Encore un consultant pour la police de Philadelphie

Comme à son habitude, Hope était plongée dans ses affaires, officielles comme officieuses. Récemment, un nouvel intervenant extérieur avait été intégré pour venir en renfort de l’équipe scientifique du commissariat. C ‘était une nouvelle qui ne plaisait pas vraiment à la brune. Il faut dire que l’image qu’elle avait des consultants étaient peu reluisantes à cause d’un certain Luc Hellking. Cet énergumène incapable et bourru n’en faisait qu’à sa tête, lui collant des emmerdes à la moindre occasion, volontairement ou non. Enfin, il était clair pour elle qu’il prenait un malin plaisir à la foutre dans la merde volontairement, sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Elle savait parfaitement qu’elle ne devait pas mettre tout le monde dans le panier. Mais d’un autre côté, il avait fallu que le crash test concernant ce nouveau consultant lui tombe dessus, elle qui connaissait parfaitement les ingénieurs scientifiques et leur faisant parfaitement confiance. D’un autre côté, elle soupçonnait son chef, Mr Porcius Cato, de lui avoir imposé le passage par ce fameux Kendall McLight, comptant sur son professionnalisme mais surtout sur sa propre connaissance du métier pour vérifier ses qualités professionnelles. Ce qui était certaine, c’est que la jeune femme n’allait pas manquer de vérifier jusque dans les recoins si le docteur McLight faisait bel et bien l’affaire, ne voulant pas se retrouver avec une seconde personne inutile et désagréable comme Luc dans les pattes.

Pour elle, avoir recours à une personne extérieure à la police était un risque non négligeable pour une enquête. Evidemment, il s’agissait d’une petite affaire pour le premier essai, un cambriolage qui avait mal tourné au point que la propriétaire des lieux s’était faite agresser. Les voleurs avaient pris la fuite après l’avoir laissé évanouie dans son salon. Ils avaient pris tous les objets de valeur, tout ce qui étaient revendables facilement en somme, ainsi que les liquidités qu’ils avaient trouvé. Hope avait relevé elle-même les empreintes sur les lieux ainsi que des cheveux arrachés par la victime à l’un de ses agresseurs. Elle espérait bien pouvoir remonter rapidement la piste et ne comptait pas laisser plus de temps que nécessaire pour les examens. Exigeante, ce Kendall avait intérêt à être efficace, réactif et doué pour qu’elle soit incapable de faire un commentaire négatif sur son travail à son chef. L’échantillon avait été remis au docteur McLight la veille aussi, elle comptait bien passer le voir dès aujourd’hui.

Sa matinée se passa comme à son habitude. Jogging, musculation, douche, petit-déjeuner et voilà que la lieutenante était sur les lieux de son travail au petit matin, vêtue d’un slim noir, d’un débardeur blanc et de ses ballerines baskettes noires. Le sommeil n’avait jamais été son truc et elle le vivait très bien, ayant des journées déjà trop remplies. Elle l’avait toujours dit, vingt-quatre heures dans une journée n’étaient clairement pas suffisants. Le matin, ils avaient eu un débrief en petit groupe. Elle y avait croisé Kaitlyn qui semblait pas trop mal se porter malgré sa dernière sortie pépère qui avait très mal tournée. La journée après cela était passée vite tandis qu’elle avait couru à l’extérieur d’un indic à l’autre pour différentes affaires. Elle était revenue en fin d’après-midi et avait fini par faire le point sur ses affaires en cours avant d’aller trouver Severus. Un débriefing personnel était nécessaire concernant l’affaire du maire et les menaces qu’il avait reçu. L’enquête avançait réellement doucement tant les indices étaient minces. La brune expliquait entre deux taffes de cigarette que malheureusement aucune empreinte exploitable n’avait été trouvé sur la lettre ou l’enveloppe mais qu’elle était dans l’attente des bandes vidéos des jours précédents la réception de la lettre pour essayer de dégoter le moindre indice. Son supérieur l’avait écouté attentivement, fumant son cigare cubain, avant qu’ils ne se séparent non s’en qu’elle l’avertisse qu’elle allait rendre visite au nouveau consultant.

Éteignant son ordinateur, rangeant son bureau, elle récupéra son arme de service et prit la poudre d’escampette en ce début de soirée encore chaud. Elle arriva bien vite en voiture vers le laboratoire privé du généticien et poursuivit sa route pour ne pas se garer juste à côté. Le but n’était pas qu’il ait le temps de réagir en la voyant arriver. D’un autre côté, il ne savait clairement pas qui elle était, étant donné qu’il avait récupéré l’échantillon à analyser au commissariat sans qu’elle ne soit présente. Il n’avait eu que le stricte minimum d’informations sur l’enquête, à commencer par le nom du responsable de l’enquête, le lieutenant Edwards. Rien ne lui avait été indiqué d’inutile, même pas le prénom de Hope ni le fait qu’elle était une femme. Pénétrant dans le laboratoire, il restait plus qu’une secrétaire sur le départ qui voulut l’annoncer avant de la laisser approcher de son patron. Hope ne la laissa pas faire, présentant sa plaque et lui indiquant que le docteur McLight l’attendait, ce qui n’était pas vrai évidemment. Entrant dans la pièce alors que la secrétaire était partie, elle resta deux minutes à observer le généticien avant de s’annoncer en se raclant la gorge. Beau, grand mais surtout, la jeune femme nota la concentration dont il faisait preuve. S’approchant légèrement, se faisant surplomber par la taille et la carrure impressionnante du médecin, elle lui tendit la main tout en présentant sa plaque de l’autre.

Lieutenant Edwards enchantée. Je suis venue chercher les résultats de mon enquête.

La brune allait à l’essentiel. Evidemment, on ne l’avait pas prévenu qu’il fallait que les résultats soient disponibles sous vingt-quatre heures mais le but était bien de tester ce nouveau consultant et non de lui laisser croire que travailler avec la police lui permettrait juste de se faire de l’argent facile. Elle comptait bien lorgner sur ses résultats et ses rapports rapidement pour se faire une première idée du professionnalisme du jeune homme qui lui faisait face.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie


Après les retrouvailles avec Dagda au pub du coin, mon premier jour de boulot consistait à m'occuper de soulager la police scientifique en faisant quelques analyses pour eux. En arrivant à l'hôpital tôt le matin on me consigna à un laboratoire privé dans un local séparé du bâtiment principal dans lequel il me fallait prendre mes marques et faire connaissance avec l'équipe. On commença par me briefer un peu sur les locaux et me dire que j'allais devoir me retrouver seul pour mon premier jour car les autres laborantins étaient soit en vacances, soit malade. Il n'y aurait donc qu'un interne qui me montrerait un peu où je devais trouver le matériel et l'utilisation des machines ainsi que le fonctionnement de la structure. Il fallait d'une seule fois pour m'expliquer tout ça. L'interne et la secrétaire étaient d'ailleurs assez agréablement surpris que je m'adapte si vite et me mette rapidement au travail sur les séquençages ou les analyses que je devais faire en me concentrant sur le plus urgent. Je pris donc le dossier avec l'échantillon que la police nous avait fait parvenir la veille pour m'y plonger en premier lieu. Il ne me fallu pas toute la journée pour effectuer le travail. J'avais les consignes sur cet échantillon et le minimum à savoir et cela m'allait très bien. Bien que je serais bien plus intéressé pour aider ces agents de l'ordre du mieux que je puisse. Le fait d'avoir eu l'accord d'être consultant scientifique pour la police m'allait très bien. Ça me changerait un peu de rythme. D'après les données sur l'échantillon c'était pour trouver des traces pertinentes et récupérer l'ADN sur des échantillons de cheveux.

Comment ça fonctionnait déjà ? Il fallait trouver dans le registre à qui l'ADN pouvait correspondre. Et utiliser le logiciel de l'ordinateur relié au réseau de la police je crois pour envoyer les résultats directement au labo de la criminelle... Dans tous les cas, je ne m'éternisais pas non plus là-dessus, j'étais plutôt du genre rapide puisque la science n'avait plus aucun secret pour moi. En quelques heures c'était bouclé, et je pouvais aller faire une pause et discuter avec la secrétaire et l'interne puis aller manger avec eux avant de retourner au travail et reprendre mes analyses diverses.

J'étais tellement pris dans mon travail que je n'avais pas fait attention à l'heure. A tel point que la secrétaire vint m'informer qu'elle n'allait pas tarder à partir, et comme je n'avais pas fini mon analyse je lui fis comprendre qu'elle pouvait y aller et que je fermerais en partant. Elle n'avait pas à se soucier de moi, je suis un grand garçon. Quelques instants plus tard, je cernais une conversation avec la secrétaire et une autre femme. Me demandant qui cela pouvait être avant que la porte ne s'ouvre pendant que j'étais au microscope en pleine analyse. Il y eu quelques minutes de silence avant que la jeune femme ne se manifeste pour attirer mon attention. Je levais la main pour désigner un bureau devant lequel se trouvait un siège.


« Prenez un siège Leddy~» Dis-je avec un léger accent écossais.

Je terminais mon analyse et rangeais les plaques étudiées dans une boîte stérile pour ensuite mettre le tout dans le frigo et lancer l'analyse sur l'ordinateur. Je me redressais pour observer la lieutenante. Plutôt petite mais je sentais qu'elle avait un certain caractère du charisme qui s'en dégageait. Et un regard me semblant bien strict pour un petit brin de femme comme elle. Mais je ne perdais certainement pas mon sourire malgré tout.

« Bonsoir, Docteur McLight... Enchanté également... » Après m'être lavé les mains je m'approchais pour lui serrer la main.

« Donc c'est vous le lieutenant Edwards qui pourrait m'en dire un peu plus sur les analyse que le commissariat a fait parvenir ? »

De manière joviale je souriais à la jeune femme en me dirigeant vers un autre bureau dans lequel était rangé une partie des dossiers en attente, à part se trouvait un tiroir pour les demandes expresses et confidentielles. Je sortais mes analyses et les emmenais vers le lieutenant pour les lui donner.

« J'ai retrouvé des traces d'huile de moteur, des micro-particules de métal, de l'aluminium et tout un tas d'autres choses que l'on trouve principalement dans des usines de métallurgie. Votre homme doit probablement venir de ce genre d'endroit. J'ai fait également une analyse de tous les types d'aluminium qui peuvent être usinés en ville et vous ai fait une liste des alliages les plus probables. Si mes recherches son exactes il devrait s'agir d'une usine de métallurgie aérodynamique.»

En gros ce genre de chose peut être trouvé dans des usines qui réparent des avions. Mais je n'en dis pas plus pour laisser un peu la lieutenant me donner son avis. M'appuyant contre le bureau en y posant une main comme appui, je plongeais mon regard d'un azur limpide dans le sien.

« J'espère que c'est ce que vous cherchiez, n'hésitez pas à me dire si vous avez besoin de plus de détails pour votre enquête. Si je peux vous être utile d'une quelconque manière je serais ravi de vous venir en aide. »

Sourire tendre et charmeur à l'attention de Miss Edwards. Autant le dire, je ne cherchais pas non plus à la draguer.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

L’accueil avant qu’elle ne se décide à parler après le raclement de gorge lui parut étrange. Il y avait un accent dans sa voix et elle ne savait pas trop d’où cela pouvait venir. Ce qui était sûr, c’est que la brune n’allait pas prendre place. Elle préférait de loin observer minutieusement les moindres faits et gestes du jeune homme, se rappelant de précieux souvenirs d’elle-même remontant à deux ans en arrière à peine. Et en même temps, cela faisait déjà presque deux ans qu’elle était passée lieutenante, délaissant son premier métier d’ingénieur dans la scientifique pour poursuivre la voie que son père aurait tant aimé arpenter. Son désir de rejoindre la scientifique était né d’une volonté de satisfaire ses deux parents. Il y avait plus dur comme métier à combiner qu’une chercheuse en biologie pour le privé et un agent de police. Si Hope avait décidé de changer pour poursuivre les criminels, cela était dû en partie à son père dont le meurtre n’avait jamais été résolu mais pas que. Au fond d’elle, elle avait une autre raison qui lui était plus propre, celle de vouloir rendre justice et d’aider ceux qui ne démarraient pas avec les mêmes éléments et les mêmes possibilités de vie entre les mains. Les gangs se régalaient bien trop de recueillir les enfants des rues qui n’avaient d’autres choix pour survivre que de tremper dans des activités illicites. C’était malheureux de devoir en arriver là mais elle était consciente du problème et des progrès nécessaires. Elle soutenait le foyer pour femme de Nailea pour cela, entre autres.

Le scientifique termina sa tâche puis se retourna pour lui faire face, plantant un regard presque inquisiteur sur elle. Etait-il surpris d’avoir à faire à une femme, jeune de surcroit ? Peu importait, elle était là pour les résultats et c’était tout ce qui l’importait. Même si elle devait reconnaître qu’un certain charme se dégageait de ses deux belles prunelles bleutées. La dépassant de deux bonnes têtes, la lieutenante se faisait surplomber par Kendall. Il la salua après qu’elle l’ait fait en se présentant, lui indiquant se nommer McLight. Il s’approcha pour lui serrer la main et lui répondit simplement, saisissant sa main. C’est alors qu’il lui posa une question qui la fit doucement sourire. Un bon scientifique était un scientifique curieux. Le docteur McLight ne semblait pas faire exception, voulant déjà en savoir plus sur une affaire de police qui ne le concernait en rien.

A vrai dire docteur McLight, nous nous étendons rarement sur nos enquêtes si nous voulons les résoudre.

