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 A sad soul is always up past midnight...| Johan

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 A sad soul is always up past midnight...| Johan  Lun 5 Aoû 2019 - 18:43
Je regarde ma montre avec attention, alors que la petite et la grande aiguille finissent par se rejoindre sur le chiffre douze. Je n’ai jamais aimé les montres digitales. Pour quelqu’un féru de technologie, c’est un peu contradictoire, je veux bien le reconnaître. Mais le tic-tac des aiguilles, à peine audible, a toujours eu un effet apaisant sur moi. Si tant est que j’ai besoin d’être apaisée, ce qui, d’après moi, n’est pas le cas. Mais cet avis n’est pas toujours partagé. Malheureusement.

Enfin, passons. Ce n’est pas le sujet dans l’immédiat. Ce qui m’intéresse, c’est le jeune homme qui sort de la maison dont les murs tremblent au rythme de la musique. Il est seul, ce qui est inhabituel. Peut-être n’a-t-il pas repéré de proie intéressante ce soir, allez savoir. Sauf que ce n’est pas mon cas. S’il n’y a personne avec lui, ça va me simplifier la tâche. Il suffira de lancer le petit scénario auquel j’ai réfléchi durant des heures et, vu le profil, ça passera tout seul.

J’inspire longuement, faisant glisser le couteau que j’ai accroché sur mon avant-bras. C’est la première fois que je vais m’essayer à ce genre d’expérience et je sais qu’Il ne sera probablement pas content. Bon… oublions le probablement. Mais j’ai envie de voir jusqu’où je peux aller, si je peux mettre mon plan à exécution. Je sais exactement où toucher avec cette arme pour faire mouche à tous les coups, c’est plutôt une bonne chose non ? Et c’est un violeur. Même si personne n’a encore réussi à trouver les preuves suffisantes pour ça, que ses victimes préfèrent se taire de peur des représailles, je le sais, je l’ai vu. Et j’ai passé assez de temps à l’observer pour être sûre de ce que j’avance. Il est doué, très doué et il a réussi à trouver un juste équilibre entre ses crimes et une vie normale pour que personne ne vienne à se douter qu’il pourrait s’agir de lui.

C’est amusant de voir comment quelqu’un d’aussi propre sur lui peut être un tel monstre. Je sais, venant de moi, c’est amusant, ironique et que sais-je encore. Je l’ai croisé en journée, sur le campus. Il donne le change, il est même charmant. Pas autant que moi évidemment, mais j’ai bien vu que son sourire avait son petit effet. Alors pourquoi agir de la sorte ? Pourquoi forcer alors qu’il pourrait claquer des doigts et faire tomber les filles ? Par défi ? Parce que c’est la seule façon dont il peut tirer un plaisir de la situation ? Difficile à dire. C’est peut-être comme moi et ce soulagement que j’éprouve à tenir une vie entre les mains. Que ce soit parce que je dois le sauver ou parce qu’il faudra le tuer tôt ou tard. Mais non, ce n’est pas comme moi. Si je suis un monstre, je suis bien différente de lui. Et puis, j’oeuvre pour une puissance supérieure non ?

Je l’ai traqué déjà, sur les ordres de Johan. Il y a quelques nuits de cela. Mais je ne pouvais pas en rester là. Surtout à le voir agir comme si tout allait bien. Je le vois s’éloigner du petit groupe avec qui il discutait et se rendre seule à sa voiture. Garée loin des autres, dans une semi-obscurité juste parfaite. Et je reprends mon souffle, ignorant les battements de mon coeur qui marquent mon excitation juste à l’idée de ce que je vais lui faire. Je vais savourer ce moment, chaque seconde alors que que sa vie va s’échapper, alors qu’il paiera enfin et que j’aurais ce que je veux.



Sauf qu’au moment où je m’élance, je me retrouve comme clouée au sol. Par la douleur. Non pas physique, celle-là je m’en moque bien. Mais celles des femmes qu’il a agressées. Leur peur, leur honte, ces envies de survivre malgré tout et de mourir qui s’entremêlent et ne font qu’accentuer leur sentiment de culpabilité. Et cette impression que quelque chose est brisé pour de bon.

J’essaie de respirer, mais je n’y arrive pas. Je sens les larmes rouler sur mes joues et je lâche, d’une voix hachée, laissant filer toute la colère que je ressens et qui se rajoute au reste. « … Je sais que tu es là… je… et merde... » Je ne suis pas une habituée des jurons. En tant que fille issue de la haute société, qui fréquente le gratin, je parle bien. Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais une parole douteuse. Sauf dans ces moments-là. Parce que je ne suis plus la petite fille aux rubans, loin de là. Et je lâche un nouveau juron alors que je suis toujours incapable de bouger.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Lun 5 Aoû 2019 - 23:28
Je l’observe en silence. La nuit est fraîche. Le vent presque nul. Presque. Juste assez pour qu’une légère brise ne vienne passer sur mon visage et ne me fasse un peu de bien. Ce corps humain était solide, il en avait vu passer, en plus de deux siècles d’existence. Mais il n’était pas infaillible. J’avais plus souvent chaud que jadis, la moiteur de l’air m’insupportait plus que jadis. Le climat nord-américain était plutôt différent de celui de la Gaule deux millénaire en arrière, ou d’une campagne de Russie éprouvante en 1812. Quoiqu’il en soit, je me sens un peu mieux, au contraire de ma petite protégée qui semble se rapprocher de sa proie. Je lui ai donné l’ordre de s’en rapprocher. De la retrouver, et de la neutraliser. Je n’ai pas indiqué le mot « mort » dans mon message vocal. L’homme le mérite, c’est sûr. J’ai encore perçu ses émotions du soir.


J’ai senti sa curiosité. J’ai senti son désir. J’ai compris qu’il voulait recommencer.


Ce dégénéré n’en a pas eu assez de sa première fois, parce que c’en était une, j’en restais persuadé. Il semblait vraiment prendre son pied de façon inédite. Et malheureusement pour la jeune femme, il n’y avait rien eu de terriblement différent dans ce qu’elle avait subi, ce soir-là. Elle avait subi une agression classique, appellation qui ne rendait pas justice à l’horreur subie, à la panique ressentie. Aux souffrances, tant physiques que psychologiques, ce que négligeaient parfois les gens, y compris les flics. Cela dépendait de l’aptitude de la victime à savoir planquer ce qu’elle ressentait. Toutes n’en étaient pas capables, et celles qui l’étaient souffraient en général plus fort et plus longtemps que les autres.


Lou va faire une bêtise.


Elle va tuer par opportunité, et pas par vengeance. Contrairement aux prechi-precha des religions nées plus tard que la mienne, à des croyances plus modernes, je n’avais rien d’un dieu qui prônait l’amour de tous, le pardon et la rédemption. Je ne croyais en aucune de ces vertus. La vengeance était un but à mes yeux tout à fait acceptable si elle défendait bien la justice au sens le plus antique du terme, qui pouvait sous bien des aspects ressembler à la très ancienne loi du Talion.


L’homme méritait de mourir, c’était un fait.


Mais par quelqu’un qui le vengerait, et pas quelqu’un qui ne ferait que remplacer l’horreur d’une mort gratuite et arbitraire par une autre. Lou pouvait se défendre d’exercer la revanche de la femme mutilée dans son corps et dans son âme par ce monstre, mais je ne la croirais pas. Pour elle, c’était pareil de tuer un salaud qu’un enfant qui n’aurait rien fait ; si cela servait ses buts, elle s’y résoudrait probablement sans problème.


Lou n’était toutefois pas un cas désespéré. Sans compassion, elle était l’instrument de justice idéal, car elle n’allait pas se laisser entraver par les fausses limites d’une morale trop bornée, sans pour autant qu’elle ne montre trop de sentiments, trop de passions dans la réalisation de sa tâche. Elle allait se borner aux limites que j’allais lui donner.


Alors oui, elle pourrait tuer ce type. Mais pas parce qu’elle en aurait envie ; parce qu’elle ressentirait que c’est le seul châtiment possible pour ce genre de monstre.


Je lui projette alors sans la moindre pitié ni retenue la totalité de ce que j’ai ressenti ce soir-là, quand je l’ai sentie se faire violer à deux rues de ma position. Elle ressent absolument tout. La peur, la souffrance, la détresse, et l’immense solitude couplée à la conviction que personne ne pourrait venir l’aider. Je la laisse souffrir seule, avant de la rejoindre. Je reste debout derrière elle ; je ne l’aide pas.



| Tu allais faire une bêtise, Lou. Il fallait que je te rappelle ce à quoi tu t’es engagée. Et que je te fasse vivre ce que sa victime a vécu. Est-ce que tu comprends maintenant pourquoi tu es là? |


Je relâche d’un coup l’emprise sur son âme, et le tumulte des sentiments de la victime sont immédiatement remplacé par sa nature à elle. Plus froide. Moins remuante.


| Quelle profonde différence avec ce que tu as toi-même ressenti, n’est ce pas? Qu’est ce que ça te fait? |


Je ne la jugeais pas. Elle était particulière, au même titre que la fille que j’avais sauvée un peu tard.


Mais elle plus que toute autre était différente.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Mar 6 Aoû 2019 - 13:26
J’aurais dû agir plus tôt. Plus vite. Les quelques hésitations que j’ai pu avoir, les secondes que j’ai prises afin de m’assurer que tout se passerait exactement comme je le voulais, tout cela m’a fait rater ma cible. Ou, plutôt, tout cela a permis à Johan de me retrouver. Et me voilà en flagrant délit de désobéissance à mon Dieu. Oh, ce n’est pas la première fois. Et ce ne sera pas la dernière, nous le savons tous les deux.

Pour autant, ça ne rend pas la sanction plus agréable. J’ai encore le coeur qui bat à tout rompre alors que j’entends sa voix sans vraiment le voir encore tout à fait. Je sens sa présence et, comme toujours, je me sens irrémédiablement attirée par lui. Ce n’est même pas une attirance purement physique, si tant est que j’ai déjà réellement ressenti ce genre de choses. Cela va au-delà de tout ce que j’ai pu éprouver jusque-là mais ça n’enlève rien à la frustration de ne pas être parvenue à temps à mes fins.

Mes poings se crispent avant de finir par se détendre un peu et, si je le pouvais, j’arracherais le bitume avec mes ongles. La douleur physique est toujours bien plus simple à gérer que ce maelstrom de sentiments qu’il vient de m’asséner. Je baisse les yeux, me focalisant sur la jointure de mes doigts qui se met à blanchir tant je m’appuie dessus pour oublier le reste et, quand il prend la parole, j’ai un grognement pour toute réponse, incapable d’autre chose dans l’immédiat. Mais je finis par souffler, non sans une pointe d’agacement. « Une… bêtise ? Avec la… douleur qu’il lui a infligée, ce serait une bêtise de l’exécuter ? »

Je finis par me retourner pour le regarder, restant assise au sol. Il vient de me vider de toute énergie et je dois encore reprendre mon souffle entre chacune de mes propres paroles. Et je déglutis, la mine boudeuse, refusant l’espace d’une seconde de répondre à sa question. Mais je finis par souffler, à mi-voix. « Je suis là pour l’empêcher de continuer. Pour éviter que tu croises une autre de ses victimes et que tu me fasses ressentir… tout ça. » Ne nous leurrons pas, ce n’est qu’une partie de la réponse. Il faut dire que la justice, le châtiment… jusqu’à ce que je croise la route de mon Dieu, ce n’étaient que des mots qui, pour moi, n’avaient pas grand-sens. La justice n’était là que pour faire croire que les hommes faisaient payer à leurs semblables pour leurs crimes alors qu’au fond, il suffisait de savoir comment contourner le système pour y échapper assez aisément. J’en suis la preuve vivante après tout.

Et l’idée de châtiment… avait quelque chose de risible pour être honnête. Jusqu’à ce que je le rencontre bien évidemment.

