[Terminé] En tout bien, tout honneur [Sÿel]

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En tout Bien, tout Honneur

Le ciel était sombre, et nombre de corneilles volaient dans le ciel. Lug s’arrêta et leva les yeux vers les nuages, une fine pluie tomba sur la ville de Philadelphie. Une corneille vint se poser calmement sur son épaule, il tourna la tête vers elle. Pinçant les lèvres en comprenant sa signification. La corneille croassa, puis se mis à faire des mouvements de tête de bas en haut. Lugh était attentif, l’animal volant passa d’une épaule à l’autre avant de croasser une dernière fois.

«Badb, dis à Morrigan que je dois la voir…»

L’oiseau s’envola et disparu dans les nuages. Il resta attentif et patient jusqu’à ce qu’il soit invoqué. Il ne s’y attendait pas particulièrement, mais il connaissait suffisamment sa comparse celte pour savoir que s’il était convoqué de la sorte, c’était pour quelque chose d’important. Ça tombait plutôt bien en réalité car il s’était inquiété pour elle. A Sanctum, beaucoup de bruits couraient dans les couloirs et les rues, et Lugh avait l’oreille attentive, trop curieux pour rester à ne rien faire, trop aimant de ses comparses celtes, sa famille qui plus est, pour rester à l’écart plus longtemps. Sa neutralité en tant que guérisseur lui permettait d’être un peu partout, sur tous les plans et en tous lieux. Il s’était inquiété de ne plus avoir de nouvelles de la Morrigan, et d’entendre qu’elle avait disparu de la circulation un temps. Alors, recevoir si subitement cette invocation le fit trépigner et l’inquiéta un peu plus encore. Connaissant le tempérament de la déesse, il savait qu’il devrait la canaliser. Lui qui avait un tempérament plus jovial et taquin par moment, il était aussi un dieu capable de sagesse et de calme.

Plus sérieux que jamais, le roi des dieux était chez lui quand il reçut son appel. Une lueur passa à travers la pièce de son salon, perçant à travers les nuages qui rendaient si morne la ville en contrebas. Le dieu de la lumière profita de cette éclaircie pour entrer en résonance avec elle et débarquer au lieu d’invocation. Le Temple University était un lieu avec énormément d’élèves. A l’insu des regards, via sa vitesse aussi rapide que la lumière, il n’eut aucun problème à se frayer un chemin jusqu’à elle. Une sale d’histoire possédant différents matériaux d’études, livres en tout genre, matériel d’archéologie et quelques reliques anciennes sous vitrines. Il était calmement adossé contre la paroi du fond de la salle. Il n’y avait personne, chose dont il s’assura avant d’être visible pour le commun. Il s’était redressé et s’approchait calmement de la jeune femme dont il ne reconnaissait pas les traits. Autrefois rousse, elle avait perdu de cette couleur si emblématique de la déesse mais en avait gardé cette beauté aussi froide que charismatique. Entrouvrant légèrement les lèvres, il vint doucement dans son dos et effleura sa chevelure d’ébène du bout des doigts avant de passer près d’elle et lui faire face.

«Ô Morrigan, qu’est-il arrivé ?» Demanda-t-il sans passer par quatre chemins.

Un air inquiet sur son visage, il observa sa comparse avec curiosité et profond respect. L’éloquence voulait qu’il la salue d’une inclinaison de la tête et d’un baise-main, il se contenta d’un hochement bref de la tête, la surprise se lisait dans son regard et il comprit relativement bien que sa disparition était due à la mort de son enveloppe précédente. Si bien que le temps qu’elle trouve un nouveau corps pour se réincarner dû lui prendre quelques temps, ainsi qu’une nouvelle adaptation à ce dernier. Lui, il n’avait pas changé en plus de trois millénaires. Il était resté le même, la même enveloppe. Ça lui faisait toujours un petit quelque chose de voir que ses comparses perdaient leur enveloppe, et à chaque fois, perdaient en puissance à mesure des réincarnations.

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Dans un besoin de distance maladif que la méfiance avait imposé, la Morrigan s'était éloignée de tous, et même de ceux qui lui étaient si proches jusqu'à là. Les Celtes, elle les avait toujours estimés et aimés à sa façon, avec rigueur et distance.. Enfin, presque tous, parce qu’il y avait toujours des canards boiteux et des bâtards dans le lot. A présent, elle recontextualisait toutes ses alliances, tous ses liens.. Et Lug avait fait partie de ceux-là. Dans son esprit tortueux, la Reine Fantôme s'était même rappelée de ce secret ancestral qui aurait pu être l'objet d'une rancune puissante. Peut-être que Lug avait découvert la vérité sur leur parenté.. Peut-être qu'il en voulait à celle qui était son ancêtre pour ses secrets et mensonges. Peut-être.. Ou pas.

Finalement, à force de réflexion, elle était venue à se rappeler que peu de personne, si ce n'est personne, ne pouvait déterrer ce précieux secret.. Pas même son plus précieux joyau, Eithne. Alors, elle avait fait le choix de faire un pas vers son petit-fils afin de faire appel à son concours et comprendre les raisons de sa funeste fin.

Cette convocation lancée au vent et aux plumes d'ébène fut un véritable acte de foi pour la Grande Reine qui avait fait le choix de demeurer dans l'anonymat et la normalité qu'induisait Philadelphie afin de se protéger au mieux. Lorsque finalement, elle eut conscience que l'appel avait été reçu par son descendant, elle attendit.. Elle attendit simplement, dans cette salle d'exposition dont elle avait réservée le créneau.

Ici, à l'université, le monde grouillant assurait un anonymat favorable aux rencontres les plus importantes. Et c'était pour cette raison-là qu'elle avait choisi cet endroit et non simplement Sanctum où elle se refusait de mettre les pieds. Ou alors la vieille bâtisse aménagée avec goût de son incarnation. Instinctivement, elle considérait cette demeure au comble de la simplicité et de l'humanité comme un cocon dont elle voulait préserver la discrétion afin de posséder un lieu de repli.

Le tic-tac de l'horloge murale rappela à l'ordre la Morrigan qui finit par lancer l'invocation du Dieu lumineux. De chacun de ses comparses celtes, elle connaissait les invocations mais ne les utilisait jamais, par considération pour eux. Mais là, elle estimait qu'il s'agissait d'un cas de force majeure. L'invocation parachevée, elle guettait les manifestations lumineuses d'un œil inquisiteur. Habillée d'une robe courte noire et rouge qui dévoilaient ses longues jambes, elle arpentait de ses hauts talons la pièce avant de s'arrêter.

Le dernier claquement raisonnait encore alors que Lug approchait dans le dos de Morrigan. C'était là une bien triste erreur de sa part, parce qu'elle pivotait sur ses appuis pour porter trop rapidement sa main à sa gorge, le regard vert étincelant de lueurs dorées s'inondant d'une nappe de jais. Sa force contrastait avec la faiblesse apparente de ce corps tout en charme et en courbes, témoignant de la présence dans son organisme d'un sang étranger, stigmate de son ancien pouvoir retrouvé et renouvelé. Tandis que la vindicte lui sciait les veines, elle le relâchait rapidement dans un souffle contrarié. « Pas par derrière. »

Ces mots auraient pu être prit avec humour si son regard furieux ne trahissait pas son humeur. Une de ses mains s'ouvrait et se refermait lentement alors qu'elle faisait quelques pas pour se canaliser avant d'enfin saluer Lug d’un mouvement du menton et de lui laisser toucher ses cheveux. Elle y coulait un regard redevenu vert avec toute la peine du monde. « J'avais envie de changer de style. » Qu'elle maugréait avant de finalement passer une main dans cette chevelure si différente de celles qu'elle affectionnait d'ordinaire. Quelques mèches balayées plus tard, elle lui adressait un regard enfin plus clément, témoin des excuses que son orgueil ne pouvait formuler pour l'heure. Ses doigts glissaient à sa tempe alors qu'elle ressentait les reliquats de sa vindicte se dissoudre peu à peu dans ses veines. Ça allait être plus facile à présent. Du moins, elle l'espérait.

