Aera piétine le trottoir avec colère. Elle sort d’un entretien avec son éditrice au sujet de son dernier roman fantastique, jugé « pas à la hauteur des ouvrages précédents » en des termes qui ont irrité la susceptible déesse.
L’astre solaire s’est en outre éclipsé sous l’horizon, comme pour se soustraire à l’irascibilité de sa divinité tutélaire.
Dommage. Car il aurait pu la consoler de ses rayons bienfaiteurs, apaiser son ire.
Éviter un drame.

Bras croisés, serrés sur la poitrine, la déesse aux pensées agitées laisse ses jambes la conduire à son loft du centre-ville. Dans son état, franchir le portail menant à Sanctum risquerait de l’exposer à d’autres critiques, des provocations. De perturber les lanternes nitescentes qu’elle a créées.
Elle percute un homme – ou un homme la percute. Lourd, massif. Une grosse botte écrase son menu pied divin dans la confusion qui succède à la collision.
Volontairement ou inconsciemment, le pouvoir d’Amaterasu se libère. Frappe l’homme d’une cécité quasi totale.


Thomas est en mission. Il patrouille dans le secteur avec deux autres Nemesiaci, en quête d’événements ou comportements suspects.

Deux jours plus tôt, le porte-parole d’un collectif de résidents et commerçants du quartier s’est adressé au cabinet d'avocats Némésis & Associés pour plaider leur cause. Depuis des mois surviennent des phénomènes électriques inexplicables : coupures de courant, surcharges qui malmènent les composants électroniques,  variations brutales de tension qui mettent à l’épreuve les nerfs des habitants. Les incidents se produisent toujours la nuit, par temps d’orage comme par ciel dégagé.
Après une longue attente, la compagnie d’électricité a envoyé une équipe de techniciens qui n’ont découvert aucune anomalie. Les assurances tardent à dédommager les préjudices. La police refuse de se déplacer pour « des problèmes de lumières qui clignotent ».
Certains locataires ont déjà déménagé, les trésoreries des commerces souffrent des changements répétés d’appareils électriques. On craint une chute des valeurs foncières – qui voudrait s’installer dans un quartier maudit ?
Selon les rumeurs, Némésis & Associés possède de l’expérience dans ce genre de dossier. On dit aussi que le cabinet défend avec sérieux les intérêts des citoyens honnêtes. Le collectif a donc prié miss Dunhill de leur venir en aide.
Ce qu’elle a accepté.

Ce soir Némésis patiente dans un fourgon, au cœur du quartier accablé. Ou plutôt, son corps patiente. Non loin de là, ses trois Nemesiaci lui offrent trois paires d’yeux grâce auxquelles elle espère reconnaître un visage familier – l’enveloppe d’une divinité. Car elle les connaît tous, les survivants des panthéons anciens, quand ses fidèles ne sauraient les distinguer des humains ordinaires.

Thomas avance sur le trottoir, regard scrutateur, quand une femme agitée le percute. Il marmonne un début d’excuse polie. Discerne à peine le visage baissé – Némésis non plus –, encadré de longs cheveux bruns.
Puis son champ de vision se voile d’obscurité. Décontenancé, Thomas perçoit dans cet océan de noirceur de pâles lueurs vers lesquelles il se dirige instinctivement.
Ces lueurs sont les phares d’un camion.
Qui le fauche.


Dans la rue en face, tapi dans la pénombre, Teisheba se gausse. De sa bouche hilare s’échappe un filet poisseux de bile et de sang.
L’ancien dieu urartu de la foudre sait que sa fin est proche. L’intérieur de son corps commence déjà à se liquéfier, faute de croyants pour l’honorer de leurs offrandes. Il tousse de la bile depuis des mois. Du sang depuis quelques jours. Son haleine est un souffle caverneux aux relents de pourriture.

C’est en trouvant du réconfort avec cette nouvelle drogue, la Gitche, que l’idée lui est venue.
Employer ses dernières forces à défier les New Gods of America, dont la « magie » électricité et tous ses appareils modernes font partie. Les provoquer, en plein centre-ville où ils règnent en maître. Leur montrer le formidable pouvoir de sa foudre. Car c’est la faute des nouveaux dieux s’il agonise, si son panthéon approche de l’extinction. Les Vigilants auxquels il s’était rallié ne font que palabrer – lui a décidé d’agir, de tourner le dos à Sanctum. Trop fier pour exposer sa déchéance à ses paires, trop fier pour disparaître sans livrer une dernière bataille.

