À l’occasion de la rentrée estivale, la société Nielsen Minerals Corporation organise comme chaque année une réunion des actionnaires pour dresser un premier bilan financier, évoquer les stratégies futures et préparer le prochain conseil d’administration.
Officieusement, on discute surtout dividendes et manières de mettre à profit ces liasses de billets.
L’entreprise d’envergure internationale a prospéré dans l’extraction minière, œuvre dans trente-deux pays répartis sur quatre continents. D’après le Danois Lars Hummel, doyen du groupe qui a fêté récemment ses 91 ans, Nielsen Minerals existait déjà avant même qu’un duvet orne son menton. Et on voyageait déjà beaucoup à l’époque, dans des conditions le plus souvent épouvantables. Chaque expédition, chaque nouveau gisement à exploiter représentait une grande aventure.

Parmi l’assemblée des actionnaires, un autre homme a connu les débuts de l’entreprise – et de beaucoup d’autres. Un voyageur qui n’a pas pris une ride depuis l’époque où l’attirail photographique pesait vingt kilos et prenait des clichés indistincts en noir et blanc.
Un dieu, dont Lars est le seul humain ici présent à connaître la véritable identité.

Combien de fois Odin a-t-il changé de nom depuis qu’il le connait ? La mémoire du nonagénaire n’est plus ce qu’elle était. Toutefois, le fidèle croyant n’oublie jamais d’inviter Alfadir pour lui faire signer les papiers nécessaires à sa participation. Si le dieu s’est désengagé des affaires, sa présence est parfois requise pour continuer à faire fructifier son capital. Moins nécessaire que Lars le prétend, en réalité, mais vivre dans l’absence du dieu vénéré équivaut à se priver de la lumière du soleil.

Une lumière que Lars verra sans doute pour la dernière fois. Son cœur est faible ; la canne qui l’aide à marcher depuis dix ans ne suffit plus à supporter son corps avachi.
Il assiste à sa dernière assemblée, le vieillard en est convaincu.
C’est pourquoi il a tenu à organiser un spectacle en hommage à son dieu, dont il connaît la curiosité insatiable. Un spectacle à la fois classique, en souvenir des temps anciens, et moderne dans son exécution. Stimulant pour l’intellect.


Le nom de James Fawkes commence à être connu dans le cercle étroit des prestidigitateurs. Assez, en tout cas, pour qu’une société de spectacles le contacte afin d’animer une soirée privée.
Nielsen Minerals Corporation ? James n’en a jamais entendu parler. L’escroc est plus familier des Jewels que des Minerals, bien que son plus grand attrait en ce monde soit un métal issu de gisements aurifères.

De l’or, James ne s’attendait pas à en voir en si grande quantité dans cette foule de nantis. Bagues, boucles d’oreille, pendentifs, boutons de manchette, quelques dents jaunes entraperçus à l’intérieur de vieilles bouches… le métal précieux est assez présent pour lui faire tourner la tête. Lui donner des fourmillements dans les mains. Car la pureté des armatures dépasse allègrement les 14-18 carats de pacotille.
14-18, comme la Grande Guerre qui a suivi de peu sa naissance à New York. Années de douleur et de misère.

James sait qu’il n’est pas le seul à avoir connu cette période difficile. Bien qu’il se rende rarement à Sanctum, le disciple de Daikokuten a aussitôt reconnu Odin, le dieu nordique.
Et il s’est aussitôt dégonflé, ravalant son obsession dans une laborieuse déglutition.

Provisoirement, du moins. Car il a un spectacle à exécuter, des tours à exhiber. The show must go on.

Tout au long de sa prestation, James voit bien qu’Odin l’observe avec intelligence et curiosité. Tente-t-il de percer le secret de ses tours ? Les connaît-il ? Ou pire : aurait-il reconnu son visage ?
Les interrogations de James ne troublent guère son apparence, son air assuré. L’artiste donne son maximum, réussit des tours audacieux avec brio.
Impressionner le souverain du panthéon nordique, songe-t-il avec malice, lui ouvrira peut-être des opportunités.


Le spectacle de prestidigitation se termine. Une volée d’applaudissements salue la performance de James Fawkes, un nom que deux ou trois personnes connaissent déjà pour des prestations plus douteuses… voire très illégales.

C’est l’heure de vérité pour l’escroc, à présent libre d’aller où bon lui semble. Autrement dit : de céder aux plus délicieuses des tentations.

Quant à Odin, va-t-il chercher à approcher l’artiste afin de satisfaire sa curiosité ? Un disciple comme James est trop insignifiant pour avoir attiré son attention à Sanctum, mais son visage pourrait lui être vaguement familier…


(Dans la minute qui suit ou au milieu de votre conversation, Lars Hummel va subir un malaise cardiaque et s’effondrer. Il porte au poignet une jolie gourmette en or, facile à dérober pour un voleur aux mains agiles.
Le moment et la gravité de l’attaque cardiaque – potentiellement fatale – est à la convenance d’Alastair).