Je plisse des yeux à son attention, n’aimant guère quand il me parle comme si j’étais une petite fille. C’est un peu ce que je suis pourtant à ses yeux. Une enfant à qui il faut fixer des limites, qui doit apprendre les choses, les valeurs de la vie. Ses valeurs. Je finis par prendre une profonde inspiration alors que je relève la manche de ma veste pour lui montrer mon couteau, m’octroyant un instant le luxe d’une moue penaude qui marcherait avec n’importe qui d’autre. Mais pas avec lui, je le sais bien. Pour autant, je dois garder les bons réflexes, les bonnes habitudes.

Et mon regard accroche le sien alors que je souffle, d’une voix plus assurée. « Je déteste éprouver ce genre de choses. Elles sont faibles. Elles ont peur. Que leur vie s’effondre à cause d’un simple évènement est quelque chose qui me dépasse. Il y a plus, tellement plus, et la douleur n’est que physique. Nous sommes des femmes. Nous sommes par essence moins fortes que les hommes et s’ils veulent obtenir quelque chose, ils le feront sans hésiter. Elles auraient dû être prêtes à ça. Et elles le seront maintenant, j’en suis sûre. » Et je laisse retomber mon bras le long de mon corps, sentant la froideur de la lame contre ma peau, même au travers de mon débardeur. « Tu ne veux pas qu’il paie pour ce qu’il a fait ? » Je fronce les sourcils, attendant ce qu’il va me dire, essayant tout de même de faire la part des choses entre ce que j’ai pu ressentir et ce que cette femme a pu vivre. Deux expériences à la fois tellement similaires et différentes.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Jeu 8 Aoû 2019 - 21:49
Je ressens en elle toute la puissance de sa frustration, de… De sa gêne, aussi ? Je ne sais pas. J’ai existé pendant des siècles et des siècles, j’ai rencontré des milliers et des milliers de gens. J’avais eu des outils parfois, au sein du monde des hommes. J’avais eu des aides et des alliés. Beaucoup d’ennemis forcément, au bout d’un certain temps. Voire même très vite parfois, tant mon charme naturel ne laissait personne indifférent… Des tannées, j’en avais subies plus qu’à mon tour, par cet irrépressible besoin de justice qui me faisait m’attaquer violemment à des situations perdues d’avance, même pour un Dieu. Malgré toute cette expérience, tout ce bagage que j’avais, je devais bien reconnaître une chose à l’humaine que j’avais sous les yeux.


Elle était un cas à part dans toute cette Humanité grouillante que je fréquentais depuis des années.


Je sens en elle tout le poids de ses désirs qu’elle doit maintenant refouler. Son appétit de meurtre était tel que j’en sentais presque le goût de fer sur le bout de ma langue. Elle était tenaillée de désirs si violents que ça m’en tordait les tripes. Je ne faisais pas tout ça pour la sauver elle, elle était sans aucun doute irrécupérable. Mais je le faisais pour que sa vie, aussi sanglante et dramatique continuerait-elle de se poursuivre, ait au moins un sens plus grand que le simple meurtre pulsionnel. J’avais senti du potentiel en elle. La force d’accomplir ce qui était nécessaire, sans s’incliner à trop de proximité envers des victimes qu’elle ne pouvait pas comprendre, ni en se montrant trop radicale et trop aléatoire dans son choix d’assassinats.


Mince sourire, quand je l’entends gronder. Il n’y avait qu’avec son Dieu qu’elle était aussi naturelle ; pour tous les autres, elle était une femme brillante et très convenable. Aucun n’avait survécu à ses caresses bien longtemps pour savoir qu’elle était en réalité une tueuse exceptionnelle, et totalement dénuée de scrupules.



| Non, ce serait une bêtise de le tuer parce que tu as envie de le tuer. Envie pour toi-même. Si tu le tues, ce sera pour elle. Et peut-être pour les autres qu’il aura touchées.[/color] |


Lou reste au sol. Je la sens faible, et un peu chancelante. Elle n’a pas encore l’habitude de ressentir tout ça, et ses propres capacités ne l’y inclinent pas naturellement. Je hoche lentement la tête, tirant une cigarette de la poche de ma veste avant de faire claquer le zippo qui en embrase l’extrêmité. J’emplis mes vieux poumons d’une bouffée d’air vicié.


| Ce n’est pas une punition. Je t’apprends des choses dont ta naissance et tes parents t’ont privée, Lou Emerson. Je t’apprends la compassion ; tu ne sauras peut être jamais l’éprouver mais tu dois la reconnaître. Tout comme tu dois apprendre la colère. La vraie. Pas tes frustrations enfantines, qui te poussent aux pires des choses. Je t’apprends à connaître, et à contrôler. |


Ce serait sans doute encore flou pour elle, pour un bon moment. Qu’importe. Elle me montre sa lame, la petite brune, et elle me dit qu’elle n’aimait pas éprouver des émotions humaines, pas dans ce genre de circonstances en tout cas. J’écoutais ce qu’elle avait à dire. Sans sévérité. Elle avait raison, au fond. Ces gens étaient faibles. Ils se laissaient détruire par les difficultés plutôt que de les combattre. Je n’avais toutefois pas à avoir plus ou moins de respect pour l’Humanité selon son comportement ; j’étais moi-même né par elle, par la conscience collective de ceux qui croyaient en une forme de justice.


| Tu as raison. Je n’ai jamais connu de monde ou d’époque qui soit tendre, que ce soit entre les Hommes ou avec les femmes. Il y a toujours de la violence. Même chez ces peuples qui font aujourd’hui fantasmer les gens de ta modernité. L’être humain est né violent. Ni plus ni moins que le reste du monde vivant, dont les espèces se massacrent entre elles ou entre leurs propres semblables depuis toujours elles aussi. On ne peut rien y faire. On ne peut pas le changer. Notre job à nous, Lou Emerson, c’est de faire en sorte que ceux qui se comportent vraiment mal soient punis en conséquence. Le mal de ton siècle est la deresponsabilisation des gens. Un meurtrier est un meurtrier, un violeur est un violeur. Je suis d’une époque où la force des principes est plus grande que celle de la bonté. |


Je lui tends finalement la main, gardant la la clope au bec ce qui me fit mâcher les mots suivants.


| Alors si, nous allons le tuer. Mais pas parce que tu en as envie, ou que j’en ai envie. Parce que c’est la justice que mérite sa victime. Parce qu’en sondant son âme, j’ai compris qu’il ne changerait jamais ; c’est inscrit en lui, de se servir de ce qu’il est en mesure de prendre par la force. Il n’est peut être pas né comme ça, mais il ne changera plus. La mort n’est pas toujours la punition. Pour lui, si. Pas de preuves pour le mettre derrière les barreaux à vie. Il n’y a pas d’autres moyens pour l’empêcher de nuire ; il nous faut punir les méchants. |


Mince sourire en coin qui relève ma barbe blonde.


| Et tendre la main à ceux qui, perdus, gaspillent leur talent à faire le mal quand ils pourraient oeuvrer pour quelque chose de plus grand. |
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Mar 13 Aoû 2019 - 11:32
Je me demande ce que serait ma vie si je ne l’avais pas croisé, si le Destin ne m’avait pas mise sur la route de mon Dieu. Oh, j’aurais probablement plus de meurtres à mon actif, même en quelques semaines. Après avoir goûté à cette sensation enivrante, difficile de faire marche arrière, d’oublier cet effet. J’ai réussi à le faire une fois, mais j’étais une enfant à l’époque, incapable de faire entièrement ce que je voulais, comme je le voulais. J’ai dû attendre des années avant de pouvoir prendre pleinement mon envol et, maintenant que j’ai touché à ce qui me donne le sentiment d’être en vie, je ne peux pas fermer les yeux.

Sauf que Johan m’oblige à braquer mon regard dans une autre direction. Plus louable, plus… juste. Ce qui ne m’intéresse pas vraiment, ne nous leurrons pas. Mais il fait miroiter autre chose. Ce droit de tuer de façon légitime, d’accomplir ses desseins en pouvant assouvir cette soif que je me suis redécouverte.

S’il n’avait pas été là, je serais probablement déjà devenue une tueuse en série ou quelque chose dans le genre. Et à trop vouloir être deux personnes en même temps, ma raison aurait fini par s’effriter bien plus rapidement. Alors qu’avec lui, j’ai encore le contrôle. Enfin, c’est lui qui l’a en réalité, mais je peux encore savoir qui je suis. Je peux encore être cette femme brillante et charmante, que tout le monde aime. Et cette… autre personne. Qu’il façonne à son gré. Mais qui ne me déplaît pas. Même sans l’immédiat, c’est plus frustrant qu’autre chose. Parce que je veux de nouveau sentir le goût du sang, son odeur. Je veux sentir mon coeur s’accélérer alors que la vie de ma victime s’échappe petit à petit. Jusqu’au point de non-retour, jusqu’à ce que je finisse chancelante et presque étonnée d’être moi-même toujours en vie. Et en cet instant, il m’en empêche. De la pire des façons. Je déteste ressentir tout ça et je ne sais même pas comment il fait sans perdre la raison. Ou alors il l’a déjà perdue depuis longtemps, ce qui n’est pas totalement à exclure.

Je frissonne intérieurement, réalisant que j’émets une espèce de jugement sur mon Dieu, sur celui qui rythme désormais ma vie. Et je fronce les sourcils à ses propos, oubliant presque dans l’instant toutes ces considérations. « Quel intérêt de tuer si je n’en ai pas envie ? Si je n’en tire aucune satisfaction ? Pourquoi ne pas… mêler les deux ? L’intérêt de ses victimes et le mien ? Tu me demandes de… m’oublier ? C’est ça ? » Pour quelqu’un d’aussi égocentrique que moi, autant dire que l’exercice n’est pas des plus enthousiasmant. Je reprends tant bien que mal ma respiration, sentant enfin le malaise me quitter alors que je continue de le regarder, partagée entre la colère et l’admiration, comme bien souvent lorsqu’il interrompt ce que je voulais faire.

Je sens mes mâchoires qui se contractent quand il reprend la parole et je tends la main, espérant vaguement avoir une cigarette. « Mes parents n’y sont pour rien. » Pourtant, ils étaient faibles et même inexistants depuis que j’avais tué ma sœur. Mais je n’ai pas envie qu’on les accuse de tous les maux ou, tout du moins, des miens. Je fronce légèrement les sourcils avant de reprendre. « La compassion ne rendra pas faible ? Si je me mets à compatir avec les tueurs, si je leur trouve des excuses alors qu’ils sont en vérité irrécupérables, à quoi bon ? Quant à la colère… tu penses que je ne l’ai jamais vraiment ressentie alors ? » Je penche la tête, presque curieuse. Il a peut-être raison. Sûrement même. Après tout, il me connaît mieux que moi-même, ce que je pensais impossible. Quant à me contrôler… j’ai un soupir. « Je ne fais que ça. A longueur de temps. Contrôler qui je suis, mon image, l’impression que je donne aux autres. Il n’y a pas une journée où je ne doive pas le faire. C’est… lassant parfois. » Même si je ne l’avais pas dupé, même si, au fond, j’aime cette idée de lire dans les yeux des gens que je croise cette impression que je suis inoffensive et qu’ils seraient prêts à tout pour moi si je trouve le bon levier.

