Far From home. Not where I belong ...

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Far From home. Not where I belong …

Ft. @Aengus O'Griffin & @Kendall McLight

L’inquiétude chiffonnait son visage, moue qu’elle tentait de repasser d’un fer à sourire. Pourquoi se soucier de cette face qu’elle offrait au monde alors que l’immense divinité la recouvrait de son ombre. Les bras d’Aengus en retombaient, ballant, le long de son corps. Entre ses doigts, l’appareil vibrait de la musique si précieuse au cœur de Lugh. Les notes l’avaient transporté dans un autre monde, ailleurs, où il ne remarquait qu’à peine l’irlandaise. Ce regard la transperçait, regardait au travers de son être. Flippant.

« Oui. Venez. » Proposa Aengus en ouvrant, elle aussi, les bras à Lugh. Façon atypique de l’attraper jusqu’à la sortie, s’éclipser, s’évader, peut-être, de cette tension ambiante.

Sa tête s’inclina sur le côté pour mieux offrir un regard tendre à la divinité de plus en plus proche. A le voir ainsi, un brin de compassion s’était imposé. Jamais plus qu’un autre, il ressemblait à ses stars qui avaient brillé trop fort, que les fans avaient adulé, que les médias s’étaient déchirés et qui avait fini oubliés, contraints d’accepter des concerts nostalgiques et sans gloire. Une étoile tombée du ciel pouvait-elle encore briller ?

Aengus, pourtant, souriait aussi. Dans un mimétisme étonnant, sa main se tendit vers lui alors qu’il l’attrapait elle. Elle, son pouce contre sa joue, lui, son doigt sur ses lèvres. Contrainte au silence, ses sourcils se froncèrent dans une interrogation silencieuse. Que faisait-il ? Mais alors qu’elle pensait le saisir, il s’éloignait. Ses espoirs de le tenir affrontaient la dure réalité. Personne ne peut capturer la lumière et encore moins la posséder. Ses doigts glissèrent avec douleur, soudainement alourdis, engourdis, endoloris. Les lumières se brouillèrent dans la brume de son regard. La brûlure sur ses lèvres s’embrasait. La situation s’emballait. L’index remonta avec lenteur contre la zone ciblée comme pour en chasser les flammes. Du rouge… Du sang ! Le sien ?

« Lug… » Tenta-t-elle sans prêter attention aux autres autour. Malheureusement, de Lugh, il ne restait plus que le dos et l’inattention. Lui dans la lumière brillait malgré toutes les faisceaux lumineux braqués sur l’estrade où elle se trouvait. Autour d’elle, les ampoules grésillaient, aveuglaient, explosaient. Et dans ce soudain brouhaha, Aengus perdit ses jambes. Le sol sous elle la cueillit de sa froideur obscure. Sa dureté fut sans appel autre que celui à la formation d’ecchymoses. Un peu de douleur supplémentaire s’ajouta à la longue liste de ses ennuis.

Lutter contre les ténèbres mobilisa ses forces les plus enfouies. Impossible de sombrer, si elle partait maintenant, elle ne rouvrirait jamais les yeux. La mort pouvait attendre. Tomber en guerrière, oui. Tomber ainsi, jamais !

De l’aide ! Quelqu’un ! N’importe qui ! Même cette lueur étrange qui clignotait au-dessus de son visage. Un portable, un portrait, Keith. Un sourire intérieur mourut à peine songé. Aengus peinait à bouger. Respirer épuisait ses ressources aussi, aucun mot ne parvînt à jaillir de ses lèvres. Seule une complainte douloureuse s’en extirpa. Keith passa un doigt contre son front pour retirer les mèches et laisser les brisures de verre.

« T’as raison repose-toi. »

Quoi ? De sa paume, le téléphone passa à celle de Keith. La brune essaya de le conserver. La réaction de Keith lui prouvait qu’une autre aide lui serait nécessaire. Le téléphone constituait sa dernière option. Mais les muscles de son corps entamèrent une danse macabre, se contractant avec violence sans le moindre contrôle, sans la moindre harmonie, sans la moindre logique. Les trop violentes variations de lumière avaient provoqué une crise d’épilepsie : seule explication pour Aengus. Cette lutte pour l’objet appuya sur divers boutons dont l’appel vers le disciple de Lugh. Keith arracha presque les phalanges raides de sa douce pour en capturer l’essence : le portable.

« Donne moi ça. T’es chiante. Je veux baiser Kendall maintenant. »

Quoi ? Est-ce réellement la dernière chose qu’elle entendrait de ce monde ? Visiblement, oui. Ses forces arrivèrent à leur terme. Qu’importe ses supplications intérieures, ses craintes et ses efforts, dans un dernier souffle, l’inconscience l’emporta.
Keith s’était relevé et regardait son nouveau bien précieux. A retardement, il saisit qu’un appel était en cours.

« Ici le portable de Kendall. Il ne peut pas répondre pour le moment, il est défoncé ! » Un rire idiot passa ses lèvres alors qu’il galopait comme un lapin hystérique. Rapidement à hauteur des animateurs occupés à gérer le musicien, des bruits de lutte se firent entendre. « Et nous aussi on va le défoncer ! » A nouveau des bruits sourds de coups se firent entendre. « Pas la peine de rappeler, il ne sera pas en état avant un moment ! Byyyyyyyye ! »

Et voilà qu’il raccrochait outrageusement, sans prêter la moindre attention au double message qu’il venait de faire passer.

« Hey Kenny, j’ai pas eu mon câlin ! »

L’écho dans son oreille gronda d’une douleur atroce. Pourtant, seul le soulagement envahit son cœur. La vie ! La mort n’avait pas encore récupéré son du. Les lumières étaient revenues. La fureur aussi. Rien de plus dangereux qu’une femme bafouée ! Assez joué !

Les doigts crispés sur son médaillon invoquaient une prière silencieuse à la déesse. Entre deux souffles à peine audibles, l'invocation commençait son cours. Rien n'obligeait la grande reine à venir. Néanmoins, à l'aube de sa vie, l'irlandaise espérait la voir cueillir son âme.

Un battement d'aile. Un pas. Un second. Un doigt fin sur son front.

« Tout le monde a enfin décampé. » Souffla une voix chaude à son oreille. Ce n'était pas Morrigan. L'instinct hurlait au scandale! Qui était cette foutue déesse qui se penchait sur son chevet mortuaire ? « Ma pauvre, tu ne vas pas mourir, pas maintenant. Chuuut. »

L'ongle de ce doigts paraissait bien aiguisé lorsqu'il descendait contre sa joue. Dans cette atroce souffrance, Aengus se forçait à ne pas bouger un membre ou seulement ceux visibles. Ses doigts, eux, courraient sur le sol en quête d'un morceau de verre, une arme, quelque chose...

D'un geste chaotique, la brune tenta de poignarder d'une écharde de verre, le visage cristallin qui la dominait. En vain...

Et si la femme mua en bête pour s'éclipser par la fenêtre se ne fut pas pour la force de sa proie mais pour celle de la Corneille qui venait de prendre place. Un mot pour Aengus. Un son étrange avant que le noir ne l'envahisse.

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Plus aucune logique n’était d’actualité pour l’heure alors que de son côté Aengus semblait être tombée avec une aide relativement éparse de la part de Keith qui s’était mis en tête de défoncer Kendall, dans un tout autre contexte que celui qui était actuellement en train de se produire. Ceci étant, Kenny s’était tourné à son appellation et s’était subitement changé en nounours câlineur pour agripper de ses bras Keith qui lui sautait presque dessus dans les ténèbres de la pièce. Oui, il avait réussi, malgré son ébriété à mettre tous ses assaillants à terre malgré de nombreuses difficultés à cause de ses côtes douloureuses.

•••

Le réveil est relativement difficile. Si d’habitude je n’ai pas la gueule de bois, actuellement j’ai l’impression d’être complètement engourdi et d'avoir, encore, cette vague sensation de planer. J’ouvre les yeux en sentant que ça bouge contre moi. Je gémis un instant, me tournant pour serrer contre moi la masse qui est blottie à mon torse. Je suis encore dans les vapes et dans une torpeur étrange. Je me sens, à la fois bien, et à la fois mal sans savoir vraiment pourquoi. Quoiqu’il en soit, je n’ai pas l’impression d’être dans la chambre du chalet. Pas ma chambre en tout cas. Par contre, j’en viens sérieusement à me demander ce que je fais dans un lit avec quelqu’un dans les bras. Tâtonnant, je réalise que la personne est massive, ferme… poilue au niveau des jambes… Je baisse la tête, réalisant que je suis nu quand je soulève la couverture et je vois la tête de Keith endormi contre mon poitrail. Rien que ça. Je rabaisse la couverture…
QUOI !?
MAIS QU’EST-CE QU’IL FAIT LA, LUI ?
La surprise me fait me redresser et hoqueter. Me jetant hors du lit, tout nu et avec un Keith qui se réveille à la suite de ma réaction. Je grimace et me tiens les côtes en sentant que ça me fait encore un peu mal, mais la lumière m'aide relativement bien à régénérer plus vite ces fractures. C’est relativement perturbant et impossible pour moi de ne pas me souvenir de ce que j’ai fait la veille. Et POURQUOI Keith est avec moi ?! Je regarde autour de moi. On se trouve dans une chambre, mais pas la chambre du chalet j'ail l'impression. Nos affaires sont éparpillées un peu partout au sol et quand Keith se redresse et me regarde pour me demander ce qui ne va pas je perds mes moyens. Qu’est-ce qu’on a fait ? Aengus va nous tuer si elle l’apprend. Enfin… Pas que je ne craigne quoique ce soit me concernant, mais je préfère me méfier. Je risque de passer aussi un sale quart d’heure. J’en viens à me demander ce que j’ai pu faire encore d’autre sous l’effet de cette fichue drogue. Pourvu que je n’ai tué personne, on va me prendre pour un psychopathe après. Je grimace, cherche quoi faire, et surtout je ferme la porte de la chambre à clef pour que personne n’entre et ne nous surprenne. Moi nu, debout en plein milieu de la chambre, Keith penchant la tête sur le côté en me matant ouvertement mais en même temps je le sens un peu indécis. Mitigé entre se demander ce qu’il a fait et son appréciation du moment à se retrouver avec moi en tête à tête. Je ferme les yeux et récupère mes affaires en poussant un lourd soupir.

«Ne me demande pas ce qu’on a fait, je n’en n’ai pas la moindre idée !»

Je cherche la salle de bain, la trouve, manquant de perdre l’équilibre sous la faiblesse de mes jambes qui n’ont pas vraiment l’intention de me porter bien longtemps. Contrecoup de la drogue ? Allez savoir. Je me sens juste complètement endoloris de partout et encore dans le brouillard… Cela dit le réveille a été relativement brutal.

«Je vais prendre une douche…»

Kendall entra dans la salle de bain et posa ses affaires sur un meuble à disposition près du lavabo puis il entra dans la cabine de douche. Tentant de se remémorer sa soirée qui semble avoir relativement bien finit en partie de jambes en l’air, il ne réussit qu’à avoir que des légers fragments de mémoire sans réussir vraiment à comprendre ceux-ci. Trop fouillis ou troubles, et surtout très sombres. Il se souvient vaguement de la musique de ce sentiment que ça lui avait provoqué avant de s’approcher d’Aengus pour lui faire un câlin. La suite, il l’avait occulté inconsciemment à cause de l’effet de la drogue. Il n’avait pas semblé être lui-même. Et tout ça le perturba. Une fois sa douche prise au bout d’un bon quart d’heure, il revint dans la chambre, habillé de ses vêtements de la veille et observa un peu Keith.

«Comment tu te sens ? Je crois qu’on a bien bu hier, en plus des médicaments qui m’ont bien shooté.»

J’espère sincèrement que je n’ai rien fait de grave durant ce laps de trou noir. Je viens m’asseoir sur le bord du lit et me masse les tempes en soupirant. Cherchant vainement à me rappeler de détails importants ou autres faits qui se sont déroulés hier soir. Après l’infirmerie, c’était relativement flou, puis, de plus en plus noir. Il faut que je retrouve Aengus pour savoir si elle va bien. J’ai comme un sentiment de colère profonde qui gronde en moi sans parvenir à savoir pourquoi. J’intime à Keith de prendre son temps pour se lever tandis que je rouvre la porte et la referme derrière moi. Constatant que si, nous sommes au chalet mais dans la chambre de Keith. Je me souviens avoir fait l’abruti avec la porte de l’infirmerie, ok… Puis avoir fait un câlin au prêtre de Lugh, ok… Et après… j’en sais fichtrement rien. Je passe dans le couloir et une Daisy inquiète se jette sur moi pour me demander si je vais bien et m'expliquer ce qui s'est passé la veille. Qu’apparemment je me serais évanoui après un coup dans les côtes et Keith a voulu s’occuper de moi… seul… Et qu'Aengus n'allait vraiment pas bien hier. Ok ! Faut que je trouve Aengus !

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Keith relevait une lourde paupière pour entrevoir un corps nu. Pas mal la vue. Mais trop lourde à tenir. Son corps refusait le moindre geste. Son esprit refusait le moindre souvenir de la veille. Une réponse tenta de percer entre ses lèvres, un réflexe poli mais vain. Le sommeil le rattrapait déjà.

Daisy attrapait le bras de Kendall pour le tirer à elle. Visiblement, elle n'avait pas eu assez de sa dose de la vieille! La blonde le serrait avec force, visiblement inquiète.

"Il parait que c'était bizarre, hier! Y a des gens qui disent qu'Aengus était possédée hier! Elle est tombée raide paf par terre, comme ça PAF qu'ils disent!" L'une de ses mains s'inclina, raide dans la paume de l'autre. "Elle était comme habitée qu'ils disent les vieux et elle marmonnait des trucs en irlandais. Ils n'ont compris que "Morrigan" avant de s'enfuir avec leurs petites queues de vieux qui pendent entre les jambes." Elle se dandinait en imitant un manchot sur la banquise plus qu'une personne âgée. "Je sais pas ce qu'on a pris hier, mais c'était de la bonne...D'ailleurs... Hum ? Tu te souviens de beaucoup de trucs de la nuit,... hein ? "

Aengus, elle aussi dans son lit rêvait de sommeil. Lui la fuyait comme la peste. Aussi, l'irlandaise ressassait. Les paroles de Morrigan demeuraient floues, lointaines peut être. Sa déesse l'avait rejointe, honorée de sa présence et elle ne se souvenait de rien. La douleur entravait toute réflexion possible. Aussi, quelqu'un ou quelque chose devait le faire à sa place. Une seule réponse s'imposait. D'une main malhabile, la brune attrapait le cerveau de secours: son portable. Quelques symptômes de placés dans la barre de recherche et le verdict tombait: enceinte!

"LAMFAAAAAAAAAAAAAAAAAAAADAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!" La douleur la stoppa net dans une grimace atroce. Néanmoins, sa vertu criait au scandale et appela à une seconde exhorte! "JE VAIIIIIIIIIS!" Douleur. Douleur. Douleur. Ta gueule. "TE DEFONCEEEEEEEEEEEEEEEEEEER!" Douleur. Douleur. Toujours douleur. Mais rien à faire. Le corps d'Aengus se tendait sous une peine horrible, courbant l'ensemble de son être. Son cri s'achevait dans un râle d'agonie. Promis. Si ce n'était pas maintenant, ça serait plus tard !

Daisy, prise d'une panique que personne ne pouvait comprendre sans un retour en arrière dans la chambre de Kendall et Keith, décida d'agir avec sagesse et s'éclipsa sans demander son reste. Elle ne comprenait pas tout mais entendre Aengus vociférer ainsi n'annonçait rien de bon!