Après un moment de silence, elle revenait porter son regard sur son petit-fils et l'observait pendant quelques secondes. « J'ai été assassinée. » Plus sereine, plus calme en apparence, pourtant, dans son regard luisait à nouveau l'éclat de la rancœur alors qu'elle s'efforçait de se canaliser. « Je dois trouver le responsable et le faire payer. Au centuple. »

Si la Morrigan était devenue le reflet d'une sagesse durement acquise durant ces derniers siècles, il semblait évident qu'elle avait rétropédalé littéralement, qu'elle avait retrouvé ses instincts premiers, des plus combattifs aux plus noirs. L'avantage était qu'elle avait au moins gagné un peu d'humour dans le processus, mais pas sûr que cela puisse lui servir pour l'heure.

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Monumentale erreur que d’arriver dans le dos de la déesse guerrière et de la mort. La main sur sa gorge en témoigna la dangerosité de cette femme au caractère fulminant. Si elle n’avait pas la peau rouge à cet effet, Lug n’en surprit pas moins ce regard acéré accompagné de ces griffes autour de son cou, laissant perler quelques gouttes rubicondes coulant sur le col de sa chemise bleu pastel lorsqu’elle le relâcha. Lugh se contenta d’un regard contrit avant de passer devant elle, une main sur sa gorge pour examiner la profondeur des griffes, utilisant sa médecine dioscurique pour stopper l’hémorragie et accélérer le processus de guérison par d’infimes petits fils de lumière qui reconstituaient la peau. Ça n’était pas une blessure grave, mais, il était trop à cheval sur l’état de son enveloppe qu’il ne se permettait aucune blessure, même infime soit-elle. Si bien qu’il se permit un salut bref, attendant que la Morrigan calme sa vindicte pour son erreur. Il n’avait pourtant pas eu de mauvaise intention. Son regard d’azur suivit les lignes des courbes de la déesse et se plongèrent dans les émeraudes de cette dernière. Il le savait, et le voyait pertinemment, elle n’avait pas eu envie de changer de style, loin de là. Elle ne pouvait échapper à son regard observateur et analytique. Mais il se contenta simplement de relever le menton en réponse. Une façon de dire qu’il n’était pas enclin à de l’humour sur la situation actuelle. Pourtant, il était le premier à en faire pour tenter de détendre l’atmosphère, là, clairement pas.

«Je doute que tu sois réellement du genre à vouloir changer d’enveloppe par simple caprice.»

Il se contenta d’esquisser un simple rictus qui disparut aussitôt. Non, clairement, le sérieux de la situation l’empêchait d’avoir trop d’humour. Depuis combien de temps ne l’avait-il pas vue. Bien des décennies. Pourtant, il n’en n’oubliait pas ce regard, la peine, la colère et la frustration se lisaient dans ces émeraudes et Lugh ne comprenait que trop bien cet état. Bien que plus tempéré et jovial, il avait beaucoup plus de patience qu’elle pour se mettre dans des colères noires. Et pourtant, il avait, récemment, été mis à rude épreuve lui aussi. Mais il avait réussi à la canaliser et elle était aussitôt redescendue. Ces usurpateurs l’ont mis dans une profonde rage, et il n’attend que le jour où il pourra leur faire payer ces fausses inepties à l’encontre des dieux, celtes ou autres. Les paroles prononcées de sa comparse divine eurent l’effet d’une surprise plutôt inquiétante dans le regard du roi des dieux. Comme il l’avait pressenti, et ce, depuis ce funeste jour du premier octobre, il ne savait pas réellement s’il y avait un lien avec cette histoire mais il comptait bien étoffer sa curiosité et en savoir plus sur cette affaire. Autant que possible, il était prêt à venir en aide à sa comparse divine. Il comprenait désormais mieux l’agressivité de Morrigan lorsqu’il s’était approché par derrière. Pourtant, bien que la surprise ait fait un certain effet chez le dieu de la lumière, la colère fut également à son comble et un orage grondait dans ses azures devenues si sombres.

«Et il aura ce qu’il mérite…» D’une main l’invitant à en dire plus, il la replia pour poser les bras contre son buste et rester attentif à ses propos. «Donne-moi plus de détails, si je peux t’aider à retrouver le coupable et mettre la main dessus je le ferais sans hésiter, Morrigan.»

Et il tenait parole. Ça n’était pas dans ses habitudes de ne pas réaliser quelque chose et de l’abandonner à mi-chemin. Et son regard en disait long sur sa loyauté, des celtes qu’il chérissait et protégeait, Morrigan était l’une de celles dont il était le plus respectueux après Eithne et Cian. Lugh était honnête et ne semblait rien prendre à la légère, si bien que l’atmosphère était tendue. Passant près de sa comparse, il fit le tour de la pièce pour s’assurer qu’il n’y ait pas de curieux ou d’oreille trop attentive puis il vint s’installer sur un coin libre du bureau où il pouvait poser une fesse pour continuer la conversation.

«Est-ce que ton assassinat a un rapport avec ce qui s’est passé le 1er octobre ?»

Si c'était le cas, il avait toutes les raisons de retrouver le ou les coupables et de leur faire payer au centuple ce qu'ils avaient pu faire ce jour là, pire encore, le courroux de Lugh n'était pas à prendre à la légère. Et le ressenti de sa colère se répercutait à l'extérieur, bien que le soleil soit caché par les nuages gris, sa lumière était si intense que le ciel en était devenu blanc et beaucoup plus éblouissant qu'un simple ciel bleu sans nuage. Les luminaires du bâtiment s'étaient également mises à grésiller, entrant en résonance avec sa colère.

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Parler encore et encore de son assassinat entretenait le vice de la rage intérieure de Morrigan, nourrissant le démon de sang ayant élu domicile au creux de ses instincts. Pourtant, c'était un mal nécessaire, un mal qu'elle se devait d'entretenir pour ne plus perdre de vue l'essentiel et surtout, retrouver l'impudent qui avait osé l'offenser. Impulsive dans sa rage, elle tentait de se contrôler au mieux tandis que le sang étranger quittait son organisme au fil des secondes, tenant ainsi en respect sa vindicte. Elle inspirait profondément en faisant quelques pas dans la pièce, pensive. Ainsi, le bruit de ses hauts talons rythmait ses réflexions alors qu'elle laissait son souffle filer d'entre ses lèvres. Au bout de quelques secondes, elle revint faire face à son interlocuteur et l'observa longuement, d'une œillade qui ne souffrait d'aucune hésitation. Elle analysait ses réactions, jaugeait sa contrariété naissante.
Bien sûr qu'elle avait osé utiliser le sarcasme, bien plus que l'humour. Ou alors, peut-être que celui-ci s'était révélé noir et paradoxal puisqu'il faisait d'elle l'objet de son amusement. Morrigan était-elle pour autant véritablement amusée ? Non, pas vraiment, non. Elle pestait dans un souffle alors que Lug relevait l'évidence, pointant du doigt l'ironie de la situation. « Je déteste les capricieuses. » Et capricieux. Elle ne faisait aucune distinction dans sa dépréciation.