C’était un premier avertissement donné avec le sourire. Elle ne pouvait avoir confiance en le premier venu pour lui balancer les éléments de son dossier, au risque d’avoir des fuites et de voir disparaître les suspects potentiels. Le beau brun avait beau être charmant voir plutôt attirant, cela n’allait pas délier la langue de la jeune femme. Elle le vit s’éloigner et le suivit de loin, le voyant chercher dans un bureau ce qui ressemblait à un dossier. Faisant demi-tour, il franchit les quelques mètres qui les séparaient pour lui remettre le fameux dossier qui devait contenir les éléments de ses analyses et ses conclusions. Que le tout soit déjà prêt était un bon coin pour le nouveau consultant. Ouvrant le dossier pour feuilleter les différents documents, elle écouta en parallèle les commentaires du scientifique. Le témoignage de la propriétaire avait révélé que les cambrioleurs qui l’avaient agressé étaient deux. Seulement, les indices récupérés sur les lieux n’avaient permis de retrouver que peu d’éléments liés à l’ADN des coupables. Les recherches du docteur McLight avaient été poussé un minimum et ça, Hope ne pouvait nier qu’elle appréciait le temps précieux qu’il allait lui faire gagner. Les analyses étaient loin d’avoir été bâclés au vue des documents qu’elle faisait défiler sous ses yeux.

Ca me donne un très bon point de départ. Merci docteur McLight. Au vue de la quantité des traces trouvés, on peut supposer que c’est une usine qui ne fonctionne plus et non un employé actif.

La dernière remarque était plus pour elle que pour lui. La brune savait déjà qu’elle allait devoir aller chercher parmi les gangs du port qui résidaient dans les usines désaffectées. Le regard de son interlocuteur était perçant. Cherchait-il à la tester elle aussi ? Se rendait-il compte qu’il n’avait rien à y gagner mais qu’il pouvait y perdre beaucoup. Continuant de lire le rapport accompagné des résultats des analyses, le jeune homme ajouta vouloir l’aider si jamais il pouvait se rendre utile, d’une quelconque manière que ce soit.

Avez-vous passé l’ADN du cheveu dans la base de reconnaissance ? Je vois là que vous avez récupéré une trace d’ADN partielle ne correspondant pas à celle du cheveu. Vous avez vérifié qu’il ne s’agissait pas de celle de la victime ?

La question était un peu piège. Non, à vrai dire, c’était carrément moqueur. Hope savait parfaitement qu’il ne savait pas de quoi relever l’affaire. Elle venait à l’instant de lui apprendre qu’il y avait potentiellement deux suspects et surtout qu’il y avait une victime. La lieutenante ne lui avait pas dit toutefois que la victime était toujours en vie, n’ayant été que agressée. Comment allait réagir le docteur McLight face à cette question ? Elle était curieuse de voir sa réaction, sentant le scientifique prêt à s’investir, peut-être un peu trop. Toujours aussi méfiante, elle testait le scientifique pour voir si sa curiosité était purement de l’intérêt pour son travail ou de la curiosité mal placée.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

«Oui, c’est évident… Moins vous donnez d’informations sur l’enquête plus vite vous pouvez arrêter les suspects. Navré... Je comprends votre position.»

Léger haussement d’épaule tout en croisant les bras contre moi. Cependant, j’étais attentif aux paroles et à la réaction de la jeune femme. J’avais beau être consultant et biologiste, en tant que médecin j’avais fait ce serment que les humains appellent le serment d’Hippocrate. L’obligation de garder un secret professionnel et médical sur ses patients. Donc bon… Je suis un homme de parole, et je ne suis certainement pas du genre à mettre des bâtons dans les roues des forces de l’ordre. Mon but n’est pas tant de me les mettre à dos, au contraire.

une fois la jeune femme en possession du dossier du généticien, ce dernier vint s’appuyer contre le bureau d’une fesse, croisant les bras contre lui tout en observant un peu plus le lieutenant qui étudiait son dossier. Analysant l’attitude de la lieutenante, Kendall ne put que constater son sérieux et sa façon de raisonner selon les détails du dossier qu’il lui avait fourni. Sa main gauche se leva pour attraper son propre menton dans une réflexion légère. Sourcils légèrement froncés, Kendall assimila ce que la jeune femme dû se dire pour elle-même. Un employé actif était, au contraire bien plus susceptible d’avoir des particules de métal dans les cheveux et de l’huile de machine lui permettant d’usiner. De plus, le docteur McLight avait reconnu certaines molécules ainsi que l’état du cheveu analysé laissaient sous-entendre que le suspect semblait également être un habitué de certaines drogues.

«Il y avait autre chose aussi…» Je laissais un temps de pause, baissant les bras calmement pour les appuyer derrière moi, sur le bois laqué du bureau, une jambe croisée contre l’autre, levant ma main pour tourner les pages du dossier sur une liste des composants du cheveu. «J’ai retrouvé des traces de drogue, l’état du cheveu est un des signes primaires de l’utilisation plus ou moins constante d’une substance illicite. Je dirais qu’il s’agit d’une substance herbacé similaire à du cannabis, mais les particules qui le composent sont encore différentes.»

C’est dingue tout ce qu’on peut trouver sur des cheveux, notamment de l’ADN et ça, tout être vivant en est composé, et je dois bien admettre avoir légèrement triché sur certaines analyses. Afin d’être efficace et surtout rapide, j’ai dû me baser sur des composantes de révélation un peu plus sophistiquées que ce que les hommes nous fournissent. Rien de bien extraordinaire en soi, je me suis contenté d’associer certains révélateurs naturels ; chose qui réduit considérablement le délai d’attente pour certaines analyses. La question me surprit un tantinet, je me redressais calmement et regardais la demoiselle tout en écoutant un peu ce dont elle me parlait. Est-ce qu’elle était en train de me mettre à l’épreuve ou c’était une question des plus innocentes ? Mon regard n’était pourtant pas dur mais il avait un côté perçant à cause du bleu parfois sombre, parfois clair selon la luminosité.
«Vous n’avez pas reçu les fichiers que j’ai fait parvenir au labo de la criminelle, Inspecteur ? Je n’ai commencé que ce matin, j’ai peut-être oublié de faire une manipulation pour vous les transmettre, ceci-dit…» Même si c’est impossible que j’ai fait un erreur ou n’ai pas envoyé convenablement les registres trouvé à partir de mes analyses ADN. «En effet, la trace d’ADN retrouvée sur les cheveux correspond à un fragment d’ongle, probablement celui de la victime si les cheveux que vous avez fait parvenir ont été retrouvés sous les ongles de celle-ci. Il n’y a pas eu de mort au moins ?»

Je prenais une mine contrite et me redressais sur mes jambes tout en me déplaçant les mains dans le dos. Attentif et à l’écoute si le lieutenant Edwards s’adressait à moi. Je faisais le tour du bureau pour m’assurer que l’envoie avait bien été effectué à la criminelle du commissariat. Ne laissant entendre que les clics de la souris et le froissement de mes vêtements lorsque je me penchais sur l’appareil. Mmh… quelque chose m’agaçait légèrement. Pris dans mes réflexions, je relevais les yeux sur Edwards et fronçais les sourcils.

«Vous n’avez prélevé que des cheveux sur les lieux ? Il s’agit d’une effraction ? Il y avait peut-être des traces du délit, d’une façon ou d’une autre des signes, des traces qui permettent d’ouvrir un lieu dont on n’a aucune clef. » Je me redressais et tournais l’écran d’ordinateur vers la lieutenante. « Voici ce que l’analyse des données ADN a trouvé dans les registres de la police. Voulez-vous que je vous les imprime ? »

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

Si le docteur ne semblait pas avoir réfléchi à la question de la confidentialité pour le respect des victimes mais également le bon déroulement de l’enquête, il prit la remarque de la brune très au sérieu, s’excusant pour son questionnement. Le charme de l’homme adoucissait petit à petit la lieutenante qui commençait doucement à se laisser convaincre de son honnêteté et de sa volonté de bien faire. Elle ne pouvait pas vraiment remettre en question son professionnalisme en même temps vu le comportement qu’il avait depuis son arrivée. Avec une si faible quantité d’huile d’usinage, elle était prête à parier qu’il s’agissait d’une usine désaffectée plutôt qu’une usine encore en fonctionnement. A Philadelphie, les usines tournaient à plein régime et sur une autre affaire, elle avait déjà eu l’occasion de réaliser elle même des tests pour analyser cette huile parmi des employés en activité. En même temps, les usines désaffectées servaient autant de repères pour des gangs que de squats pour certains sans-abris. Mais si la liste des suspects allait être longue, elle était devenue bien plus restreinte que l’intégralité des habitants de la ville. Kendall s’était installée comme chez lui, décontracté, alors qu’elle commentait ce qu’elle voyait défiler sous ses yeux. Il voulut alors attirer son attention sur un autre point non négligeable. Le type qui avait laissé un cheveu sur les lieux du cambriolage était un drogué. Evidemment, les explications scientifiques qu’il lui donna pour qu’elle comprenne mieux les résultats qu’elle n’avait pas encore vu n’étaient pas nécessaires mais elle n’en dit mot. Après tout, ses collègues avaient beau avoir l’habitude, ils n’étaient pas des scientifiques de base et appréciaient probablement ce genre de compléments d’informations. Un coup d’oeil vers le docteur fit comprendre qu’elle appréciait ses explications succinctes et compréhensives pour n’importe quel novice. Reportant ses perles azurées sur le dossier, ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle vit le début de composition de la drogue détectée, réalisant qu’elle-même avait déjà croisé ce type de composition quelques années plus tôt, lorsque la Gitche avait fait son apparition. Si cette drogue était assez inoffensive au niveau des effets secondaires, elle devenait inquiétante au vue du développement de son commerce et de l’argent brassé par le marché noir grâce à cette dernière. Elle ne put s’empêcher de murmurer instinctivement :

Je connais cette composition.

Evidemment, si le docteur McLight était arrivé récemment en ville, il n’avait peut être pas encore entendu parler de la Gitche. Même si elle était beaucoup connu à Philadelphie, elle commençait tout juste à se répandre en dehors de la ville. C’est alors que Hope lui demanda si l’ADN trouvé avait été passé au crible dans la base de données, des fois qu’elle est un peu de chance et que cette enquête puisse être bouclée rapidement. La réaction du scientifique la laissa dubitative. A priori, il avait bien fait la manipulation pour transmettre les résultats. Sauf que s’il l’avait fait après qu’elle ait quitté son bureau dans la matinée, elle risquait pas d’être allée voir, n’ayant pas consulter ses e-mails depuis. Kendall semblait s’être pris un coup de speed ou plutôt un coup de stress avec la question de la jeune femme. Le beau brun lui parla alors de l’ADN lié à un fragment d’ongles retrouvé sur le cheveu, lui faisant écarquiller les yeux. Bordel, aurait-elle de la chance à ce point pour avoir un second ADN, potentiellement celui du second cambrioleur ? Faisant ses propres conclusions, il pensait qu’il s’agissait de la victime. Hors cette dernière s’était faite assommée par derrière avec effet de surprise ce qui garantissait l’absence de réaction envers son agresseur de sa part. Sa question la chagrina un peu, semblant avoir déjà oublié qu’elle ne pouvait lui communiquer aucune information sur l’affaire. Un rictus sur son visage montra à quel point elle semblait un tantinet déçue qu’il est déjà oublié.

Je ne peux pas répondre à cette question. Par contre, il me faut les analyses de ce second ADN. Les suspects étaient plusieurs, c’est une piste non négligeable. Vous pensez pouvoir m’avoir les résultats sous combien de temps ?

Elle vit alors le docteur McLight faire le tour de son bureau pour s’installer derrière l’ordinateur. Concentré sur sa souris et son écran, la brune en profita pour continuer de zieuter les derniers éléments du dossier. Il n’y avait pas à dire, le travail était tout de même de bonne qualité avec des résultats rapides de surcroît. Peut-être bien qu’il pouvait être un renfort utile pour la police après tout. Le voyant relever ses yeux sur elle, ses prunelles azurées vinrent se planter dans le regard de Kendall, se demandant ce qu’il avait pour agir et réagir de la sorte. Il commença à questionner la façon dont les prélèvements sur la scène du cambriolage avaient été fait mais également si d’autres éléments avaient été trouvé en cas d’effraction. Ces questions étaient un poil étranges mais surtout dérangeantes. Il semblait remettre en cause le professionnalisme de la personne qui avait relevé les indices, c’est-à-dire elle-même. Hope ne déléguait jamais cette tâche, jugeant qu’elle faisait partie des plus aptes pour le faire au vue de ses antécédents professionnels. C’est alors qu’il orienta l’ordinateur vers elle. Se rapprochant, elle s’installa de biais sur le bord du bureau tout en observant l’écran. Le premier cambrioleur était connu des services de police pour de petits délits.

Non pas besoin d’y imprimer, j’y récupèrerais au poste demain docteur McLight. J’aimerais revenir sur votre question concernant le prélèvement de cheveux sur les lieux.

Marquant une pause, orientant son regard bleu droit dans les prunelles similaires de son interlocuteur, refermant le dossier, la lieutenante reprit à moitié amusée et à moitié sérieuse presque vexée.

Sachez que les indices d’une même enquête sont toujours remis à un seul expert scientifique. On demande un second avis dans certains cas mais pour que les liens logiques puissent être fait au mieux et au plus vite, on préfère qu’un seul analyste se charge des indices d’une affaire. Aussi, dois-je comprendre que vous pensez que le prélèvement a été endommagé ou malmené avant d’arriver jusqu’à vous ? Ou peut-être pensez-vous que la personne aurait dû vous rapporter plus d’indices à analyser ?