Mais Teisheba ne s’attendait certainement pas à voir Amaterasu, la Lumière de Sanctum, provoquer un drame sous ses yeux. Peut-être qu’en tirant partie de son état, en la poussant à bout, parviendrait-il à déclencher une explosion de pouvoirs outrageante ?

Et Némésis ne s’attendait à perdre l’un de ses Nemesiaci. Pas de cette manière. Le contact fut brutalement rompu avec Thomas. Que lui est-il arrivé ? A-t-il subi une attaque de cette femme mystère ? Est-il grièvement blessé ? Mort ? Les deux autres Nemesiaci arpentent des rues lointaines. Elle est la plus proche pour découvrir la vérité.




Informations complémentaires :

♆ Le contexte de ce RP aléatoire vous est proposé par @Godric Oathbridge. Vous pouvez le MP si un point du contexte vous turlupine.

♆ Le staff n’interviendra pas au cours de ce RP. C’est à présent votre sujet, vous le gérez comme un RP ordinaire.
Consignes particulières : les New Gods of America n’interviendront pas dans ce RP, quoi qu’il arrive. Le Conseil de Sanctum encore dominé par l’alliance des Modernes interdit par ailleurs les provocations.

♆ Si le contexte ne vous inspire pas (ça arrive !), détournez-le pour l’entraîner dans une autre direction. Ou parlez-en ouvertement avec votre partenaire, mais ne l’abandonnez pas.

♆ Par défaut, le premier nom mentionné dans l’en-tête du sujet répond en premier. Vous pouvez naturellement vous accorder sur un ordre différent.

♆ Nous vous souhaitons un bon jeu. Amusez-vous bien !

Fatal Tantrum

Elle sentait des bouffées de colère s'insinuer dans son être. La personnalité de Marie ou Aera, qu'importe son nom réel, n'avait guère était une grande aide dès lors qu'elle se prenait remontrances et autres conversations désagréable. Quand à Amaterasu, imaginer qu'une déesse céleste soit totalement positive était une grave erreur. Incarnation de la susceptibilité, les nerfs d'Aera étaient mis à rude épreuve depuis que son éditrice lui avait imposé une deadline des plus serrées pour la sortie de son prochain romans. Dans son contrat, elle avait eu beau stipulé vouloir gérer elle même son temps et son travail, sa jeune chargée d'édition faisait preuve de beaucoup de zèle, espérant une promotion en étant celle qui publierait le prochain roman d'Aera Whiteford. Elle était en train de pester lorsque son regard fut attiré par son reflet dans la vitrine d'un magasin. Plus que que son image, ce fut la légère luminosité qui semblait s'échapper de sa peau à nue qui l'inquiéta. Elle perdait le contrôle, il fallait qu'elle se ressaisisse. S'arrêtant le temps de mettre une veste pour cacher ses épaules nues, elle reprit sa route, songeant à Misato, à Uzume pour se changer les idées. Mais inlassablement le regard suffisant de l'éditrice lui revenait, aiguisant sa colère profonde. Dans son état, inutile de penser rentrer au Sanctum. Le souvenir du regard autoritaire et désapprobateur de Týr lui glaçait le sang: il avait été très clair sur le sujet, une seule nouvelle défaillance de sa part et il ferait appel à quelqu'un d'autre pour la remplacer. Une idée qui la dérangeait bien plus que de libérer son pouvoir dans son appartement. Il ne lui rester qu'à espérer que son enveloppe supporterait le choc. Et qu'elle parvienne à garder son calme jusqu'à regagner son loft au coeur de Philadelphie. Que lui avait-on enseigné déjà ? Respirer ! Oui, c'était cela ! Inspirer, expirer. J'inspire le bien-être, j'expire la colère. J'inspire l'apaisement, j'expire la frustration. La tête basse, Aera avançait tout en se remémorant les séances de méditation qu'elle mettait en pratique lorsqu'elle menaçait de perdre le contrôle d'elle même. Cela semblait marcher, songea-t-elle alors qu'elle poursuivait sa route juste avant qu'un imbécile ne lui fonce dedans. Tout se passa alors très vite. Elle sentie une bouffée de colère l'envahir et une explosion intérieure résonner dans son être. Ce ne fut que quelques pas plus tard qu'elle réalisa. Elle venait de décharger sa frustration sur l'homme en question. Homme qui venait de lui baragouiner elle ne savait quoi tant, prise dans sa tentative de méditation, elle n'y avait préter attention. Des excuses. Un instant trop tard. Alors entendit le bruit et se retourna vivement. Sur le sol, gisait celui qui venait de la bousculer. Horrifiée, Aera s'écarta vivement du bord de la route, se collant presque au mur de l'immeuble. Ce n'était pas tant le corps de la pauvre victime qui déclenchait sa panique. Mais les lampadères, les phares, toujours allumés et braqués sur ce qu'il restait de cet inconnu. C'était elle. C'était sa faute. Elle avait perdu le contrôle et avait déchargé sur lui, son pouvoir de cécité.  Une demi-seconde. C'était trop pour l'homme qui n'avait vu la voiture lui foncer dessus et pas assez à son regard pour s'habituer à l'absence de lumière. Pas assez pour permettre à Aera de courir après lui le libérer de sa malédiction. Non, non, non ! Qu'avait-elle donc fait ?!