Son langage aurait pu être bien moins châtié si elle s'était laissée aller à sa contrariété. Mais non. Lèvres pincées et silence inquisiteur, elle braquait un regard vert dont les éclats d'or se muaient presque en étincelles. Elle lisait, traduisait et absorbait presque cette colère que ressentait le Lumineux. De nature plus vindicative que lui, elle trouvait néanmoins sa retenue honorable. Cette sagesse dont elle s'était retrouvée entichée pendant des siècles lui manquait presque, pourtant, elle s'était accoutumée à ses impulsions qui lui semblaient terriblement familières. C'était un retour aux sources, brutal et inattendu.

Le regard échouait pendant un instant sur cette main logée sur son buste et finalement, la Reine Fantôme reprenait. « Assurément. Finit la sagesse, finit la tempérance et les preuves de bonne volonté. Peu importe le responsable, je le remercierais comme il se doit pour ce retour aux sources. » Quant au concours que lui apportait Lug, elle se fit pensive un moment et finalement acquiesça. « Je t'en remercie. » L'ingratitude, quel que soit le feu qui animait son caractère, ne faisait pas parti de son registre. « J'étais au conseil des Primats entrain de statuer sur les différentes questions à l'ordre du jour quand j'ai reçu un message venant, soi-disant, d'Aedhan. C'était urgent, à tel point qu'il me demandait de le retrouver dans une ruelle bien précise de Philadelphie.. A bien y réfléchir, j’aurai dû être plus prudente et me douter que quelque chose d’étrange se tramait parce que je ne ressentais rien de particulier chez lui. Bref.. Je me souviens être arrivée, n'avoir vu personne. Rien, ni personne.. Du moins, jusqu'à ce que ce soit trop tard. Dans mon dos, j'ai entendu un bruit et je n'ai pas eu le temps de me retourner qu'on m'avait tiré une balle dans la tête. J'ai été abattue. » Ses dernières paroles grondaient sous l'éclat de sa contrariété croissante. Parce qu'elle pouvait encore se rappeler la violence de la détonation. La scène lui revenait par instant, s'imposant à son esprit, usant ses nerfs avant de laisser place au calme induit par le passage de la tempête.

Quelques pas fait, elle s'arrêtait finalement du côté du fauteuil du bureau et s'y installait en croisant les jambes. Le coude logé sur l'accoudoir, les doigts réceptionnaient sa tempe alors qu'elle penchait le visage sur le côté, encore contrariée par son récit au vu de ce regard changeant en proie au chaos. A la nouvelle question de Lug, elle redressait le buste, décollant son dos de l'assise. « Je n'en sais rien. Tout est possible vu la conjoncture. De la vieille rancune, au mouvement politique en passant par les évènements récents. Les pistes sont trop nombreuses. La sagesse dont j'ai fait preuve ces derniers siècles n'était qu'une belle connerie. » Et elle ponctua ses mots par un coup de poing sur la surface boisée du bureau qui tonnait sans pour autant céder.

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Un acte envers une de ses comparses qui se devait d’être puni, comme les trois frères avaient tué son père fut un temps, mais il ne serait pas aussi clément cette-fois. Pas de reliques anciennes à aller chercher aux quatre coins du monde, juste, un jugement et une punition en conséquence des actes commis. Le dieu lumineux avait beau avoir de la retenue, son cortex fusait déjà pleine balle pour tenter de retrouver des indices et des éléments dans ce que Morrigan lui expliquait. Ses poings se resserrèrent quand il comprit que le Disciple de sa comparse en avait payé le lourd tribut également. Il avait été utilisé pour faire venir sa déesse afin qu’on l’assassine. La tension se ressentait dans ses épaules et à la pression de sa mâchoire carrée qui faisait vriller ses muscles. Il était inutile de le remercier pour ça. Morrigan était sa famille, Dagda étant son frère de cœur, il y avait toujours eu cette attention particulière envers la déesse sans pour autant aller dans l’excès. Bien qu’il l’ait souvent dragué dans le but de rendre furieusement jaloux le Dagda, Lugh avait toujours éprouvé un profond respect pour elle, ce n’était qu’un simple jeu pour lui, rien de sérieux. Et encore aujourd’hui, même si les bêtises de jeunesse ne sont plus d’actualité il garde au fond de lui ce sentiment étrange qu’il a toujours eut en présence de la Morrigan.

Il baissa les bras, prenant appui sur le bureau et suivit du regard la divine qui s’installa dans le fauteuil confortable. Il avait attentivement écouté tout le récit de sa comparse, et désormais, il réfléchissait, mettait des suppositions et cherchant des indices, des pistes et autres données qui pourraient échapper à la déesse. Ça remontait à loin. Et il ignorait si une enquête avait été ouverte depuis lors. Il baissa la tête, le regard perdu dans le vague, pinçant les lèvres pour les humecter du bout de sa langue. La machine était en route, et le dieu lumineux comptait bien retrouver l’instigateur de tout ceci.

«Est-ce que tu sais si une enquête a été ouverte à la suite de ton meurtre ?»

Il se leva, fit les cent pas. Les bras croisés contre son buste, l’un relevé, se tapotant la lèvre inférieure. Il se remémorait chaque mot et précisions afin d’obtenir certains détails. Puis il s’arrêta et fit face à Morrigan. L’air plus que sérieux et déterminé dans son regard.

«Si une enquête est en cours du côté des humains, il se peut que je trouve des indices relatifs et des pièces à conviction sur ton assassinat. Mais je vais devoir retourner sur les lieux pour trouver des informations complémentaires et récupérer le compte rendu d’autopsie.»

Qu’il y ait un lien ou pas avec le 1er octobre pouvait être maigre. Mais il lui fallait bien évidemment trouver le maximum de pistes, et si le meurtre du primat de la cité pouvait avoir un lien, ça n’était pas une mince affaire. Quelqu’un chercherait-il à les supprimer tous un par un? Il leva les yeux sur elle, une paupière tressauta à l’entente de l’injure prononcée mais il resta calme. Prenant une simple inspiration en fermant les yeux. Puis les rouvrant sur la jeune femme.

«La sagesse n’est pas quelque chose de mauvais en soi. Mais pour être tout à fait franc avec toi, la Morrigan solitaire, intrépide et combative que je connais s’est sociabilisé et adoucie avec le temps et les courbettes de Sanctum. Pourquoi crois-tu que je me mets à l’écart de tout ça ?» Il pinça les lèvres et baissa les bras, haussant légèrement les épaules en forçant une petite moue dubitative et hochement de tête. «Bon, j’admets que la tentative d’assassinat à mon encontre il y a longtemps n’a pas aidé à rester auprès des autres dieux en tant que roi, c’est pourquoi j’ai préféré m’éloigner et rester sur la défensive et sur mes réserves depuis tout ce temps.»

Lugh était devenu indépendant et solitaire pour ce fait-ci, mais pas seulement. L’accomplissement prophétique de tuer son grand père et chasser les Fomoires des terres pour que les Tahuata de Dannan vivent en paix n’avait permis au dieu lumineux de ne régner qu’un temps avant de disparaître et de voyager dans les différentes contrées celtes, puis, de se réincarner et de disparaître loin des dieux pour rester aux côtés des humains afin d’en apprendre plus sur eux. Le lumineux piquait au vif, non pour mettre en colère sa comparse sur une chose dont elle s’était elle-même faite à l’évidence, mais pour soulever autre chose.