La scène du cambriolage avait été passé au peigne fin et comme il s’agissait de véritables experts, le fait d’avoir trouvé un cheveu était déjà une prouesse en soit.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie


Kendall observa la réaction de la jeune femme quand il lui montra la composition du cheveux en rapport avec une prise de drogue. Il nota précieusement cette information, si la composition de cette drogue était connue des services de la police, cela voudrait dire qu'elle commence à faire son marché et que le scientifique allait probablement en revoir la composition. Il pourrait tenter d'en trouver toutes les molécules et de pousser ses analyses au delà des connaissances humaines si tant est qu'il puisse expliquer la chose aux autorités de façon rationnelle et pragmatique. S'il expliquait qu'il avait usé d'un quelconque savoir d'un autre plan on risquait de lui rire au nez et de l'interner. Quoiqu'il en soit, le généticien avait posé une question qu'il n'aurait pas dû poser car il savait qu'il n'aurait pas obtenu de réponse. Il se contenta de glisser son index et son majeur gauches sur ses lèvres entrouvertes tout en analysant l'attitude contrariée de la jeune femme. Il releva pourtant une chose.

«Me dire qu'il y avait plusieurs suspects sur les lieux relève d'une information plutôt importante. En même temps, cela ne regarde que vous. Sachez que je sais tenir ma langue, inspecteur. »

Même si j'ai tendance à faire l'idiot en compagnie de certains dieux ou mon groupe de musique. Le travail est une façon radicale de calmer mes ardeurs et me montrer sage. De plus ça me fait travailler mon cortex. Mais venons en aux faits. Deux suspect, deux ADN, et la victime ne semble pas faire partie des données pour l'inspecteur. Donc, cela voudrait bien dire qu'ils étaient au minimum deux à agir. Et quand je vois que la jeune femme semble légitimement contrariée par les questions que j'ai continué de poser je ne peux que comprendre que c'est elle qui s'est chargée de récupérer les indices. Je me redresse de mon siège calmement tout en jaugeant son état, ses yeux plongés dans les miens, j'esquissais un sourire.

«Je ne doute pas de vos capacités pour avoir récupéré d'infimes détails pour votre enquête. Je cherche à vous orienter sur certains faits. On oublie souvent de regarder ce qui se cache sous le lit quand ça gratte dans le placard et que la curiosité nous pousse à aller y jeter un oeil. Je ne me pose pas de question, je les pose pour que vous trouviez des pistes. Parfois la réponse se trouve sous l'évidence même. Juste là... » je posais mes mains sur le bureau et les glissais de part et d'autre des extrémités du meuble. «Sous nos yeux...» Puis je faisais ensuite claquer mes mains sur mes cuisses et me redressais assez subitement. Peut-être que je venais de surprendre l'inspecteur. Un sourire torve et amusé étirant la commissure de mes lèvres.

«Je me doutais que vous auriez aimé avoir les détails sur l'ADN de ce fragment d'ongle. J'ai déjà procédé à l'analyse et les données sont toutes dans le dossier que je vous ai donné. Reste encore quelques révélateurs pour ce qui est du fragment et je dois encore terminer quelques détails. Mais ça devrait être prêt d'ici demain matin ou dans la nuit. Cela met un peu plus de temps avec le matériel que j'ai ici.»

Je faisais glisser mes doigts sur le bois du bureau et revenais me poser non loin d'elle, appuyé contre le meuble, bras croisés et me penchant légèrement vers ce petit brin de femme de caractère.

«Est-ce que l'inspecteur Edwards est susceptible de boire un thé ou un café ce soir ? Comme c'est un peu une première pour moi, est-ce que vous seriez d'accord pour me dire comment je dois procéder avec vous...»

Non, pas en termes de drague. Plutôt en rapport avec mon travail comme consultant bien entendu. J'avais un doux sourire et montrais mes quenottes blanches tout en me redressant.

«Je parle bien entendu de m'expliquer le fonctionnement de l'entente entre un consultant et les agents qu'il est susceptible d'aider. Indubitablement, ce n'est qu'à titre professionnel. »

Tant pis si mon côté direct peut être mal interprété. Je n'avais l'intention de l'inviter à boire un thé que parce-que j'étais intrigué et curieux de faire plus ample connaissance avec l'inspecteur. Et en même temps si je pouvais savoir quelles sont les limites de notre collaboration, ce qu'il faut faire ou ne pas faire ça m'aiderai à savoir comment les choses fonctionnent ici. En Ecosse ou en Irlande, et même en France ce ne sont pas les mêmes procédures.

« Enfin, je comprendrais si vous n'avez pas le temps pour ça. Si oui, je m'en vais vous apporter ça. »

Eh bien quoi ? Elle pensait que j'allais l'inviter à boire un verre dans un autre endroit ? Eh bien je ne voudrais pas être désobligeant. En plus il y a une petite cuisine avec tout à disposition.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

La Gitche était à présent connue depuis quelques années à Philadelphie. Moins dangereuse que les autres drogues connues, elle devenait de plus en plus inquiétante tout de même du fait de sa propagation importante et du marché noir qui s’enrichissait considérablement. Si on arrivait à présent à la distinguer des autres drogues lors des analyses toxicologiques, personne n’avait encore réussi à découvrir l’intégralité de sa composition. Contredisant le généticien, le remettant à sa place pour la question qu’il n’aurait pas dû poser, ce dernier chercha à jouer au plus fin en lui précisant qu’il garderait le secret concernant l’information qu’elle lui avait dévoilé. Un fin sourire apparut sur le visage de la brune tandis que ses yeux scrutaient le visage de son interlocuteur qui semblait être en pleine réflexion. Sa remarque était à la fois justifiée et drôle. Mais surtout, elle était en partie erronée car même s’il avait compris ses paroles dans le bon sens, elles auraient pu être interprétée autrement. Et puis, ce simple indice ne l’aiderait pas à faire le lien avec l’affaire sur laquelle ils travaillaient en collaboration.

Les suspects étaient plusieurs Mr Mc Light car j’en ai déjà rayé de la liste. Cela n’implique pas qu’ils étaient plusieurs sur les lieux pour autant. Et même si cela était le cas, ne pas savoir ni ce qu’ils auraient pu faire, ni où, ni quand ne vous donnerez pas grande matière pour savoir sur quelle enquête vous travaillez.

C’est alors que le jeune homme qui lui faisait face commença à questionner l’inspection des lieux, remettant en question de par le choix de ses mots la façon dont les prélèvements avaient été fait. De toute évidence, il n’était pas satisfait de la quantité d’analyses et donc d’échantillons qu’il avait pu obtenir pour participer à cette enquête. Les cambrioleurs qui avaient agi étaient des professionnels. La porte avait été fracturé avec le minimum de bruits possibles, ils portaient obligatoirement des gants pour n’avoir laissé aucune empreinte nulle part et ils étaient préparés, vu le temps qu’ils avaient mis à vider les lieux de leurs objets de valeur. La chance que la police avait eu dans l’histoire, une malchance pour la propriétaire, c’est que cette dernière était rentrée plus tôt que d’habitude du travail, tombant nez à nez avec les cambrioleurs et les obligeant à improviser. C’était probablement ce passage qui avait permis de récupérer un cheveu. La victime n’avait même pas eu le temps de les voir et sûrement que si cela avait été le cas, elle aurait uniquement pu dire qu’ils étaient cagoulés. C’est alors qu’il sembla faire comme des excuses pour le fait qu’il avait critiqué son travail, sans savoir si elle était responsable ou pas d’ailleurs. Se relevant de son siège, un petit sourire aux lèvres qui faisait ressortir son charme naturel indéniable, Kendall cherchait à priori à passer de la pommade sur potentiellement le seul lieutenant qui s’en moquait royalement. Elle n’était jamais sûre d’elle, c’était un fait indéniable qu’elle dissimulait relativement bien aux yeux des autres. Mais elle était bien la seule à pouvoir se remettre en question jusqu’à se ronger le sang. La jeune femme ne se laissait pas démonter ou impressionner facilement, c’était ainsi qu’elle en était arrivée où elle en était aujourd’hui après tout. Dans tous les cas, le petit numéro du beau brun lui arracha un sourire moqueur. Il avait tout de même de la chance que Severus Porcius Cato n’ait pas envoyé un autre lieutenant pour le tester, un qui lui serait probablement rentré dans le lard dès le premier faux pas.

Pas de soucis si ça attend que demain matin, je risque de passer la soirée au poste de toute manière.

Il avait une attitude très sérieuse en temps normal mais il semblait aussi se laisser aller à une façon d’être plus décontractée, limite dragueuse par moment. A croire que la police aimait avoir des consultants plutôt farfelus. Mais bon, elle préférait de loin la façon d’être du docteur McLight à celle de Hellking. Bien que, la proximité qu’il commença à mettre entre eux la mettait mal à l’aise. Certains hommes avaient un genre de magnétisme qui attirait les gens à eux et qui la mettait particulièrement mal à l’aise. De plus, le beau brun la surplombait d’à peu près deux têtes, ce qui n’était pas rien. C’est alors qu’il reprit la parole de manière très maladroite concernant le choix de ses mots. A quel moment lui avait-elle laissé entendre qu’elle pourrait être intéressé par lui ? Puis, après lui avoir adressé un sourire à moitié moqueur, il précisa le fond de sa pensée qui la rassura un peu même si Hope restait sur ses gardes, méfiante comme à son habitude à la moindre occasion. Laissant un temps supplémentaire, Kendall en profita pour préciser qu’il comprendrait si elle n’avait pas le temps mais que sinon il irait leur chercher le nécessaire. Il ne s’agissait donc pas de sortir du laboratoire en sa compagnie ce qui renforça le côté professionnel de sa demande.

Va pour un café. Ca m’aidera à tenir la nuit au commissariat.

Le voyant partir dès qu’elle eut acceptée, elle soupira, se sentant plus à l’aise après l’éloignement physique de leur deux corps, la brune se replongea dans la lecture du compte-rendu et des résultats liés à son enquête. Il était peu probable que le second ADN soit différent du premier en soit. Il ne pouvait appartenir à la victime d’après ses explications sur ce qu’il s’était passé. Aussi faudrait-il un certain lien de proximité entre les deux cambrioleurs pour que le second ait passé sa main dans les cheveux du premier. Cela n’était pas négligeable pour autant c’est pourquoi Hope avait hâte de voir ce qu’il en était. Et puis, même si la personne dont l’ADN était identifié n’avait pas été sur les lieux, cela signifierait qu’elle était en contact avec le premier cambrioleur, cela resterait donc un indice plutôt intéressant. Déposant le dossier refermé à côté d’elle, elle entendit le généticien revenir et attrapa la tasse fumante qu’il lui tendit.

Je vous remercie.

Soufflant délicatement sur le breuvage noir, elle releva son regard sur le jeune homme pour commencer ses explications.

Je ne pense pas avoir la science infuse à ce sujet et c’est la première fois que je juge d’un nouveau consultant. Aussi ne suis-je pas forcément expérimentée en la matière. Pour autant, mon chef ne vous a pas mis sur une de mes enquêtes au hasard, je pense que vous pouvez aisément comprendre qu’il ne peut pas laisser n’importe qui s’approcher des dossiers de la police ainsi.

Marquant une pause, soufflant à nouveau sur son café et se risquant à une petite gorgée bien chaude, Hope reprit en reportant à nouveau son regard azuré dans celui de son interlocuteur.

Je suis lieutenante depuis bientôt deux ans. Avant cela, j’étais ingénieure au sein de la scientifique, à faire ce que vous fesez. Aussi les protocoles, je les connais assez bien même si je ne les pratique plus depuis presque deux ans.

Un petit sourire au coin de ses lèvres, elle laissa le temps à Kendall de comprendre l’ampleur de ses mots.

Je n’ai strictement rien à faire des commentaires que vous pourriez faire sur ma manière d’analyser une scène de crime. Cela ne sera pas le cas pour tous mes collègues avec qui vous allez certainement être amené à travailler. Beaucoup de personnes n’aiment pas que l’on juge leur travail et pour eux, vous êtes celui qui doit faire ses preuves et non l’inverse. Si vos conseils sont judicieux, essayez en tout cas de les tourner différemment pour ne pas faire ressortir le jugement qui peut s’y trouver.

Son sourire était plutôt agréable, rassurant et non moqueur ou vicieux. Hope n’avait rien à gagner à être désagréable avec lui. Il avait l’intelligence de vouloir comprendre comment cela fonctionnait pour s’intégrer aux rouages déjà en place. Elle en connaissait un qui ne s’était clairement pas inquiété de cela.

Par contre, concernant vos explications sur vos résultats, continuez ainsi. Beaucoup si ce n’est tous ne connaissent pas la facette scientifique des analyses. Hors cela peut pousser sur des pistes qu’ils n’auraient pas imaginé. Vous faites un travail de qualité et complet ainsi.

Reportant son attention sur son café, le laissant digérer ce qu'elle avait pu lui dire afin de lui poser des questions si certains points restaient troubles, elle souffla à nouveau sur sa tasse avant de boire un peu de ce délicieux nectar qui allait très certainement lui tenir compagnie toute la nuit.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

Il semblerait en effet que l’inspecteur ne se laisse pas si facilement influencer, ni même avoir d’une quelconque manière que ce soit. Elle a l’air également remarquablement forte spirituellement. Rien qu’au caractère qu’elle met en valeur ici même et en ma présence, je ressens cette ferveur et cette droiture de la part de ma comparse. Un regard dans sa direction, et voilà qu’elle m’expliquait qu’il ne s’agissait pas exactement d’une information si importante. Et elle avait raison du les points qu’elle soulevait. Avec le peu d’informations que je possédais de sa part, je ne risquais pas de relier quoique ce soit à son enquête. Mais, il valait mieux éviter de me sous-estimer, surtout ma curiosité.  C’est pourquoi nous passions à un autre sujet après lui avoir donné une certaine approbation sur ses propos. Notre discussion fut relativement houleuse quand, en me questionnant sur les procédés pour la récupération des preuves, ne sembla pas réellement plaire à ma collègue. D’où mes explications suivantes sur ma manière de procéder.

«Vous aussi vous êtes une créature de la nuit ?» Dis-je sur un ton sérieux sans pour autant montrer un infime sourire.