Et je l’écoute, esquissant un sourire lorsqu’il dit que j’ai raison. C’est agréable à entendre, ne nous leurrons pas, même si le reste capte mon attention bien plus qu’aucun autre ne pourrait le faire. Je hoche la tête sans même m’en rendre compte, avant de souffler, avec un sourire. « Notre job ? » Je reprends, la mine plus pensive. « Les gens ne sont bons que parce que ça leur rapporte quelque chose. Sinon, ils préfèrent se focaliser sur leur nombril et leurs propres intérêts. C’est une violence d’une autre forme, mais il faut aussi la prendre en compte. Plus personne ne se préoccupe vraiment de son prochain. Cette femme aurait pu être violée devant la maison, je serais curieuse de voir combien seraient sortis à entendre le bruit. Un ? Deux ? Et encore, ce serait un bon chiffre. » Je finis par attraper la main qu’il me tend, serrant ses doigts quelques instants avant que mes yeux ne s’écarquillent. Je me retiens à grand peine de sautiller comme une enfant. Je sais, il a dit que nous allons le tuer parce qu’il le mérite. Mais nous allons le tuer et cette idée me plaît bien évidemment.

Je m’efforce tout de même de garder une mine aussi neutre que possible, quand bien même mon coeur s’est accéléré et que je n’ai aucun doute sur le fait qu’il est conscient de mon état. « Punir les méchants. Et si ce n’était pas inscrit en lui, qu’aurais-tu fait? Est-ce qu’on peut vraiment changer quand on a fini par plonger une première fois dans la noirceur ? » Je le fixe, vraiment curieuse de la réponse, avant de lui rendre un sourire. « C’est mon talent qui était gaspillé ? » Une fois de plus, je me sens comme une enfant à qui il fait la leçon. Mais cette fois, ce n’est pas aussi désagréable que je l’aurais cru.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Mer 14 Aoû 2019 - 22:23
Je n’en étais pas à mon coup d’essai avec les humains. En une si longue période d’existence, on ne pouvait pas dire que je n’avais jamais eu de disciples, de compagnons ou de personnes qui me soient proches. Grâce -ou à cause- de mes sentiments, j’avais connu beaucoup d’émotions différentes. L’amour, la haine, la camaraderie et l’envie, la loyauté ou la colère. Tant de choses qui s’étaient parfois mélangées dans le coeur de mon enveloppe, jusqu’à l’en faire quasiment exploser. Je comprenais ce qu’elle ressentait, cette humaine. Je le comprenais parce que c’était relativement facile, en comparaison d’autres personnes. Sa conscience était bien ordonnée, puisqu’elle était souvent bien plus vide que celles de ses congénères. C’était facile de lire dans l’âme de quelqu’un qui ne portait pas son coeur en bandoulière, et qui savait se discipliner… Dans certains cas. Nous avions été amenés à nous rencontrer parce que ce n’était pas possible pour elle dans toutes les situations. Comme beaucoup d’autres avant elle, j’avais décelé du potentiel chez Lou. Cette capacité à rester détachée des événements, à ne pas se laisser toucher de trop près par ce qu’elle allait voir, goûter, expérimenter. Ca faisait d’elle une personne dangereuse, mais ça lui permettait aussi d’oeuvrer pour quelque chose de plus grand que son existence…


Il y avait du travail.


Souvent, elle me faisait l’impression d’un enfant avide de savoir, que l’on devait sustenter aussi souvent que possible sous peine de le voir dévorer le chat de la maison. Lou était dangereuse. Plus pour les autres que pour elle-même, mais je pensais bien profiter de cette situation. En jouant cartes sur table, cela dit, car le genre de dévotion dont j’avais besoin pour renforcer mes pouvoirs ne pouvait pas se bâtir sur le mensonge, et je ne m’étais jamais senti le droit d’interférer dans la vie des humains si ce n’était pas sans m’impliquer personnellement à chaque étape. Ce que je demandais des mortels, je leur donnais en retour. Soutien et fidélité. Parfois, pas assez à leur goût, parce qu’ils étaient plus attachés à l’homme qu’aux principes.



| Non. Je te demande de ne pas tuer pour toi, même si tu en retires du plaisir. La satisfaction que tu éprouves ne doit plus être liée à l’acte de mort lui-même, mais à sa raison. Et sa raison ne devra plus être ton plaisir. Ca te semble abscons pour l’instant, mais ça viendra. Je t’apprendrais. Nous sommes déjà sur la bonne voie, quand tu commences à considérer comme légitime la mort de « ceux qui la méritent ». Nous allons juste faire en sorte que cette sanction ne soit pas distribuée par caprice, ou au hasard, mais pour la justice. |


C’était difficile de communiquer avec les humains, même pour moi qui était dans leur coeur et dans leur âme à chaque instant. Tout changeait selon les personnes, les cultures, les époques, tout n’était qu’un méli-mélo permanent qui pouvait en supplément se corser selon toute une palette de sentiments et d’émotions parfois propres à certains individus.


| Tes parents sont à la base de tout, Lou Emerson. Je t’apprendrais à maîtriser ce qu’ils ne t’ont jamais appris, et ce que la société a été incapable de t’inculquer. |


Certitude absolue dans le timbre de voix, même si on en était encore bien loin. Contact, main posée sur son épaule. Comme tous les dieux avec leurs disciples, ça renforce le lien, l’empathie naturelle entre nous, et tout ce qu’elle ressent est démultiplié. Sourire aux lèvres, qui me fendent la barbe.


| Bienvenue dans mon monde. Mais ne regrette pas ce que tu es, c’est cela qui te rends aussi unique. C’est cela qui m’a fait te trouver. |


Et je ris dans un souffle, lui confiant un secret au creux de son oreille alors que mes yeux quant à eux, se relèvent vers la lumière des réverbères. Nos mains s’échauffent, s’électrisent.


| Notre job, oui. Tu es ce qu’on aurait appelé à une autre époque un de mes ambactes. Un guerrier qui m’aide à protéger la tribu. |


Je m’éloigne à nouveau, lui lâche la main, la laissant à la satisfaction de la pulsion de mort qu’elle ressent dans son for intérieur, si fortement que ça oblitère tout le reste. Je la ressens toujours par vagues de chaleur qui me caressent le visage, mais je lui laisse un rien d’intimité. Qu’elle fasse sa propre expérience d’elle-même.


| Car tu as raison. La société a évolué sur un paradoxe. Jamais les gens n’ont été aussi libres et responsables de leur propre vie. Et dans le même temps, jamais ils ne se sont autant reposés sur un dieu invisible, la société, pour les protéger. Notre tribu, Lou Emerson, nous la protégeons avant tout d’elle-même, de ce démon que tu connais si bien qui s’appelle égoïsme. Les gens sont responsables d’eux-mêmes, mais plus des autres. Ils se nourrissent de leurs propres congénères, pour satisfaire leurs propres passions. Ceux qui ne le sont pas doivent être défendus. |


Je la fixe d’un regard pénétrant qui jauge son âme, au moment de parler de sanction.


| Tu en es la preuve vivante, non ? Tu n’as pas encore cherché à me tuer, alors que j’ai pris une certaine dose de contrôle sur ton existence… |


Je regarde dans la direction d’où l’homme est parti pour rentrer dans sa tanière.  


| S’il y avait eu de l’espoir pour l’âme de cet homme, nous t’aurions utilisée comme appât. |


Je retourne vers ses yeux, sourire au coin des lèvres.


| Juste assez pour avoir de quoi l’envoyer en prison, ne t’inquiètes pas Lou Emerson, il n’est pas question de mettre en danger cette vertu qui te tiens tant à coeur. |


Taquinerie, et petit rire. Je prends un air un rien plus solennel, et j’inspire profondément. La justice ne devait pas plus attendre.


| Prête à faire ton office, Ambacte? |
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Dim 18 Aoû 2019 - 18:26
Je soupire exagérément, sans même chercher à paraître ce que je suis en temps normal, cette femme propre sur elle, élégante en toute circonstance et qui semble se maîtriser parfaitement. Avec lui, je ne suis que… moi. Lou. Tout simplement. Et je ne mesure pas encore toute la portée, tout ce que cela peut vraiment représenter, la signification de ce nouveau rôle qui est le mien. Je me rends pourtant bien compte que j’ai une chance incroyable qu’il m’ait choisie moi, qu’il ait décidé de me prendre sous son aile. Parce que, lorsque je le regarde dans les yeux, je peux y voir tout ce que je peux devenir. Et j’aime ça. Ce que je peux être. Si je l’écoute, si je suis la voie qu’il est en train de tracer pour moi. Même si, dans l’immédiat, je me sens plus comme une enfant boudeuse que l’on réprimande et ce n’est pas ce que j’aime le plus.

D’autant que cela ne fait qu’accentuer ma moue, quand bien même nous savons tous les deux que je ferais comme il le souhaite et non pas comme j’aimerais. Il le sait d’ailleurs même mieux que moi je crois. Je lève pourtant un sourcil, un rien dubitative, lorsqu’il continue, oubliant même que j’étais en train de bouder. « Donc tu es en train de dire que je ne dois tirer aucun plaisir mais de la satisfaction à cette… action ? Je sais, tu vas dire que je joue sur la sémantique mais, fondamentalement, la nuance est tout de même difficile non ? Tu ne tires aucun plaisir à être satisfait de remplir ta mission ? Ce sera aussi le cas pour moi ? » Je sais, je le titille un peu, mais il a l’habitude. Même si au fond, la question est plus légitime que je ne voudrais bien le reconnaître. Tuer a été un plaisir pour moi, comme je n’en avais encore jamais ressenti jusque-là. Et l’idée de voir cette sensation disparaître, me filer entre les doigts, n’est pas quelque chose qui suscite mon enthousiasme, j’avoue. Je souffle, pourtant, la mine songeuse. « C’est … facile de parler de ceux qui méritent la mort. Après tout, c’est un point de vue totalement subjectif. Je suis certaine que je peux trouver des gens qui diront que jamais personne ne mérite la mort. Il suffit d’aller devant les portes des prisons où on exécute des condamnés et je suis sûre que le débat serait des plus intéressants. » J’ai un sourire presque amusé alors que je reprends, fixant le vide un instant. « Certains diront qu’il ne faut pas se prendre pour Dieu… mais au final, si on nous a créés avec notre libre-arbitre, pourquoi décider si nous méritons de mourir ou pas ? Quel acte est celui de trop ? » Je sais, je pose bien trop de questions et, au final, tout ce qui m’intéresse vraiment c’est de savoir si j’aurais le droit où non de trancher la gorge de ce criminel.

Je me fige tout de même lorsqu’il parle de mes parents, me contentant de froncer les sourcils de plus belle alors qu’il semble si sûr de lui. Ce n’est pas mon cas, loin de là, mais son contact me fait oublier cette contrariété. Ce sentiment de dévotion absolue a quelque chose de fascinant, que je ne pensais jamais ressentir. Et qui m’aurait probablement fait rire il y a quelques mois. Je ne réalise encore pas vraiment jusqu’où je serais capable d’aller s’il me le demandait mais, à ancrer mon regard dans le sien, je commence à me dire que ce serait encore bien plus loin que je ne pourrais jamais l’imaginer. Ce qui m’arrache un frisson le long de mon échine. Trouver une cause pour laquelle mourir, voilà qui est plaisant non ? Enfin, j’aime autant en avoir trouvé une pour laquelle tuer, c’est plus … satisfaisant. Et je déglutis, non sans difficulté, alors qu’il reprend avec un sourire. « Je ne regrette pas. Mais jusqu’à ton arrivée, je pensais aisément tout contrôler. Alors qu’il n’en est rien. Je me sentais toute puissante ou peu s’en faut. Alors que ce n’est pas le cas. Je ne me plains pas. Mais j’ai tout à réapprendre. Sans oublier qui je suis. » Exercice ô combien difficile, surtout un soir comme celui-là, alors que je commence à peine à appréhender les limites. « … tu penses que j’étais destinée à te trouver sur mon chemin ? » J’ai parlé dans un murmure, sans même m’en rendre réellement compte. Je n’ai jamais cru à ce genre de choses et pourtant, en cet instant, je m’interroge plus que de coutume.