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La nouvelle l’abasourdi. Daisy lui explique qu’Aengus était tombée raide dans la soirée, elle lui parle de Morrigan, puis de petits vieux. T il a encore du mal à tout comprendre, à émerger de son état d’ébriété de la veille. Mais il comprend. Il réalise. Il a mal, mal d’une douleur qu’il ne pense pas être la sienne, et une colère intense fait vibrer tous ses membres, son cœur pulse dangereusement. Il pince les lèvres, regard un peu outragé sur Daisy, et il comprend que la nuit, il ne l’a pas passée qu’avec Keith, mais bel et bien avec elle aussi, vu son sourire et son air enjôleur.

«Woah ! Qu’est-ce que j’ai fait cette nuit moi…»

Un cri retenti, me faisant sursauter, et la douleur me transperce, en plus de cette colère qui boue en moi. Intense, palpable, je vois Daisy partir comme une flèche en couinant, sans demander son reste. Et cette rage interne me fait comprendre une chose. Je pose ma main au niveau de mon cœur, cherchant à attraper mon pendentif qui contient ma lance. Je ferme les yeux et tente de m’apaiser, mais impossible, trop de colère, trop de chaos, Ar-Eabdair me pousse au vice, constamment, elle me pousse au chaos, et là c’est pire que tout. Je grince des dents et me dirige dans la chambre d’Aengus, descendant les escaliers précipitamment pour ouvrir sa porte à la volée et, maso comme je suis, la curiosité me pousse à savoir pourquoi elle cherche à vouloir me défoncer. En voyant la jeune brune si tendue de douleurs et de crispations, je commence à réaliser ce que j’ai fait… A moins que… Non, ce n’est pas Vvärn, ce n’est pas lui et je le ressens. C’est elle… Alors je m’approche, mon regard semble troublé, incertain, inquiet, réellement inquiet. Et je m’agenouille près du lit, lui prends la main, cette main qui dépasse du lit tandis qu’elle est pliée de douleur.

«Elwynn…»

Le contact est censé l’apaiser puisque je lui transmets de ma médecine mais rien n’y fait, elle souffre et j’ai l’impression d’être seulement impuissant face à tout ça. En plus de la douleur, le remords me ronge. L’inquiétude d’avoir fait l’irréparable.

«Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce qui s’est passé hier soir… cette nuit ?» Je secoue la tête, pince les lèvres, impuissant, mais pas totalement non plus. J’ai juste… quelques souvenirs vagues sans réellement comprendre ce que j’ai fait ou ce qui s’est passé. «Je ne me souviens pas de grand-chose après… mon passage à l’infirmerie.» Je resserre mes doigts sur sa main, une poigne qui se veut rassurante et apaisante, mais je ressens cette colère, et au plus ma présence se fait sentir près d’elle, au plus je réalise à quel point j’ai fait l’idiot. Qu’est-ce que j’ai fait bon sang… Je pose mon autre main sur la tête d’Aengus, caresse celle-ci pour dégager une mèche de cheveu de son visage. Et je grimace. Comment lui annoncer alors qu’elle n’était pas prête à ça. Que je ne voulais rien forcé, mais je l’ai quand même fait. Mon regard est ombragé, orageux, grondant intérieurement. La rage qui bouillait en moi, contre moi, je ne me pardonnerai pas d’avoir fait ça sans lui avoir demandé l’accord. Et sans même l’avoir fait officiellement. Je relâche sa main et c’est la table de nuit qui prend, à me péter le poing contre et le bruit sourd résonne dans toute la pièce. «Merr..Humpf !!» Je me mords la langue et me tiens la mâchoire sous la douleur en cherchant à prononcer une insulte. Même ça, je n’y arrive pas. «Le Co…Omphf !!» Encore ! Je plisse les paupières suffisamment fort pour me maintenir la mâchoire sous la douleur de ma langue qui s’est faite mordre à deux reprises. Ça fait un mal de chien. Et je constate encore une fois que supporter des injures est aussi insupportable que d’en prononcer. Je me lève et tourne en rond dans la pièce en respirant comme un buffle sous toutes ces émotions qui m’envahissent. Je tente de calmer tout ça et de chercher mes mots pour expliquer ce que je pense qu’il s’est passé. Je regarde la porte derrière moi, la ferme, à clef même histoire de ne pas être dérangé, et j’ouvre un peu la fenêtre pour avoir de l’air et respirer un peu. Quand je vois une corneille passer… Je m’excuse intérieurement pour cet affront à Morrigan.

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I'm sending a raven. Black bird in the sky, Sending a signal that I'm here. Some sign of life, I'm sending the message. Of feathers and bone.. Just let me know I'm not forgotten, Out here alone.
The air is cold, the night is long.. I feel like I'm might fade into the dawn fade until I'm gone. — Sam Tinnesz || @Kendall McLight & @Aengus O'Griffin

Chasser encore. Pendant une nuit, elle avait chassé la fauteuse de trouble afin de lui faire la peau, et pourtant, elle lui était échappée. Ah, ces saletés de piaf, ça devenait une mode de la contrarier et de lui voler dans les plumes. La course poursuite avait été longue et éprouvante mais finalement, Morrigan voulait bien s'avouer en échec. La frustration coulait dans ses veines, autant que sa contrariété alors qu'elle prenait le chemin, à vol d'oiseau, de la demeure de sa croyante. Elle s'était assurée de sa survie et pourtant, les symptômes étaient là.. Et elle n'avait eu aucun mal à les reconnaitre.

En vol, Morrigan tentait de calmer sa vindicte afin de ne pas la déverser inutilement et injustement.. Pour autant, elle ne pouvait cacher son humeur orageuse. Arrivée près de la fenêtre, elle y apercevait Lugh et passait finalement sous son nez, dans cette forme volatile qui lui appartenait. Dans un bruissement d'ailes auquel se succédait un bruit de drapé, Morrigan prenait corps en glissant une main à ses cheveux bruns relevés. Habillée d'une robe noire, longue et fendue, au bustier dévoilant ses épaules, elle avança vers Lugh, alors que l'éclat d'or se nécrosait dans son regard afin d'y faire succéder la teinte obscure. L'ombre de sa colère planait alors qu'elle le jaugeait longuement. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Qu'elle demandât sans prendre aucun détour alors que son attention se portait finalement sur Aengus.

Perchée sur ses hauts talons, elle s'avança vers la nouvelle disciple afin de plier les genoux et de venir se placer à sa hauteur. « Te souviens-tu ? Tu m'as prié, la nuit dernière, et je suis venue. » Un soupir fila d'entre ses lèvres alors qu'elle remonta un regard contrarié vers son petit-fils dont elle jaugeait l'état lamentable. « Va donc te rafraichir, tu ne nous fais pas honneur. » Les mots claquaient avec sévérité et pour autant elle ne se laissait aller à aucune violence. Le temps n'était pas encore venu. La vindicte allait devoir attendre.
Là, elle endossait presque naturellement une place maternelle, bienveillante malgré sa contrariété exacerbée. Dire qu'elle n'était que colère et violence était alors exagéré.. Parce que Morrigan avait bien des défauts, dont celui d'être habitée par une certaine dureté, mais pour autant, elle veillait sur les siens, comme sur les humains qui reconnaissaient sa divinité.

Reportant toute son attention sur Aengus, elle reprit à son égard afin d'éviter tout trouble. « Je n'ai plus cette allure flamboyante d'antan, mais celle que je suis demeure inchangée. » Inutile de paniquer, de s'agiter et d'ainsi accroitre la douleur.

« Dans quoi est-ce que vous vous êtes embarqués ? » Qu'elle marmonna finalement en avisant longuement Aengus avant de se laisser aller aux réflexions diverses. Après tout, elle attendait qu'on éclaire sa lanterne quant aux évènements. Pendant ce temps-là, elle ne pouvait que spéculer, envisager et se sentir impuissante devant la douleur cuisante à laquelle elle ne pouvait accorder aucun apaisement, si ce n'est celui de l'âme.
Si la situation était aussi grave qu'elle l'envisageait, alors, elle se devrait de laisser partir sa croyante vers les horizons d'un autre dieu, que ce soit Lugh ou un autre. Elle le devrait pour assurer sa survie. Vouloir sa mort n'avait aucun sens, d'autant plus que la Druide l'avait servi et priée pendant toute sa vie de mortelle, alors, elle devait la remercier pour ce geste d'abnégation.

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Ft. @Aengus O'Griffin & @Kendall McLight

Voilà ce que beaucoup de croyants ignorent. L’arrivée du dieu n’engendre pas toujours satisfaction et encore moins résolution des difficultés. Pour preuve, Lugh s’activait au chevet d’Aengus, plus perdu encore à chaque mouvement. Le premier, un contact contre sa peau, imposa un grincement de dents chez la brune. Après tant d’épreuves, la méfiance s’insinuait en elle à chaque geste, chaque souffle, chaque mot qu’il entamait. Dans ce tourment, l’impuissance régnait en maître, imposant immobilisme et silence.

«Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce qui s’est passé hier soir… cette nuit ?» Dans un effort ultime, le bras de la croyante s’érigeait, écran tourné à la face du divin comme LA réponse : enceinte. L’attention du dieu s’évadait ailleurs, loin des préoccupations de la principale concernée. Que redoutait-il à tout verrouiller ainsi ? «Je ne me souviens pas de grand-chose après… mon passage à l’infirmerie.» A nouveau, l’écran s’agita de droite à gauche pour quérir un brin d’attention, un regard, une œillade ! Lassée, l’irlandaise laissa son bras choir. Inutile. Autant le regarder, lui, tournoyer comme un poisson dans son bocal…et se cogner contre les parois.

Seule la présence d’une corneille éveilla à nouveau l’intérêt d’Aengus, cette lueur au fond du noir de son regard. Admiration. De la corneille à la femme, Morrigan se dessina dans la lueur de la chambre. Aengus retenait son souffle jusqu’au claquement de talon sur le sol. Le spectacle coupait le souffle ! La journaliste ne put contenir un sourire. Déjà, son cœur pulsait d’une allégresse inattendue. Cueillant de nouvelles forces, son corps s’obligea à un minimum de tenue. Devant la grande reine, l’idée d’un mascara dégoulinant sur ses joues ne se tolérait en rien. Aussi, une paume de main cherchait à effacer les traces d’un maquillage fatigué. Si elle se souvenait ? Evidemment ! Les meilleures heures de sa vie… ou presque ! Quant à la reconnaître, le doute ne l’effleurait pas. La transformation de corneille à femme avait suffi.

« Z’êtes… toujours…parfaite. » Est-ce lié au divin, ça aussi ? La taille de guêpe, le corps athlétique, les cheveux soyeux et brillants… La liste des atouts serait trop longue à énumérer. Cet être, pourtant, semblait taillé pour la guerre, quelle qu’elle soit. Face à une telle perfection guerrière, comment résister ? Impossible, la journaliste le savait. Sa crainte s’évaporait lentement alors que sa colère se muait en courage excessif. Toute vie avait une fin et si la Morrigan elle-même venait cueillir la sienne alors Aengus partait en paix. Car, elle allait mourir, n’est-ce pas ? Une telle douleur, un tel déchirement, une telle affliction.

« J’étais sur la trace des arnaqueurs, prête à prendre place en leur rang et remonter à la tête pour la trancher. » Les prémices de son plan se basaient sur de bons vieux rudiments d’infiltration : attirer, appâter l’ennemi jusqu’à soi, lui donner l’impression d’être celui qui a ouvert la porte et a invité le loup dans la bergerie. « Gehena a voulu tendre un piège à Kendall. Puis c’est parti en vrille… vraiment. Il s’est transformé… en nounours géant ! Je sais pas… C’était pas la pleine lune pourtant…Faire des câlins à tout le monde, péter les ampoules, rendre tout le monde accro à lui… la routine divine, visiblement. »

La fièvre augmentait, comme ultime réaction d’incompréhension de son corps et de son esprit. Aussi, son propos frisait le ridicule. Lui, ne tue pas. La fièvre en revanche essayait sans succès.

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Ft. @Aengus O'Griffin & @Kendall McLight @Sÿel de Brún

Le téléphone en face de lui, dressé difficilement par la demoiselle qui agonisait sur son lit. Il avait vu le “verdict” qu’elle lui montrait. Il avait compris pourquoi elle avait crié contre lui. Enceinte… Non, elle n’était pas enceinte. Il frappa du poing contre le meuble à côté de lui, tenta vainement de lancer des injures, coupées par le fait qu’à chaque tentative il se mordait la langue. Et maintenant, il tournait en rond comme un lion en cage dans la chambre d’Elwynn. Un grondement sorti de sa gorge. Il n’était pas content. Mais il devait émettre un diagnostic tout autre auprès de la jeune femme. Il se rabaissa, la pinça. Douleur. Douleur encore plus pénible avec ça, même son toucher lui donnait l’impression de le brûler, par son biais à elle à cause de ce qu’elle ressentait. Il avait compris. C’était le lien. Il s’était lié à elle cette nuit là. Dans sa connerie, sous l’effet de la drogue, son ébriété l’avait poussé à se lier à elle. La raison pour laquelle Daisy l’avait vue tomber raide. La raison pour laquelle elle était dans cet état maintenant.

«Non, tu n’es pas enceinte. Je suis stérile. Et si c'eût été le cas, nous ne faisons pas pousser les bébé en une nuit.»

Façon de parler. Nous avons le même cycle de conception que les humains. A défaut que nos enfants ont été fait sur un autre plan. Et sans regarder sur d’autres divinités qui usent de leur magie à outrance… La création d’un être divin est… Bon ok, on oublie ça. Quand je repense à certains dieux d’autres panthéons, ils ont des façons pas du tout banales de créer leurs enfants….. Ouais… En fait je vais me taire. «Tout du moins chez les celtes. Je ne parle pas des créations étranges et loufoques des autres panthéons, ou des créations par magie divine.» Déjà qu’elle n’est pas en état, si je me mets à lui parler de ça, elle ne va rien comprendre du tout à ce que je lui dis. Il vaut mieux que je m’arrête là tant que j’en ait encore la possibilité avant de définitivement la perdre.
Je continue de tourner en rond, puis finis par ouvrir la fenêtre pour prendre l’air. Pour finalement voir débarquer une corneille que je ne reconnais que trop bien. Je me dégage de l’ouverture pour la voir rentrer et prendre sa forme humaine. Passant une main sur ma nuque, la mine contrite, déboussolée et complètement perdue. Alors que j’allais répondre à Morrigan, elle m’incite à me débarbouiller un peu histoire de reprendre contenance. J’entrouvre les lèvres, fronce les sourcils, détourne le regard, puis la tête, lève une main, retiens mon geste, entrouvre à nouveau les lèvres. Inutile de lui dire que j’ai pris une douche pendant un bon quart d’heure il y a à peine trois minutes, si? Non… Je vais me taire. La raison pour laquelle je suis dans un sale état n'est que parce-que je ressens la douleur qu'Aengus peut ressentir face à la part divine que je lui ai laissée qu'elle n'a pas encore assimilé. Je baisse ma main. Me tourne vers Aengus et pince les lèvres la mine contrite, laissant Morrigan s’occuper d’elle tandis que je relève ma main pour la passer sur mon visage et me masser la nuque. Un soupir silencieux glissant hors de mes lippes.Je relève les yeux sur Morrigan. Je suis sincèrement désolé, mais je me reprends un peu. Une profonde inspiration me fait me redresser, et je glisse mes bras contre mon poitrail en gardant une allure droite. J’écoute ce que tente d’expliquer Aengus, la regarde avec un air désolé. Contrit même. Je m’en veux un peu, et je ne voulais vraiment pas en arriver là si elle n’était pas pleinement en accord avec tout ça. Je m’en veux parce qu’elle n’est absolument pas préparée à ça. Je hausse un sourcil, puis l’autre de stupeur en écoutant son récit. Ainsi donc, sans pleine lune je me suis transformé en nounours qui a voulu faire des câlins à tout le monde… Je suis… dépité. Blasé, même. Je me passe une main sur mon visage, retenant un lourd soupir et regarde Morrigan. Comprenant un peu plus la situation maintenant.