«Quand on a une place importante, les êtres jaloux affluent à la pelle, et il y en a toujours un qui se dissocie de ceux qui n’ont pas le courage de faire ce qu’ils ont en tête, il le réalise vraiment, et il attend le moment propice pour frapper. Le moment où la garde se baisse. Aedhan à joué le leurre pour t’atteindre, et je pense que la raison avait bien plus d'impact qu'un simple assassinat par jalousie. Quant à savoir qui et quoi, je compte bien le découvrir.»

Le regard du dieu roi s’en retrouva plus doux, et compatissant, bien que l’orage éclatait toujours dans ses orbes qui fixaient Morrigan. Il n’était pas là pour lui faire des remontrances, mais pour exprimer des faits.

«Serais-tu prête à revenir sur les lieux de ton assassinat avec moi ?»

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Des dieux qui se réincarnaient, cela arrivait bien plus souvent que cela en avait l'air, pour autant, se réincarner à cause d'un assassinat, c'était autre chose. La Morrigan y avait longuement réfléchit, elle avait tourné le problème dans son esprit pendant de longues heures, dans cette chambre d'hôtel appartenant à son incarnation. Là-bas, elle n'avait eu aucun mal à se faire porter pale.. Tant la brutalité de l'incarnation improvisée avait secoué le corps humain ainsi que l'esprit divin. Désorientée puis furieuse, Morrigan s'était isolée, dans un besoin de retrouver pieds, dans sa réalité, dans ce monde qui avait fini par avoir raison de sa précédente chair.

Aujourd'hui, elle offrait au monde un aplomb nouveau. Là où la grâce et la mesure avaient dessinés les contours de la Déesse Guerrière, aujourd'hui, elle retrouvait le feu de son tempérament volcanique, doublé d'une allure distinguée pour les uns, sulfureuse pour les mauvaises langues. Et les mauvaises langues, il y en avait dans l'entourage de la De Brún, elle avait su s'entourer de vipères et de mécontents, surement pour tuer l'ennui. Vivre dans la peau d'une garce affirmée avait réveillé les instincts et la méfiance de la Morrigan qui se retrouvait finalement baignée dans un monde qu'elle avait pris soin d'éviter pendant une éternité.

Les humains, elle ne monologuait plus à leur sujet, non, elle vivait avec eux, simplement. Elle existait parmi la foule pensante et s'y noyait afin de préserver un anonymat qu'elle trouvait salvateur à bien des égards. D'abord parce qu'il lui évitait de se retrouver avec une nouvelle balle dans le crâne, ensuite parce qu'elle effleurait du bout des doigts le calme d'une vie lui appartenant entièrement. Enseigner revêtait un intérêt tout à fait nouveau, presque rafraichissant pour la Déesse. Elle aimait attirer les regards, soumettre les esprits à son attention, elle aimait.. Dominer son auditoire. C'était problématique ? Non, c'était symptomatique de cette royauté abandonnée. Elle était Reine jusqu'à dans ses veines.

Assise sur son trône de fortune et provisoire, elle restait là, les jambes croisées, silencieuse, le regard émeraude rivé sur Lugh qu'elle scrutait longuement, percevant ainsi son agacement et cette implication qui avait le mérite de la faire redescendre d'un cran en tension. De la colère, elle en avait ressenti depuis des semaines, jusqu'à casser mobilier et parfois os. Alors, elle en avait dépensé de l'énergie, pour son injustice toute personnelle.

La langue claquait contre son palais alors qu'elle venait placer ses doigts contre ses tempes, visage penché et coude enfoncé dans l'accoudoir de son siège. « Je n’en sais rien. Je n'ai aucun contact avec la police de cette ville. Je me vois mal arriver dans un commissariat et demander si une enquête a été ouverte sur un corps non identifié d'une rouquine retrouvée dans une ruelle. On me poserait forcement des questions. » Qu'elle lançait avec un soupir nostalgique. Elle était quand même jolie, sa rouquine d'avant. Et puis, elle s'observa un instant avant de conclure qu'elle aurait pu tomber sur pire. Quant aux journaux, rien d’éloquent n’en était ressorti.

Volatil, son esprit se recentra finalement sur la discussion avec Lugh alors qu'elle reportait toute son attention sur lui afin de mieux se renfrogner devant une pensée qui lui traversait l'esprit vivement. « Une autopsie ? Ils ont osé ouvrir mon corps ? » Irritée par l'idée, elle grondait presque face aux images qui lui revenaient et qui se succédaient rapidement jusqu'à finalement souffler d'agacement. « Ça se tient, pourtant. » Qu'elle concéda malgré elle. La logique faisait loi, surtout pour faire avancer son affaire, alors, elle redressait le buste, s'armant d'un calme relatif.

La Morrigan y avait longuement songé, à ce lien tout trouvé avec les évènements du 1er Octobre, pour autant, elle ne se fermait aucune porte et aucune possibilité quant aux raisons de l'attentat contre sa personne. Ainsi, elle laissa son attention se porter sur la pièce, marquant une nouvelle habitude frappée du sceau de la méfiance. Elle surveillait machinalement les alentours avant de reposer ses prunelles vertes sur son interlocuteur. Oui, Morrigan avait pris des libertés quant à son vocabulaire.. C'était une évidence, mais dans le fond, ça ne méritait guère plus d'attention selon elle. Cela complétait le tableau transfiguré de la déesse qu'elle était.

Aux paroles du Dieu lumineux, elle plissa le regard en le scrutant. Mâchoire crispée et regard assombrit témoignait de son humeur qui se couvrait encore des nuages de la contrariété. Quelle susceptibilité ! Pour autant, elle ne lui sauta pas à la gorge mais se para plutôt de son éternelle assurance. « Je n'ai jamais été intrépide. Impulsive tout au plus et à juste titre. » Vraiment, c'était tout ce qu'elle retenait ? Non. « J'ai bien retenue ma leçon, en attendant, Sanctum n'a rien à voir avec mon tempérament et se tenir à l'écart des dieux n'évitent en rien les dangers inhérents à l'immortalité. Si un Dieu est responsable de mon sort, je lui ferais bouffer ma contrariété jusqu'à ce qu'il s'étouffe avec. Mais.. » Après une montée crescendo de sa contrariété qui se traduisait par un timbre plus sévère et un vocabulaire plus.. Léger, elle finit par inspirer profondément afin de reprendre plus sereinement. « En attendant, je ne compte pas m'éloigner trop longtemps. Je ne désespère pas qu'un jour, les choses viennent à s'arranger et que la bande d'arrogants qui nous sert de confrères finisse par se rendre compte que .. » Que quoi ? Elle se fit pensive avant d'hausser les épaules. « .. Non, en fait, surement que ce sont des cas désespérés, mais ce n’est pas grave. J'aime quand même Sanctum et la population qui l'occupe, y compris les quelques abrutis que je ne peux saquer. »

Ce langage peu châtié l'arrêtait un peu alors qu'elle fronçait les sourcils en pensant que ce n'était pas des manières. Et puis quoi ? Qui allait la blâmer pour ses paroles ? Un coup d'œil à Lugh, elle l'observa longuement avant de finalement écouter ses propos concernant la jalousie omniprésente et inhérente à son rôle de Primat. « Ne parlons pas d'Aedhan, ça me contrarie. » Qu'elle marmonna en réponse première avant de finalement se relever d'un bon en contournant le bureau d'un pivot habile sur ses hauts talons. « Bien, m'assassiner a surement eu pour conséquence de semer d'avantage le trouble parmi les dieux. Alors, autant se pencher sur la question. » Et finalement elle s'arrêtait devant Lugh en attrapant un trousseau de clés laissé sur le bureau qu'elle désignait avec un petit sourire logé au coin des lèvres. « Allons-y, j'ai une voiture. » La Morrigan s'était découvert une nouvelle passion, la conduite. Enfin, ça n'allait pas durer, comme toute chose. Par contre, elle se rappela de l'habileté naturelle du dieu pour la rapidité. « A moins que je ne monte sur ton dos ? » Elle regardait sa robe courte et grimaçait. « Vu que tu vas très vite, on ne verra rien. » C'était certain.