C’était une plaisanterie de ma part, mais, n’ayant pas énormément besoin de beaucoup d’heures de sommeil, j’avais tendance à me laisser submerger par les heures de travail.
Quand Kendall lui proposa de boire quelque chose alors qu’il s’était rapproché un peu d’elle, il senti sans réelle contrainte la tension de la jeune femme. Et par son regard méfiant, le chercheur s’était contenté de l’observer tout en se redressant, justifiant qu’il ne l’invitait pas pour un rancart et qu’il n’était pas non plus en train de la draguer. C’est pourquoi il avait dû préciser les choses afin de la mettre un peu plus à l’aise. Il la sentait méfiante et il n’était pas impossible que cette femme lieutenant en ait vu durant son service. Et vu comment lui il ressentait la présence des autres divinités, il était probable que le lieutenant Edwards ait été touchée sans même le savoir. Alors quand elle accepta de prendre un café, le généticien s’éloigna d’elle, s’éclipsant dans la petite cuisine en arrière salle afin de préparer un café avec la plus fine expertise. Comme s’il avait affaire à une manipulation délicate de génétique. Un véritable alchimiste. Il s’était pris, pour sa part, un thé à la bergamote et une fois le tout préparé soigneusement et de manière à ne pas dénaturer le goût du café ou du thé, il rapporta la tasse fumante et chaude à la jeune femme.

«Je l’ai corsé un peu histoire qu’il vous tienne au corps un moment.»

Les vrais adeptes de café savaient apprécier ce dernier sans lait ni sucre. Et pour le thé, c’était la même chose. Je me contentais par la suite de poser une fesse sur le bureau pour boire avec délicatesse une gorgée de mon thé après avoir soufflé légèrement sur le liquide chaud contenu dans la tasse en céramique. Mes yeux se portèrent sur la lieutenante quand elle commença ses explications. Personne n’a la science infuse, pas même moi. C’est ça qui est le plus agréable et insatiable, le savoir est, tant que le temps et les civilisations continueront à évoluer, intarissable. Il y aura toujours des choses à apprendre, à faire, à découvrir. Et ce savoir à bien des générations continue de perdurer et coule en moi. Alors, à ses propos, une lueur intensifia mon regard sous les néons de la pièce. Et mon regard, pourtant doux, restait ancré sur la jeune femme. Chose qui, j’en étais conscient, pouvait la mettre mal à l’aise.

«Evidemment, mais si votre chef m’a accordé d’être consultant ce n’est certainement pas pour rien. Je ne me jette pas des fleurs, mais je tiens à vous le dire, je suis un homme de parole.»

Je portais ma tasse à mes lèvres pour boire une nouvelle gorgée de thé et l’abaissais en prenant appui contre mes cuisses. Un sourire bref illumina mon visage face à la description de Hope. Je comprenais largement mieux pourquoi elle était compréhensive vis-à-vis du travail de scientifique pour la criminelle. Voilà pourquoi il me serait utile d’avoir leur façon de procéder et les protocoles qu’ils utilisent. Je suis venu comme consultant en connaissance de cause, et pas par amusement. Même si je dois bien admettre que je suis quelqu’un qui m’adapte très rapidement et qui apprend vite. Il me suffit tout simplement de combiner quelques connaissances et les adapter aux nouveautés rencontrées. Rien de bien sorcier en soi. Deux ans, ce n’est rien pour moi, deux secondes à peines qui peuvent s’avérer pleines de rebondissements. Alors forcément, pour une humaine ça paraît beaucoup. Elle n’a pas dû avoir des moments faciles, et je puis presque certain qu’en dehors de son travail elle serait moins décoincée. Quand elle se décida à s’expliquer sur ma façon de voir les choses et mes commentaires sur sa façon de travailler, un sourcil se redressa sur une mine étonnée. Légèrement sceptique sur ses propos, je me devais également de mettre les choses au clair à ce sujet. J’effectuais un bref mouvement en avant tout en faisant rouler les muscles de mes épaules.

«Voyez-vous lieutenant…» Je tournais la tête pour regarder mon geste; déposant ma tasse sur le bureau avec calme. Revenant plonger mon regard dans le sien je repris. «J’ai pour principe de ne jamais juger. Pardonnez-moi si mes propos ont pu vous offenser, de fait. Sachez simplement que j’ai parfois tendance à avoir un parler franc, sans forcément mesurer l’ampleur de mes mots qui peuvent blesser l’égo de certains plus que d’autre. Mais je prends note de cela. Sachez surtout que si je vous avais posé ces questions, ce n’était en aucun cas pour remettre en question le travail que vous avez pu effectuer, ni celui d’un autre.»

Un tendre sourire à l’attention de la jeune femme. Et me voilà reprendre ma tasse de thé pour, de nouveau, boire une gorgée chaude qui descendit le long de ma trachée. Appréciant la chaleur qui se répandait en moi.

«Je me suis légèrement emporté dans mon enthousiasme à  tenter de vous venir en aide…»

Si bien que Lugh avait souvent tendance à se laisser submerger par sa volonté d’aider, d’approfondir ses connaissances et de pouvoir aider les hommes d’une quelconque manière que ce soit. Quelque part, c’était une forme d’égoïsme car, en faisant ça, la reconnaissance qu’on aurait pour lui n’aurait bon que de lui donner une satisfaction personnelle. Et en même temps, il n’allait pas le nier, il apprécierait avoir des disciples qui sauraient braver le temps et évoluer avec lui, pourtant il n’était pas quelqu’un qui s’attachait indéfiniment. Autrefois roi, désormais scientifique pour le compte des humains, il était loin de sa glorieuse époque. Relevant de nouveau la tête sur le lieutenant Edwards, Kendall afficha un sourire franc quant aux compliments qu’elle lui faisait pour son travail. Il porta sa tasse à ses lèvres, cachant son sourire derrière pour boire encore une gorgée de thé et baissant le regard afin de ne pas montrer cette lueur divine dans ses yeux. Reprenant son calme intérieur, le généticien releva la tête en direction de sa comparse.

«Je ne dois cela qu’à ma lumière, lieutenant…» Avant qu’elle ne se pose des questions, je repris après avoir reposé ma tasse. Changeant de jambe pour appui. «J’ai le mérite d’avoir pu étudier à l’académie d’Inverness, puis au Londinium Imperial Collège. Donc… si mes analyses peuvent vous être utiles et que vous en appréciez la qualité, je continuerai comme ça.»

Léger sourire et me voilà avoir la bougeotte, récupérer ma tasse pour changer de position et me mettre un peu plus à l’aise en me levant dans la pièce, m’étirant un peu tout en gardant mon thé entre mes mains. Je regardais le microscope sur l’établi tout en tournant le dos à la jeune femme. J’étais en train de me dire que cela pourrait être intéressant si elle me donnait un petit coup de main pour le révélateur sur le fragment d’ongle en question. Je plissais les paupières puis fermais les yeux avant de revenir sur Hope et la regarder.

«Vous allez travailler sur l’enquête ce soir ? Je me demandais si vous ne seriez pas tentée de m’aider pour l’analyse de ce fragment d’ongle.»

Ca pourrait être plutôt intéressant que de me tester et me voir travailler et travailler avec moi. Mais je devais mettre un point d’honneur tout de même.

«En revanche je préfère vous prévenir, je suis très exigent dans mon travail.»

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

Cela m’arrive en effet.

La proximité entre eux était gênante, dérangeante même. Le beau brun avait un charismequi lui rappelait vaguement des sensations famillières. Le fait qu’il s’éloigne un moment pour préparer leur boisson chaude n’était pas un mal, bien au contraire. Lorsqu’il fut de retour dans la salle, elle accueillit la tasse et la remarque du laborantin avec le sourire. Effectivement, cela ne lui ferait pas de mal. Si la pause lui avait permis de reprendre du poil de la bête, le regard bleu intrusif et persistant de son interlocuteur était assez troublant. Cela n’empêcha pas la lieutenante de rester focalisée sur son idée, sur son fil rouge, et de dérouler petit à petit ses idées. Evidemment, la première était liée au fait qu’il ne s’était pas retrouvé sur l’une de ses affaires au hasard. Hope était la plus apte à juger de son travail et de son sérieux, connaissant son travail pour l’avoir elle-même exercée il n’y a pas si longtemps. Sa remarque sur le fait que son chef lui avait accordé d’être consultant non sans raison la fit doucement sourire.

Oh vous savez, même les chefs commettent des erreurs. Ils restent humains après tout.

La réplique qui venait de franchir ses lèvres était doublement ironique entre la présence de Luc Hellking dans les rangs des consultants malgré son incapacité et sa stupidité légendaire mais également au statut de Severus dont la jeune femme ignorait la véritable identité. C’est alors qu’elle lui expliqua pourquoi elle avait été désigné pour juger de son travail. La jeune femme enchaîna ensuite sur le fait que les commentaires émis par le docteur McLight pouvaient être très mal interprétés. Elle s’était un peu détendue au fil de ses interventions, laissant son esprit être focalisé plus sur ce qu’elle racontait que sur la présence du beau brun aux yeux bleus à côté d’elle. Evidemment, échapper à ce grand regard azur était moins aisé dès lors que c’était lui qui avait la parole et qu’elle devait se concentrer sur ce qu’il avait à dire. Toutefois, le fond de ce que voulait lui transmettre Kendall arriva bien jusqu’à son cerveau, la faisant à nouveau doucement sourire. Son aide pourrait finalement se révéler très utile pour les services de police à la longue, si toutefois il poursuivait son travail de consultant. Elle ne voulait pas jeter la pierre à ses anciens collègues mais ils étaient très souvent dépassés par la quantité de travail et recruter définitivement des membres de la scientifique ne se faisait pas du jour au lendemain, elle en savait quelque chose.

Ne vous inquiétez pas. Je ne vous accusais pas de me juger. Simplement, la façon dont vous avez apporté votre questionnement pouvait tout à fait laisser croire que c’est ce que vous faisiez. C’est d’autant plus dommage à partir du moment où là n’est pas votre intention.

Les compliments qu’elle lui fit par la suite n’avaient nullement pour but de le brosser dans le sens du poil. Si Hope ne craignait pas de dire ses quatre vérités à une personne, elle n’était pas du genre à dissimuler les bons points. De son point de vue, soit on osait tout dire à une personne, le bon comme le mauvais, soit il fallait mieux garder le silence. Après, il était certain que selon la personne qui faisait face, la liste des bons côtés pouvait être plus longue que celles de mauvais et inversement. La chaleur et le goût amer du café étaient ce qui rattachait le plus la jeune femme à cette réalité tandis que les grands yeux bleus charmeurs et scrutateurs de son interlocuteur de cesser d’être rivé au fin fond de son propre regard. Ce dernier se mit à lui expliquer ce qui faisait la qualité de son travail, expliquant le parcours qu’il avait suivi, mettant sa réussite sur le compte de grandes écoles. Elle n’était pas de ceux qui regardaient les diplômes. Elle même avait fait ses études sur Philadelphie dans une école respectable mais pas renommée, cela ne l’empêchait pas d’avoir fait de l’excellent travail au sein de la scientifique.

J’espère bien. Votre réussite n’ait pas dû au nom d’une école. Les lieux d’enseignements existent pour donner les outils nécessaires à l’exercice d’un métier. Il ne tient qu’à nous d’en faire usage et de les enrichir de par notre expérience et notre propre documentation. C’est en tout cas mon avis et cela se voit que vous ne faites pas que appliquer bêtement le protocol et les consignes.

Terminant de boire son café pour le coup délicieux, elle sentit comme un genre de nervosité émaner de la part du docteur McLight. Alors que la jeune femme pouvait se montrer mal à l’aise en sa présence, voilà que le beau brun semblait en être arrivé au même point. Du moins, c’était l’impression qu’il lui donnait. Se mettant à marcher, il s’éloigna un peu d’elle, lui permettant au passage de récupérer comme une bouffée d’air alors que le silence s’était installé dans la pièce. La lieutenante était sur le point de décoller pour retourner au commissariat afin d’avancer sur l’enquête lorsqu’il reprit la parole pour lui poser une question dont la réponse lui semblait évidente au vu des paroles échangées précédemment. Mais bien vite, ses yeux s’écarquillèrent de surprise devant la proposition de son nouveau collègue. Sa remarque complémentaire eut le don de la dérider et de lui laisser échapper un petit rire.

Je n’en doute pas docteur McLight. Et pourquoi pas si vous me fournissez au moins un papier et un crayon que je puisse prendre des notes de tout ce qui me vient en épluchant plus en détails votre rapport. Cela me permettra d’avoir les derniers résultats en direct avant de retourner au commissariat pour, je l’espère, boucler cette enquête.

Le laissant s’installer, Hope prit place sur une paillasse de laboratoire à côté de l’appareil qu’il allait utiliser, regardant avec attention ce qu’il faisait, dossier et papier posés devant elle. Par réflexe, elle dénoua ses cheveux attachés en un vulgaire chignon, laissant sa tignasse retomber alors que sa main vint masser rapidement l’arrière de son crâne. La journée avait été longue et elle n’était pas finie, loin de là.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

Erreurs et humains, ces deux mots sonnaient toutefois amusant entre les lèvres de la jeune femme. Si bien que Kendall esquissa un franc sourire amusé avant de passer à des explications plus sérieuses. Il restait mystérieux quant à se dire que son chef était humain, aux dernières nouvelles ce n’était pas vraiment ce que le docteur avait remarqué de lui. Mais là n’était pas le sujet du jour. Passé toutes les explications, les compliments et les mises au point, le généticien avait invité Hope à rester pour analyser ce fragment d’ongle qui pourrait lui donner un nouvel indice pour son enquête. Le rire de la jeune femme eu pour effet de donner un sourire encore plus sincère envers cette dernière chez le scientifique.