«J’ai été drogué hier soir et… Je crois que dans mon état second, j’ai fait d’Aengus ma disciple, Morrigan… Je suis désolé. Par principe, et respect pour toi, jamais je ne me serais permis de le faire en toute possession de mes moyens.»

Je dois retrouver cette infirmière pour savoir ce qu’elle donne à ses patients et la houspiller comme il faut parce que je ne suis vraiment pas content de ça. Je secoue la tête, sidéré par ma propre stupidité sous cet état d’ébriété. Reprenant à l’attention de ma comparse.

«Moi qui m’étais résigné pour qu’Aengus reste à tes côtés, je n’ai même pas respecté ça. Et je m’en veux terriblement… Je n’ai pas respecté la volonté d’Elwynn à te suivre mais je t’ai également bafoué en faisant ça. J’en paierais les conséquence et j’assumerai jusqu’au bout, mais je compte bien m'assurer de sa protection et de sa sécurité en prenant mon rôle au sérieux et avec assiduité.»

Je sais qu’elle est assimilée à la mort, mais elle n'est pas là pour l'emporter avec elle au Sidh. Et je sais aussi que c’est une grande guerrière, reine rouge aux talents guerriers. J’accepterai ma part de torts et ma punition. Ce que je souhaite seulement, c’est qu’Aengus vive. Qu’elle accepte ce que je lui ai légué. Je m’approche en mesurant mes pas et viens m’agenouiller près du lit et lui prendre la main en lui attrapant le poignet avec. Je la regarde calmement. glisse mon autre main pour dégager une mèche de cheveux qui couvre une partie de son visage.

«Il faut que je t’explique tout ça. Je t’ai fais du tort alors que tu n’y étais même pas préparée. Mais tu as dans le sang l’héritage de ta mère, Brigit. Tu es une druide et nous croyons en toi, Elwynn.»

Plus qu’elle ne croit en nous. Morrigan, Dagda, moi-même, nous pouvons être fier d’avoir des croyants comme elle car sans eux, sans elle, nous n’existerions plus.

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Far From home. Not where I belong

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I'm sending a raven. Black bird in the sky, Sending a signal that I'm here. Some sign of life, I'm sending the message. Of feathers and bone.. Just let me know I'm not forgotten, Out here alone.
The air is cold, the night is long.. I feel like I'm might fade into the dawn fade until I'm gone. — Sam Tinnesz || @Kendall McLight & @Aengus O'Griffin

Les prémices de l'attention de Morrigan se tournèrent instinctivement vers Aengus dont elle saisissait l'ampleur de la douleur. Ce n'était pas dans l'expectative de la cueillir aux portes de son trépas qu'elle était venue. Non, elle avait répondu à sa prière, à son appel, jusqu'à apercevoir la situation ô combien brouillonne. Les prunelles assombries retrouvaient une teinte plus claire, plus printanière alors qu'elle accordait son attention à la croyante. A ses paroles, elle lui adressait un sourire simple, en parfait contraste avec son envie de violence.
Morrigan savait orienter ses colères et elle le faisait, toujours. Elle s'avança donc pour venir effleurer à peine le front d'Aengus et finalement se redresser à ses explications plus que nébuleuses. Un léger froncement de sourcils attesta de son incompréhension alors qu'elle sentait toujours Lugh rôder derrière elle.

Douche ou non, sa mine défaite ne présageait rien de bon selon Morrigan. Animée d'une sévérité intemporelle, l'ancienne Reine avait gardé, malgré sa réincarnation récente, la fâcheuse manie de maintenir les apparences, d'autant plus devant les croyants et les fidèles. Quoiqu'on pouvait dire, quel que soit la proximité que l'on pouvait prôner avec les humains.. Il était évident que le Divin surplombait le Mortel. Il n'y avait aucune arrogance dans cette pensée, c’était plutôt une simple réalité faites pour effacer toute désillusion, d'un côté comme de l'autre.

Debout, Morrigan décrocha son regard vert d'Aengus pour le reporter sur Lugh à ses explications, bien plus limpides. Au fil des secondes, ses sourcils se fronçaient, puis, son expression se tendait alors que se dégageait d'elle, déjà, cette colère brute tandis que son regard se faisait sombre, terriblement sombre. Ses iris devenues deux puits sans fond ne quittaient plus Lugh alors qu'elle se déplaça trop rapidement dans la pièce pour attraper une chaise et la fracasser contre un mur. « Tu es.. Désolé ? Désolé ?! » Qu'elle crachait avec fureur avant d'attraper un débris pointu de la chaise pour s'arrêter devant Lugh. Sa main libre l'attrapait à la gorge. « Tu oses me parler de respect après ce que tu viens de faire ? » Sa prise se resserrait un moment alors qu'elle levait l'arme en la serrant avec une fermeté confirmée par ses phalanges blanchit. Au bout de quelques secondes de tension extrême, elle relâchait son petit-fils d'un mouvement brusque.

« Tu t'étais résigné ? Est-ce que je vais devoir te faire payer ton offense en allant me résigner auprès d'un de tes croyants également ? » Qu'elle lâcha, entre ses dents. La fureur n'était pas encore totalement à son paroxysme mais pas loin. Pourtant, il y avait encore ce fil rouge, tendu à l'extrême qui retenait ses gestes. Parce qu'elle ne voulait pas le blesser, malgré le fait que son esprit tonnait qu'il le méritait pour le mépris dont il avait fait preuve. « N'ai-je pas été assez bafouée récemment ? N'ai-je pas assez perdu pour que ma propre famille s'y mette également ? »

Le maelstrom d'émotions noires dans lequel se trouvait Morrigan la força presque à s'avancer vers Lugh, poing serré sur l'arme de fortune. Il était à jurer qu'elle avait une folle envie de le planter. Pourtant, elle se força lentement et difficilement à lâcher l'arme de fortune. « Souviens-toi de cet instant, Lugh. Souviens-toi de ma clémence, parce qu'il se peut qu'un jour, tu sois amené à me l'accorder, tout autant, en juste retour des choses. » Qu'elle lui souffla, regard braqué sur le sien, encore en prise avec sa vindicte.

Mâchoire crispée, nerfs tendus dans chaque parcelle de son corps, Morrigan ferma les yeux quelques secondes pour se forcer à inspirer plus ou moins calmement. Elle ne pouvait lui en vouloir, pas parce qu'ils étaient confrères mais pour ce qu'il était réellement. Viendrait un jour où il le découvrirait et oui.. A cet instant, il devrait la pardonner, malgré son silence sans âge.
C'était là un biais, une accroche pour la Morrigan.. Un moyen pour elle de se temporiser. Elle dévia le regard pour le voir faire avec sa croyante. De longues secondes s'étirèrent jusqu'à ce que Morrigan retrouve un calme tout relatif.

S'animant à nouveau, elle s'approcha du chevet de la jeune femme et poussa d'une main à l'épaule Lugh afin qu'il la laisse faire. « Ecartes-toi. » Qu'elle lui gronda presque dessus, encore colérique malgré sa tentative de retour au calme.
Pliant à nouveau les genoux, elle se plaça devant Aengus et l'observa longuement en venant glisser ses doigts le long de son bras pour venir se saisir de sa main. « Ecoutes-moi bien Elwynn, ton temps n'est pas venu. » Son regard se posait sur le sien, et au creux des prunelles de la Déesse, la Druide pouvait y percevoir le recul de la vindicte. Peu à peu, le noir reculait au profit d'une teinte plus vive, mordorée. « Tu dois accepter ton nouveau dieu. Lugh veillera sur toi éternellement.. Et parce que c'est un crétin fini, je ne serai jamais loin. Accepte-le, prie-le, honore-le et il te fera découvrir un monde dont tu ne soupçonnes pas l'ampleur. Ne lutte pas contre l'honneur qu'il t'accorde, et la souffrance te quittera. » Un sourire serein venait même conclure son propos, cette invitation à accepter le tribut de Lugh, cette injonction à devenir sa disciple.
Morrigan ne le faisait pas pour Lugh ou pour elle-même, mais bel et bien pour la jeune femme en souffrance qu'elle refusait de voir dépérir pour l'erreur de son petit-fils. Elle ne le méritait pas.

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Par quel mystérieux procédé parvenait-elle encore à exister ? Aucune lutte acharnée ne saurait la délivrer de sa métamorphose. Sa mue n’avait que commencé. Hier, chenille, aujourd’hui cocon, demain… Papillon ? Son ignorance la clouait au lit, tantôt bercée d’une main délicate, tantôt touchée de doigts coupables. De son point de vue atypique, la brune ne perdait rien de cette affliction excessive, transformant l’habituel sourire charmeur en un axe bien insolite.
Ses questions silencieuses trouvèrent une réponse, enfin. Ainsi, le dieu Lugh était à l’origine de ce mal. Nul doute sur ce point depuis le début, néanmoins, la raison, elle, laissa l’irlandaise pantoise. Ses neurones remuaient la multitude de souvenirs en stock pour trouver un antécédent expliquant la démarche à suivre, une définition plus claire du terme « disciple » ou n’importe quelle allusion passée sur le sujet.

« Quel héritage ? » Interrogea Aengus dont la réflexion ne menait à rien. Sa mère n’avait pas joué de rôle primordial dans son existence depuis plus de vingt ans ! Pour un être humain, une éternité !

Dans un sursaut, son attention se porta sur la Morrigan, soudainement brutale et agressive. Alors que cette lave glacée dévorait son interlocuteur, l’atmosphère basculait. Chaud. Froid. Quoiqu’il en soit, une certitude s’imposa. La caution de la chambre lui passerait sous le nez ! Plus sérieusement, un choix se profilait et sous l’impulsion de la déesse, il prenait un nouveau sens.

La renaissance sonnait. La mort se refusait à elle. L’honneur de cette réflexion n’échappait en rien à la seule humaine de la pièce. La vexation oubliée, elle balaya du revers de la main les protestations intérieures et rumination sur la situation. Combien d’êtres sur cette terre priaient les dieux sans ne jamais les apercevoir ? Combien d’entre eux attendaient encore, un geste, un murmure, un signe ? Qui serait-elle pour se soustraire à la volonté de la déesse, celle qui l’accompagnait depuis l’enfance ?

A l’image d’un morceau de viande sur l’étalage d’un supermarché, l’humain n’était qu’une denrée périssable pour les dieux. Morrigan pouvait jouer de son sort avec la même étroitesse d’esprit que celle des hommes. En consommer assez pour déborder et jeter celle défraichi sans un regard.

« J’ai toujours lutté pour vous… » Souffla Aengus, les lèvres pincées pour retenir un nouveau combat. « Je suppose qu’il est temps d’apprendre la reddition. » Loin d’un adieu ou d’une violente séparation, Aengus choisissait de mettre un terme à la douleur pour avancer et découvrir l’étendue du monde promis. Une main se posait délicatement sur celle de Morrigan comme pour lui assurer qu’elle avait bien compris sa mission. « Je ferai de mon mieux pour qu’il ne lui arrive rien et pour ça je vais m’assurer que cette femmibou n’est pas une menace. »

Dans une nouvelle inspiration, Aengus se redressait de cette position fœtale. La sortie du cocon s’effectuait lentement. L’éclat de chrysalide prenait du temps, de l’énergie et la force. Les crispations de son être diminuaient au fur et à mesure que sa position s’élevait pour ouvrir ses nouvelles ailes.

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La vindicte de Morrigan. Quand Lugh vit son regard il comprit et il accepta. Ne cessant de regarder cette femme qu’il avait longtemps admiré, respecté et plus encore aimé comme quelqu’un de sa famille, une femme, certes, de caractère, mais Ô combien grande. A côté, il avait l’impression de n’être qu’un petit garçon qui faisait encore des bêtises et qu’elle rabrouait pour le remettre dans le droit chemin. L’attitude de la déesse pourrait faire peur, et rendre inquiet ceux vers qui sa vindicte se tournait. Mais comme dit plus tôt, Lugh assumerait les conséquences de ses actes, quitte à se mettre cette déesse à dos. Et s’il avait été un étranger à son panthéon, il aurait probablement bandé sous cet état agressif, la tension qu’elle faisait ressentir, et l’effroi qui lui vrillait les entrailles et remontait jusqu’à sa poitrine.
Sacré caractère !
Indubitablement, il l’admirait, et même quand elle était en colère contre lui. Il se sentait comme un enfant, ridiculement honteux, blessé par sa propre bêtise et le remords qui lui rongeait les sangs. La chaise se brise, elle se saisi du pied cassé, il jette un œil sur Aengus, plus inquiet pour elle tant qu’elle n’a pas accepté sa situation que lui face à Morrigan. Il revient sur la déesse quand elle lui attrape la gorge. Il reste droit, ne bouge pas, ne montre pas de résistance. Il se contente de poser sa main sur la sienne, pas pour la lui retirer, non, pour lui faire comprendre qu’il est désolé. Mais son regard reste ancré, sans ciller un seul instant, dans les prunelles d’onyx de celle qu’il a en face de lui. Il accepte son sort, mais ne souhaite pas qu’Aengus en pâtisse par sa faute. Elle le repousse une première fois, comme brûlée par la main de Lugh qui s’est posée sur la sienne. Il fait deux pas pour garder l’équilibre et ne pas tomber. Alors c’est d’un regard inquiet qu’il relève les yeux sur le pieu qui se dresse dans sa direction. En son for intérieur il hurlait de ne pas faire ça, mais aucun son ne sorti de ses lèvres, et son regard coula de nouveau sur celui de la déesse. Ça n’était aucunement dans son intention de la bafouer ou de lui manquer de respect comme il l’a fait. Mais qu’avait-il à dire ? Que pouvait-il faire ? Avoir peur ? Non. La craindre ? Non plus. Reculer ? Encore moins. Lui demander pardon ? C’est ce qu’il cherchait à faire. Mais son regard sur elle éprouvait toute l’infamie de son acte. Il savait que c’était un déshonneur, une abjection qu’il venait de faire à la Grande Reine. Il s’avança, lui tenant tête d’une manière à lui faire comprendre qu’il accepterait sa punition. Mais était également prêt à riposter seulement pour éviter une souffrance inutile à Aengus. Et rien d’autre. Il accepterait la punition quoi qu’il lui en coûte.

«Et j’accepterais la punition qui m’incombera, Grande Reine. Sois-en certaine!» Et je me devrais de tenir parole et de ne pas, de nouveau, porter offense à Morrigan. Je ne me le pardonnerais pas. Je n’ai, Ô grand jamais, fait un tel affront à l’un de mes comparses divins et encore moins ma famille. Même pour moi c’est inadmissible car je ne supporterais pas qu’on me fasse le même coup.