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Certains faits sont là, et quoiqu’on puisse dire, il ne fallait écarter aucune piste, même la plus improbable qui puisse être. Il écoutait le récit de sa comparse avec profonde focalisation. Ses réflexions fusaient déjà à mille à la seconde dans sa tête. Si bien qu’il prenait toutes les infos qu’il triait les unes après les autres pour tenter de faire un quelconque raccord avec les récents événements. Il ne croyait pas aux coïncidences. Il y avait trop d’éléments qui tendaient à croire que certains dieux étaient contre la Primat de la citée et avaient voulu s’en débarrasser, de là à savoir qui, c’était une autre histoire.

«Moi si… Mais je n’ai pas été appelé sur l’affaire, donc je me renseignerais de mon côté pour savoir où ç’en est.»

Il la sentait cependant ailleurs. Comme si elle cherchait à se remémorer LE détail qui règlerait tous les problèmes et tous ses maux actuels. Ce n’est que lorsqu’il parla de l’autopsie du corps que sa comparse divine sembla brusquement s’offusquer de ce qu’on avait pu faire à son ancienne enveloppe. chose qui était relativement courant quand on avait affaire à un meurtre, et même dans un autre cas, si Anubis ne passait pas par là, le corps était vidé de ses organes et remplacé par du Formol pour le maintien jusqu’aux obsèques avant de le laisser pourrir bien gentiment sous terre, ou le faire incinérer selon les demandes. Mais dans le cas d’un meurtre, le corps était avant-tout étudier pour connaître les conséquences du meurtre de la victime avant qu’il soit laissé aux thanatopracteurs pour le reste du travail visuel. Kendall hocha la tête en pinçant les lèvres tout en regardant la déesse Morrigan avec un léger haussement de sourcils.

«En même temps si ton corps a été retrouvé avec une balle en pleine tête, c’est probable que les légistes aient autopsié ton corps. Au moins pour être certains qu’ils ne passent pas à côté d’autre chose. Mais y'a peu de chance qu'ils aient trouvé ton corps, ou alors ce qu'il en reste. Ton corps devait être dans un très sale état pour qu'on t'ai forcé à abandonner l'enveloppe.»

C’est la routine pour eux. Ils ne font que leur travail, ils ne vont pas se demander si ce corps ou un autre est le réceptacle d’un dieu, ils vont tenter de trouver déjà la balle si celle-ci y est encore logée, analyser le calibre et aller chercher les différents armuriers qui le vendent histoire de trouver l’arme qui a définitivement mis un terme à la vie d’Eira Skynner. Alors, la voir se braquer et montrer son assurance face au polytechnicien ne le laissa pas dupe. Morrigan savait faire preuve d’audace; c’était une brave qui n’avait guère peur d’affronter ses ennemis, et c’est ce qu’il admirait chez elle. Alors, Kendall dodelina du chef en pinçant les lèvres et levant les yeux au ciel. Claquant sa langue à la suite de ses remarques. Un petit rire faisant vibrer ses épaules, il eut un ton plus léger.

«Mhh… Je t’ai connu bien vaillante et inébranlable face à des ennemis beaucoup plus effrayants que les humains. Mais je m’égare...» Dit-il en rabaissant son visage sur elle pour reprendre son sérieux sur la situation.

Il n’en faudrait pas beaucoup plus à sa comparse divine pour que son langage devienne un peu plus familier et léger. Chose que Lugh remarqua très vite rien qu’au ton employé mais également à la forme. Lui qui était très à cheval pour la politesse, il n’irait pas jusqu’à la contrarier un peu plus d’exposer son mécontentement, et, elle n’avait pas encore passé ce stade, mais, il se pourrait qu’il fasse en sorte de la couper chaque fois qu’elle tenterait de prononcer une insulte. Chose qui n’arriva pas. Bienheureusement pour lui. Elle devait bien connaître son aversion pour les grossièretés.Non, elle avait raison sur certains points et Lugh ne pouvait pas la contredire, l’éloignement n’évite pas aux dieux de se faire tuer, au contraire, ils sont plus vulnérables, mais Lugh a toujours fait en sorte de s’écarter et de ne pas trop se montrer, voir de s’effacer des autres dieux justement pour qu’on ne vienne pas lui porter atteinte, ni à lui, ni à ses disciples. Et il les choisit relativement… Débrouillards pour leur apprendre ce qu’il faut. Même si la plupart d’entre eux ne survivent pas forcément. Il se souvient de tous les disciples qu’il a eu des millénaires durant. Un léger rire accompagna les paroles sur les confrères divins de la Déesse celte.

«Il ne sont pas tous si désespérant. Il y a des personnes... correctes, parmi eux… Ils sont juste trop dépendants de Sanctum.»

il ne pouvait pas les blâmer de tenter d’obtenir un simple havre de paix alors que leur culte dépérissait à petit feu et qu’ils s’affaiblissaient. Il avait été de ceux là à une période. Affaibli, emplit de doutes et de craintes. Cette peur qu’ont tous les anciens dieux de tomber dans l’oubli. Quelque part, c’était la raison pour laquelle il avait voulu se relever. Il en avait eu la force grâce à ses disciples, grâce à Dagda et d’autres dieux avec qui il avait pu faire un bout de chemin avec eux. Il ne pourra jamais être oisif car ce n’est pas dans sa nature. Il avait ce besoin constant d’être actif et de faire quelque chose de ses dix doigts. Rares étaient les moments où il se posait et restait tranquille, mais ceux-ci, il les passait avec ses disciples.

Alors, quand Kendall proposa à Syël de l’emmener à l’endroit où elle a été assassinée pour changer de sujet plutôt que de parler de son disciple, la proposition de la jeune femme le fit sourire et il la suivit du regard tandis qu’elle s’approchait de lui avec ses clefs de voiture en main. S’arrêtant devant lui qui la toisait d’un regard amusé, un rictus torve dessiné à la commissure de ses lèvres, le dieu lumineux était mitigé entre prendre sa voiture, ou l’emmener directement sur les lieux. Mais s’ils utilisaient sa méthode, ils seraient nettement plus rapides, sans aucun doute, mais en plus de ça, il pourrait rapidement récupérer son matériel de scientifique pour mettre sous pochette d’éventuels indices laissés par l’équipe de la criminelle, si tant est qu’ils en aient oublié. La jupe courte ne le dérangeait pas, monter sur son dos n’était pas très gentleman alors, il se baissa et attrapa les creux poplités de la jeune femme, main derrière les genoux, il souleva ses jambes, la maintenant d’une main dans son dos avec agilité et aisance.

