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 Bouteille à la mer - Léandre & Deidra

Vanka
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Vanka
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 Bouteille à la mer - Léandre & Deidra  Mar 27 Aoû 2019 - 13:19
Bouteille à la mer

Infernale course fuyant l'inéluctable. Effroyable fuite face à la mort. Une crise de panique à son insistance pesante. Une envie de tout faire valser, une incapacité de continuer à jouer le jeu : je ne veux pas mourir, je ne veux pas disparaître. Impossible...

Ma vie était insignifiante et sans intérêt, surtout depuis que je restais enfermée sur cette île. Elle était magnifique, mirifique, mais ce n'était pas mon monde, je n'y avais pas ma place. Et je n'y étais rien. Je maudissais le jour où ma route avait croisée celle d'Erevan. Le premier pas vers la fin. Vers cette prison dorée dont je ne voulais qu'une chose : échapper.

Impossible... j'avais besoin de sa présence, de nourrir cette essence qu'il avait instiller en moi par la force. Comme je le détestais... La contrainte s'était faite moindre ces derniers jours car grâce aux conseils de Tyr, je m'étais rapprochée de lui. J'avais découvert qui il était en dehors de ce dieu étouffé par l'absence de l'amour de son éternité. Mais était revenue la question d'être l'hôte. Je sentais encore le revers de ses doigts se posant sur ma joue dans une caresse affectueuse et ses mots s'évaporaient en un écho sourd.

J'avais été stupide de croire un instant qu'il pourrait de lui-même oublier l'idée de me faire devenir une autre. De prétendre à être assez intéressante à ses yeux pour mériter ma propre et si éphémère existence. Cela me revenait telle une claque en plein visage. Le pire c'était qu'au fond, j'appréciais Ægir. Je le comprenais et même si le lien qui nous unissait favorisait cela, je partageais sa douleur, sa peine.Si je n'avais pas développé cette thanatophobie, sans doute aurais-je cédé depuis longtemps à son envie...

Aujourd'hui, c'était impossible. Je m'étais dérobée à son étreinte, dévalant les pavés alignés comme s'il m'était réellement possible de fuir. Freyr l'avait stoppé, empêché de me poursuivre. Quelle connerie pouvais-je bien faire de toute façon ? Impossible de quitter cette île, impossible de trouver le moindre échappatoire.

Si : un. Piètre et risible. Mais ça ferait l'affaire. Il y avait cette cahute vers les exploitations qui entouraient la cité où étaient entreposées quelques cuves de spiritueux au goût prisé par les dieux et aux effets pervers adulés par les croyants en mal d'être. Passer inaperçue, ne pas enfreindre les règles, être disciplinée et sage... on y repassera plus tard ; je n'estimais pas avoir grand chose à perdre. Alors je vins jouer de charme et d'air minaude pour obtenir une bouteille auprès de celui qui gardait le fort. Il n'était pas à l'aise avec cette idée mais ne sembla pas insensible à mes charmes. De quoi suffire à obtenir mon Graal.

Bouteille sous le coude, je coupai à travers champ pour rejoindre l'orée brumeuse de la forêt naissant au loin. Éviter les chemins, espérer passer inaperçue. Je ne voulais pas retrouver le bruit de la cité, croiser de visages ou être ramenée contre mon gré chez Ægir. J'avais besoin d'air et surtout de me vider la tête. C'est donc en grande solitaire que je commençai à boire cette bouteille, échappant quelques sanglots, quelques excès de colère. Le niveau descendait lentement mais suffisamment pour me rendre complètement ivre.

La nuit commençait à tomber, les bruits grouillants, l'air se faisant plus frais. Il me serait impossible de dormir là, sur les feuilles et brindilles, sans craindre pour ma vie. Une nervosité qui me poussa à remonter vers la cité. Atteindre les ruelles ne fut pas le plus compliqué. Non. J'étais vacillante et totalement déchirée, bouteille à la main. Suivre un itinéraire et même simplement retrouver le chemin de la maison se faisait impossible. Et quand bien même... Je ne voulais pas retourner là-bas... Il valait mieux que je reste assise sous une alcôve, étalée sur un parvis... J'en sais rien. Je me perds dans mon esprit à en oublier toute réalité. Je n'avais même pas conscience d'être à l'opposé de mon but.

Des bras me rattrapèrent alors que je me sentais défaillir. Mes jambes ne voulaient plus me tenir et je crus ressentir le coup de la chute sur ma tête malgré la retenue de cet inconnu. Je m'accrochai à lui sans un mot, gardant le regard vide et venant prier pour le décès de cette bouteille éclatée au sol. Elle n'avait pas survécu à ce vertige... "Oh non pas toi... t'étais si jeune... si prête à réaliser tes rêves..." vins-je la plaindre en tendant une main vers le spiritueux répandu. Je versai une larme sincère pour la bouteille en mille morceaux. Mon sauveur devait me prendre pour une folle ; et il aurait raison. Le liquide vint se solidifier puis d'un coup d'un seul se mettre à s'évaporer. Une brume aux odeurs de malt que le vent dissipa sous nos organes olfactifs. "Je ne t'oublierai jamais", murmurai-je à son attention.
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