Informations complémentaires :

♆ Le contexte de ce RP aléatoire vous est proposé par @Godric Oathbridge. Vous pouvez le MP si un point du contexte vous turlupine.

♆ Le staff n’interviendra pas au cours de ce RP. C’est à présent votre sujet, vous le gérez comme un RP ordinaire.

♆ Si le contexte ne vous inspire pas (ça arrive !), détournez-le pour l’entraîner dans une autre direction. Ou parlez-en ouvertement avec votre partenaire, mais ne l’abandonnez pas.

♆ Par défaut, le premier nom mentionné dans l’en-tête du sujet répond en premier. Vous pouvez naturellement vous accorder sur un ordre différent.

♆ Amusez-vous bien !

Prestidigitation is Gold


Honnêtement, James ne savait même pas s’il était autorisé à rester après son spectacle. Mais jusqu’à ce qu’on lui fasse une remarque, il allait estimer qu’il avait le droit. Tant que ça n’est ce pas interdit, ça veut dire que c’est légal, n’est ce pas? Alors voilà où il en était, soudainement entouré de gens très riche et très couvert d’or.

Tout cet or lui faisait tourner la tête. Il mourrait d’envie de mettre sa main dessus. Et la moitié des personnes ici étaient suffisamment vieille pour que les voler se révèle plus simple que de voler à des enfants. Sincèrement, il n'aurait jamais cru que la prestidigitation pourrait lui ouvrir autant de portes. Pour arriver dans ce genre d’endroit, il aurait fallu mettre en place un plan plutôt complexe et là, juste parce qu’il bernait les gens pour de l’argent, il pouvait rentrer par la grande porte. Certes, il avait un spectacle à faire avant de pouvoir voler mais ça, c’était du gâteau. Plus ou moins. Une fois pendant le spectacle, le prestidigitateur a failli rater son tour en voyant le magnifique collier en or d’une femme assise devant. L’or l’avait distrait une seconde, presque suffisamment pour que son tour soit gâché. Mais il s’était vite repris et personne ne l’avait remarqué. Il espérait du moins.

La présence d’Odin dans la foule avait également calmé momentanément ses ardeurs. Odin. Un très gros poisson dans la mythologie Nordique. Et James aurait préféré ne pas se retrouver dans ses pattes. Il préférait la discrétion. James ne savait pas ce que le dieu faisait là, ni quel nom il utilisait ces temps-ci. En vérité, c'était déjà impressionnant qu’il l’ait reconnu aussi vite. Certes, il essayait de se souvenir des dieux qu’il croisait juste au cas où mais il passait peu de temps à Sanctum donc l’exercice se révélait difficile. Dans tous les cas, maintenant qu’il ne se trouvait plus sur le devant de la scène, il serra facile de l’éviter. Et tant, qu’il l’évitait, il n'aurait pas de problème.

James attrapa une coupe de champagne sur le plateau d’un serveur passant prés de lui et but une gorgée nonchalamment. Bien. À présent qu’il était libre, il y avait un collier qui l’attendait. Le dit collier lui avait fait de l’œil pendant son spectacle alors il serait grossier de le faire attendre plus longtemps.

Champagne toujours à la main, il fit un demi-tour serré pour… Presque rentrer dans Odin. Il s’arrêta brusquement à la dernière minute, sauvant sa coupe de champagne et le costume du Dieu. Génial. La personne qu’il pensait éviter. En réfléchissant bien, cette coïncidence était un peu étrange. Habituellement, le voleur se montrait plutôt doué pour disparaître dans la foule. A moins qu’Odin avait été en route pour lui parler?

Malgré son déplaisir, il offrit un sourire éclatant au Dieu. Tant qu’il ne le reconnaissait pas comme James l’escroc, tout allait bien se passer. Il ne se présentait pas comme un voleur et ça serait étonnant que Daikokuten le fasse, donc logiquement Odin ne devrait pas connaître son activité favorite. Et puis, il restait un disciple plus ou moins insignifiant, il doutait qu’Odin reconnaisse son visage.

“Oh! Excusez moi.”

James pourrait se contenter de ces mots et se faufiler dans la foule pour partir à la recherche de proies faciles. Cependant, maintenant qu’il avait le dieu en fasse de lui, la curiosité montrait le bout de son nez. Il n’avait pas manqué à quel point le dieu le fixait intensément pendant son spectacle. Honnêtement, il ne comprenait pas vraiment comment des dieux, littéralement, qui pouvaient manier les éléments, les esprits et en gros faire des choses beaucoup plus impressionnantes trouvait le moyen d’être intéressé par les illusions. Cependant, il voulait savoir ce qu’Odin avait pensé du spectacle.