«Tout dépend de si tu veux prendre les bouchons ou y aller tranquillement. autant profiter un peu de l’éclaircie que le ciel nous offre… Tu me guides en chemin? On passe chez moi avant, que je récupère mon matériel.»

Ni une ni deux, le Samildanach disparu dans un rai de lumière avec sa comparse dans les bras. En effet, sa vitesse n’avait d’égal que la lumière elle-même, si bien que personne n’y voyait grand chose à son approche, c’était tellement subtil comme passage qu’il donnait l’impression d’un courant d’air un peu plus fort que les autres, et avec le temps ça paraissait logique qu’il y en ait. Si bien qu’il passa chez lui pour récupérer son matériel déjà prêt pour le moindre appel de la criminelle et arriva à l’endroit que lui avait finalement transmis Morrigan, s’assurant qu’il n’y ait personne, ni même aux alentours pour finalement la déposer dans la ruelle à l’abri des regards.

«Merci d’avoir emprunté la Lugus Speedrun company !» Dit-il sur la plaisanterie tout en gardant son sérieux et se plaçant de sorte à avoir un angle de vue global de l’endroit, il regarda également au-dessus de lui, là où se trouvaient les toits et les immeubles voisins donnant vue sur cette ruelle. Il repéra un rebord de toit idéal pour un sniper. Puis il baissa la tête et la tourna vers sa comparse.

«Tu me fais un résumé de la scène?»

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But we care. — Lorde || @Kendall McLight

La manière d'enquêter des humains était encore un sujet relativement opaque pour Morrigan. Parce que Sÿel n'en saisissait que les contours grâce aux séries télévisées et à la culture populaire. C'était un professeur qui était toujours passée entre les mailles du filet de la justice. A bien des égards, selon certain, elle aurait surement mérité de terminer derrière des barreaux parce que c'était une .. Début de citation, une connasse insensible, fin de citation. Mais si on devait enfermer ce genre de prototype de manière automatique, alors, beaucoup de monde finirait en prison.
Quoiqu'il en fût, le destin avait joué un sacré tour à Morrigan, en la catapultant dans le corps de cette croyante-là, comme si toutes les lois universelles s'étaient croisées pour réveiller les pires instincts de la Déesse.

Dans le fond, Lugh avait de la chance, parce que cette filiation gardée secrète depuis le temps des dieux avait raison de tout élan colérique chez Morrigan qui mettait un point d'ordre à garder tout à la fois une bonne relation et une distance polie avec celui qui était son petit-fils. Il n'en demeurait pas moins qu'elle n'avait pas hésité une seconde en se tournant vers lui afin de lui demander son concours. Parce qu'il la connaissait, parce qu'il ne la jugerait pas.. Parce qu'il allait l'aider. Et c'était ce qu'il faisait, bien qu'elle se serait bien passée des explications concernant le devenir de son ancienne enveloppe. Si la Celte n'avait pas été.. Elle, surement qu'elle en aurait couiné à imaginer cette enveloppe qu'elle considérait parfaite, déchiquetée et à jamais endommagée.

Une moue passa sur ses traits alors qu'elle observa longuement Lugh suite à son trait d'humour. La moue se transfigura en un vague sourire. « Je suis inébranlable mais imaginer l'état de mon corps.. Enfin, de l'ancien, me file la nausée. Tu ne voudrais pas que je te vomisse sur les chaussures, je présume, non ? » Surement que non. Elle ponctua ses paroles en jetant un coup d'œil entendu à ses chaussures avant d'en revenir à ses traits.

Concernant ses comparses, Morrigan en avait un soupir. Ainsi s'envolait toute la légèreté morbide de leur discussion alors qu'elle usait d'un langage trop peu châtié, de manière tout à fait volontaire. Pour toujours et à jamais, Morrigan avait conscience qu'elle ne pourrait jamais changer l'avis de Lugh, et pour autant, elle n'essaya même pas alors qu'une de ses mains balayait l'air avec désinvolture. « Il faut bien se raccrocher à quelque chose, dans cette éternité. Un lieu, des personnes, des idées.. » La main retomba autant que sa phrase laissée en suspens, parce qu'elle pensa pendant de longues secondes qu'elle s'était raccrochée à un peu tout cela par le biais de la Cité des Dieux.

Reléguant volontairement le sujet à l'arrière-plan de ses pensées, Morrigan attrapait dans sa main les clés de voiture qu'elle désignait, triomphale. Mais c'était sans compter la rapidité de Lugh. Morrigan retint une exclamation alors qu'il la soulevait du sol. Une de ses mains s'accrochait à sa nuque afin d'assurer sa stabilité toute relative alors que ses doigts se refermaient sur ses clés. « Je présume que l'on va opter pour ton véhicule tout personnel. » Qu'elle marmonna en acquiesçant.
Et alors qu'il l'entraina au travers de la ville, Morrigan fût son guide avec justesse alors qu'elle ne protesta pas un instant.. Alors que ces derniers temps, elle avait passé son temps à râler, à détester son propre monde. Cette éclaircit lui offrit un instant de répit avant de retomber dans l'horreur de la réalité. Arrivée sur les lieux, les talons regagnèrent le sol dans un martèlement sec alors que Morrigan replaçait la robe sur ses hanches sans que cela ne soit d’une absolue nécessitée.

Son regard vert s'assombrit aussitôt alors qu'elle se fit sourde à l'humour de Lugh. Un frisson glacé courait son échine tandis que les souvenirs revenaient frapper son esprit déjà éprouvé par la colère latente. Les iris devenues noires se détournèrent du vide pour échouer sur une trainée de sang séchée, laissée là, narquoisement contre le mur. Animée d'une tension nouvelle, Morrigan réprima son envie de violence qui était là, tout juste pour couvrir le choc de son assassinat.

Une inspiration plus tard, elle émergea du bain glacé de ses sensations pour reporter son regard sur Lugh. Elle désigna du menton l'entrée de la ruelle. « Je suis arrivée par là. » Son regard gravita, évolua comme si elle était capable de voir le fantôme de ce corps abandonné, la note à la main. « Je me suis retournée pour le chercher mais il n'y avait personne. Je pense qu'on a attendu que j'atteigne assez de profondeur dans la ruelle pour que ça passe inaperçue. » Et pour preuve, elle s'avança jusqu'à la trainée de sang, un peu plus loin et pointa sa main, armée d'un révolver imaginé. « Je n'ai pas eu le temps de me retourner, il a tiré à bout portant. Il était plus grand que moi, je me souviens de son ombre, simplement.. Elle est arrivée de nulle part, comme lui. » Sa main retomba lentement alors qu'elle eut tout le mal du monde à ne pas se laisser embrigader par ce souvenir, par ses conséquences. Elle imagina, comme elle avait pu le faire tant de fois, la mort de son disciple, dans l'agonie et l'incompréhension. Un nœud de rage et de tristesse la prit au corps alors qu'elle secoua le visage négativement. Ce n'était pas le moment. Alors, elle inspirait et reportait son regard sur Lugh. « Quelqu'un va devoir payer. » Qu'elle souffla, d'un murmure étranglé par autant de colère que de douleur. Son regard d'un noir profond illustrait parfaitement son propos : elle n'aurait aucune clémence pour le responsable.