Fatal Tantrum

Assise dans un fourgon, Némésis supervise ses Nemesiaci par voie divine. C'est la troisième nuit de surveillance qu'ils font dans le quartier. Les deux premières n'ont manifesté que de faibles interférences électriques, pas de quoi forcer tout un collectif sur le pas de sa porte... Oh, elle les croit, ce n'est pas tant le problème. C'est plutôt qu'il y a tellement de potentiels suspects que l'enquête est fastidieuse. Mais écumer le quartier touché finira bien par donner des résultats ; ça dure depuis des mois, il n'y a pas de raison pour que ça n'arrive pas ce soir, ou demain, ou le surlendemain. Et si l'auteur est assez désespéré pour en venir à terrifier ces misérables mortels, c'est qu'il n'a plus le temps et qu'il n'est certainement plus rattaché à Sanctum non plus (ou ne le sera plus, dès qu'il sera découvert). Un autre qui fait du zèle.

Némésis était plus ou moins concentrée quand la vision de Thomas s'est brutalement précipitée. Que ?! Il y avait cette femme (trop fugace pour qu'elle ait pu y discerner un visage), et puis plus rien. La voila qui retrouve urgemment son corps. Elle cligne plusieurs fois des yeux pour se réajuster au monde. Il était dans la zone Est. Elle y sera sans doute plus vite que Charles ou Adora. La Vengeance attrape un boîtier-microphone noir et articule quelque chose d'incompréhensible.

« O vradýpora épese se mia sfíka. »
Le tardigrade est tombé sur une guêpe.

Avec ça, ses deux croyants devraient réussir à la trouver. On n'a jamais une paire de mains de trop, quand il faut arrêter un dieu (ou en l'occurrence, ici, une déesse) instable. Du reste, toutes les conversations sont codifiées, non seulement pour les étrangers, mais également pour les New Gods of America, dont elle utilise ponctuellement la technologie. Elle n'aime pas être épiée, encore moins fliquée, mais il faut bien admettre que les mortels ont inventé des choses utiles.

Il lui faut longer un boulevard et traverser une ruelle déserte pour tomber sur le corps inerte, au dessus duquel se tiennent deux protagonistes. Merde. Dans l'immédiat, ce n'est pas le camion quitté en plein milieu de la route, le caractère complètement public de ce rassemblement (quelqu'un pourrait leur tomber dessus n'importe quand...), ou même la mort de Thomas, qui l'inquiète le plus. C'est Amateratsu. Et cet inconscient de mortel qui lui déballe ses trois cent cinquante états-d'âme de meurtrier. De quoi la mettre de bonne humeur. Ils ont un dicton, à Sanctum : attention à la Lumière, elle brûle... Devinez qui il concerne. 

Et la conversation va bon train.

« Mais comment je vais faire moi ?... J'peux pas, j'peux pas... Ils vont m'renvoyer pour ça, j'peux pas, aidez-moi m'dame, aidez-moi. »

Le pauvre fou s'agrippe à Aera dans la confusion, la supplie de l'aider... A faire quoi, bonne question. De là où elle se tient, Némésis n'entend que la moitié de la conversation. Mais à ce rythme, ils risquent tous de caner. Alors elle se rapproche, fait mine d'être tombée sur la scène de manière totalement fortuite.