Bien que le corps n’ait pas la nécessité à une réaction, le cœur du dieu s’affola, semblable à une injection d’adrénaline. La tachycardie intense provoquait une douleur dans la poitrine de Lugh. Une colère sourde et contenue, non dirigée vers la brune sur ses hauts talons, mais pour l’être qui avait osé le droguer pour qu’ainsi il bafoue l’honneur et le respect qu’il a pu avoir de Morrigan jusqu’à maintenant, mais pire encore, son estime. Il la sentait déçue, et il y avait de quoi, même lui n’en n’était pas fier. L’arme pointée dans sa direction, il avança d’un pas pour fixer la déesse en colère, sentant celle-ci encore relativement bien contenue. Il plissa les paupières, se demandant ce qui la retenait bien là de lui enfoncer le pieu dans le crâne ou dans l’épaule. Puis, il ferma les yeux, droit, raide comme un piquet, puis il détourna légèrement la tête pour ensuite la baisser dans une déclaration d’engagement silencieux aux propos de la brune. Lèvres pincées, l’adrénaline qui s’était déversée dans ses veines provoquait des tremblements dans son corps. Morrigan se détourna, mâchoire crispée, et il détourna le regard, pénitent et déconfit en direction d’Aengus. Elle avait besoin de lui, si bien qu’il s’était déplacé jusqu’à son chevet pour lui prendre une main et replacer une mèche de ses cheveux lui cachant le visage. Tentant de la rassurer et de l’aider, jusqu’à ce que sa comparse exige qu’il s’écarte en poussant son épaule d’une main ferme. Un regard dans sa direction, et il se releva pour lui laisser la place. Quelque peu rassuré par les mots de Morrigan, mais également très confus pour la situation dans laquelle il se mettait à son encontre. Puis Elwynn posa une question à la suite des propos du lumineux. Il releva la tête, et joignit ses bras l’un à l’autre contre son buste tout en restant droit comme un « i ».

«Celui de Nous avoir à vos côtés ta famille et toi. Ta mère était une fervente croyante, une druide, proche des dieux, comme tu le sais. Brigit était proche de Dagda qui lui a tout appris, et par ce biais elle t’a légué cet héritage. Elle a promis chacun de ses enfants à différents dieux du panthéon qu’elle chérissait. Lucius était destiné à Morrigan, Et tu aurais dû, avec ton frère Andrew, m’être destinée… Mais tu as choisi ta propre voie… Parce que tes frères avaient peur de la mort à l’époque, tu as été la plus courageuse d’entre eux.» Enfin, façon de parler. Morrigan n'est pas que la mort, elle est aussi la guerre, et elle peut être fière d'Elwynn, car elle est une combattante comme elle. Nostalgie quand tu nous tiens… Mais je n'avais pas terminé mon récit. Enfin... Je doute que ce soit le moment de toutes les révélations que je peux lui faire à ce sujet, mais si c'est nécessaire...
Quelque part, je ne fais que récupérer l’enfant promis. D’un autre, je n’ai pas pour principe de considérer ces enfants comme de vulgaires possessions ridicules et seulement utiles que pour perdurer, non. C’est bien plus que ça. Pourtant même si elle avait décidé de suivre et de lutter pour Morrigan, dans le fond, la revoir -même si elle ne se souvient pas de moi- m’avait donné un faible espoir. Jusqu’à cette nuit. Mes sourcils se froncèrent quand Elwynn se redressa et parla de cette femmibou ? Quécéça ? qu’est-ce qui s’est passé exactement hier soir ? La confusion était encore bien présente et je me passais une main sur le visage en prenant une inspiration, puis relevant les yeux sur Morrigan et Aengus.

«C’est quoi cette histoire de… Femmibou ?» Mon regard se tournait à la fois sur Morrigan, puis sur Aengus, jonglant de l’une à l’autre sans comprendre réellement la situation. Ok, on peut me traiter de crétin fini, mais je compte bien rendre des comptes à cette fichue infirmière.

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I'm sending a raven. Black bird in the sky, Sending a signal that I'm here. Some sign of life, I'm sending the message. Of feathers and bone.. Just let me know I'm not forgotten, Out here alone.
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La résignation fière de Lugh ramenait Morrigan à cette filiation demeurée secrète depuis que leur monde était monde. Son regard rivé sur celui de son petit-fils, elle l'observait fixement, comme à la recherche d'une défiance quelconque. Mais non, il se montrait juste et mesuré, bien assez pour étouffer le feu de la vindicte qui brulait les veines de la Reine Fantôme.
Cette droiture, ce regard partagé, ces excuses qu'il ne formulait et pourtant qui trouvaient sens et corps.. L'un se mêlant à l'autre, Morrigan rendait les armes, renonçant au combat contre un opposant qu'elle ne voulait pas terrasser.
C’était alors une évidence, Lugh appartenait à ces rares personnes capables de comprendre et de cerner le tempérament impossible de la Déesse. Elle était la guerre, l’impulsion autant que la violence mais pour autant, passé ce vent violent, le calme pouvait parfois revenir. Et tout n’était qu’une question de réponse, de provocation, d’écho. Et le Dieu lumineux, lui, avait trouvé l’écho parfait, la résonnance adéquate pour calmer la furie éveillée à sa vindicte.

Finalement, l'affecte prit alors le pas sur l'horreur de ses pulsions sanguines, lui soutirant un soupir irrité pourtant. Ce monde était impossible ! Même les siens avaient le don de la mettre dans un état d'énervement avancé. Fort heureusement, elle ravala sa rage pour laisser le pied de chaise échouer au sol. Il était inutile qu'un désastre en provoque un second, parce que celui-ci, la Morrigan était certaine de le regretter. Maudite famille.. Elle espéra simplement que ses mots avaient été convenablement mémorisés par le Dieu Lumineux. Parce qu'elle pouvait le sentir, le temps de la Révélation était venu. Trop d'éléments pointaient en direction du secret si bien préservé.

Se cacher, dissimuler.. Là n'était pas des spécialités chez la Déesse de la Guerre. Elle était plus frontale dans ses méthodes, et pour autant, elle avait pris soin d'enterrer ses actions, pour cette fois-ci seulement. Se remémorant ses propres méfaits, elle détourna savamment son propre feu afin de le laisser peu à peu mourir sous la couvée de sa culpabilité millénaire. Ainsi, elle put se focaliser sur Aengus et sa souffrance bien plus immédiate, irrémédiablement insoutenable.

De Furie à protectrice, il n'y avait qu'un pas lorsqu'on s'appelait Morrigan, et c'était bien ce qu'elle laissait voir. Se refusant à se montrer injuste à l'égard de celle qui aurait dû être sa disciple, elle fit son possible pour l'alléger de son fardeau. La main libre de la déesse vint – même - effleurer l'ovale du visage de la jeune femme alors qu'elle l'observait. « Et même si ce n'est pas comme tu l'attendais, tu es tout de même récompensée. » Qu'elle lui répondit avant de relever et d'adresser un regard entendu à Lugh. Il n'avait pas intérêt à merder avec elle, sinon, elle l'imprimerait dans un mur pour se faire une nouvelle œuvre d'art à installer dans son salon. L'attention revenant à Aengus, elle lui adressa un sourire et lui laissa sa main et .. Ah oui ! Ce sale piaf. « On va s'en occuper, ne t'inquiètes pas. » C’était une certitude acquise. Pour autant, la Déesse préféra s’assurer que la nouvelle Disciple acceptait son sort afin de s’extraire de son mal. C’était bien plus important pour elle que la chasse d’un ennemi.. Quoique, réflexion faite..

Au bout de quelques instants, elle reposa la main d'Elwynn et se redressa, de toute sa hauteur. Comme dans un sursaut, elle se mit à pester. « Un fusil j'ai besoin d'un fusil pour plomber ce sale piaf ! » Le regard rivé sur Lugh à sa question, elle ouvrit la bouche pour mieux la refermer et soupirer. « Faut suivre. » Bien, merci Morrigan c’était là une réponse fort avisée. « Et je ne sais pas tirer au fusil. Ta lance alors ! Donne-moi ta lance, je vais en faire une brochette ! » Vraiment ? Elle tendit la main avant de la laisser retomber. « Non, finalement, je préfère lui tordre le cou à mains nues. » Elle mima même l'acte de ses mains. La bonne nouvelle était que le mécontentement de Morrigan s'était directement redirigé vers la responsable de ce fiasco.

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L’eau de mer. Aengus se sentait comme un marécage salant. La douleur s’évaporait lentement mais laissait derrière elle ce sel, une courbature étrange, bien différente de celles habituelles. Tirant sur son cou à droite puis à gauche, son corps cherchait à délier la tension. Mais de son étirement matinal et atypique, une nouvelle apporta son lot de crispations.

« Comment ça ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » Voilà qu’elle plaçait les mains sur son ventre comme pour protéger une progéniture qu’elle ne possédait pourtant pas encore. Son regard remontait de ses entrailles à Lugh. Ne jamais sous-estimer l’instinct maternel ! Jamais ! Chez Aengus, la famille s’élevait au même rang que les dieux, elle était sacrée, intouchable, inviolable. Le regard se plissa, soudainement méfiante. « Z’allez les tuer s’ils veulent pas devenir disciples ? C’est ce qui est arrivé à Lucius ? Parce qu’on n’a plus de nouvelle !» Dans une profonde inspiration, elle balaya elle-même son propos. La souffrance l’avait rendue paranoïaque. Le savoir n’effaçait pas ce doute sournois s’insinuant dans son bas ventre.

Heureusement, l’appel aux armes de Morrigan mobilisa son attention. Aussitôt, la brune se précipita vers le sac qu’elle ne quittait habituellement jamais. Dans ce dernier, elle planquait ses armes, celles qu’elle avait tenté d’utiliser contre un sanglier un temps plus tôt. Une excitation trop intense rayonnait sur le visage d’Aengus ! La perspective d’une chasse la mettait en joie, une euphorie plus grande encore que la présence de Morrigan pour la partie semblait être acquise ! Néanmoins, elle prit le temps de répondre à Lugh.

« Le hibou qui se transforme en femme qui a fui quand Morrigan est arrivée. Elle n’avait pas l’air d’avoir des intentions très sympathiques à mon égard. »

Dans une grimace de douleur, elle déposa le contenu de son sac sur le lit : un couteau de survie, une arme à feu, une chaine en acier d’un petit mètre, et divers choses utiles pour une journaliste : carnet, stylo, briquet et babiole. Le couteau de survie planqué dans son étui n’attendait que de servir. La lame d’acier de vingt centimètres avait été aiguisée avec soin, la pointe piquait à la moindre pression et sur les sommets des crans n’attendaient que d’arracher la chair. La poignée ergonomique permettait une bonne prise en main et un parfait équilibre. En son bout, une lanière rouge permettait de l’accrocher et pour Aengus, de continuer à honorer Morrigan à chaque prise. La chasse n’était pas son domaine de prédilection, le sang, si !

« C’est le couteau de survie que j’ai eu pour mes 10 ans ! » Bah ouais normal ! Un soupir rempli d’émotions la traversa. Nostalgie quand tu nous tiens ! Elle l’attrapa pour le serrer contre elle avec amour et tendresse. « J’ai fait mon premier sacrifice à moi avec. » Elle avait chassé un lapin qu’elle avait finalement égorgé avec son couteau, pour Morrigan. Tant d’émotions ! Elle jeta un coup d’œil larmoyant à Morrigan pour lui tendre l’arme. « Je vous le prête ! » Elle, elle attrapait le berreta sagement bouclé dans son étui. Il était assez petit n’avait qu’une portée limité. Il était adapté à la défense, plus qu’à l’attaque. « Cette arme ne vous sera pas utile pour chasser. » Elle ferma sa bouche en se rappelant à qui elle parlait puis rangea l’arme dans le sac. Lugh comme Morrigan connaissaient bien mieux qu’elle la stratégie des armes. Le berreta n’avait qu’une portée de quelques mètres et ne possédait que peu de balle : 6. « Mais je sais où on peut trouver un fusil… Les braconniers d’hier soir avaient deux fusils de chasse. On peut aller leur prendre… »

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Un froncement de sourcils accompagna le regard du Dieu lumineux qui se tourna vers sa comparse divine lorsqu’Aengus posa sa question. Lucius ne donnait aucune nouvelles, mais d’un autre côté pourquoi ils s’amuseraient à tuer des gens qui ne sont pas croyants.

«Hmm… Non, on ne va tuer personne, Aengus. Ils croient s’ils ont envie de croire, et nous sommes là pour les guider et les soutenir du mieux qu’on peut.»

Mon regard revenait sur Aengus. J’ignorais pourquoi elle n’avait plus de nouvelles de son frère. Et de toute façon, la seule qui pourrait nous aiguiller là-dessus était forcément la Déesse qui se trouvait à mes côtés. Mais nous avons beau être divins, nous ne sommes pas omnipotents et ne savons pas tout. Sinon -et là je plains le destin à ce sujet- ce serait bien ennuyeux pour nous de tout savoir et tout prédire. Mais là encore, Morrigan semble suffisamment remontée et je ne comprends pas cette histoire de femmibou, c’est quoi femmibou… Un mot de code? Fémibou… Fam… Ah! Je viens de comprendre. Même si je n’ai rien suivi de tout ça. Et à ma question, Morrigan ne m’aide pas non plus à comprendre ou à suivre… Faut suivre qu’elle me sort. Un plissement d’yeux et froncement de sourcils, j’entrouvre les lèvres pour dire quelque chose mais je suis coupé dans l’explication d’Elwynn. Ah! Merci au moins de me donner un minimum d’indices à ce sujet. Ce qui veut dire que celle qui m’a drogué peut avoir un lien avec cette femme hibou. Mon regard se fait orageux tandis que la Reine Fantôme a clairement envie d’aller à la chasse au Hibou femelle! Un fusil ? On n’en n’a pas... Et depuis quand elle sait tirer au fusil? Je comptais bien protester et lui demander si les choses avaient changées et où elle pourrait bien trouver un fusil quand elle finit par se décider à me demander ma lance, confirmant qu’elle ne savait toujours pas tirer au fusil. Je m’offusque, irrémédiablement portant ma main à ma gorge pour poser ma paume contre mon pendentif. Un froncement de sourcils accompagne mon geste et mes propos.

«Ah non ! Certainement pas ma lance ! Tu sais comme elle est capricieuse !»

Et brandit par une Morrigan en furie c’est l’apocalypse assurée. Ar-Eabdair est du genre à laisser submerger les émotions chaotiques de la personne qui la brandit, et même si je ne doute aucunement des capacités et du savoir faire de Morrigan, contrôler sa propre volonté en plus de celle de la lance est quelque chose de difficile. Elle poussera forcément Morrigan à sa vindicte avec férocité. En plus cette lance détruit tout autour d’elle si elle n’est pas contrôlée un minimum.

Hum! C’est plutôt une bonne option de vouloir lui tordre le cou à main nues. Et ça ressemblerait plus à la Grande Reine qu’elle veuille l’étrangler et la faire un peu souffrir avant de lui tordre le cou. Mais ça n’est sans compter l’intervention d’Aengus qui semble difficilement s’en remettre mais aller beaucoup mieux. Ma poitrine se gonfle en constatant à quel point elle semble accepter rapidement et je ne doute à aucun moment qu’il faudra que l’on discute plus en amont de tout ceci. J’observe en silence la jeune femme étaler son…. arsenal contenu dans son sac sur le lit et hausse les sourcils. Un coup d’oeil intrigué vers Morrigan et je reviens sur Elwynn.

«Eh bien… C’est un véritable arsenal que tu as là… Mais la chaîne… Elle sert à quoi exactement ?» A part étrangler des potentielles victimes.

Et je doute que ce soit quelque chose de très utile pour ligoter quelqu’un… De mon côté, j’ai trouvé l’usage adéquate du Tire-rap pour ce faire. Très pratique, et ça n’est pas utile de savoir faire des noeuds à la corde. Enfin, passons. Je penche légèrement la tête sur le côté en observant Aengus, presque attendri par la mélancolie qui se dégage d’elle quand elle sort son couteau de chasse et nous raconte l’anecdote sur son premier sacrifice pour Morrigan. Un sourire amusé et tendre étire la commissure de mes lèvres et je regarde ma comparse divine avec une moue dubitative. Décidé à ce qu’Elwynn devienne une druide comme sa mère le fût à l’époque. Parce que ce serait trop égoïste qu’elle ne prie que pour un seul dieu. Nos croyants sont polythéistes, pas mono… A chaque événement différent ils prient et honorent le dieu le plus adéquat à la situation ou la saison. C’est ma vision des choses. Même si l’affinité, les prières ou les offrandes doivent prioriser le dieu que l’on suit, je préfère faire en sorte que mes croyants et disciples puissent également prier les autres Dieux pour qu’ainsi ils puissent perdurer et ne jamais être oubliés. Mais pour ça, je devrais lui en parler pour avoir son avis.