Et mon regard suit le sien, se perdant un instant à regarder les réverbères, puis les étoiles qu’on distingue à peine lorsqu’on est en pleine ville comme ça. « Un guerrier qui protège la tribu. C’est… un honneur, n’est-ce pas ? » Question de pure rhétorique évidemment. Je suis incapable de ne pas sourire, quand bien même dans le fond, protéger qui que ce soit n’a jamais été dans mes objectifs. Je hoche la tête alors qu’il continue. « L’égoïsme. Oui, c’est quelque chose que je connais bien. Et on ne peut que bien lutter contre ce qu’on maîtrise. » Il va être difficile de faire le tri entre ceux qu’il faut défendre et ceux qu’il faut punir. Mais je suis prête à parier qu’il saura au premier regard. Au reste, mon regard accroche le sien avant que je ne finisse par baisser les yeux, un rien confuse. « C’est différent avec toi. C’est plus… légitime. » Qu’il ait le contrôle sur moi. C’est mon Dieu après tout, quand bien même ce n’était rien de plus qu’un mot il y a quelques mois de cela.

Mais je lève tout de même un sourcil à m’imaginer comme appât. « Depuis quand tu te soucies de ma vertu ? » Je secoue la tête avant de prendre une grande inspiration. Et de souffler, d’une voix douce. « Guide-moi Teutatès, je suis ton bras ce soir. »
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Dim 18 Aoû 2019 - 22:38
Ca n’avait rien de facile de communiquer avec Lou. Pas parce qu’elle n’était pas intelligible, ou stupide, ou quoi que ce soit de ce genre. Parce que nous ne venions pas des mêmes époques, peut être ? Les gens d’aujourd’hui étaient portés sur tellement de choses différentes de ce que je connaissais alors, une vie de Dieu plus tôt. Ils avaient accès à tellement de connaissances, à tellement de plaisirs, tellement de choses qui changeaient de ce que les mortels de ma jeunesse avaient, eux. Ce n’était pas difficile de se rendre compte que la foi déclinait partout, en tout cas, la foi au sens traditionnel du terme. Il y avait tellement de choses qui paraissaient plus merveilleuses que ce que les divinités de jadis étaient capables d’accomplir. Non, je ne savais pas exactement pourquoi c’était compliqué pour nous de communiquer. A cause de son intelligence peut être ? Elle brillait de mille feux. Même pour moi, après tout ce temps à côtoyer l’Humanité.


La seule chose dont j’étais absolument certain, c’était que ce n’était pas une question de nature. Toutes proportions gardées, Lou Emerson était du point de vue de l’intelligence et du caractère, ce qui ressemblait de plus à un Dieu sans en être un. Elle me questionne, sans cesse, sans le plus petit répit.



| Si, tu peux. Tu es ce que tu es, Lou Emerson. Si tu dois jouïr en assassinant des gens, ainsi soit-il. Mais ce n’est pas pour ça que tu devras le faire. Ca ne sera pas pour toi que tu le feras, mais pour ces gens. |


La question qu’elle pose sur ma propre satisfaction, sur mon plaisir, me laisse sans voix. Je ne dis rien, continue de la dévisager, et de fumer. Comment parler de ce qui me faisait plaisir à une femme venue au monde si peu de temps avant ce moment ? A quelqu’un qui n’avait rien connu de ce que j’avais traversé ? Je n’étais pas unique. Des dieux, il y en avait beaucoup. Des dieux dans le même état que moi, il y en avait pas mal aussi. Je ne réponds pas. La notion de plaisir est pour moi trop fugace, trop éphémère, pour que je m’attarde sur quelque chose qui pourrait parasiter ma raison d’être. Quelque chose qui me ramènerait à une époque révolue depuis longtemps. Sourire, quand j’expire une nouvelle bouffée de tabac.


| La question à cent milliards. La seule qui vaille la peine d’être posée. Pourquoi tuer des gens ? Qu’est-ce qui nous rend légitime ? Je suis né d’une autre époque, Lou Emerson. D’une période où l’on ne considérait pas le bien et le mal de la même façon qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, le mal est juste l’ennemi de la morale. Et la morale est toute puissance, avec son carcan et sa dictature. Je t’apprendrais à reconnaître la vraie justice, mais d’abord, je dois t’apprendre à te contrôler. |


Simple. Simpliste, disaient les dieux d’aujourd’hui. Barbare. La Loi du Talion était un dérivé de ce qu’on pratiquait alors chez les Gaulois, où les châtiments avaient titre d’exemple pour tout le monde. Le monde moderne avait déconnecté la punition de la société ; il avait fait de la sanction un problème pour tout le monde, et non plus seulement pour le fautif. Ce n’était ni bien, ni mal. D’autres dieux géraient la chose, sans aucun doute. Mais ce n’était pas comme ça qu’on faisait les choses jadis, autour de mes oppidums. Je hochais la tête aux paroles de la jeune femme, quand elle disait pouvoir tout contrôler.


| Ce n’est pas du contrôle que je te donnerais. C’est du sens. Que crois-tu qu’il se serait passé si je n’étais pas arrivé, que tu avais passé ton temps à expérimenter toujours plus loin et toujours plus dangereux? |


Comme tous les tueurs en série, elle aurait fini par se faire prendre. Avec le risque de trop, le contact de trop. Je n’étais pas venu en sauveur désintéressé, c’était certain. Mais je pensais qu’elle était assez intelligente pour préférer ce soir de seconde, de bras droit, à l’alternative. J’écrase sous mon talon le mégot de cigarette.


| S’il y a bien quelque chose que cette terre m’a appris, Lou Emerson, c’est qu’il n’y a pas de destin, mais ce que nous faisons. |


C’était moi, et moi seul, qui m’était mis dans cette situation. C’était des erreurs commises deux mille ans plus tôt, et des trahisons du passé, qui m’amenaient aujourd’hui, avec cette dose de puissance qui ne dépendait plus que de quelques vieux superstitieux, ou de Lou. La belle sourit, quand je lui dis ce qu’elle est, avec moi. Je hoche la tête.


| Dans le temps, c’en était un, oui. Ca n’en sera un pour toi que quand tu le ressentiras comme tel. |


Je coule un regard vaguement amusé par sa répartie.


| Depuis toujours. |


Je coupe court et marche pour traverser la rue d’un pas vif. Je compte bien sur le fait qu’elle m’emboîte le pas. Nous marchons en silence quelques minutes avant de nous arrêter devant une maison.


| C’est là qu’il habite. Je le ressens à l’intérieur. Il veut tuer. Mais avant ça, il veut prendre son pied. Tu as ressenti ce que cette femme avait subi ; je te l’ai transmis tout à l’heure. Voyons comment tu t’en sors avec lui. Quelle justice exercerais-tu pour elle ? Tu vas faire une diversion à l’avant, le temps que je passe par derrière. Toutes les maisons sont pareilles, dans cet arrondissement. J’attendrais dans la cuisine, ou sous la véranda. Je ressentirais tout, et j’interviendrais si nécessaire. Rappelles-toi, Lou. |


L’espace de quelques battements de coeur, main contre son épaule, je lui transmets tout ce que j’ai ressenti de cette femme ce soir-là, en plein viol. Et tout ce que j’ai ressenti moi ; c’était comme si je l’avais subi moi-même. Je le lui fais comprendre, lui montre mon âme. Puis, je la lâche.


| Fais-lui tomber le ciel sur la tête. |


Sourire plus large que d’habitude alors que je disparais dans l’obscurité entre les maisons, et gagne mon poste en dispersant les émotions que je lui ai transmises.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Mer 21 Aoû 2019 - 16:57
Je ne réalise parfois pas totalement à quel point lui et moi sommes différents. Il est d’un autre monde, d’une autre époque. Et je sais déjà mon cheminement de pensée plus qu’atypique pour certains. Alors pour lui, qui a connu tant d’autres choses, j’ai du mal à m’imaginer ce à quoi il peut parfois penser en m’écoutant et en me regardant. Mais au fond, peu importe, il n’a pas détourné son regard de moi et a décidé de me guider, c’est ce qui compte le plus non ? Quant à savoir s’il comprend vraiment tout ce que j’ai en tête… j’aurais tendance à dire que oui, parce qu’il est mon Dieu. Sans vraiment avoir de certitudes. Mais au fond, ce n’est pas plus important que le reste. Ce qui compte c’est le présent. Et l’avenir. Celui qui se dessine devant moi.

A sa réponse, je le fixe, la mine songeuse. « C’est difficile. De faire la part des choses. De cerner le moment précis où j’agis pour ces gens ou pour mon propre plaisir. Surtout quand les deux finissent par s’entremêler d’une façon ou d’une autre. Comment m’assurer que je ne suis pas en train de me convaincre que je fais ça pour eux et pas pour moi ? » Surtout que, me connaissant, je peux faire preuve d’une très forte auto-persuasion, surtout si ça va dans mon sens. Et à mon autre question, je sens son regard peser sur moi, plus lourd que jamais. Comme si j’avais touché une corde sensible. Ou que la question était trop idiote pour avoir une réponse. Impossible de le savoir, même en essayant de sonder ce regard cryptique. Avant de froncer les sourcils alors qu’il reprend, éludant donc complètement le sujet.

Pour autant, je l’écoute avec attention. Là encore, il ne répond pas vraiment. Peut-être pour me laisser le temps de me faire ma propre opinion, au-delà de ce que j’ai pu entendre ou des clichés qui ont parsemé mon existence toute entière. « Demain, la notion du bien et du mal aura encore changé. Et ce sera à qui de s’adapter alors ? » Je lui lance un regard plus dubitatif que je ne le voudrais quand il parle de m’apprendre à reconnaître la vraie justice mais je me contente d’opiner du chef pour le reste. Je sais, je vais changer à son contact. J’ai déjà commencé à le faire. Mais certaines habitudes ont la vie dure et je me vois mal jeter tout ce qui a fait mon existence en un battement de cil.

Au reste, j’ai un temps, essayant de véritablement répondre à cette question. Je n’ai pas la moindre idée de ce qui aurait pu se passer, tellement je suis persuadée que j’aurais réussi à tout contrôler. Mais j’ai un sourire avant de souffler, dans un murmure. « Jusqu’au bout j’aurais cru pouvoir contrôler les choses. Même dans leur façon de me tuer quand ils auraient découvert qui je suis vraiment. » Donner du sens à ma vie donc. C’est bien ce qu’il est en train de me dire. Mon regard fixe un peu le vide, alors que j’essaie d’assimiler cette information. Avant de pencher la tête dans sa direction, le regard brillant au reste de ses propos. « J’aime l’idée de décider de ma route. Tout autant que de savoir qu’il était tout de même prévu qu’elle me mène jusqu’à toi. »

Et je me contente de hausser les épaules, avant de lever le regard vers le ciel tandis que nous marchons en silence. Avant qu’il ne me désigne la maison. Je hoche la tête à ce qu’il me dit, fronçant légèrement les sourcils à sa question. Quelle justice ? Mais je n’ai pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’une fois de plus, il me transmet ce qu’elle a ressenti ce soir-là. Je me fige totalement, les yeux écarquillés et le regard entièrement brouillé. Sans même que je puisse y faire quoi que ce soit, les larmes me montent aux yeux et je secoue la tête, repliant mes bras autour de moi-même quand il me relâche. Avant de souffler, dans un murmure. « Il doit avoir peur. Etre terrorisé. Et impuissant. Il doit comprendre ce que ça fait. Ce qu’il lui a fait. » Je ne sais même pas si c’est réellement moi qui parle ou si je me suis laissée entrainer par des sentiments qui ne sont même pas les miens. Mais dans le fond, je m’en moque. J’inspire longuement alors qu’il disparait avant de prendre le chemin de la porte d’entrée, montant les marches une par une avec précaution pour finir par frapper à la porte, non sans avoir déboutonné un peu plus le haut de mon chemisier.