«Voilà qui est plus agréable à voir. Je commençais à désespérer de vous voir si tendue en ma présence…»

Avec un bref regard et un sourire jovial à l’attention de la jeune femme, Kendall revint faire le tour du bureau pour récupérer un calepin et un stylo afin de les fournir à la jeune femme. Il posa sa tasse sur la paillasse et récupéra une boite de gants sans latex pour en donner à Edwards et se servir ensuite. Il se dirigea ensuite dans vers un porte manteau afin de donner une blouse au lieutenant afin de pouvoir travailler conformément, lui ne l’avait pas quitté. Il se dirigea vers une étuve en marche dans laquelle se trouvait l’échantillon d’ongle. Parce qu’il n’avait pas suffisamment d’ADN pour l’étudier, il avait procédé à une dénaturation puis à une hybridation afin d’obtenir une élongation de l’ADN.

«J’ai procédé à une élongation de l’ADN du fragment, normalement, la synthétisation devrait être assez suffisante pour que nous puissions l’étudier et le comparer avec l’ADN du cheveux par électrophorèse.»

Je sortais l’échantillon de l’étuve pour l’observer un instant puis le déposais sur le support à tubes à essai. Je comptais bien laisser le lieutenant faire un peu le travail tout en restant à ses côtés. A voir si elle n’avait pas perdu la main, ou si, au contraire, elle aurait besoin de mon aide. Je m’étais arrêté en prenant appui d’une main sur la paillasse pour observer le lieutenant Edwards se détacher les cheveux. Entre ça, et le sourire franc qu’elle m’avait fait tout à l’heure, je devais bien admettre que sous ce masque frigide se cachait une femme charmante. Et mon sourire restait incontestablement figé sur mon visage. Je détournais le regard pour lui préparer tout le matériel dont elle aurait besoin histoire de ne pas trop la mettre mal à l’aise. On sentait dans ma façon presque psychotique de placer les instruments sur la paillasse que j’étais très méticuleux. Même si je suis loin d’être un psychopathe pour tout avouer. Mais j’aime quand les choses sont carrées et que j’ai tout sous la main sans avoir à faire cent pas et des allers-retours inutiles. Je lui expliquais un peu comment je travaillais, en évitant le moins possible de dénaturer les ADN pour garder leur authenticité mais tout en réussissant à en obtenir en quantité suffisante afin de les étudier puis les associer ou non à un autre ADN, ou au lieu du crime si ça devait arriver. Continuant de préparer le matériel mais également de quoi synthétiser mes recherches sur papier, je me ne regardais pas Hope, mais il y avait bien des questions qui me revenaient en mémoire, surtout concernant son étonnement de tout à l’heure en lisant mon dossier.

«Dites m’en plus sur cette drogue…»

Si je devais être amené à l’étudier à nouveau, autant que j’en sache un peu plus là-dessus, non ? Surtout si c’est une drogue qu’on trouve principalement dans cette ville et dont la composition échappe encore les analystes. Moi-même j’ai du mal à l’identifier. Pourtant je pourrais tenter d’en trouver les composants exacts si ça ne tenait qu’à moi et mes connaissances diverses en la matière. Mais pas ici, pas dans un laboratoire humain. Je tournais la tête pour regarder le Lieutenant Edwards et reprenais, histoire de me justifier sur la raison de ma question.

«En tant que consultant, il se peut que je sois amené à revoir sa composition lors de certaines de vos enquêtes. Mais c’est étrange, elle n’est fichée nulle-part, et la composition est assez particulière et ne ressemble à aucune autre drogue herbacée recensée. Quels effets elle peut avoir sur l’organisme humain ?»

J’étais asses intrigué et curieux pour vouloir me renseigner. Puis je me demandais également si cette drogue avait un effet également sur les dieux. Et, me connaissant, je serais capable de travailler dessus afin de trouver une composition qui contrecarrerait les effets de cette drogue provisoirement. Tout comme je peux stopper les effets d’un cancer sans passer par la radiothérapie ou l’hormonothérapie. Et j’en passe. Je ne suis pas guérisseur du Sanctum pour rien. Ma science est capable de faire des « miracles », comme aiment le dire certains.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

Alors qu’elle pensait ne faire office que de simple observatrice, ne voulant pas déranger le travail du docteur McLight, ce dernier avait une idée bien différente en tête. Alors qu’il la fit rire, sa remarque suivante eut plutôt l’effet de lui clouer le bec, amenant un peu de rose à ses joues. Hope détestait ses réactions incontrôlées qu’elle ne pouvait dissimuler à cause de son teint naturel qui rougissait bien trop vite à ses yeux. Il avait suffi de cette phrase pour qu’elle soit de nouveau un peu tendue, méfiante vis à vis de ce charisme charmeur qui émanait du scientifique. Il semblait vouloir bien faire avec ce sourire sympathique mais cela n’avait pas du tout l’effet escompté. Prenant les gants et la blouse qu’il lui donna, elle le trouvait bien précautionneux avec un simple observateur et pour cause, une fois qu’il lui aurait expliqué la technique qu’il avait utilisé, Kendall espérait la voir à l’oeuvre. Evidemment, la jeune femme n’aurait pas détaché ses cheveux si elle avait su. Mais les garder attaché et serré de la sorte avait tendance à lui tirer sur le crâne en fin de journée, malgré ses efforts pour ne pas trop les serrer. Assise au bord de la paillasse, observant le consultant en pleine action pour tout préparer, à l’image de ce qu’elle faisait elle-même, elle l’entendit lui adresser quelques mots concernant la drogue qu’il avait analysé. Évidemment, l’existence de la Gitche n’était un secret pour personne ici à Philadelphie. Sauf que le beau brun n’était pas du coin, il venait tout juste de débarquer en ville. Elle n’eut toutefois pas le temps de répondre que le regard de Kendall vint se plonger dans le sien alors qu’il cherchait à justifier sa question. Elle eut un doux sourire face à son professionnalisme et sa crainte d'outrepasser ses droits.

Ne vous inquiétez pas, toutes les questions ne sont pas interdits et je ne vous en voudrais pas d’en poser une à laquelle je n’ai pas le droit de vous répondre, surtout si ce n’est pas évident que je ne peux y répondre. Concernant la drogue que vous avez trouvé, il s’agit de la Gitche. Elle est connue à Philadelphie depuis quelques années déjà. Seulement, disons que par rapport aux autres drogues plus connues, ses effets ne sont pas si néfastes que ça pour l’utilisateur et l’effet de dépendance est plus léger. Toutefois, les médias reprochent justement le manque de réaction de la police face à cette drogue et son réseau qui semble s’étendre.

Une enquête avait été ouverte par la procureure Whitestone il y a peu des suites de l’étendue du réseau. Si la drogue en elle-même ne semblait pas bien dangereuse, par rapport aux autres biens connues, Marquant une pause, la lieutenant reprit ses explications.

En terme d’effets, c’est une drogue qui semble faire planer son utilisateur, parfois il peut avoir des hallucinations. Et évidemment, il y a cette légère dépendance qui attire tous les drogués parce que cela leur donne la sensation de garder le contrôle, de ne pas être dépendant. Malheureusement, si on connait les éléments de base qui constituent la Gitche depuis un long moment, personne n’a été capable de trouver la composition complète depuis des années. A croire qu’il y a certains éléments qui sont inconnus à l’heure actuelle.

Personne à la scientifique n’avait réussi, ni dans des laboratoires privés d’ailleurs et ce mystère avait toujours intrigué Hope. Le voyant bouger et l’inviter à faire elle-même les manipulations pour analyser l’ADN synthétisé à partir du fragment d’ongles, la jeune femme se leva de sa chaise, surprise par son invitation à faire elle-même les examens, et s’attacha de nouveau les cheveux avant d’enfiler ses gants en latex. C’était comme le vélo, ça ne s’oubliait pas. Et si la lieutenante rencontra quelques difficultés liées à la méconnaissance des appareils des lieux, cela ne fut rien de bien grave vu que le beau brun put y palier. Et bien vite, ils n’eurent plus qu’à attendre que la machine finisse le travail et leur donne le résultat. Hope en profita pour ôter ses gants en latex tout en s’éloignant de la machine, ayant bien trop chaud aux mains avec ces trucs. Détachant à nouveau ses cheveux, elle porta son attention sur le docteur McLight et lui demanda :

Dites moi docteur, qu’est-ce qui vous a amené à Philadelphie ? Vous avez de la famille par ici ?

La brune n’était pas flic pour rien. Sa curiosité revenait bien souvent se rappeler à elle pour la pousser à questionner les gens, à s’intéresser à eux. Hors Kendall était fraîchement arrivé en ville et la raison de sa présence ici l’intriguait. En même temps qu’elle avait engagé la conversation, elle avait repris place face à sa feuille, son crayon et le dossier des résultats pour griffonner tout ce qui lui passerait par la tête qui pourrait servir pour l’enquête comme le fait qu’elle allait devoir vérifier le résultat de la comparaison ADN avec la base de données. Si les consultants pouvaient transmettre à la base de données pour gagner du temps sur la recherche, ils n’avaient évidemment pas accès aux résultats.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

La remarque de McLight eut l’effet inverse de ce qu’il avait escompté au sujet sur rire et du côté plus tranquille de la jeune femme. Bien, il devait admettre qu’il était grand, avec des mains larges aux doigts longs et pour couronner le tout, son regard clair était parfois malaisant alors qu’il ne le voulait pas forcément. Si bien que pour un petit brin de femme comme le lieutenant Edwards, cela pouvait radicalement mettre mal à l’aise. Pourtant depuis un moment, pas une fois il n’avait fait son air dur et menaçant qui en incitait plus d’un à ne pas l’énerver.

Il préféra ne pas relever le rouge que la demoiselle avait aux joues et se contenta de s’éloigner pour préparer le matériel. Oui, son intention avait été de laisser un peu la jeune femme travailler pour lui, même si normalement, ça n’aurait pas dû être le cas. Cependant, comme ils pouvaient s’y mettre à deux, Kendall expliqua sa façon de travailler avec les appareils mais pas que… Quand il devait être question d’utiliser un produit en particulier, il en utilisait un autre, démontrant qu’à l’instar des produits habituellement efficaces, celui-ci l’était bien plus et permettait de révéler plus de choses. Rien d’anodin, et tout ce que la terre détenait ou pouvait être à portée humaine. Mais là était toute la différence d’un homme sortant des grandes écoles, et d’un homme qui a fait du chemin en prenant de la bouteille à faire diverses choses notamment la génétique dont il était friand.

Alors, quand Hope lui expliqua un peu plus ce qu’était cette drogue qu’ils nommaient Gitche et ses effets ainsi que sa composition et certains éléments inconnus, le visage du chercheur se renferma subitement. Des effets peu addictifs et pas non plus néfastes ? C’était pour le moins particulier mais pas anodin, des tas de plantes pouvaient avoir ces effets. Mais ça n’était pas tellement ça qui le contrariait.

«Certains éléments inconnus, vous voulez dire comme des composants extra-terrestres ou du même genre ?» Oui, c’était une image relative et la plus simple à expliquer pour être compris dans la question.

S’il s’agissait d’une drogue avec des composantes inconnues terrestres, il pouvait provenir d’un autre monde, voire même des dieux eux-mêmes. Et ça, c’était plutôt dangereux, voire carrément inquiétant, que les dieux s’amusent à faire un marché pareil aux humains tu m’étonnes qu’ils pataugent dans l’enquête. Je lâchais un ricanement bref, mais nerveux et tout en m’appuyant de la main droite contre la paillasse, je gardais la mine pensive et sombre. Mon index gauche s’agitant nerveusement contre ma cuisse.

Actuellement, Kendall assayait de mesurer toutes les possibilités et les éventualités pour tenter de savoir quel dieu ou non dieu aurait pu se procurer des composants extra-planaires pour en faire une drogue. Pour ça, il lui faudrait probablement récupérer quelques échantillons de cette drogue et les étudier en dehors du labo, chez lui et possiblement à l’abri des regards. Il n’avait pas réellement son mot à dire, il n’était pas primat, simple guérisseur, mais si déjà en trouvant de quel genre est cette drogue il pourrait probablement trouver un moyen de la contrer, ou d’en inventer des composantes avec similitudes à ceux des humains. Ou alors il partait probablement trop loin dans ces délires.

«Est-ce que les D…» Il marqua une pause et releva les yeux sur Hope en se rendant compte qu’il allait faire une bêtise. «Durées des effets de cette drogue sont longues ?»

Bien rattrapé champion ! Mais à ma tête il n’est pas impossible qu’elle se pose des questions sur mon arrêt. Fais semblant de rougir et laisse-toi submerger par le regard envoûtant de cette charmante lieutenante. Je me raclais discrètement la gorge en reprenant mes distances avec Edwards et tout comme le début de cette discussion je continuais de prendre des notes, non sans gribouiller très artistiquement ma marge en continuant d’écouter le lieutenant. Puis quand l’analyse fut terminée et qu’il n’y avait plus qu’à attendre que la machine termine le travail, je jetais mes gants à la poubelle, et repris la manie de me laver les mains. A la question de Hope, je me tournais tout en m’essuyant les mains et haussais les sourcils. Un peu surpris qu’elle me pose une question personnelle d’avoir débarqué à Philadelphia.