Mes pensées divergentes sont rapidement ramenées à la situation actuelle et j’observe le prêt de couteau, tandis qu’Aengus semble savoir où on peut trouver un fusil. J’interviens alors.

«Si cette femme hibou est une déesse, il se peut que ce soit elle qui m’ait droguée. Et en plus de ça, un fusil sera inutile.»

Je m’approche d’Aengus et pose ma main sur son bras, doux, tendre, un regard relativement ravi de la retrouver dans un état un peu plus convenable que plus tôt.

«Content que ça aille mieux. Je suis sincèrement désolé pour ma bêtise, Elwynn, mais je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour t’aider au maximum et te protéger.» Que Morrigan en soit témoin, mon regard solennel à son encontre montre toute la détermination de mon rôle et la volonté à ne pas faillir dans cette tâche. Et ça, même si notre lien n’est pas encore prononcé ou dans son entièreté avec tout ça, je pense qu’elle a compris mon sentiment à travers mon regard et mes propos… sans quoi… Eh bien, on avisera ! Ce n’est pas bien grave pour le moment.

Je me retourne vers Morrigan et mon regard est beaucoup plus orageux, déterminé à trouver cette femmibou qui risque de passer un sale quart d’heure. Je compte bien savoir pourquoi elle a fait ça et quel est son but.

«Bon! Et si on allait déplumer cet oiseau nocturne ?»

La marche à suivre, je la prenais, n’ayant pas envie de croiser Daisy ou Keith, je passais directement par la fenêtre de la chambre pour retourner à l’infirmerie afin de tenter de remettre la main sur cette fichue infirmière.

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Far From home. Not where I belong

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I'm sending a raven. Black bird in the sky, Sending a signal that I'm here. Some sign of life, I'm sending the message. Of feathers and bone.. Just let me know I'm not forgotten, Out here alone.
The air is cold, the night is long.. I feel like I'm might fade into the dawn fade until I'm gone. — Sam Tinnesz || @Kendall McLight & @Aengus O'Griffin

Un moment d'arrêt marqua la réflexion de Morrigan alors qu'elle portait son regard sur Aengus. La mention de Lucius lui fit hausser un sourcil, à son tour tandis que son visage signa à la négative. « Lugh a raison. » Qu'elle synthétisa en laissant de côté le sujet. Ça lui semblait évident qu'ils prenaient soin du peu de croyants qu'ils leur restaient et que fondamentalement, ils ne s'embarrassaient pas de les tuer lorsqu’ils se détournaient d’eux. C'était contre-productif selon la Reine Fantôme. Simplement contre-productif.

Et puis, l'heure était à la chasse. Morrigan laissa tout loisir à Aengus d'expliquer de quelle femme hibou elle parlait alors qu'elle, elle songea déjà à la manière dont elle allait la déplumer.
L'inspiration ne manquait pas, il fallait bien le dire. Et peu importait qui était sa cible : il fallait qu'elle paie. D'autant plus, la Celte était rassurée de constater que la jeune femme avait accepté son sort de Disciple. Pour autant, elle ne douta pas une seule seconde que le chemin allait être long avant qu'Elwynn ne découvre l'ensemble des privilèges et des responsabilités qui incombaient à sa nouvelle place. Mais pour l'heure.. La vengeance avait sonné.

A défaut de trouver son assassin, elle pouvait se défouler sur un piaf ! C'était un bon début. Lorsque Lugh rechigna à lui prêter sa lance, Morrigan braqua sur lui un regard changeant.
« Dis donc, il faut apprendre à partager, surtout avec moi. » Qu'elle tonna avant de finalement aviser la lance, du moins, le pendentif et de s'en détourner. « Tu as de la chance que je préfère user de ma force. D'ailleurs.. » Elle regarda autour d'elle. « Il me faut du sang humain ! Une petite goûte fera l'affaire.. » Morrigan reporta son regard sur Aengus. « Pas toi, ça te rendra contre-productive. »
Elle commença à avancer vers la sortie de la chambre avant de se raviser quand Aengus présenta son arsenal.

Oh, c'était noël avant l'heure.. Sauf qu'en bonne Déesse Celte, Morrigan ne fêtait pas Noël. Elle observa avec attention le contenu du sac et se rapprocha même pour y accorder une plus grande attention. Lorsque finalement Lugh reporta sur elle un coup d'œil intrigué, elle redressa le buste.
« A étrangler, à flageller, à attacher.. Et si tu la chauffes un peu, ça sent le cochon grillé. » Qu'elle exposait tranquillement, comme on parle de tout et de rien. Des idées avec des objets divers et variés, Morrigan en avait.

Finalement, elle reporta toute son attention sur Elwynn qui jouait la carte de la nostalgie. Morrigan eu une moue en l'observant, visage penché sur le côté et finalement, redressa un regard entendu sur le Dieu Lumineux. Voilà pourquoi elle aurait dû être à elle et pas à lui ! Un soupir dépité s'échappa de ses lèvres alors qu'elle en revenait finalement à l'arsenal puis à la jeune femme. Là, elle prenait le couteau avec un sourire attendrit. « Oh, je te remercie. » Elle observa l'arme blanche un moment avec l'ombre d'un sourire rouge. « Et ça, je maitrise.. »

Oui, les armes blanches, en tout genre, elle les connaissait et les aimait. C'était son petit plaisir en tant que déesse de la guerre. Les nouvelles armes technologiques et toxiques avaient eu le mérite de la dépiter dès leur apparition.. Parce qu'on ne prenait aucun plaisir lors de leur utilisation.
Quoiqu'il en fût, la Celte prit soin de conserver le couteau et reporta son regard sur Lugh. Si cette femme hibou était une déesse.. Mh.. Morrigan y pensa quelques secondes avant d'avoir un petit sourire. « Le fusil fera mal. C'est un début de faire mal. » Et en cela, ça n'avait rien d'inutile.

Elle fit quelques pas vers la porte, à nouveau, de la chambre, pour chercher une présence, un bruit quelconque. Pendant ce temps-là, Lugh avait tout le temps de faire sa promesse à Aengus.. Une promesse qu'il avait intérêt à respecter vu le coup d'œil furtif de Morrigan qui réfléchissait déjà à la marche à suivre en jouant du couteau habilement entre ses doigts.
Finalement, elle laissa Lugh filer par la fenêtre et observa cette dernière un moment avant d'en revenir à Aengus et s'hausser les épaules. « Eh bien, allons-y alors. D'abord les fusils et au passage, je trouverais surement ma goutte de sang. »
Elle laissa Aengus ouvrir la marche tranquillement en la suivant dans son sillage. Elle n'avait pas un besoin immédiat de se transformer en volatile.

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« Haaaan ! Alors elle est là ! » S’exclama Aengus, une étincelle de malice dans le regard. Un index se plaça devant ses lèvres et sa tête se secoua de haut en bas. La révélation gâchait partiellement le plaisir sournois de l’avoir visualisée ailleurs ! Enfin, elle s’égarait alors que les dieux poursuivaient leur étrange quête. Son regard passait de l’un à l’autre au gré des commentaires et explications sur le maigre chargement du sac. Elle, elle s’occupait. Son esprit vagabondait sur divers plans pour obtenir les armes ou la façon dont Lugh rangeait les siennes. De temps en temps, elle laissait un « humhum » filer, approuvant les propos de Morrigan. Peu importe le contenu, il était forcément plein de bon sens et de raison même lorsqu’il réclamait du sang humain. Mais oui, mais oui, tout fait… Visiblement, les dieux avaient tous un truc avec le sang…

Lorsque l’irlandaise revînt au temps présent, elle récapitula la situation pour clarifier son esprit embrumé de désirs de chasse. Morrigan héritait du couteau, elle de la chaîne, Lugh… avait sa lance. Soudain, elle tiqua. Son index se redressa pour libérer le passage. Les mots devaient sortir !

« Tss, non, non, non, hein ! » Protesta Aengus en secouant la tête de droite à gauche, les mains se plaçant sur les hanches. Lugh fantasmait pour le coup, personne ne l’avait drogué ! « Je vous ai vu, moi ! Pas besoin d’une déesse. Hop comprimés avalés et pouf câlins à volonté. »

Sauf pour elle qu’il avait préféré tartiner de sang ! Son propos transpirait la mauvaise foi, certes, mais la brune n’y pensait pas. Qu’importe la main qui l’avait nourri de comprimés, au final, il avait choisi, seul, de les bouffer ! Mais Lugh s’avançait vers elle. Même si le corps resta à sa place, la tête recula, embarquant la nuque et les épaules à quelques centimètres de là. Cet étirement, accompagné d’une moue méfiante, ne visait en rien à délasser ses muscles tendus. Qu’allait-il encore lui faire alors qu’elle avait l’impression qu’un rouleau compresseur lui passait dessus, de peser environs trois tonnes et cinq cent grammes et qu’un foutu pivert était en train de lui chercher des vers dans le crâne ? Il était donc évident que sa seule envie s’orientait plus en direction d’un massacre de n’importe quoi de vivant et non d’une discussion, encore moins si elle s’orientait vers l’une des plus grandes frustrations de son existence. Son cœur ne pouvait supporter ces mots !

« Hum. » Souffla-t-elle en serrant les dents, reculant doucement pour s’éclipser vers ses chaussures et son manteau. Certaines questions restaient en suspens, particulièrement cette affaire de promesse étrange et la brune avait bien l’intention d’avoir le fin mot de l’histoire. Fermant la marche, elle tourna la clef dans la serrure, histoire de pouvoir repasser par la porte plus tard et soupira en arrivant devant la fenêtre. Son sac sur le dos, elle enjamba le tout, résignée à affronter toutes les étrangetés sans réfléchir. Néanmoins…

« Comment on va trouver un hibou dans une forêt de plusieurs kilomètres carré ?... Avec un fusil… » Demanda-t-elle en atterrissant mollement sur ses jambes. « Faudrait un appât… Ou des graines pour hibou… Ca mange pas de graine un hibou… une souris… »

Tout en réfléchissant à voix haute, l’index et le pouce caressant chacun un côté de sa mâchoire, la jeune disciple avançait en direction du chalet des chasseurs. L’intensité de ses pérégrinations intellectuelles mobilisa toute son attention. Aussi, la barrière devant le chalet du chasseur la rappela à l’ordre en entrant en collision avec ses hanches. Aengus s’était attendue à l’ouverture du battant, comme elle avait pu le faire hier avec un coup de hanche. Pourquoi fermer à clef un portail qu’une grand-mère pouvait facilement enjamber ? Dans un mouvement de colère, jusqu’alors parfaitement refoulé, son pied frappa le petit portail qui claqua à l’ouverture pour mieux revenir se venger sur son agresseur.

« C’est ouvert. » Maugréa-t-elle dans sa barbe, la main frottant sa hanche endolori.

La clôture entourait un petit jardin d’hiver ou plutôt un jardin mort de froid. L’allée centrale remontait directement à une marche : l’entrée. Les volets, toujours fermés, annonçaient le sommeil des habitants.

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Partageur, il l’est. Ça n’est pas tant un problème. C’est que dévoiler sa lance devant les humains n’est pas la meilleure idée qui soit, même pour déplumer une femme hibou. Le dieu lumineux fait la moue comme un enfant, il garde sa paume contre le pendentif caché sous son haut et détourne le regard en direction d’Aengus qui s’exclame de la savoir là. Oui là, contre sa peau, sous sa paume. Il détourne la tête mais la regarde du coin de l’œil. Ce n’est pas par méfiance, mais plus parce qu’elle vient de comprendre que son arme est cachée pas si loin qu’on ne pourrait le penser. Lugh détourne le regard, ne sachant où le mettre. Le regard bête et la moue dubitative tandis qu’il baisse sa main. Trop tard pour dire le contraire de toute façon. Remerciant tout de même Aengus d’attirer l’attention avec son attirail de chasse. Sage décision pour la déesse à ses côtés que d’user de sa force physique pour étriper la sagouine qui avait tenté de blesser son petit-fils et la croyante qui lui était dévouée, qui l’a invoquée. Du sang… Morrigan réclamait son dû, et c’était normal, pour elle qui se déplaçait pour venir en aide à Aengus, et donner un coup de main à Lugh qui était encore un peu paumé de la situation. Il lui faudrait un tribut.

Alors qu’il expliquait qu’il avait été drogué, Aengus sembla ne pas être d’accord. Alors, un haussement de sourcils accompagna son étonnement, et il entrouvrit les lèvres. Cillant légèrement. Bouche bée.

«Et qui m’a forcé à les avaler ces comprimés alors que je ne voulais pas ?»

Bon, d’accord, c’était une excuse bidon, mais véridique. Si je n’avais pas autant de monde autour de moi ou un Keith complètement bourré qui n’avait fait qu’empirer ma fracture de côtes et une Aengus au regard inquisiteur, je me serais passé de les avaler ces comprimés… Un froncement de sourcils, une soudaine vision me vient en mémoire, et mon regard s’assombrit en comprenant qu’il y avait autre chose. Ce n’était peut-être pas les comprimés. Mais je croise les bras contre moi, et me contente d’observer les apparats qu’Aengus a sortie de son sac. Ma question trouve une réponse de la part de Morrigan. J’entrouvre les lèvres, un peu dépité par la réponse.

«Fais-moi penser à ne pas te mettre une chaîne entre les mains la prochaine fois.»

Un sourire pincé, gêné et crispé. On aurait pu dire que j’étais constipé là. Mais bon, c’était un peu une question rhétorique. L’imagination de Morrigan était débordante. Ça m’amusait d’un certain point de vue, et c’était pourtant effrayant de l’autre. En baissant les bras, je regardais l’échange avec un tendre sourire. La mine si douce de ma consœur par rapport à l’air ferme et inquisiteur un peu plus tôt contrastait complètement. J’eus un léger rire avant de me jeter par la fenêtre du rez-de chaussée en incitant les filles de me suivre. Je me tournais vers Morrigan afin de l’observer.

«Va pour un fusil, mais après on va à l’infirmerie…» L’intuition de probablement trouver cette femme que nous cherchons pour lui péter les dents.

Quoiqu’il en soit, je suivais ma nouvelle disciple. Un peu inquiet, et partagé entre colère et frustration, et… La présence de Morrigan me mettait dans un émoi intense, une fierté incommensurable. J’étais fan, complètement gaga, et j’arborais un sourire confiant en marchant aux côtés de ma comparse. Ho… Wait !? Est-ce que c’est bien mes sentiments là ? Je coule un regard sur la déesse aux corneilles, jongle d’elle à Aengus. Bon sang, cette admiration incommensurable pour Morrigan en est presque déroutante. Et je crois que mon respect pour elle n’arrange pas non plus le sentiment d’Elwynn à ce sujet. J’essaye tout de même de rester concentré, de me reprendre de ces émotions si fortes et si paradoxale. Je ferme les yeux pendant que je marche. La bonne idée me direz-vous. Le lien n’est pas encore très présent, mais, j’essaye de canaliser ce conflit interne qu’elle ressent. Elwynn… Nous sommes avec toi… C'est le sentiment que je tente de lui partager afin de l’aider, la soutenir dans cette épreuve et lui permettre de passer cette phase difficile. J’ai confiance, je sais qu’elle y parviendra.

«Mais non, les dieux n’ont pas besoin de se nourrir. Ça ne l’attirera pas… Mais on pourrait savoir de quel dieu il s’agit. Si elle est encore dans les parages ça ne devrait pas être bien compliqué de la retrouver.» Même si Lugh ignorait qu’il ferait un très bel appât, ceci-dit.