Les pensées fourmillent dans mon esprit, s’entrechoquent alors que je cherche le meilleur moyen d’agir, celui qui le fera payer le prix fort. Et la porte, qui n’était pas fermée à clé, finit par s’ouvrir. Il tient une télécommande dans la main et son téléphone de l’autre. S’il est surpris de me voir, je vois dans son regard qu’il ne se sent pas le moins du monde en danger. Bien au contraire, je vois une lueur s’allumer dans ses yeux. Et j’ai un sourire à son attention avant de souffler, d’une voix douce. « Salut. J’étais à la soirée dans la maison pas loin. Je t’ai vu et j’ai eu envie de te suivre vu que j’étais vraiment déçue que tu t’en ailles aussi tôt. J’espère que tu ne m’en veux pas. » Je bats des cils alors qu’il fait tomber télécommande et téléphone portable au sol. Oubliée la victime du soir. Il se met à bafouiller avant de se planter devant moi. Il me croit inoffensive et doit déjà être en train de s’imaginer le festin qu’il va faire grâce à moi. « … bordel. T’as bien fait ma jolie. Entre, tu seras pas déçue. » Il se recule pour me laisser passer, son regard s’attardant longuement sur moi. Avant de verrouiller la porte. « Je m’appelle Dany. Et toi ? Tu veux boire un truc ? » Même moi qui ne ressent pas les émotions des autres je peux sentir déjà son excitation. On a l’impression qu’elle envahit toute la pièce. Et je souris de plus belle, penchant légèrement la tête sur le côté. « Je m’appelle Lou. Ravie de te rencontrer Dany. Je sens qu’on va passer un excellent moment toi et moi. » Sourire de connivence qu’il partage bien évidemment. Oh que oui, nous allons passer un bon moment. Surtout quand le ciel lui tombera sur la tête.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Mer 21 Aoû 2019 - 18:29
La jeune femme n’est pas tourmentée par le conflit qu’il y a en elle. Comme toujours, même si elle est dubitative ou taraudée par ce que j’évoque en elle, Lou ne se montre pas brouillonne. Chaque nouvelle donnée est rangée et analysée. Un peu de confusion, un rien, mais c’est bien tout ce qu’elle ressent. Une forme d’admiration, non pour moi, mais pour la complexité des choses que je véhiculais pour son regard si moderne et si détaché. Je savais depuis le début que Lou n’était pas attirée tant par le beau que par le complexe ; les problèmes étaient à ses yeux plus intéressants que les plus belles choses ou personnes. Je sais qu’en la touchant j’aurais encore une plus grande prise directe avec son âme, mais qu’elle aurait aussi un meilleur aperçu de la mienne. Certains dieux se servaient de leurs disciples comme des choses, mais je voyais mon association avec Lou Emerson comme quelque chose de différent. Elle m’amuse tout de même par sa propension à n’avoir besoin de moi que pour la mettre sur la voie.


| C’est difficile. Les humains s’auto persuadent beaucoup qu’ils font la bonne chose à faire. Mais toi, Lou Emerson, tu es différente. Tu n’as pas besoin de te donner bonne conscience pour vivre, contrairement à tes congénères. Tu peux le faire, tu le fais souvent… Mais tu n’en as pas besoin. Tu sentiras dans tes entrailles si ce que tu as fait était pour toi ou pour quelqu’un d’autre. A terme, tu adoreras ça. |


Parce que ça lui donnera du pouvoir sur elle-même, et sur les autres. Aussi bien ceux qu’elle punit que ceux qu’elle protège. Et elle ne me fera pas croire qu’elle n’était pas capable de surmonter l’auto-persuasion bien humaine, parce que je ne la croirais pas. Elle avait cette capacité à être objective, d’une intelligence neutre et redoutable, qui ne se liait pas à de basses émotions. C’était une sociopathe, ou pire encore. Mais elle pouvait être utile. Elle le savait, elle le sentait. Je hausse les épaules à sa question.


| Je ne défends pas une interprétation ; je défends la notion elle-même. Tu verras. C’est beaucoup plus facile que tout ce que les mortels d’aujourd’hui mettent derrière la notion. |


Je souris largement quand elle parle de sa fin, y compris de la dose de contrôle qu’elle aurait alors imaginé à ce moment-là. J’étais convaincu que sa capacité à se sortir de toute situation aurait fini par trouver ses limites. Peu de gens pouvaient se targuer d’avoir survécu à la justice jusqu’au bout de leur vie. Je passais, alors qu’elle me disait qu’elle aimait l’idée que sa route croise la mienne, ça ne soit que l’expression d’un destin plus haut. Cela signifiait en elle, si j’arrivais à la lire et je peinais, qu’elle était contente de sa situation. Est-ce que j’extrapolais, est-ce qu’elle était vraiment contente, est-ce que je voulais qu’elle le soit… Ou est-ce que ça avait seulement de l’importance ?


Bien sûr que oui. J’aurais pu tuer Lou. J’aurais peut-être dû. Mais quelque chose m’avait empêché de le faire. Je lui avais tendue la main, sans très bien savoir si elle allait la trancher ou la saisir. Embêté par mon incompréhension de ce qu’elle mettait derrière, je ne répondais rien.


J’avais plus à dire sur sa réaction à ce qu’elle subissait quand je lui rappelais les émotions violentes de l’autre nuit. Elle se protège, elle secoue le visage comme pour se débarrasser de quelque chose qui l’embête, comme ces larmes qui montent dans ses yeux. Elle souffle que le responsable doit avoir peur, se sentir impuissant. Je hoche la tête.



| Sois ma tempête. Et vois le bon côté des choses ; ce que tu ressens, ce qui n’est pas de toi, tu le comprends. Tout n’est pas perdu pour ton âme, Lou Emerson. Nous allons y travailler. Ensemble. |


Signe de tête, et je disparais. L’air est frais, et je resserre le col de ma veste autour de mon cou en passant entre les maisons pour entrer dans le jardin, jusqu’à vérifier la véranda. Personne. J’entends des voix. Je sens ses émotions à elle ; cet instinct de mort qui monte, son pouvoir pour adoucir la méfiance et sa volonté d’entrer, quand lui s’enflamme aussitôt qu’il la voit. Je sens tout. Tout ce qu’il veut lui faire. Je commence à crocheter la porte de la cuisine. Profite du bruit devant pour soulever le loquet, et entrer à l’intérieur de la maison sans un bruit. Je repousse la porte. Les émotions se déplacent. Elle reste calme. Concentrée. Lui a envie de tout. Je sens la pulsion de violence, de stupre et de perversion enfler en lui. Il veut lui faire mal. Physiquement et mentalement. Il veut la posséder et la marquer, la dominer au point qu’elle rampe à ses pieds, qu’elle l’implore alors qu’il ne s’arrêtera pas de la souiller, jusqu’à ce que ses mains se serrent… Je vois tout. Je sens tout. Par extension de ses émotions qu’il ressent si puissamment, je me sens moi-même chanceler. Ce même goût de mort, de domination et de sexe qui m’étreint.


Je les laisse aller jusque dans le salon. Il dit qu’il va leur servir à boire. Je passe dans le couloir qui mène au garage, quand je l’entends venir dans la cuisine.



| Tu bois quoi ? Vodka ? C’est plus festif… |


Tu parles, Charles, ton sens de la fête n’est pas très commun. Le type repart. Je me re-glisse dans la cuisine à nouveau plongée dans les ténèbres. Je sens son désir s’accroître encore. Il est si puissant qu’il va y succomber aussi sec. Il va chercher à la violer. Cœur comprimé, dents serrées, je ressens le puissant besoin d’intervenir. Mais ce n’est pas l’objet, ce soir. J’enfile mes gants de cuir noir alors que je sens le besoin s’exprimer, de l’autre côté. Je la sens elle.


Je n’oublie pas l’objectif de la soirée. Et renvoie à nouveau à Lou tout ce que la victime a ressenti, tout ce que moi j’ai éprouvé. Je lui envoie tout.


Et j’attends.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Lun 26 Aoû 2019 - 11:47
Je l’écoute avec attention, me faisant bonne élève, comme j’ai toujours pu l’être d’aussi loin que je me souvienne. Sauf que cette fois je suis attentive. Réellement. Pas uniquement pour arriver à mes fins, mais parce qu’il me dit m’intéresse et va changer ma vie, ma façon de voir les choses. Il est le meilleur enseignant que j’ai jamais pu avoir et, pour ça, je sais que je n’aurais de cesse de lui être reconnaissante. Quand bien même j’en tire tout autant de plaisir que de frustration selon les jours. Et, comme à chaque fois qu’il m’explique quelque chose, je récupère le nouvel élément, je l’analyse et je l’intègre dans mon esprit, modifiant légèrement ma façon de faire ou de penser selon les incidences que cela pourra avoir. Je fronce tout de même le nez à sa réponse qui entraine encore plus de questions que je ne l’aurais cru. Mais l’heure n’est pas aux grandes discussions philosophiques sur le propre de l’être humain. Je ne peux pourtant pas m’empêcher de souffler, la mine songeuse. « Je ne comprends pas ce besoin d’avoir bonne conscience. Il permet juste de s’adonner à d’autres atrocités en se persuadant qu’au fond, nous ne sommes pas les monstres qui nous effraient. Les gens ont peur de ce qu’ils sont vraiment. Et de ce qui se passerait si cela se savait. » J’avoue que moi-même, j’aurais du mal à savoir comment réagir si l’on apprenait ma véritable nature, mes véritables desseins. Non que cela me fasse peur, je m’en moque bien, mais je ne pourrais pas continuer à vivre comme je l’entends. Et ça, ce serait agaçant.

J’ai un sourire au reste de ses propos. « Je saurais donc. » J’avoue, je suis quelque peu flattée de voir à quel point il a cette confiance en moi presque aveugle sur mes capacités d’évolution. Cela me donne bien évidemment envie de lui prouver qu’il a raison, ne serait-ce que pour ma propre satisfaction personnelle. Et parce que je sens aussi, sans oser me l’avouer, qu’il y a quelque chose de bien plus grand derrière tout cela. Que je ne fais qu’effleurer pour le moment. Tout comme je ne fais qu’effleurer cette notion du bien et du mal. Je suis le produit de ma génération et, pour l’heure, il m’est délicat de sortir de ce carcan, de voir au-delà, même si j’ai le potentiel pour visiblement. Je laisse tout de même filer, avec un rire silencieux. « J’ai tellement l’impression d’être une enfant à qui tu fais la leçon et à qui tu ne cesses de répéter que je comprendrais quand je serais plus grande. Je ne sais pas vraiment si je dois m’en offusquer ou m’armer de patience. » Probablement les deux.

En tout cas, maintenant, il me dit que je vais pouvoir assouvir l’envie qui m’est venue ce soir. Que je vais pouvoir tuer cet homme. Non pas pour moi mais pour cette femme dont il me fait ressentir l’horreur, le désespoir, ce mélange de haine et de dégoût autant pour lui que pour elle-même. Je ne sais pas comment il fait pour ne pas avoir perdu totalement la raison à force de ressentir tout ça. Mais, en ce qui me concerne, je pourrais sombrer dans le précipice bien plus vite qu’il semble le penser. Et je chasse mes larmes du revers de la main, me focalisant sur le reste alors que ma respiration reprend son rythme normal. Je ne saurais lui répondre en ce qui concerne mon âme mais, pour le reste, il a raison. Je comprends les choses à défaut de les ressentir. Et je ne sais pas si en cet instant, c’est la meilleure chose qui pourrait m’arriver.