«Eh bien…» Je jetais le papier à la poubelle et revenais me caler contre la paillasse en face de la jeune femme, mains appuyées de chaque côté de mes cuisses, ce qui me fit remonter légèrement les épaules. Pas de sourire cette fois, pas de belle petite expression joviale. Non, un visage sérieux et beaucoup moins agréable que plus tôt. «Oui on va dire ça comme ça... Disons qu’après avoir légué ma place de roi des dieux à mes comparses je reviens doucement pour tenter de les rallier contre un nouvel ennemi qui pointe le bout de son nez. J’ai donc besoin de mes disciples et taxer encore une fois quelques objets divins de mes cousins, oncles et tantes qui nous seraient probablement utile…» Je laisse un temps, gardant ma mine très sérieuse en fixant le lieutenant Edwards. Analysant tous ses traits et cherchant un peu de stupeur ou l’ironie dans son regard, jusqu’à finir par éclater de rire. Me penchant légèrement en avant alors que je me bidonnais littéralement, je reprenais mon calme et gardais mon sourire en revenant plonger mes azures dans les siennes. «C’est une boutade. J’ai juste la bougeotte, et j’étais déjà venu faire un stage durant mes études de médecine à Philadelphie du coup j’ai décidé d'en faire un pied à terre. Et j’ai un frère qui travaille ici même.» Je souriais encore un peu, pouffant doucement de rire à ma bêtise qui n’en n’était pas une dans le fond.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

Le docteur McLight avait des habitudes bien à lui. Le fait qu’il n’applique pas les protocoles à la lettre n’était pour elle aucunement une raison de ne pas avoir confiance en ses expertises, bien au contraire. Avisé, consciencieux, il mettait son expérience à profit en améliorant sa manière de faire, en affûtant l’utilisation qu’il avait des outils mis à sa disposition. C’était tout à son honneur d’avoir su s’adapter pour rendre son travail de plus en plus qualitatif. Et puis, les résultats étaient là et c’était le plus important après tout. Poursuivant l’étude de l’échantillon, Kendall semblait garder un peu ses distances et ce n’était pas pour déplaire à la lieutenante qui finit par regagner sa totale concentration. Il finit par lui demander plus d’informations concernant la drogue qu’il avait décelé dans les échantillons. Evidemment, n’étant pas de la région, il n’avait probablement jamais entendu parlé de la Gitche. Cette drogue se répandait de plus en plus et la taille de plus en plus conséquente de son marché avait poussé le procureur à créer une cellule spécifique pour débusquer ceux qu’on appelait les Gitchers. La composition de base de cette drogue herbacée était à présent bien connue des services de police, contrairement à quelques années auparavant lorsqu’elle était apparue. Seulement, si elle était reconnaissable par n’importe quel scientifique aujourd’hui, personne n’avait su trouver l’intégralité des éléments qui la composait. C’était un mystère que personne ne savait élucider. Ce fait des plus surprenants n’échappa pas à son interlocuteur qui posa une question à la fois étrange et justifié. Lâchant un faible soupir, la brune lui répondit :

A vrai dire on n’en sait rien. J’ai déjà moi-même étudié la composition de la Gitche. Mais impossible de mettre le doigt sur la fin de sa composition, il semblerait qu’il s’agisse d’éléments inconnus à l’heure actuelle, qu’ils soient d’origine extra-terrestres ou non même si cette possiblité n’est pas viable pour moi. Non, je pense qu’il s’agit d’un élément non connu car potentiellement peu présent sur Terre. Mais là encore, ce n’est qu’une supposition, je n’ai rien pour l’affirmer.

Hope jeta un regard surpris au scientifique lorsque celui-ci échappa un petit rire. Avait-il songé à une blague pour réagir de la sorte ? Elle n’avait aucune idée de ce qui pouvait se passer dans sa tête et n’était pas capable de réfléchir jusqu’au domaine auquel il pensait, n’était pas au courant de l’existence réelle des dieux. C’est alors que justement, ce dernier démarra une question qu’il laissa en suspens alors que ses yeux vinrent chercher son regard. Il y avait quelque chose d’illogique dans son hésitation. Avait-il réellement pensé à cette fin de phrase lorsqu’il avait commencé à parler ? Lui très avenant et ouvert depuis le début de leur rencontre n’avait aucune raison de devenir gêné ou hésitant. Son regard semblait perturbé, comme si les rôles s’étaient inversés en un claquement de doigts à n’y rien comprendre. Détachant son regard des beaux yeux bleus du scientifique, elle tenta de lui redonner de l’espace pour se reprendre alors qu’elle lui répondit :

Cela dépend évidemment de la dose ingérée. Mais les pilules que l’on trouve contiennent une dose qui fait effet pendant une heure environ. Evidemment, plus on ingère de pilules en même temps, plus la durée s’allonge.

N’ayant plus qu’à attendre après les résultats de l’appareil, la lieutenante avait repris place près du dossier et de ses notes pour griffonner deux-trois choses dont elle devrait s’occuper de retour au poste. C’est alors qu’elle posa une question plus personnelle à Kendall, sa curiosité naturelle reprenant du service. Seulement, à voir la réaction du scientifique, cela n’était pas franchement une bonne idée à priori, voyant le haussement de sourcils comme une intrusion dans sa vie privée déplacée. Rebaissant son regard sur ses notes, elle se mit à griffonner des petits symboles pour dessiner sur un coin de sa feuille histoire de s’occuper à autre chose. Elle entendit le docteur McLight revenir vers elle, se calant contre la paillasse suivante pour lui faire face. La brune finit par relever ses prunelles sapphires sur son interlocuteur qui semblait bien plus sérieux qu’elle n’aurait pu s’y attendre. Seulement le sérieu de son visage ne collait pas du tout avec les absurdités qui étaient en train de sortir de la bouche du jeune homme. La surprise était clairement lisible sur son visage, ne s’attendant absolument pas à ça. Etait-il fou ? Pensait-il qu’elle était du genre à croire tout ou n’importe quoi ? Ou alors, était-il en train de la tester à son tour ? Elle comprit alors qu’il s’agissait tout simplement d’une farce tandis que le beau brun éclatait de rire devant elle, la faisant sourire, se sentant stupide. Evidemment, il ne faisait que plaisanter, probablement pour la dérider. Elle ne pouvait nier qu’il avait réussi son effet se redressant un peu, un sourire amusé sur son visage.

Vous avez une imagination débordante ce qui est sûre. Et que fait votre frère dans les parages ? Il prépare le terrain en rassemblant vos disciples ?

Qui a dit qu’on ne pouvait avoir le sens de l’humour en travaillant dans la police ? Après tout, pensant sérieusement qu’il s’agissait d’une pure plaisanterie, loin d’imaginer qu’il puisse y avoir un fond de vérité dans les paroles de Kendall, elle pouvait bien se détendre un peu plutôt que de rester sérieuse durant les quelques minutes qui la séparaient de son retour au commissariat.

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En son sens, il pouvait bien s'agir d'une blague de mauvais goût. Le dieu espérait que ses réflexions soient plus décalées que la réalité même des événements. Il espérait sincèrement que les composants de la Gitche ne soient pas de nature divine ou extra-planaire. Bon après, peut-être que cette drogue pouvait être une façon déviée pour un dieu, quel qu'il soit, d'obtenir des disciples et des croyants. Ça ne serait absolument pas impossible, ni même à écarter. Dans ce genre de cas il s'assurerait simplement que ça ne soit pas dangereux pour les humains, et encore. Il y avait des sacrifices pour n'importe quel dieu, et ce n'était certainement pas Lugh qui irait dire à ces dieux comment procéder, ça non.

«Je vois... Est-ce qu'il me serait possible de tenter de mon côté ? J'aimerais analyser un échantillon de cette drogue afin de vous aider à trouver. Il s'avère que j'ai pas mal de connaissances sur les plantes même les plus rares qui puissent être sur terre.»

J'espérais avoir l'aval de Hope ou tout du moins son supérieur pour tenter de trouver la composition mais également tous les éléments que comprend la Gitche. D'ailleurs, je ne cache pas ma réflexion et ma contrariété vis-à-vis de tout ceci. Je viens de débarquer en ville et je n'ai jamais entendu parler d'une telle drogue. Et je me demande réellement si ses effets peuvent également se faire sur un dieu, dans ce cas précis ça ne ferait aucun doute.

Bienheureusement le sujet devint un peu plus léger avec la question personnelle de Hope et ma réponse d'autant plus aberrante. Alors en éclatant de rire, j'avais pu détendre l'atmosphère et le lieutenant qui finit par rentrer dans mon jeu stupide. Je lachais un soupire pour me ressaisir et croisais les bras en lui souriant.

«Il est bien trop hypocrite pour ça, il se les garderait rien que pour lui. Non, en fait il est médecin ici. Disons que nous sommes une grande famille dont la plupart d'entre nous se plaisent dans la médecine. Sauver des vies, aider la population, la police... »

Je laissais un temps de pause entre mes phrases et continuais d'ancrer mes orbes azurs dans ceux de ma comparse. La voir sourire et plus détendu était plus agréable que voir ce visage frigide d'un peu plus tôt.

«Dites-moi, Lieutenant, est-ce que je serais amené à venir sur le terrain pour vous venir en aide un peu plus tard ?»

Après quelques échanges et pratiques pour la police, cela devrait être logique, non ? À moins que les consultants ne soient jamais amenés à aller sur le terrain. Mais je n'aurais certainement pas envie de me mettre dans ses pattes et la gêner. Mais une idée me vint en tête.

«Vous pourriez me faire part de vos méthodes afin de relever des indices sur les lieux d'investigation si un jour je suis amené à être appelé en urgence pour venir en aide à la police scientifique.»

Et par le Sidh ! J'avais vraiment envie de voir, d'étudier ou analyser des scènes de crime. Je ne cachais absolument pas mon enthousiasme et ma volonté d'agir et d'aider les humains dans ce but. J'étais surtout très curieux quant aux procédés. Aider à arrêter des malfrats pourrait me faire bouger plutôt que de rester toute la journée dans un laboratoire. Et heureusement qu'à côté j'étais d'astreinte pour aller voir les patients en chambre pour leur administrer un traitement ciblé et efficace pour leurs pathologies. Enfin j'espérais en tout cas que ça sera d'actualité vu que c'est ce qu'ils proposaient dans le contrat. Croisant les bras contre moi, je penchais la tête en une mine réfléchie.

«Dites-moi... Vous avez été à ma place, ça veut dire que vous avez été consultante pour la police également ? »

Il était évident que Kendall pose ce genre de questions. Si en plus il travaillait avec la police et qu'il aidait pour sauver des vies ou retrouver des coupables grâce à ses compétences et connaissances. Ça lui serait utile à l'avenir.

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Kendall semblait réellement intrigué par la Gitche. En même temps qui ne le serait pas dans le monde scientifique ? La jeune femme ne pouvait que comprendre l’attrait d’une telle inconnue, la curiosité naissante chez le laborantin qui aimerait voir par lui-même ce que tant n’avaient su élucider. Elle comprenait sa réaction mais fournir de la drogue à un consultant de la police ne faisait pas vraiment parti de ses attributions et elle ne savait pas trop si le chef Porcius Cato serait d’accord avec cela. D’un autre côté, Hope savait parfaitement que pour une première étude, le contenu d’une unique gélule suffirait amplement à un homme de la trempe du docteur McLight pour obtenir de premier résultat et voir l’ampleur du problème. Les résultats qu’il avait obtenu pour son enquête étaient irréprochables et de le voir faire en étant aussi méticuleux ne pouvait que l’encourager à recommander sa candidature auprès de son supérieur.

Je ne peux malheureusement pas prendre cette décision de mon propre chef mais j’en toucherais deux mots au chef pour voir avec lui si cela ne pourrait pas être intéressant d’avoir l’avis d’une personne qui aura un regard totalement neuf étant donné que vous n’en aviez jamais entendu parler auparavant.

C’est alors que la lieutenante se risqua à une question plus personnelle, histoire de découvrir un peu plus le personnage qui lui faisait face tout en tuant le temps qu’ils devraient attendre pour obtenir les derniers résultats de l’enquête. Après un bon rire qu’en à la bêtise servie par le beau brun, relançant la plaisanterie sur le fait que son frère l’aidait très certainement à convertir des humains à leurs croyances, elle finit par apprendre que ce dernier était également médecin. Comme quoi sa famille n’était pas la seule à transmettre son domaine de prédilection aux autres membres de la famille. Hope écoutait attentivement tout ce qu’il pouvait lui raconter sur lui et sa famille sans se rendre compte du regard presque insistant qu’il posait sur elle. La curiosité pouvait paraître comme un vilain défaut, mais ce n’était pas son avis sur la question tant qu’on ne franchissait pas certaines limites. C’est alors qu’il posa à son tour une question qui la surprit un peu. Effectivement, les membres de la scientifique pouvaient être amenés à venir sur le terrain. Etait-ce le cas des consultants ? elle savait bien que Luc Hellking allait sur les scènes de crime avec Kaitlyn. Mais est-ce que cela était possible pour tous les consultants ? En soit, si cela continuait sur la même lancée que ce commencement, il n’y avait pas de raison pour qu’il ne soit pas appelé à dépanner la police régulièrement. Cela l’embêtait particulièrement pour ses anciens collègues mais la charge montante de travail exigeait une augmentation des effectifs que le commissariat ne pouvait à priori pas se payer. C’était un genre de solution intermédiaire.

C’est possible en effet même si je ne suis clairement pas celle qui décide de cela. Après, il est possible qu’une fois encore, le chef Porcius Cato vous mette sur une de mes affaires pour la première fois et ça sera alors l’occasion que je vous montre la façon de travailler de la police. Cela dit, tant que vous respectez la scène de crime, je pense pas que cela soit un problème que vous y ajoutiez vos façons de faire en complément également.

C’est à ce moment là, alors qu’elle percevait une étincelle de motivation et d’intérêt pour venir sur une véritable scène de crime, que la brune se rendit compte du regard rivé sur elle. Le jeune homme ne semblait pas se détacher de son regard un seul instant. Avait-elle de la salade entre les dents, du mascara ou du liner qui avait coulé ou n’importe quoi d’autre qui la rendait bizarre ? Elle fut sortie de ses pensées par la nouvelle question de son interlocuteur qui la fit doucement sourire.

Et non. Je faisais déjà partie de la police mais avec mes études en biologie, j’ai commencé par la branche scientifique à la sortie de la faculté.

Marquant un temps de pause, Hope se mit à l’interroger de nouveau, comme s’ils se faisaient la passe pour pouvoir poser une question à tour de rôle à l’autre.