Heureusement que Momo est avec nous. J’ai limite envie de sautiller toute contente…. Ho ! C’est quoi ça !? Je m’arrête et regarde Aengus se prendre le petit portail dans la hanche. Je grimace. Parce que c’est douloureux un peu. Je frotte ma hanche, et grommelle un peu en avançant et passant par-dessus la petite clôture de jardin ridicule. Je laisse Aengus derrière et m’avance jusqu’à la porte de la petite maison et monte la marchelle. Me tourne vers les filles en levant le poing pour frapper à la porte. «Attendez-moi là, je reviens…»

Je frappe à la porte. Attendant qu’on ouvre et lorsque la chose est faite, les rayons du soleil éclaircissent le pas de porte où je me trouve. Il m’a suffi d’un bref instant pour récupérer un fusil et le mettre en bandoulière sur l’épaule d’Aengus, autant donner l’arme à une personne qui saurait l’utiliser. Morrigan aura la possibilité d’apprendre comment ça s’utilise dans la foulée. Et quand le garde-chasse ouvre et sort la tête pour savoir ce qu’Aengus et Momo veulent c’est mon poing qui atterri dans sa figure sans qu’il n’ait le temps de comprendre ce qui vient de se passer. Le sang gicle de son nez et ma vivacité me permet de regarder voler dans l’air les quelques gouttes de sang et de les esquiver avec une petite inclinaison des épaules et me tournant pour regarder les filles. Il tombe raide, mais pas mort au sol dans un bruit sourd. Je descends de ma marchelle et secoue mon poing.

«Ça, c’est pour les sangliers d’hier…»

Je pose ma main dans le dos d’Aengus pour l’inciter à ressortir du petit jardin et l’emmène comme un vieux désirant une promenade. Un tendre sourire sur mes lèvres.

«Allez, on y va...» Je m’arrête et fixe Morrigan avec des étoiles dans le regard. Complètement groupie pour le coup. «Pour toi Grande Reine, le sang a été versé.» Je lève mon poing avec quelques gouttes de sang perlant mes phalanges.

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Le couteau en main, Morrigan le faisait glisser habilement entre ses doigts en observant le Dieu lumineux et sa nouvelle disciple. Le ping-pong entre l'un et l'autre la laissa interdite pendant de longues secondes. De très longues secondes alors qu'elle passait son regard mordoré de l'un à l'autre. Un sourcil haussé, Morrigan s'étonna presque de la manière désinvolte et peu crédible dont faisait preuve son petit-fils pour se dédouaner. Non mais elle rêvait, là ? Il n'avait rien trouvé de mieux niveau réparti ? C'était surement la faute à la drogue.
Il fallait espérer. Pendant une seconde, Morrigan espéra que les câlins de Lugh ne soient pas aussi fugaces que ses déplacements. Parce que sinon, il avait de quoi laisser dans son sillage une vague de dépit. Un bref sourire s'esquissa sur ses lèvres à cette pensée déplacée alors qu'elle finit par secouer le visage négativement.

« Je vais parler au nom des absents.. » En l'occurrence, elle. « Tu as pris ces cachets, Lugh. Maintenant, ce qui est fait.. Est fait et il va falloir assumer. Toutes les conséquences.. Toutes. » Et donc aller taper sur la saleté de volatile qui avait échappé à la Corneille. Ça, c'était le plus pénible de l'histoire.

Concernant son imagination débordante à proximité des armes en tout genre, Morrigan haussa les épaules avec un soupçon de désinvolture. « L'imagination est le nerf de la guerre. » Il fallait s'adapter à son environnement selon la Celte. Et ça valait pour beaucoup de situations conflictuelles.

Son regard vert passa ensuite sur le duo alors qu'elle acquiesça. Le plan était donc tracé et il n'y avait plus qu'à le mettre à exécution. Pour autant, la Brune eut un petit moment d'arrêt en jaugeant Lugh qui.. Ne manqua pas de se comporter bizarrement selon elle. Le regard de Morrigan navigua un moment jusqu'à Elwynn et s'y arrêta également. C'était elle, ou ils étaient tous les deux étranges ? La drogue. C'était surement la drogue. Enfin, pas pour la nouvelle disciple mais vu leur lien.. Oh malheur. La chasse allait être animée. Pour autant, la Reine Fantôme se para de sa dignité en tentant de se convaincre que tout allait bien se passer.

A l'interrogation d'Aengus, Morrigan désigna de la pointe du couteau Lugh, pour cautionner son propos avant de finalement reprendre à son tour. « Elle doit avoir repris forme humaine, on ne peut pas garder ad vitae aeternam une forme animale. » En toute logique, ça fatiguait, la Corneille en savait quelque chose.

L'avancée se faisait jusqu'à ce que Dieu et Disciple en viennent à sursauter sous le choc du portail. Morrigan s'arrêta pour les observer longuement. Son visage signa à la négative en avisant Lugh. Non mais vraiment ! Elle en revint ensuite à Aengus plus prévenante.. Oui, quelle injustice.

« Tu devrais faire attention, tu as déjà bien assez subit récemment. » Bon, elle était au top niveau bienveillance. C'était dit d'un ton presque calme alors qu'elle finissait par passer le petit portail qu'elle avisait d'une œillade critique avant de voir Lugh prendre les devants.

Là, elle s'arrêta en retrait, bras croisés et scepticisme visible. Elle regarda le passage du dieu et surtout le coup de poing fuser. « J'avoue que j'allais râler mais.. D'accord. » Oui, vraiment, elle était sur le point de le faire et pour autant, elle acquiesça en adressant un petit sourire à Elwynn. Finalement, la Déesse finie par s’avancer vers Lugh et observer son poing ensanglanté. « Quel honneur. » Malgré le calme, de ces quelques mots se dégageaient une sincérité évidente.

Morrigan s'avança finalement vers le pauvre garde-chasse. Elle s'accroupit face à lui pour venir récolter quelques gouttes de sang de l'index et le porter à ses lèvres. Au contact du liquide carmin contre sa langue son regard se fit plus vibrant, nécrosant l'or de ses iris au profit d'un noir passager et funeste. Un soupir fila alors qu'elle attrapa le col de l'inconscient pour le faire glisser d'une impulsion le long du couloir de sa bâtisse. La force de l'impulsion le fit buter contre un meuble avec fracas. « Ah.. Strike. J'ai mal mesuré ma force. » Elle se redressa pour refermer la porte soigneusement et tourner, ensuite, les talons et rejoindre Aengus et Lugh. « Il survivra. » Qu'elle conclue simplement. Parce que oui, au pire, il aurait une migraine carabinée et une fatigue pesante le temps de son lien avec Morrigan, mais il n'y avait rien de terrible là-dedans.

Revenant porter son regard sur Lugh, elle finit par se décider à partager le fond de sa pensée. « Tu es encore drogué ? Tu es vraiment bizarre. »
Le lien entre Disciple et Dieu, elle le connaissait mieux que quiconque, pour autant, vu de l'extérieur, la situation était plutôt cocasse. Elle reporta même un regard désolé sur Elwynn. « Rassure-toi, il n'est pas toujours comme ça. » Pas sûre que ce soit vraiment rassurant, en soi.

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Ft. @Aengus O'Griffin & @Kendall McLight

Devant la porte, le monde se métamorphosa en un battement de cil. Trop rapide. Encore une fois spectatrice de son existence, elle bondit sur le côté, à retardement, en sentant un contact froid dans son dos.

« Hi ! »

Alors qu’elle remarquait le contact la suivre, elle réagit tel chat à qui l’on aurait collé un papier collant aux poils. Y avait un truc dans son dos ! Un machin long, dur et froid… Aucun sous-entendu ! Se débattant avec… sa propre arme, tournoyant sur elle-même pour tenter de se dépêtrer, elle finit par comprendre la stupidité de son geste. Heureusement, Lugh n’avait pas eu l’idée merveilleuse de charger le fusil. Redressant un sourcil, elle soupira avant d’attraper la fameuse arme d’une main plus experte cette fois. Du coin de l’œil, elle observa le poing de Lugh. Sérieusement ? A quoi bon avoir un couteau si c’était pour se nourrir du sang issu d’un nez ? C’était comme servir de mouchoir à un imbécile. Alors qu’elle s’apprêtait à protester violemment devant l’idée de Lugh une petite voix dans son esprit lui souffla de la fermer. Le ridicule ne tuait pas mais au vu du paroxysme qu’elle avait atteint dernièrement, elle ne préférait pas tenter sa chance. Le bruit sourd d’un corps contre un meuble engendra celui plus clinquant des cartouches tombant au sol rapidement suivi d’autres objets inutiles, pour l’instant.

Jackpot ! Si l’humour avait été de mise, la brune se serait enthousiasmée. Passant devant les dieux pour avancer dans le chalet, elle s’orienta rapidement vers les cartouches. Une poignée puis deux se retrouvaient dans ses poches.

« Ah oui ? Il est comment d’habitude, alors ? » Interrogea Aengus avec intérêt, la tête se hochant de haut en bas.

Le chemin vers l’infirmerie devait être bien flou dans l’esprit du dieu de la lumière. Hier, il avait absorbé assez de substance pour planer trop haut. Pour l’heure, les souvenirs devaient être confus. Refermant la porte du chalet pour éviter d’attirer l’attention sur l’intérieur de ce dernier, Aengus désigna l’est.

« C’est par là, l’infirmerie. »

Il fallait traverser une longue pelouse, passer devant la chapelle et remonter la côté où l’herbe avait fortement endommagée par une porte que l’on avait trainée au sol. Malheureusement, le monde commençait à s’éveiller de sa cuite de la veille. Passer inaperçu avec un couteau aiguisé, un fusil et autre arme risquait d’être compliqué. Aengus garda le canon plié pour s’assurer qu’aucun ne partirait. De toute façon, il était préférable de ne pas charger l’arme pour le moment, non, elle, elle s’assurer de l’état de cette dernière. Avait-elle été nettoyée ? Entretenue ? Dans le cas où le fusil serait sale, le risque de tirer avec serait trop élevé. Hors de question de faire exploser sa propre arme entre ses mains.

Quant à l’infirmerie, elle était vide. La porte restait ouverte, puisqu’elle avait été dégondée la vieille. A l’intérieur, Daisy, une amie d’Aengus, patientait sagement, ou plutôt cherchait sagement quelques herbes, à fumer ou à manger, elle ne serait pas difficile. Lorsqu’ils entrèrent dans la pièce, elle tourna vers eux un regard coupable, comme un enfant que l’on gronde.

«Salut! Vous êtes déjà debout ? Je croyais que t'étais parti dormir avec Aengus, Kendall. »

La langue d'Aengus claqua de mécontentement contre son palais. Un grincement de dents retînt le flot d'insultes qui la démangeait! Si Lugh ne se tenait pas à côté d'elle, Aengus aurait probablement déjà démonter Daisy et le dieu aurait un kit humain à remonter. Puisqu'il l'avait monté la vieille, il saurait recoller les bouts au bon endroit, non?

« Si vous cherchez l’infirmière, j’ai pas trouvé ! » Lança-t-elle prise la main dans le sac ou plutôt dans le pot de cannabis. Son regard noisette retomba sur Aengus puis sur Kendall et Syël.

« T’es sûre ? Elle se planque peut être au fond du pot. » Maugréa l’irlandaise en luttant contre l’envie de fourrer l’ensemble des herbes au fond de la gorge de son amie. D’ailleurs, la blonde ne semblait pas remarquer la colère qui émanait de son interlocutrice.

« Mais j’ai trouvé un super remède contre la gueule de bois si vous voulez…. »

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Le dieu lumineux était dans un état second. Il peinait à garder une concentration optimale, il était probablement encore sous l’effet de la drogue, mais il y avait également le ressenti de sa nouvelle disciple. Le fait d’avoir transmis une partie de son essence l’affaiblissait, et le rendait un peu plus vulnérable aux sentiments de sa nouvelle disciple.

Je me tourne vers Aengus, fronce les sourcils en prenant une inspiration comme si j’avais couru un marathon, puis me détourne sur Morrigan qui me fait face. Cette sensation est des plus désagréable. Je ne sais pas si je dois être excité parce que Momo est avec nous, ou si c’est mon envie indicible de faire un gros câlin à ma comparse qui me perturbe le plus. Ce doit fatalement être encore les effets de la drogue sur moi. C’est une sacrée drogue dure soit dit en passant. Je ferme les yeux et me passe une main sur le visage que je glisse dans mes cheveux. Je ne dis rien. Pas la peine de renchérir. Je sais parfaitement que je dois assumer les conséquences de mes actes.

Alors quand mon petit numéro arrive avec le garde-chasse, mon cœur se serre et je fixe, plus émerveillé encore, Morrigan qui affirme l’honneur que je lui voue. Puis une pointe sombre me fait détourner le regard sur le côté en baissant mon poing. Je serre les dents et grimace en réalisant que je me comporte vraiment étrangement. Alors je reste pensif. Puis je redresse soudainement la tête en me tournant vers la maison. J’avais oublié de prendre la chevrotine. Pour le fusil, forcément. Mais il semblerait qu’Aengus s’en soit déjà occupée et Morrigan à récupérer le sang dont elle avait besoin. Je me mets à lécher mon poing comme un chat pour enlever le sang. Le goût me donne des frissons. Je pose ma main sur ma tête, la gauche sur mon pendentif en grimaçant.

«Chhh… Chh-chhhuuuut ! Ça va aller…» Je cajole ma capricieuse et jalouse de ne pas en avoir un peu elle aussi. Tente de la calmer alors que je sens qu’elle vibre un peu plus et s’alourdit autour de mon cou.

Je me redresse, prends une inspiration et garde ma main posée contre mon pendentif en regardant les filles. Puis je m’apprête à suivre la direction qu’Aengus nous montre. Seulement Morrigan se place devant moi et je fais un mouvement de recul pour arrêter ma foulée. Je cille, entrouvre les lèvres et la regarde un instant. Interdit. Je ne quitte pas son regard. Eprouvant à la fois un tel respect pour elle et cette envie indicible de la serrer contre moi. C’est tellement perturbant. Alors je grimace.

«Je… Je ne sais pas. Avec tout le respect que j’ai pour toi, je suis à la fois excité de me battre à tes côtés, et j’ai très envie de te faire un câlin.» Ho allez ! Même si je me retrouve avec son poing dans la figure, je brise la distance et l’enroule dans mes grands bras et la serre contre moi avec un sourire béat. Puis, un bref instant après avoir eu mon câlin, je me recule avec un grand sourire. «Ca me manquait…» Pas les câlins, pour sûr ! Mais elle et moi, à chasser des ennemis ou nous battre côte à côte. Gêné, je me recule et m’éloigne en levant la main dans la direction d’Aengus qui avait fait quelques pas vers l’infirmerie mais qui nous avait attendu. Sa question me fit secouer la tête. «Je dois encore ressentir les effets de la drogue, si c’est cette femme hibou qui est à l’origine de cette drogue, elle est sacrément douée ! Pour faire planer un dieu si longtemps… Haha !»

Un ricanement stupide, et je reprends ma route. Passant devant une porte sur le gazon d’une pente près d’une petite salle faisant office de chapelle. Je détourne le regard. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens coupable de la situation environnante. Quelques souvenirs me reviennent d’une porte que je dégonde en… prenant la porte de l’infirmerie. Je tousse un peu, regarde le ciel et fait la moue en regardant un peu ailleurs. Puis une fois arrivés à l’infirmerie, nous surprenons Daisy en train de fouiller… la main dans le bocal de… joints ? C’est des joints, non ? Une forte envie d’étriper Daisy, et je la fusillais du regard quand elle sortie sa bêtise. Je fronçais les sourcils et faisais un pas dans la salle.