Mais ce n’est pas le moment d’y penser. Un plan se dessine dans mon esprit alors que nous nous séparons et que je réussis à entrer dans la maison sans la moindre difficulté. Impossible de ne pas sentir le regard de cet homme sur moi et il n’y a pas besoin d’avoir la moindre empathie pour savoir ce qui lui passe par la tête. Je me suis jetée dans la gueule du loup armée de mes bonnes résolutions, d’un couteau et… de mon Dieu. A cette pensée, sachant qu’il est derrière moi, je me sens rassurée, même si les muscles de mes épaules restent tendus. Pour autant, le fait qu’il soit aussi accueillant et aussi peu surpris de voir une femme entrer chez lui est presque effrayant. Combien de femmes sont tombées dans le panneau jusque-là ? Combien ont souffert parce qu’elles le pensaient inoffensif ? A cette pensée, j’ai un froncement de sourcils, quelque peu agacée par la crédulité de certaines de ses victimes. Même si ça ne justifie rien. Et je souffle, d’une voix bien audible. « Vodka c’est parfait. J’adore quand c’est festif. » Il a un rire avant de revenir avec la bouteille et deux verres à shot déjà remplis. J’ai un temps, lui rendant un sourire plus par automatisme qu’autre chose, alors que Johan me fait de nouveau ressentir la détresse de ses victimes. Il me faut prendre une grande inspiration pour garder mon sang-froid et je vide mon verre d’une traite en même temps que lui alors que nous commençons à discuter de choses et d’autres. Rien de bien intéressant. Des banalités qui lui permettent de faire croire qu’il est un peu civilisé et que ce n’est pas juste un prédateur qui cherche comment me dévorer.

Je ne saurais pas dire combien de temps dure la discussion. Quelques minutes, une dizaine je dirais. Assez pour qu’il boive plusieurs shots d’une traite et qu’il me resserve deux fois. Pas plus, j’ai besoin de garder tout ma tête. Son sourire se fait plus large alors qu’il ne prend même plus la peine de se cacher pour me déshabiller des yeux et, à sa façon de passer sa langue sur ses lèvres, je vois bien qu’il commence à ne plus tenir en place. Mais il joue le jeu, encore un peu. Histoire de se donner bonne conscience jusqu’au bout. Je serais la salope qui l’a aguiché, j’aurais cherché ce qui m’arrive ou quelque chose du genre. Quand bien même je reste sagement à distance, les bras croisés sous une poitrine sur laquelle il se focalise de plus en plus.

Et il finit par se rapprocher de moi, posant une main sur ma taille. « Alors ma jolie, on passe aux choses sérieuses ou tu veux faire durer le plaisir ? » Son autre main s’affaire déjà à me retirer mon chemisier alors que je me demande vaguement à quel moment un homme peut se permettre d’agir comme ça avec une totale inconnue. Peut-être qu’il lit dans mes pensées vu qu’il reprend, d’un ton complice. « Je t’ai vue en fait à la soirée. J’ai vu comment tu me regardais et ce dont t’avais envie. » Menteur en plus du reste donc. Intéressant de voir comment il justifie son approche, si tant est qu’on peut appeler ça une justification. Alors je rétorque, pour l’inciter un peu plus à baisser sa garde. « On est deux adultes, inutile de s’encombrer de préliminaires inutiles. » J’arrive à ne pas frissonner de dégoût quand sa main commence à se balader sur moi, me rassurant de la présence du couteau sur mon avant-bras. Que je saisis alors qu’il s’est penché pour m’embrasser et me plaquer contre le mur.

Je tiens le manche du couteau bien en main, prête à frapper une première fois dans son dos. Et c’est ce que je fais. Sauf que ma vue commence à se brouiller et que je frappe avec beaucoup moins de force que je l’aurais cru. Comme si… Et je retiens un juron alors que je repense aux verres que je viens de boire. Erreur de débutante. Qui risque de me coûter cher alors que, d’un coup, je sens la gifle qu’il m’assène violemment sur la joue. Le couteau ne s’est pas assez enfoncé dans sa chair et vole en même temps que moi au sol. Je plisse des yeux alors que tout autour de moi bouge de plus belle et qu’il me frappe d’un coup de pied dans l’estomac. « Espèce de salope. Tu crois que je t’avais pas vue venir à des kilomètres ? Que je suis assez con pour me laisser avoir comme ça ? » J’avoue, j’ai été bien présomptueuse sur ce coup-là, persuadée qu’il serait trop arrogant pour voir où je voulais en venir. Je me rends compte que j’ai du mal à bouger et que, pire encore je ne peux même plus articuler quoi que ce soit. Et j’écarquille les yeux quand il s’installe à califourchon sur moi en possession de mon couteau qui avait volé un peu plus loin, lisant dans son regard toute cette folie qui le rend totalement irrécupérable. « Mais je te l’ai dit, ça va être festif… »  

… mais peut-être pas de la façon dont on l’imaginait tous les deux.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Lun 26 Aoû 2019 - 23:12
Elle a raison, c’est une enfant. Elle est venue au monde seulement quelques décennies plus tôt. A une époque spécifique, dans un contexte tout aussi particulier. Elle a plus conscience, Lou, de la vie qu’elle mène et de là où ça risque fort de la conduire.


La patience, nous la travaillons maintenant. Et c’est moi qui attend. Tapis dans l’ombre, comme la majorité des dieux anciens. Ramenés aux ténèbres qui nous avaient vus naître, dans une époque barbare et lointaine qui n’avait finalement rien à rougir de cette civilisation moderne. La violence l’imprégnait toujours autant. C’était la raison d’être de ma présence ici. Et si je voulais être honnête avec moi-même, c’était ma raison d’être tout court.


Je ressens son besoin à lui. Son désir. Si fort, si violent, si absolu. Le genre à ne s’être jamais satisfait de ce qu’il avait ou de ce qu’il pouvait obtenir. Il avait déjà essayé autre chose que les femmes, j’en étais sûr. Comment survivre autrement, quand elles étaient indisponibles pour son plaisir ? Je suspectais pire encore que ce que je savais déjà. Et ce sentiment se renforçait seconde après seconde à mesure que ses propres émotions s’insinuaient en moi, et me faisaient goûter ses désirs. Je visualisais très bien Lou, d’ici. Ses courbes. Son visage. Sa bouche. Il avait quelque chose avec ses seins, comme la majeure partie des hommes, mais ce n’était pas la partie qui l’intéressait le plus. Ce qui l’intéressait le plus, c’était le ventre. Et ce qu’il y avait dedans. La vodka n’est qu’un moyen de se mettre en bouche. Une diversion. Il n’a pas besoin de courage, ce type. Il sait déjà ce qu’il veut, et ce qu’il est prêt à l’obtenir.


Il rêve de la déchirer en jouissant d’elle, il rêve de la tuer en prenant son pied. Fantasme inavoué, mais déjà expérimenté. Qu’elle discute et endort l’individu ne noie pas le poisson. Pas une seule seconde. Il ne s’enflamme plus ; il est carrément en feu. Les flammes de son âme ne sont pas rougeoyantes, ni vives. Elles sont d’un noir profond. Dévorantes et insatiables.


Il aimerait tellement qu’elle le supplie et qu’elle pleure, tout en souhaitant qu’en la déchirant, elle puisse elle aussi prendre du plaisir. Perversions contradictoires, paradoxales ; l’homme ne sait plus s’y retrouver dans toutes les formes de désirs qu’il ressent, et essayer de toutes les contenter en même temps ne semble pas du tout le gêner. Il va la démolir. Mais je ne peux pas tout de suite me montrer.


Teutatès est un dieu exigeant.


J’ai toujours tout donné pour mes fidèles, mais encore devaient ils démontrer leur force. Pas physique, mais leur grandeur d’âme. Il fallait s’accrocher pour tenir bon. L’excitation monte encore. S’accompagne sans nul doute, vue la violence des émotions ressenties, de réactions physiques. Je transpire. Je me tends. Je veux moi aussi participer à ces bacchanales débridées, mais je sais encore faire le tri dans mes émotions et dans celles de l’homme que nous sommes venus coincer. Il la déshabille, à ce que j’entends. Je ferme les yeux, pour m’empêcher de perdre tout contrôle.


Avec le temps, ma puissance déclinait. Ma résistance avec.


Mais j’étais encore un dieu, et putain de merde, j’étais le Juge des Ames. Je me concentrais plutôt sur ce que ressentait Lou. Je quittais l’ouragan et le maelstrom de désir pulsionnel pour me réfugier dans le calme plat de ce que la jeune femme ressentait. Brave petite. Un havre de paix humain, loués soient les sociopathes. Elle perd le contrôle.


Il éructe, ivre de puissance, shooté à la domination. Je comprends à la joie sauvage qu’il ressent que son plan a marché… Et qu’il y avait quelque chose dans ce verre qu’il a servi. Il l’a droguée pour mieux la violer. Je sens le plaisir en lui, d’avoir réussi à ce tenir à un plan depuis longtemps imaginé en cas d’invitée. Il va la violer. Et pas qu’une fois. Il va la violer et lui faire croire le lendemain qu’elle a simplement trop bu, qu’elle a accepté tout ce qui lui est arrivé.


Lou est en difficulté. Si je la laisse, elle peut mourir. Et moi, être sévèrement touché. Si je la laisse, elle saura peut être s’en défaire. Peut être pas.


Je lui laisse le bénéfice du doute.


Et lui expédie tout mon pouvoir d’Odiokinésie. Je me revois transporté à Télamon, au Sabis, à Gergovie, à Alésia. Je me revois contre les saxons, contre les vikings et les maures. Je sens la bise glacée de la Russie du côté de Gorodeczna, et respire la poudre de la bataille des nations de Leipzig. Je me sens soulevé par les odieux tirs de barrages de Verdun, et transporté par les C47 d’Overlord.


Le Dieu-Guerrier insuffle à sa disciple tout ce qu’il a de rage, de désir brut de survivre, d’être le meilleur en dominant son ennemi. Je sens son coeur qui se gonfle. Je lui transmets toute la bravoure et la témérité, toute la résolution dont je suis capable. Et je noue le tout des émotions de la victime, encore. Pour qu’elle n’oublie pas.


Je pénètre à leur suite dans le salon. Ma silhouette se découpe dans l’ombre de la porte du couloir mal éclairé. Je n’interviens pas. Pas tout de suite. Lui me tourne le dos. Elle se débat. Elle est droguée, mais elle bénéficie de ma force. Voyons jusqu’où va la sienne. Ce n’est pas que lui que je juge, mais aussi la mortelle ; j’ai senti depuis longtemps dans son âme sa paix intérieure… Mais les horreurs qu’elle range soigneusement dans le placard de sa conscience.


Sois mon bras, Lou Emerson. Et fais-lui tomber le ciel sur la tête. Sinon c'est moi qui m'en chargerais
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Sam 31 Aoû 2019 - 19:29
La patience, la retenue, la prudence.

Tous ces mots qui, au final, ne sont rien de plus que des idées que j’ai encore bien du mal à appréhender, surtout maintenant que je sais que je vais avoir ce que je veux. Que je vais pouvoir tuer. Que ce soit pour rendre la justice ou pour mon propre plaisir, au fond, ça n’a pas la moindre importance en cet instant précis. Ce qui compte, c’est le résultat.

Et c’est peut-être ce qui me fait trébucher.

Ou alors c’est cette arrogance qui aurait fini, d’après Johan, par me perdre tôt ou tard. Au fond, là encore, ce n’est pas vraiment important de savoir le pourquoi. Ce qui compte, c’est le résultat. C’est cette lame que récupère le criminel, car c’est ce qu’il est, c’est cette pression qu’il exerce sur moi alors qu’il a pris l’ascendant. Je sais très bien ce qu’il veut me faire, je l’ai déjà vécu. En soit, cela ne me dérange pas plus que ça. Je sais, ça peut paraître monstrueux, mais quoi que ce porc ait envie de me faire, il y a une chose qu’il ne comprendra jamais. C’est qu’il ne m’atteint pas et que mon corps finira par s’en remettre. Il aura pris quelque chose qu’il aurait pu avoir autrement, grand bien lui fasse. Mais il ne gagnera pas. Jamais. Quoi qu’il obtienne.