Il était toujours un peu nerveux à l’idée de faire face à un dieu de ce gabarit. Sa lâcheté naturelle n’aidait pas. Cependant, la curiosité avait légèrement l'avantage alors il ne bougeait pas. Et dans le pire des cas, il pourrait toujours s’enfuir rapidement. Il avait déjà repéré les portes de sortie et s'éclipser rapidement ne sera pas un problème. Alors il décida de se lancer.

“Dites moi, est ce que le spectacle vous a plus?”

Et puis, recevoir des compliments de la part d’Odin ferait du bien à son ego. Si bien sûr Odin avait apprécié le spectacle mais James n'avait pas de doute la dessus.

Prestidigitation is Gold

James commençait à regretter sa décision de rester faire un brin de causette. Il n’aimait pas la façon dont Odin le regardait. Il avait cette désagréable impression que le Dieu était capable de lire au plus profond de lui. Et James préférait que ce qu’il y avait au fond de lui reste caché. Bien caché sous un immense tas de mensonge et d’illusion. Tout comme il avait essayé de deviner ses tours, Odin essayait-il de deviner qui James était réellement? Un escroc et un voleur qui ne devrait pas être laissé en liberté parmi toute cette richesse?

Pourtant, le prestidigitateur ne montra pas à quel point le regard insistant le gênait. Il sourit et se concentra sur la remarque du Dieu. Renversant. Le disciple ne s’attendait pas vraiment à cet adjectif mais il ne s’en plaignait pas. Tout ce qu’il pouvait avoir, il prenait. Les félicitations étaient toujours les bienvenues également.

“N’essayez pas trop de deviner mes tours quand même.” Il lança sur le ton de la plaisanterie. “Un professionnel se doit de garder ses secrets.”

Il avait bien trop travaillé sur ses illusions pour que quelqu’un vienne en trouver le point faible et brise l’illusion. Même si la plupart de ces revenus venaient de ses activités illégales, il tenait tout de même à garder une place dans le monde de la prestidigitation. Il appréciait le métier. Surtout lorsqu’il lui ouvrait des portes menant vers l’or. Comme aujourd’hui.

“Quant à mon nom…”

James hésita. Pendant une seconde, il songea à donner un faux nom, juste au cas où. Il possédait quelques alias qu’il pouvait facilement utiliser. Cependant, son nom avait été annoncé haut et fort au début du spectacle. Impossible de se cacher derrière une fausse identité. Même s’il mentait maintenant, une personne qui n’avait pas oublié son nom allait pouvoir le trahir plus tard.

Il se retint d’inspirer profondément pour s’ancrer. Avoir tant d’or près de lui sans être capable d’en toucher ne l’aidait pas. Ses mains en tremblaient presque. Cependant, voler juste devant un dieu aussi puissant semblait risqué. Il devrait s’éloigner. Et vite. Il n'aurait pas dû engager la conversation en premier lieu. Cependant, à présent qu’il avait commencé, il se devait d’y mettre fin proprement. Sinon, il allait paraître suspicieux. Préférant rester discret, c’était la dernière chose qu’il voulait. Ironique quand dix minutes plus tôt, il se trouvait sur une scène, les yeux de tous braqués sur lui.

“C’est James Fawkes.” Il répondit enfin, accompagnant sa présentation d’une légère courbette. Son côté théâtral était toujours de sortie même après la fin du spectacle. “Tâchez de ne pas l’oublier cette fois.” Il ajouta d’un ton taquin. Peut-être que cette dernière remarque avait été de trop, surtout après avoir débattu un moment avant de lui donner son nom. Mais James n’avait pas été capable de retenir cette pointe de malice.

Une part de lui se demandait ce que le dieu faisait là. Lui aussi était un actionnaire pour cette société? James trouvait qu’Odin n’avait pas vraiment le profil avec sa carrure de Viking, sa barbe et ses tatouages. Pourtant, il ne voyait pas comment poser la question avec tact. S’il pouvait l'éviter, il ne préférerait pas provoquer le dieu. Il valait mieux garder un minimum de respect. Même si en réalité, le seul dieu que James respectait réellement était le sien. Alors il garda sa curiosité sous contrôle. Et puis en se baladant dans la foule, il pourra glaner quelques informations intéressantes sur lui.

“Je ne vais pas vous retenir, vous avez visiblement quelqu’un qui vous attend.” Il montra du doigt la deuxième coupe de champagne d’Odin. Se faisant, James se demanda vaguement qui pouvait bien accompagner le nordique.

Un autre Dieu? James n’avait pas reconnu d’autre Dieu mais il ne les connaissait pas tous. Il y en avait bien trop pour ça. Il espérait juste que peut importe l’autre personne, elle tiendrait Odin occupé. Ainsi il aurait le champ libre pour effectuer ces méfaits. Avec son pouvoir, au milieu d’humain, il ne pouvait qu’amasser une petite fortune.