«Pourquoi je serais parti dormir avec Aengus ?»

Ok, je me suis réveillé avec son chéri et… Daisy dans le même lit mais quand même ! Ma paupière tressaute. Je ne sais même pas pourquoi je suis subitement très en colère contre Daisy et que j’ai envie de sortir un flot d’insultes à son attention. Mais je me tempère. Je tourne la tête pour regarder ma disciple, comprenant qu’il pourrait s’agir de son ressenti actuel de vouloir l’étriper. J’inspire et abaisse les épaules en expulsant mon souffle pour tenter de reprendre mon calme. Je m’avance vers Daisy, la surplombe un peu et tend la main pour qu’elle me donne le bocal dans lequel elle a sa main.

«Donne les moi… Tous...» J’ai envie de les faire flamber dans le bocal et de faire un aquarium dans une des salles regroupant des croyants, mais surtout ces fichus organisateurs pour qu’il comprennent ce que ça fait d’être sous drogues dures. Peut-être les laisser faire une overdose aussi. Je secoue les doigts dans un signe d’empressement, le visage fermé et le regard toujours rivé sur elle pour qu’elle me donne le tout. Je prends le bocal, récupère les joints qu’elle avait encore en main et les met dans le verre pour ensuite chercher dans la pièce en tirant tous les rideaux et regardant dans les placards au cas où. Le bocal sous le bras.

«Si elle n’est pas là, elle doit bien avoir laissé ses ingrédients pour faire ses fichues compos…»

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The air is cold, the night is long.. I feel like I'm might fade into the dawn fade until I'm gone. — Sam Tinnesz || @Kendall McLight & @Aengus O'Griffin

Morrigan se demandait bien ce qu'elle faisait là, entre Aengus et Lugh. C'était une situation diablement cocasse et elle avait la sensation de débarquer, tel un cheveu sur la soupe. Une soupe épicée, de surcroit. Entre les réactions étranges de Lugh et le calme apparent de la nouvelle disciple, le monde tournait presque à l'envers selon la Déesse. Mais au moins, tout cela avait le mérite d’être.. Amusant, dans le fond.
Pour autant, elle ne se départait pas de son calme implacable. Sereine, dans sa propre définition de la sérénité, Morrigan avançait alors que son regard mordoré passait des alentours à Aengus. Concernant son petit-fils, elle réfléchit un instant en l'avisant longuement et finalement pinça les lèvres.

« C'est quelqu'un de vif, courageux et digne. » Qu'elle avoua, le timbre bas, mais suffisamment audible pour Aengus alors qu'elle reprenait son avancée jusqu'à se satisfaire de quelques goûtes de sang si gracieusement servie.

Animée par le feu de sa vindicte, la Celte ressenti le regain de son énergie électriser l’ensemble de son corps, le sortir de sa léthargie. Essence divine vibrante pour la vitae, elle souffla un instant avant de finalement reporter un obscur regard sur le Dieu lumineux. A l'aveu de son trouble, elle ouvrit la bouche et resta en suspens. Oh non. Il n’allait pas oser ?! Vraiment ? Ah si.
Il lui faisait vraiment un câlin, là ? Figée, droite comme un piqué, elle remonta un regard noir sur les traits de Lugh. « Tu n'étais pas obligé, franchement. » Qu'elle articula, grinçante avant de se dégager, sans pour autant l’envoyer voler. Pourtant, l’envie ne manqua pas.

« Quoi donc ? Je ne suis pas une câlineuse, tu dois te tromper de déesse. » Qu'elle pesta en replaçant une mèche brune. Elle n'y était pas du tout, c'était certain.

Concernant les effets de la drogue, la Morrigan en eu un soupir en avisant longuement Lugh, puis Aengus. Ça, c'était certain.. Elle était douée, la saleté. Sale piaf. Pensive tandis que les secondes s'étiraient lentement mais surement, la Déesse reporta finalement son attention sur son petit-fils. « A croire que tu as contrarié Airmed. Si tel est le cas, tu te débrouilleras avec elle. »

Oui, Airmed n'était pas une méchante fille selon la Celte. Et pour autant, encore une fois, Morrigan n'y était pas du tout. Ca n'avait rien à voir avec elle.. Bien qu'elle visât juste sur un point, sans s'en douter le moins du monde.

Entrant dans l'infirmerie, la Brune observa la porte dégondée, les lieux et finalement la Blonde. C’était qui, celle-là ? L'oeillade critique coulait sur la silhouette humaine alors qu'elle croisait les bras nonchalamment. Elle laissait clairement faire Lugh.
Et c’était pour le mieux. Parce que ses méthodes, à elle, n’était surement pas les plus douces.
Dans le cas présent, elle aurait surement opté pour un vol par la fenètre.
Pour éclaircir un point néanmoins, la Déesse désigna de l’index respectivement Aengus et Lugh, puis inversement. « Parce que vous avez couché ensemble ? » Qu'elle demanda avec un détachement analytique. La Morrigan cherchait - avant tout - à comprendre toute cette histoire. Et ce n'était pas simple.

Lorsque finalement Lugh vint à bout de la petite blonde et commença ses investigations, Morrigan s'avança jusqu'au bureau de l'infirmière et s'installa dessus en croisant les jambes. Le couteau jouant entre ses doigts, elle regardant le Dieu faire avant d'observer minutieusement les lieux.

« Et tu veux faire quoi avec ses compos ? Repartir pour un tour ? » Qu'elle demandait, sceptique avant d'aviser Daisy. « Est-ce que tu connais quelqu'un qui saurait trouver l'infirmière ? » Ça, c'était la vraie question, selon elle. Du moins, elle le pensait.

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Les dents grincèrent avec jalousie et colère. Le câlin impromptu entre les deux divinités avait remué les instincts les plus primitifs de la brunette.

Personne ne touche Morrigan. Pas toucher c’est sacré ! La perfection ne peut être souillée !

Lugh demeurait un dieu, aussi, il avait un passe-droit. Ainsi se raisonnait la jeune femme. Dans une profonde inspiration, son calme revînt dans un brouillon d’émotions. Mais il venait de coucher avec Daisy ET Keith !

Les paroles de la déesse sur son côté attirèrent l’attention de la jeune disciple.

« J’espère que la drogue n’a pas fait de ravage dans son cerveau. » S’inquiétait à présent la nouvelle experte en médecine. Alors que son regard tombait sur Daisy, elle poursuivait dans sa barbe. « Pour le sien c’est foutu. »

Daisy, elle, contemplait avec méfiance le divin. Le regard en biais, elle serrait avec force son bocal contre elle. Le céder signifiait beaucoup pour elle. Finalement, la concession fut faite, offrant son bien précieux en maugréant.

« J’ai l’impression que t’es fâché après moi. J’étais pas bien, c’est ça ? Je sais qu’il faut que je travaille mes fella… »

Une puissante vague de jalousie balaya toute retenue. Face à la fougue de Daisy, la colère d’Aengus s’éveillait. Ce manque de gêne brisa ses dernières résistances.

« Putain mais bordel ! Ta gueule, Daisy ! FERME LA ! » Après, une tentative de reprise de contrôle, la jeune femme articula plus lentement et poliment. « Réponds à la question de la dame, s’il te plait. »

Croisant les bras sur sa poitrine, Daisy redressa son nez parfaitement vexée. Comme une diva, la blonde pivota pour faire face à Morigan qu’elle salua dans une pirouette grotesque.

« Madame, Aengus n’a pas couché avec Kendall. D’ailleurs, elle s’énerve parce qu’elle est mal baisée et frustrée. Il a couché avec moi et avec le petite ami d’Aengus qui s’appelle Keith. »

Sa frustration allait surtout lui casser le nez à ce rythme. Les élans de jalousie continuaient à déferler, battant en rythme contre ses tempes. Les afflux de sang répétés baignaient son cerveau dans des rapides de plus en plus dangereux. L’instinct de survie de la blonde sembla soudainement s’éveiller. Jusqu’à présent casse-cou, il se ravisa en se plaçant non loin d’un Kendall occupé à ne rien trouver.

L’autre question… se retînt de hurler Aengus. La blonde se sentait au milieu d’une bande de requins prêts à la dévorer.

« Oui, je peux vous dire où elle est. Mais avant, Aengus doit me faire une promesse pour avoir l’information. » Si vous vous étiez questionné sur la façon dont Daisy avait réussi à survivre jusqu’à présent la réponse arrivait : le chantage ! « Il faut me promettre de ne jamais me faire du mal. Je vois bien tes regards là ! J’ai couché avec Kendall, pas avec ton mec, Aengus ! On était défoncés en plus, je n’aurais jamais fait un truc pareil sinon. C’était comme être un papillon attiré par la lumière tu vois. Il était là avec Keith, certes, mais lui il était là tout lumineux et chaleureux et… »

Perplexe, la brunette secoua la tête négativement. Daisy avait un sacré culot ! Rien de nouveau jusqu’à présent. Le plus difficile restait de l’entendre décrire ses travers comme une normalité et d’encenser Kendall d’innombrables homonymes sur ses performances et l’attraction qu’il avait exercées sur elle.

« C’est promis, Daisy. Mais dépêches! »

Dans un sourire satisfait, la petite ronde se dandina jusqu’à son sac à main où elle attrapa son téléphone portable. Daisy prit une profonde inspiration et l’irlandaise soupira. C’était parti pour une longue explication.

« Après avoir affronté avec succès l’énorme sanglier dans la forêt, hier. Je me suis rappelé que c’était un endroit dangereux et plein de bêtes prêtes à vous bouffer tout cru ! » Aengus soupira. Ca allait être long ? « Des araignées, des lapins, des cailles !... Et même... des faons!» Tellement effrayants ! Pourquoi est-ce qu’elle citait les animaux les moins flippants de l’univers ? « Je me devais de protéger mes amis ! Alors j’en ai parlé aux organisateurs et ils ont tous été d’accord avec moi. Il fallait un moyen de se retrouver si jamais ça tournait mal. Une avalanche ou une inondation est si vite arrivée. » Il n’y avait pas de neige et ils étaient sur un plateau au-dessus du cours d’eau… Aengus n’aurait jamais cru possible d’être aussi bête, en tout cas pas à cet âge ! « Tous les organisateurs et membres du staff ont accepté de télécharger mon application sur leur téléphone et j’ai aussi pris les votre pour la mettre dessus. » Elle désigna du doigt Kendall et Aengus ! Quoi ?! « Ca s’appelle trouve mon pote et ça localise n’importe qui qui a aussi l’application sur son portable. » Evidemment, elle avait l’application qui lui permettait de tracer ses amis, évidemment, elle était amie avec l’infirmière ! Evidemment, elle allait la géo localiser comme d’un rien ! Mais alors que Daisy brandissait son portable avec le point rouge marquant fièrement la position de l’infirmière, le poing gauche de la brune lui démonta la mâchoire avec rage. Aengus elle-même sembla surprise de son geste ! Mais… pourquoi ?

[HRP: j'ai pas mal joué pour faire avancer mais n'hésitez pas à me dire s'il faut changer un truc]

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Oh non, il n’était pas obligé de lui faire des câlins, mais il en avait eu besoin, sans réellement savoir pourquoi il avait eu cette envie irrésistible de le faire. Il savait pourtant que Morrigan n’était pas câline. Le Lumineux rayonnait naturellement. Les restes de la drogue ingérée quelques heures plus tôt n’aidant pas à lui donner une lucidité exemplaire à son être.

«Ho non ! Je sais que tu n’aimes pas les câlins. La chasse pardi ! La chasse avec toi ! Ça m’émoustille !»

S’exerçant soudainement à une flopée de petits pas d’excitation tout en joignant ses mains près de son buste en regardant Morrigan. Il finit par abandonner l’idée qu’il pouvait rester sérieux un instant. Bien trop en proie à un manque flagrant de raisonnement concret. Il fit une moue boudeuse et fronça les sourcils tout en observant Morrigan après ses dires.

«Mais pourquoi tu voudrais que je contrarie Airmed ? J’apprécie beaucoup ma tante, alors de là à la contrarier d’une quelconque raison…»

Mais il n’en ressenti pas moins cette jalousie et cette colère qui montait un peu plus de la part d’Aengus. Une fois dans l’infirmerie, la colère à l’encontre de Daisy monta d’un cran. Non seulement guidée par celle que ressentait Elwynn envers son amie, mais également celle d’Ar Eabdair qui le confrontait continuellement, plus encore désormais avec son état instable et fatigué par l’échange d’essence divine à sa disciple. Il préféra rester calme cependant, et récupérer le bocal de joins que Daisy tenait dans ses mains et qu’elle convoitait avec âpreté. Mais le regard de Lugh la dissuada bien assez vite de le confronter à un quelconque refus de sa part.

«Ca ne vient pas de ton incompétence à… Mais en plus je ne m’en souviens même plus ! Pourquoi est-ce que tu parles de ça ?»

Préférant ne pas se souvenir de ces moments-là. Il commença ses recherches, pas pour trouver l’infirmière, mais ces fichues pilules qu’il avait ingéré qui avaient eu le malheur de le mettre dans cet état.

«Ce que je veux faire… Prendre les encensoirs des lieux de prières, réunir tout le monde dans la même pièce en les y enfermant et les enfumer avec tous ces joins ! »

Plus aucune lucidité, vraiment ! son esprit dérivait entre les conneries qu’il pourrait bien faire sur ces pauvres gens, et un raisonnement concret sur l’état gravissime de la situation s’il rendait tout le monde dans une overdose planante. Il s’arrêta et lâcha brusquement le bocal qui s’éclata au sol aux premières prononciations d’injures perçues. Puis il se pencha en avant en grimaçant. Tout ça sonnait comme un son strident à ses oreilles. Il pencha la tête avec dégoût, les yeux révulsés et la tête renfrognée entre ses épaules tandis qu’il peinait à garder son calme à l’encontre des deux jeunes femmes qui se disputaient. Il secoua la tête et balaya la main, puis releva l’index pour barrer ses lèvres.

«Shhhh ! Shhh ! Chhuuut ! Vous êtes en présence de Dieux ! Pas de blasphème !»

Complètement hors contexte oui, et certainement plus dérangé qu’il ne voulu bien admettre. Il tomba sur le pot de pommade qu’on lui avait appliqué la veille et tendit le bras pour le récupérer, oubliant complètement son idée des joins qu’il pourrait ramasser, désormais au sol. Il releva la tête vers Aengus, puis zieuta Daisy qui se dirigea vers lui pour obtenir une quelconque protection tandis qu’elle expliquait la situation et ce qui pourrait les aider à retrouver cette fichue infirmière. L’explication est si risible que même Lugh ne se retient pas de secouer la tête et de lever les yeux au ciel en dépit de ce qu’il entendait. Il donna une petite claque sur l’arrière de la tête de Daisy pour lui faire comprendre qu’il n’appréciait pas ses paroles.

«Un peu de respect pour Aengus s’il te plaît, d’ailleurs !» Déjà que le respect me concernant a complètement été bafoué quand j’ai couché avec Keith cette nuit, sans m’en rappeler, mais les faits sont là, je ne peux pas le nier. Et je m’en veux terriblement pour ce que j’ai fait. Tout… Je dois assumer, et les sentiments que j’ai à l’encontre de Daisy ne sont clairement pas les miens, mais je suis tout de même en colère contre elle pour ses propos. Si bien que, lorsqu’elle brandit enfin son téléphone indiquant l’emplacement de l’infirmière, je suis pris d’un sursaut, ne m’attendant clairement pas à ce qu’Elwynn emmanche une droite dans la figure de son amie, m’écartant pour la laisser tomber au sol quand celle-ci semble perdre l'équilibre. Sonnée semble-toute par le coup de poing, mais probablement pas assez pour qu'elle se taise. Je regarde Daisy au sol, puis relève les yeux sur Aengus. Un froncement de sourcils accompagnant mon incompréhension. «Même si elle le mérite… tu aurais pu prévenir !» Prévenir de quoi au juste ? Attention je vais te mettre une baigne ? Ridicule ! Mais je compte bien en mettre une dans la face de cette infirmière. J’ai l’air complètement abruti avec cette drogue qui fait encore effet. Je soupire et balaye la main de façon flegme à l’attention des deux femmes.