« Monsieur, calmez-vous, vous voyez bien que vous lui faites peur. Que s'est-il passé ici ?... Quelqu'un peut m'expliquer ? Je vais vous ai- »

Elle n'a pas le temps d'achever sa phrase. Les lampadaires l'interrompent, clignotent dangereusement dans la rue, et finissent par exploser à cause de la surtension.

C'est peut-être Amateratsu qui a tué Thomas, après tout, c'est suite à sa rencontre avec elle (suppose-t-elle), que Némésis a perdu le contact (quoique la Vengeance mise sur l'accident purement inopiné)...
Mais ce n'est certainement pas elle qui fait ça.

Fatal Tantrum

Il lui semblait que les choses se déroulaient hors de son contrôle. L'homme au volant avait finit par sortir de lui-même, constatant l'horreur des conséquences de l'accident, le corps en charpie de leur pauvre victime. Dans ce drame, ils étaient des complices inconnus, des malheureux qui n'auraient jamais du se croiser. Il s'accrochait à ses épaules, comme si sa vie en dépendait tandis qu'elle, craignant de réitérer ce qu'il venait de se passer, tentait de se défaire de la prise. Comment une telle chose avait pu se produire ? D'ordinaire, elle se contrôlait plutôt bien, elle parvenait à se maitriser à oublier ses rancunes, à garder ses pouvoirs sous sa volonté. Où donc était Kitty quand on avait besoin d'elle ? L'homme l'agrippait par les épaules, la secouant comme un prunier tandis qu'il répétait inlassablement les même mots, la suppliant de l'aider. Mais ses prières n'était que d'un homme à un autre, et nullement à l'attention de la divinité qu'elle était. Elle ne pouvait rien pour lui. Non seulement il n'était pas l'un de ses croyants, mais en plus elle ne pouvait remonter le temps, effacer la mort. Elle était une déesse solaire, rien de plus. Et à cette heure, elle était aussi faible que le corps frêle auquel le conducteur s'accrochait. « Lâchez moi » se mit-elle à geindre en fermant les yeux, espérant que ce vilain cauchemar s'évaporerait à son réveil. Mais la prise de l'homme sur ses épaules se faisait plus présente. Alors elle la sentit à nouveau. Cette bouffée de colère primaire, incontrôlable. Qui était-il, ce mortel, pour venir la blesser avec ses histoires ? Ne voyait-il pas qu'il ne faisait qu'envenimer les choses ? Son regard se posa sur son poignet, redevenant aussi lumineux qu'à la sortie de l'immeuble. Non, non, non ! Cela ne pouvait recommencer !

L'intervention d'une tierce personne lui permit d'éviter le pire et tandis que sa sauveuse s'occupait de calmer l'homme en proie à ses démons, elle reprit sa respiration. Tu es Amaterasu ôkami, respire ô grande déesse. Tu es la divinité solaire de notre panthéon, notre lumière dans l'obscurité, notre phrare dans la nuit. Sans toi, le monde sera en proie au chaos et aux yôkais. Ses jambes flageolantes ne la soutiennent plus et la jeune fille finit sur le sol, une main sur sa poitrine, tentant de calmer sa respiration et la libération de ses pouvoirs. Alors que semble s'éteindre ses mains, son regard est attiré par une autre lumière. Les lampadaire, soudain, se mettent à clignoter avant d'exploser en un festival d'étincelles tombant sur le bitume. Ses yeux quittent les lampadaire se posant sur sa soudaine sauveuse dont elle pressent l'aura divine. Cela ne venait pas d'elle ! Elle était une déesse de la lumière, mais d'un soleil divin: Ces nouvelles technologies ne lui étaient rien et elle ne les maitrisaient aucunement. Seul les lanternes du Sanctum lui répondaient. Le monde des hommes, lui, ne dépendait pas de sa volonté une fois la nuit tombée. Le monde onirique, celui de l'astre lunaire appartenait à son frère et non à elle. Elle refusait de croire que Raiden ou un Raijū aient pu lui désobéir. Dieux et déités de la foudre savaient combien il était risqué de défier son autorité. « クソ野郎* » siffla-t-elle, en se relevant. Si seulement ses pouvoirs ne se limitaient pas à la lumière ! N'y avait-il pas moyen d'endormir le mortel pour avoir une discussion entre dieux ? Celui ci en savait bien trop pour son propre bien désormais. « Nous ne sommes pas seuls ... » laissa-t-elle planer, cherchant la présence de Raiden sans la sentir. Elle en était certaine, cela ne venait pas de chez elle. Ni d'elle même, ni de son panthéon.