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Il baissa la tête, ferma les yeux et pris en compte les paroles de sa comparse. Il était certain que chaque divinité avait sa propre vision des choses, ses propres sentiments et ressentis sur l’éternité qu’ils vivaient tous. Parfois plus ennuyante que d’autres pour certains. Alors, avant de l’emmener sur son lieu de crime. Il haussa lentement les épaules et fit une petite grimace.

«Evite de me vomir sur les chaussures s’il te plaît. Ou préviens moi avant, que je te donne un sachet.» Lâche-t-il pour la taquiner en relevant les yeux sur elle. Puis, il arbore un air mélancolique.

Il ne comprend que trop bien le besoin de se raccrocher à quelque chose. Mais parfois, et comme toujours, les choses auxquelles ont tient ont souvent tendance à avoir une fin. Même eux, sont capable d’en avoir une. Si bien qu’il prend une inspiration silencieuse et ses épaules se soulèvent tandis qu’il accroche son regard sans ciller.

«Bien sûr… Même si toutes les bonnes choses ont une fin… Ce sont parfois des pertes douloureuses.»

Et il détestait avoir mal ou devoir perdre des proches. C’est pourquoi il ne s’attachait que très peu en dehors de son panthéon. Les rares fois, évidemment, il les gardait précieusement et faisait en sorte de ne pas les perdre, mais, parfois, c’était inévitable, et il ne pouvait lutter. Pour ce qui était des choses matérielles en revanche, il était complètement détaché de tout. Car il est de ceux qui ne tiennent pas en place et qui ont besoin de bouger. Rester ancré à une ville n’est pas dans ses habitudes. S’il le fait, c’est pour une bonne raison. Mais il sait qu’il n’y est aucunement attaché. Il n’aime pas plus que ça la ville, bien plus friand de nature, et pourtant c’est un dieu très curieux et cultivé. Notamment par ses multiples fonctions et connaissances. Rien ne le retient réellement la seule véritable attache n’est pas physique. Les liens du sang, de son panthéon, de ses croyants et disciples. Rien d’autre ne l’importe plus qu’eux.

◘◘◘
Alors lorsqu’ils partent pour le lieu du crime. Kendall fait un tour chez lui pour récupérer son matériel et finalement, précise dans ses indications, Morrigan le guida jusqu’à la ruelle qui l’a vue mourir. Lâchant une petite plaisanterie tout en restant le plus sérieux possible en la déposant, il commença à sortir quelques effets de sa composition, et non ceux qu’il utilise en général avec les humains. Il s’agit d’une déesse, donc, d’autres précaution sont nécessaires. Il s’accroupi là où elle semblait déjà visualiser son corps, la scène, il ne la voyait pas, mais elle lui retranscrivait d’une manière à ce qu’il comprenne la situation. Il la voyait, l’écoutait, l’observait, le tout en récupérant des traces, des indices laissés par la criminelle ou amoindris par le passage. Le sang séché contre le mur fit office d’un échantillon relatif et conséquent pour les analyses du dieu. La magie de sa médecine lui permettait bien des choses. Il n’était pas le consultant pour la police, il était le dieu sollicité par sa comparse, alors il prenait les mesures nécessaires. Il posa sa main au sol, usant de sa polytechnie et de la faible lumière que donnait la lumière pour révéler des traces grâce aux UV faibles qu’il transmettait. Si l’illusion d’optique lui permettait de tromper un humain, il était certain que les réverbérations de lumières et de son spectre contre des surfaces différentes pouvait donner bien des choses. Le sol semblait presque être arc en ciel et il se permis de créer un mur à l’entrée de la ruelle pour que des curieux ne viennent pas jeter un coup d’œil sur ce qui se passait à l’intérieur. Et, dévier les faibles d’esprit qui n’auront d’autre choix que de contourner les lieux en pensant s’être trompé de chemin.

Avec la description, il recréa la scène, l’ancien corps de Morrigan se tenant à l’endroit où elle se trouvait, face à la trace de sang qui avait giclée contre le mur. Lugh pris une profonde inspiration et ferma les yeux. Se concentrant sur sa vision, sur ce qu’il avait compris, puis il rouvrit les yeux pour tenter de retracer tout ça. Une ombre à peine visible arrivant de nulle-part, un coup de feu puis plus rien, tout se dissipait, sauf le mur.

«Lui… tu as vu une forme plus masculine dans l’ombre ?»

Si c’est un dieu capable d’être partout et nulle part à la fois, voire ayant la capacité de débarquer comme une fleur via les ombres ou ce genre de choses. Ou même aussi rapide que lui. Lugh fronça les sourcils à toutes ces suppositions. Il se releva et rangea ses échantillons dans sa sacoche tout en faisant le tour des lieux pour s’assurer qu’il n’ait rien oublié. Regardant même dans les poubelles -sait-on jamais mais bon, il doutait retrouver des traces du cadavre dans une poubelle. Puis… Pour Morrigan ce serait un sacré outrage à son égo. Et une putain d’offense à sa personne, mais également son corps précédent. Eira, elle ne méritait pas ce sort non plus. La colère monte en lui tandis que son regard se fait plus tranchant et inquisiteur. Il soupire et redresse la tête dans la direction de la déesse de la guerre. Son regard gronde, mais lui aussi. Et son poing se serre fermement.

«Tu aurais des soupçons sur quelques dieux susceptibles de te vouloir atteinte ?»

Parce que si on regarde bien, rien qu’avec le peu d’indications que l’on a, on pourrait clairement me faire porter le chapeau, grand, rapide. Je dis ça, mais c’est ma paranoïa qui parle pour l’heure. Je ne me sens pas à l’aise en pensant ça. Et je me méfie un peu de trop. Si bien que je tente d’en savoir un peu plus. Il ne faut pas qu’elle hésite à m’en parler. Je suis là pour elle.

«Tout ce qui te reviendra en mémoire sera grandement utile. Des sons, des odeurs, tout ce que tu as pu voir, tes gestes avant ça, ou même des détails infimes, sensation d’avoir été suivie, un ressenti quelconque, pouvant paraître banal, bien avant de sentir la présence de ton disciple ici. Tout est bon à prendre alors… Si ce n’est pas maintenant, ça peut être plus tard, et si ça te reviens, pense à moi.»

Tout était bon à prendre, oui. Car plus il aurait de pistes, mieux ce serait pour tenter de fouiller et de trouver les coupables. Mais avec d’aussi minces preuves, il risquait de pédaler dans la semoule un moment.

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Comme tous et chacun, Morrigan avait également fait l'expérience de perdre dans la douleur ses proches. Jadis, ça a avait été ses fils, ses enfants nés de son union avec Dagda qui n'avait pas captés la lumière de leurs divinités respectives. Et plus récemment, il y avait eu son Disciple. Aedhan, elle s'y était attachée dans la certitude qu'elle ne le verrait jamais disparaitre. Mais finalement, la Reine Fantôme l'avait entrainé dans sa chute.
Une terrible chute pleine de culpabilité et d'incompréhension. Ces dernières secondes de vie, elle les avait senties comme étant les siennes, et rien que d'y repenser, son chagrin refluait brutalement, appelant au deuil. Pourtant, elle n'avait pas le temps de se laisser aller à ce genre d'émotion, parce qu'elle préférait se focaliser sur son besoin immédiat, celui de vengeance.