Sauf que c’est la lame qui s’avère être un brin plus problématique. Et là, il pourrait gagner, que ce soit en essayant de m’ôter la vie, en me défigurant ou je ne sais pas quoi du même genre. C’est qui me frustre le plus, qui me fait perdre le contrôle. La pensée qu’il pourrait retourner mon arme contre moi et me faire disparaître. Je sais que mon Dieu ne le laisserait pas faire. Pourtant cette pensée continue de s’insinuer, de s’ancrer en moi et elle m’empoisonne bien plus que je le voudrais.

Je n’ai pas peur de lui en vérité, mais de voir que je ne maîtrise plus la situation. La nuance est faible, je veux bien le reconnaître, même si elle est suffisante pour que je sente que quelque chose change. Mon Dieu intervient. Et je ne comprends pas ce qui se passe. Ces sentiments sont encore différents de ce que j’ai pu vivre avec lui, de ce qu’il a pu m’infliger. Et si ressentir la compassion ou assimilé me paralyse, ce qu’il m’envoie cette fois me coupe tout bonnement le souffle.

C’est une guerre que nous menons. Et je suis un de ses soldats.

Je ne suis même pas sûre que cette pensée m’appartienne réellement. Mais l’adrénaline qui coule dans mes veines est bien réelle en tout cas. Je sens mes muscles se tendre alors que mon agresseur sourit de plus belle et qu’il se penche vers moi. Suffisamment pour je puisse sentir son haleine pesante contre moi. Suffisamment pour que je me trouve la force de me relever légèrement et lui asséner un violent coup de tête.

Et autant dire que la satisfaction que j’éprouve à entendre les os de son nez craquer dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer. Il me relâche, se tenant le nez alors que les jurons fusent dans tous les sens. Le couteau tombe au sol dans un bruit mat et je le récupère rapidement. Si le haut de mon corps est libéré de toute entrave, ce n’est pas le cas du reste vu qu’il est toujours assis sur moi. Mais peu importe. Et alors qu’il me traite de salope, de garce et d’autres mots raffinés et élégants, je lui enfonce le couteau dans l’estomac d’un geste assuré. Il écarquille les yeux et se laisse tomber sur le côté, sans bien savoir s’il doit retenir le flot de sang qui coule de ses entrailles ou de son nez.

Je le repousse d’un coup sec au niveau de l’épaule et il est trop abruti pour réagir alors que c’est à mon tour de m’assoir à califourchon sur lui. « Alors, est-ce que tu as mal Dany ? Est-ce que tu as… peur ? Ta blessure n’est pas létale mais tu vas te vider de ton sang tu sais si personne ne fait rien. Chacun de tes organes s’arrêtera de fonctionner petit à petit. Et tu vas souffrir longtemps. Mais c’est ce que tu mérites, tu ne crois pas ? » Je lève un instant les yeux pour croiser le regard de mon Dieu, toujours tapi dans l’ombre. J’attends son assentiment, qu’il confirme que je suis sur la bonne voie. Qu’il me dise ce que ressent cet homme maintenant qu’il n’a plus le contrôle. Ou si je dois continuer, si je dois lui faire vraiment comprendre à quel point il est allé au-delà de toute possibilité de retour. Même si le goût métallique du sang sur ma langue commence à prendre le pas sur le reste, même si je prends bien trop de plaisir à l’imaginer mourir pour que je ne sois pas moi aussi bien trop loin pour que je sois récupérable. Si tant est que je l’ai été un jour.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Jeu 12 Sep 2019 - 21:15
Je regarde ce qu’il se passe. Je ressens tout. Ou presque. Tout ce que lui ressent, tout ce qui peut me faire perdre le contrôle, à moi. A lui. Pas elle, elle n’est pas concernée. Lou est trempée dans l’acier. Un acier noir, imparfait. Mais elle ne ressent pas grand-chose pour l’instant. Je la sens sûre d’elle, jusqu’à ce que tout dérape. Jusqu’à ce qu’il ne l’attaque pour de bon, qu’il n’en veuille à elle, physiquement et psychiquement. Je ressens tous ses désirs et malgré le fait que je reste droit dans mes pompes, je ne peux m’empêcher de fermer les yeux. De frémir de dégoût et de plaisir mêlé devant ce qui exsude de son âme ravagée par le vice et la perversion au sens premier du terme. Cet homme veut lui faire mal. De toutes les façons qui peuvent traverser son esprit malade et perverti.


Lou a peur, maintenant. Peur de la lame. Peur qu’elle lui prenne quelque chose qui lui ferait plus de mal que simplement de la souffrance physique. Preuve qu’il ne lui prenne sa fierté, sa force. Elle est fière de ce qu’elle est, en général. Mais elle a peur qu’il retourne son plan contre elle, et qu’elle échoue. C’est cela qui taraude le plus l’âme de la jeune femme aujourd’hui. La peur de l’échec. La peur de ne pas être meilleure que celui qu’elle considère comme un bête gibier. Je lui envoie des émotions guerrières. Celles qui jadis faisaient tourner la tête à des dizaines de milliers d’Aduatiques, de Bellovaques, de Nerviens et d’Arvernes qui cognaient leurs armes contre leurs boucliers.


Son coeur s’enflamme. Son âme se réchauffe, brille d’une vie et d’une intensité qu’on ne lui aurait jamais connues autrement. Son visage s’écrase contre celui de l’homme, qui geint. Je reconnais le bruit de l’os qui s’écrase sous le cartilage. Je savoure l’âme de guerrier qui est la sienne. Ce combattant si parfait que j’ai enfin trouvé. Je souris en coin, fendant ma barbe, quand l’homme pousse des jurons. Il ne m’a pas encore vu. Je vas intervenir, quand la jeune femme ramasse la lame et la lui plante dedans. Elle s’assied sur lui. Et je la regarde faire. Je sens son désir de meurtre, qui grandit en elle comme une ombre noire qui menace de tout submerger. Elle me regarde, et lui perçoit enfin ma présence. Je m’avance alors. Et tourne autour d’eux lentement, alors que son sang macule le sol.



| Tu vas mourir, Dany Rivers. Tu vas mourir, parce que tu ne pourras pas t’empêcher de recommencer. Non, shhht, ne nie pas. Je l’ai lu en toi. J’ai vu ce que tu voulais faire ce soir à mon Ambact. Et j’ai senti l’autre soir ce que tu as fait à l’autre fille. Tu en as apprécié chaque instant, n’est-ce pas ? Mais vois-tu, Dany, il y a encore une forme de justice en ce monde. Je suis policier. Mais je ne suis pas là pour t’arrêter. |


Je regarde Lou, et hoche la tête pour lui faire comprendre qu’elle a bien agi. Qu’elle peut se relever.


| Je suis là pour rendre justice. Et t’infliger ce que tu as infligé. |


Je relève les yeux vers Lou.


| Saccage l’appartement, et mets dans tes poches ses cartes de crédit et son liquide. Prends une ou deux babioles de valeur. |


Pour faire croire à un cambriolage qui a mal tourné. Ca arrive plus souvent qu’on le croit. Et alors que l’homme se noie dans son propre sang, je pose mes mains par-dessus sa chemise. Et lui communique toutes les émotions que la jeune femme a vécu, et moi au travers, alors qu’il ravageait son corps et son âme. Il hoquette et suffoque, yeux exorbités, bouche grande ouverte à hurler un cri sans son. Il se noie, s’étouffe dans l’hémoglobine qui coule au coin de ses lèvres. Et enfin, alors qu’il se perd dans le maelström d’émotions qui ont étreint sa victime, je le sens mourir, tourmenté. Je redresse le regard vers Lou.


| Ca va? |

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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Mer 2 Oct 2019 - 11:28
Je dois respirer pour ne pas m’écrouler pour de bon. Je dois être forte, je dois … je dois faire tant de choses et je réalise à quel point je peux être faible, être à la merci de quelqu’un juste parce qu’il a su tirer son épingle du jeu à un meilleur moment que moi. Et, si j’avais le moindre doute à ce sujet, cela ne fait que mon conforter dans l’idée que je déteste cela plus que tout le reste.

Et pour la première fois depuis bien longtemps, tellement longtemps que j’en aurais presque oublié cette sensation, j’ai peur oui. Peur de ce qui pourrait m’arriver, peur d’être allée trop loin cette fois, que c’est peut-être en effet la fois de trop, comme nous l’avions évoqué avec mon Dieu. Même si je ne pensais pas que ce serait avec lui à mes côtés.

Je sens ce poison parcourir mes veines et me paralyser, laissant à ce criminel l’occasion de prendre l’ascendant sur moi. Mais heureusement, IL est là. Il veille sur moi, il me protège et me permet d’être celle qu’il me souhaite voir devenir. Je sens sa force pulser à l’intérieur de moi et chasser tout ce qui m’empoisonne. Et je me sens capable de devenir son bras vengeur. De rendre cette justice qui lui est chère. Pas pour moi cette fois, mais pour lui. Et cette sensation est des plus atypiques à dire vrai. Ne pas faire quelque chose uniquement pour ce que j’aurais à y gagner ou pour mon propre confort.

Et je pourrais aller jusqu’au bout. Je pourrais planter ce couteau dans sa carotide, juste là, où elle pulse encore plus violemment que tout le reste. J’ai pouvoir de vie et de mort sur lui et la sensation que j’éprouve me fait sourire. Ce qui doit probablement l’effrayer encore plus que le reste. Si Johan n’avait pas été là, je ne sais pas comment les choses auraient pu tourner. Que ce soit pour lui ou pour moi. Mais mon Dieu est là. Et mon regard finit par croiser le sien. Je lui souris alors que je finis par détacher mon attention de l’homme à notre merci et, au regard que me lance mon Dieu, je me relève, essuyant le sang qui macule mes mains sur mon pantalon sombre. J’en oublierais presque Dany l’espace d’une seconde tant je suis subjuguée par ce que dégage Johan en cet instant. Je comprends pourquoi il est mon Dieu, je comprends pourquoi je serais prête à tout pour lui, même à oublier mes penchants naturels. Et je souffle, d’une voix douce, penchant la tête sur le côté alors que je regarde Dany avec une certaine curiosité. « Il mérite ce qui va lui arriver. Il leur a fait du mal et le châtiment divin va s’abattre sur lui. » J’ai parlé comme une écolière qui récite sagement sa leçon, me sentant dans un état second l’espace d’un instant.

Pourtant, je hoche la tête aux ordres de Johan, enfilant une paire de gants que j’avais dans mes poches pour commencer à casser des lampes, ruinant le canapé en passant alors que les coussins volent dans les airs. Je récupère de l’argent liquide, une console de jeux portable et quelques babioles qui n’étaient là que pour épater la galerie. Et les femmes probablement. « Est-ce que c’est suffisant ? » J’attends, comme s’il allait me donner une note ou quelque chose dans le même acabit.

Et mon regard s’écarquille à le voir mourir comme ça. Je sens mon estomac se nouer sans que j’arrive à comprendre pourquoi et j’ai le sentiment de manquer d’air. Je dois m’appuyer contre le mur, haletante, alors que j’ai les larmes aux yeux. Et à la question de Johan, je secoue la tête. « Non, ça ne va pas. Je… je ne sais pas éprouver tout ça. J’ai l’impression que je vais exploser. » Ce serait un moindre mal, surtout si cela me permet de ne plus rien ressentir.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Jeu 10 Oct 2019 - 20:23
Les événements se sont précipités. Comme toujours. Mais elles n’ont pas échappé à mon contrôle. La mort, peu importe le visage qu’arbore sa divinité tutélaire, finit toujours par obtenir son dû. J’ai aidé et soutenu la jeune disciple avec toute l’efficacité dont j’étais capable. De ce fait, je me retrouve à me salir encore les mains. Elle n’est pas encore prête, Lou. Opérationnelle, sans doute, car elle pallie son manque d’expérience et de contrôle d’elle-même par une intelligence redoutable et de bons réflexes. Elle est forte. Pas encore au maximum de ses capacités. Je le sens, et je le sais. Mais ça viendra. Pour ce faire, je vais devoir la guider sur la bonne voie, lui faire prendre les bonnes décisions pour la première fois de sa vie. Elle croit encore Lou, que la peur est une ennemie. Elle n’a pas compris que ça pouvait être une alliée pour quelqu’un qui, comme elle, était en mesure de ressentir les choses pour son propre compte. Avec des conséquences physiologiques très précises ; la peur était l’alliée du meilleur des tueurs.