Tous vos questions m’intriguent un peu. J’ai l’impression que c’est la première fois que vous êtes consultant pour la police. Si tel est le cas, comment en êtes-vous arrivé à vouloir faire ce genre de métier secondaire ?

Observant toujours son interlocuteur, elle porta sa tasse de café à ses lèvres et la termina, réalisant un peu plus à quel point le regard bleu de Kendall pouvait être perturbant. Lorsqu’elle croisait ce genre de personnes aux perles azurées un peu comme les siennes, la jeune femme se demandait systématiquement si elle avait cet effet sur les autres aussi. Mais bien vite, elle finissait par se résigner qu’avec sa petite taille et sa frêle silhouette, il y avait peu de chances que son regard seul soit perturbant. Le beau brun qui lui faisait face lui avait la carrure et la hauteur, il avait tout pour mettre mal à l’aise sur commande. Il n’était pas rare que certains suspects sous-estiment la lieutenante avec sa silhouette fragile. Mais ils s’en mordaient généralement rapidement les doigts.

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«Dans ce cas-là, je m’entretiendrai avec votre chef histoire que cela ne vous porte pas préjudice si jamais il souhaite s’assurer de l’authenticité de votre parole en me convoquant au poste. Je ne cherche pas à me droguer, soyez-en certaine. Mais vous avez suffisamment attisé ma curiosité sur cette drogue qui semble faire quelques histoires en ville pour au moins tenter quelques analyses à son sujet.»

Et ma volonté d’agir pour aider le lieutenant Edwards à élucider déjà une partie de la composition de cette drogue, je le ferais sans problème. Puis elle n’a pas tort en un sens, apporter un œil neuf et un avis différent de ce qu’ils connaissent déjà peut être une bonne chose pour eux.

C’était plutôt agréable de discuter avec le lieutenant, surtout en la voyant désormais plus détendue après quelques petites blagues de sa part. Kendall savait que par sa taille ou son charisme qu’il dégageait naturellement, il avait cette tendance à braquer ou mettre mal à l’aise les gens autour de lui. C’était tant par le fait qu’il était un dieu que par l’enveloppe qu’il possédait qui en imposait déjà bien assez naturellement. Lugh Samildanach était un dieu bon dans le fond, et pourtant, une part de ténèbres se terrait en lui et avait parfois tendance à ressortir, ce qui lui valait souvent des humeurs changeantes, et ce même encore aujourd’hui malgré sa sagesse et son calme apparent. Pourtant il n’avait aucune raison de se montrer désobligeant ou odieux avec les humains, c’est pourquoi il prenait tout sur un ton de légèreté et sans gravité réelle. Si Hope avait tendance à être franche, Kendall appréciait cela car il l’était tout autant. Et pour une fois qu’il pouvait rencontrer quelqu’un qui pouvait subir parfois la contrariété des autres à cause de cela, il n’allait pas se gêner pour faire plus ample connaissance.

Bien sûr, quand il posa sa question quant à savoir s’il pourrait accompagner la jeune femme lors de certaines enquêtes et que la réponse ne fut pas négative, loin de là, Kendall était ravi de l’entendre. C’est pourquoi il esquissa un franc sourire tout en croisant le regard de la brune. Et encore une fois, elle cita le nom de son supérieur dans la police, Kendall n’avait pas encore eu affaire à lui, mais depuis l’autre continent, ils avaient déjà dû s’entretenir par courrier afin d’obtenir l’accord pour être consultant.

«J’en serais ravi. Ce pourrait être un échange intéressant et valorisant aussi bien pour vous que pour moi.»

Je posais donc une autre question pour connaître un peu le pedigree de l’agent Edwards afin de me renseigner sur ses débuts de carrière quant à connaître également ses méthodes de travail. Attentif, j’avais croisé les bras contre moi en posant mon séant sur la paillasse et penchais très légèrement la tête pour observer Edwards lorsqu’elle m’expliquait tout son cursus. Analyste même pour tout ce qui m’entourait, j’avais fatalement la sale manie d’observer les gens, leur gestuelle et leur façon d’être, ce qui faisait de moi un observateur parfois un peu trop intrusif. La force de l’habitude. A côtoyer les hommes et les étudier durant des décennies, on a souvent tendance à comprendre rapidement certaines mimiques, certaines pratiques ou à lire dans le passif de la personne sans réellement en avoir entendu d’elles. Je ne lis pas dans l’âme des gens, je n’ai pas cette faculté et puis ça me gonflerait royalement de tout savoir si facilement. Non, j’aimais découvrir par moi-même et analyser les petits détails, les tics ou les tocs que les gens avaient l’habitude de faire quand ils étaient gênés ou angoissés, voire confus. Et là, actuellement, je remarquais sans le moindre doute que mon regard la mettait mal à l’aise. Détournant un peu le regard ailleurs sans même bouger de ma position suite à la question de l’agent, je réfléchis quelques instants avant de finalement donner ma réponse et reposer mes azurs sur elle.

«Mmh-oui !»

Je baissais les bras pour les poser sur la paillasse de chaque côté de mon bassin et y prendre appui. Baissant un peu la tête en passant ma langue sur ma lèvre inférieure ramenée entre mes dents pour se faire. Un petit claquement de langue et je relevais la tête pour m’expliquer.

«Je déteste la vacuité. Il me faut toujours bouger ou faire quelque chose de… nouveau. Depuis tout jeune je n’ai cessé de chercher à trouver une occupation, une passion, approfondir mes connaissances dans de multiples domaines, et pas seulement dans la génétique ou la médecine. Mais je n’ai jamais cherché à entrer dans la police malgré quelques études de droit, alors avant de me décider j’ai voulu tester la chose en étant consultant. Peut-être que votre travail me plaira suffisamment pour, un de ces jours vous rejoindre à part entière dans l’équipe. Et d’un autre côté…»
Il releva la tête en faisant une petite grimace de contrariété. Il n’était pas quelqu’un qui s’attache, il était quelqu’un de très indépendant et d’imprévisible, c’est pourquoi il était constamment en vadrouille et n’avait jamais le même métier ou les mêmes occupations. Alors il dodelina du chef et reprit en rabaissant son regard sur la jeune femme.
«Je suis très indépendant. Je ne suis pas du genre à suivre les ordres de quelqu’un bêtement. Je suis partageur quand l’échange et équitable. J’aime avoir un respect mutuel et réciproque avec mes comparses et collègues.»

Avec ça, je pouvais, soit la faire fuir, soit lui plaire dans ma façon de penser.

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La jeune femme eut un sourire amusé aux paroles de son interlocuteur. Elle dût se retenir de rire même alors que ce dernier pensait la mettre dans une mauvaise position. Parler à son chef ne lui faisait nullement peur surtout sur un sujet où elle n’avait pas à s’engager elle sur la question.

C’est très gentil de vous inquiéter mais ça ne me dérange pas du tout. De toute manière, il vous contactera très certainement directement quand je l’aurais informé de votre envie d’aider concernant la Gitche.

La situation était des plus détendues. Il faut dire que la compagnie de Kendall n’était pas désagréable. Investi, le scientifique était très intéressé par le fait de venir sur le terrain en sa compagnie. Ce qui était drôle, c’est qu’il n’avait aucune idée de si la brune était douée pour faire son métier ni de comment elle travaillait mais pour autant, il semblait près à se jeter dans la gueule du loup la tête la première sans réfléchir davantage. C’était assez drôle de voir l’attrait qu’une scène de crime pouvait créer chez certaines personnes. Cela ne voulait pas dire que les personnes intéressées ou tout du moins intriguées par une telle chose étaient bizarres. A vrai dire, elle comprenait parfaitement cet attrait professionnel qui montrait simplement que la personne voulait comprendre le fonctionnement d’une enquête de bout en bout. Au vue de la réaction du docteur McLight, ce dernier semblait assez emballé à l’idée de retravailler avec elle ce qui fit doucement sourire la jeune femme qui acquiesça sa remarque d’un hochement de la tête. Il était vrai en effet qu’ils pourraient partager l’un avec l’autre leur façon de faire afin de se perfectionner tous les deux. La conversation se poursuivit et au fur et à mesure de cette dernière, Hope remarqua le regard presque insistant du laborantin sur elle. Elle avait l’impression d’être inspectée de la tête au pied jusque dans son esprit tant les yeux scrutateurs de son interlocuteur étaient insistants. A croire qu’il s’en rendit compte car il finit par baisser son regard, la libérant un peu de cette inspection intrusive. Lorsqu’elle était au coeur de son travail, il n’était pas chose aisée que de déstabiliser la petite brune. Elle tenait très bien tête aux mécréants depuis qu’elle était passée lieutenante. Mais dans un cadre plus décontracté, le genre de moment de détente auquel elle était moins habituée, il était bien plus aisée de la mettre mal à l’aise, ne pouvant rentrer dans le lard des gens comme elle le ferait avec un malfrat. Il lui expliqua alors ce qui l’avait poussé à devenir consultant, cet attrait naturel qu’il avait pour les découvertes et le besoin continuel d’apprendre et d’étendre ses connaissances.

Qu’est-ce qui vous fait croire que vous avez plus de chances de découvrir de nouvelles choses en travaillant avec la police plutôt que dans un laboratoire de recherches ?

Si la lieutenante avait clairement fait le choix de la police plutôt que d’un laboratoire privé quelconque, elle était curieuse de connaître l’avis de Kendall sur la question. Ce n’était pas faute de mal connaître les laboratoires de recherches, ayant une mère qui travaillait là-dedans. Elle avait effectué un stage dans son entreprise au cours de ses études, même si cette dernière à cause de la maladie n’y travaillait plus. Elle n’avait absolument pas accroché au fonctionnement et à l’ambiance d’un tel lieu de travail. La brune n’avait pas réussi à se trouver utile, à se trouver un but pour générer cette motivation qu’elle avait en permanence en travaillant sur les scènes de crime et les indices laissés par les malfrats. Peut-être que cela était la même chose pour le jeune homme ou peut-être que cela serait pour une autre raison. Sa remarque complémentaire concernant son indépendance fit un peu tiquer Hope. Il y avait une grande nuance entre ne pas aimer recevoir d’ordres et ne pas vouloir les suivre bêtement hors elle avait un peu la sensation qu’il mêlait les deux concernant la police. Evidemment, la hiérarchie était de rigueur au sein d’un commissariat mais pour autant, les supérieurs ne traitaient pas les autres comme des larbins incapables de penser par eux-même. Ne sachant comment apprécier les paroles de son interlocuteur, la jeune femme opta pour un approfondissement de sa façon de penser.

Je suis pas sûre de bien comprendre ce que vous entendez par là.

Elle lui aurait bien dit qu’il avait une bien mauvaise image de la police mais le but était que le docteur McLight s’exprime un peu plus de lui-même sur le sujet en l’influençant le moins possible. Après tout, elle savait parfaitement ce qu’il en était et ne comptait pas se froisser pour un point de vue divergent du sien. Après, elle savait aussi que certaines personnes n’étaient pas faites pour s’intégrer dans une équipe ni pour recevoir des ordres. Dans une équipe, le chef était là pour composer avec le caractère et les capacités de chacun après tout. C’était un exercice loin d’être évident au quotidien. Il n’était pas plus mal que le beau brun soit conscient de ses difficultés à fonctionner de cette façon plutôt que de se plonger dedans à corps perdu et d’y laisser des plumes. La lieutenante ne s’était jamais sentie bridée dans la réalisation de son travail jusque là, que cela soit au sein de la scientifique ou à présent de la criminelle. Etait-ce parce qu’elle était toujours bien tombée au niveau de ses supérieurs ? Peut-être bien après tout mais on ne pouvait juger qu’à partir de ce qu’on savait et ce qu’on connaissait après tout. Les spéculations n’avaient jamais rien fait avancer, la preuve en était des journalistes qui mettaient le feu au poudre plutôt qu’autre chose. Une fois qu’elle eut une réponse, la jeune femme s’intéressa à son métier premier, celui qu’il exerçait au sein de ce laboratoire et potentiellement de l’hôpital.

Et sinon, en quoi consiste votre travail ici lorsque vous ne dépannez pas la police ?

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Kendall affirma par un hochement de tête les propos de la jeune femme au sujet de la Gitche. Il remarqua ce petit sourire et étira lui aussi la commissure de ses lèvres. C'était plutôt à son avantage que de pouvoir partager quelques expériences avec cette jeune lieutenant de police. Et voir le fonctionnement et les procédures diverses d'une enquête selon les différents contextes qu'ils pourraient rencontrer. Oui, il était enthousiaste pour tout ceci, et il ne se ferma pas au reste de la conversation malgré tout. Puisque la jeune femme voulait en savoir un peu plus sur lui après lui avoir répondu elle-même, il considérait cette conversation comme un simple échange de bienséance. Il pinça les lèvres et fronça les sourcils néanmoins, lorsque Hope posa une question pertinente. Qu'est qui lui faisait croire qu'il pourrait en apprendre plus dans la police que dans un laboratoire. En même temps, ce n'est pas comme s'il n'avait pas le temps de tout découvrir. Après tout, il n'était pas censé dire qu'il était un dieu qui avait la possibilité de trouver pas mal de choses grâce à son savoir et sa maîtrise mais également de donner un gros coup de main selon le camp dans lequel il se rangeait. Il gardait cette mine légèrement contrariée et haussa les sourcils en croisant les bras. Le regard ailleurs comme pour réfléchir à la question. Une réflexion qui laissa un blanc dans la pièce l'espace d'un instant. Il revint sur la brune aux yeux bleus après un moment.

«Eh bien à vrai dire je viens déjà d'un labo. J'ai passé plusieurs années dans un laboratoire P4, de micro-organismes hautement pathogènes avec des procédures et des sécurités élevées. Puis dans un centre sur les risques radiologiques, nucléaires biologiques et chimiques. Je ne cache pas que c'est très intéressant, mais là on peut vraiment appeler ça vivre comme un rat de laboratoire, et... Ça n'est pas ce que je cherche, rester enfermé toute une journée dans une pièce deux fois plus petite que celle-ci, sans même voir la lumière du jour. Très peu pour moi.»