«Allez-y, partez devant, je vous rejoins je vais faire en sorte qu’elle… enfin m’assurer qu’elle n’ait rien de grave.»

Mais ça tombe bien, j’ai le baume dans les mains. Je retourne Daisy, tente de la soulever, peine un peu à le faire. J’abandonne au bout d’une tentative. Je soupire, récupère un oreiller sur le lit près de moi, une couverture, et je lui mets sous la tête, puis m’assure qu’elle n’ait rien de grave, la couvre, et je lui applique un peu de baume aux herbes sur l’endroit où elle s’est prise le poing… Aux herbes qui sentent vachement fort ceci-dit. J’applique un moment avant de me relever et de refermer ce dernier. Puis je me dirige vers l’évier pour me laver les mains, rangeant le pot dans ma poche, on ne sait jamais. Ça peut toujours servir. Je sors de l'infirmerie, zieutant Daisy qui semble se relever, lui intimant de ne pas bouger et de se reposer, histoire de laisser agir la pommade sur son bleu. Et une fois hors de la vue de quelconques personnes je me mets en résonance avec la lumière. Je ne sais pas si c’est une bonne idée de réutiliser ma vélocité, mais, ça a de cet avantage qu’il m’est aisé de les rejoindre. Probablement en pleine conversation puisque je réapparais soudainement à côté d’Elwynn, les mains dans le dos comme si je les avais suivis. Presque arrivées à l’endroit qui plus est où devrait se trouver notre cible. Mon but n’étant pas de surprendre ma disciple, mais… il y a des chances que ça ne loupe pas.

«Ouf ! J’ai eu le temps d’arriver avant que vous ne lui mettiez une mandale !»

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Morrigan n'était pas de celles qui aimaient les câlins à outrance. Naturellement distancée par une retenue toute relative et altérée par son impulsivité, elle s'était donc irrémédiablement crispée face au geste de Lugh. Pourtant, c'était son petit-fils. Mais lui n'en savait rien. Et ça, ça changeait tout.
Un sourcil haussé d'incompréhension face à cette exaltation dont pouvait faire preuve le dieu lumineux, elle se détourna finalement afin de reporter son attention sur Elwynn. Avec dépit, elle sembla hésitante quant à l'état des neurones de son descendant. Pour autant, elle ne se contenta que de commenter la dégénérescence neuronale de Daisy.

« C'est peu dire. Elle est bonne à jeter. » Qu'elle marmonna en coulant un regard analytique sur la blonde avant de finalement reporter son regard sur Lugh aux explications rocambolesques de l'humaine. Okay.. Okay. Elle était bien heureuse de savoir que son petit fils était un apollon au sens celtique du terme, mais il ne fallait pas non plus déconner.
Certains détails devaient rester à la discrétion de chacun, et ceux-là en faisait partie.

De la réaction à fleur de peau du Dieu lumineux aux insultes, à celle d'Aengus en passant par les mots de Daisy, Morrigan se faisait spectatrice. Et pour autant, elle avait déjà envie de repeindre les murs avec le sang de l'humaine. Qu'est ce qu'elle était .. Horripilante. Des comme ça, malheureusement, ils avaient tendance à en fabriquer en chaine. C'était profondément navrant.
Claquant sa langue contre son palais en attendant la suite des propos de Daisy, la Celte ne put retenir un commentaire à la suite de la promesse formulée.

« Tu mériterais de te faire éviscérer pour ta coucherie de la nuit passée. Tu n'as aucune excuse. » Les mots s'échappaient, sur un ton trop serein alors que le regard filé d'or de la déesse s'obscurcissait pendant un instant. Cette Daisy, elle l'aurait saignée à blanc pour bien moins que ça.

Mais ce n'était que le début.
La suite du récit bourré d'inepties arrivait et Morrigan fronçait les sourcils en gardant toute son attention rivée sur Daisy. Les gens bêtes avaient-ils consciences de l'être ? Surement que non. Non, évidemment que non. Cette pensée traversa fugacement l'esprit de la Reine Fantôme tandis qu'elle demeurait immobile.
Seul son regard suivait les mouvements de la blonde. Le portable était avisé longuement alors qu'elle finissait par quitter l'assise du bureau où elle avait trouvé place plus tôt. La réaction de Lugh la laissa perplexe alors qu'elle en eu un rire sarcastique.

« Oui, un peu de respect. » Qu'elle articula distinctement en fixant longuement Kendall. Dans ce simple mot, elle reporta toute sa pensée passée sous silence.
Le respect était une chose dont on ne pouvait se faire le défenseur si on en bafouait les fondements à la première occasion.

Lorsque finalement, le portable fut récupéré, Morrigan avança d'un pas afin de.. Rien du tout, parce que le coup partait et Daisy s'étalait sur le sol. Là, la Déesse guerrière en eu un sourire profondément satisfait. Ça s’était bien ! Mérité !
La réaction de Lugh ternit pourtant son plaisir immédiat et elle fronça les sourcils en l'observant.

« Prévenir de quoi ? C'est une trainée plus bête qu'une chèvre. Elle aurait mérité bien pire. » Ainsi, la Celte reporta son regard sur Aengus accompagné d'un.. « Tu as bien fait. Si elle recommence à te manquer de respect, appelle-moi. Je m'occuperais personnellement d'elle. »
Non. C'était une mauvaise idée. Il ne fallait pas appeler Morrigan pour ce genre de choses.
Parce que surement que l'éviscération n'était pas la seule idée en stock de la Reine Fantôme.

Avisant finalement la localisation de la fauteuse de trouble, la Celte se détournait sans attendre afin de gagner la sortie et s'arrêta sur le pas de la porte.
Un pivot sur ses hauts talons, elle avisa son petit-fils, exaspérée. « Elle s'est pris un coup de poing, pas de quoi en faire un plat. Celle dont tu devrais t'occuper, c'est ta disciple, pas cette moins que rien. »

C'était lâché avec une certaine dureté mais avec l'aplomb qui était le sien. Morrigan n'était pas déesse à apprécier l'injustice. Et la situation, pas si dramatique dans le fond, n'en demeurait pas moins horripilante pour la déesse vindicative. Gagnant donc la sortie, elle avança dans la direction du point rouge indiqué sur l'écran du téléphone.

Après un moment de silence, elle riva son attention sur Aengus et l'observa un long moment. « Ça va aller ? » C'était une question sommaire mais néanmoins essentielle selon elle. La soirée avait été éprouvante, selon ce qu'avait saisi la Corneille. Reportant son regard sur les environs, elle reprit bientôt. « Tu ne perds rien en laissant ce genre de personne derrière toi. Je ne dis pas que Sanctum sera mieux, mais ça sera peut-être moins pire. »
Oui, parce que des abrutis, il y en avait partout. Même chez les dieux.

Et finalement, Lugh arriva rapidement dans le dos d'Aengus, ce qui fit plisser les yeux à Morrigan qui ne fut que partiellement surprise. Ce qui était un mal pour un bien, clairement.
Son regard filé d'or scruta longuement le Dieu lumineux avec sa disciple et elle en eu un soupir en revenant porter son regard sur la direction présumée. Ils étaient presque arrivés.

« Pourquoi ? A elle aussi, tu vas vouloir soigner ses bobos ? » Ah. Visiblement Morrigan avait envie de fracasser un nez. Et plus si affinité.

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Non ! Evidemment ça n’allait pas. Pourtant la même évidence s’imposait sur le bon fonctionnement de son avenir. La vie jouait au yo-yo ! On remontait le long du fil pour mieux redescendre, rebondir et remonter… et ainsi de suite. Un regard dépité tombait sur la corneille à sa question. Pour réponse l’irlandaise questionnait simplement, un brin blasé.

« C’est bientôt l’apocalypse, n’est-ce pas ? »

La Morrigan annonçait la venue de la fin des temps dans les récits que lui contait son père le soir. Il n’avait cessé de lui répéter, de lui rabâcher que la fin du monde approchait. Aujourd’hui, Aengus songeait que l’apocalypse pourrait raser quelques idiots de la terre. Faute de mieux….

« Gehena distribuait des produits stupéfiants hier. Depuis tout le monde agit comme des idiots, enfin, plus qu’en temps normal, je veux dire. »

Un pincement de lèvres mobilisa ses idées. Un détail lui échappait. Est-ce son instinct habituellement trop paranoïaque qui lui jouait des tours ?

« Daisy n’est pas comme ça d’habitude. » La réflexion se poursuivait dans un coin de pensée encore disponible. La fête, l’alcool et l’étrange drogue que fournissait la fausse prêtresse de Morrigan avait métamorphosé chaque consommateur volontaire ou non. « J’ai bien remarqué que certaines personnes sont plus sensibles aux dieux. Quand Lamfada est dans les environs, Daisy ne peut rien lui refuser et c’est pareil pour Keith. C’est un peu le principe de l’adoration… je suppose. »

La jeune femme pivota en constatant la direction prise par le regard de Morrigan. Lugh était revenu. Pour une fois, elle n’avait pas sursauté. Arrivait-elle à s’habituer ? Maintenant tout le monde réuni, la chasse reprenait son cours avec pour cible ce point rouge. Il ne bougeait plus, immobile dans ce qui semblait être la grotte illuminée d’hier.

« Le hibou est dans la grotte étrange que nous avons parcouru hier. Si je me rappelle bien, il n’y a qu’une entrée à l’avant au nord en passant par la passerelle au-dessus de la ravine. Elle devait faire quatre ou cinq mètres de profondeur. Puis la sortie à l’arrière conduit à la forêt, toujours plus au nord. Mais je ne me rappelle pas bien de l’intérieur… à part de l’étendue d’eau. » Aengus tournait un regard perplexe sur Kendall. La nuit avait minimisé son repérage de la vieille. Est-ce que Kendall était parvenu à cerner les lieux avec plus de précision qu’elle ? « Il n’y avait pas des caméras à l’intérieur ? »

L’usage des caméras nécessitait un point d’alimentation électrique. Le couper serait facile, enfin, Aengus le supposait. En revanche, elle ignorait où le générateur pouvait être caché. Mais, elle était entourée de deux divinités bien plus armées qu’elle pour échafauder un plan. Aujourd’hui, elle se plaçait en spectatrice, apprentie guerrière en mission.

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Far From home. Not where I belong …

Ft. @Aengus O'Griffin, @Kendall McLight & @Sÿel de Brún

Il dégluti. Fixe Morrigan avec un regard effarouché d’enfant ayant été pris sur le vif dans une bêtise. Il détourne la tête et se contente de prendre une moue contrite. Pinçant les lèvres comme un bambin. Morrigan est cinglante et elle a quelque peu raison. Il l’accepte, parce qu’il est à côté de la plaque. Désorienté et se sentirait presque indigne d’être un dieu dans cette situation. Il ferme les yeux et se contente d’appliquer un peu de pommade à Daisy avant de filer. Les mots résonnent encore dans sa tête. Vacillent constamment dans sa tête. Entre ça et les émotions qu’il ressent qui ne sont pas les siennes. Sa disciple… Elwynn. Il la sentait perdue, troublée. Alors, quand il arriva à leur niveau, Lugh observa longuement Aengus, avant de reporter son attention sur Morrigan qui lui fit une remarque de nouveau. Il fronça les sourcils. Bien décidé cette fois à répliquer. Avec Daisy, il comprenait ses remontrances, mais là…

«Ça va, oui ?! Daisy n’est pas une mauvaise fille, même si elle a largement mérité le coup de poing. Ma réaction tantôt était stupide, je l’admets. Comme tout ce que je fais depuis hier soir de toute manière...»

Je prends une inspiration, fronce les sourcils et remue un peu les épaules en détournant la tête vers la direction de la grotte. Je me souvenais très bien du chemin en revanche. En vérité, les rôles sont inversés entre moi et Aengus, c’est elle qui est lucide ce matin. Et c’est moi la loque. Je baisse les yeux sur ma disciple et pose une main sur son épaule. Cherchant à la rassurer, la réconforter comme je peux. Je me remémore les lieux de la veille, tente de retrouver les emplacements des caméras. Je reste un instant interdit à observer Aengus tandis que je réfléchi à ce qu’on a fait la veille dans la grotte, ce que j’ai pu analyser.

«On a traversé plusieurs passerelles d’épreuves, avant de finalement débarquer dans la grotte. Il y avait des caméras tout le long, sauf au centre de la grotte, mais une de chaque extrémité, à l’entrée et à la sortie. Situées à l’extérieur plus qu’à l’intérieur. Si la déesse est à l’intérieur, il est possible qu’elle n’ait pas mis en route les caméras, ou seulement pour surveiller qui entre par l’une ou l’autre des entrées. Et je m’étonne moi-même de parler avec autant de lucidité…»

Hum… bien… c’est sorti tout seul pour ce qui est de ma dernière phrase. Je resserre un peu l’épaule d’Aengus et continue de la fixer en fronçant les sourcils.

«Je dois te remercier de maintenir ma conscience à flot… Et je suis désolé de te faire subir tout ça…» Je la ramène contre moi pour une petite étreinte, qui se veut beaucoup plus affective et paternelle qu’autre chose. J’en suis gêné parce que je suis vraiment un abruti profond. Je lui tapote le dos pour tenter de la réconforter et garde ma mine sérieuse et renfermée. Tentant de calmer les émotions que je ressens d’elle. «Ca va aller, Elwynn. On est là.»

Je me recule et lui offre un regard compatissant et solennel. Je me sens honteux vis-à-vis d’elle. Je suis responsable de tout ce qui lui arrive et il va vraiment falloir qu’on ait une discussion tous les deux. Alors je pince les lèvres et tente un bref sourire rassurant pour ensuite regarder Morrigan et m’approcher d’elle.

«Je vais couper l’alimentation des caméras et faire en sorte que vous puissiez approcher sans vous faire voir. A partir de la ravine traversée par un petit ponton il y a un chemin qui mène jusqu’à la grotte. »

Je disparais de la vue des deux femmes pour m’occuper des caméras. Il me fallu quelques millièmes de secondes grâce à l’éclaircie qu’il y avait pour couper l’alimentation ainsi que toutes les caméras susceptibles de repérer les filles. Remarquant au passage qu’au niveau du pont se trouvent des tas de papillons, comme s’ils étaient tous attirés à cet endroit. Le fait que je me déplace à la vitesse de la lumière a semblé les alerter, je m'arrête juste avant de passer le pont au moment ou une poudre s'élève, pose le creux de mon coude contre mon visage pour ne pas respirer la poussière. signe qu'il s'agit d'une divinité qui est dans le coup, pour sûr. Ça ne m’inspire rien de bon. Mais je ne m'arrête pas là, je reprends mon chemin et disparais de nouveau pour faire ce que j'ai à faire. Je reviens auprès des filles. Reprenant un peu mon souffle. Essuyant du revers du poignet une perle de sueur qui glissait le long de ma tempe. J’ai l’impression de repartir dans une phase de fatigue intense et de désorientation la plus totale. Comme la veille quand j’ai commencé à perdre le contrôle de mon esprit. Je suis Morrigan sans rien dire, puis Aengus. Jusqu'à ce que nous parvenions proche du pont avec les papillons. Je me tiens prêt au cas où à une quelconque riposte.

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