Mais pour cela, elle devait la contrôler.


La laisser prendre possession de son corps, de chaque parcelle de son âme, c’était l’aveu de son impréparation, celui de son manque de rigueur encore dans les efforts d’auto-discipline que je lui réclamais. Lou était d’une intelligence redoutable, elle avait à disposition un corps parfaitement fonctionnel et particulièrement avenant avec cela. Mais il lui manquait encore l’intelligence humaine, celle de la société, de ce que certains appelaient intelligence du cœur. Je suis donc forcé de prendre les choses en main. Sincèrement, ça m’en touche une sans me secouer l’autre. Chaque mort donnée est unique. Mais il n’en reste pas moins que je la distribue avec générosité ; je suis un Dieu à l’ancienne, qui considère que la Mort seule peut racheter certaines fautes.


J’acquiesce d’un hochement de tête quand elle récite sa leçon. Brave petite.



| Il ne te manque plus donc qu’à y croire. |


A y croire vraiment. Intimement et sans réserve. Parce que ce n’était pas encore le cas, mais que ça viendrait. Je la laisse foutre le souk un peu partout et essayer de se montrer aussi intelligente qu’attendu, le temps que j’en finisse avec le violeur en puissance, qui m’avait foutu les nerfs en pelote. Les yeux rougissent quand je revis moi de mon côté, ce que j’ai subi cette nuit là. Ce que cette fille a subi. C’est une horreur. Tout est bientôt fini.


Je reste un moment à contempler le corps, à reprendre me souffle. Je me frotte le visage, cligne des yeux en m’essuyant ce qui me fait le sentiment d’impuretés sur ma peau, de salissures. Ca me fait ça, parfois, quand je tue quelqu’un et que je ressens ses dernières émotions. J’entends les questions de Lou, mais je mets un moment à tourner la tête vers elle. Je me relève et vais vers elle. Je la dévisage un instant...


Et serre son visage entre mes mains. Regard gris acier dans le sien, aux infinies nuances de couleurs.



| Tu exploseras, un jour ou l’autre. Et ça finira par aller mieux. Tu seras plus forte, après. |


Je l’embrasse sur le front, puis la lâche. Mince sourire aux lèvres.


| Je finirais par te faire ressentir des émotions positives. Même toi, tu ne peux pas vivre à jamais dans le noir et dans le chaos. Je te ferais connaître les plus grandes passions aux plus profonds amours. Et tu chuteras à nouveau dans les abîmes de ta propre nature. Quand tu t’en relèveras, alors tu seras prête. Et peut être qu’ensemble, nous arriverons à faire une réelle différence en ce monde. |
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Mar 29 Oct 2019 - 12:41
J’aurais dû le savoir. Je le savais d’une certaine façon, sans en avoir entièrement conscience. Que Johan serait là, qu’il contrôlerait la situation bien mieux que moi et qu’il saurait rattraper ce que moi je n’aurais pas pu saisir ou qui m’échapperait des mains. Cette sensation de se savoir protégée de la sorte, d’avoir quelqu’un qui sera là pour me guider et me permettre d’avancer dans la bonne direction, quelle qu’elle soit… autant dire que c’est presque aussi perturbant que d’éprouver tout ce qu’il n’a de cesse de m’envoyer.

Et je m’en veux d’une certaine façon. Je n’ai pas été à la hauteur vu qu’il a dû intervenir. Je me rends compte de mes limites, de ce dont je ne suis pas capable et je n’aime pas ça. Vraiment pas. Si je n’avais pas peur, pour la première fois depuis longtemps, je serais en colère contre moi-même. Mais j’avoue que de ne pas maîtriser totalement la situation, de ne pas pouvoir le mettre à terre comme je l’avais imaginé, c’est frustrant. Rageant. Déroutant. Tant de sentiments que je n’éprouve pas non plus en temps normal et qui me submergent comme le reste. Comme si rien de tout cela ne m’appartenait vraiment au final.

Autant dire que je déteste ça.

Pour un peu, je serais à deux doigts d’aller me rouler en boule dans un coin de la pièce pendant qu’il finit le travail. Pourtant, je m’applique et je l’écoute, comme l’élève que je suis et qui essaie de rattraper la bourde qu’elle vient de faire. Sauf que nous sommes bien loin d’une simple tâche d’encre sur un devoir. Cela va bien au-delà. Et je commence à peine à réellement entrevoir toutes les implications de mon nouveau… rôle à ses côtés. Peut-être que si j’avais tué ce Dany, les choses auraient été différentes, je ne saurais le dire.

Mais j’arrive à me faire curieuse, à observer mon Dieu pendant qu’il œuvre. Et à esquisser un sourire à sa répartie. « Il paraît qu’à répéter régulièrement quelque chose, on finit par y croire. Ce sera peut-être mon cas. » Ou alors, je l’apprendrais d’une autre façon, bien plus douloureuse, qui laissera plus de marques qu’une simple récitation.

Mettre l’appartement dans un sale état, comme il me l’a demandé, me défoule un peu et me permet de gérer cette frustration que j’ai à avoir échoué de la sorte, à m’être laissée submergée, presque paralysée, par tout ce qui vient de m’arriver. Moi qui me pensait prête à la pratique, à croire qu’il y a encore quelques étapes sur lesquelles je dois m’attarder plus longuement. Pourtant, Johan semble avoir confiance en moi. C’est même certain Si ce n’était pas le cas, nous ne serions pas là tous les deux.

Et je fronce les sourcils quand il s’approche de moi, non pas sur la défensive mais un peu dubitative alors qu’il ne répond pas encore à mes questions. Pourtant, il le fait tout le temps, sans me laisser attendre. Je cille quand il serre mon visage entre ses mains, me sentant comme hypnotisée par ce que je peux lire dans ses yeux. En cet instant, je sais que s’il me demandait de mourir, je le ferais, sans hésitation, sans regret. Et c’est effrayant, bien plus que tout le reste. Comme si j’avais abandonné pour toujours ce libre-arbitre dont j’étais si fière jusque-là.

J’écarquille les yeux quand il me dit que je finirais par exploser et je secoue la tête, sans même m’en rendre compte. « Et si ça ne va pas mieux après ? Si j’explose et que je m’effondre sans pouvoir me relever ? » Le doute. Voilà bien autre chose à laquelle je ne suis pas habituée. Et autant dire que je n’avais pas spécialement envie d’éprouver ça. En réalité, je me dis que je vivais très bien sans éprouver quoi que ce soit. Je me sens un peu trembler dans son emprise et je ferme les yeux quand il m’embrasse sur le front, laissant filer un long soupir. Et je souffle, dans un murmure. « Pourquoi ? Quel mal y a-t-il à vivre dans le noir? Si c’est pour chuter, souffrir et j’en passe. Quel intérêt ? Et si je ne suis jamais prête ? » Tant de questions que je ne pensais jamais avoir à me poser un jour. Et pourtant je suis là, à le regarder, les yeux trop brillants, alors que je suis sur le point de sauter à pieds joints dans le vide, sans avoir la moindre idée de ce qui m’attend vraiment.
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 Re: A sad soul is always up past midnight...| Johan  Mar 5 Nov 2019 - 21:29
Et si je n’étais jamais prête ? C’était sa question qui valait le plus cher, sans doute, dans tout ce qu’elle avait pu demander ce soir. Lou était une femme intelligente. Peut être celle qui l’était le plus dans ce monde tout entier. Mais elle avait beaucoup à apprendre ; son expérience était encore limitée à ce qui avait toujours été une zone de confort pour elle. Dominer les autres, et s’enfermer dans cette situation si facile où elle pouvait rester toute à son aise, toute à sa supériorité. J’allais tout faire pour la bousculer maintenant, pour la faire sortir de ses gonds. La tester, jusqu’à la corde raide, l’équilibre précaire des difficultés croissantes, qui allaient la maintenir à une portée de ses propres abîmes, où elle pourrait chuter pour ne jamais se relever. Mais si elle tenait bon, si elle ne flanchait pas, alors elle serait l’outil idéal pour le Dieu du Ciel, le Patron de la Justice et le Protecteur des Tribus. Mais on n’en était pas là. Pas encore.


J’avais du sang, sur moi. Il y en avait au sol, sur les vêtements du type. Lou ne semblait pas saigner, elle, en tout cas pas de blessure terrible qui semblait l’handicaper ou la mettre en danger maintenant. C’était déjà ça, car fuir quand on humain commençait à pisser le sang de partout c’était la porte ouverte à ce que la situation ne finisse par dégénérer dans les pires des catastrophes.


Je n’étais pas prêt à perdre l’humaine. Même si je n’avais jamais été du genre à m’enticher des humains il était assez clair pour moi qu’elle occupait une place importante dans ma vie si vide de tout sauf de devoir. Sans elle, je devrais encore abandonner pour un moment l’espoir de pouvoir ramener Epona en vie, tout autant que j’avais aussi besoin d’elle pour arrêter des gens qui étaient comme elle, au même point qu’elle. Lou avait cet avantage sur tous les autres ambactes que j’avais pu élever dans ma longue existence, de connaître parfaitement le chemin qui menait au-delà, bien au-delà, de la ligne rouge de l’honneur et de la justice.


Je la sens démolie, bien en peine. Je la sens un peu en colère contre elle-même, mais surtout horrifiée, peut être un rien désespérée, mais en tout cas fortement bousculée par tout ce qu’il venait de se passer. Je secoue la tête alors que la jeune femme se retrouve en proie au doute.



| Non, tu vas y croire, parce que tu finiras par en être convaincue. Ce n’est pas un mantra. Et pas non plus quelque chose que je t’impose. Ca s’imposera tout seul à toi. J’ai confiance. |


Jamais je n’avais été ce genre de dieu à câliner les humains, ou à leur donner une petite tape sur l’épaule. J’étais le genre à les guider par la force de mes convictions, par mes poings, ou par le feu qui animait leur âme et que je pouvais faire grandir, faire exploser, selon les situations. La jeune femme finit par démolir l’ordre de l’appartement, par le laisser sens dessus-dessous. Elle termine bien vite, et c’est moi qui vais la voir. Elle doute, encore. Je lui souris, d’une ombre de sourire.


| Tu pourras te relever, parce que je serais là. Mais tu devras fournir l’essentiel de l’effort, moi je suis là pour te révéler à ton potentiel. Ce que tu en feras, ce sera toi qui décidera. |


Elle tremble contre moi, et moi je frissonne, yeux fermés. Cela faisait longtemps que je n’entretenais plus de disciples, plus de puissance. Celle-ci qui était la nôtre, quand nous étions si proches. Je navais pas oublié, toute cette proximité, cette intensité du partage de la force, des principes, de tout le reste. Elle soupire, quand je l’embrasse sur le front. Et lui remonte le menton du bout des doigts pour la pénétrer de ce regard gris d’acier


| C’est en apprenant à souffrir que tu apprendras vraiment à vivre, à profiter du reste, et qui sait un jour, à être vraiment heureuse. |


Je la garde près de moi, toujours les yeux dans les siens.


| Il faut qu’on décolle d’ici. Je te ramène, ok? |
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