir un café, Hope en profita pour attraper le whisky et remplir le verre devant elle. Une envie de nicotine qu’elle ne pouvait assouvir était en train de l’irriter au plus haut point alors quitte à avoir mal au crâne, autant que cela soit à cause de l’alcool. Prenant une bonne gorgée, elle reposa le verre avant de se mettre de côté dans le canapé pour reporter son attention sur son hôte. Clairement il n’était pas le seul et il mettait la quantité importante de dieux existants sur la croyance des humains. La belle n’avait réellement aucune idée de quel type de dieu pouvait être son cardiologue. Peut-être était-il le dieu de la sournoiserie ou de la discorde vu son comportement avec elle depuis que la lieutenante s’était rendue à son chalet. Elle avait détourné les règles pour lui et aujourd’hui, elle s’en mordait franchement les doigts. C’est alors qu’il lui apporta un vieil ouvrage ouvert à une page bien particulière. Leur proximité n’eut pas le temps de réveiller quoi que ce soit chez la jeune femme car le médecin repartit aussitôt en cuisine, comme s’il était devenu allergique à elle tout à coup. C’était à la fois appréciable et détestable comme comportement. Elle ne savait réellement pas quoi penser du beau brun et de son attitude. Survolant les lignes de la page concernant une certaine Nanna, déesse de la lune, elle apprit la triste histoire sur le majestueux couple et la fin détestable de Baldr qui brisa ce dernier. Il s’agissait d’un véritable conte de fée avec une fin tragique, un peu à la Roméo et Juliette.

La remarque de son interlocuteur concernant les livres des humains ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde. Il souffrait, il semblait avoir des regrets et surtout, il semblait être toujours follement amoureux d’elle. Elle ressentait à nouveau son chagrin, cette peine qu’il lui avait évoqué la dernière fois qu’ils avaient parlé du sujet. C’est alors qu’il se présenta comme on aurait présenté la reine d’Angleterre, poussant la belle à se demander si elle était censée faire la révérence devant lui jusqu’à ce que son esprit ne se bloque sur un terme en particulier. Elle imaginait le beau brun en dieu des sournoiseries alors que ce dernier était le représentant de l’amour, justifiant son attribut par un amour infini pour son épouse même dans la mort. Un frisson parcourut son échine alors qu’un malaise s’installa dans le frêle corps de la lieutenante. Attrapant le verre, elle but une nouvelle gorgée de whisky. Même si elle tenait plutôt bien l’alcool, son ventre vide commençait à lui rappeler qu’elle ferait mieux de lever le pied tout de suite. A vrai dire, sa raison ne cessait de lui crier de se restaurer et se reposer alors que son envie d’être proche du prince avait laissé place à une envie qui lui ressemblait bien plus, celle de fuir tout cela. Entendant la musique s’élever, elle vit Melchiah s’approcher de nouveau pour ranger le matériel qui avait servi à la soigner. Cette nouvelle proximité était étouffante aussi ne laissa-t-elle que peu de temps cette situation telle quelle avant de réagir.

Excuse-moi ...

Se levant, Hope retourna dans la chambre, usant de tous ses sens et de toutes ses forces pour essayer de prendre une décision et de s’y tenir. Pénétrant dans la salle de bain, elle attrapa son soutien-gorge qu’elle enfila avant de sécher un peu plus ses cheveux avec la serviette. La brune aurait bien le temps de prendre une bonne douche chez elle. Comme dans l’urgence, elle enfila également son débardeur, sur le départ, avant de réaliser qu’elle n’avait pas d’autres affaires. Portant son regard sur le miroir, une folle envie de briser son propre reflet pour se défouler se fit sentir mais elle préféra baisser le regard sur l’état de son débardeur et les plaies que le cardiologue avait pansé. La sensation de cette langue sur sa peau et dans sa bouche la fit porter sa main à ses lèvres avant de cracher par réflexe dans l’évier et de se rincer le visage à l’eau froide. S’essuyant, la lieutenante se sentait faible, tremblante. Elle ne comprenait pas toute l’ampleur de ce dans quoi elle avait mis les pieds en découvrant le secret de Melchiah. Retournant dans la chambre, elle commença à ouvrir le placard mural pour découvrir les affaires de son hôte. Evidemment, vu la différence de taille entre les deux personnages, trouver quelque chose qui pourrait la couvrir le temps de rentrer chez elle n’allait pas être une mince affaire. Sentant un regard dans son dos, elle tourna la tête un instant pour croiser le regard interrogateur du beau brun. Reportant son attention sur les affaires, elle lui glissa tout de même :

Y a-t-il autre chose que je dois savoir sur toi en tant que Baldr avant que je ne rentre chez moi ?

Dans la voix de la jeune femme se ressentait un léger agacement. Sa réaction n’était pas totalement juste au vue du fait qu’elle lui devait probablement la vie. Mais d’un autre côté, peureuse à l’idée de souffrir à nouveau, elle ne pouvait s'empêche de lui en vouloir d’être aussi désinvolte et joueur avec elle. Attrapant un short de sport, elle le déplia pour voir si elle pourrait faire tenir cela sur elle. Ce qui était un short pour le cardiologue se révéla assez long pour elle ce qui n’était pas un mal au vue de la fraîcheur de la nuit. Une question ne cessait de tourner dans son esprit : que devait-elle faire du fait qu’elle savait Melchiah être un dieu à présent ?