Passée mon explication. Je me redressais un peu pour changer de position et récupérant ma tasse pour finir mon thé.

«Puis, sans vouloir vous mentir, on s'ennuie très vite tellement l'ambiance est... Morne.»

Ah ça ! Je suis plutôt très ouvert en général à la conversation mais là, c'est limite si rire n'était pas interdit dans l'établissement. Ou simplement discuter tout en travaillant. Apparemment les gens ne savent pas faire deux choses à la fois, soit ils discutent soit ils travaillent de manière concentrée mais jamais les deux en même temps. Ça non... C'est pourquoi je continuais de m'exprimer sur mon ressenti avant de m'engager d'une manière qui ne me conviendrait guère. Je levais ma main gauche pour me frotter le menton et constater que je commençais à avoir de la barbe. Raser ça ne me ferait pas de mal. Même si porter la barbe ne me gêne pas, les gens peuvent prendre ça comme une forme de négligence.

«Ce que j'entends par là... Mh... Eh bien j'aimerais avant tout me donner mon propre avis concernant le travail dans la police. J'ai un peu les mauvais souvenirs du service militaire où les recrues sont conditionnées à suivre des ordres sans réfléchir. Et j'ai tendance à trop faire tourner ma cellule grise. J'aime savoir pourquoi on me demande d'exécuter un ordre et quelles conséquences cela entraînera. Ce besoin constant d'anticiper et d'agir en conséquence en prenant toutes les éventualités en compte. »

Dodelinant du chef avec un sourire en coin de façon torve et charmeuse, je plongeais mon regard dans celui du lieutenant.

«Je ne suis pas devin, je vous rassure... Je suis juste un peu maniac. Et je sais pertinemment que quoiqu'on puisse prévoir à l'avance, on n'a pas le contrôle sur tout.»

Même un dieu n'a pas le contrôle absolu, il peut simplement se contenter d'avoir le contrôle sur une partie de ses croyants et se sentir supérieur, vénéré, admiré, aimé, détesté. Nous ne sommes divins que parce que l'on croit en nous et toutes ces prières ou offrandes nous donnent la force d'être des êtres à part entière. Mais sans les hommes, nous ne sommes rien que de simples humains. La brune fini par parler un peu de mon métier, me demandant ce que je faisais en dehors de mon aide pour la police. Un sourire sur mon visage et je récupérais les tasses pour aller les déposer dans l'évier de la cuisine. Je ferais la vaisselle plus tard. Je revenais calmement vers elle tout en répondant à sa question.

«En toute logique, en dehors des analyses des patients ou pour la police, je monte en chambre pour ausculter les patients, il peut m'arriver de faire des prises de sang également. Et le soir après le travail ici, de manière plus... Décontractée, je joue dans quelques pub ou petites salles privées de la ville. Enfin, je ne suis arrivé qu'hier en journée donc je suppose que ce sera mon quotidien.»

Mon regard revint se poser un instant sur le lieutenant. Ne perdant pas mon rictus pour autant.

«Et vous lieutenant ? En dehors de votre travail dans la police, avez-vous un passe-temps ?»

Encore un consultant pour la police de Philadelphie

Être prise au sérieu d’entrée de jeu n’était pas réellement dans les habitudes de la jeune femme. Ses débuts à la scientifique s’étaient faits dès la sortie des études ce qui lui avaient enlevé du crédit dès le début. La plupart des gens jugeait les jeunes étudiants comme inexpérimentés voir incapables tant les études étaient un monde différent du monde du travail. Mais elle avait rapidement trouvé ses marques et fait ses preuves. Depuis deux ans, Hope avait presque la sensation de devoir tout recommencer à zéro. Elle avait beau connaître la maison depuis déjà cinq ans du côté de la scientifique, les changements de branche comme elle avait fait n’étaient pas anodin ni quelque chose de fréquent. Les personnes qui réussissaient étaient encore moins nombreuses. Mais pour le coup, elle avait tout de même eu un cocon de lieutenants pour la soutenir comme Kaitlyn, Silas ou encore Terry même si elle soupçonnait ce dernier de ne pas se fier qu’aux éléments professionnels la concernant. Alors même si son interlocuteur ne semblait pas bien plus vieux qu’elle, cela restait agréable d’échanger ainsi entre professionnels sans réellement juger l’autre. Certes, à la base la brune était venue pour évaluer les compétences de ce nouveau consultant mais il était clair que s’il ferait très certainement une erreur un jour, comme tout le monde, il avait les compétences et l’expérience suffisantes pour venir en aide à la police lorsque ses anciens collègues de la scientifique étaient rattrapés par la quantité de travail astronomique. C’est alors naturellement qu’elle lui demanda pourquoi ce dernier avait choisi d’aider la police pour diversifier ses activités et continuer de faire des découvertes. Kendall lui révéla avoir déjà travaillé en laboratoire plusieurs années avant de se retrouver à Philadelphie. Si elle avait expérimenté ce milieu, cela n’était rien par rapport à l’expérience ahurissante de son comparse. C’était d’ailleurs étonnant au vue de l’âge qu’il devait avoir qu’il ait pu pratiquer autant d’années en laboratoire. A croire qu’il avait déjà fait une dizaine d’année dans le milieu d’après ses dires.

Je comprends en effet que cela ne vous attire pas. Cela fait cependant une grande expérience à votre actif avec plusieurs cordes à votre arc. N’importe quel laboratoire serait ravi de vous recruter avec autant d’années d’expérience.

Il faudra qu’elle pense, une fois de retour au poste, à demander à son chef à jeter un oeil sur le curriculum vitae du docteur McLight, curieuse de voir le nombre d’années passé dans chaque domaine ainsi que le nom des entreprises qui y figureraient. C’est alors que le scientifique ajouta un petit commentaire qui la fit sourire. C’était aussi ce qu’elle avait ressenti lors de son stage dans l’entreprise où sa mère avait travaillé, même s’il avait été de bien plus courte durée que l’expérience du beau brun.

Ca je veux bien vous croire docteur McLight.

Il était clair qu’un membre de la scientifique n’avait pas le temps de s’ennuyer mais qu’il existait tout de même une union au sein de l’équipe, une bonne entente ainsi qu’une bonne ambiance lorsqu’une enquête était enfin achevée ou qu’un collègue revenait du tribunal où ses preuves avaient permis de remporter le procès.Tout le monde était dans le même panier avec le même objectif alors forcément, l’équipe était assez soudée. C’était peut être un peu ce qui lui manquait dans son boulot actuel même si son travail solitaire lui permettait aussi d’éviter les questions sur les enquêtes nécessitant la plus grande discrétion ou celles liées à des éléments de ses enquêtes officieuses, qu’elle menait à titre privé. C’est alors que le sujet s’orienta sur les impressions de Kendall quand à la façon dont la police fonctionnait. Il assimilait cela aux militaires, chose qui était très certainement exacte en situation d’urgence extrême comme une prise d’otages par exemple. Mais au quotidien, cela n’était réellement pas la même chose. Ce qui faisait en outre que les scientifiques n’étaient pas réellement concernés de son point de vue par cet aspect là de la profession qui restait, de surcroît, très situationnel.

Je comprends l’amalgame bien que ce dernier est pour moi infondé … Ou presque. Si vous faisaiez partie des forces d’intervention spéciales qui opèrent pour des prises d’otage par exemple, effectivement l’amalgame aux militaires serait viable car l’erreur n’est pas permise c’est pourquoi les agents n’ont pas à discuter les ordres. Mais en tant que scientifique, vous n’êtes pas dans l’urgence immédiate. Même si plus vite on attrape un meurtrier, moins on a de chance qu’il réitère son crime. Cela ne veut pas dire que votre avis d’expert ne peut pas avoir sa place si ce dernier est pertinent.

Son regard sembla se faire un peu plus insistant en même temps que son regard également. Il était un bel homme qui semblait fort sûr de lui. En un sens, cela était bien de savoir ce qu’il voulait. Mais trop d’assurance n’était pas toujours bien perçu par l’entourage. Dans tous les cas, comme tout bon scientifique, Kendall semblait avoir les pieds sur terre.

Je dirais même qu’on ne contrôle pas grand chose. Nous ne pouvons que faire des choix ou subir ce qui nous arrive.

C’est alors qu’il lui expliqua son travail au quotidien, suite à la question que la brune lui avait posé, juste après avoir ramené leur tasse. L’heure du départ pour le commissariat se rapprochait à grand pas. Elle fut étonnée que sa réponse déborde sur la vie privée du docteur qui lui faisait face, toujours le sourire aux lèvres et le regard insistant. C’est alors qu’il lui retourna la question, comme si celle du départ prononcée par Hope avait été orienté sur sa vie privée et son quotidien. Un sourire un peu amusé s’afficha sur le visage de la jeune femme qui n’avait pas de passe-temps du même genre que Kendall. Elle ne pouvait décemment dire qu’elle avait une vie morose aussi répondit-elle :

Je fais pas mal de sport. Il m’arrive de sortir mais peu souvent. Porter un badge n’est pas forcément bien vu dans les bars parait-il.

Un sourire un peu plus prononcé vint marquer son visage suite à sa dernière remarque. Puis elle lâcha son regard, le temps de regarder l’heure sur son téléphone.

Je suppose que votre frère vous fait une visite personnalisée de la ville et vu l’heure il doit s’impatienter. Aussi ne vais-je pas vous retarder plus longtemps vu que les résultats ne devraient pas tarder.

Encore un consultant pour la police de Philadelphie


«J’ai commencé jeune.»

A défaut d’avoir l’éternité pour se faire. Il était effectivement le cas il y a de ça des milliers d’années. Je suis considéré comme le dieu qui touche à tout. Alors je dirais même plus que j’ai plus d’une corde sur ma harpe. C’est avec un sourire sincère que je répondis à celui de ma comparse du soir. Lui expliquant ma vision et mes doutes sur l’encadrement dans la police. Je pouvais me tromper, après tout, je n’étais jamais entré dans ce corps de métier, à certaines époques, il n’y en avait pas vraiment, les Juges, servaient pour faire la loi, et en 1800 sur ce continent, c’était encore bien différent, un chérif, des Marshals, des hors-la-loi. Il n’y avait pas cette organisation d’aujourd’hui. Et de souvenir en tant que Texas Ranger je n’avais jamais réellement été pris au sérieux avec mon beau stetson blanc.

Les explications de l’agent Edwards furent les bienvenues car j’étais très attentif à ce qu’elle m’expliquait sur le fonctionnement et l’encadrement dans la police de Philadelphie. D’un hochement de tête pour signaler ma compréhension sur ce principe, je croisais les bras ensuite contre moi et passais mon index relevé sur mes lèvres. Très attentif et intéressé par ce qu’elle m’expliquait.

«Je comprends où vous voulez en venir. Là encore, si les ordres sont si carrés et si leur rôle est de maintenir une sécurité, comme celle de sauver des gens, il est évident de ne pas discuter les ordres. Je suppose également qu’ils n’ont ordre d’abattre que si le danger est réel, auquel cas il leur suffirait de neutraliser de manière non létale.»

Je dodelinais du cher positivement en pinçant les lèvres, un peu dubitatif. Les rôles de tout un chacun sont importants pour permettre à toute l’équipe d’avancer le plus rapidement possible. Et cela me rendait encore plus curieux désormais. Je relevais un peu les yeux en faisant glisser ma lèvre inférieure contre mes dents supérieures. Redressant la tête à la suite des propos de ma collègue. Tout dépendait en réalité de notre position pour pouvoir contrôler ou non certaines choses.

«Nous sommes contraints de subir le temps et les changements qu’il opère dans la société. S’il y a bien une chose que nous sommes possible de contrôler c’est notre adaptation sur des phénomènes que l’on ne contrôle pas.»

L’analyse en cours se manifesta pour signaler qu’elle était terminée, et le chercheur tourna la tête vers le PC après avoir retourné la question sur le quotidien de la jeune femme. Alors qu’il l’écoutait, il se contenta d’envoyer le reste de l’analyse au poste sans plus regarder en détail tout ça afin de garder le secret professionnel sur le reste de l’enquête. Il ne se permettrait pas de regarder alors qu’il n’en n’avait pas le droit. Puis il se tourna et regarda Hope calmement. Un bref rictus se dessina sur son visage.

«Rien ne vous empêche d’y aller sans porter l’insigne, dans ces bars. Mais que faites-vous comme sport si ce n’est indiscret ?»

Je balayais ma main calmement en ricanant. Dagda m’avait déjà fait une petite visite de la ville, et j’étais assez grand pour le faire seul.

«Non, il ne m’attend pas. Nous avons eu l’occasion de nous revoir hier et de faire cette fameuse visite personnalisée de la ville à ce moment-là. Laissez-moi au moins ranger mon matériel et récupérer mes affaires et je vous raccompagne jusqu’à votre voiture. Vous aurez l’étude complète une fois au poste.»

Et il s’exécuta pour ranger et nettoyer tout le matériel qu’il avait pu utiliser, ranger le reste des preuves au frigo. Une fois le tout rangé, la paillasse nettoyée, le brun pris ses affaires, enfila sa veste après avoir rangé sa blouse et rejoignit Hope en fermant le service derrière lui. Puis il la raccompagna comme dit jusqu’à sa voiture où il lui souhaita un bon retour avant de la regarder partir un instant et reprendre le chemin du retour jusqu’à chez lui à pied. Il faudra probablement qu’il songe à s’acheter une voiture, ou tout du moins réincarner le cheval que Mannanan Mac Lir lui avait prêté dans la cuirasse d’une voiture, un rituel qui devrait se faire assez complexe mais pas irréalisable. Mais pour l’instant, il était bien mieux à pied.