Dans cette ruelle, elle observa minutieusement Lugh opérer avec un savoir-faire qui n'était plus à prouver. Elle n'opposa aucun mot, ni aucune manière pour empêcher la bonne marche de son investigation.. Au contraire, elle se révéla plutôt curieuse afin de ne pas se laisser ensevelir sous le poids du souvenir brutal de sa propre mort. Détourner ses propres sentiments était un savoir-faire acquis par Morrigan depuis bien longtemps, et elle l'utilisait souvent lorsque l'urgence le demandait.
Avec la présence lancinante de sa vindicte, il fallait dire qu'elle avait manqué d'opportunité de travailler sur son calme ou sa manière de traiter ses pics de colère.. Encore une fois, chaque chose en son temps, si on excluait le fait qu'elle ne comptait plus s'assagir ou étouffer ses propres sentiments. Non, la Reine Fantôme comptait demeurer entière.

Lorsqu'elle lui effectua le récit bref mais efficace de son exécution.. Parce qu'appelons un chat, un chat, elle retint toute l'émotion noire qui la submergeait en percevant la reconstitution. L'évidence la frappait alors : Le coup de feu n'avait été qu'un début concernant sa mise à mort, ni plus, ni moins. A la question de Lugh, elle sembla s'échapper de son propre esprit pour reposer sur lui un regard tout à la fois troublé et colérique. Il le savait, sa colère ne lui était pas adressée. « Oui, je pense que c'était un homme. »

Elle n'avait aucune certitude et pour autant, c'était déjà une information. Avançant dans la ruelle, elle riva toute son attention sur la tâche de sang qui était minime en comparaison de ce qu'il devait y avoir. « Une seule balle en tête n'aurait pas dû me tuer. » C'était une évidence. « Ce premier coup avait pour but de me réduire au silence et éviter que je ne voie le visage du responsable. » Elle ferma les yeux un instant, rageuse dans son soupir et dans cette tension qui traversa ses membres. « A-t-on seulement la certitude que le corps a été retrouvé là ? Il aura fallu me mettre en pièces pour que je quitte cette enveloppe et pourtant, je ne me souviens de rien. Rien. »

Le regard se rouvrait alors qu'elle revenait le porter sur Lugh à sa question quant à ses soupçons. Après un chapelet de secondes égrainant ses réflexions, elle haussa sensiblement les épaules. « Nos anciens antagonistes.. Les nouveaux, les modernes. Peut-être ces imposteurs de nouveaux dieux. J'ai nombre d'ennemis comme tous, mais aucun de déclaré, ouvertement. Hormis cette peste d'Athena. Seulement.. Elle parle beaucoup plus qu'elle n'agit. Tu sais bien comment sont les Grecs, la guerre est avant tout un concept abstrait, fait pour déblatérer de jolis mots. » Pour autant, elle ne méprisait pas tous les grecs, bien au contraire. Il y en avait certains qu'elle estimait plus que d'autre.. Et elle allait le prouver en choisissant l'un d'eux comme Vice-Primat. Dionysos.

Un soupir quitta finalement l'orée de ses lèvres alors qu'elle glissait une main lasse dans sa longue chevelure brune. « Bien, je te tiendrais informé.. Mais il est hors de question que je reste là. » Pour autant, elle laissa Lugh à ses investigations avant de déserter les lieux pour son propre bien.
Aux prémices de l'enquête, les pistes avaient de quoi se faire nombreuses parce qu'à juste titre, les ennemis étaient divers et variés. Pour autant, le coup avait été monté avec minutie, ne laissant rien au hasard. Rapidement, Morrigan comprit que sa Mort avait avant tout été le synonyme de sa renaissance. Là, peu à peu, des secrets bien enfouit avait fini par ressortir, comme si le passé se retrouvait à la rattraper. A croire que la nouveauté n'avait rien à voir dans son trépas, et que plutôt, les vieilleries en avaient voulu à sa peau.

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En tout Bien, tout Honneur

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C’est bien la le problème dans toute cette histoire. Où pouvait se trouver le corps ? Si tant est qu’il en reste quelque chose. Mais Lugh avait bien l’intention de faire des recherches en ce sens. Et le procédé pour parvenir à un probant résultat ne relatait aucunement des investigations humaines, mais bel et bien divines et hors du commun des mortels. Même s’il savait que ça ne serait pas évident, ni simple d’obtenir des traces, des indices ou des pistes quand il s’agissait de dieux. Mais avec le peu d’informations qu’il avait obtenu de Morrigan, il savait qu’il devrait chercher plus en amont qu’au commissariat. Alors il écoutait les propos de la déesse même s’il ne la regardait pas forcément et que de son côté, il s’assurait d’autres signes de la disparition de son corps. Il détourna la tête vers la Grande Reine et esquissa un bref sourire à son attention.

«Pourtant, c’est un peu comme ta rivale en termes de guerre et de stratégie. Même si de loin tu es la meilleure dans ce domaine.» Favoritisme ? Totalement. Pour le coup, je ne suis absolument pas objectif sur ce point. Et comme Morrigan, je ne sais que trop bien que leur philosophie est similaire à l’amour et non la guerre. Romains et Grecs s’adonnant à des orgies et des débauches sans nom.

A l’entendre parler ainsi de la déesse grec, il eut un petit ricanement histoire de détendre l’atmosphère. Même si on était loin de pouvoir obtenir cela, Lugh essayait tout de même pour ne pas avoir à endurer trop de tensions. Même si en ce qui concerne Morrigan, il y avait toujours ces moments tendus et ardus qui, parfois émoustillait le lumineux, parce que ça ne lui était pas adressé. Enfin, pas tout le temps. Mais depuis le temps, il savait comment fonctionnait la déesse, à défaut des autres qui la voyaient comme une déesse au tempérament d’un volcan. Lugh savait tout simplement comment l’aborder. Il faisait toujours en sorte de faire passer la tempête pour retrouver un ciel plus bleu, ou moins orageux.

«Enfin… Quoiqu’il en soit, la balle n’a permis à ton agresseur qu’un laps de temps suffisant pour s’occuper de ton corps…»

Et lui, pendant ce temps, il avait découvert des traces. Si infimes et ridicules mais bien présentes. Le fait d’obtenir une certaine obscurité grâce aux ombres des bâtiments lui donnait la possibilité de retracer aux UV le sang, et les traces invisibles à l’œil nu. Merci sa Polytechnie pour ça. Elle ne servait pas toujours qu’à des illusions d’optique réalistes. Il était concentré même s’il continuait de converser et d’écouter sa comparse qui lui expliquait son point de vue sur la situation. Quand elle se décida de partir, il jeta un coup d’œil dans sa direction. Hochant la tête avec un regard entendu pour elle. Elle savait quoi faire si le moindre détail lui revenait. Et il savait qu’elle pourrait compter sur lui en cas de besoin. Il la salua d’un signe de main respectueux et détourna la tête en se redressant pour suivre la trace qu’il avait remarqué du regard. Un froncement de sourcils et il comprenait dès lors que le corps de Morrigan avait été déplacé. Il disparu pour arriver à un toit, à plusieurs pâtés de maison d’ici. La seule et unique trace qu’il trouva était un indice qui l’orientait dans la mesure du possible à aller enquêter dans la demeure de Morrigan. Les échantillons récupérés aux différents endroits en sa possession, il se rendit au Temple Hospital pour faire des analyses poussées sur ses trouvailles. Profitant que le labo soit fermé pour faire ce qu’il avait à faire et repartir avec ses nouvelles découvertes. Oui, pour sûr, il devra aller faire un tour chez Morrigan. Afin d'écarter certaines hypothèses.

[Sujet terminé]

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» L'honneur n'est pas tout (Dorian & Irene)
» Sois sage et tout ira bien
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